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mercredi 10 avril 2019

Lettre à Véronique Lévy

Chère Véronique Lévy,

Je réagis à votre prestation dans l’émission de Bernard Antony en notant ce qui m’a marqué dans le verbatim de cette émission et en le commentant au besoin, sans préjuger si mes commentaires ont de l’intérêt ou non, mais en voulant réagir à vos propos, car je crois avoir rendez-vous avec vos livres.

(NDLR: l'émission est référencée ici et peut être écoutée moyennant un envoi de 5 euros par an à "Radio Courtoisie", la station émettrice)

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=2323601821221437&id=1746106215637670&p=3&av=100001042556388&eav=AfZ6JAwkz2yPCbQNs8DEBpprPX6jcZlMDTvmDkpbuOErbHfUOgh-tp0xhR-iSDUS08E&refid=52&_ft_=mf_story_key.2323601821221437%3Atop_level_post_id.2323601821221437%3Atl_objid.2323601821221437%3Acontent_owner_id_new.1746106215637670%3Athrowback_story_fbid.2323601821221437%3Apage_id.1746106215637670%3Astory_location.4%3Astory_attachment_style.share%3Apage_insights.%7B%221746106215637670%22%3A%7B%22role%22%3A1%2C%22page_id%22%3A1746106215637670%2C%22post_context%22%3A%7B%22story_fbid%22%3A2323601821221437%2C%22publish_time%22%3A1554090967%2C%22story_name%22%3A%22EntStatusCreationStory%22%2C%22object_fbtype%22%3A266%7D%2C%22actor_id%22%3A1746106215637670%2C%22psn%22%3A%22EntStatusCreationStory%22%2C%22sl%22%3A4%2C%22dm%22%3A%7B%22isShare%22%3A1%2C%22originalPostOwnerID%22%3A0%7D%2C%22targets%22%3A%5B%7B%22page_id%22%3A1746106215637670%2C%22actor_id%22%3A1746106215637670%2C%22role%22%3A1%2C%22post_id%22%3A2323601821221437%2C%22share_id%22%3A0%7D%5D%7D%7D%3Athid.1746106215637670

-« Si Dieu est vivant et non pas mort, la Trinité est la vie intime de Dieu. »

« Il est préférable de parler de Verbe que de Fils, car le fils est un anthropomorphisme. De plus, les musulmans comprennent mieux le langage du Verbe.
- En effet, réagit Cécile Montmirail,lorsqu’en faisant de la catéchèse à des petits musulmans, je leur parlais de fils de dieu, ils avaient l’impression que Dieu pour avoir un fils avait dû forniquer, ce qui représentait une abomination à leurs yeux.

- Le Fils renvoie au mystère de la génération, alors que, dans la Trinité, il est Fils par engendrement éternel. »

Tarek Oubrou avait promis d’écrire un livre sur la Trinité dans l’islam. Je ne sais pas où il en est ni s’il a tenu parole. Mais, sur celle d’une infirmière qui me soignait à Lariboisière, j’ai entendu la plus belle définition de l’engendrement du Verbe-Fils par le Père dans l’éternité. C’est le Coran qui la donne en disant : « Soi et Jésus fut. » Jésus et non pas la lumière comme dans la genèse.

- « L’Esprit est l’inspire et l’expire de Dieu par lequel tantôt Il envoie son verbe créer et dans le monde, tantôt son verbe qui est de Lui revient vers Lui, et ce mouvement d’inspire et d’expire, de va-et-vient qui est amour est l’Esprit. » Cette approche me paraît beaucoup plus parlante que l’idée traditionnelle selon laquelle l’Esprit est l’Amour du Père et du Fils. Car l’Esprit permet de laisser s’exprimer cet amour en dehors de lui-même, au point de « planer sur les eaux » pour créer le monde (la Création est l’âme du monde et le monde est la chair de la Création. La Création est le fruit d’un Dieu qui est esprit.)


- Vous pensez que l’Incarnation est le plus grand mystère du christianisme. "Il est encore plus difficile d’en parler que de la Trinité." En effet, en quoi l’Incarnation ne serait-elle pas une théophanie comme les autres ?

- Le seul homme que j’aie entendu récemment oser exprimer cette évidence théologique qui tient de l’enfance et qui préserve la beauté du Mystère de Noël alors que nous ne cessons de dire que Pâques est le point culminant du christianisme est Henry de Lesquen. Ne prêtons attention qu’aux éclairs d’intelligence donnés aux hommes par l’Esprit sans faire cas de la réputation de tel ou tel. Vous avez un autre point de convergence avec lui. Vous dites en effet : « Je fais une différence entre le peuple de la première Alliance et la synagogue. » Henry de Lesquen précise qu’après l’ascention du Christ et la Pentecôte, le judaïsme s’est scindé en deux branches : le judaïsme des pharisiens qui ont composé le Talmud et le judaïsme apostolique des chrétiens, qui rendent témoignage au Christ.

- « Peuple élu ne voulait pas dire peuple privilégié, mais témoin, pour se dessaisir de ce témoignage et l’offrir au monde entier. C’est ce que fait Jésus sur la Croix et c’est ce que fait l’Église. » La Shoah dont vous parlait votre frère, le célèbre BHL, ne saurait comme vous le dites « constituer une identité religieuse « . Si elle est « scandale pour les juifs » et pour tout homme comme tout génocide et aussi à un titre spécifique, elle configure le peuple juif en dépit qu’il en ait à « Jésus-Christ-Israël » (selon l’intuition du cardinal Lustiger dans « LA PROMESSE ») et est « le Golgotha du monde ». Le peuple juif et l’Église ont vocation au martyre, c’est-à-dire au témoignage, il y a de leur faute en ce qu’ils ont mésinterprété la Parole de Dieu en injonctions génocidaires, des Amalescites pour les juifs et, en contexte chrétien, à travers l’expulsion des juifs d’Espagne ou le fait que le plus grand lieu de pèlerinage du Moyen-Age, dans l’Europe chrétienne, ait été placé sous l’égide de Santiago de compostella, de saint Jacques le matamore, celui qui matait les Maures ou les mettait à mort. Encore faut-il ajouter à cette vocation au martyre que l’Église et le judaïsme ont également vocation au dialogue. L’Église a vocation au dialogue externe, au dialogue interreligieux, au dialogue qui précède le martyre en cas de persécution, qui ne combat pas par l’épée et ne passe pas par les armes, mais ne se rend pas aux armes par lesquelles sont passés les martyrs sans avoir défendu la foi, en des termes qui lui et qui leur seront inspirés par le Défenseur en Personne, l’Esprit-Saint, le Paraclet, défenseur et consolateur. Quant au judaïsme, il a vocation au dialogue interne, à la manducation de ses textes de référence pour les lire aux éclats et faire cadeau de son exégèse à ses amis dont «l’olivier franc ». Dans cette manducation interne, je ne comprend pas que la lecture rabbinique privilégie à ce point la Thora au détriment des prophètes.

- Vous faites bien de parler de « récréation par le oui de Marie », au triple sens où la Création est un mystère féminin, mais aussi récréatif, et où Marie recréée par son retour à l’adhésion originelle, à l’amour primordial de la vie « qui était lumière des hommes », et qu’elle choisit en aimant la vie qu’elle va donner au Verbe éternel. Nous ne sommes pas tous égaux devant l’amour de la vie. Marie parce que notre mère rouvre la voie vers cette égalité.

À titre récréatif, je note qu’au moment de l’émission où vous parliez de Marie, cette « figure qui rassemble » comme le dit un de mes amis prêtres, vous disiez : « Nous reviendrons à là (sic), d’où nous n’aurions jamais dû partir. » À là, Allah. Allah est le nom sous lequel les musulmans (dont vous faites bien de rappeler qu’ils pratiquent une sorte de théologie apophatique) et les chrétiens d’Orient désignent communément Dieu. Comme si, par un jeu d’homophonies, Allah était un Nom de présence, voire de Chekina.


- « Dieu est l’être qui se dit par le Verbe. » Car si l’être ne se disait pas, il resterait une abstraction. Jésus a dit à Josépha Ménindez : « J’ai soif des âmes. » Je ne sais d’homme qui n’ait soif de son âme. J’ai ainsi connu un grand pécheur idéologique (il était nazi), en qui je sentais régulièrement remonter le souffle ontologique de Platon qu’ilaffectionnait. Mais l’être était chez lui comme du vent qui soufflait sur la pierre de son totalitarisme athée et cruel. Car l’être doit exprimer l’âme à travers un agir. Autrement, l’appel de notre âme reste purement ontologique. Il en va de même de Dieu Qui agit en parlant et dont même le silence est parole.

- « Chaque cellule du corps est un hymmne à l’amour. » Une révolution copernicienne du christianisme est d’avoir isolé la dualité de la chair et de l’Esprit et de l’avoir placée à l’intérieur de celle de l’âme et du corps. La chair n’est pas le corps et l’esprit n’est pas l’âme. La chair est le corps et l’esprit blessés. Et l’esprit est le corps et l’âme réparés, régénérés, rénovés, guéris.

- « Depuis le péché originel, il y a un retrait forcé de Dieu. » Ce retrait n’est pas le tsimtsoum. Dieu se retire parce que l’homme s’est caché de Lui.

« Le péché nous fait perdre le fil. Le Verbe s’incarne pour venir nous chercher, pour nous ouvrir le ciel, pour nous rapatrier vers son cœur. » Je préfère que le péché nous fasse perdre le fil à l’idée qu’il nous fasse rater notre cible. Le P. Michel-Marie Zanotti-Sorkine affirme que nous serons jugés sur nos intentions et Neal-Donald Walsh, cette sorte de Platon américainqui a le mercantilisme de sa nation, renchérit que « seul Dieu peut faire coïncider Ses intentions avec leur résultat. » Bref, seul Dieu échappe à la loi de l’hétérotélie.

Nous avons du mal à nous reconnaître pécheurs parce que nous avons tendance à identifier le niveau moyen de notre humeur et une certaine équanimité dans laquelle nous agissons assez bien avec l’idéal du moi. Or l’instant dans lequel nous ne sommes pas mal et que nous appelons le bonheur nous fait oublier tous les instants où nous avons fait du mal.

LE péché originel ne procède pas d’un interdit que Dieu aurait donné à l’homme de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal pour devenir intelligent, mais consiste presque inversement dans l’obligation qu’a faite l’homme à Dieu, en mangeant de ce fruit, de connaître le mal, Lui Qui, ayant tout créé, contenait le mal en puissance, mais ne voulait pas avoir à en connaître, et ne pouvait pas faire autrement si sa créature identifiait le mal, Lui Qui n’a rien fait qui fût mauvais. Comme vous le dites, Nietzsche voulait être "par-delà le bien et le mal". Or l’affranchissement de la loi que nous apporte le Christ nous place "au-delà du bien et du mal". Il faut toujours mettre en rapport la phrase de Dostoïevski: "Si Dieu n'existe pas, tout est permis" avec celle de Saint Paul, pour qui il ne fait pas de doute que Dieu existe et qui n’est pas loin d’avoir inventé le : « Il est interdit d’interdire » de mai 1968 : "Tout est permis, mais tout ne convient pas."

- « Comment êtes-vous arrivée au Cœur du christianisme et surtout du Christ, alors que ma mère qui s’est convertie depuis longtemps se plaint de n’avoir jamais senti ces choses ? » vous demande Cécile Montmirail. «Parce que je suis allé très loin dans l’autre sens, très loin dans la violence, « répondez-vous en substance, « moi qui étais une enfant angoissée », et vous qui n'hésitez pas aujourd’hui à dédier une lettre à Émilie König la djihadiste. Pourquoi Dieu laisse-t-il les gens s’enférer loin de Lui ? « On fait quoi quand on n’a pas la foi ? », m’interpellait un dénommé Thierry sur le blog de l’abbé de Tanoüarn. « Il ne tient qu’à vous de retrouver l’Esprit-Saint dont vous ne sentez plus la motion », m’assuraient des évangéliste comme je regrettais devant eux que l’adulte que j’étais devenu avait tué le feu de l’Esprit en lui, cet Esprit qui avait convertil’enfant que j'avais été, tombé dans l’athéisme de trop bonne heure et ayant trop tôt retrouvé la foi. S’il ne tenait qu’à moi, j’aurais retrouvé le Saint-Esprit depuis longtemps, mais je ne mène pas une vie morale adéquate qui me permettrait d’en éprouver la sensation. Or la foi est une grâce. « Je ne comprends rien à ce que tu me dis », se fâchait une tante à l’agonie auprès de la mère de cette même évangéliste qui me disait qu’il ne tenait qu’à moi de réveiller l’Esprit en moi. « Je ne sais pas pourquoi tu as la foi et pourquoi je ne l’ai pas alors que je voudrais croire », ajoutait-elle. Pourquoi la foi n’est-elle donnée qu’à « ceux à qui le Fils veut bien [la] révéler » ? La foi est un scandale si elle est affaire de prédestination comme cette évangéliste le soutenait, et si les élus peu nombreux sont, à être élus, prédestinés de naissance.

Comment atteint-on au cœur à moins d’être allé loin dans l’autre sens ? « Ce ne sont pas les bienportants qui ont besoin du médecin, mais les malades. » « Plus on est tombé bas, plus on est reconnaissant d’avoir été relevé. » (Christian Bobin) « À ceux qui ont beaucoup aimé, il sera beaucoup pardonné. »

- « L’Église doit continuer à se battre pour le salut des âmes », mais elle ne doit pas se battre dans le champ politique comme pour être une dernière fois du côté du manche et avoir un bras qui s’étend vers Dieu et l’autre vers le pouvoir et non pas vers les hommes. Car si elle se bat dela sorte, elle va faire « la guerre sans l’aimer » comme dirait encore votre frère.

- « L’abbé Pierre est une [figure de ce combat de l’Église et] une incarnation de la sainteté », non seulement parce qu’il fut la voix des sans voix (sur ce plan-là, il aurait mieux fait de leur apprendre à parler en public), mais parce qu’il n’a pas tellement transigé avec les puissants. Le jour où on lui a donné la légion d’honneur (qu’il n’avait pas demandée), il a cassé la coupe de Champagne qu’on lui tendait pour montrer que ce hochet était une honte tant qu’il y aurait autant de pauvreté. Il n’aurait pas dû laisser Martin Hirsch, l’ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, devenir le responsable de sa fondation pour s’ouvrir une belle carrière de ministre et de directeur de l’APHP, mais plutôt former un « homme de la rue » à lui succéder et à représenter les siens. Mais il est surtout saint parce qu’il a avoué ses faiblesses et des « liaisons passagères » dans le livre de Frédéric Lenoir, « MON DIEU, POURQUOI ? », mettant l’Église au défi de reconnaître saint un homme qui a avoué un manquement moral au sein de sa vie consacrée, pour confesser ses péchés et signifier que la conversion n’est jamais acquise, jamais aboutie, jamais achevée. L’abbé Pierre est encore une incarnation de la sainteté parce que, dans ce même ouvrage, il révélait que, lorsqu’il adorait le Seigneur, il pensait à la relation singulière que Celui-ci nouait avec toute personne à laquelle Il pensait préférentiellement et en l’appelant par son nom : « Nathalie ! », citait-il en exemple. En prononçant ce nom, ce Dieu adorant l’homme fait le contraire de ce que fait Marie-Madeleine quand elle reconnaît le Seigneur dans le jardinier devant le tombeau vide. Le Seigneur l’appelle « Marie, mais Marie, après l’avoir appelé « Rabbouni », veut mettre la main sur l’Être qu’il est, ce qui l’oblige à se récrier : « Cesse de me tenir, noli me tangere, l’être est, Je Suis insaisissable. » Marie veut mettre la main sur l’être quand le Seigneur adorant veut toucher un cœur. L’âme adore Dieu, car Il est dans la contemplation de sa créature. Il y a peu à parier que la créature humaine puisse adorer Dieu bien au-delà de ce narcissisme dans lequel elle regarde Dieu la regarder.

- « L’Église doit combattre pour le salut des âmes. » C’est pourquoi « un chrétien ne doit pas laisser faire », or il doit aussi laisser faire. Car de même que Jésus « ne juge personne », nul n’a institué le chrétien juge de ce monde et moins encore accusateur de ses frères, surtout après que l’Église a si longtemps refusé de transiger sans miséricorde avec la médiocrité humaine, qui forme une part importante de cette nature. Le chrétien ne doit empêcher de laisser faire que ce qui est criant, que ce qui crie vers Dieu. Sous ce rapport il doit défendre l’innocent, mais il doit avant tout « vivre de telle façon qu’à sa seule façon de vivre » il donne envie de Dieu.

-« Jésus dans l’Évangile nous demande presque l’impossible ». En effet, Il nous demande d’être parfaits comme son Père céleste est parfait. Il nous demande de n’avoir jamais désiré qu’un seul être. Et le plus difficile n’est pas qu’Il nous demande d’aimer ou de « pardonner à nos ennemis », mais selon moi qu’Il nous demande de nous combattre nous-mêmes et non pas d’aimer notre ennemi intérieur, mais de le ramener à Lui. C’est en cela que l’Église doit être guerrière, pour entraîner au combat spirituel et non pas pour être le bras désarmé dubras séculier.

« Les droits de l’homme sont là pour signifier en creux les reliques d’un christianisme sans le Christ. » À cela on peut objecter que le Christ est le Fils de l’Homme, c’est-à-dire le modèle parfait d’humanité, auquel Dieu nous propose de ressembler pour retrouver Sa Ressemblance. Il y a certes une manière descendante dont Dieu S’est communiqué à l’homme pour que l’homme cherche Dieu. Mais il y a aussi une manière ascendante dont l’homme peut remonter à Dieu via l’Humanité du Christ et à travers le modèle accompli d’humanité qu’Il représente, Lui Qui est le Fils de l’Homme. L’homme qui aime Dieu pour Lui-même et non pas à partir de soi-même n’observe pas l’ordre de la nature et se met en certain danger de maladie spirituelle, même si la santé n’est pas le critère essentiel de la sainteté. Dieu peut convertir par le songe et par la rationalité de nos aspirations. Le siècle des Lumières n’est pas le siècle de la raison comme il l’a prétendu, mais le siècle de l’entendement, donc le siècle de la rationalité émotionnelle. C’est pourquoi il a tendance à instituer une dictature de la bienveillance. Cette dictature peut être à rejeter dans la disjonction des effets de la bienveillance et des intentions qu’elle se propose. La malédiction hétérotélique frappe la bienveillance. Mais ce n’est pas parce que les effets de la bienveillance ne coïncident pas avec ses intentions qu’il faut vouer les droits de l’homme aux gémonies. Ce n’est pas parce que les droits de l’homme ne se réfèrent pas à Dieu qu’ils sont des « droits de l’homme sans Dieu », même si la formule de Jean Madiran est une très belle trouvaille rhétorique.

- Il n’y a pas de « vice de la tolérance », car avant d’être « une forme de relativisme » qui conduit à « tolérer le mal », la tolérance part étymologiquement de l’idée qu’il faut se « supporter les uns les autres », comme l’énonce Saint Paul. Il faut se supporter les uns les autres comme Dieu soutient la Création. l’Église par sa tolérance doit soutenir les hommes dans leur pèlerinage sur la terre, dans leur marche vers le salut.

- C’est pourquoi la République n’a pas à redevenir chrétienne. Car tout arbre se juge à ses fruits et non à ses racines. Si un arbre qui a de mauvaises racines ne pouvait produire de bons fruits, l’homme qui a commis le péché originel ne pourrait être sauvé. Le royaume des Francs a peut-être lavé le sang de la barbarie dans l’eau du baptême, mais la personne humaine n’est pas une invention du Moyen-Age où l’on ne se souvenait jamais du prénom d’un paysan même baptisé. La personne est physique et non morale ou politique. Et si c’était le cas, la République en tant que bien commun comme le dit Jean Bodin, et en tant que régime neutre, demeurerait une chance, une planche de salut. Car elle permettrait de mesurer par la démocratie le degré d’adhésion d’un corps politique à la Volonté de Dieu. À sa manière, la République est un providentialisme démocratique. Ne vous laissez pas récupérer trop unilatéralement par les contre-révolutionnaires qui sont trop heureux de vous avoir dans leur camp et de vous séparer des vôtres.

Veuillez agréer, chère Véronique Lévy, mes respectueux et déférents hommages.

Julien WEINZAEPFLEN

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