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mercredi 24 janvier 2018

Victor Larceneur

En novembre 2009, revenant pour signer l'état des lieux de l'appartement parisien que nous venions de quitter, j'élus domicile dans un étape hôtel dont la chambre sans fenêtre ouvrable était si exiguë qu'en sortant des toilettes, je me cassai la figure sur mon sac. Je reconnus à la douleur que j'éprouvai que je m'étais cassé l'autre bras. J'appelai Nathalie, qui appela la réception de l'hôtel, qui appela les pompiers, qui m'emmenèrent aux urgences de Bichat.
J'attendis longtemps avant d'être allongé sur un brancard, dans une salle commune. Là, une vieille dame souffrait de problèmes neurologiques. Un jeune algérien avait trop fêté la victoire de son pays à je ne sais plus quelle compétition de football. Et deux clochards animaient notre chambrée.
Le caïd de la bande des clodos s'appelait Victor Larceneur, et son timide compagnon s'appelait Lavocat, mais on n'a jamais su son prénom. Larceneur ramenait à la raison le paquet de nerfs qu'était le supporter algérien qui voulait tout le temps s'échapper. Quand il se levait et s'habillait pour partir, Victor lui montrait son lit et lui recommandait de s'y coucher. L'autre n'en finit pas moins par filer à l'anglaise. Larceneur était reconnu par les pompiers qui amenaient de temps en temps de nouveaux malades. A un moment donné, il interpella une infirmière: "Dites donc, demain soir, vous nous mettrez une couverture un peu plus chaude."  L'infirmière se récria en souriant: "Dites donc, M. Larceneur, vous n'allez pas faire comme l'année dernière, vous faire ramasser tous les soirs pour dormir chez nous!"

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