J’ai entrepris de lire la démocratie religieuse de Maurras,
toujours attiré par les esprits corrosifs qui pensent à la pointe de l’épée et
savent trancher,contrairement à moi.
Marc Sangnier définissait la démocratie
chrétienne comme une « action populaire bienfaisante » qui doit être « dégagée
de toute signification politique », bien qu’il se propose de « Mettre
en marche notre démocratie », ajoutant : « Je dis « mettre en
marche », car si l'on peut atteindre la monarchie, la démocratie
apparaîtra toujours, au contraire, comme l'expression d'une orientation, le
sens d'un mouvement. »
La démocratie chrétienne se
présente donc comme un élan porté par une « infime minorité »
élitaire, pour laquelle « le Christ » est « l’expression de l’intérêt
général », comme « la loi est l’expression de la volonté générale »
selon Rousseau. Cet élan s’inscrit dans une philosophie de l’histoire
hégélienne, à laquelle Maurras reproche à juste titre, bien que sa propre
alternative soit essentiellement guerrière, de supposer une évolution sans
creux ni bosse, continue et sans accident, une évolution dont serait exclue la
pensée de la mort, de la mort comme terme négatif, alors que le terme passe généralement
pour un point oméga.
Mais René de Marans, un des
correspondants de Maurras, note un trait qu’il présente comme caractéristique
de Marc Sangnier : il détourne son « christianisme social » en
un appel libéral au progrès individuel indifférent à « l’organisation de
la société ». Accusation injuste, outrancière. Notons toutefois avec
Maurras : « Dans un pareil système, il est assez naturel d'en venir, comme l'observe
M. de Marans, « à souhaiter les institutions qui soutiennent le moins
l'homme. Plus l'individu manquera de protection du côté de l'organisation
sociale, plus il aura besoin, en effet, d'un appui interne, et cet appui est
tout trouvé, c'est la foi au Christ. »
Je ne sais pas si cela s’applique à Marc Sangnier,
mais cela décrit bien le processus appelé par La République en marche. Ce
slogan d’ »en marche ! » résulte sans doute des initiales du
fondateur de ce mouvement, de la connaissance qu’avait cet homme réputé cultivé
du fait qu’ »en marche » est la traduction du « Heureux »
des Béatitudes, et de l’affirmation silloniste que la participation à la vie
politique de la démocratie chrétienne, notamment à l’origine du projet
européen, relève d’un mouvement ou d’un élan qui se définit comme « en
marche ».
Or Emmanuel
Macron m’est toujours apparu, dans son incernabilité qui cultive l’ambiguïté jusqu’à
la saturation, comme le méchant roi Turlubulu du conte, un Jupiter fuyant qui n’organise
positivement que la dérégulation. Si René de Marans et Maurras ont raison contre
Sangnier, cette fuite de ce qui soutient l’homme pour le remplacer par des
structures vagues, n’est-elle pas la tactique adoptée depuis toujours par la
démocratie chrétienne ? Si nous ne sommes que mobiles et soutenus par »un
appui intérieur », « Pourquoi ne pas faire voter
systématiquement pour Dioclétien ou pour M. Combes ? », demande Maurras,
lequel n’aime le peuple que dans sa position de dominé et non comme un acteur
qui mérite à la fois de décider et d’être soutenu ?
Au moment où j’achève de rédiger
ces lignes, j’apprends que le sujet du Téléphone sonne de ce soir est : « La
démocratie elle aussi est-elle en marche ? »
J’ai entrepris de lire la démocratie religieuse de Maurras,
toujours attiré par les esprits corrosifs qui pensent à la pointe de l’épée et
savent trancher,contrairement à moi.
Marc Sangnier définissait la démocratie
chrétienne comme une « action populaire bienfaisante » qui doit être « dégagée
de toute signification politique », bien qu’il se propose de « Mettre
en marche notre démocratie », ajoutant : « Je dis « mettre en
marche », car si l'on peut atteindre la monarchie, la démocratie
apparaîtra toujours, au contraire, comme l'expression d'une orientation, le
sens d'un mouvement. »
La démocratie chrétienne se
présente donc comme un élan porté par une « infime minorité »
élitaire, pour laquelle « le Christ » est « l’expression de l’intérêt
général », comme « la loi est l’expression de la volonté générale »
selon Rousseau. Cet élan s’inscrit dans une philosophie de l’histoire
hégélienne, à laquelle Maurras reproche à juste titre, bien que sa propre
alternative soit essentiellement guerrière, de supposer une évolution sans
creux ni bosse, continue et sans accident, une évolution dont serait exclue la
pensée de la mort, de la mort comme terme négatif, alors que le terme passe généralement
pour un point oméga.
Mais René de Marans, un des
correspondants de Maurras, note un trait qu’il présente comme caractéristique
de Marc Sangnier : il détourne son « christianisme social » en
un appel libéral au progrès individuel indifférent à « l’organisation de
la société ». Accusation injuste, outrancière. Notons toutefois avec
Maurras : « Dans un pareil système, il est assez naturel d'en venir, comme l'observe
M. de Marans, « à souhaiter les institutions qui soutiennent le moins
l'homme. Plus l'individu manquera de protection du côté de l'organisation
sociale, plus il aura besoin, en effet, d'un appui interne, et cet appui est
tout trouvé, c'est la foi au Christ. »
Je ne sais pas si cela s’applique à Marc Sangnier,
mais cela décrit bien le processus appelé par La République en marche. Ce
slogan d’ »en marche ! » résulte sans doute des initiales du
fondateur de ce mouvement, de la connaissance qu’avait cet homme réputé cultivé
du fait qu’ »en marche » est la traduction du « Heureux »
des Béatitudes, et de l’affirmation silloniste que la participation à la vie
politique de la démocratie chrétienne, notamment à l’origine du projet
européen, relève d’un mouvement ou d’un élan qui se définit comme « en
marche ».
Or Emmanuel
Macron m’est toujours apparu, dans son incernabilité qui cultive l’ambiguïté jusqu’à
la saturation, comme le méchant roi Turlubulu du conte, un Jupiter fuyant qui n’organise
positivement que la dérégulation. Si René de Marans et Maurras ont raison contre
Sangnier, cette fuite de ce qui soutient l’homme pour le remplacer par des
structures vagues, n’est-elle pas la tactique adoptée depuis toujours par la
démocratie chrétienne ? Si nous ne sommes que mobiles et soutenus par »un
appui intérieur », « Pourquoi ne pas faire voter
systématiquement pour Dioclétien ou pour M. Combes ? », demande Maurras,
lequel n’aime le peuple que dans sa position de dominé et non comme un acteur
qui mérite à la fois de décider et d’être soutenu ?
Au moment où j’achève de rédiger
ces lignes, j’apprends que le sujet du Téléphone sonne de ce soir est : « La
démocratie elle aussi est-elle en marche ? »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire