Voilà le type de plaisanteries qu’on
faisait dans la petite bourgeoisie où j’ai grandi : « Le capitalisme,
c’est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le communisme, c’est le contraire. »
Comme il n’y a rien de contraire à l’exploitation de l’homme par l’homme, le
communisme n’était rien.
Dans les repas de famille, on tapait régulièrement
sur les faux chômeurs. Aujourd’hui, l’Etat, qui devient de plus en plus petit-bourgeois
et ne prête officiellement qu’aux riches sans distinguer parmi les
« premiers de cordée » entre les rentiers et les investisseurs, ne
lutte pas contre la fraude fiscale, mais traque la fraude sociale et refuse
d’indemniser les chômeurs s’ils ont refusé deux offres d’emploi raisonnables,
devraient-elles les conduire à quitter leur famille pour trouver du travail,
sous prétexte de mobilité.
Quand un dégoût me faisait rechigner à manger quelque chose, on me
représentait que ce n’était pas moral, car les petits enfants pauvres auraient
bien voulu manger ce que j’avais dans mon assiette. Je me disais par-devers moi
que le fait que j’engloutisse ce que je n’aimais pas ne donnerait pas à manger
aux petits enfants pauvres. Des contes m’apprenaient à m’émouvoir de la
situation des enfants du Tiers-monde. On pétitionnait avec l’ACAT contre la
situation qui était faite, dans les pays du tiers-monde, aux prisonniers
politiques. On avait la charité tiers-mondiste, quoiqu’un brin xénophobe, mais
on ne savait pas que le tiers-mondisme était issu du communisme. On ignorait
qu’il était écrit dans le manifeste du
parti communiste : « À mesure qu’on abolira
l’exploitation de l’homme par
l’homme, l’exploitation des nations par les nations aussi s’abolira. L’hostilité
des nations entre elles disparaîtra avec l’antagonisme des classes dans la
nation. «
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