Pages

samedi 18 mars 2017

La sélection naturelle ou la grâce désélectionnée

« La philosophie institutionnelle fait comme si darwin n’avait jamais publié en 1859 l’origine des espèces qui coupe en deux l’histoire de la pensée occidentale et sans lequel Nietzsche, qui ouvre l’ère philosophique nouvelle, n’aurait jamais pu proposer sa vision du monde. » Oui, le darwinisme coupe en deux la pensée occidentale. Et à ma connaissance, les seuls à l’avoir dit avant Onfray – ou avec autant de force que lui - sont les témoins de Jéhovah. Je me souviens d’un de leurs opuscules dont toute l’introduction était consacrée à cette révolution copernicienne, ferment absolu de déchristianisation comme le christianisme avait été « un ferment de décomposition de l’Empire romain », anticipait Celse sur Néron (s’il attribua aux chrétiens le sac de Rome) ou sur Julien l’apostat qu’en drôle de paroissien, je respecte, moi qui crois avec Julien et avec celse que le christianisme est une religion antisociale, anticulturelle, antihistorique, et ne l’en aime que mieux. Le darwinisme a déchristianisé en profondeur la pensée occidentale. Le christianisme a beau essayer de s’ya dapter, il ne sera pas sélectionné. Darwin a déchristianisé notre vision du monde, je le crois avecOnfray et les témoins de Jéhovah, alors que le darwinisme demeure une hypothèse dont la vérification repose sur très peu de fosciles. Le darwinisme n’est qu’une hypothèse inesthétique. J’écris cela en m’en gargarisant et en encourant les foudres de tous ceux qui voudront m’objecter qu’en science, la notion d’hypothèse n’équivaut pas à celle de croyance. J’écris cela en esthète et comme un dilettante qui n’y connaît rien, et ne prétend pas jouer dans la cour des savants. Mais une chose me saute aux yeux, à mesure que j’essaie de fréquenter plus sérieusement les penseurs de mon temps : tous dépendent du darwinisme. Le darwinisme est sous-jacent au nietzschéisme, au freudisme, à l’Histoire qui suivrait la préhistoire, comme il fut sous-jacent au nazisme. Et le darwinisme est une doctrine. Cette hypothèse est une idéologie. Serge de beketch avait référencé avec un grand à propos tous les dogmes de la religion de remplacement du christianisme. L’évolution y tenait lieu de genèse et le complexe d’Œdipe de péché originel. Ce qui caractérise une religion est de ne pas souffrir qu’on ne l’enseigne pas. Or toute école qui s’autoriserait à enseigner le créationnisme ou simplement « le dessein intelligent » se verrait taxée d’obscurantisme. Le darwinisme est un catéchisme aussi sourcilleux que les Droits de l’homme. Une disposition méconnue de la déclaration universelle des droits de l’homme que René Cassin imagina de décalquer du décalogue de l’aveu même d’André chouraqui, stipule que l’éducation est non seulement plus une obligation qu’un droit (on le voit avec l’obligation scolaire. Or qu’est-ce qu’un droit obligatoire ?), mais que’au sein de cette obligation, quiconque s’aviserait d’enseigner des principes contraires aux droits de l’homme se mettrait au ban de la communauté internationale. L’antihumanisme théocratique des religions révélées est donc contraire à la bienveillance obligatoire, mais totalitaire de l’humanisme démocratique et rationnel. Consolons-nous, Onfray écrit un peu plus loin (toujours au chapitre I de la troisième partie de COSMOS) que Darwin a découvert après Celse qu’ » il existe une fraternité naturelle, une compassion instinctive » et « que la fraternité des animaux contribue à l’évolution des espèces et à la sélection des individus les mieux adaptés ». La sélection naturelle n’est pas incompatible avec la fraternité, nous voilà rassurés ! Si j’étais disposé à croire darwin, ce serait sur la base d’un argument comme celui-ci. Car je me suis demandé depuis longtemps (pas seulement depuis cette calamiteuse campagne électorale), en observant les écuries présidentielles, comment il se faisait, alors que nous sommes mégalomanes, que des seconds couteaux mettent tant d’abnégation à favoriser la carrière de gens qu’ils n’aimaient pas et qui aspiraient à les dominer, à régner sur eux et à les écraser après les avoir pressés comme des citrons. Comment peut-on devenir militant au service du « meilleur d’entre nous « ? Ou comment un penseur comme Jean guitton a-t-il pu croire sérieusement que Jacques Chirac avait un destin providentiel, comme le rapporte Bernard billaud ? Ou pour sortir du marigot politique, pourquoi l’histoire aboutit-elle toujours à sélectionner des personnages et des grands noms, quand bien même on voudrait faire de l’histoire des mentalités, de l’histoire alternative ou de l’histoire des « anonymes » (sic) pour rompre avec ce caractère aristocratique de la postérité ? Comment la culture sélectionne-t-elle arbitrairement des monuments et des inscriptions (les citations) au fronton de ces monuments, ces grands morts à qui il vaut la peine de consacrer sa vie ? Pourquoi, malgré nos aspirations démocratiques, ne pouvons-nous sortir de l’aristocratie ? Pourquoi avoir intériorisé qu’abolirait-on les privilèges de la naissance, on ne peut s’affranchir de ceux de la renomée ? Comment passe-t-il pour évident que l’égalité devient de l’égalitarisme quand on cherche plus loin que l’égalité des chances ? Or la chance fait partie du talent, on en revient à la naissance : on a plus de chance et de relations quand on est bien né, et le talent paraît se transmettre de génération en génération dans notre système de cooptation dynastique, qui ne repose pas seulement sur un abus de position dominante. Il arrive que la valeur se transmette, et la prestance, et les manières, et l’atavisme, et thomas Dutronc ou Alexandre Brasseur qui sont des sosies de leur père. Bien. La sélection naturelle est une donnée fraternelle. Je travaille volontairement à la gloire de celui à qui je donnerais volontiers mon ânesse et mon droit d’aînesse. Pourquoi ? Michel Onfray a une réponse : le darwinisme est sans métaphysique. On doit donc l’opposer à Péguy pour qui tout homme porte une métaphysique patente ou latente. Nietzsche n’a pas de métaphysique et c’est mieux ainsi. Les généalogies de Nietzsche sont tellement dures qu’on ne renonce à mettre Hitler dans sa postérité, ce qu’il est manifestement, qu’à condition de croire que Nietzsche s’est réellement affranchi de la causalité. Pas de causalité, pas de métaphysique ? C’est à voir . Mais pour Michel Onfray, il faut renoncer à toute métapsychique, toute téléologie, tout spiritualisme, et opter résolument pour une ontologie matérialiste. Or, pourquoi le matérialisme s’opposerait-il au spiritualisme ? En quoi le fait que la pensée soit matérielle empêcherait-il qu’elle soit spirituelle ? En quoi le fait que l’esprit serait localisé empêcherait-il qu’il soit transcendant à sa localisation cérébrale ? En quoi le fait qu’on puisse situer l’âme, ou décrire ses opérations, empêcherait-il qu’on ait une âme ? Pourquoi les pudeurs de teilhard ou de son disciple Gustave Martelet voulant à tout prix dégager l’esprit de la sphère mortelle ? – L’évolution est une pensée sans corrosion. L’usure lui est une insulte. Elle ne sait pas penser la corruption. C’est la pensée de la génération qui prend son temps pour s’adapter et devenir spontanée. - Michel ONfray n’a-t-il pas de métaphysique ? Son refus du ciel commande sa fascination du sous-sol. Il est à la recherche des forces tellurriques, cette végétation de l’esprit en reptation, ce vitalisme végétatif qui est est l’essence du néo-paganisme ? C’est pourquoi Michel ONfray avait peut-être raison de traiter Manuel valls de crétin, mais Manuel Valls l’a bien démasqué en le disant proche d’Alain de Benoist.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire