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samedi 18 mars 2017

Koz toujours, un néo-catholique de la bonne conscience

Erwan Le Morhedec a posé une question que je m’étais posé moi-même sous une autre forme : je me demandais si on peut être chrétien et voter Front national. Aujourd’hui je me contente de me retenir de le faire. La question s’est déplacée. Le Front national n’est plus seulement désigné comme l’expression de la xénophobie ou anathématisé comme le héraut du fascisme, il porte la question identitaire. J’aime le souverainisme du front national, Le Morhedec déteste son identitarisme. Moi aussi. Mais quand je le vois avoir une haine visible pour la haine ordinaire qu’il suppose à son contradicteur, Laurent dandrieu, emblème des identitaires pour les besoins de la polémique, quand je le vois par ailleurs se satisfaire de ne rien faire pour les migrants lointains qu’il trouve plus pauvres que nos pauvres, ses prochains, parce que « nous sommes les riches du monde » (Le morhedec est aveugle à ses prochains parce que son regard est globalisé), je me dis que Le Morhedec symbolise ce catholicisme de la bonne conscience, qui pense qu’il lui suffit de dénoncer en avouant son impuissance sans s’affliger outre mesure de ne pas être un bon samaritain pour avoiraccompli sa mission et être quitte avec le bon dieu. À l’en croire, il s’agit de ne pas tout laisser dire sans s’inquiéter de tout laisser faire sous prétexte qu’on ne peut pas être partout : « Je suis plus utile dans les mots », se console-t-il, ayant fait de son indignation vertu et s’en parant sans savoir si dieu ne l’appelle pas à s’occuper concrètement des migrants venus d’ailleurs ou des pauvres d’ici, plutôt, comme il était dit dans cette interpellation que je n’ai jamais oubliée, de s’entendre reprocher un jour : « J’avais faim et vous avez discuté de ma faim, ou j’étais un étranger et vous avez discuté de mon statut de migrant ». Je ne comprenais pas qu’Yves-Marie adeline ait reproché aux évêques dans un de ses écrits de beaucoup citer l’Evangile. (Il était alors traditionaliste et les traditionalistes sont catholiques sans être apostoliques). « c’est bien la moindre des choses, lui répondais-je intérieurement. Or il avait raison. Le Morhedec est un catholique de la bonne conscience qui cite beaucoup l’evangile : »Je préfère regarder la poutre qui est dans mon œil », assure-t-il et se rassure-t-il. Mais on le voit âpre à rabaisser sans charité son interlocuteur. Son âpreté est tout amertume et le contraire de la virilité. Dans le même genre de distinctions que je voudrais subtile entre charité virile et âpreté amère, j’ai beaucoup aimé cette note de Philippe Bilger dont les articles deviennent de meilleur en meilleur : « La timidité vient de l’orgueuil et ne doit pas dégénérer en arrogance qui vient de la vanité ».

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