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jeudi 10 avril 2014

Passage du désir

(Suite de mon dialogue exigeant et houleux avec l'abbé de TanoÜarn, qui relève mon défi ici: http://www.ab2t.blogspot.fr/) : et mon commentaire à son article) : PASSAGE DU DESIR Cher Monsieur l'abbé, Comme je vous l'ai déjà écrit ici même, je vouos pardonne tout, mais ne vous passe rien, et j'espère que vous agissez de même envers moi, même si je n'aurais peut-être pas la force de le supporter. Le moment où vous avez adressé ce poste a croisé celui où je postais un commentaire fulminant et tumultueux pour m'indigner de votre silence à propos d'un certain objet que vous savez et dont vous ne me dites rien, ni oui, ni non, ni m... On peut jeter pudiquement le manteau de Noé sur la faiblesse humaine, mais on peut aussi quelquefois assumer ses actes. C'est la première fois que je crois vous avoir manqué. C'est afin d'assumer ce commentaire que je vous adresse des excuses publiques sur (et non pas pour) la forme véhémente que n'aurait pas dû prendre ma plume furibonde. Vous n'êtes évidemment responsable de la mort de personne, vous vous êtes simplement trouvé, si je puis dire, à l'épicentre de quelques-uns des drames de ma vie – et il est vrai que j'aime dramatiser -. Il me peine d'avoir toujours été aux premières loges et au cœur des événements, sans jamais trouver ma "place dans le trafic", au risque de passer, parce que je suis résonnance, pour un témoin gênant et un "vacarme inutile". Je ne sais entretenir avec autrui que des relations passionnelles, et vous êtes homme à inspirer des passions contrariées. Voilà pour la forme. Sur le fond, j'essaie de dire maladroitement que le catholicisme, cette religionsublime, qui a eu le génie de construire pour abriter l'homme une triple pyramide, temporelle (de l'inné à l'éternité) cosmogonique (de la Création à l'apocalypse) et spatio-familiale (chaque famille a son arpent de terrain, et, louant un bengalo au paradis, nous habitons déjà dans l'Eglise du ciel avec celle de la terre) ; cette sublime religion pyramidale, a tendance à nous enfermer dans ses pyramides à momifier l'homme et à le cloisonner, parce qu'elle ne fait pas cas de la nature humaine, ne superpose pas la nature et la grâce, mais suppose que "tout est Grâce" . A trop faire l'ange, le catholicisme fait la bête. Il sort si constamment l'homme de lui-même que sa charité devient condescendance, nous momifions même nos vertus. Le catholicisme fait tellement crédit à la transcendance divine qu'il oublie que l'amour est d'abord la transcendance del'autre. Le catholicisme postule un dieu plutôt transcendant et les autres plutôt immanents alors que, si ça se trouve, c'est le contraire : ce sont les autres qui nous sont d'une transcendance adultérine alors que Dieu est d'une immanence utérine, Porte et chambre royale et secrète de notre intériorité. (Je tiens à préciser que tout ce que j'écris là concerne la religion catholique, et non pas la foi catholique, que je tiens pour immaculée). Dans cet article même, il vous faut absolument distinguer le désir et l'envie. Rien à la libido, tout à la Connaissance ontologique d'un Dieu-Loi. Pourquoi puis-jel'affirmer ? Parce que votre "désir" est de vérité ; le mien, désir d'artiste, est de beauté. Vous voulez que la beauté soit vraie, et je veux que la vérité soit belle, c'est pourquoi je crois que la vérité est relative comme Dieu Est trinité. La vérité n'est pas un Absolu, parce que Dieu Est Relation. Je pourrais m'arrêter là, considérant que tout est dit. "In coda venenum" ? Dieu m'en garde ! Vous vous attachez servilement les services de la psychanalyse pour faire haro sur le désir. Freud a été présenté à tort comme le maître du désir. En fait, il ne s'y intéresse que pour en chercher la sublimation. Vous et lui présumez de l'insatisfaction grâce à laquelle il nous modifie, nous mobilise et nous fait évoluer, pour condamner la libido et vous enliser dans des combats d'arrière-garde. Les catholiques retrouvent du punch pour protester contre le mariage gay, alors qu'ils feraient bien de dépenser la même énergie, par exemple, à repenser le mariage et à recomposer la famille. A propos du mariage, voici ce que nous avons trouvé cet après-midi, Nathalie et moi (à qui je suis marié puisque nous nous sommes donnés l'un à l'autre le Sacrement d'un amour indéfectible): "Le mariage, c'est être l'un à l'autre et s'offrir la liberté". Je crois au mariage, beaucoup moins à la fidélité conjugale. A vrai dire, Aucune de ses conditions dirimentes n'est indispensable au Sacrement du mariage. A force de dirimer, on finit par annuler le réel. Laissez-moi pour finir vous raconter une anecdote à propos du désir (encore une, allez-vous me dire). Le seul cours de psychanalyse auquel j'ai assisté de ma vie m'a été dispensé par Thieirry Piras, psychanalyste-chamane parisien, et, comme vous, un homme au demeurant fort estimable. Il était fier de parler sans notes. Il a dit beaucoup de choses brillantes sur le désir, que j'ai toutes oubliées. Mais à la fin de sa conférence, il concluait ainsi : "Aufond, le désir mène toujours à un constat d'impuissance. Chaque fois qu'on parle du Désir, on en arrive à parler d'impuissance parce que le Désir, c'est l'impuissance." Donc vous me parlez tous les deux du Désir pour forcer sur mon impuissance ? Beau programme, je n'en veux pas ! Je ne sais pas s'il faut "sortir de soi" pour "aller vers soi" ; mais ce que je sais, c'est qu'à force d'insatisfaction, on finit par être frustré. "La fabrique à névroses : les névroses, l'Eglise catholique, elle est là pour ça, elle est là pour les fabriquer", a dit un jour Philippe Sollers. Permettez-moi de souhaiter plus de bien à mon Eglise que ce dandy désabusé. Le catholicisme est là pour mener virilement la complétude humaine à la plénitude de Dieu. Peut-être avons-nous le même port, mais nous n'avons manifestement pas le même chemin. Ca ne fait rien, je continue de ne pas vous suivre, et j'aimerais que vous en fassiez autant : continuez… à ne pas me suivre pour me montrer le chemin!

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