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mercredi 27 octobre 2010

VERITE DE LA CECITE

Le neutre, ce sont les points d'accord, abstraction faite des points aveugles qui sont à l'origine de toutes les oppositions et en raison desquels on se donne des torts et on se cherche des noises. Pour autant, si la raison du monde était réductible à la somme des points d'accord ou à la somme des raisons de ceux qui n'ont pas tort, si pouvait s'y mouvoir à loisirle "on" que nos maîtres d'école se plaisaient à nous apprendre à traiter de "pronom imbécile" sans parler d'Heidegher qui en accusait "la dictature", d'autant qu'il est si peu personnel comme pronom, ce syncrétisme prétendument crétinisant nous laisserait bientôt le goût amer que la vérité ne soit pas plus suggestive au regard des connaissants subjectifs que nous sommes, qui n'aimons la vérité que si elle nous fait vibrer, que s'il nous plaît. L'objectivité est fatigante et si peu émouvante... C'est pourquoi je reçois mal que "Dieu soit l'Objectivité Absolue" comme l'affirme Annick de Souzenelle. Parce que "le neutre" a fasciné les structuralistes comme "Roland Barthes qui, après "la mort de dieu", ont décrété "la mort du sujet" pour mieux nous transférer dans un monde interné dans des structures inertes qui sont autant de machines à nous "enrégimenter". D'où il résulte que nous avons tant de mal à croire à "la neutralité bienveillante" des "marchands de sommeil" qui nous allongent sur leurs divans en nous persuadant qu'ils détiennent la clef des songes. La raison des plus forts en raisons les plus fortes ne nous veut pas de bien, à vouloir nous priver de cécité. ( La raison du plus juste n'est pas toujours la meilleure, si elle fait de la vérité une banquise de la pensée. Cécité : le miracle est la case d'exception dont la science décrète arbitrairement qu'elle confirme la règle et dont elle ne veut pas faire cas pour que le cas fasse école ou pour former une autre règle, où l'exception soit contenue. Nous-même sommes notre principale source de cécité. Nous sommes principalement aveugles à nous-mêmes, non que nous nous connaissions le moins : au contraire, nous nous connaissons plutôt bien et nous voudrions nous en sortir ; non que nous voudrions sortir de nous-mêmes : mais nous aspirons, par-delà que nous nous sentons être en nous-mêmes, à exister aussi dans le sein du monde. Or il advient que nous saschions très bien comment les autres devraient s'y prendre pour exister dans le monde, s'en sortir et être reconnus ; mais qu'à force de si bien nous connaître que nous confondions la connaissance de notre idéal et la croyance que nous l'avons atteint, en sujets désirants qui avons touché la satisfaction par la puissance du rêve, nous nous enlisions dans l'incapacité à ne pas trouver la seule corde de rappel qui nous ramènerait au monde. et quoiqu'il soit moins profond d'exister que d'être, être isole terriblement, et être ramené des profondeurs de nous-mêmes aux vases communiquants du monde où tout se téléscope est vital, car qui ne communique pas meurt de ne pas être entendu. On meurt, non de ne pas entendre (car les sourds sont sensibles à la vibration), mais de ne pas être entendu et, comme on ne sait se faire entendre, on vit dans ses rêves avant de perdre la Foi. On perd la Foi à trop rêver, car la Foi ne survit pas à ne pas être l'accomplissement de nos rêves, dans lesquels on avait trouvé la force de la compensation quand on avait commencé de les faire. Mais amère découverte : à mesure que s'écoule le sablier de la bande passante de notre vie, tandis que nous nous enlisons dans l'évanescence des impuissances rêvassantes, dans les sables mouvants et mourants des désirs émouvants, irréalisables et impensables autant qu'incompensables, on finit par s'apercevoir que nos rêves ne sont pas une source inépuisable. Voici qu'eux-mêmes doivent se recueillir dans la reconnaissance que, si nous avons pu nous connaître, seul peut nous procurer autrui que, désormais, nous avons besoin de toucher : nous avons un besoin palpable de toucher autrui. Au plus, si nous trouvons à bien les interpréter, nos rêves peuvent-ils être le labyrinthe où trouver le fil d'Arianne que suivre va nous ramener jusqu'au port du monde où nous aurons hissé la voile noire pour la perte d'Egée que nous rendrons inconsolable de notre perte comme Yseult le sera de celle de Tristan ; jusqu'à "la mer du siècle" où nous saurons flotter au moins autant qu'on sait nager dans la mer morte sans avoir eu besoin de bouée ni d'apprendre les gestes, parce que LE FLOTTEMENT EST LE COMMENCEMENT DE LA MYSTIQUE. Si le monde est un lieu de perdition, "la mer morte" un lieudit indigne de notre assimilation aux algues planctoniques et le flottement platonique, une déperdition de l'"énergie spirituelle" EN une mystique dans la vase, nous-même est sans contredit le lieu le plus sûr de notre désertion. Mais ne pas condamner qui ne trouve pas la clef de sortir de soi, car IL DETIENT LA CLEF DE SOI, et par là illustre que nulle vie n'est inutile ni ne vaut la peine d'être vécue. Car si c'est une bien grande peine que de vivre autistiquement prostré en soi, il s'est donné bien de la peine, qui a trouvé la clef de soi, et ne nous est pas inutile, qui nous enseigne à nous ouvrir, par la leçon que chacun est "la matière de son livre" (idée chère à MOntaigne).

Détenir la clef de soi et malgré cela ne pas s'en sortir prouve que la lucidité ne sert de rien. On peut être lucide jusqu'à savoir qu'"on se ment à soi-même" et qu'on commet par là le plus gros des mensonges, car "mentir à dieu est impossible ; mentir aux autres est inutile" (abbé Philippe Laguéry), mais on se convainc que "mentir à soi-même" est "un mensonge officieux", c'est-à-dire un mensonge qui aide à vivre, faute de mieux, parce que "la vérité est un fluide glacial" à quoi il faut peut-être préférer la réalité, mais la réalité a ses lois biologiques, qui sont aussi indépassables que les lois mathématiques. Même si certains soutiennent qu'en son plus haut degré, c'est-à-dire au-delà de la métaphysique, la spiritualité s'assimile aux Mathématiques.

Julien WEINZAEPFLEN

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