Pages

mercredi 27 octobre 2010

LES INAPERCUS DE L'ACTU

(cinquième chronique)

5 octobre 2010

SOMMAIRE :

25. L’antivictimisation ligue.
26. La réforme des retraites ne respecte pas la loi sur le dialogue social.
27. Les romes contre le chouchen.
28. Auditeurs assidus de France inter, réveillez-vous…
29. La sinistre vassalisation pakistanaise.
30. Le terrorisme et les prises d’otage.


25. L’anti victimisation ligue.

La justice ne veut plus être rendue au nom des victimes. Et ça commence à faire un bail. Ca s’est vraiment manifesté avec la publication du livre de caroline Eliacheff et de maître Daniel soulez la Rivière : « LE TEMPS DES VICTIMES », dans lequel la psychanalyste, spécialiste du dépeçage du sentiment de culpabilité de ses patients et l’avocat, défenseur de ses clients jusqu’à l’indéfendable et passeur de leur innocence présumée jusqu’aux limites de leur culpabilité avérée, se sont employés à démonter ce qu’ils appelaient une dérive de la Justice, laquelle n’était plus rendue selon eux au nom de la société, mais au nom des victimes. Ce mouvement est allé de paire avec la dépréciation de la victimisation orchestrée, force est de le reconnaître, même si c’est paradoxal, par les grandes consciences de l’intelligentsia sioniste qui, après avoir fait de la Shoah le golgotah irrémissible et sur lequel il ne fallait point méditer, mais seulement ressasser, de la société moderne, se sont trouvés fort dépourvus, lorsqu’une assimilation douteuse a commencé d’être faite entre le systématisme concentrationnaire des nazis et la maltraitance avec implantations (dites coloniales) sur les territoires occupés soumis, d’après les accords d’Oslo, à la tutelle dépourvue de personnalité juridique pour le droit international de l’autorité palestinienne. Soit dit en passant, tout est permis en Israël, depuis la colonisation jusqu’à la possibilité que cohabite une frange extrémiste de droite dans le gouvernement, quand, à la fois la possibilité de cette configuration gouvernementale est exclue, lorsque cela se produit en Europe, par les thuriféraires de la politique israélienne (on a même parlé d’un accord secret entre l’internationale du b’nai b’rith et le RPR faisant promettre en 1986 à ce parti qu’il ne gouvernerait jamais avec le front National, ce qui mit à l’aise Jacques chirac pour répondre à Laurent Fabius, lors du fameux débat de 1986 où le futur premier ministre défit l’ancien en le traitant de « roquet », que lui-même ne pourrait pas répondre avec autant d’assurance concernant la promesse que jamais, le Parti Socialiste ne referait alliance avec le Parti communiste dont le totalitarisme sévissait encore, mettant sous le joug plus d’un quart de l’humanité). Quant à la colonisation, un article de loi de février 2004 songea bien à la réhabiliter auprès des petits enfants de France, mais la pression d’une kyrielle d’association dont prit la tête « LES INDIGENES DE LA REPUBLIQUE » fut telle qu’on trouva sacrilège de l’avoir tenté. Est-ce que les Etats-Unis d’Amérique avaient jamais pratiqué la moindre colonisation, demandait Antoine Sfeir dans son ouvrage : « VERS L’ORIENT COMPLIQUE » tout en dénonçant que cette puissance qui, au lendemain de la guerre, a avait songé à démembrer la France, avait dans ses tablettes une carte du Moyen Orient, visant à y établir des nations d’après ses ethnies et religions principales, ce que cet auteur jugeait scandaleux.

Israël parlait sans détour de créer des colonies empêchant toute continuité territoriale au sein des « territoires occupés », à quoi nul n’osa trouver à redire, non plus à ce qu’il construisît une barrière de sécurité qui rappelait furieusement le mur de Berlin, dont on ne cessait de célébrer la destruction libératrice, à cela près que le mur de Berlin respectait scrupuleusement le tracé de la frontière délimitée dans la ville de Berlin entre les deux Allemagnes, tandis que la barrière de sécurité israélienne empiétait sur des propriétés palestiniennes coupées en deux. Cet Etat avait formé une coalition dans laquelle entraient des partis d’extrême droite pour former son gouvernement. Donc il devait ne pas élever la voix si d’autres nations choisissaient d’en faire autant, ou bien il devait renoncer à cette coalition pour lui-même, ou bien il se mettait au ban des nations en faisant ce qu’il interdisait aux autres.

Si la critique ne toucha pas l’Etat hébreu, ni sur la coalition, ni sur la colonisation, ni sur le mur, les nations se sentirent offensées une fois de trop par l’interdiction qui leur était faite implicitement de considérer leur histoire avec orgueil. L’un des leviers de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en France fut le refus de la repentance. Celui-ci, paradoxalement (mais les paradoxes opèrent toujours en histoire) avait déjà été porté par les catholiques intransigeants au prétexte qu’on ne peut se battre la coulpe sur la poitrine de ses aînés. Or ces catholiques intransigeants oubliaient qu’en même temps qu’ils ne voulaient pas déshonorer la mémoire de leurs ancêtres directs, ils confessaient le dogme du péché originel, qui n’est autre chose que l’extension du battement de sa coulpe sur la poitrine des aînés jusqu’au premier couple du genre humain, sur lequel repose, dans l’hypothèse créationniste et la Foi monogéniste, la faute originelle qui s’est transmise de génération en génération et a fait de l’homme au paradis perdu « l’imparfait du Dieu parfait », selon la très belle expression d’un fidèle auditeur de radio Notre-dame. Quoi qu’il en soit, ce refus collectif opposé par une société dont il n’émanait plus aucune histoire, A la repentance, parut sonner le glas de la culpabilisation et de la compassion rétrospective. Cela aurait pu être vrai si, dans le même temps où l’avant-garde sioniste de l’intelligentsia française se lassait d’avoir pitié des victimes, des associations d’activistes de la communauté juive ne s’étaient affairées à faire mousser l’un peu plus que centaine d’agressions antisémites qui avait lieu sur le territoire français, en augmentation depuis 2001, touchant une communauté de quelque 600000 âmes, soit une personne agressée sur 6000 citoyens composant cette communauté, ratio qui n’était jamais mis en rapport avec les deux à trois millions d’agressions perpétrées par les citoyens de toutes origines à l’encontre des quelque 60 millions de personnes, toutes origines confondues, vivant sur le territoire français, ce qui faisait une personne agressée sur deux ou trois mille habitants. La base des militants des associations juives fortement identitaires se laissa glisser dans une islamophobie largement décomplexée, arguant, derrière les péroraisons lyriques d’alain finkielkraut, que le nouvel antisémitisme venait de là beaucoup plus dangereusement désormais que de l’extrême droite éradiquée. Cet islamiste cryptolepénien passa dans l’opinion comme un défouloir de son propre « racisme ordinaire » et parce que, de l’aveu même de l’un de mes correspondants musulmans, ceux-ci aiment le combat, mais n’arrivent pas à se victimiser. Et, sans qu’on reprochât jamais à Israël de se venger des attentats commis sur son territoire en tuant les familles des terroristes alors que, dès le 11 septembre 2001, de Lionel Jospin à george bush inclus, les dirigeants du monde entier avaient tenu à ce qu’on ne fît pas d’amalgame entre islam et terrorisme, devant la recrudescence des agressions antisémites, le gouvernement français établit un « secrétariat d’Etat au droit des victimes », qui fut confié à Nicole guedj, membre de l’UPJF (Union du Patronat Juif de France), ce dans le même temps où la parution du livre de caroline Eliacheff et de maître Soulez la Rivière accusait une lassitude de la victimisation en matière judiciaire.

Nicole guedj se montra aussi équitable que la confessionalisation induite de son ministère le lui permettait dans sa défense du droit de toutes les victimes ; mais son secrétariat d’Etat n’en avait pas moins été la dernière occurrence d’une conception de la Justice qui mettait les victimes sur le devant de la scène. La tendance dominante était à dénoncer une « concurrence victimaire » qui passait pour soudain redoutable, car on sait que toutes les victimes agissent à l’arme blanche. La lame de fond qui soulevait ceux qui dénonçaient que la Justice fût rendue au nom des victimes, agitait que les jugements n’étaient plus rendus sereinement, ne respectaient plus la présomption d’innocence bafouée tous les jours par la violation par la presse et les magistrats du secret de l’instruction et la mise en pâture médiatique des suspects, mais surtout finirait par conduire, si l’on n’y mettait bonne garde, à ce que les partisans de la peine de mort l’emportassent à la faire rétablir. Pour moi, ce que la société n’a pas donné, à savoir la vie, elle ne peut pas le reprendre. Toutefois, peut-on nier que la Justice n’est rendue que parce qu’un forfait a été commis, peu importe par qui, qui a touché parfois de la façon la plus grave une victime objective ? Cela n’a jamais amené aucun peuple souverain sagement gouverné à siéger en Tribunal de la partie civile. Mais, en dehors des cas forgés par un juridisme de mauvais aloi qui fait les lois, où un plaignant risque d’être condamné pour abus de procédure, un procès n’a lieu qu’en raison d’un dommage. Cela n’entraîne pas que la Justice soit rendue au nom des victimes, mais au nom du peuple parce qu’il y a eu victime et qu’une société qui se respecte doit défendre ses éléments les plus vulnérables, faute de quoi c’est une société impitoyable.


26. La réforme des retraites ne respecte pas la loi sur le dialogue social.

Lorsque Nicolas Sarkozy accéda à la magistrature suprême de la République française, craignant fort le troisième tour social qu’on lui prédisait de partout s’il avait le malheurde remporter la bataille électorale, il eut l’habileté de mettre les syndicats dans sa poche en faisant adopter une loi qui disposa que les députés ne pourraient plus désormais adopter aucune loi dont le contenu aurait relevé de ce qui intéressait les « partenaires sociaux » (sans mandat), que ceux-ci n’aient préalablement cherché à conclure un accord formel entre eux, lequel aurait été présenté tel quel au Parlement, qui n’aurait plus eu qu’à l’enregistrer, à la manière des parlements d’Ancien Régime. Pour faire passer en force la réforme des retraites actuellement portée par Eric Woerth, on est passé sur cette loi qui ne date pourtant que de trois ans sans que, ni médias, ni syndicats ne dénoncent le procédé, ces derniers, les syndicats, préférant agiter le chiffon rouge de la grève reconductible… dans les transports, qui ne conduiront par conséquent plus leurs usagers, à l’observance près du service minimum. Tout à coup, les socialistes redécouvrent à ma grande joie que, sur une telle question, un référendum serait le bienvenu. Les syndicats leur font répondre qu’il ne saurait en être question. Les non mandatés n’aiment généralement pas que l’on envisage d’en appeler à l’opinion des pseudo mandataires, cela est vrai de toutes les causes sur lesquelles des associations ont fait main basse. De plus, il faut reconnaître qu’un référendum qui ne décomposerait pas le problème et consisterait simplement à demander aux citoyens s’ils approuvent ou non la réforme gouvernementale des retraites n’aurait pas beaucoup de sens. Ce qui montre néanmoins une évolution louable est qu’auparavant, un tel référendum aurait passé pour impossible. Voici que, par démagogie, un parti politique y fait appel. C’est autant de gagné pour qu’on finisse par le reconnaître pour indispensable dans toutes les questions d’importance.

27. Les romes contre le chouchen.

L’une des ressources de Nicolas Sarkozy pour s’attaquer à la pieuvre tentaculaire de la remontée lepéniste est de s’en prendre à la communauté roumaine, il nous a déjà fait le coup quand il était ministre de l’intérieur en se rendant en Roumanie (comme le général de gaulle pendant au moins quinze jours de mai 1968) pour négocier que soient moins donnés de visas aux Roumains par la France et que la Roumanie surveille ses départs. Cet acharnement contre les Romes est presque psychanalytique. Il l’est en termes de communication politique parce qu’en expulsant les Romes dans le plus parfait irrespect des traités et conventions qu’a signés la France et dont Nicolas sarkozy pense qu’il n’y a qu’à s’asseoir dessus étant donné qu’ils s’empilent et qu’un juriste ne pourrait pas y retrouver ses petits, Nicolas Sarkozy sait que, si les médias vont lui tomber dessus, il va parler aux Français d’immigration, que c’est un sujet qui fait frémir et qui va leur faire monter les poils d’un nationalisme travesti, ne serait-ce que parce que les romes, si itinérants soient-ils, n’en restent pas moins des Européens comme les Français et que le rejet de l’immigration qui secoue la population française qui lutte en même temps contre la graine de racisme qu’il y a dans ses gènes comme dans ceux de toute autre nation et dans ceux de tout homme, contre l’étrange altérité de l’étranger, ne se déchaîne pas, si les mots ont un sens, contre une population qui partage la même origine continentale, mais contre une population qui n’a pas la même couleur de peau, avec laquelle les Français d’origine peuvent par ailleurs . entretenir « une érotique du métissage », pour reprendre l’une des expressions favorites d’un de mes correspondants déjà cité, qui aime à se dire« musulmans de nation » et amoureux de la France, et qui tient à garder l’anonymat.

Les romes sont des européens comme les Français et ce que ces derniers peuvent leur reprocher, c’est tout au plus de squatter sur leurs terrains vagues, auxquels ils tiennent tant quand ils en sont propriétaires, d’y faire des saletés, ce que font aussi les participants aux rave partys, et, plus gravement certes, de tirer quelques poules et autres articles de supermarché, de pratiquer une mendicité quelquefois agressive et de faire y prendre part des enfants qu’ils feignent d’estropier et qui, pendant ce temps-là, ne vont pas à l’école, comme disent ceux qui veulent faire pleurer dans les chaumières sur l’expulsion des Romes, pour qui le plus grand mal que leur fait Sarkozy est de déscolariser leurs enfants, sans évoquer le fait que, ceux-ci comme beaucoup de ceux qui vivent sous la juridiction de l’education Nationale sont peut-être frappés, non pas d’une épidémie de grippe a, mais de phobie scolaire. Ce que les Français peuvent reprocher aux Romes, c’est d’être nomades en faisant travailler leurs enfants (les nôtres ont plus de trente-deux heures de cours sans compter les devoirs, ils ne font pas les trente-cinq heures, même si c’est tempéré par les vacances) ; c’est encore, si l’on tient à rallonger la liste, que leurs baraquements-bidonvilles sont hermétiquement fermés à l’action de la police et étanches à ce que quiconque vienne se mêler de leurs affaires, ce qui peut certes occasionner des maltraitances intrafamiliales fort observées par nos sociétés qui regardent à travers le judas. C’est en somme que le chef de clan puisseêtre un tyran domestique éventuellement violent, mais ce n’est certainement pas que des bandes organisées de p’tits romes blancs puissent semer la terreur dans les cités. Mais que n’inventerait-on pas pour éviter la peste brune, dont on sait très bien qu’elle est passée, qu’elle ne repassera pas, parce qu’il n’existe heureusement plus aucun parti durail européen qui ait l’audience de venir jouer les nasillons en Europe, avec prise du Parlement et invasion planifiée de toutes les autres nations européennes pour constituer un empire fondé sur le mythe ariens. Tout ce à quoi ce genre de partis est bon, autant dire à rien, c’est à venir jouer les trouble-fêtes dans les parlements et parfois jusque dans les gouvernements, mais à la condition sine qua non de s’aligner sur ce que les vrais nationalistes appellent « le système » ou « l’établissement ». C’est ainsi que l’Italie berlusconienne (j’allais dire mussolinienne) a réussi à apprivoiser l’hydre fasciste. Les romes moins qu’aucun autre peuple ne font partie de ces envahisseurs qui font frémir pour la raison qu’ils n’aiment rien moins que se fixer. S’ils n’étaient pas presque inoffensifs, on ne les attaquerait pas.

Plus inoffensives encore sont les femmes voilées qui ne veulent pas céder à notre passion de dévisager. On les arrête, on les met à l’amende, mais on n’arrête pas leur père, parce que ce serait plus difficile, lorsque celui-ci veut contraindre ces jeunes filles à des mariages forcés. En les dévoilant, non seulement on attente à leur pudeur, mais on les met en état, à leurs yeux, de commettre un sacrilège contre leur religion, c’est-à-dire qu’on viole la conscience religieuse de ces âmes pudiques, comme au temps des martyres de masse où les chrétiens étaient sommés de faire un acte public qui constituait pour eux une abjuration pratique de leur foi, comme celui de se prosterner devant l’effigie de l’Empereur et de l’adorer comme un dieu, quoi qu’on en pense in pectore. En somme, si l’histoire ne repasse pas les plats, les situations historiques ont le don de serépéter : le laïcardisme fait avec moins de violence aux femmes voilées musulmanes ce qu’on faisait aux vierges chrétiennes avant de les mettre aux fers ou de les jeter dans la fosse aux lions ; les Romes font ce que Victor Hugo décrivait des mœurs bohémiennes au Moyen age et qui ravissait jusqu’à faire tourner la tête de Claude Frolo quand la sérénade était menée avec le charme d’Esmeralda ; quant à l’Union Européenne, est-il séant de dire qu’elle a quasiment ressuscité, sinon le mythe de la Mittel europa caressé par feu le chancelier brûleur, du moins son rêve d’empire si tant est, à la fois que l’Europe soit une puissance et qu’une puissance se confonde avec un Empire ? C’est peut-être ce qui évite à l’Union Européenne de recevoir d’outre-tombe le sourire sardonique de celui qui s’est donné la mort d’une capsule de cyanure après avoir torturé bien des innocents et le jour de mon anniversaire, quoique vingt-huit ans avant que je ne naisse. Le nazisme nous rend tous fous. C’est peut-être aussi ce qui fait que l’Union européenne se révèle le dernier rempart contre les expulsions de masse que Nicolas Sarkozy veut organiser à l’encontre des Romes. Pour éviter de faire monter le Pen ? La sauce a pris une fois, lors de l’élection de ce Monsieur en 2007 ; elle n’a pas pris du tout avec l’organisation du débat au reste très légitime, mais mis en scène à des fins électoralistes, sur l’identité nationale : cela s’est retourné contre l’organisateur qui a perdu les régionales en étant battu à plat de couture ! A présent, les sondages nous disent que la sauce a l’air de reprendre, mais 2012 est encore loin et elle pourrait très bien rancir ! Donc, en termes de communication politique, il n’est pas du tout dit que Nicolas Sarkozy ait réussi sa manœuvre de diversion par la remise en selle du thème de l’immigration avec un faux lapsus ethnique, pas d’aussi bonne facture gustative que le lapsus linguae, lui tout à fait involontaire, de Rachida Dati employant fellation pour inflation. Cela a provoquéen sa faveur, puisque Nicolas Sarkozy n’en a pas voulu, une inflation du désir.

L’autre aspect psychanalytique de cette attaque contre les Romes est plus triste à dire, et comme j’aimerais ne pas voir juste ! On a vu dans cette chronique comment, lorsque Nicolas désaimait ou se sentait désaimé, il n’hésitait pas à envoyer sa femme au casse-pipe, comme il l’a fait, juste avant de divorcer de cécilia, en l’expédiant à Muammar (…Khadafi) pour, sous prétexte qu’elle libérât les infirmières bulgares, voir ce qu’il allait lui faire. C’était ignoble et dégueulasse. On a vu aussi, dans le même chapitre de cette première chronique, qu’il était tout à fait vraisemblable que la rumeur d’un désamour entre carla et Nicolas fûtavérée. Cela entrait dans le cycle des usures de la cristallisation de carla, et Nicolas comme tous ses prédécesseurs, est plutôt un chaud lapin parce que, pour jouer les pères de nation, il faut être un sacré baiseur ! Il n’est donc pas du tout invraisemblable que Nicolas en ait un peu mare de sa carlolita qui le traîne dans la cour de ses ex, sans compter la smalah, avec la mère, les sœurs et les copines : c’est un peu fatigant pour un Président qui travaille autant, on ne se sent plus respirer, on étouffe, on commence par faire un malaise vagal, et puis on expulse les romes parce que, si carlolita a été adoptée par un Monsieur Bruni Tedesci, d’excellente famille juive italienne, son vrai père s’appelait Maurizio Remmert et était un entrepreneur italien établi au Brésil. D’autres ont prétendu qu’ils s’appelait Maurice romech. Remert ou romech comme rome… De même que Ciganer (le nom de jeune fille de Cécilia) comme tsigane. Les rumeurs du couple battant de l’aile de Nicolas Sarkozy avec Cécilia datent à peu près de l’époque où son ex-mari s’est mis à faire la chasse aux roumains, peut-être un peu perdu comme un gadjo dans la galaxie gitane et romani, comme Céline appelait autrefois les romanichels. Alors Sarkozy expulse les romes comme les Tsiganes étaient autrefois les compagnons de génocide des Juifs, mais on n’en a fait moins de bruit, comme Carla qui mange son chapeau devant cette expulsion, en comprenant peut-être le message subliminal intime, elle qui n’avait pas hésité à comparer à la dénonciation des Juifs sous l’occupation l’exhumation par Airy Routier, très humiliante pour l’ex top-modèle, du SMS envoyé par Nicolas à cécilia :
« Si tu rentres, j’arrête tout ! »
Mais la première dame de France n’est pas seule à se taire. Plus vache, le Président du CRIF, Richard Prasquier, s’indigne que l’on puisse comparer l’expulsion des Romes aux rafles des années quarante. Il a peut-être raison, la comparaison est sans doute abusive, mais d’une part il ne peut nier en toute bonne foi que la situation de ces gens du voyage que sont les Romes, que l’on assimilait jadis aux Tsiganes, reste plus fragile que celle des Juifs qui ont réussi à se réinstaller, où qu’ils l’aient fait, tandis qu’on continue à repousser d’autant plus facilement les romanichels qu’ils sont nomades et se sont faits une réputation de voleurs à la tire. Et d’autre part, que M. Prasquier n’a-t-il des indignations moins sélectives ! N’aurait-il pas pu trouver scandaleux, en son temps, que Carla bruni compare la pseudo-investigation de presse people d’un journaliste du « nouvel ob’s » à une dénonciation de juif pendant la guerre ? Que je sache, Airy Routier n’écrit pas dans « JE SUIS PARTOUT », ni dans une presse assimilable, et les conséquences de sa révélation, avérée ou un peu forcée, sont physiquement moins douloureuses que ne sont néfastes à ceux qui les subissent des expulsions sauvages faites en parfaite infraction avec les traités que nous avons signés et qui nous mettent hors la loi parce que nous expulsons des ressortissants de l’Union européenne. Mais a-t-on jamais, dans l’espace intraeuropéen, aboli le contrôle aux frontières, même pour les citoyens européens ? Quand j’ai pris l’eurostar, je ne m’en suis pas aperçu…

28. Auditeurs assidus de France inter, réveillez-vous…

Avez-vous remarqué cet enchaînement ?

1. Frédéric Bonnaud commence par piquer son horaire à daniel Mermet qui en prend ombrage, pour faire son émission "charivari" assez bobo, sans importance.

2. Sans se déboboïser, mais en se radicalisant un tout petit poil et en renouvelant pas mal les formes, bref, en parvenant à faire une émission radiophonique originale, il crée, à la même heure que "charivari", mais pour le remplacer, "la bande à Bonnaud".

3. Sarkozy étant élu, il est viré par Frédéric schlessinger (je me trompe peut-être sur le nom de cet ancien directeur des programmes, Mermet est toujours en place, bien qu'ayant 68 ans aux portes de sonner et ne cessant de dénoncer le report de l'âge de la retraite ainsi que le traitement des précaires,

4. Précaires qui entretiennent une belle polémique contre Mermet (Claire Hauter et Thierry Scharf) parce que ce sont des précaires que Mermet emploie essentiellement en piquant les plus homériques colères lorsque la station leur signe un CDI : ils ne seront plus à la peine, il veut dire, ils ne mettront plus de cœur à leurs reportages.

5. Les collaborateurs de Frédéric Bonnaud, après avoir pleuré misère contre l'injuste éviction de leur patron bien-aimé, cette éviction ayant même failli entraîné une grève touchant la station tout entière, trouvent tous à se reclasser, qui auprès de stéphane Paoli jusqu'à l'année dernière (sandra freeman), qui en ayant leur propre émission (Philippe colin), qui en demeurant critique au "masque et la plume" (Arnaud Viviant).

6. Quant à Frédéric Bonnaud lui-même, il est engagé par Jean-Marc Morandini auprès duquel il travaille deux ou trois ans. Au début, il tape sans concession contre celui qu'il appelle "(son) Nicolas". Au bout de quelque temps, Morandini craignant sans doute l'excès de son impertinence, le remise à regarder la télé.

7. Septième et dernier épisode de ce jeu de chaises musicales : Frédéric schlessinger, le tombeur de macha Béranger remerciée sans avoir encore l'âge de la retraite) et de Frédéric Bonnaud est viré à son tour, lorsque Sarkozy nomme Jean-Luc Hees Président de radio France et que celui-ci place son ami Philippe Val à la tête de France Inter. Philippe Val, la servilité tellement incarnée qu'on la dirait canine encore que les chiens aient plus de reconnaissance et d'affection envers leurs maîtres. Qui se souvient qu'il était le duettiste de Patrick font qu'il a lâché dès que celui-ci fut accusé d'avoir un peu trop aimé les petites filles avant l'âge de la puberté, ce que Philippe Val dit avoir toujours ignoré alors que Patrick Font en avait fait une chanson. Philippe val ne devait pas écouter les albums de Patrick font. Philippe val alla jusqu’à ajouter qu'en 26 ans de collaboration et de complicité scénique, il n'avait jamais déjeuné avec Patrick font. Tu le crois, ça ? Mais surtout, le versant politique, donc le plus sordide de cette affaire est que Font et val se plaignaient à longueur de spectacles d'être boycottés par les médias du giscardisme. Etait-ce pour que le second nommé, après avoir, encore directeur de « CHARLI HEBDO », participé à l’université d’été du MEDEF, finisse comme directeur de la première radio de service public, coopté par un Président lui-même nommé par Sarkozy et pour que le premier, moins intello, mais plus rablaisien et donc plus talentueux, soit récupéré par "le théâtre des deux ânes", dont c'est tout à l'honneur d'avoir recueilli un pariat qui ne trouvait plus à faire de la scène ? ? Mais tout de même, il y a les chansonniers de droite et les chansonniers de gauche et les seconds tiennent le haut du pavé. Pas un d'entre eux ne pouvait recueillir Patrick Font une fois qu'il eut purgé sa peine ? On se félicite bien que bertrand Cantat reprenne du service le 13 octobre prochain, or Patrick Font n'avait tué personne...

La question sous-jacente que pose toute cette affaire est celle de savoir si une radio d’etat peut demeurer une radio libre. Rien ne devrait s’y opposer a priori à condition qu’elle ne défende pas une position unilatérale ; ou qu’elle soit contrebattue par une autre radio donnant la parole à l’autre côté de l’échiquier politique. Mais ceci serait tout à fait impossible dans le Paysage Audiovisuel français d’à présent, où il convient de se dire une fois pour toutes que « la bourgeoisie restrictive a perdu la bataille du verbe » (autocitation), ce qui constitue la vraie victoire de 1968 : la vraie victoire de 1968, c’est que les réactionnaires et les arrière-gardes ne font tout simplement plus partie du paysage. Réduits au silence, ils peuvent bien japper encore : c’est comme s’ils n’existaient pas. La gauche antimonopolistique a fait une OPA sur « la culture ». La chose est de trop grande importance pour qu’on n’y revienne pas quelque jour dans ces « INAPERCUS ».


29. La sinistre vassalisation pakistanaise.

Lorsque le 11 septembre 2001 a vu tomber les tours jumelles, c’était comme si la terre s’était arrêtée de tourner. Dans les écoles, on fit trois minutes de silence obligatoire dès le lendemain : trois minutes pour les trois mille morts ? Le 11 septembre devint un paradigme à partir duquel on décida que le XXE siècle était terminé comme siècle de déflagration, ou qu’allait au contraire commencer « le choc des civilisations ». En réalité, le 11 septembre était la deuxième étape d’une conflagration de civilisations qui avait commencé avec l’opération « tempête du désert », nom qui fut donné à la phase militaire de la guerre du golfe, première mouture. Celle-ci intervint deux ans à peine après qu’on avait célébré, un peu en hâte, car la Chine ne l’avait pas abdiqué, la fin du communisme. Deux ans de répit seulement pour passer d’une apocalypse à l’autre, s’il faut en croire la thèse que chaque génération connaît son apocalypse, à moins que l’apocalypse, qui a commencé avec la deuxième destruction du temple de Jérusalem, ne soit un processus continu qui se poursuit de génération en génération. Je sais qu’en ce qui me concerne, la guerre du golfe a brusquement éteint l’optimisme infantile de ma naïveté spirituelle et mon désir utopique de contribuer à « améliorer le monde ». Je commençai à comprendre que ceux qui voulaient « améliorer le monde » étaient des gens dangereux, car ils avaient toujours de bonnes raisons pour ça, mais cette amélioration du monde n’allait jamais sans que dussent tomber des têtes : quelque chose comme deux cent mille morts en Irak ajoutés au trois mille morts du 11 septembre dix ans plus tard, mais je serais tombé de plus haut entre temps.

Mon père était né en 1939 et moi en 1973. On m’avait souvent dit que l’année de naissance de mon père était celle de la déclaration de la seconde guerre mondiale : on ne m’avait jamais dit que sept mois s’étaient écoulés entre la naissance de mon père et cette déclaration, comme si l’une avait entraîné l’autre ; on ne m’avait jamais dit que mon année de naissance avait coïncidé avec le premier choc pétrolier. Mon père avait eu beau passer toute sa vie dans une sorte de guerre intérieure, sans doute n’avait-il pas voulu me faire de peine. Et puis le pétrole, ce n’était que du pétrole ! Ce ne sont pas les conditions économiques qui engendrent la guerre, n’est-ce pas ? Les guerres du pétrole, c’était bon pour Dallas, mais à l’époque, il était de bon ton de trouver que dallas était une série nullissime. Je suis loin d’être encore de cet avis. A vrai dire, la guerre du golfe est-elle vraiment une conséquence lointaine du premier choc pétrolier ? Personne ne peut le dire. Pourquoi les Américains sont-ils allés combattre en Irak une première fois ? L’intrication géopolitique à l’origine de ce coup de sang et de missiles a dû échapper à ceux qui en avaient été les promoteurs. « L’histoire n’est pas un complot, mais il y a du complot dans l’histoire », m’écrivait-on il y a peu. Bien sûr, l’histoire a été traversée par une succession de conjurations, il n’y a que maintenant que cette vérité n’est plus bonne à dire, parce qu’on l’assimile à notre théorie du complot, qui est devenue l’un des tabous des temps modernes. « Il y a du complot dans l’histoire » et l’histoire est une suite de conjurations, mais ce qu’il faut ajouter aussitôt, c’est que l’issue de ces conjurations échappe presque toujours à ceux qui les fomentent. C’est pourquoi il n’est pas certain que les stratèges américains sachent encore pourquoi ils se sont engagés dans la guerre du golfe, ni s’ils l’ont gagnée ou perdue. Selon toute apparence, ils l’ont perdue. Quant à moi à qui l’on ne disait pas que l’année de ma naissance, non pas avait déclenché, mais avait coïncidé avec le premier choc pétrolier, mon père, qui ne voulait pas me faire de peine, était persuadé (et m’avait persuadé) que je serais d’une génération qui ne verrait jamais la guerre. La guerre du golfe m’avait sapé le moral et avait entamé mon optimisme parce que j’avais observé incrédule le peuple français se retourner en deux jours et, de pacifiste qu’il était, devenir belliciste et justifier la guerre à venir sans se dire un seul instant que, s’il s’engageait dans cette guerre aux côtés des Américains, la France serait un pays en guerre, comme elle n’avait cessé de l’être de 1939 à 1962, passant de la seconde guerre mondiale où elle fut défaite à la guerre d’Indochine où son départ entraîna le premier exil des boat-people ; puis de la guerre d’Indochine à la guerre d’algérie où il est incontestable qu’elle tortura, mais seule sa torture est aujourd’hui mise encause, et l’on ne dit jamais que son départ entraîna l’exil des pieds noirs et l’abandon à leurs massacreurs d’au moins soixante mille harkis qui l’avaient loyalement servie. Il y a un certain complexe de supériorité culturelle en même temps qu’un sentiment de culpabilité mal cadré accompagné d’un racisme à l’envers à ne parler que de la torture que les Blancs ont perpétrée, comme si les égorgements auxquels se livrèrent les adversaires de la France, dont le désir d’obtenir l’indépendance de leur pays était louable, procédaient d’une arriération des mœurs combattantes dont on ne pouvait pas les incriminer puisque nous les avions colonisés et comme réduits à la minorité. Or n’est-ce pas continuer de les infantiliser que de ne pas leur parler le langage de la vérité ? Quant à nous qui, après la « drôle de guerre », avions été battus en quinze jours avant d’être sauvés par le gong et le mythe gaullien, nous avions été un pays en guerre dix-sept ans de suite après la Libération, et nous allions recommencer à l’être, mais nous allions nous en foutre puisque cette guerre ne se ferait pas sur notre territoire. . Comment peut-on en guerre et, non seulement y être indifférent, mais en être inconscient ?

Mais revenons au 11 septembre. George bush fut accusé de n’avoir pas eu la réaction idoine parce qu’il s’était étouffé en mangeant un bretzel et avait mis quelques heures à réagir. Le ban et l’arrière-ban de l’évangélisme fut convoqué dès le lendemain pour suggérer via Billy graham que c’était aux péchés de l’Amérique que l’on devait cette impardonnable destruction de ce que le prédicateur n’appelait pas son « temple du capital ». Le coupable, bien qu’il n’eût pas revendiqué son attentat, mais parce qu’il était recherché activement déjà par l’administration Clinton, parce que c’était un agent de la CIA qui s’était retourné, fut immédiatement désigné en la personne d’Oussama ben Laden. Dès le 12 septembre au matin sur « France culture », dans l’émission « première édition », Alexandre Adler ne laissait planer aucun doute. Son producteur, Pierre assouline, ne put s’empêcher de lui demander :
« Mais comment le savez-vous ? Comment pouvez-vous désigner un coupable certes probable alors que l’enquête n’est même pas commencée ? »Alexandre Adler lui répondit assez sèchement qu’il le savait, un point, c’est tout et qu’il était de mauvais goût de lui répliquer sur ce ton en un moment où l’Amérique traversait un deuil si terrible. Pierre assouline ne soutint pas l’assaut, ni le Pakistan la menace qui lui fut adressée par george bush, qui compensa son déficit réactionnel en déclarant une guerre mondiale contre le terrorisme, c’est-à-dire contre un ennemi invisible, guerre qui en était une pour des services secrets, mais certainement pas pour une armée, que, si le Pakistan n’aidait pas les services américains à débusquer Ben Laden dans les montagnes afghanes, les bombes tomberaient, non seulement sur l’Afghanistan voisine où s’étaient préparés ces attentats, mais sur ce pays que les Etats-Unis en jugeraient complice. Pervez Musharraf obtempéra, il avait trop d’ennuis intérieurs. Mais pouvait-il se douter que, neuf ans plus tard, après qu’il serait démis et qu’un sinistre aurait frappé seize millions de ses concitoyens, lequel suivait de près un séisme contre lequel l’aide humanitaire n’avait jamais égalé les efforts consentis lors du tsunami parce qu’il ne s’y trouvait pas d’occidentaux en vacances, les doigts de pieds en éventail, non seulement les médias tiendraient ces seize millions de sinistrés pour quantité négligeable, mais les Etats-Unis ne viendraient chichement en aide au Pakistan qu’après avoir sermonné son gouvernement de ne pas détourner leur argent ? et il ne fut pas jusqu’au secrétaire général de l’ONU qui ne dût rappeler à l’ordre la communauté internationale (parmi laquelle se sentirent premièrement visées les nations arabes voisines, et pourtant elles n’étaient pas les seules à pouvoir donner) qu’il était inadmissible de laisser les sinistrés pakistanais dans un tel état de déréliction. Le silence médiatique et l’absence de compassion pécuniaire furent la réponse de l’Occident américanisé à la vassalisation pakistanaise que, sous prétexte de l’avoir trouvée de mauvais goût sans voir que le Pakistan était pris entenailles, les nations islamiques alentours firent payer au Pakistan, qui se trouva bien avancé d’avoir la bombe atomique…


30. Le terrorisme et les prises d’otages.

Une vie humaine est-elle égale à une autre ? Les droits de l’homme ont l’air de nous dire que oui et, si n’en devait rester que cet héritage, j’aimerais l’assumer. Pour ça et pour la liberté dont, quoi qu’en ait dit Tocqueville, l’homme s’approche beaucoup plus que de l’égalité. Parce que les droits de l’homme ont beau nous persuader qu’une vie en vaut une autre ; ils ont beau être prolongés dans leur persuasion par la définition du « crime contre l’humanité » basée sur l’affirmation que « qui tue un homme tue l’humanité », l’application de l’inculpation pour crime contre l’humanité tout comme la comptabilité macabre, si disproportionnée, selon que vous êtes des morts du 11 septembre ou des sinistrés du Pakistan ou selon que vous avez été occis par l’armée française (qu’on ne dit pas civilisée) ou que votre vie a été soustraite par des mouvements de guérilla (qu’on ne dit pas barbares), ont l’air tous les jours de prouver que non : une vie n’en vaut pas une autre, parce qu’il y a des morts qui flashent. Les auteurs d’attentat et les preneurs d’otages ont parfaitement assimilé ce principe de « la société du spectacle » qui fait moins corps avec qu’elle n’est l’esprit de la démocratie représentative (qu’on serait tout aussi bien inspiré d’appeler une démocratie de représentation pour en accentuer le côté théâtral. Certes, l’otage a toujours bénéficié d’un statut particulier. D’un instant à l’autre, il lui a suffi d’être saisi par des bandits de grand chemin ne faisant aucun cas du droit des gens pour devenir tout à coup un représentant de la nation, comme si son corps devenait « corps du roi », non qu’il soit investi du pouvoir national auquel la légitimité confère jusqu’à la thaumaturgie, mais de la représentation nationale autrement opérante que dans ce mauvais acteur qu’est un député de la nation. Ceux qu’on appelle malencontreusement les terroristes (il en est des terroristes comme des adeptes d’une secte : ils combattent pour des causes minoritaires comme ceux-ci ont embrassé une petite religion au plan de la loi du nombre) ont compris qu’on pouvait jouer sur la corde médiatique. Ils manient le ressort du caractère impressionnable de l’attentat et sont sûrs, de la sorte, d’être relayés par les médias, pour qui tout ce qui fait sensation est bon à prendre, sans qu’il soit à rechercher, ni si c’est un témoignage de moralité bien sûr (il en est du témoignage de moralité comme du jugement de valeur : tous les deux sont à bannir), ni s’il ne vaudrait pas mieux déontologiquement taire une information qui poussera des candidats au terrorisme qui auraient douté de son efficacité dans la logique de l’attentat ou qui donnera des idées aux bricoleurs d’explosifs d’augmenter leur arsenal jusqu’à l’entraxe ou l’armement bactériologique. Les preneurs d’otages et les auteurs d’attentats font monter les enchères tandis que meurent dans leur lit les solitaires, dans leur voiture les accidentés, dans les hôpitaux les malades affectés d’infections nosocomiales dont on nous indique juste à la fin de l’année le nombre de morts, avec, si vous êtes concernés, vous ou l’un de vos proches, les coordonnées d’un organisme à contacter si vous voulez être indemnisés, un organisme appelé l’ONIAM, qui a l’air de porter le nom d’une plante médicinale et qu’a mis en place Bernard Kouchner, quand il était ministre de la santé, pour que les familles des patients décédés à l’hôpital ne fassent pas de vagues, ce qui est en revanche tout à fait recommandé aux familles des victimes d’attentat, pour faire de la publicité au terrorisme et en maintenir le mode d’action, parce qu’il est très équilibré de déstabiliser de temps à autre le pouvoir dominant, lequel, n’ayant pas à faire face à des guerres plus sérieuses ou moins banales, saura toujours comment s’y prendre pour donner le change et l’impression qu’il maîtrise la situation. Ainsi, les rôles de chacun des protagonistes-antagonistes sont bien réglés dans le spectacle sans autre coup de théâtre que des reprises de l’action sensationnelles.

Trouvez-vous que ce modus operandi et que cette inéquité de la valeur des vies soient aristocratiques ? Je les trouve plutôt inélégants de lâcheté de part et d’autre. Mais sans doute, ces deux processus partent-ils en effet d’un aristocratisme latent qui, quelqu’effort que l’on fasse pour commencer par reconnaître la dignité intrinsèque et essentiellement théorique, tant qu’elle ne trouve pas son application, à toute personne humaine, n’empêche pas que certaines vies valent plus d’être vécues que d’autres. Autrefois, les nobles avaient des serviteurs ; aujourd’hui, les « happy few », les « people » et les idoles ont des fans. Autrefois, on avait de la branche ; aujourd’hui, on a son quart d’heure de reconnaissance, ou nos vies sont condamnées à être inconsistantes. Ce n’est pas que, pour étendre ce fameux quart d’heure, la naissance n’aide pas. Mais, faute de l’avoir connu, les philosophes diront que nous aurons vécu, mais que nous n’aurons pas existé, ce que confirmeront les journalistes en nous traitant d’ »anonymes » que l’on appelle par son prénom et qui ne sort du lot que si quelque chose de sensationnel nous arrive, fût-il scabreux. A un anonyme, il ne peut arriver que du sensationnel scabreux. Alors, après que sa chair aura été lacérée par un psychopathe, humiliée par un violeur, éprouvée par un preneur d’otage, blessée par un auteur d’attentat ou accidentée par un chauffard, les journalistes, ces oiseaux de proie, viendront se poser sur elle comme des vautours. L’auteur d’attentat et le preneur d’otage savent cela et que l’événement qu’ils créeront aura d’autant plus de prise et sera plus rapporté qu’il sera plus sensationnel. La démocratie représentative et la « société du spectacle » perdurent parce que l’homme, pour les éliminer, devrait consentir à dépasser une nature instinctivementaristocratique. La paranoïa elle-même en témoigne, qui est une façon de s’annoblir jusqu’à la mutilation persécutrice, s’il le faut, si nous avons fini par paraître transparents aux autres, mot qui, par une dérive bizarre, est devenu un synonyme d’ »invisible ». Chacun de nous ne déroule-t-il pas indéfiniment le récit des célébrités qu’il a un tant soit peu rencontrés ? Cette nôtre contribution à l’inéquité de la valeur des vies est le pendant de la distraction que nous trouvons à regarder des crimes se commettre et à nous repaître de la façon dont ils vont être résolus en nous mettant du côté de l’enquêteur, ce qui nous blanchit. L’aristocratie est issue de l’instinct de fascination, et c’est parce qu’il a dérivé de la même racine que ce mot de fascination que le fascisme a pu proclamer sa foi en une race des seigneurs. L’aristocratisme latent de la nature humaine idolâtre par fascination tout comme le terrorisme, preneur de vies, sont des fascismes dont il faut se défasciner par la tentative morale et politique de travailler, non au nivellement par la médiocrité, mais à la reconnaissance de l’équité de la valeur des vies.

Julien WEINZAEPFLEN

9 commentaires:

  1. Je transmets la réaction qui a été envoyée sur ma boîte mail par Croissant de lune:

    Torrentiel!


    J'aime bien ta chronique des inaperçus de l'actualité. J'y trouve des sujets de réflexions que j'ai parfois développé dans notre correspondance. Cette fois, j'ai relevé des points de désaccord saillants, ce qui soulève dans mon âme, un vif désir de réadtion et de riposte, auquel je ne peux céder faute de temps. L'un de ces points, Torrentiel, est si aiguë que je ne peux le négliger ou en différer la relation! L'homme libre doit la vérité à l'homme libre! On lit dans les premiers paragraphes, consacrés à la problématique de la victimisation, qu'Israël se venge des attentats commis sur ses terres en tuant les familles des terroristes, n'est-ce pas? Voilà le point qui m'aflige. Pourquoi parler ainsi des combattants et des héros Palestiniens? Cèderais-tu à ton insu aux effets lointains d'une propagande calomnieuse, qui, par un long usage, rend l'erreur simple et ordinaire? Car, en effet, Israël ne se venge pas, il n'a pas de terres, les combattants sont des héros qui devraient forcer l'admiration de ceux qui tiennent pour la justice. Certes, tout vient en aide au mensonge ou à l'erreur, surtout l'habitude. Certes, nul ne peut, sa vie durant ne dire que le vrai et ne faire que le bien! Car le mal, l'erreur et le mensonge, commencent quand s'endort un instant notre vigilance, sitôt qu'on ne s'efforce pas consciemment au bien! La faiblesse humaine explique nos manquements dans une certaine mesure. On se doit pourtant, si faibles que nous sommes, de nous efforcer de dire la vérité concernant ceux qui soufrent et meurent par l'effet d'injustices évidentes et prolongées! Je ne pense pas que l'homme juste que tu es, croit clairement à cette formulation, ton tort ne dut être que de reprendre ce qui se dit partout et depuis si longtemps! Voici les analyses et décortications que j'en fais.


    Première question, Israël se venge-t-il? Un agresseur ne peut se venger, or, Israël est l'agresseur, indéniablement. La vengeance n'est apropriée qu'aux oprimés, aux victimes. Les Palestiniens ne sauraient être l'agresseur, des ennemis leur étant venus, sans qu'ils aillent les rechercher! Donc, Israël ne se venge pas, il commet des tueries, ou tout ce que tu voudras, mais ce qu'il fait ne peut pas relever de la vengeance! Les mots sont faits pour s'en servir à bon escient! Voilà pour le premier terme.

    RépondreSupprimer
  2. Seconde question, Israël se vengerait d'attentats commis sur ses terres. Quelles terres? Qu'on s'aproprie par force un bien, on n'a pas pour ça un titre de propriété authentique. Si des gouvernements tiers s'accordant entr'eux, attribue à des bande Sionistes, un titre de propriété et de souveraineté sur un bien dont celles-ci se sont emparé par fait et forfait, le titre est faux et ils sont tous complices de forfaiture. Tes considérations et évocations du lointain dilemme des enfants d'Ibrahim ne changent rien à ce raisonnement qu'inspire la justice la plus simple, et qui, prévaut, par la colère de Dieu, contre tout artifice et contorsion. Donc, Israël ne peut rien faire sur "ses terres", elles ne sont pas à lui, et tu n'as pas le pouvoir de lui atribuer ce qu'il a saisi par force et forfaiture. Ne donnes pas aux uns et aux autres ce qui n'est pas à toi, Torrentiel, ne donnes que ce qui t'appartiens en propre, là est la justice basique, celle qu'un enfant pourrait comprendre

    RépondreSupprimer
  3. (suite) Troisième question. Israël tue-t-il les familles des "terroristes"? Qu'est-ce qu'exactement que le terrorisme? Je détiens de puis peu, une définition qu'en fait Raymond Aron, une des référence intellectuelle de ta nation :

    "Es terroriste une action dont les conséquences psychologiques sont sans commune mesure avec le fait objectif réel."

    Précisément, j'ai trouvé très bien illustrée, la notion de "politique terroriste", dans une biographie d'Attila, roi des Huns, qui, lorsqu'il s'emparait d'une ville ou place, commettait des carnages et dévastations dans le but de provoquer la fuite des populations des régions voisines et que d'autres villes se rendent sans résistance et versent leur tribut sans qu'il ne lui en coûte rien de plus! La terreur, effet psychologique de l'action militaire, tellle qu'il l'opérait, délibérément, démultipliait le simple effet des opérations militaires proprementdites. Ainsi firent Gengis-Khan, Tamerlan et d'autres conquérants Barbares. Dans tous ses cas, il s'agit de forts, de puissants, d'autant plus effrayants qu'ils ont une quantité réelle et concrète de force, ce qui leur permet, moyennant quelques crimes, d'économiser cette force. A la limite, on pourrait admettre, qu'il pourrait en aller ainsi, des puissances contemporaines. Israël obtient par la force d'abord, par la terreur ensuite, comme l'Amérique et d'autres encore. Cet effet psychologique, c'est ce qu'on nomme "terreur" ou au moins "dissuasion". S'il existe une nuance entre ces deux termes, elle est ténue! La dissuasion serait d'intimider sans agir, la terreur serait d'intimider après avoir exercé la force. En pratique, les deux éléments sont mêlés, et il fallut que la première puissance nucléaire, utilise sans raison, cette arme inhumaine, pour qu'ensuite, les autres s'en dispensent. Concernant l'entité Sioniste, il faut bien voir que la terreur est une part non négligeable de son poids militaire! C'est donc une entité terroriste par excellence! Ceux qui permirent sa création, savaient bien ce qu'il en serait, et qu'on ne s'étonne pas de voire cette entité comettre des crimes qu'on croit militairement inutiles comme il en fut, de cette lâche agression de la flotte de la liberté! Comme je l'ai développé dans ma missive, ces crimes se comprennent fort bien, ils ont pour but d'effrayer, de terroriser les peuples de la région, puisqu'Israël se sait illégitime pour eux. En effet, il se heurte non seulement à des gouvernements mais bien plus à des peuples, capables de se mouvoir et d'agir avec ou sans l'avoeu des gouvernants!

    RépondreSupprimer
  4. (suite) En quoi donc cette définition de Raymond Aron, s'applique-t-elle aux résistants oprimés? En quoi leurs actions chétives peuvent-elles se démultiplier au point d'obliger leurs ennemis à fuir, saisis d'une terreur panique? Ce sont eux, plutôt qui tremblent et ont peine à se tenir debout! Ne le comprends-tu pas? Ces opérations limitées et chétives n'impriment guère nulle impression de terreur véritable, c'est donc par abus et propagande qu'elles sont désignées comme "actions terroristes". S'il arrive que les peuples et nations faibles se fortifient et que les forts s'affaiblissent, alors, ce que par abus et calomnie on nomme "terrorisme" aujourd'hui, cesserait d'exister, et c'est alors seulement, qu'une terreur véritable pourrait nouer les entrailles de ceux dont la puissance altère et dénature le sens de la vraie et simple justice. Si, comme dans la Bible, Dieu les frappe, à main forte et à bras étendue, c'est une vraie terreur, nullement prétendue, qui allourdirait leurs membres, enfoncerait leurs pieds dans le sol, comme voulant disparaître sous terre! C'est dans ces conditions, que la catégorie "terrorisme" telle qu'ils l'entendent, aurait déserté leur langage, et avec elle beaucoup d'autres blâmes et calomnies!


    Ce que par abus, on nomme "terrorisme", ne consiste guère qu'en effets réactionels à une situation d'injustice évidente et prolongée, quand on ne voit pas poindre les signes d'une proche délivrance. En Palestine occupée, ces effets et actions ne font guère parler d'eux, avant qu'on ait cru tournée la page des guerres Israëlo-Arabes, et encore il fallut l'échec des prétendues opérations de paix! Ni les armes ni la négociation ne valurent rien au sort d'un peuple soufrant, et il en est qui le blâment! Voilà pour l'emploi abusif et faux du terme "terrorisme".


    Mais le terrorisme authentique, celui des puissances, le seul qui effraye vraiment, comment le vivre, comment le contenir ou le combattre? C'est précisément l'héroïsme, la volonté d'agir, la foi aux moyens de changer son sort, la foi dans l'invaincibilité des peuples, voilà l'antidote de la terreur! La volonté inébranlable de résistance et de justice, qui doit se traduire concrètement par la construction et l'acquisition de la force nécessaire et suffisante à rétablir la justice, chasser et châtier l'agresseur, reprendre tout ce qui fut perdu, de terre, de droits et de dignité! Voilà ce que font ceux qui se sont dressés dans ma Nation, et qui en ce sens, sont les seuls hommes vraiment libres sur la terre! Si Dieu veut, leurs efforts seront couronnés de succès, et d'aucuns croient percevoir les premiers signes précurseurs de ces renversements! Certes, la victoire de Dieu n'est pas proche, mais encore lointaine selon une expression du prophète que nous aimons à reprendre. Toutefois, certains éléments et développements, s'ils ne font pas encore la victoire, font quelque succès! La bataille Libanaise de juillet 2006 n'est pas restée sans conséquence et eut des effets remarquables. Ce n'est pas une petite chose pour Israël d'avoir perdu, définitivement, semble-t-il, l'avantage de la guerre-éclair! Désormais, il lui faut plus de réflexion avant l'initiative de nouvelles aventures. Dans un proche avenir, si Dieu veut, le développement de l'anti-aérien, lui fera perdre le moyen des bombardements itératifs ou les rendrait plus coûteux et risqués! Il y a des choses qui changent, et cela s'opère par l'initiative et le vouloir de résistance, de ceux qui veulent changer et transformer concrètement ce qui est, et qui ne s'agenouillent pas devant ce que d'autres tiennent pour inéluctable!

    RépondreSupprimer
  5. (suite et fin) Remarques bien, Torrentiel, que le qualificatif de terrorisme, curieusement, n'est guère apliqué qu'aux plus faibles parmi les résistants. A mesure que s'accroît l'efficacité de la résistance, on change insensiblement de registre. Ainsi, un glissement imperceptible s'est opéré, envers les résistants Afghans et Irakiens, qui eurent droit successivement au stade d'insurgé, de rebels, puis de combattants voire de résistants dans l'univers médiatique Occidental si partisan et partial! Cette constatation, souligne bien le fait, qu'il s'agit de blâmer et d'accabler les faibles, si peu terribles! Les volontaires Libanais furent chétifs dans leurs débuts, rien davantage que des partisans et franc-tireurs qui se sont regroupés, et opposèrent dès 1982, à l'occupation des opérations sporadiques. C'est quand ils eurent démontré une aptitude de résistance organisée que les aides et secours de la Nation arrivèrent. Ils furent chétifs et confinés dans la catégorie des "terroristes". Constate qu'à mesure qu'ils se fortifient, ils forcent leurs ennemis médiatiques à faire d'eux plus de cas et les traiter avec un respect croissant! Quiconque est faible est diabolisé, démonisé, et on juge mal à propos d'ouvrir aucun rapport dialectique avec lui, on l'exclut du dialogue, on le met au-dessous du brigand, il est bon à être éliminé, sa vie est sans valeur! Si on se fortifie, l'ennemi voit alors, que son intérêt n'est pas dans une diabolisation outrancière qui rend impossible tout arrangement. Le calcul lui suggère de changer de musique et d'en rabattre. Donc, de l'état de terroriste à l'honneur du libérateur, il y a le chemin de la conquête de la force, plus ou moins long et tortueux, mais toute transformation commence par le commencement, "Le tour du monde commence par le premier pas" selon Churchil. Hier, notre raïs, le fils du forgeron, artisan de force et de liberté, qui dans le fer du présent forge l'avenir, notre grand Raïs a visité les terres libres du Liban, a fleuri la tombe d'un héros, à une lieue de la Palestine occupée, à la barbe de l'ennemi, dont l'aviation s'est livré à quelques survols. Il vint tout près d'eux et de leurs camps, leur signifier que nous avons cessé d'avoir peur, et que la peur changera de camp! Qui sait si la prochaine guerre, ne serait pas de notre fait et initiative, contrairement aux autres guerres où nous ne fûmes que sur la défensive? Une nouveauté de taille commence à tordre les entrailles des Sionistes, ils entendent qu'en Amérique, une clameur retentit de plus en plus souvent : "Enough", Assez! ça suffit! Cela vient de l'université de Harward et prend une ampleur croissante, c'était inévitable. Je paries que les dirigeants Sionistes en ont le sommeil troublé!


    Pardonnes ma véhémence Torrentiel. J'en conviens, tout le monde se trompe, et moi-même, dans mes contributions et paroles, il y aurait beaucoup à reprendre. Là, concernant le combat des Palestiniens, ce n'est pas qu'un détail! Si je soufre pareille chose de l'ambiance médiatique générale, tu es trop juste et trop droit pour blâmer le juste combat des oprimés! Si tu crains le blasphème, tu auras soin de la mémoire de ces martyres qui se tiennent à la droite de Dieu et reçoivent de lui leur nourriture.


    Ton croissant de lune.

    RépondreSupprimer
  6. Voici ma réponse au Croissant de lune:

    Mon cher Croissant de Lune,

    Nous n'arrivons plus à nous suivre : je ne veux pas dire que nous avons perdu cet accord minimal qui fait la qualité de notre échange ; je veux simplement dire que nous nous envoyons des messages qui ne se répondent pas. Après que tu as beaucoup tardé à m'envoyer ta missive, je vais encore un peu tarder à y répondre : diverses préoccupations personnelles et d'autres échafaudages ou échappatoires littéraires en sont la cause. Néanmoins, je ne me prive pas de t'envoyer mes "inaperçus" et toi, tes réponses, c'est de bonne guerre, mais ça ne se suit plus. Par surcroît de malheur, mon neveu déserte à venir m'aider, ce qui ralentit l'organisation que je m'étais promise de nos échanges sous une forme chronologique organisée. Ceci, non pour opposer une fin de non recevoir à tes présents propos : je les insérerai en commentaire du croissant de lune sur mon blog après publication de cette chronique de mes inaperçus ; mais pour m'excuser de ne pas pouvoir te répondre avec la rapidité, la profondeur et la dextérité que mériterait ta présente contribution.

    Nous abordons toi et moi les problèmes sous un angle différent : tu déclares tout de go illégitime l'existence d'Israël ; tu estimes qu'ayant acquis son bien par un coup de force, Israël n'a tout simplement pas de terre ; tu fais donc pièces du fait qu'Israël puisse être attaqué sur des terres qui, selon toi, ne sont pas les siennes. Au numéro 31 de mes "inaperçus" (en préparation), tu verras comment j'aborde ce problème. Oui, je le concède, j'aurais l'impression de commettre un blasphème en contestant à Israël sa légitimité d'occupant de sa terre dès lors que la communauté internationale, si imparfaitement soit-elle dirigée, lui a reconnu ce droit, les Etats-nations étant, j'en conviens avec toi, des "entités" qui n'ont pas les promesses de la vie éternelle ; et ce que la communauté internationale a donné, en étant en somme la seule garante, la communauté internationale peut le reprendre, ne l'oubions jamais, sans qu'il faille nécessairement en passer par les armes au terme d'un carnage meurtrier. Mais la reconnaissance d'Israël relève presque d'une "décisionEn administrative" de la communauté internationale, elle-même administrée d'une façon pus que contestable. Or rien n'est plus révocable, donc plus négociable qu'une décision administrative, surtout si l'on parvient à démontrer que celle-ci a été prise selon les règles d'une mauvaise administration, si l'on parvient à changer ces règles, de sorte que l'administration devienne équitable à toutes les parties qui, sinon, peuvent bien être parties pour une guerre multiséculaire.

    RépondreSupprimer
  7. (ma réponse suite)

    En ce qui concerne Israël, le problème est de savoir précisément d'où il est né. Et c'est sur quoi je reviendrai d'abondance dans ce numéro 31 que j'espère bien réussir à rédiger en prenant en compte toutes les implication de l'aspiration d'Israël à devenir un Etat et de l'accession du sionisme d'Herzl à ce rêve.

    Quant au terrorisme, tu auras constaté que je le traite au numéro 30 de la chronique incriminée. Je le traite, là encore, dans son acception courante, non que j'accepte cette acception, mais parce que je suis convaincu qu'il faut un tant soit peu parler le même langage, se conformer à l'usage, céder à l'opinion la langue à laquelle elle s'est accoutumée, si l'on veut avoir une chance que se lèvent peu à peu ses tabous sémantiques. Ton point d'attaque est là encore sensiblement différent du mien : dans un exercice rhétorique dont je salue la maestria, tu détournes ce sens usuel pour donner aux mots le sens qu'appelle à tes yeux la justice, au risque de braquer tes interlocuteurs dans un refus de ton apologétique, à moins qu'ils ne fassent à toute vitesse le chemin avec toi, qui consiste à passer de la langue à laquelle ils sont habitués à ton point de vue, qui pourrait si tu n'y prends garde passer aux yeux du plus grand nombre pour un détournement du sens des mots. Si tu veux convaincre, tâche de te faire entendre patiemment. Si tu emmènes ton interlocuteur dans le tourbillon de ta conviction, tu risques fort de le perdre en route et de te retrouver, ne prêchant que des convaincus.

    RépondreSupprimer
  8. (suite) Je ne vois rien à redire à la définition que donne Raymond aaron du terrorisme qui condense ce que j'essaie d'expliquer dans mon numéro 30. Je vais même, si dieu me prête du temps, l'insérer en note ou en exergue de ce numéro 30. Ce que j'y décris, c'est précisément la différence entre l'impact réel et l'impact psychologique ou symbolique de l'acte (dit) terroriste, cette différence ayant pour seule fin de prendre un avantage médiatique à travers l'intérêt suscité et rameuté sur la cause que l'on défend, mais ayant aussi pour limite d'être toujours, à brève échéance, vaincu par la puissance dominante. Je ne vois toujours pas d'opposition entre toi et moi, s'il s'agit de reconnaître qu'est qualifié de terroriste celui qui n'a pas réussi à rallier la majorité à sa cause, de sorte qu'il puisse être considéré comme un "libérateur". Pour ne rien céder au vocabulaire en usage, tu introduis une opposition entre des actes de résistance et une "politique terroriste" qui serait celle d'Israël. Comme on dit, je te laisse la responsabilité de juger "terroriste" une politique. Je préférerais pour ma part dire qu'elle est menée surtout à des fins de propagande et d'exaspération. Quelle différence y a-t-il entre nos deux formulations ? Tout d'abord celle-ci : c'est qu'on est toujours le terroriste de son adversaire majoritaire, comme on est toujours le sectaire du religieux bien installé. D'autre part, peut-on appliquer à une "politique" extérieure le même qualificatif qui discrédite une politique intérieure ? Je ne reprends pas à mon compte, autrement qu'à titre usuel, l'appellation de terroriste pour désigner un attentat, je crois même le dire assez expressément dans mon numéro 30, où je préfère appeler un "auteur d'attentat" celui que la vulgate désigne généralement du terme infâmant de terroriste. Sans me prononcer si les uns sont des résistants et les autres des usurpateurs, je dirais qu'entre Israël et les palestiniens, il y a une situation où une armée se met en état de commettre des "crimes de guerre" tandis que ses adversaires, moins organisés, moins soutenus et en plus petit nombre, sont réduits à commettre des actes de guérilla. Je préfère réserver le qualificatif de "politique terroriste" à une terreur qu'un etat exercerait à l'encontre de ses concitoyens qu'il aurait normalement le devoir d'administrer avec une autorité juste. C'est-à-dire que, parlant ainsi, je redonne à "la terreur" son sens étymologique : on s'est mis à parler de "terreur" pour désigner une politique de soupçon général de tous les citoyens appliquée par les conventionnels au lendemain de la révolution française. Dès qu'on sort de ce strict domaine intérieur pour entrer dans le "droit des gens", je crois qu'on ne peut pas plus parler de politique que d'acte terroriste, mais je crois que l'on doit considérer l'antagonisme, indépendamment du rapport des forces, comme un fait de guerre.

    RépondreSupprimer
  9. (suite et fin) J'espère m'être expliqué sur ces dilemmes sémantiques et salue comme toi le panache avec lequel le Président iranien est venu s'exposer à ses ennemis, pour leur signifier avec un réel courage qu'il ne les craint pas et que, s'il en est ainsi, il faut gager que la peur ait à changer de camp. Je suis heureux, enfin, que tu soulignes à ton tour, comme je l'avais fait en te rappelant la position plus que perplexe de truman à l'avènement qui lui fut imposé d'approuver d'Israël, que l'occasion de ce changement de camp de la peur pourrait bien venir d'un "enough" américain, car il n'est pas dit que cette alliance entre Israël et l'amérique doive durer toujours, comme elle n'a point été de toujours. Mais je précise que, le plus possible, je ne veux pas être de parti pris, je ne veux pas être du parti de la guerre, je ne veux pas être d'un des camps de la peur. Je crois que doit être surmonté le désir de vengeance et qu'une fois la justice obtenue, si possible autrement que par les armes, , on doit se préparer au pardon. S'il est de justes colères qui s'attisent par la flamme des passions, Dieu n'est pas que de feu, et la brise divine peut souffler sur les braises de notre véhémence. A cet égard, si je salue le panache de Mahmoud ahmadinejad, je regrette qu'il ait accepté le cadeau de Hassan Nasrallah consistant en un fusil dont fut dépouillé le cadavre d'un soldat israélien. La mort étant le désarmement suprême, l'honneur du combattant n'est pas de priver de son arme celui qui ne peut plus s'en servir. Cette arme n'est un "trésor de guerre" si la guerre manque à l'honneur de l'adversaire. N'est-ce pas ton prophète qui dit qu'on ne doit pas "désarmer les faibles" ? Ne l'ai-je pas appris de toi ? Or qui y a-t-il de plus faible qu'un mort ?

    En te laissant tandis qu'à la veillée, je tente d'éteindre la flamme d'un enthousiasme dont la véhémence me semble trop vengeresse, tout en entretenant cette flamme pour autant que l'anime un désir de justice, je te souhaite la bonne nuit du combattant et le repos (spirituel) du guerier

    Ton torrentiel respectueux de ton désir d'obtenir la revanche de ta nation, mais qui te voudrais plus serein, ce qui te rendrait plus fort

    RépondreSupprimer