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jeudi 1 septembre 2022

Macron, l'homme qui en rajoute

Justice au Singulier: Apologie d'un président qui ne pourra pas changer... (philippebilger.com)


"Comme si, avec lui, il convenait d'aller plus loin, plus profond dans l'analyse, en franchissant le mur séparant le privé et le public". (PB) 

Mais non, il ne convient pas. Parce qu'en  lui, il n'y a de profondeur que celle qui dissimule l'homme et le projet publics pour nous perdre dans la diagonale du vide de l'homme privé, dont la "personnalité" n'est pas "forte", mais le charisme oui. 


Chercher à percer le charisme, c'est s'engloutir dans le mystère d'un souffle, d'une bombe qui souffle tout sur son passage, sous prétexte d'aura et de dandysme, à commencer par la seul chose qui devrait nous intéresser en politique: les idées ou le projet, ah ce fameux "projet". 


Emmanuel Macron n'a pas plus de fond que François Hollande, mais plus on analysait l'un, plus on avait envie d'en retrancher dans l'illusion de profondeur qui était censée se rattacher au pourquoi cet homme était devenu président. Cet homme n'était que "flou", il n'était pas un "loup". Au contraire, pour comprendre Emmanuel Macron, qui devint présidentiable du jour même où il fut nommé ministre, on a toujours envie d'en rajouter dans la complexité ou dans l'énigme, car lui-même ne cesse d'en rajouter pour nous perdre. 


Analyser François Hollande, c'était se condamner à l'appeler "Pépère". Tomber dans le piège de deviner qui est l'homme privé Emmanuel Macron avec sa Brigitte en bandoulière, c'est ne pouvoir s'empêcher de l'appeler "Jupiter" ou "Vulcain" si tel est son bon plaisir, tant cet homme qui en rajoute (et le "en même temps" n'est qu'un rajout permanent) nous pousse dans nos retranchements. Mais ce rajout permanent est une diversion.


"Il faut être économe de son mépris étant donné le nombre de nécessiteux", disait Chateaubriand. Cet homme nous méprise tous au point de paraître le seul nécessaire. Il ne se "rapproche" jamais de nous, c'est lui qui nous "éloigne" de lui. Il ne "déteste" pas les "intrusions psychologiques" destinées à en déchiffrer l'énigme. 


Je ne crois pas qu'il soit homme à croire en la supercherie analytique, cette thérapeutique apophatique qui ne vise pas à la connaissance de soi, mais à nous faire prendre conscience de notre manque ontologique. 


Emmanuel Macron ne se manque pas à lui-même, le nihilisme le satisfait come l'autre pôle de l'infini, mais il veut nous manquer. 


Et il ne manque pas sa politique, il la continue  avec une régularité de métronome ou d'horloge, car pendant que nous cherchons à savoir comment il peut être le "maître [du temps]", pendant que nous voudrions le résoudre pour trouver la solution à ce problème qu'il nous est devenu, il continue à nous en poser, en étant heureux de nous faire opérer cette diversion pour le laisser gouverner comme il veut. 


Emmanuel Macron s'est acclimaté à son mistère, il en rajoute pour nous occuper à le percer, pendant qu'il continue à nous raboter machiavéliquement et sans état d'âme, car ce qu'il y a de profond en lui, c'est qu'il n'a pas d'affect. C'est plus que du mépris de classe: pendant que nous sommes occupés à le sonder, lui sait qu'on perd son temps à savoir quelle est l'ossature idéologique ou dogmatique d'une personnalité charismatique, qui n'est là que pour nous abuser. 

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