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lundi 22 août 2022

Y a-t-il une immigration heureuse?

Commentaire publié sur le blog de Philippe Bilger au pied de l'article "Changer l'état de droit pour protéger les Français.."


Justice au Singulier: Changer l'état de droit pour protéger les Français... (philippebilger.com)


    1. "On nous a changé Gérald Darmanin". Le croyez-vous ? De même que, selon moi, Emmanuel Macron est un président beaucoup plus transgressif que ne l'était Nicolas Sarkozy, l'activisme que déploie Gérald Darmanin est fait pour ressembler à la manière dont son ex-mentor présidentiel s'est haussé du col, à cette notable différence  que Nicolas Sarkozy ne changeait jamais et faisait sourire quand il essayait de nous persuader du contraire, alors que Gérald Darmanin est un mutant, là encore comme Emmanuel Macron, qu'il peut dire tout et son contraire, qu'il peut se revendiquer de son ascendance musulmane et faire les gros bras pour dire qu'on ne tolérera plus rien de cette communauté. Il peut se dire "plus raide que Marine Le Pen", n'aura jamais la bêtise de tomber comme Christophe Castaner pour avoir voulu se prosterner au plus fort de l'affaire George Floyd et Black  Livesmatter, mais aucune des postures de Gérald Darmanin ne paraît sincère, ne sonne juste ni ne semble dire la vérité de son être ou de ses convictions. Gérald Darmanin est un être interchangeable et un mutant comme son nouveau mentor présidentiel est l'homme du "en même temps" (j'aimerais mieux que l'on dise l'homme de l'antithèse par opposition à son prédécesseur direct François Hollande, l'homme de la synthèse). S'il y a une vérité de Gérald Darmanin, elle nous a sauté au visage lors de son interview par Apolline de Malherbe où dans son "ça va bien se passer", on croyait entendre la parole d'un violeur en puissance, et les accusations de celle avec qui il aurait passé une nuit dans l'espoir d'un passe-droit devenaient tout à coup crédibles.


    2. Au gré des mutations de Gérald Darmanin, vous notez "qu'"on apprend ce qu'on savait déjà mais qu'on occultait : un étranger sur deux est coupable de délinquance à Paris comme à Marseille, sans compter la malfaisance des Français "de papier"." Un étranger sur deux, c'est énorme. Votre statistique paraît ne pas souffrir l'équivoque qu'un crime et délit sur deux serait commis par un étranger. Mais si tel est le constat, qu'est-ce qui vous distingue, mais encore plus qu'est-ce qui distingue le néo-macronisme incarné par le ministre de l'Intérieur du Rassemblement national? Qu'est-ce qui permet de continuer à vouer ce partie aux gémonies,  d'autant plus que, dans sa quête de respectabilité toute nouvelle, il vote nombre des textes présentés par la majorité relative, laquelle est embarrassée et ne veut pas compter ses voix, qui lui sont pourtant bien utiles pour faire passer ses textes. 


    On a vu que quand LR s'est mis, dans la roue de Darmanin, à parler d'immigration plus durement que le Rassemblement national, la droite s'est rendue détestable aux Français qui n'ont pas voulu voter pour elle. 


    3. "On relève que cette évidence sur l'immigration irrégulière est enfin formulée : autant il faut lutter sans faiblesse contre elle..." 


Est-ce vraiment contre l'immigration irrégulière qu'il faut lutter ou plutôt contre l'anarchie migratoire tout aussi paperassière avec les immigrés clandestins que l'administration ne l'est avec les Français et les habitants bien installés en France, qu'on leur reconnaisse ou non la qualité de citoyen? Ne faudrait-il pas leur reconnaître massivement cette qualité comme préalable à leur intégration? N'est-il pas temps d'instaurer le vote des étrangers comme une garantie de notre qualité d'accueil? Et la priorité n'est-elle pas d'empêcher de nuire "les emmerdeurs"? 


    Il y aurait à cet égard une série de mesures à prendre qui feraient l'unanimité:


-expulsion des fichés S;


-abolition de la double peine de façon anti-sarkozienne: extradition des étrangers pour qu'ils exécutent la peine prononcée par la justice française dans leur pays d'origine; et fin de l'octroi de visas si les pays d'origine ne veulent pas accueillir leurs ressortissants qui se seraient mal comportés ici;


-expulsion des délinquants étrangers.


Ces trois mesures sont simples à mettre en oeuvre, seule l'expulsion des fichés S pose un problème juridique, pourquoi ne les prend-on pas?


NB: 1. J'ai écouté l'autre soir un épisode d'un podcast d'Europe 1

intitulé "Mon client et moi", qui était édifiant. Des pirates somaliens étaient jugés en France après avoir pris possession du bateau d'un couple de Français en 2012, assassiné l'homme et torturé la femme. L'avocate du Somalien qui est une homonyme du journaliste Fabrice Arfi y racontait un cas typique de masochisme d'avocat pour un étranger aux besoin duquel elle a subvenu de ses propres deniers, qui la récuse, la rappelle, et dont elle obtient une peine de six ans de prison au lieu des vingt-cinq ans requis par l'avocat général au vu de la sauvagerie de cet acte de piraterie. Elle dénonçait ses conditions d'incarcération et déplorait le "déracinement" de ce détenu malade et suicidaire, mais pourquoi ces pirates sont-ils jugés en France et non pas en Somalie? Quels accords bilatéraux l'interdisent?


NB 2. On nous a changé Georges Fennec. Pourquoi cet ancien magistrat et député devenu chroniqueur à "Cnews" ne prône-t-il plus "la tolérance zéro" par laquelle il s'était fait connaître?


4. "autant il convient de favoriser l'insertion des étrangers dont la présence ne dégrade pas mais honore notre pays." (PB) 

Je vous rejoins sur le principe, mais me pose une question: y a-t-il une immigration heureuse? Les binationaux n'ont pas seulement le séant entre deux chaises. S'ils pouvaient parler librement et n'étaient pas enjoints de répéter comme un mantra leur attachement à la France qu'ils aiment tant, ils diraient qu'ils sont plus attachés à la nationalité de leur pays d'origine qu'à la France qu'ils prétendent aimer de tout leur coeur, mais qu'ils quittent pour retourner au pays ou au bled dès que les vacances se présentent. Je suis triste qu'ils ne s'y enracinent pas et ce n'est pas seulement parce que mon auxiliaire de vie est actuellement dans une Algérie que j'aimerais visiter avec elle et qu'elle me manque. 


    Les "étrangers qui nous honorent" font-ils partie de ce que Nicolas Sarkozy appelait "l'immigration choisie" et qui n'est que le nom aimable du pillage des ressources humaines des pays du Sud pour y trouver la main d'oeuvre qui nous manque et pourvoir les emplois qui ne le sont pas, parce que l'Education nationale ne forme plus ni de médecins ni de manoeuvres ou d'ouvriers, malgré la centaine de millier d'élèves qui en sortent chaque année sans qualification en vue d'une mort sociale qui, comparaison n'étant pas raison, équivaut chaque décennie au million et demie de morts réels de la Grande guerre? 


    5. Vous voulez simplifier l'Etat de droit et en éliminer la procédure en ne vous faisant pas d'illusion sur le fait que votre voeu est un voeu pieux et pour cause. L'Etat de droit, c'est  la procédure, le protocole, les droits opposables et le salmigondi législatif qui fait que, si un justiciable est de mauvaise foi ou volonté, il fait traîner les choses et comme beaucoup de gens ignorent qu'on doit demander l'exécution d'un jugement après qu'une peine a été prononcé, il est rarement inquiété, fût-il condamné. Cette substitution de la procédure à la loi est l'ultime dégradation de la civilisation chrétienne en religion de la loi qu'on peut dater de Montesquieu si on veut en donner un début de périodisation historique.


Un de mes amis aime à dire que s'il était président de la République, il ne ferait jamais voter une loi sans en avoir abrogé dix autres. Les parlementaires ou les ministres qui lisent à leurs heures perdues ce blog bien fréquenté  devraient en prendre de la graine. 

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