Pages

samedi 11 juin 2022

Le retour d'une vraie gauche, espoirs parlementaires

Les ruptures amicales ont cela de triste qu'elles mettent fin à des dialogues décennaux,  qui néanmoins se poursuivent sur des espaces impersonnels. Le Croissant de lune, dont les habitués de ce blog se souviendront certainement et que j'aimais à appeler "mon interlocuteur islamiste" (ou islamo-frériste), ne veut plus que je publie ses contributions sur ce blog qui est mon espace personnel. Je  signale seulement son dernier billet et publie ici ma réponse à son billet:


Tu contestes la viabilité du programme de Mélenchon. Je suis plutôt d'accord avec toi sur la retraite à 60 ans qui est anachronique, et j'ai également l'impression que Mélenchon arrose à tout va et a trouvé le secret de fabriquer de l'argent magique. Je ne me sens pas qualifié à discuter ce qu'il écrivait de la dette Covidienne lorsqu'il expliquait qu'elle était irremboursable et que, pour que la réalité de son insolvabilité prenne effet, il fallait que la banque de France ou que la BCE la rachètent. 


https://groups.google.com/d/msgid/info2-12/c54a3278-addf-158d-4b9b-e7af9e26f760%40numericable.fr.


"Tu ne veux pas de la victoire de Mélenchon, en quoi tu opines comme Marine Le Pen qui, faute de s'être préparée aux législatives sans lesquelles eût-elle gagné la présidentielle, elle n'aurait pas pu gouverner, envisage de voler de défaite en défaite comme Ségolène Royal en son temps et déclare se battre pour faire de la figuration. Remarque que Mélenchon a certes réussi un coup politique remarquable en faisant un congrès d'Epinay à l'envers, mais comme si c'était son dernier baroud d'honneur, c'est-à-dire en ne se présentant pas aux législatives, ce qui n'en fera pas le chef de sa majorité si la NUPES gagne, et ce qui permettra à Emmanuel Macron de nommer quelqu'un avec qui il sera plus compatible, y compris sur le plan du caractère, la dernière fable mélenchonienne étant que les députés NUPES ne voteront pas la confiance à un gouvernement dont Mélenchon ne serait pas le premier ministre: ses partenaires seraient trop heureux de s'en débarrasser et les souvenirs du totalitarisme au ton ordurier étant bien ancrés dans la figure d'Hitler, quelqu'un qui parle mal comme le font Mélenchon ou Le Pen, passera pour plus certainement totalitaire que quelqu'un qui gouverne et agit mal comme le fait Macron. 



Tu dis trois choses intéressantes dans ce billet: 



    1. "Je crois que c'est lorsque la droite est aux commandes mais aux prises avec une opposition de gauche hardie et forte qu'on obtient en France les plus grandes avancées et transformations sociales". Il y a un contre-exemple: c'est Giscard, qui fut le dernier président vraiment social que connut la France. Si je voulais te provoquer, ce qui n'est jamais complètement étranger à mes joutes avec toi, je te dirais que la dernière fois que j'ai vu faire un tel pari, c'était dans une conférence donnée par Emile Choufani, "le curé de Nazareth", à laquelle j'assistai depuis la zone industrielle de Mulhouse. Emile Choufani était Palestinien, Israël était sous un gouvernement Charon. Peut-on dire que Charon fut plus favorable aux Palestiniens que ne le fut par la suite la sotte droite de Netanyahou? Ce n'est pas complètement impossible puisqu'avant de tomber malade et après avoir provoqué la troisième Intifada en se rendant sur le mont du Temple ou sur l'esplanade des mosquées, cette dernière désignation convenant mieux au caractère arabe de Jérusalem Est, Charon se recentra en créant Khadima, et proposa un programme législatif qui n'aurait pas déparié de ce qu'annonçait Ehoud Barakà ses débuts comme premier ministre. 



    2. "L'électorat fait les députés et les députés ne font pas l'électorat." Il y a sans doute un peu des deux.  Mais il est vrai que même un Mélenchon a dû revoir ses positions sur la laïcité pour que son électorat ne soit pas un repaire de barbons et agglomère autre chose que des profs aux cheveux gris, blancs ou sales, se préparant à prendre leur retraite. 



    3. "Les gens du sens qui se trouvent épars en toute formation politique pourraient converger, rien ne les oppose les uns aux autres fondamentalement." L'archevêque de Paris, le rabbin Bernheim et la communauté musulmane ont fait "le front des religions" pendant "la Manif pour tous" bien que le cal Vingt-trois s'en soit défendu, préférant marquer qu'ils se rencontraient sur un terrain anthropologique, les deux pouvant se plaider. Moi-même je n'ai pas été fâché que les catholiques puissent se compter à l'occasion de ce mouvement auquel je ne participai guère, pensant qu'une vraie séparation des Eglises (comme on dit par facilité en intégrant la synagogue ou "l'Eglise musulmane") et de l'Etat commandait que les premières ne se mêlent pas d'interdire à celui-ci d'autoriser un acte civil unissant deux personnes du même sexe, et il fallait se porter sur l'interdiction de l'homoparentalité en s'en tenant là. Mais ici s'arrête la convergence de nos vues: tu ne feras jamais assez de jérémiades quand on demandera à une femme voilée de montrer son visage et je serais prêt à la défendre avec toi si tu acceptais de laisser vivre libres les femmes voilées et les femmes qui se baignent seins nus."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire