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mercredi 9 mars 2022

Macron sera réélu dans un monde en guerre

Qui l'eût dit? Qui l'eût cru? Vous Philipe. En pleine tourmente des Gilets jaunes, certains prévoyaient que Macron serait réélu. Cela paraissait fou, mais cela va arriver. Comme dit le proverbe, il n'y a de chance que pour la canaille qui nous avait fait "rêver d'un autre monde" dont on n'a pas vu la couleur ni compris les contours, sinon qu'il se proposait de recycler de vieilles barbes, car Macron est un jeune vieux.


Qu'un président gouvernant mal soit réélu, cela est arrivé deux fois dans la Vme République et je dirais dans deux réélections sur  les trois qui ont eu lieu au cours de ces près de 65 ans. Chirac et Mitterrand, tous les deux réélus, ont touché une prime à l'inertie. Ce qu'a d'inédit cette configuration est que Macron s'est révélé un président actif. Son quinquennat fut celui des tempêtes et sa réélection se fera dans la tempête. Elle se fera au bénéfice d'une crise extérieure où Macron paraît un élément de stabilité. 


Cette prochaine réélection achève de prouver que les Gilets jaunes avaient raison et que la démocratie représentative est à bout de souffle. Non seulement elle donne les clefs du pays à un élu qui peut faire ce qu'il veut sans aucun droit de remontrance de ses concitoyens et avec un Parlement croupion qui est devenu une chambre d'enregistrement, mais quand vient le moment de réélire ce président impopulaire, il est rélu par défaut.


Et sinon, dans cette période dangereuse où tout est chamboulé, dans cette période où je ne voudrais pas être de la génération de mes parents, être né pendant la guerre et craindre de laisser à ses enfants et ses petits-enfants un monde en guerre, qui n'a rien appris  ni rien compris, qui a détruit et cassé les jouets de la Reconstruction, on peut remarquer en vrac:


-qu'un vrai problème chasse un faux problème, une guerre chasse un virus, le virus contre lequel on était en guerre, a dit Macron, mais on n'est pas en guerre contre la Russie, le belligérant dont on combat et désapprouve l'invasion de l'Ukraine. 


-Paul-Marie Couteaux avait intitulé un de ses livres "L'Europe vers la guerre". Au vu de la  promptitude européenne à s'unir contre la Russie et son aventurisme cruel et nucléaire,  on craint de voir l'Europe se faire par la guerre, elle qui nous était présentée comme un instrument de paix.


-L'Europe qui a réagi de façon émotionnelle depuis le début de cette crise. Que fallait-il faire? Prendre des sanctions contre les oligarques, faire un blocus contre la finance russe, geler les avoirs du pays, mais certainement pas récuser ses sportifs ou ses gens de culture, et certainement pas faire la fine bouche devant ses énergies fosciles et boycotter son pétrole et son gaz (la Russie va fermer le robinet avant que le prochain sommet européen ne décide dans quelle mesure l'Union  continuera de s'approvisionner chez son ennemi en oubliant les torts de l'Iran, du Qatar, du Vénézuela ou des pays du golfe).


-Emotion encore que celle qui consiste à organiser l'accueil à l'Ouest de réfugiés ukrainiens, comme si leur exode n'était pas transitoire et comme si on se résolvait à ce que la Russie ait gagné la guerre en Ukraine, ce qui sera certainement vrai militairement, mais non pas politiquement: la France a connu ce précédent en Algérie. Car on voit mal comment le régime de Poutine survivrait longtemps à sa victoire en Ukraine en étant isolé dans un monde interdépendant. Certes, la Russie a gardé une grande proximité avec l'Inde et la Chine qui forment  la moitié de l'humanité, Mais la Chine ne laisse pas de traîner les pieds à défendre la Russie et cette alliance peut-elle faire contrepoids à l'occidentalocentrisme qui définit pour l'heure l'ordre du monde? Le mot "déclin" est certes contenu dans celui d'"Occident" puisque le soleil se couche à l'Ouest, l'Europe est tellement habituée à dominer le monde qu'elle a peine à envisager l'ordre du monde qui pourrait la remplacer. Du moins l'Européen que je suis éprouve cette peine au sens propre et au sens où je n'arrive pas à me le figurer.


-L'Otan a loupé le coche avec la Russie en lui refusant l'entrée du pacte atlantique. Pourtant lorsque les Européens ont supplié les Etats-Unis de confirmer qu'ils sortaient de leur isolationnisme pour promettre de la défendre en cas d'agression soviétique, ceux-ci ont exigé qu'aucun ennemi ne soit désigné, contre lequel se constituerait l'Alliance. En droit donc, la Russie aurait pu entrer dans l'Otan. Pourtant, selon Poutine, Bil Clinton haussa les épaules quand il évoqua le sujet. 


Mais l'Europe a plus encore loupé le coche avec la Russie. Je lisais sur le blog de Maxime Tandonnet que Mitterrand, le même qui n'envisageait pas la réunification allemande et s'empressa d'abandonner Gorbatchev quand il craignit qu'un coup d'Etat n'ait rétabli le régime soviétique d'avant la Perestroïka,  avait envisagé que la Russie intégrerait l'Union européenne et avait rédigé le traité de Maastricht sinon à cet effet, du moins de manière à ménager cette possibilité. Mais la Russie n'a pas fait partie des nations auxquelles l'Union européenne proposa de s'étendre et de s'élargir. Une belle occasion perdue que celle qui aurait tracé un axe Paris-Berlin-Moscou dans une amitié aussi relative avec les Etats-Unis que n'est relative la considération qu'ont ceux-ci de leurs alliés, espionnables à merci et qui doivent lever une armée si les Etats-Unis décident de partir en guerre et de  gendarmer un pays, ou renoncer à se battre si le Congrès ne veut pas engager les soldats américains dans la bataille. Hollande en a fait les frais quand il voulut aller se battre en Syrie, et le refus d'Obama a fait le bien de la France. Hollande nous a refourgué Macron et Macron sera réélu dans un monde en guerre pour un nouveau quinquennat de tempête. 

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