Il y a des séparatismes interdits et des séparatismes tabous. Interdit, le
séparatisme islamiste vis-à-vis de la République ; mais tabou, le
séparatisme corse vis-à-vis du jacobinisme de la République tellement une et indivisible
en théorie que parler d’ »autonomie » de l’île de beauté paraissait inenvisageable,
de Lionel Jospin à Nicolas Sarkozy, qui sont allés le marteler de toute leur
superbe républicaine de chefs d’Etat ou de gouvernement.
Et il y a des tabous que font soudain lever les séparatismes interdits: l’agression
d’Yvan Colonna par un adepte du séparatisme islamiste rend possible de parler d’autonomie
en Corse, d’après l’exécutif devenu totalement clientéliste en fin de mandat de
Jupiter le Piteux, le surdoué qui a tout raté, sauf sa sortie sans le pompon
pour un nouveau tour de manège et un
quinquennat supplémentaire où seront autotamponnés les automobilistes voire
moins si non affinités qui mettront un bulletin dans l’urne en faveur de ce
chef de guerre taxe-carboniste qui les gillet-janise chaque jour un peu plus.
Il y a pourtant plusieurs manières de concevoir la République. Je suis trop
jacobin pour comprendre la subtilité du Concordat maintenu en Alsace-Moselle au
bénéfice des « travailleurs de l’Eglise » dont je suis, moi qui ai
tendance à scier la branche sur laquelle je suis assis.A mes yeux, les Corses ne
sont pas plus que les Alsaciens légitimes à présenter des revendications autonomistes,
mais c’est moi qui manque d’ouverture d’esprit. Il doit pouvoir exister un
modèle de République séparatiste et concordataire où l’autonomie de la Corse et
le statut différencié face à la séparation des Eglises et de l’Etat ne devraient
pas nuire à « l’unité dans la diversité » de la nation française.
J’avoue ne pas comprendre ce modèle de République divisible où l’autonomie
de la Corse devrait pouvoir exister face au droit local alsacien. N’importe :
si l’on promeut ce modèle intelligent et respectueux des traditions régionales
pour ne pas dire territoriales de la France, fallait-il ne le concéder qu’à
trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, au risque que ce
désaveu de toute la doctrine
républicaine vis-à-vis de la Corse ne passe pour le dernier reniement duquinquennat
macroniste ?
J’oubliais qu’une règle de la promotion informative de ce régime est que
ceux qui s’en font les propagandistes ne rappellent jamais au génie des
carpettes qui lui sert de Jupin anti-boulangiste, quel contraire il a dit, par
rapport auquel le tout du lendemain est la nuit ou le contre-jour de tout ce
qui a précédé.
La République macroniste ne devait être à aucun prix séparatiste, et voici
que l’autonomisme corse est approuvé et concédé après que, depuis sept ans, un
pouvoir autonomiste qui ne demandait qu’à dialoguer avec la république
française et qui a remporté la majorité absolue à l’Assemblée de Corse sous l’égide
de Gilles Simeoni, s’est vu constamment opposer une fin de non-recevoir par ce
pouvoir qui veut à présent faire une fin, à la grande vexation de Jean-Guy
Talamoni, qui ravive les mannes de l’ex-FLNC.
Cette concession est accordée parce que la contestation d’un Prophète d’autrefois
a été menée dans sa prison par le clan corse et le chef de la bande Yvan
colonna, au mépris du scénario du film éponyme de Jacques Audiard, qui montrait
la mainmise du clan corse sur les prisons françaises, sous le nom d’Un
prophète.
Il est strictement interdit de contester le dogme de la culpabilité d’Yvan
Colonna dans l’assassinat du préfet Erignac sous peine d’attenter à l’autorité
de la chose jugée. Pourtant la peine contre Yvan Colonna est suspendue jusqu’à
rétablissement du prévenu, le temps qu’il prenne le maquis si on le fait évader de l’hôpital avant son
rapprochement en Corse en cas de rétablissement. Contester, même à titre
hypothétique, la culpabilité d’Yvan Colonna serait aussi grave que de contester
l’innocence de Dreyfus. Et sous-entendre que l’autonomie accordée in extremis à
la Corse revient à reconnaître un séparatisme comme un autre (comme le
séparatisme islamiste ou comme le séparatisme ukrainien par exemple… ?)
serait commettre un délit d’opinion de lèse-exécutif macroniste.
L’autonomie de la Corse a toujours été encouragée et l’exécutif n’est pas lâche ou opportuniste, il faut désinfecter le cerveau malade et désinformé des complotistes, ces gens dangereux pour le rythme de la partie d’échecs qu’est la diplomatie contemporaine en garde contre toutes les crises, où le droit du premier occupant, du plus fort ou du plus juste pourrait avoir le dernier mot malgré tous les constructivismes politiques.
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