D'après quelques réflexions écrites hier soir à Patrice Charoulet.
Je me dis souvent que, si je reprenais des études, j'essaierais d'étudier ce que devient l'écriture avec sa collectivisation,sa démocratisation, la disparition du livre et la transformation encore indéfinie de son support ? Irai-je chercher le directeur de mémoire qui s'intéressera à ce questionnement? J'en aurais encore un autre à lui soumettre, que je trouve tout aussi stimulant. Comment l'irruption de l'audiovisuel répartit-elle l'oeuvre entre sa forme fixe et lamanière dont l'auteur la résume ou la déploie dans ses interviews ? L'essentiel de l'oeuvre n'y est-il pas contenu ? Si oui,pourquoi continuer d'écrire ? Et pourquoi l'école enseigne-t-elle les moyens numériques d'accéder à l'écriture avec tant de parcimonie, de dégoût et de réprobation, au risque de favoriser l'extension du domaine de l'illettrisme à la fracture numérique ?
Quand je suivais ma formation d'écrivain public, nous eûmes un jour une conférence sur l'illettrisme. Au moment des questions, j'intervins en disant : "Vous avez en face de vous un ancien étudiant en lettres qui n'a jamais su lire et un futur assistant des illettrés qui est illettré lui-même. Croyez-vous que ce soit possible ? Un instant, la directrice de la formation regretta de m'avoir accepté dans la promotion avant d'adhérer au panache de la question. Ça a jeté un froid, mais j'ai aimer poser la question. Les questions sont comme des mots d'enfant qui découpent en pointillé le message que notre conscience doit réaliser volontairement.
Encore une remarque à propos de l'intertextualité. J'ai En centans, nous sommes passés du livre au texte et du texte au message. Quelle ne fut pas ma surprise, en lisant le Dictionnaire des idées reçues de Flaubert dimanche dernier, de découvrir que pour Flaubert ou ses contemporains, il était très chic de dire "message" plutôt que "lettre", d'où il valait mieux transmettre un message qu'écrire une lettre, ai-je extrapolé. Nous y sommes. De même que le nouveau roman a voulu réaliser le rêve de Bouvard et Péccuchet.
vendredi 11 mai 2018
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