Ma réponse au billet électoral du
Croissant de lune qu’on trouvera sous cet article.
Mon Croissant de lune,
J'ai lu ton billet et les précédents. Je
n'aurais pu publier que la partie proprement française de ton billet
d'entre-deux-tours, et je ne me résous à publier ton billet post-électoral que
parce que j'y réponds. Je sais qu'être publié par moi est le cadet de
tes soucis, mais leur publication ma gêné, non parce que la substance de
tes billets me paraît scandaleuse, mais parce qu'ils expriment un point de
vue de la nation islamique infiltrée dans la nation française, et non
pas la position d'un musulman de France, qui pèserait son vote ou ses
réactions post-électorales dans l'intérêt général commun à tous ses
concitoyens.
Marine Le Pen méritait-elle d'être élue ?
Stratégiquement, non : elle a fait un débat calamiteux avec Macron qui l'a fait
passer pour ce qu'elle est peut-être, une mégère comme, je crois, tu l'as
écrit, une méchante, et quelqu'un pour qui, en définitive, la démocratie
française compte moins que son antisystémisme, qui est le nom d'une haine de
tous les acteurs de la vie civile et politique, à partir de laquelle il est
bien difficile de construire une alternative nationale. La campagne de Marine
Le Pen a commencé par un parricide et s'est clôturée par un débat dans lequel
elle amontré qu'elle se vivait, à l'instar de son père, comme un
tribun de la plèbe et non, comme l'assénaient les médias, en femme
réellement désireuse de prendre le pouvoir, ce pour quoi elle n'aurait pas
découvert après le second tour la nécessité de s'allier et de faire ce
qu'on appelle dans son camp l'union des patriotes.
Pourtant je crois aux programmes, même en
régime de démocratie représentative, et je maintiens que le
programme proposé par la candidate du front national eût été de beaucoup
préférable pour la france à la solution antipolitique qui nous est
présentée par un candidat en qui on peut mettre toutes les espérances et les
désespérances du monde, mais dont on sait que c'est le candidat de Minc ou
d'Attali, donc de ceux qui n'ont pas fait Mitterrand, mais qui ont été ses
conseillers de l'ombre et du tournant de la rigueur, puis qui ont été ceux du
maniable Sarkozy, et qui ont fini par désigner un successeur à Sarkozy, à
Hollande et plus encore à Mitterrand en la personne d'Emmanuel Macron, un
rejeton tardif de la "génération Mitterrand", un successeur à leur
main, un candidat du monde des affaires cherché dans le monde des affaires, une
intelligence cooptée dont les qualités intellectuelles ne brillent pas au
premier abord, un banquier qui ne l'est pas à la manière de Pompidou, qui
paraît l'être dans toute sa personne, un homme incapable de parler sans
prompteur, un défenseur de sa langue qui parle globish, un défenseur des arts
et des lettres qui n'a pas l'air d'avoir des lettres, un président qui prétend diriger
un pays qu'il ne connaît pas.
Paul-Marie coûteaux dont j'apprécie le
gaullisme intégral qui a beaucoup muté depuis la parution du livre auquel je
fais référence, disait que l'opposition de Gaulle-Mitterrand était celle
d'"une certaine idée de la france" contre "la France
physique". "La France physique" s'est dégradée en France sans
substance et déréalisée. Macron est le nom de cette france menacée de
disparition, dont on n'entendra plus la voix dans le monde, ce qui a commencé,
moins depuis que Giscard a avoué que c'était une puissance moyenne, que depuis
que Mitterrand l'a jetée pieds et poings liés dans l'euro-atlantisme au nom
d'un : "Le nationalisme, c'est la guerre" repris par Macron, et qui
se vérifierait si le mondialisme ne faisait pas lui-même la guerre, de façon
préventive, injuste et assymétrique.
Que dire encore du héros Macron ? Que le
candidat "dont l'ennemi n'avait pas de visage" et était la finance
internationale, donc que le candidat Hollande qui cryptait son philosémitisme
sans réserve sous un antisémitisme crypté, a fini par porter son ennemi au
pouvoir, en se succédant à lui-même sous la forme de son fils
spirituel. Mais encore que Macron a été rejoint par villepin, qui avait
deux qalités pour ce faire : d'abord, comme Macron, Villepin n'a jamais été élu
; et ensuite, il est le conseiller de la dissolution. Le conseiller de la
dissolution soutient le candidat de la France menacée de disparition. Depuis
que l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a quitté la vie politique, il est
devenu l'avocat du qatar. Faut-il y voir un indice ?
Tu dis que Macron est un candidat
"socio-bourge". Ce serait trop beau si la bourgeoisie sociale,
ou simplement la bourgeoisie sociale ou socialiste existait encore. Macron
est le candidat de la bourgeoisie qui a perdu ses valeurs. C'est le candidat
des Grégoire deGerminal dans une France qui a noyé ses gisements miniers,
que la Communauté européenne lui avait promis de protéger avant de lui
ordonner de les détruire. Cette bourgeoisie qui a perdu ses valeurs n'a
aucunprojet de société, sinon de noyer la france dans le monde, pas
de faire entendre sa voix.
De ton point de vue, Macron fera-t-il un
bon président ? Si tu penses que le gouvernement mondial par le chantage
au terrorisme et par la guerre mondiale contre la guérilla est bon, alors
oui, tu pouvais te lever du bon pied lundi matin. Est-ce que cette manière
de gouverner a encore de l'avenir face à Trump ? Un idéaliste comme moi
aurait voulu croire que trump tiendrait ses promesses. Mais il n'est même pas
capable de se montrer isolationniste jusqu'au bout des ongles. Trump est un
petit blanc façon Daniel Conversano, qui ne s'en remet pas de ne plus dominer,
et qui se pose en victime narcissique et virile d'un pouvoir qui a du mal à
s'imposer face au système. En France, la trumpette n'a pas gagné, parce qu'on
n'a jamais demandé à Jeanne d'Arc d'être une oratrice, que, lorsqu'elle l'a
été, ses traits étaient insolents, mais non pas impertinents, que la galanterie
française n'aime pas les femmes qui parlent la langue de Céline, et qu'au
pouvoir, la langue de Larochefoucauld a toujours prévalu sur la langue de
céline. Macron trouvera un terrain d'entente avec Trump sur cette base du
gouvernement de l'antiterrorisme, auquel Trump a fait retour comme un
républicain classique, isolationniste en campagne et belliciste au pouvoir. Et
si ce n'est pas avec Trump, ce sera avec ceux du Pentagone, de la CIA, du
département d'Etat, et de tous les lieux de pouvoir aux Etats-Unis qui ont
théorisé cette manière d'être terrorisé par ceux chez qui on sème la
terreur à titre préventif ou vindicatif. As-tu un intérêt à la subsistance
d'une telle gouvernance, destinée à endiguer les guerres civiles par la guerre
mondiale des plus puissants contre les moins armés, jusqu'à ce que ceux-ci se
rebiffent en n'étant pas des caves ? Fais-tu le pari de cette
rebiffade ?
Macron est-il plus intelligent que Valls ? Je
le croyais. Aujourd'hui, je me limite à dire qu'il est mieux élevé. Son enfance
n'a pas connu les troubles catalans. Son seul épisode
romanesque est d'avoir désiré conquérir une femme plus âgée que lui en
position d'autorité, qui l'a depuis entièrement pris sous son aile et
qui le couve et le surveille comme le lait sur le feu. Il semble
aujourd'hui que Macron soit métrosexuel et n'aime plus sa femme que pour se
protéger contre lui-même. Macron est l'enfant-roi d'un système puéril
qui le monte en épingle comme un produit de consommation désirable parce
que sous cloche. Or "malheur à la ville dont le prince est un
enfant".
Valls était un teigneux qui
avait l'affectivité de son ambition. Macron n'a pas d'affect. C'est donc
la seconde fois que nous élirons un président dont même ses plus proches sont
incapables de dire qui il est. Hollande au moins singeait l'affectivité. Macron
promet qu'il nous servira avec amour, mais cela sonne creux. On croit encore
moins à son humilité. A quoi sera utile sa présidence servile ? Macron n'a pas
d'affect dans un pays qui a besoin d'affection, ou qui a besoin de retrouver
l'affection sociale et nationale. On aurait pu rêver que Marine fût la
candidate de l'affection nationale. Elle était en réalité la candidate de
la désunion nationale et de la guerre civile préventive. Macron est le
candidat de la guerre mondiale qui prévient la guerre civile, jusqu'à ce que la
cocotte minute n'en puisse plus de ne pas exploser.
Macron a rencontré Houellebecq et ces deux
hommes se fascinent l'un l'autre. Malheur au pays dont Houellebecq est le
voyant, ai-je lu récemment sur twitter, car c'est un voyant triste et qui ne
croit en rien. Macron paraît en mesure de confirmer l'hypothèse émise par
Houellebecq de nommer Bayrou premier ministre, certainement l'un des hiérarques
politiques les plus nuls et dont on ne comprend pas qu'il ait pollué le
champ politique pendant tant d'années, en s'emparant du parti de Lecanuet et de
Giscard d'Estaing. Certains en déduisent que Macron est le candidat de la
soumission. Macron est le candidat de la soumission à la mondialisation
sauvage, à la guerre mondiale de tous contre un, ce qui revient à
faire du monde entier une société primitive, comme il appartient à la royauté
primitive de croire que les politiques vont influer sur le climat et faire la
météo ou faire venir la pluie, et de la soumission à la guerre civile contre
laquelle on ne se sera ni prémuni ni préparé. La France a-t-elle des
ennemis de l'intérieur, ennemis visibles et ennemis invisibles ? Ni plus ni
moins que toute société.
Ceux qui auraient mené la guerre civile contre
Marine Le Pen n'auraient pas été les musulmans, je n'y crois pas. Il y aurait
peut-être eu des émeutes dans les banlieues, mais elles auraient
été circonscrites et moins ravageuses que la révolte des corps
intermédiaires : administration, justice, Education nationale, syndicats. Marine
aurait eu du mal à gouverner contre les corps intermédiaires artificiels au
moyen desquels l'Etat organise un dialogue social antidémocratique.
Elle aurait eu du mal à gouverner contre "les partenaires
sociaux" et contre son administration. Elle n'aurait pas dû mater
cette administration et ces corps intermédiaires, mais les convaincre, ce qui
aurait supposé qu'elle soit elle-même convaincue, non de sa protestation
nationale, mais du modèle social alternatif qu'elle se proposait de construire.
Faudra-t-il opposer au candidat de la
soumission une majorité parlementaire issue de la gauche représentée par la
France insoumise ? Je ne crois pas et pour plusieurs raisons. La première n'est
pas tant que la présidentielle génère une dynamique majoritaire, car au pire,
le gouvernement Macron trouvera une majorité au cas par cas. En cela
Macron rappellerait le Rocard dont il se réclame, et Rocard n'a pas laissé
de mauvais souvenirs. Mais je suis inquiet de la fragilité de Macron.
Macron supporterait mal une cohabitation. Or, même s'il est le candidat de
la flexibilité qui devrait être l'exception, contre la stabilité qui est la
règle et que la politique devrait protéger, je ne suis pas pour
l'instabilité en politique. Il ne me paraît pas sain de vouloir déstabiliser Macron.
La déstabilisation qu'exercerait la France
insoumise sur Macron serait très limitée. Elle se ferait à l'aide des
partenaires sociaux qui ne sont pas frontalement opposés à Macron. Cette
déstabilisation serait moins sociale que politique, ce qui me paraît être le
vice de fondation de la france insoumise. Celle-ci a bercé ceux qui votaient
pour elle de l'idée d'une VIème république avec la même organisation sociale,
avec les mêmes "partenaires sociaux" non représentatifs et où
auraient eu plus de pouvoir, en prime, les féodaux parlementaires, qui auraient
pu fronder tout leur saoul, sans la moindre efficacité. Veut-on une agitation
politique qui ne change rien sur le plan social ? À moins de jouer avec le
peuple dont on fait semblant de parler comme lui, alors que l'imitation
qu'on fait du peuple n'existe plus. Tout se passe comme si on voulait
faire passer le peuple, comme le disait Fillon à propos de Sarkozy, pour un
plébéien teigneux.
Alors faut-il se croiser les doigts ? Au plan
politique immédiat, je ne vois pas ce qu'il faut faire. Je crois qu'il faudrait
lancer depuis la base, et non à partir des appareils partidaires livrés clefs
en mains par la france insoumise, une refondation politique et sociale à
partir de la matrice nationale, et associant tous ceux qui s'y reconnaissent.
Pourraient s'y associer tous ceux qui s'intéressent à la chose publique, à
commencer par les jeunes, surtout les étudiants de sciences po et ceux
d'autres facultés catholiques poursuivant le même but. Cela changerait ces
jeunes de vouloir devenir milliardaires, de fuir la France ou de fonder des
startups. Pour une telle refondation, je voudrais que l'on commence
par libérer la démocratie et le syndicalisme pour que la République redevienne
la chose de la démocratie et non plus la chose de la démocratie orientée.
Ensuite, il faudrait que nous nous repensions comme peuple avec toutes les
composantes du peuple qui sont là. Il faudrait que nous définissions une
identité commune et un consensus laïco-religieux qui nous permette de faire
nation. Et il faudrait proposer ce modèle autrement que sous la forme d'une
Assemblée constituante se réunissant à l'issue d'une future élection
présidentielle. Il faudrait faire du Mélenchon sans appareil ou du soral sans
exclusion du tiers juif. Il faudrait proposer un modèle de réconciliation
nationale et de reconstruction sociale face à la mondialisation qui nous
tiers-mondise.
Ton torrentiel
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