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jeudi 17 mars 2016

La troublante affaire Barbarin


Où qu'on regarde dans cette affaire, personne ne parle comme il faut, et peut-être pas moi plus qu'un autre en intervenant sur un sujet qui me touche, mais ne me regarde pas...

 

 

    1. Tout d'abord, quand Manuel valls s'exprime sur la démission d'un cardinal (et non sur la possibilité qu'un évêque se mette en réserve de sa charge), aussi bien que sur la sélection des membres de l'équipe de France de foot-ball, il le fait à la demande d'un journaliste pressant, qui porte la responsabilité de pousser les détenteurs de l'autorité publique et les responsables politiques à transgresser les principes laïcs de non ingérance des autorités temporelles sur le pouvoir spirituel.

 

L'intervention de Manuel valls que je ne suis pas soupçonnable d'apprécier (contrairement à bien des catholiques qui ne se souviennent pas qu'ils l'appelaient Manuel Gaz lors de "la manif pour tous"), n'a pas été beaucoup plus calamiteuse que le : "Je soutiens l'Eglise catholique" prononcé le lendemain matin par un françois Fillon répondant au même Jean-Jacques Bourdin, et qui a assorti ce soutien de tellement d'invectives visant à mots couverts le cardinal qui fait face à la meute, que François fillon soutient l'Eglise catholique comme la corde soutient le pendu et qu'à tout prendre, je préfère l'appel à la responsabilité du cardinal Barbarin lancé par l'irresponsable Manuel valls que le soutien parjure de fillon, s'autorisant d'être un catholique pratiquant pour trahir son Eglise comme il a abjuré son séguinisme et bradé son gaullisme social pour muter en libéral  prétenduthatchérien...

 

 

     2. On reprocheau cardinal Barbarin de ne pas avoir pris de sanctions disciplinaires contre un prêtre reconnaissant lui-même des faits dont il s'était rendu coupable il y a vingt-cinq ans. La justice accepte même de diligenter une enquête contre le cardinal alors qu'il y a un délai de prescription pour de tels actes et que ces faits sont largement prescrits, "grâce à Dieu" ou par l'effet de la justice des hommes...

 

Veut-on accuser le cardinal Barbarin d'avoir respecté le délai de prescription reconnu par la République et d'avoir voulu le transposer en délai de prescription canonique? Lui reproche-t-on d'appliquer le délai de prescription qui est l'implicite du pardon, de la rémission des péchés qu'il célèbre en tant que prêtre de Jésus-christ dans le Sacrement de réconciliation?

 

 

     3. Le cardinal Barbarin n'a pas pris de sanctions contre un autre prêtre qui aurait trahi la confiance d'un adolescent et avait été, paraît-il, déjà condamné pour exhibitionnisme, c'est-à-dire qu'il était susceptible de recommencer, à la différence du premier qui semble s'être amendé.

 

Le motif pour lequel le cardinal barbarin n'a pas pris de sanction est que l'adolescent  n'était plus un enfant quand le prêtre l'a abusé. Donc le prêtre qui a d'autant plus abusé de sa confiance qu'elle était pus spirituellement enracinée,  n'a pas au sens strict commis d'acte pédophile.

 

On pourrait ricaner en trouvant cet ancien adolescent bien peu fondé à accuser le cardinal Barbarin d'"incitation au suicide", étant donné la belle situation que ces faits ne l'ont pas empêché de trouver après de brillantes études,  puisqu'il est haut  fonctionnaire au ministère de l'INtérieur.

 

Eh bien, pour avoir vécu des faits similaires au même âge, non abusé par un prêtre, mais par un laïc marié en charge d'une oeuvre d'Eglise et qui se disait le meilleur ami de mgr Picand, dont on allait découvrir quelques années plus tard  comment il allait agir en pareille occurrence, je soutiens et je comprends ce haut fonctionnaire. J'admire aussi que mon archevêque d'Alsace ait été beaucoup moins tolérant envers cette "sexualité trouble" de ses prêtres sous prétexte qu'elle serait le propre de beaucoup de gens, et je prétends qu'il faut déplacer le curseur, et passer de l'indignation légitime contre la pédophilie à une intolérance de toute espèce de pédérastie,  surtout quand elle est commise par des clercs trahissant l'enfance ou l'adolescence.

 

Je ne parle pas en l'air, car je viens de payer assez cher et de mon plein gré des positions intransigeantes que j'ai prises récemment  en démissionnant d'un endroit où j'intervenais parce qu'on y laissait prospérer un tel individu "trouble"...

 

     4. J'ai observé par ailleurs que, lorsque de telles affaires entachaient l'Eglise, la communauté où de tels prêtres avaient sévi s'estimait quelquefois plus lésée  que les victimes elles-mêmes. La communauté n'a pas à hurler avec les loups quand le prêtre est pris la main dans le sac. Elle ne doit jamais confisquer la souffrance des victimes.

 

 

 

     5. Le cardinal Barbarin paye aujourd'hui ses outrances au moment du débat sur "le mariage pour tous",  quand il s'est entendu avec l'ex  grand rabbin plagiaire Gilles Bernheim pour supposer que la reconnaissance de l'union civile entre deux personnes de même sexe serait un prélude au mariage incestueux.

 

Dans le même ordre d'idées, s'il est assurément remarquable que Benoît XVI ait nettoyé le premier les écuries d'Augias, il ne devait pas le faire avec un tel tapage qu'il épuisait le crédit de toute l'Eglise, après des années de silence comme il en a existé dans toutes les familles (c'est seulement maintenant que notre civilisation déconstructionniste ou décivilisée donne une existence légale à la prohibition de l'inceste), à cause des turpitudes de quelques prêtres à l'égard des enfants qui leur étaient confiés. Il faut savoir raison garder, in medio stat virtus.

 

 

     6. Ceci n'explique pas cela, mais j'ai toujours été frappé par l'intonation très particulière du cardinal Barbarin dans ses prédications, catéchèses ou interventions publiques, intonation presque démagogique, qui allie à une grande agilité intellectuelle une apparence de simplicité et de puérilité qui seraient le sel de sa parole.

 

Pourquoi se croit-il obligé d'annoncer la Parole de Dieu comme un enfant? Il  est certes invité ou tenu de la recevoir comme un enfant, mais il ne doit pas l'annoncer comme un enfant.

 

 

Je me suis enfin laissé dire que le cardinal Barbarin était un "bébé Gitton" (comprenne qui pourra!), c'est-à-dire qu'il se reconnaît dans une mouvance assez traditionnelle qui, pour le peu que j'en ai vu et à l'exception de Samuel Pruvost, le brillant journaliste de "famille chrétienne" qui a disséqué notamment la spiritualité de François Hollande, se caractérise précisément par ce mélange d'intransigeance et d'immaturité.

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