Où qu'on regarde dans cette
affaire, personne ne parle comme il faut, et peut-être pas moi plus qu'un autre
en intervenant sur un sujet qui me touche, mais ne me regarde pas...
1. Tout d'abord, quand Manuel valls s'exprime sur la démission
d'un cardinal (et non sur la possibilité qu'un évêque se mette en réserve de sa
charge), aussi bien que sur la sélection des membres de l'équipe de France de
foot-ball, il le fait à la demande d'un journaliste pressant, qui porte la
responsabilité de pousser les détenteurs de l'autorité publique et les
responsables politiques à transgresser les principes laïcs de non ingérance des
autorités temporelles sur le pouvoir spirituel.
L'intervention de Manuel valls
que je ne suis pas soupçonnable d'apprécier (contrairement à bien des
catholiques qui ne se souviennent pas qu'ils l'appelaient Manuel Gaz lors de
"la manif pour tous"), n'a pas été beaucoup plus calamiteuse que le :
"Je soutiens l'Eglise catholique" prononcé le lendemain matin par un
françois Fillon répondant au même Jean-Jacques Bourdin, et qui a assorti ce
soutien de tellement d'invectives visant à mots couverts le cardinal qui fait
face à la meute, que François fillon soutient l'Eglise catholique comme la
corde soutient le pendu et qu'à tout prendre, je préfère l'appel à la
responsabilité du cardinal Barbarin lancé par l'irresponsable Manuel valls que
le soutien parjure de fillon, s'autorisant d'être un catholique pratiquant pour
trahir son Eglise comme il a abjuré son séguinisme et bradé son gaullisme
social pour muter en libéral
prétenduthatchérien...
2. On reprocheau cardinal Barbarin de ne pas avoir pris de
sanctions disciplinaires contre un prêtre reconnaissant lui-même des faits dont
il s'était rendu coupable il y a vingt-cinq ans. La justice accepte même de
diligenter une enquête contre le cardinal alors qu'il y a un délai de
prescription pour de tels actes et que ces faits sont largement prescrits,
"grâce à Dieu" ou par l'effet de la justice des hommes...
Veut-on accuser le cardinal
Barbarin d'avoir respecté le délai de prescription reconnu par la République et
d'avoir voulu le transposer en délai de prescription canonique? Lui
reproche-t-on d'appliquer le délai de prescription qui est l'implicite du
pardon, de la rémission des péchés qu'il célèbre en tant que prêtre de
Jésus-christ dans le Sacrement de réconciliation?
3. Le cardinal Barbarin n'a pas pris de sanctions contre un
autre prêtre qui aurait trahi la confiance d'un adolescent et avait été,
paraît-il, déjà condamné pour exhibitionnisme, c'est-à-dire qu'il était
susceptible de recommencer, à la différence du premier qui semble s'être
amendé.
Le motif pour lequel le cardinal
barbarin n'a pas pris de sanction est que l'adolescent n'était plus un enfant quand le prêtre l'a
abusé. Donc le prêtre qui a d'autant plus abusé de sa confiance qu'elle était
pus spirituellement enracinée, n'a pas
au sens strict commis d'acte pédophile.
On pourrait ricaner en trouvant
cet ancien adolescent bien peu fondé à accuser le cardinal Barbarin
d'"incitation au suicide", étant donné la belle situation que ces
faits ne l'ont pas empêché de trouver après de brillantes études, puisqu'il est haut fonctionnaire au ministère de l'INtérieur.
Eh bien, pour avoir vécu des
faits similaires au même âge, non abusé par un prêtre, mais par un laïc marié
en charge d'une oeuvre d'Eglise et qui se disait le meilleur ami de mgr Picand,
dont on allait découvrir quelques années plus tard comment il allait agir en pareille occurrence, je soutiens et je
comprends ce haut fonctionnaire. J'admire aussi que mon archevêque d'Alsace ait
été beaucoup moins tolérant envers cette "sexualité trouble" de ses
prêtres sous prétexte qu'elle serait le propre de beaucoup de gens, et je
prétends qu'il faut déplacer le curseur, et passer de l'indignation légitime
contre la pédophilie à une intolérance de toute espèce de pédérastie, surtout quand elle est commise par des
clercs trahissant l'enfance ou l'adolescence.
Je ne parle pas en l'air, car je
viens de payer assez cher et de mon plein gré des positions intransigeantes que
j'ai prises récemment en démissionnant
d'un endroit où j'intervenais parce qu'on y laissait prospérer un tel individu
"trouble"...
4. J'ai observé par ailleurs que, lorsque de telles affaires
entachaient l'Eglise, la communauté où de tels prêtres avaient sévi s'estimait
quelquefois plus lésée que les victimes
elles-mêmes. La communauté n'a pas à hurler avec les loups quand le prêtre est
pris la main dans le sac. Elle ne doit jamais confisquer la souffrance des
victimes.
5. Le cardinal Barbarin paye aujourd'hui ses outrances au
moment du débat sur "le mariage pour tous", quand il s'est entendu avec l'ex
grand rabbin plagiaire Gilles Bernheim pour supposer que la
reconnaissance de l'union civile entre deux personnes de même sexe serait un
prélude au mariage incestueux.
Dans le même ordre d'idées, s'il
est assurément remarquable que Benoît XVI ait nettoyé le premier les écuries
d'Augias, il ne devait pas le faire avec un tel tapage qu'il épuisait le crédit
de toute l'Eglise, après des années de silence comme il en a existé dans toutes
les familles (c'est seulement maintenant que notre civilisation
déconstructionniste ou décivilisée donne une existence légale à la prohibition
de l'inceste), à cause des turpitudes de quelques prêtres à l'égard des enfants
qui leur étaient confiés. Il faut savoir raison garder, in medio stat virtus.
6. Ceci n'explique pas cela, mais j'ai toujours été frappé par
l'intonation très particulière du cardinal Barbarin dans ses prédications,
catéchèses ou interventions publiques, intonation presque démagogique, qui
allie à une grande agilité intellectuelle une apparence de simplicité et de
puérilité qui seraient le sel de sa parole.
Pourquoi se croit-il obligé
d'annoncer la Parole de Dieu comme un enfant? Il est certes invité ou tenu de la recevoir comme un enfant, mais il
ne doit pas l'annoncer comme un enfant.
Je me suis enfin laissé dire que
le cardinal Barbarin était un "bébé Gitton" (comprenne qui pourra!),
c'est-à-dire qu'il se reconnaît dans une mouvance assez traditionnelle qui,
pour le peu que j'en ai vu et à l'exception de Samuel Pruvost, le brillant
journaliste de "famille chrétienne" qui a disséqué notamment la
spiritualité de François Hollande, se caractérise précisément par ce mélange
d'intransigeance et d'immaturité.
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