(En réponse au billet de Rudy consultable sous ce
lien) :
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Cher Rudy,
Vous avez d'abord le mérite de la fidélité à vous-même, ce
n'est pas si courant.Dans un billet datant de quelques années, vous vous en
preniez à la manière dont François Fillon définissait de l'extérieur
l'orthodoxie musulmane. On ne peut pas dire que ça se soit beaucoup amélioré depuis.
Les politiciens ont gardé ce réflexe, ils ont même été récemment rejoints par
le pape qui, s'autorisant sans doute de l'esprit d'Assise et de se rendre de
temps à autre à la mosquée pour embrasser le Coran, exige des musulmans qu'ils
se démarquent des terroristes ou de Daech. Les musulmans n'apprécient pas que
des "mécréants" ou des non musulmans leur dictent la conduite à tenir
en matière de religion. Cette infantilisation sous promesse de "pas
d'amalgame" et dictée par le sentiment de supériorité des pédagogues
autoproclamés des "Lumières" intellectuelles des "races
supérieures" au "devoir [civilisateur]" (visez Léon Blum),
nourrit légitimement le sentiment d'islamophobie de nos élites et des autorités
politiques et médiatiques éprouvé par
nos concitoyens musulmans.
Au lieu de dire ce qu'elle tolère de l'islam au nom de
l'ordre public, la République se demande si l'islam est soluble dans la
République. Voulant ramener l'islam aux "valeurs" et aux "vertus
républicaines", elle se permet d'expulser de France des imans dont le tort
serait de ne pas prêcher en français ou de tenir des propos qui iraient contre
l'orthodoxie républicaine. Elle pourrait s'opposer à ce que des imans soit
mandatés par des puissances étrangères pour avoir pinion sur rue dans des
mosquées de France. Mais comme elle est à vendre à la découpe aux monarchies du
golfe, elle ne veut pas leur interdire
d'ouvrir des mosquées et préfère exiger
que les prédications soient prononcées en français pour ne pas se donner la
peine d'envoyer des agents de renseignement arabophones, à supposer qu'il soit
licite que des agents de renseignement
aillent surveiller des lieux de culte.
Elle organise l'islam en cooptant pour partie les membres du
cfcm et en accréditant parmi les membres élus de cette institution crée sur (et
à sa) mesure ceux dont le discours édulcoré lui semble compatible avec
elle-même. Elle ne croit pas assez en la maturité des musulmans de France pour
leur proposer de former un concistoire.
La République est très chatouilleuse sur la laïcité. Jamais elle ne demande pourquoi
l'islamo-marxiste du premier FLN n'a pu
être tellement marxiste qu'il ait dû s'inféoder à l'islam qui, s'il n'impose pas la charia dans toutes les sociétés
dont il est la religion dominante, contrairement au fantasme occcidental, interdit du moins à tout membre d'une
société musulmane de se dire athée. La République négocie des traités d'amitié avec l'Algérie et préfère vendre des
armes à l'Arabie sahoudite plutôt qu'à la Russie, elle soutient l'Allemagne dans sa volonté de renouer les
négociations pour que la Turquie intègre l'Union Européenne, mais jamais elle
ne demande à ces trois pays, l'Algérie, l'Arabie sahoudite et la turquie, sinon
l'égalité et la sécurité confessionnelle pour les non musulmans, du moins la
tolérance pour les chrétiens et leur culte.
La République ne se
souvient pas non plus comment, ancienne puissance coloniale, elle a
intégré l'islam dans des pays où elle ne pouvait pas en faire abstraction. Elle
ne rappelle pas que des partisans de l'Algérie française comme Jean-Marie le
Pen militaient pour une intégration à part égale, avec liberté migratoire et
confessionnelle dans les deux sens, des Français musulmans et des Français
d'origine européenne.
La République enfin, qui ne se définit pas comme un régime
politique, mais en désignant son ennemi, ne survit que de s'en être trouvé
deux: l'islam radical et le Front national. Ces deux ennemis sont pourtant en
guerre l'un contre l'autre, et la République ne prétend négocier un compromis
avec aucun d'entre eux. C'est un peu comme en Sirie, où elle exclut que l'ordre
soit rétabli et prétend combattre simultanément Bachar el-assad et Daech en
prenant fait et cause pour une opposition modérée dont la partie la plus visible serait une branche
d'al-Qaïda qui serait devenue fréquentable comme le Hamas en Palestine. On
pourrait croire que cette inimitié
républicaine contre ces deux pôles de radicalité islamiste et nationaliste date
des attentats spectaculaires du 13 novembre qui n'ont pas fait plus de morts
que ceux de Madrid et n'ont eu pour effet que de changer la majorité politique
espagnole, ou DE la percée récente et prévisible du front national aux
élections régionales, qui n'a pas fait
plus de voix, bien que ce ne soit pas vrai proportionnellement au pourcentage des abstentionnistes et donc
AU NOMBRE des votants. L'agitation comme "variable[s] d'ajustement du
discours politique" de ces deux épouvantails que sont le Front national et
l'islamisme, voire l'islam, n'a pas
changé de nature, elle n'a fait que s'intensifier parce que la crise de
la république est telle que son
gouvernement ne tient plus qu'à ce fil, d'exciter verbalement les citoyens
contre ces deux ennemis plus forts qu'elle.
"La République", c'est "SOS racisme". Or
le coup de génie d'"SOS racisme" comme l'a FAIT REMARQUER Philippe de
Villiers est d'avoir dit dans un lapsus révélateur dans l'intitulé même de son
association qu'il fallait Sauver le racisme. "Sauver le racisme et le
Front national pour que nous puissions nous agiter contre ces deux ennemis à la
fois, tout en pouvant si l'étranger devient tropincontrôlable nous élever
contre l'islam en nous parant de toutes les vertus républicaines DE l'amour de
l'étranger, notre inassimilable semblable. Sauvez le racisme, le Front national
et l'islamisme ou l'islam, à bas le fanatisme et vive nous, qui en sommes les
régulateurs et, pour prix de cette régulation de salut public, devons, ce n'est
que justice, terroriser médiatiquement, judiciairement et financièrement nos ennemis!"
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