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mardi 29 septembre 2015

L'amour, la sainteté, la doctrine et la loi



(dialogue avec l'abbé de Tanoüarn à partir de son texte : http://www.ab2t.blogspot.fr/2015/09/reponse-ma-niece-sur-mgr-vesco-et-sur.html

 

 

 

1. "Tout amour vrai est indissoluble. Or il s'est dissout. Donc il n'était pas vrai", voulez-vous faire dire à mgr d'Oran...

 

Et si nous commençions par le début ?

 

Tout amour est une rencontre. Toute rencontre est intemporelle. Donc toute rencontre est vraie.

 

Il n'y a que quand on veut décomposer une rencontre qu'on la falsifie. Et parfois quand on veut la prolonger. Tout homme (et toute femme) gagne à être connu(e), mais toute rencontre ne gagne pas à être prolongée. Il y a des gens qu'il faut n'avoir rencontré qu'une fois dans sa vie, et dans cette rencontre il y a toute la densité de l'amour. Prolonger cette rencontre serait la décomposer…

 

"L'amour n'est pas un état d'âme." L'amour est une institution. Il n'y a d'amour que d'institution. Donc tout mariage est d'amour, avec ou sans dot…

 

Apories : l'amour est-il un état fixe ou un effetd'entraînement ? Si l'amour est un effet d'entraînement, est-ce que celui que Dieu sauve est celui qu'Il a créé ? Mais si l'amour est un état fixe, est-ce que j'aime si je ne me laisse pas entraîner et donc transformer par le Bien-Aimé ?

 

Pour Proust, l'amour est une composition, pour Jacques Lusseyran une "grande image", mais l'amour est la différence du défaut de l'autre à la sublimité de mon désir. Et le résultat est mon défaut de sublimité qui ne sait pas sublimer le défaut de l'autrejusqu'à l'intemporel.

 

L'amour est le défaut de ma condition qui ne sait pas aller jusqu'à l'inconditionnel et qui le conditionne dans le temps, où l'habitude de conditionner fait croire que le travail rend libre.

 

L'amour conditionné, l'amour travaillé n'est pas libre. La liberté de l'amour est moins dans la purification des mœurs que des conditions dans lesquelles il voudrait feindre d'ignorer qu'il est un amour en travail de perpétuité, en contradiction temporelle avec le travail d'enfantement.

 

L'amour n'est pas institutionnel. Plus précisément le sacramentel n'est pas l'institutionnel. Mais l'institution-Eglise, dans sa volonté d'être matrice des relations, aura beaucoup à se purifier avant de le comprendre. Elle devra opérer la même purification que celle qui doit substituer depuis Simone Weil et depuis l'intuition du P. Liebermann, comme condition de la sainteté, à l'héroïcité des vertus, la conformation inconsciente au Christ, du pauvre qui ne le connaît pas et qui ne sait pas qu'il le suit, du disciple qui est inconscient du christ, comme la prostituée ne sait pas qu'elle est sainte : quadosh-quedesha.

 


 

La loi n'est certes pas une doctrine, elle est une discipline. La doctrine vient de ce qui monte, l'idée de ce qui descend, la loi comme le principe vient de ce qui est fixe. Mais autant l'homme est fait en vue de la doctrine, autant il n'est pas fait pour la loi. Comme le dit Saint-Paul, la loi n'est là que pour "mettre en évidence le péché". Autant l'homme est fait en vue de la doctrine du mariageet pour n'avoir qu'un seul amour, autant la loi du mariage n'est là que pour lui montrer qu'il ne peut pas respecter cette sainte inclination. La doctrine du mariage lui indique le but, la loi du mariage est faite pour l'humilier. Mais cette humiliation narcissique est la blessure qu'il doit rendre à l'Amour de Dieu. Pas à la loi du mariage qu'il ne peut que trahir. Mais à l'Amour de Dieu et non pas même à l'idéal du moi qui doit céder, mais à l'Amour de Dieu joint à son idéal de l'amour de l'autre.

 

Maintenant, vous le savez bien, M. l'abé, et Berthold brecht avait raison d'intituler une de ses pièces ainsi : "L'exception est la règle…"

 

Je ne suis pas léniniste, mais qu'y faire… ?
 

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