(dialogue avec l'abbé de Tanoüarn à partir de son
texte : http://www.ab2t.blogspot.fr/2015/09/reponse-ma-niece-sur-mgr-vesco-et-sur.html
1. "Tout amour vrai est indissoluble. Or il s'est
dissout. Donc il n'était pas vrai", voulez-vous faire dire à mgr d'Oran...
Et si nous commençions par le début ?
Tout amour est une
rencontre. Toute rencontre est intemporelle. Donc toute rencontre est vraie.
Il n'y a que quand on
veut décomposer une rencontre qu'on la falsifie. Et parfois quand on veut la
prolonger. Tout homme (et toute femme) gagne à être connu(e), mais toute
rencontre ne gagne pas à être prolongée. Il y a des gens qu'il faut n'avoir
rencontré qu'une fois dans sa vie, et dans cette rencontre il y a toute la
densité de l'amour. Prolonger cette rencontre serait la décomposer…
"L'amour n'est pas
un état d'âme." L'amour est une institution. Il n'y a d'amour que
d'institution. Donc tout mariage est d'amour, avec ou sans dot…
Apories :
l'amour est-il un état fixe ou un effetd'entraînement ? Si l'amour est un
effet d'entraînement, est-ce que celui que Dieu sauve est celui qu'Il a créé ?
Mais si l'amour est un état fixe, est-ce que j'aime si je ne me laisse pas
entraîner et donc transformer par le Bien-Aimé ?
Pour Proust, l'amour
est une composition, pour Jacques Lusseyran une "grande image", mais
l'amour est la différence du défaut de l'autre à la sublimité de mon désir. Et
le résultat est mon défaut de sublimité qui ne sait pas sublimer le défaut de
l'autrejusqu'à l'intemporel.
L'amour est le défaut
de ma condition qui ne sait pas aller jusqu'à l'inconditionnel et qui le
conditionne dans le temps, où l'habitude de conditionner fait croire que le
travail rend libre.
L'amour conditionné,
l'amour travaillé n'est pas libre. La liberté de l'amour est moins dans la
purification des mœurs que des conditions dans lesquelles il voudrait feindre
d'ignorer qu'il est un amour en travail de perpétuité, en contradiction
temporelle avec le travail d'enfantement.
L'amour n'est pas
institutionnel. Plus précisément le sacramentel n'est pas l'institutionnel.
Mais l'institution-Eglise, dans sa volonté d'être matrice des relations, aura
beaucoup à se purifier avant de le comprendre. Elle devra opérer la même
purification que celle qui doit substituer depuis Simone Weil et depuis
l'intuition du P. Liebermann, comme condition de la sainteté, à l'héroïcité des
vertus, la conformation inconsciente au Christ, du pauvre qui ne le connaît pas
et qui ne sait pas qu'il le suit, du disciple qui est inconscient du christ,
comme la prostituée ne sait pas qu'elle est sainte : quadosh-quedesha.
La loi n'est certes pas une doctrine, elle est une discipline. La
doctrine vient de ce qui monte, l'idée de ce qui descend, la loi comme le
principe vient de ce qui est fixe. Mais autant l'homme est fait en vue de la
doctrine, autant il n'est pas fait pour la loi. Comme le dit Saint-Paul, la loi
n'est là que pour "mettre en évidence le péché". Autant l'homme est
fait en vue de la doctrine du mariageet pour n'avoir qu'un seul amour, autant
la loi du mariage n'est là que pour lui montrer qu'il ne peut pas respecter cette
sainte inclination. La doctrine du mariage lui indique le but, la loi du
mariage est faite pour l'humilier. Mais cette humiliation narcissique est la
blessure qu'il doit rendre à l'Amour de Dieu. Pas à la loi du mariage qu'il ne
peut que trahir. Mais à l'Amour de Dieu et non pas même à l'idéal du moi qui
doit céder, mais à l'Amour de Dieu joint à son idéal de l'amour de l'autre.
Maintenant, vous le savez bien, M. l'abé, et Berthold brecht avait
raison d'intituler une de ses pièces ainsi : "L'exception est la
règle…"
Je ne suis pas léniniste, mais qu'y faire… ?
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