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dimanche 27 juillet 2025

La ligne de démarcation judiciaire

Justice au Singulier: Une première : j'approuve Eva Joly...


La France vit sur le mythe de la séparation des pouvoirs. Or la séparation des pouvoirs ne résiste pas à l'épreuve des faits. Eva Joly, Laurence Vichniewsky, Georges Fenech ou les défunts Thierry Jean-Pierre et Éric Halphen et j'en oublie, se sont mêlés de poursuivre les politiques, puis se sont engagés en politique. Ils ont franchi le Rubicond  parce que la frontière était trop poreuse. De même que dans l'énumération que vous faites des politiques qui  n'ont pas mis les juges en cause  et dont je crois que Jean-François Copé doit être excepté, ceux qui n'ont jamais critiqué les juges sont ceux qui n'ont jamais été inquiétés par la justice ou "n'ont jamais eu maille à partir" avec elle. 

Vous faites front  sur le populisme antijudiciaire. Le populisme va du "tous pourris" avec "haro sur les cols blancs!" quand  il s'agit des politiques, à "toute la justice est gangrenée", surtout quand elle s'en prend à mon candidat préféré. Le populisme judiciaire est dangereux, car il poursuit le rêve d'une "République irréprochable", comme si la corruption ne blessait pas la nature humaine et que, plus on est proche de la caisse, plus non seulement on a la tentation d'y mettre la main, mais les mêmes qui vous en voudraient d'en tirer un enrichissement personnel vous pressent de leur rendre service. Le populisme antijudiciaire est trop accommodant avec "la République bananière", mais il n'a pas oublié la leçon de Robespierre, "l'Incorruptible". L'inaccessibilité à la tentation de la corruption tout comme la lutte sans merci contre la corruption mène à la Terreur. 

Cela mérite pourtant d'être nuancé. Il me semble que devraient être peu poursuivies sinon par le droit commun, les libertés que prennent les politiques avec les règles des marchés publics, les pots-de-vin et toute autre forme de délit  qui restent rivé au plan national, sans  susciter des influences étrangères pour prendre pied dans le pays, un peu comme un boursicoteur ou un investisseur  qui prendrait des actions dans notre démocratie. La ligne de démarcation est illustrée par Rachida Dati qui  aurait exercé son influence à l'étranger sans avoir produit un travail que l'on puisse retracer. Si on suit mon raisonnement, on devrait la laisser tranquille quand Henri Proglio lui offre 400 millions de bijoux et qu'elle ne le déclare pas, mais on a raison de la poursuivre pour des rémunérations suspectes en lien avec une activité reposant sur son entregent international supposé, mais la gazelle est voyageuse,  et Renault a évalué son influence beaucoup plus qu'elle ne pesait, encore  que ce calcul ait été fait par un industriel et que la rémunération que Renault a estimée devoir lui verser ne regarde que l'entreprise, la question  du conflit d'intérêt demeurant entre une avocate d'affaires et une députée européenne. 

Mais la ligne de démarcation est franchie si Nicolas Sarkozy a bénéficié des réseaux libyens comme Mediapart et son procès semblent l'avoir établi. Elle est franchie quand des politiques se font financer leurs campagnes par quelque puissance étrangère  et touchent des rétrocommissions. Encore faut-il que l'on ait pas un regard sélective sur ces influences étrangères et que l'on dénonce à égalité  l'influence russe et l'influence américaine, comme l'a dit François Fillon auditionné par la commission parlementaire intéressée à la question. On pourrait faire jouer la notion d'intelligence avec l'ennemi, mais Que l'on sache, la Russie n'est pas entièrement notre ennemie ni les Etats-Unis nos alliés inconditionnels. 

J'ai parlé de ligne floue et de ligne de démarcation. Celle-ci est allègrement franchie si les soupçons d'Olivier Marleix se confirment qu'il y aurait un pacte de corruption, raison pour laquelle l'interrogation sur le maquillage de son suicide et sur d'autres morts suspectes proches des milieux du renseignement ne sont pas à balayer d'un revers de main comme le soupçon de complotistes écervelés. Et si Emmanuel Macron est convaincu d'avoir bradé notre souveraineté industrielle, il n'est pas encore dans l'intelligence avec l'ennemi, mais il n'est plus au service de son pays.

De même on reproche à la justice d'être politisée. Les juges ont le droit d'avoir leurs opinions et même un engagement politique pourvu qu'ils les rangent au vestiaire quand ils se préparent à juger impartialement. Vestiaire qui n'est pas étanche, car il est facile de soutenir qu'"une porte doit être ouverte ou fermée" tant que la porte a une réalité matérielle. L'engagement d'un juge en politique na rien   de contraire en soi à la démocratie, mais la "common decency" devrait commander à un juge qui s'est intéressé à la classe politique de s'éloigner de la politique active.  Vous avez sans doute, cher hôte, trouvé la bonne distance avec votre position intermédiaire de citoyen engagé en tant que magistrat honoraire, qui n'a jamais souhaité franchir le pas, non d'un encartage dans un parti politique, mais d'une candidature à un mandat électif, encore que vous n'ayez pas requis dans des affaires impliquant des politiques. Mais celle qui fait l'objet de ce billet et les quelques autres juges que j'ai cités au début de ce commentaire ont franchi la ligne jaune ou la sorte d'Équateur imaginaire que j'ai essayé de tracer et qu'on peut  bien sûr affiner et discuter. 

vendredi 25 juillet 2025

C'est en septembre

https://www.philippebilger.com/blog/2025/07/le-pr%C3%A9sident-trahit-emmanuel-macron.html#comments

"Bien sûr LFI a approuvé cet acte présidentiel en craignant qu'il ne soit pas mis en oeuvre en septembre à cause des fluctuations et revirements" d'Emmanuel Macron. (Philippe Bilger))
La réaction de Jean-Luc Mélenchon est pour une fois exactement la même que celle qui m'a animé lorsque j'ai appris cette relativement bonne nouvelle censée marquer un retour du courage politique dans la diplomatie française, mais un courage différé: "C'est en septembre", à l'automne des massacres de Gaza, car il ne faudrait pas fâcher les Allemands qui ont viré leur cuti concernant Israël pour se racheter de leur passé génocidaire, ni les Britanniques avec qui "le président" et "Emmanuel Macron" sont à tu et à toi, ou même Donald Trump qui, en route pour l'Écosse où il passe des vacances (mais où sont les conséquences désastreuses du Brexit et qu'en est-il de l'isolement britannique?), en répétant que "les paroles de Macron ne comptent pas", a réagi par une variante de son: "Emmanuel ne comprend jamais rien" prononcé lorsqu'il a faussé compagnie à ses partenaires du G7 pour ordonner une frappe en Iran dont il se vanta (la vantardise étant son langage habituel!) qu'elle avait à elle seule détruit toutes les infrastructures nucléaires du pays.
"C'est en septembre." En attendant, notre président disruptif, qui ne redoute rien tant que d'être marginalisé une fois ses ballons d'essai lancés, pourra discuter avec ses partenaires européens et convenir avec eux que ce que commet Israël à Gaza est un "massacre humanitaire", mais pas un "génocide", car "c'est à l'histoire de juger s'il y a eu génocide", disait-il ensubstance dans sa longue "interview pour rien" sur "TF1" en avril dernier, censée relancer le président démonétisé par la dissolution sur la scène intérieure, entretien au cours duquel son entourage promettait qu'il prodiguerait des annonces tonitruantes de référendums en cascade.
"L'histoire jugera." Des raisonnements comme ça ont été les mêmes qui conduisirent l'Europe daprès-guerre à s'excuser pour la Shoah: "On ne savait pas", raisonnements que l'on condamne pour cette période, qui est devenue la référence paralysante d'une Europe qui voudrait bien se rattraper, mais se trompe à nouveau de front et d'époque. Les anciennes puissances de l'Axe sont devenues les soutiens les plus farouches d'Israël, tandis que l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, qui les premières en Europe, ont reconnu l'État palestinien, ne constituent pas des références pour Emmanuel Macron, qui voulait reconnaître cet État "au moment opportun".
Or quand bien même le président serait assez constant pour tenir sa promesse en septembre en demeurant fidèle à son élan de courage différé, "Libération" a bien raison de se demander tout en se félicitant de l'annonce présidentielle: "Reconnaître un Etat palestinien, mais dans quel état?" Il est presque trop tard même si mieux vaut tard que jamais, ça permet d'apaiser sa conscience parce qu'on a eu un sursaut de conscience avant de la perdre. Il est trop tard, c'est ce que disent en substance les interlocuteurs "très fin(s) et savant(s)" de "CNews" Élie Corchia et Michel Fayad dont Philippe Bilger rapporte les propos: comment reconnaître un État "aux frontières imprécises" et que la destruction "préemptives" des structures étatiques, condamne à l'impuissance? Mais pour les experts de la galaxie Bolloré, ce ne sera jamais le moment et les conditions ne seront jamais réunies pour reconnaître la Palestine, ils sont de parti pris.
La communauté internationale avait soutenu jusqu'à l'absurde l'"autorité palestinienne", qui avait pour ainsi dire failli depuis le remplacement de Yasser Arafat par Mahmoud Abas, qu'Israël promouvait sous prétexte de démocratie, qui s'est depuis lors maintenue sans organiser d'élection après celle qui avait provoqué la victoire attendue du Hamas sans que les mêmes qui dénonçaient un déficit démocratique dans le gouvernement palestinien trouvent rien à redire au maintien durant vingt-cinq ans de leur marionnette au pouvoir, cela ne valant pas approbation du Hamas comme organisation de "résistance palestinienne" encore qu'Israël l'ayant tellement instrumentalisé qu'un peu plus, un peu moins aujourd'hui relève de la discussion sur le sexe des anges à la catégorie desquels ces guerriers n'appartiennent pas, car en tout guerrier, sommeille un criminel de guerre et le Hamas s'est relancé par un coup d'éclat qui a fait 3000 morts en Israël et commandé la riposte onze-septembriste prévisible de l'État hébreu, qui a sacrifié plus de 40000 Palestiniens si mes informations sont à jour.
La communauté internationale a soutenu Mahmoud Abas comme la corde soutient le pendu et comme cette même grosse ficelle continue de soutenir Wolodymyr zelensky en Ukraine, lequel est en train de provoquer des émeutes pour sa duplicité en matière de lutte contre la corruption: ce sont Trump et Poutine qui se frottent les mains tandis que george-Ibrahim Abdallah vient d'atterrir à Beyrouth où ses partisans fêtent son retour comme celui du "dernier prisonnier politique d'Europe".

 

jeudi 17 juillet 2025

Traditionalisme et jansénisme

Réponse à cette brève histoire du jansénisme qu'on trouvera sous ce lien

https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=990023

Chers baudelairec2000, worou-kenou et chers autres liseurs,

Lorsqu'il y a des turbulences dans l'Église (mais quand n'y en a-t-il pas?), on redevient un liseur plus assidu du Forum catholique, mais je ne m'attendais pas à avoir envie de contribuer sur ce sujet du jansénisme, de contribuer comme à mon habitude avec beaucoup d'approximations et à partir de ma subjectivité personnelle (pléonasme ou tautologie), autant dire en prenant mon cas pour une généralité, mais de partager néanmoins deux ou trois choses qui me tiennent à coeur et de soumettre au débat ce que mes opinions peuvent avoir de subjectif ou d'incertain.

Je suis comme worou-kenou: bien qu'ayant été formé à des rudiments de compréhension du jansénisme en ayant assisté à un cours de Philippe Sellier du temps lointain de mes études qui s'intitulait "l'Augustinisme en littérature", cours remarquable dont je reste encore marqué, ce sujet m'a toujours intéressé, mais ses arcanes m'ont paru tellement complexes que mon dilettantisme s'est arrêté à l'orée de lire le "Port-Royal" de Sainte-Beuve, sommatif pour ne pas dire assommant, en tout cas un peu ennuyeux à force d'être érudit, et je crois que je vais profiter de cet après-midi de loisir pour écouter le "Port-Royal" de Montherlant si je le trouve en ligne.

Les mauvais historiens des idées(ou les historiens des idées amateurs en-dessous desquels je me place sans coquetterie et avec lucidité) ont toujours la fâcheuse tendance de faire des raccourcis pour comprendre une époque en la schématisant ou de chercher des similitudes entre deux époques en faisant des analogies qui gagneraient à être précisées.

Si je fais le kéké ou le simplet en cédant au premier penchant que je viens de décrire ou de dénoncer, je dirais que d'instinct, on aurait envie d'identifier le jansénisme à la Fronde, mais l'exposé de Baudelairec2000 montre que c'est un raccourcis intenable, même si beaucoup de frondeurs ont été jansénistes ou proches du jansénisme, tels Mmes de Longueville, de Lafayette et de Sévigné par amitié interposée,ou M. de la Rochefoucauld ou Son Eminence le cal de Retz, si on veut le tirer jusque-là. C'est un raccourcis intenable, car la Fronde est une histoire sans cesse en mouvement, réalité que j'ai dcouverte en lisant le chapitre que lui a consacré Voltaire dans son "Siècle de Louis XIV".

Néanmoins, il y a (et votre bibliographie le prouve) un lien qui semble intrinsèque au jansénisme entre mystique et révolte, ce qui me donne envie de dire que le tempérament janséniste est à la fois scrupuleux et frondeur. Le tempérament ou la spiritualité janséniste, puisqu'on vous taxe volontiers de jansénisme dès que vous êtes à la fois provocateur, scrupuleux et révolté, ça m'est arrivé, donc j'en parle à mon aise.

Ce scrupule dans la révolte et cette révolte face à la tiédeur d'une spiritualité sirupeuse à force de ne rien imposer là même où, si l'Eglise osait m'imposer quelque chose, je la quitterais certainement, renvoie à ce qui fait mon intérêt personnel (je le comprends maintenant) pour le traditionalisme catholique. Mais à la vérité, le jansénisme n'a cessé d'intéresser l'Église et il en va de même pour le traditionalisme qui continue de beaucoup l'occuper. On ne pourrait pas en dire autant de la façon dont le mouvement catholique traditionaliste refuse de reconnaître ouvertement l'influence que le jansénisme a exercé sur lui et jusqu'à la moindre affiliation avec le jansénisme. Et pourtant, il y a quelques points de convergence qui sautent aux yeux:

-Le jansénisme est un mouvement de retour à un catholicisme plus cohérent et plus observant, on dirait aujourd'hui plus intransigeant, qui décide de se rebaigner dans les sources augustiniennes après l'assèchement de la scolastique et du thomisme, même si au xVIIème siècle, on aimait à se référer simultanément à saint Augustin et à saint Thomas.

Mais encore le jansénisme et le traditionalisme sont des mouvements à la fois gallicans et ultramontains. Ultramontains en ce que Jansénius a défendu le pape, mais que le pape a attaqué l'Augustinus avant que Clément IX ne le réhabilite sans tout à fait le reconnaître; gallican en ce que Jansénius est un évêque flamand mis en honneur par son ami Saint-Cyran, un Gaulois du temps où l'on s'exprimait dans le français le plus pur et où l'on n'a jamais aussi bien traduit la Bible que ne le firent le grand Arnauld ou le Maistre de Sacy.

Gallican, en ce que c'est une réaction de "Gaulois réfractaire" que de vouloir prouver à tout prix que cinq propositions condamnées par le pape sont certes condamnables, mais ne sont pas dans l'Augustinus. On croit entendre l'écho du dialogue de sourds entre les traditionalistes et le Saint-Siège où celui-ci veut obliger ceux-là à accepter le concile Vatican II, où ceux-là protestent qu'ils l'ont reçu, mais revendiquent le droit de le critiquer ou réclament de signer un Préambule doctrinal que celui-ci ne veut pas leur concéder, poussant leur exaspération jusqu'à les condamner à ne pas avoir un avenir puisqu'on laissera leur réserve d'Indiens s'éteindre sans permettre qu'elle se reproduise, sans que cette condamnation à mort ne règle le problème, nos Indiens en réserve du catholicisme trouvant bien au contraire qu'on ne s'y serait pas pris autrement si on avait voulu répandre leurs erreurs (ou leurs vérités) de par le monde.

Luther, au rebours, a adopté un antipapisme franc, honnête et assumé là où jansénistes et traditionalistes n'ont jamais souffert d'être mis hors de l'Église où ils n'auraient pu "faire leur salut", pensaient-ils.

Ce qui dit autre chose du caractère des hérésies modernes: c'est qu'elles ne sont jamais précisément définies. Aurait-on voulu qualifier le jansénisme d'hérétique qu'on aurait été bien en peine de détailler les hérésies qui s'y trouvaient, de même que saint Pie X va condamner des siècles plus tard ce qu'il va appeler "le modernisme", qui aurait été plus clairement désigné s'il l'avait qualifié d'"immanentisme". J'ai trouvé sous la plume de Mazarine Pingeot dont je viens de terminer l'ouvrage intitulé "Vivre sans" et édité chez Flamarion en janvier 2024, cette caractérisation de la modernité comme "évacuation de toute transcendance". Le modernisme est conséquent avec la modernité et quand saint Pie X le définit, il lui reproche de dégouliner d'immanentisme qui requalifie la foi à l'aune de l'intuition qui s'éloigne de la Révélation. Or qualifier ce contrequoi il en a de modernisme plutôt que d'immanentisme conduit saint Pie X à accuser ce qu'il condamne d'être "l'égout collecteur de toutes les hérésies", ce qui revient à n'en désigner aucune.

Si le traditionalisme catholique se mêlait de qualifier hérétiquement la tendance à l'oeuvre au Vatican depuis le pape François, mais déjà sous la répugnance de Jean-Paul II, évoquée par Michle Reboul dans "l'Invisible infini", à admettre qu'il y ait des damnés en enfer, il pourrait la qualifier d'inclusivisme: l'Eglise a tellement envie de croire à l'universalité du salut qu'elle pose implicitement que l'enfer est vide, et cela la conduit à une telle horizontalité que l'identité de tous ses membres en est déboussolée, que le plus grand péché y devient le cléricalisme, que les laïcs ne sont plus que revendication et que les clercs ne savent pas ce que le sacrement de l'Ordre qu'ils ont reçu est venu ajouter au sacerdoce commun des fidèles auquel ils regrettent de ne plus appartenir exclusivement sans pour autant oser quitter massivement le sacerdoce ou le ministère.

Signe de l'intérêt que tout cela ne cesse de susciter comme une pomme de discorde entre des pôles de conflits éternels, le pape François a écrit une encyclique très élogieuse sur Pascal qui a transposé le conflit théologique du jansénisme sur un plan moral dans les "Provinciales" où François aurait pu jouer le rôle du Père Anat relativisant tous les péchés, voire tous les crimes, qui paraissent tous solubles dans la Miséricorde divine et dans la fraternité universelle, qui doit seulement ignorer les "catholiques de fermeture" ou de fermeté. Nous ne sommes pas au bout de nos paradoxes.

 

mercredi 16 juillet 2025

Bayrou au bord de la falaise ou mal sur l'Himalaya

Il arrive à François Bayrou ce qui marque la plupart des destinées humaines à l'exception des héros ou des personnes choisies par l'histoire qu'on désigne sous le vocable assez sexiste d'"hommes providentiels": une sorte d'anachronisme entre le moment où quelqu'un qui est entré dans la carrière par ambition personnelle est enfin prêt à prendre son envol pour servir l'intérêt général et l'image médiocre que se fait de nous et nous renvoie la société, image à contrejour et floutée  au moment où on est soi-même dans le dépassement de l'image. 

Lionel Jospin a connu ce désamour au moment où il aurait été bon pour lui qu'il connût l'estime de son pays: excellent candidat pour devenir président en 1995, mais se croyant mal préparé, sa défaite en trompe-l'oeil à cette élection devait lui accorder un sursit pour devenir un de nos meilleurs derniers Premiers ministres, mais c'était pour le faire chuter à l'étape suivante, lorsque lui se croyait prêt à présider la France et au lieu de cela multipliait les gaffes sur "l'âge du capitaine" Chirac qui le rendirent antipathique à l'opinion publique.

François Bayrou respire la bonne volonté et monte en compétence dans l'explication du combat de sa vie: réduire la dette publique, quand il se trouve au comble de l'ambition de sa vie: être un personnage de premier plan au service de son pays, avec une éthique qui ne déteint pas sur celle qu'il s'est toujours assignée: ne pas être un égocrate à la manière de Sarkozy, dire la vérité qu'il croit et qu'il croit être sans alternative en quoi consiste selon lui l'exercice de la démocratie, se trouver en capacité d'agir à un "moment gravissime" où "la France est au bord de la falaise", et se croire  l'homme de cette situation et de cet Himalaya, ne pas hésiter à convoquer le spectre de la crise grecque qui est encore dans tous les esprits et peut frapper la France si elle continue d'être un avion sans pilote ou un pédalo sans capitaine, et néanmoins être à côté de la tectonique des plaques, parce qu'il ne va pas y avoir un alignement des planètes politiques pour accueillir ce concours de bonne volonté puisque tous les parlementaires ont promis de le censurer et les partenaires sociaux de lui préparer une rentrée sociale aux petits oignons qu'il n'a pas bien cherchée, mais a un brin méritée, car ce démocrate chrétien ne se rend pas compte qu'il a toujours plaidé pour une politique sociale qui se révèle plus dure que celle qui perçait sous la carapace de Michel Barnier qu'on aurait attendu moins silloniste (au sens de Marc Sangnier) que le Palois qui se révèle avoir des rudesses de François Fillon ou de Laurent Wauquiez, quand il veut responsabiliser les pauvres jusqu'à souhaiter recycler, à l'heure où leurs occupants auront "disparu", les fauteuils roulants des "infirmes" (comme il ne fait plus bon dire sans faire bondir même si je préfère "infirme" à l'infâme périphrase "en situation de handicap"), premier pas d'une méconnaissance sociale qui s'en prend également aux malades souffrant d'affections de longue durée (ALD) qui ont beau constituer 20 % des assurés sociaux, la liste des pathologies couvertes est déjà très fermée et on se refuse à leur assurer des transports sanitaires décents, ce qui est l'autre versant de la grève des taxis, qui ne pensent pas beaucoup plus à ces patients maltraités que les agents de la SNCF ne se soucient de leurs clients quand ils font grève et que les briseurs de grève les accusent de  prendre les voyageurs en otages. 

Encore, que le Premier ministre envisage de ne pas rembourser à 100 % les médicaments qui ne sont pas liés aux affections de longue durée dont souffrent les malades qu'il stigmatise avec une sorte de cruauté inconsciente! Si ces malades ne sont pas précarisés par leur maladie, pourquoi pas? Mais c'est rarement le cas, et Bayrou s'en prend aux malades pour rembourser la dette que son camp politique a laissé filer et se creuser, ça commence mal, ou plutôt ça laisse percer la même "culture empreinte de violence" ou d'indifférence (Paul Vanier l'a bien cerné) que ce qui l'a rendu relativement indifférent aux suppliciés de Bétharam qui n'étaient pas loin de crier sous ses fenêtres. 

Il veut appliquer des franchises indiscriminées pour les foyers riches ou les foyers pauvres sous prétexte que la Sécurité sociale ne fait pas acception de ressources, principe qui, pour être communiste et continuer d'être défendu par la gauche radicale, n'en est pas moins idiot, à l'heure du creusement inquiétant des inégalités et d'une paupérisation désormais quantifiée et documentée de la population française. 

Il s'aperçoit qu'il n'est pas capable d'obtenir des mesures de simplification de la vie des entreprises par la voie parlementaire, il promet de procéder par voie réglementaire, il aurait sans doute raison s'il commençait par balayer devant sa porte en appliquant ses programmes antérieurs: il refusait les doublons d'échelons entre la vie locale et la vie nationale qui rendent compliquée l'élaboration de tout projet pour les collectivités territoriales, il n'a pas supprimé ces doublons. Il promettait de supprimer les agences qui font double emploi avec l'ingénérie d'une fonction publique d'État dont il promet d'internaliser les compétences,  ces agences sont toujours là. Au détour de son "Discours de vérité", il parlait d'un patrimoine immobilier improductif de l'État qui, s'il était réhabilité, revendu ou au moins réaffecté, pourrait probablement  rapporter à la France les milliards qu'il voudrait économiser pour son budget 2026, mais il n'a pas encore missionné des experts qui puissent procéder à l'évaluation de ce patrimoine en vue de ce qui ne serait pas du tout, en l'espèce, une "vente à la découpe", sans parlr de faire supporter par les  plus fortunés de notre pays la baisse de ces dépenses comme le fait la France insoumise, et sans envisager que la France arrête de contribuer au budget de l'Union européenne qui ne lui redistribue qu'un tiers de ce qu'elle  verse, en faveur  de nos agriculteurs, qui préféreraient vivre de leur travail que de ces subsides, avec la concurrence dangereuse du blé ukrainien, des pays du Mercosur ou du CeTA. 

Pas plus qu'il n'a calculé précisément ce que pourrait lui rapporter la vente du patrimoine improductif de l'État, Bayrou n'a chiffré le ratio des subventions qu'il pourrait cesser d'octroyer aux entreprises en échange de réformes de simplification qui pourraient rendre le travail moins coûteux. Quant au "travailler tous", il faudrait qu'il nous dise comment il compte l'harmoniser avec l'intelligence artificielle ou comment il s'agirait de réformer "France travail" qui vient d'être créé pour rationaliser la recherche d'emploi des chômeurs et qu'Astrid Panosyan-Bouvet a déjà accusé  d'inefficacité dans son intervention d'hier après-midi. Pas un instant, le Premier ministre n'a évoqué comme remède aux emplois non pourvus une meilleure corrélation entre ce qu'enseigne l'école et les besoins des marchés publics ou les débouchés de l'orientation professionnelle avec les besoins de la nation, indépendamment de la baisse criante du niveau scolaire, ce qui n'est ignoré que de ceux qui ne veulent pas le voir. Le Premier ministre a beau jeu de réclamer des ingénieurs femmes à Élisabeth Borne. Si nous avons besoin d'ingénieurs, la parité n'a rien à voir là-dedans. 

Le pire est que François Bayrou égraine des politiques publiques qu'il croit originales, mais qui sont les mêmes que celles qui détruisent depuis trente ans nos bijoux de famille. Comment croit-il s'en sortir en prenant les mêmes recettes technocratiques et en retombant dans la même complexité administrative qui décourage ses concitoyens? Si c'est ainsi qu'il compte gravir l'Himalaya, il risque d'être poussé à la chute par ses adversaires politiques et syndicaux. 

mardi 15 juillet 2025

Thierry Ardisson, tout le monde en parle!

Thierry Ardisson qui vient de mourir emmenait les Français au salon balzacien et les faisaient assister, intimidés, penauds, incrédules, flattés, à ce qu'on pouvait leur donner à voir, à boire et à manger comme à des enfants avides et faméliques, des orgies télévisuelles où se côtoyaient le demi-monde et celui qui décide, les célébrités poursuivant leur image comme des ombres, des starlettes, des acteurs ayant besoin de se raconter après nous avoir raconté des histoires, des intrigants et de vrais influenceurs, comme on ne disait pas encore: au hasard de ce qui me revient et indifféremment que je préfère l'empreinte des uns ou des autres, de William Kristol, l'un des maîtres à penser du néo-conservatisme américain, à Michel Houellebecq englouti dans un de ses Daniels de "la Possibilité d'une île". On était prêts à lamper un fond de Champagne ou à regarder sous la table s'il ne resterait pas un rail de coke à chouraver.
Ça n'empêchait pas Ardisson d'avoir des idées. On disait que c'était un fils de pub dont le fond de sauce était un royalisme d'opérette pour taquiner tour à tour l'Action française revisitée par Bertrand Renouvin et le monde du spectacle avec, pour invité le plus emblématique et le plus récurrent, Yvan Attal. Il n'était pas d'un anticonformisme à se faire jeter de la télé pour inviter envers et contre tout les polycensurés quil avait contribué à faire monter en flèche comme Dieudonné ou Alain Soral.
Si on l'avait interrogé sur le contenu de son royalisme, je crois qu'il aurait été bien en peine d'en livrer une synthèse convaincante et structurée, de même que sur son catholicisme esthétique, quoique reste gravé dans ma mémoire de serviteur de la liturgie qui a la liturgie dans la peau à défaut que s'y glisse une chanteuse un peu fraîche des chorales que j'y accompagne en train d'accompagner le bon Dieu de leurs chants louangeurs qui nous Le rendent propice, on en a bien besoin!, cette remarque d'Ardisson sur la messe: "La messe, c'est très bien, mais c'est mal produit."
Je n'ai pas retenu grand-chose de beaucoup plus structurant quoique c'eût été mieux articulé, des tirades analytiques de Balzac sur le légitimisme ou le bonapartisme et je crois que bien malin qui pourrait dire, finalement, si Victor Hugo était plus fidèle quand il était le légitimiste médiévisant de ses années "Notre-Dame de Paris", quand il s'est perdu de vanité à la Chambre des pairs de la monarchie de juillet ou, proscription oblige, quand il se mua, à son retour d'exil dont l'aurait volontiers rappelé Napoléon le Petit, en socialiste bon teint plaidant contre la loi Falloux ou se faisant le précurseur des États-Unis d'Europe. Balzac a néanmoins écrit un "Traité de la prière" et un "Traité des excitants modernes" que je rêve de lire depuis des années et où je suis sûr que je trouverai à faire mon miel quant à l'une et aux autres.

Ardisson n'était le Balzac ou le Victor Hugo de notre époque que si nous n'en avons pas mérité d'autres. Du moins nous a-t-il introduit au salon des "Illusions perdues", tel un Étienne Lousteau se disputant avec Lucien de rubempré, le premier voulant bien faire piger l'autre pourvu qu'il disparût un jour, criblé de dettes ou sous les jupes de Coralie. Et puisque les politiques ne veulent plus, même à l'ère des réseaux sociaux, nous introduire dans la petite histoire et répondre à notre saine curiosité sur qui sont leurs mignons et qui leurs favorites, car ils n'ont vocation qu'à faire la grande histoire bien qu'ils fassent beaucoup d'embrouilles, on peut savoir gré à Ardisson, sinon de nous avoir introduits dans la chambre du roi, du moins de nous avoir offert un strapontin à la cour. Mais la cour était débilitante, diront les grincheux. La Bruyère ou Saint-Simon ne disaient pas moins de mal de celles qu'ils fréquentaient. 

lundi 14 juillet 2025

Ne jamais oublier de chroniquer les dernières macronneries

https://www.philippebilger.com/blog/2025/07/emmanuel-macron-apr%C3%A8s-ce-sera-trop-tard.html

Comment rester synthétique et concis après la presque heure pleine que j'ai passée à lire, non en diagonale, mais à la va-vite, ce billet et ses commentaires? Traitons des sujets, au moins de ceux que je me rappelle, j'ai eu le tort de ne pas prendre de notes.
-Dreyfus, un "innocent emblématique" ? Eh bien non, je me répète, au risque d'être taxé d'antisémitisme: un accusé surexposé, un peut-être innocent dont l'innocence a été survendue et surexploitée, jusqu'à ériger en France une nouvel classe d'"intellectuels", composée de ceux qui avaient pris sa défense, sans préjudice de leurs diplômes universitaires; et jusqu'à faire de ce capitaine qui s'est engagé dans la Grande guerre, ce que je ne savais pas et qui l'honore, un général à titre posthume, auquel la veille du 14 juillet devra désormais être consacrée pour faits d'armes inexistants ou insignifiants, un général à titre définitif peut-être à la hauteur de ce général à titre provisoire ou temporaire qu'était le général De Gaulle en 1940: il aurait mieux valu d'après ses thuriféraires qu'on parlât de général Dreyfus plutôt que de général De Gaulle. Manque de chance, il n'aurait pas été en état de reprendre les rennes au moment où De Gaulle "a surgi", il était mort.
-Où De Gaulle a surgi comme Henri IV? Bof, Henri IV a été porté par beaucoup de partisans dont Montaigne. Son abjuration a ouvert la voie à un compromis, mais a ouvert le feu si je puis dire, au démembrement de la civilisation chrétienne, basé non pas sur l'abjuration et donc sur le reniement ou la "relapsation", mais sur le martyre et donc la constance dans l'engagement de la foi donnée. A bas les relapses, vive la relaxe!
-De Gaulle, ce mythologue: "De Gaulle n’avait pas gagné la guerre à lui seul, mais il avait gagné le droit d’en sauver le récit", écrit Finch dans une formule saisissante. Et surtout de cet homme peuvent aujourd'hui se réclamer tous ceux qui veulent:
-ceux qui en font un non aligné frénétique et ceux qui en font un vassal des Américains, Jean-Dominique Merchet l'a bien illustré dans un article de "l'Opinion" qui m'a marqué, en décrivant ses revirements diplomatiques au gré de ses revers avec la puissance dominante qui le prenait de haut au point de lui préférer Giraud pour diriger l'armée d'Afrique pendant la guerre où elle n'aurait fait qu'une bouchée de la France vaincue et capitularde, car De Gaulle passait pour un aventurier quand Giraud paraissait sérieux;
-ceux qui assurent qu'il serait un parangon du souverainisme s'il revenait au pouvoir et ceux, comme Louise Weiss dont il a été question ce matin et ce soir sur "France culture", qui prétendaient puiser dans sa personne leur engagement européen, lui qui avait soumis à Paul Reynaud la chimère de Jean Monnet de fusionner la France et la Grande-Bretagne, soi-disant pour la durée de la guerre, De Gaulle haussant les épaules et agissant sans enthousiasme, mais ne s'en exécutant pas moins en proposant la chimère au président du Conseil dont ce général de cabinet et sans étoile était le soussecrétaire d'Etat à la Guerre.
"Les Gilets jaunes ne pouvaient pas réussir, car ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient" (Robert Marchenoir), formule à la "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font" qui résume bien les raisons de l'échec de cette jacquerie de la classe moyenne inférieure et toujours infériorisée, sous l'effet de cette "machine ressentimenteuse" qu'était notre Révolutions selon Michel Onfray, qui fait peut-être malencontreusement dériver cette génération en haine contre les boomers comme "Nicolas qui paye", le trentenaire à l'affût d'avantages et de places gratuites au théâtre, qui n'en demeure pas moins un des piliers, non pas seulement contributif, mais aussi appartenant à cette "France du travail" qui vaut à ce pays de ne pas s'écrouler, et dont le ressentiment s'explique parce que ceux qui, en 68, s'insurgeaient: "Place aux jeunes!", n'ont jamais fait place à leurs descendants et pour cause: leur révolution sexuelle avait quelque chose d'encratiste, ils auraient pu signer le livre "No kid" de Corrinne Maier, il faut sauver la planète et non nos âmes.
-J'en viens à ce qui me paraît être un inaperçu des commentaires faits sur cette nouvelle "macronnerie" ou, pour être plus poli, à ce nouvel emballement macronien à la sauce "c'est notre projet": "j'aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans." Car Macron étant un peu plus structurés que tous les dirigeants ambigus du monde actuel, mais non moins instable que ses "collègues" à qui il tape la main sur le ventre, me paraît dans une hybris qui pourrait facilement le pousser à trouver une parade pour se représenter, non pas en 2032, mais en 2027, soit qu'il se taille une réforme constitutionnelle sur mesure pour obtenir ce résultat (après tout, n'a-t-il pas nommé Richard Ferrand dans ce but puisqu'il avait pris des positions en ce sens et en la faveur de la tacite reconduction de son mandataire?), soit qu'il démissionne in extremis pour se représenter aussitôt, ce qui constituerait un cas d'école que le Conseil constitutionnel réussirait d'autant moins à trancher que, précisément, il n'a jamais fait école et ne s'est jamais présenté depuis l'absurde limitation du droit de se représenter du président en exercice ayant exécuté deux mandats consécutifs, au terme de la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy en 2008.
-En attendant, Emmanuel Macron fait deux bêtises d'exécution en se projetant dans l'avenir plutôt que de se concentrer sur le présent.
-La première est de demander simultanément à son gouvernement de trouver 40 milliards de baisses de dépense et d'engager une hausse simultanée des dépenses militaires, non seulement pour l'exercice courant des prérogatives de l'armé de notre pays devenu martial après avoir porté une voix pacifique, pacificatrice et universaliste jusqu'au second mandat de François Mitterrand. La France doit en outre contribuer plus massivement au budget de l'OTAN après que "dady Trump" a obligé tous ses partenaires à contribuer à hauteur effective de 5 % de leur budget civil.
-Et puis il engage la Nouvelle-Calédonie dans un processus déloyal (sic) d'indépendance en dépit des référendums qui ont récusé ce processus et au mépris de Nicolas Metzdorf, député loyaliste et macroniste dont Macron a été le Judas déguisé en Jésus. Il parle d'"Etat calédonien" (sic), de "double nationalité", même sous cap de préférence calédonienne dans l'électorat "national" du Caillou, là où on se refuse à parler de "préférence nationale" en France métropolitaine.

Dans la volonté bayrouiste de former un "gouvernement de poids lourds" respectueux des sensibilités sans renouveler les personnalités ou les visages comme aurait dit le chef hologrammatique de l'exécutif que Bayrou a soutenu par dépit, le multinational Manuel Valls a accepté de se commettre à ses basses oeuvres de piloter la sécession de la Nouvelle-Calédonie qui ne demandait qu'à rester française en dépit du "sens de l'histoire" qui n'existe pas et du processus décolonial irréversible. Et ce n'est pas tout à fait une surprise puisque non seulement Gérald Darmanin avait parlé d'"autonomie de la Corse" avant la dernière élection présidentielle, mais que tous ces personnages politiques se sont inscrits avec de petits pieds dans la lignée de Michel Rocard, qui introduisit la notion de "peuple corse" dans le droit français et rêvait à mi-voix d'une Corse et d'une Nouvelle-Calédonie indépendantes. La trahison ne montrera son caractère ultime qu'après le "dernier quart d'heure" du mandat d'Emmanuel Macron qui prétend rester président jusqu'à la dernière seconde indiquée par le chronomètre, où il activera peut-être le détonateur qui fera définitivement exploser la nation façon puzzle. 

lundi 7 juillet 2025

Macron reprend la corde.... d'Olivier Marleix

Emmanuel Macron reprend la corde. Il reprend la corde d’Olivier Marleix ! Mais quel titre, quelle allusion honteuse ! Je plaide coupable, mais mon allusion n’est pas aussi hommicide ou coupable que l’oubli dont croit pouvoir s’exonérer « Franceinfo », qui tient sa première estivale des Informés sans mettre le sujet du suicide d’Olivier Marleix à la une, là où la station ressort l’hystérie présidentielle devant la foule parsemée de ses vieux jeunes marcheurs et leur disant : « Je compte sur vous, car c’est votre projet que je sois là dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans ! Ah si on se donnait rendez-vous dans dix ans, toujours et à jamais, quoi ! Alors regarde, regarde un peu, je vais pas me taire parce que t’as froid aux yeux et que tu ne crois pas que je serai là dans deux ans même si l’autre con d’Édouard Philippe te répète : « Deux ans, c’est long. » Alors regarde, regarde  les cuillérés en argent malheureux et vides jusqu’au suicide nanti ! Si tu vois pas,les nantis malheureux, je vais me crever les yeux ou me « casser la voix »…

Macron s’est cassé la glotte et Franceinfo s’est émerveillé sans se demander comment le président hurleur qui a cassé les vitres des fenêtres de Marie-Christine en se comportant comme un Roméo goujat, a pu dire à ses supporters qu’il en aurait besoin « dans deux ans » et comment il compte s’y prendre pour se représenter en 2027 alors que ce représentant de l’»État de droit » n’en a tout simplement pas le droit mais n’en a probablement rien à foutre de prendre le droit ou le gauche du moment qu’il tient le manche et prend les Français pour des manches. « Franceinfo » n’a pas décodé et s’est contentée d’annoncer que Macron voulait simplement dire à ses supporters qu’il serait à nouveau là en 2032 et qu’ils pouvaient compter sur lui, donc qu’ils ne lâchent rien car il ne les lâcherait pas, pourvu qu’ils défendent son intérêt particulier jusqu’en 2032 ! Pourquoi ce journalisme éprouvé ne va-t-il pas chercher si c’est le fin mot de l’allocution improvisée et exorbitée de Macron devant ses jeunes, ou vérifier si Emmanuel Macron étant supposé n’être jamais délirant, il a oublié ou occulté qu’il ne pourrait pas se succéder à lui-même en 2027 sans jouer un tour de passe-passe constitutionnel, par exemple en proclamant l’art. 16 par un remake de la guerre en Ukraine ou par tout autre pion qu’il pourrait déplacer à sa discrétion conventionnelle sur l’échiquier international ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. Je n’ai pas dit « a mis fin à ses jours comme Robert Boulin a été assassiné dans cinquante centimètres d’eau ». La mise en scène est un peu plus élaborée et loin de moi d’avoir la moindre imagination complotiste, même si le complot ou la conjuration sont le moteur de l’imagination ! Mais savoir imaginer un complot ferait de moi un auteur de romans d’espionnage ou simplement de polars : l’Assassin court toujours, « je suis en retard » comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, je cours, je cours, mais l’assassin, ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi, qu’est-ce que j’en sais ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. François Bayrou, le naïf madré qui est capable de mettre une taloche à des enfants, mais n’a pas la poigne molle de François Hollande pour faire tuer des ennemis anonymes par des services à permis « 00 », a dit son immense tristesse et je gage qu’elle était sincère. Emmanuel Macron a fait le service minimum et a déploré la perte d’ »un homme d’expérience ». On ne saurait concevoir communiqué plus laconique ! Peut-être qu’Olivier Marleix n’aurait pas dû mettre la main dans le cambouis où Emmanuel Macron avait possiblement Sali les siennes !

 

Guerre économique sans pitié pour la France ? Olivier Marleix [EN DIRECT]

 

Olivier Marleixa mis fin à ses jours et j’émets au moins deux hypothèses. Le gars était très antimacroniste à ses débuts. Il a interrogé très profondément le rôle d’Emmanuel Macron dans la vente d’Alstom à General Elektriks représentée par Clara Gaymard, la digne héritière de son papa saint Jérôme Lejeune, fifille qui vivait dans un appartement de six cents mètres carrés avec son ministre de la Santé de mari aux frais de la princesse républicaine honnie ou méprisée à la manière dont Philippe de Villiers n’aime pas « la gueuse », mais ne l’a jamais trahie avant d’être à la retraite ! Un grand esprit comme « Bonsoir Clara ! » pouvait bien travailler pour une supra-multinationale qui se prenait pour un fleuron patriotique et la Grande Cervelle pouvait bien la vendre à une multinationale américaine sans se déshonorer, tout en racontant l’histoire édifiante des saintes femmes de sa famille si française dans un livre à la gloire de ses mères...

 

Olivier Marleix ne pouvait pas regarder cela de trop près sans se brûler les yeux. Avant de s’éteindre par la strangulation pendulaire, il avait déjà perdu sa voix en dirigeant un groupe LR incolore et qui ne se distinguait plus en rien de la bourgeoisie macronarde qui a dès l’origine et l’avènement de son gourou, perdu son âme et ses valeurs. Olivier Marleix n’était pas Laurent Wauquiez et n’en rajoutait pas sur l’immigration ou les fondamentaux de la droite discriminante et dégueulasse, capable en son temps d’enfoncer à coups de hache les portes de l’église saint-Bernard et du droit d’asile dont l’Église est garante depuis la Cité de Dieu de saint Augustin e ses multiples ramifications. Olivier Marleix ne jouait pas comme Laurent Wauquiez les amis de sœur Emmanuelle et de sa stratégie du colibri pour vider la mer avec une pelle ou chimiotiser « le cancer de l’assistanat » au nom de « la droite sociale ». Les chiennes font quelquefois des chats. Ce manque de charisme marléxien devait être rattrapé par le retour entièrement faux de Wauquiez sur la scène parlementaire et méritait qu’il lui pillât son groupe et verse aujourd’hui des larmes de crocodile sur sa dépouille dépouillée par cebandit de grand chemin.

 

Donc Olivier Marleix perd sa voix et il la perd à s’étrangler et à se pendre. Ou bien, ou bien… ou bien il meurt en même temps qu’Éric Denécé est retrouvé suicidé avec un fusil de chasse alors que tout son entourage assurait qu’il n’était pas suicidaire et que, pour avoir écouté quelques-unes de ses analyses, on le sentait porté, non seulement par le désir de dire le juste, mais par le dire de la façon la plus neutre possible. Mais n’étant pas un homme d’argent, je ne sais ni ce qu’il manipulait, ni ce qui pouvait le manipuler ou pousser d’autres à le faire taire. Et puis, et puis… Olivier Marleix se trouve suicidé en même temps que l’Élysée refuse de faire arrêter Alexandre Benalla visé par Interpol dont le siège est à Lyon, alors qu’on ne sait toujours pas ce qu’est devenu son coffre-fort, miraculeusement soustrait aux investigations de la justice. À sept ans d’intervalle et d’un juillet l’autre, l’affaire Benalla ne fait plus recette médiatique et il ne faut pas plus rechercher le conseiller occulte qu’il ne fallait venir chercher son commanditaire, à la Maison de l’Amérique latine, dans un événement prémonitoire, à l’usage des tout jeunes parlementaires du nouveau président transformiste et rénovateur des visages de la classe politique, prémonitoire du tout récent « come back » surprise de Macron auprès des jeunes qui ne peuvent plus croire en lui que s’ils ne croient en rien ou en la poudre de Perlinpinppin. Macron n’a pas de substance, si ce n’est les substances et la poudre ukrainienne, ou la foudre jupitérienne… Les « jeunes avec Macron » ne peuvent croire en la substance du macronisme s’ils rêvent encore d’une politique substantielle… Benalla est incherchable, Macron est introuvable et la mort d’Olivier Marleix est un fait divers, pas un fait de société.

 

Mais ce qui continue de faire la une de « France info », c’est qu’Emmanuel Macron ait autant vociféré que le jour où il a dit : « Parce que c’est notre projet. » Mais dans quel état était-il et quel était son projet au juste ? Ah oui, d’assassiner l’ancien monde en conjuguant la crainte de la fin du monde avec la crainte de la fin du mois tout en fustigeant le gouvernement par la peur, et en le pratiquant à travers la politique de confinement covidiste et masquiste.

J’avais écrit à treize ans un poème prémonitoire contre les Masques. Je n’imaginais pas assister de mon vivant à la victoire successive des masques et d’Elon Musk ! La raison la plus artificielle et la moins intelligente est toujours la meilleure. 

Elsa et Patrick Font

Au milieu d'une nuit pas spécialement chaotique, je me suis mis à écouter frénétiquement tout ce que je trouvais de Font et Val, que j’ai entendus pour la première fois de ma vie grâce à Annick Leveau et qu’on m’avait vendus comme des parangons d’anarchie, donc qui l’étaient restés à mes yeux, avant que je me rende à l’évidence que premièrement, c’étaient des socialistes un tout petit peu plus à gauche que les autres et presque des mitterrandiens contents de l’avènement de ce président qui plut tant à Renaud, ce « chanteur énervant » qui jurait que la société ne l’aurait pas. Quand on écoutait de près Font et Val dans les années 86 comme j’ai pu le faire, on se rendait compte que non seulement ils regrettaient banalement de ne pas passer assez souvent à la radio, mais qu’ils l’écrivaient dans leurs chansons, comme un Bernard très sympa que produisait une société britannique qui s’appelait « Ellytams » (j’orthographie ça n’importe comment) et au service de qui se dévouait quelqu’un qui en pinçait pour lui et ne trouvait d’autres artistes à faire concourir avec lui que pour le faire accéder à ce rêve de notoriété tellement naïf que la chanson sur laquelle il comptait le plus pour se lancer et « percer » s’intitulait Olympio Olympia et ne faisait rien d’autre que de raconter au grand jour son désir d’être à l’affiche de la célèbre institution dirigée par Bruno Coquatrix.

 

Font et Val languissaient de passer sur les ondes du service public et le faisaient savoir à longueur de spectacle. Leurs vœux devaient être exaucés puisque l’un dirigea France inter après avoir léché les bottes du MEDEF, puis de Sarkozy en ayant oublié comment il harponnait, dans un spectacle de 1982, donc peu après l’avènement de Mitterrand qui ne permettait certes pas encore aux cœurs de s’éprendre, regrettait-il dans un dernier sursaut d’idéalisme, l’innocente droite française du temps de Jean Lecanuet, le patelin maire de Rouen avec qui était sortie une amie d’Edma, qui l’avait connu personnellement et m’avait raconté tout le côté insoupçonnablement décadent du personnage aux dents blanches, au-delà de son aspect insipide officiel.

Mais la désillusion dont je ne suis pas encore revenu tient au reniement de Font par Val, si bien que je continue de préférer le mort au vif qui ne lui cède pas comme dans l’adage juridique dont je ne retrouve plus la formulation exacte, bien qu’Annick me dépeignît Val comme un poète plus averti que font. Bien que Font et Val aient interprété une ode à Brassens dans laquelle ils le remerciaient d’être l’Auvergnat et auquel ils ne ménageaient pas leurs éloges, contrairement à Jean-Marie Vivier qui lui adressa une supplique déçue pour qu’il n’entre pas à l’Académie française, Jean-Marie Vivier que j’avais invité par téléphone la veille au soir à venir chanter nos fiançailles et qui m’assura qu’il l’aurait fait s’il n’avait pas été pris ailleurs (il le disait avec un accent de sincérité qui ne trompait pas), Val ne sest pas montré à la hauteur de l’étranger de la Chanson de Brassens auquel ils identifiaient le personnage privé en abandonnant font à son triste sort.

 

J’ai réécouté les chansons de Font avant de relire les minutes de son procès. Évidemment que ses chansons annonçaient sans précaution oratoire les penchants pédophiles du saltimbanque assez peu bambocheur repêché avec élégance par Jacques Maillot et ceux qui tenaient le Théâtre des deux ânes après qu’il eut purgé ses années de prison.

 

Qu’est-ce qui me rend sensible à ces destinées transgressives ? Ma libido réduite à sa plus simple expression comme le raconte le rêve de Stéphanie (ma toute première, donc ma plus vraie !) ou bien le fait que Font, que je croyais mort depuis beaucoup plus longtemps, exprimât son penchant pour les jeunes filles avec une vraie tendresse pour leurs rêves de princesse, bien qu’il passât les bornes dans une chanson, comme par hasard intitulée Dans les yeux de Christelle, une autre de mes égéries, et où il avoue que, « dans les bas » de cette petite fille de sept ans et au royaume de ses poupées, il ait « trouvé un autre chemin » pour lequel prendre, il lui demandait « d’être gentille » et elle le devenait ». Je ne me sens pas de connivence avec ces fantasmes d’intrépide volonté de puissance masculine voulant pénétrer à contre-temps un continent sacré et secret quand on a passé l’âge du « touche-pipi » tel que j’ai pu le vivre avec une petite fille qui portait le prénom de la seconde fétiche d'Aragon, que j’avais l’imbécillité, après mes amoures satisfaites d’enfant de sept ou huit ans, d’appeler « la peste conne » pour faire chorus avec mon grand frère et en détestant tout à coup ses caprices de petite fille d’autant plus adorable que tout lui était dû, y compris le fait que nos oreilles supportent ses décibels, mention qui n’est pas du tout faite dans la chanson de Patrick font consacrée à Christelle.

 

Ce que j’aimais chez Font n’était pas ses penchants pédophiles, pour autant que je puisse en attester franchement et me prononcer lucidement sur une réalité que je crois être la mienne. Mais j’aimais l’esprit du Chalet, symbolisé par une chanson que je ne retrouve plus, mais où je me souviens qu’il y avait ces paroles : « Quand Béatrice est née, il fallait voir nos yeux », au milieu d’un hymne à la liberté, liberté de sortir les enfants du carcan de l’école obligatoire pour leur apprendre à faire du théâtre au milieu d’une nature amie et non hostile située au même endroit que ce « pays entre Léman, Jura et Germanie, Un pays de montagne et d’eau et d’amitié » qui « fleure bon la vie » et « rassure un visage qui pleure » au moment où celui-ci a besoin de trouver quelque repos à ses peines ravinées, trop savamment entretenues à défaut de sobriété et de sortie des obsessions : à force d’avoir peur du diable, j’ai vu mon double et je l’ai vu dans mon double.

 

Oui, ce que j’aime dans les chansons de Font qui sont nombreuses, bien écrites et pas toujours assez bien travaillées, c’est l’esprit du Chalet, cette envie de vivre en liberté, non pas abandonné à mes instincts, mais suffisamment près d’eux pour pouvoir leur faire confiance sans nuire à personne si du moins mes instincts me désignent, ce qui reste à prouver.

Je ne sais pas si le détachement est un antidouleur comme je l’ai écrit dans mes Aphorismes. Je ne sais pas si la conversion est détachement, comme le présume une mystique un peu passée. Mais je crois qu’il faut vivre détaché, désincarcéré de ses carcans scolaires, culturels ou religieux pour accéder au décloisonnement dont me parlait Jean-Paul Bourre en me promettant l’éveil au bout de ce décloisonnement. Il faut vivre détaché de soi pour échapper à l’intranquillité du rapport douloureux avec soi. Douloureux et inutilement douloureux, nécessairement. « Vivons heureux, vivons cachés », dit le dicton que je crois tout droit sorti d’une fable de la Fontaine dont il constitue la morale. Vivons amarrés à qui l’on est, vivons détachés, sans obligation de croyance. Se convertir, c’est se désobliger de croire pour ne plus parler faux, pour ne plus jouer faux, pour ne plus sonner faux. Mais à peine a-t-on dit cela qu’on se demande comme Pilate à Jésus, non pas « qu’est-ce que la vérité ? », mais « où est ma vérité ? » « La vérité est une idole » a dit Pascal et peut-être qu’a fortiori, ma vérité, mon authenticité sont des idoles, et pourtant je ne peux pas me départir de l’idée, exprimée à l’instant dans une conversation de trois heures avec Clément après laquelle je reprends la rédaction de ces quelques lignes, idée qui m’est venue à la sortie de la messe à ste-Marie où Serge m’a emmené pour me consolé de n’être pas parti en vacances, de l’idée exprimée aussi dans la chanson Je donnerai ma voix si souvent citée sur Radio ici et maintenant et où il était dit que l’auteur donnerait sa voix à celui qui ne chercherait pas dans son livre d’idées la vérité – et l’Évangile peut aussi être un livre d’idées -, de l’idée, y viens-je enfin, que j’aimerais que la Parole de Dieu puisse aussi se déduire du meilleure de moi-même, extraction faite de ce que Dieu doit me dire pour me tirer de moi, pour m’extraire de moi, pour que la société puisse tenir à autre chose qu’à moi, qui ne serai vraiment moi-même que quand je serai détaché de moi, libre d’extraire « ce vent de liberté » qui n’est pas qu’un slogan d’un cantique boursouflé de Pentecôte un peu trop syncopé, mais ressortit à ce que Patrick font recherchait dans le Chalet, et tant pis si cette recherche allait sans sublimer son goût des trop petites filles, le psychiatre ayant conclu à son procès que Patrick Font était un vrai pédophile – et moi, et moi, et moi, qui ai toujours eu une propension à me charger de tous les péchés d’Israël, et si je devais réellement les endosser tous ! –

 

Il paraît que j’ai dit à Clément un soir en étant soul que le fantasme était plus beau que la réalité. Moi qui suis un chrétien feuerbachien, je vis dans le fantasme de Dieu et, quand il m’arrive de m’interroger sur ce qu’est l’amour, je me dis qu’il n’est pas mon idéal du moi, mais mon idéal de l’autre, non pour qu’en lui soit transfiguré mon idéal du moi, mais que l’autre soit vraiment ce qui me manque. Mon idéal de l’autre est l’essentiel de mon fantasme amoureux. Mais quant à moi ? Quelle est ma vérité ? Quelle est mon authenticité, détachée de moi-même ? pourquoi ai-je tant aimé des chansons comme le Grand café ou le Phare de Jean-Marie Vivier ? Et pourquoi ai-je la conviction qu’étant donné ma culture de pois chiche en matière de musique classique, ma plus grande passion demeurera la chanson française, car j’ai l’impression que c’est une passion qui demeure à ma portée.

 

 

 

  

Rêve d'un pape

Et puis tout autre rêve, rêve d'un fou, car il faut être fou pour rêver de ça. 


Je suis avec ma grand-mère et nous allons à Lourdes. Nous nous apprêtons à être logés chez des sœurs qui logent elles-mêmes le nouveau pape qui reste une énigme pour moi. Après un long voyage en train parsemé de péripéties dont je ne me souviens plus, nous entrons dans une maison très solennelle où nous sentons que nous allons gêner. Nous gravissons un escalier. La porte est ouverte, mais nous impatientons la sœur censée nous attendre avec impatience. Nous l’entendons nous accueillir de loin avec une pointe d’agacement. Nous laissons entendre à la sœur qu’il ne sera pas nécessaire qu’elle nous fasse à manger, pourtant nous aurions bien voulu. Nous sommes reçus dans un grand salon, ou plutôt une salle à manger de ce Lourdes qui s’est transformé en Rome et où le pape est allongé, car il vient de subir une dialyse. Le pape est sans cesse tenté d’enlever son reudon, comme un patient qui fut mon voisin de chambre d’hôpital. Il veut se détacher de ce redon ou de son drain et chaque fois les sœurs l’en empêchent gentiment et à distance en commençant par parler de lui sur un mode personnel : « Il veut se détacher » avant de se reprendre : « Le Saint-Père veut se détacher de son redon.«

 

les sœurs supposent que nous voulons dormir dans la chambre du pape (et peut-être avec la femme du pape, je crois que le rêve contenait cette proposition indécente). Ma grand-mère et moi nous récrions en répondant que nous n’avons pas besoin de cette intimité. Les sœurs nous laissent tranquilles et le pape se met à nous parler d’une voix où perce le dégagement que la promiscuité des sœurs empêchait. Le pape semble nous savoir gré de ne pas avoir envie de cette intimité intrusive qui pourtant était permise à notre séjour à l’hôtel, puisqu’il était dans les nouveaux usages de ce pape que des fidèles puissent dormir avec lui dans la chambre pontificale, tant la transparence et l’exemplarité devaient se répandre. Ma grand-mère ose timidement la question : «Est-ce le pape François qui vous a causé tant de mal ? » Je m’immisce timidement dans cette questionde ma grand-mère qui a osé. Le pape reste équivoque et élude la question. Mais il se détache de son redon et se dépêche de reprendre ses activités. 

samedi 5 juillet 2025

Sentiment océanique ou sentiment de fin du monde?

J’aurais beau faire tous les efforts du monde ou possibles - ou du monde possible -), je me sens aussi étranger que possible au sentiment de fin du monde.

J’ai toujours eu des amis qui y étaient sensibles, je les écoutais patiemment sans les comprendre. Je croyais y déceler un invariant psychiatrique individuel avant de me rendre compte que ce sentiment se répandait à échelle planétaire à travers la panique de la catastrophe écologique, qui faisait se substituer l’idée qu’il fallait sauver la planète à l’angoisse qu’il faut sauver nos âmes. Métonymie qui fait prendre la partie planétaire pour le tout existentiel.

Donc cette angoisse planétaire de la « fin du monde » écologique s’apparente à une psychose collective qui oublie de défricher l’invariant psychiatrique qui étend l’angoisse de la mort individuelle en puissance de mort collective.

Mais l’immaturité de cette psychose collective de fin du monde écologique explose du fait qu’elle ne veut pas voir que, s’il faut transférer à l’homme la puissance de se détruire, la menace nucléaire est beaucoup plus immédiate et beaucoup plus efficace que la lente destruction écologique.

Seulement la menace de destruction écologique est beaucoup plus structurelle et structurante et peut donc permettre à la neutralité de la mort de l’espèce de suppléer à l’angoisse de la mort individuelle.

La mort de l’espèce est trop grande pour que nous nous en sentions intimement responsables, de quelquh’ystérie que se pare lécoanxiété. La menace planétaire est macrocosmiquement plus dangereuse, mais elle est microscopiquement nulle à l’échelle de l’angoisse existentielle de la survie de l’âme qui est le tout métaphysique de l’être, si toutefois l’être a conservé assez de prise sur lui-même pour se saisir comme être.