J’aurais beau faire tous les efforts du monde ou possibles - ou
du monde possible -), je me sens aussi étranger que possible au sentiment
de fin du monde.
J’ai toujours eu des amis qui y
étaient sensibles, je les écoutais patiemment sans les comprendre. Je croyais y
déceler un invariant psychiatrique individuel avant de me rendre compte que ce
sentiment se répandait à échelle planétaire à travers la panique de la
catastrophe écologique, qui faisait se substituer l’idée qu’il fallait sauver
la planète à l’angoisse qu’il faut sauver nos âmes. Métonymie qui fait prendre
la partie planétaire pour le tout existentiel.
Donc cette angoisse planétaire de
la « fin du monde » écologique s’apparente à une psychose collective
qui oublie de défricher l’invariant psychiatrique qui étend l’angoisse de la
mort individuelle en puissance de mort collective.
Mais l’immaturité de cette
psychose collective de fin du monde écologique explose du fait qu’elle ne veut
pas voir que, s’il faut transférer à l’homme la puissance de se détruire, la
menace nucléaire est beaucoup plus immédiate et beaucoup plus efficace que la
lente destruction écologique.
Seulement la menace de destruction
écologique est beaucoup plus structurelle et structurante et peut donc permettre
à la neutralité de la mort de l’espèce de suppléer à l’angoisse de la mort
individuelle.
La mort de l’espèce est trop grande pour que nous nous en sentions intimement responsables, de quelquh’ystérie que se pare lécoanxiété. La menace planétaire est macrocosmiquement plus dangereuse, mais elle est microscopiquement nulle à l’échelle de l’angoisse existentielle de la survie de l’âme qui est le tout métaphysique de l’être, si toutefois l’être a conservé assez de prise sur lui-même pour se saisir comme être.