Comment rester synthétique et concis après la presque heure pleine que j'ai passée à lire, non en diagonale, mais à la va-vite, ce billet et ses commentaires? Traitons des sujets, au moins de ceux que je me rappelle, j'ai eu le tort de ne pas prendre de notes.
-Dreyfus, un "innocent emblématique" ? Eh bien non, je me répète, au risque d'être taxé d'antisémitisme: un accusé surexposé, un peut-être innocent dont l'innocence a été survendue et surexploitée, jusqu'à ériger en France une nouvel classe d'"intellectuels", composée de ceux qui avaient pris sa défense, sans préjudice de leurs diplômes universitaires; et jusqu'à faire de ce capitaine qui s'est engagé dans la Grande guerre, ce que je ne savais pas et qui l'honore, un général à titre posthume, auquel la veille du 14 juillet devra désormais être consacrée pour faits d'armes inexistants ou insignifiants, un général à titre définitif peut-être à la hauteur de ce général à titre provisoire ou temporaire qu'était le général De Gaulle en 1940: il aurait mieux valu d'après ses thuriféraires qu'on parlât de général Dreyfus plutôt que de général De Gaulle. Manque de chance, il n'aurait pas été en état de reprendre les rennes au moment où De Gaulle "a surgi", il était mort.
-Où De Gaulle a surgi comme Henri IV? Bof, Henri IV a été porté par beaucoup de partisans dont Montaigne. Son abjuration a ouvert la voie à un compromis, mais a ouvert le feu si je puis dire, au démembrement de la civilisation chrétienne, basé non pas sur l'abjuration et donc sur le reniement ou la "relapsation", mais sur le martyre et donc la constance dans l'engagement de la foi donnée. A bas les relapses, vive la relaxe!
-De Gaulle, ce mythologue: "De Gaulle n’avait pas gagné la guerre à lui seul, mais il avait gagné le droit d’en sauver le récit", écrit Finch dans une formule saisissante. Et surtout de cet homme peuvent aujourd'hui se réclamer tous ceux qui veulent:
-ceux qui en font un non aligné frénétique et ceux qui en font un vassal des Américains, Jean-Dominique Merchet l'a bien illustré dans un article de "l'Opinion" qui m'a marqué, en décrivant ses revirements diplomatiques au gré de ses revers avec la puissance dominante qui le prenait de haut au point de lui préférer Giraud pour diriger l'armée d'Afrique pendant la guerre où elle n'aurait fait qu'une bouchée de la France vaincue et capitularde, car De Gaulle passait pour un aventurier quand Giraud paraissait sérieux;
-ceux qui assurent qu'il serait un parangon du souverainisme s'il revenait au pouvoir et ceux, comme Louise Weiss dont il a été question ce matin et ce soir sur "France culture", qui prétendaient puiser dans sa personne leur engagement européen, lui qui avait soumis à Paul Reynaud la chimère de Jean Monnet de fusionner la France et la Grande-Bretagne, soi-disant pour la durée de la guerre, De Gaulle haussant les épaules et agissant sans enthousiasme, mais ne s'en exécutant pas moins en proposant la chimère au président du Conseil dont ce général de cabinet et sans étoile était le soussecrétaire d'Etat à la Guerre.
"Les Gilets jaunes ne pouvaient pas réussir, car ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient" (Robert Marchenoir), formule à la "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font" qui résume bien les raisons de l'échec de cette jacquerie de la classe moyenne inférieure et toujours infériorisée, sous l'effet de cette "machine ressentimenteuse" qu'était notre Révolutions selon Michel Onfray, qui fait peut-être malencontreusement dériver cette génération en haine contre les boomers comme "Nicolas qui paye", le trentenaire à l'affût d'avantages et de places gratuites au théâtre, qui n'en demeure pas moins un des piliers, non pas seulement contributif, mais aussi appartenant à cette "France du travail" qui vaut à ce pays de ne pas s'écrouler, et dont le ressentiment s'explique parce que ceux qui, en 68, s'insurgeaient: "Place aux jeunes!", n'ont jamais fait place à leurs descendants et pour cause: leur révolution sexuelle avait quelque chose d'encratiste, ils auraient pu signer le livre "No kid" de Corrinne Maier, il faut sauver la planète et non nos âmes.
-J'en viens à ce qui me paraît être un inaperçu des commentaires faits sur cette nouvelle "macronnerie" ou, pour être plus poli, à ce nouvel emballement macronien à la sauce "c'est notre projet": "j'aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans." Car Macron étant un peu plus structurés que tous les dirigeants ambigus du monde actuel, mais non moins instable que ses "collègues" à qui il tape la main sur le ventre, me paraît dans une hybris qui pourrait facilement le pousser à trouver une parade pour se représenter, non pas en 2032, mais en 2027, soit qu'il se taille une réforme constitutionnelle sur mesure pour obtenir ce résultat (après tout, n'a-t-il pas nommé Richard Ferrand dans ce but puisqu'il avait pris des positions en ce sens et en la faveur de la tacite reconduction de son mandataire?), soit qu'il démissionne in extremis pour se représenter aussitôt, ce qui constituerait un cas d'école que le Conseil constitutionnel réussirait d'autant moins à trancher que, précisément, il n'a jamais fait école et ne s'est jamais présenté depuis l'absurde limitation du droit de se représenter du président en exercice ayant exécuté deux mandats consécutifs, au terme de la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy en 2008.
-En attendant, Emmanuel Macron fait deux bêtises d'exécution en se projetant dans l'avenir plutôt que de se concentrer sur le présent.
-La première est de demander simultanément à son gouvernement de trouver 40 milliards de baisses de dépense et d'engager une hausse simultanée des dépenses militaires, non seulement pour l'exercice courant des prérogatives de l'armé de notre pays devenu martial après avoir porté une voix pacifique, pacificatrice et universaliste jusqu'au second mandat de François Mitterrand. La France doit en outre contribuer plus massivement au budget de l'OTAN après que "dady Trump" a obligé tous ses partenaires à contribuer à hauteur effective de 5 % de leur budget civil.
-Et puis il engage la Nouvelle-Calédonie dans un processus déloyal (sic) d'indépendance en dépit des référendums qui ont récusé ce processus et au mépris de Nicolas Metzdorf, député loyaliste et macroniste dont Macron a été le Judas déguisé en Jésus. Il parle d'"Etat calédonien" (sic), de "double nationalité", même sous cap de préférence calédonienne dans l'électorat "national" du Caillou, là où on se refuse à parler de "préférence nationale" en France métropolitaine.
Dans la volonté bayrouiste de former un "gouvernement de poids lourds" respectueux des sensibilités sans renouveler les personnalités ou les visages comme aurait dit le chef hologrammatique de l'exécutif que Bayrou a soutenu par dépit, le multinational Manuel Valls a accepté de se commettre à ses basses oeuvres de piloter la sécession de la Nouvelle-Calédonie qui ne demandait qu'à rester française en dépit du "sens de l'histoire" qui n'existe pas et du processus décolonial irréversible. Et ce n'est pas tout à fait une surprise puisque non seulement Gérald Darmanin avait parlé d'"autonomie de la Corse" avant la dernière élection présidentielle, mais que tous ces personnages politiques se sont inscrits avec de petits pieds dans la lignée de Michel Rocard, qui introduisit la notion de "peuple corse" dans le droit français et rêvait à mi-voix d'une Corse et d'une Nouvelle-Calédonie indépendantes. La trahison ne montrera son caractère ultime qu'après le "dernier quart d'heure" du mandat d'Emmanuel Macron qui prétend rester président jusqu'à la dernière seconde indiquée par le chronomètre, où il activera peut-être le détonateur qui fera définitivement exploser la nation façon puzzle.
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