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jeudi 15 mai 2025

Le bullshiter et l'armoire normande

Réactions à chaud à la confrontation sans débat de la droite BRLW (Bruno Retailleau-Laurent Wauquiez):


C'est incroyable, ce que Bruno Retailleau a la voix de Xavier Bertrand. Mais quand il a voulu concourir à la primaire de 2017, XB a pris des cours de mediatraining pour prendre une voix sépulcrale avec laquelle dire des horreurs. BR garde sa voix.


La droite rancie: BR ne récuse pas la sortie de Chirac sur "le bruit et l'odeur". On lui diffuse la séquence, mais on ne lui demande pas de se prononcer sur "le bruit et l'odeur". S'il les confirmait, il serait disqualifié. LW l'a compris, qui reprend l'appréciation générale, mais en soustrait "le bruit et l'odeur". 


BR assume la sortie de Nicolas Sarkozy sur le karcher. Je ne savais pas qu'elle faisait suite à la mort d'un enfant de 11 ans. 


Nos politiques ont vu la barbarie de près: Emmanuel Macron a raconté la barbarie de Gaza dans son interview d'avant-hier, 13 mai. il a vu une femme, a-t-il répété par deux fois dans deux médias différents, dont la colonne vertébrale était brisée, qui pendant six mois, n'a pas reçu de soins et qui néanmoins voulait retourner à Gaza. il y a deux manières d'avoir vu quelque chose: soit l'on a vu le Christ ou un phénomène mystique ou merveilleux qui nous rapproche de Dieu, soit on a vu le mal dans ses répercussions sur l'être humain, et on ne peut jamais oublier cette blessure. 

    François Bayrou a certes giflé un enfant qui lui faisait les poches, mais après une lapidation de la mairie de la Meynau. Donc il n'aurait pas dû se contenter de parler d'un "sentiment de submersion migratoire" éprouvé par les Français: il aurait dû dire que sa gifle, instinctive, mais inadmissible en sa qualité dancien ministre de l'Éducation nationale, était la conséquence de cette submersion lapidatrice sur un lieu civil, emblème de la République. 

    Quand il parlait du kkarcher, Nicolas Sarkozy répondait à une mère et commentait la mort d'un enfant de 11 ans survenue  après les émeutes de 2005 consécutives à la mort de deux adolescents qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique. Bruno Retailleau assume les propos de Sarkozy dont les journalistes omettent de rappeler le contexte, celui de la mort d'un enfant tué par balles par des délinquants et des caïds et qui n'a pas provoqué des émeutes.


La droite rancie+1. BR: il faut refuser toute aide ou toute prestation non contributive aux migrants primo-arrivants. 

  J'ai trouvé refuge trois semaines durant à l'occasion d'un stage que je faisais à Strasbourg dans un foyer pour demandeurs d'asile. Leur plus grand problème était de ne pas avoir le droit de travailler et donc d'être plongés dans l'économie informelle à peine arrivs dans un pays qui devait décider souverainement par la suite s'il pouvait les accueillir ou non.


La droite rancie-1. BR a une intelligence sémantique: parler des "gens honnêtes" plutôt que des "honnêtes gens".


La droite rancie-1. Laurent Wauquiez: "La droite n'est pas l'ennemie des services publics, mais de la fonction publique bureaucratique." Formule reproduite de mémoire."Il faudra diminuer notablement le nombre de fonctionnaires, mais des fonctionnaires de la bureaucratie technocratique et normative. C'est ce qu'il a manqué à François Fillon de savoir expliquer pour que sa stratégie de diminution de la dépense publique soit comprise. Il ne suffit pas de "dégraisser le mammouth" administratif si l'on ne parle pas de redéploiement et si l'on n'étend pas le champ du régalien à la santé, à l'école et au social au sens large, non cancéreux, non socialiste, mais la société a besoin d'accompagnement social, car la majorité de ses couches est menacée par la précarité.


Laurent Wauquiez a un sourir de faux-jeton.


Laurent Wauquiez est un pseudo-disciple et admirateur de sr Emmanuelle et il est désormais favorable à la déportation des OQTF à Saint-Pierre-et-Miclon. Et pourquoi pas un bagne à l'ïle-du-diable tant qu'il y est? La pire extrême droite osait à peine parler comme lui.


Laurent Wauquiez rappelle qu'il est l'arrière-petit-neveu d'Émile Bollaert qu'il présente comme le second de De Gaulle et de Jean Moulin. En face, il envoie une pique à Bruno Retailleau qui, semble-t-il, ne viendrait pas de cette tradition résistante puisqu'il est issu de la tradition vendéenne.

Laurent Wauquiez reproche à Bruno Retailleau d'avoir un poste au gouvernement, mais il voulait y entrer à ses conditions en n'étant ministre des finances. 


Amélie Carrouëre rappelle  à Laurent Wauquiez qu'il est accusé d'être "l'homme du zig-zag idéologique". Il a été le second de Jacques Barot dont le fils Jean-Noël est le ministre des Affaires étrangères d'Emmanuel Macron et le principal opposantà la baisse de  la délivrance des visas proposée par BrunoRetailleau et actuellement accordés aux ressortissants algériens, avec l'irruption du tandem antagoniste Retailleau-Barot contre le tandem antérieur, Retailleau-Migault, qu'Emmanuel Macron a évité de reconduire en proposant le ticket Retailleauà l'Intérieur et Darmanin à la Justice.


Laurent Wauquiez a baissé la dépense publique dans sa région, mais n'a pas lésiné sur ses dîners privés avec les entrepreneurs aux frais du contribuable à raison de quelque mille euros par tête.


Laurent Wauquiez est tellement loyal qu'alors qu'il réclame un cordon sanitaire contre la France insoumise et aspire à une alliance de Gérald Darmanin à Sarah Knaffo, il en écarte le RN par la voie économique et en profite pour trahir Éric Ciotti qui s'était présenté comme président de LR pour porter la candidature de Laurent Wauquiez à la présidence de la République comme  délégué de son parti ou de sa "famille politique", selon lexpression consacrée dans cette droite. Chapeau, lartiste 


Le Français de Laurent Wauquiez: "Toute personne, d'où qu'il (sic)vienne,pourvu qu'il (resic) adhère au projet de la droite, est le (re-resic) bienvenu."Pour lui, notre République, c'est "la cinquième", la cinquième course? Il répète sa confusion pronominale sur la personne et se corrige sur "la cinquième" en y ajoutant le mot de "République". En effet, ça la ficherait mal de l'oublier quand on veut être président des Républicains.

 

jeudi 8 mai 2025

Les papes et moi

A la mort de Paul VI, j'étais en CP et ne savais même pas ce qu'était un pape. Jean-Paul Ier était élu et je trouvais qu'il mourait un peu trop vite pour qu'il faille à nouveau suspendre le temps dans l'attente d'une autorité nouvelle dont j'ignorais à quel point et dans quelle mesure elle devrait m'inspirer. Car en même temps que mademoiselle Berthe nous expliquait ce qu'était un pape, elle nous apprenait l'existence de l'âme et nous donnait à entendre ce qu'il fallait entendre par là. Puis vint Jean-Paul II, sa voix grave et assurée, sa façon inimitable de dire "l'hôme" en disant que l'homme était la route de l'Eglise, idée que je n'ai comprise que bien plus tard tout en n'étant pas convaincu que l'anthropologie soit le fort de l'Eglise. Jean-Paul II m'a touché les cheveux et a touché le visage de Franck qui restera à jamais mon meilleur ami bien que nous nous soyons perdus de vue. L'empreinte de sa main restera à jamais gravée sur ma tête et sur son visage. Nous étions à Rome en 1988 en étant contents d'être là, mais sans vraiment savoir ce que nous y faisions. Je me souviens d'y avoir entendu le frère François-Xavier, de la Communauté des béatitudes, nous débiter d'après la Bible que "ceux qui rêvent sont des fous", mais surtout d'avoir prié dans la grotte d'Assise avec le P. Jacques Philippe, qui devait écrire quelques années plus tard un livre sur la "Liberté intérieure", elle suintait de sa prière calme et tranquille, tant il en était rempli et animé. Plus tard, Jean-Paul II fit un voyage à Strasbourg et s'arrêta même dans l'école où nous avions été élevés Franck et moi. D'où vient que je boudai ce voyage?

En 1993, nous participions aux Journées mondiales de la jeunesse à Denver Collorado. Pastoralement, l'Eglise de France avait déjà pris le pli de rendre son annonce aux jeunes beaucoup plus détendue, même si Jean-Paul II n'en continuait pas moins de mettre la barre très haut, sans que là encore, je comprisse ce que signifiait son message nous disant que l'homme devait être fiidèle à sa conscience. Je ne me sentais pas l'être et, empétré dans une adolescence dont je ne suis jamais sorti jusqu'à ce jour, n'en voyais pas la nécessité, ce qui fut la plus grande erreur de ma vie, ni qu'hors de la compréhension que c'était là la fine pointe du message de ce grand pape, on passait à côté de tout ce qu'il disait. Il mourut le 2 avril 2005. Le lendemain, Nathalie et moi devions nous rendre à Montligeon pour retrouver le même Franck, que son intérêt pour la vie après la mortavait fait comme enterrer civilement dans ce sanctuaire dédié aux âmes du purgatoire. La mort de Jean-Paul II nous avait dévastés.
Puis vint le conclave devant aboutir à l'élection de benoît XVI. Sous l'influence de Louis Daufresne qui chroniquait lévénement sur "Radio Notre-Dame", je pris la liberté d'être critique à l'égard du prochain pape et je découvrai avec une sorte de stupeur qu'il n'était pas nécessaire d'être stalinien quand on était catholique et de penser que le pape était nécessairement conforme à nos affinités électives. Rétrospectivement, je trouve que mal m'en a pris d'acquérir cette liberté et cette distance critique. J'en vins rapidement à considérer que Benoît XVI avait l'avantage de la douceur catéchétique, mais ne trouverait jamais ses marques par rapport à son prédécesseur. Lorsqu'il fut élu, je revenais de visiter le château de Versailles avec mon filleul Simon. Nathalie nous avait préparé un gratin de pâtes et c'est quelqu'un qui travaillait chez nous, Dieudonné, que par jeu j'appelais "excellence" et qui m'appelait "éminence", qui m'apprit sans surprise sur qui le choix des cardinaux s'était porté.
Benoit XVI renonça et laissa la place à françois. Pour la première fois, je me laissai aller à jouer les book-makers. J'avais repéré le cardinal Sarah que je signalais sur "le forum catholique" et qui n'était pas encore la figure de proue des traditionalistes. Je n'étais pas en très bon état le jour de son élection. Je devais accompagner une conférence de carême de mgr Grallet dansl'église que je continue toujours de desservirpuisqu'elle est à côté de chez moi. Le hasard a voulu que nous avions prévu de chanter "la prière de François" en clôture de cette conférence de carême. C'était la première fois que j'entendais ce chant. François me désharçonna par son horizontalisation de la fonction pontificale comme s'il refusait de l'endosser. Je letrouvais à la fois mondain et plein d'Evangile en me demandant à sa mort s'il n'avait pas tellement affaibli la fonction pontificale que le monde n'aurait plus besoin de pape vu la façon dont il l'avait exercée en la banalisant tout en en conservant les oripeaux autoritaires. François est mort en conversation synodale avec l'Eglise qu'il a voulu rendre plus fraternelle tout en s'amputant du "camp" traditionaliste qui m'intéresse par besoin d'une discipline que je ne saurais pas pratiquer et detrouver où me raccrocher dans ce monde déboussolé.

Je ne me suis d'abord pas senti concerné par ce conclave et me dis à présent qu'il ne va pas s'agir de juger le pape qu'il va élire, mais de le recevoir, quel qu'il soit. Et cela me rassérène.