Est-il opportun de le faire comme Kamala Haris qui, dans la foulée de John Kelly qui fut le conseiller militaire de ce président dangereusement imprévisible, prétend qu'il est fasciste et que même il ne cachait pas ses sympathies pour Hitler, comme bon nombre de suprématistes blancs, qui ne savent pas combien leur univers mental et géographique est éloigné de celui de l'ancienchancelier allemand devenu Fuhrer, même si l'ascendance germanique de Trump et son attirance exclusive pour des femmes issues de laMitteleuropa peuvent interroger sur ce curieux atavisme. Tous les experts s'accordent à nier l'argument d'opportunité, mais si l'on examine le critère de vérité, on est bien forcé de penser que John Kelly doit savoir ce qu'il dit quand il a entendu Trump lui dire qu'Hitler n'avait pas fait que de mauvaises choses, ce que j'ai entendu dire à des Alsaciens de la génération qui me précède, s'applaudissant que, sous le régime nazi, le chômage avait disparu et qu'on avait construit les autoroutes allemandes.
Certains opposent le fascisme supposé de Trump à un "populisme autoritaire". Le premier serait hiérarchique et descendant, le second serait ascendant avec des penchants dictatoriaux. La distinction ne meparaît pas beaucoup féconder la réflexion ni enrichir le discernement.
Lorsque Trump a été élu en 2016, j'avais écrit qu'il embrassait les intérêts des déclassés sudistes américains tels que Falkner avait aimé les décrire. Ça me paraît beaucoup moins vrai aujourd'hui et je rejoins un analyste qui estime que Trump avait perdu le peu de culture qui le ratachait encore à la démocratie américaine, sans parler du respect de la constitution. Son discours s'est radicalisé, il est devenu de plus en plus bas de plafond et insultant pour son adversaire. Le ressort de ce discours eqt qu'en tout état de cause il ne peut pas perdre et que, sur tous les sujets, il a été, est et sera le meilleur et a fait, fait ou fera les choses les plus spectaculaires et les plus extraordinaires alors que son adversaire est incompétente, dangereuse, ou encore, comme il l'a dit l'autre soir à New York, "un accident industriel de l'histoire américaine" issue de ces communautés qui "gâtent le sang américain" comme les latinos, "mangent les chiens et les chats" comme les haïtiens, ou proviennent d'une " île flottante de déchets" comme les Portoricains. Les uns et les autres apprécieront.
Mais si on s'interroge du point de vue de la paix mondiale qui devrait être celui des Européens qui se sont dévoyés dans un soutien inconditionnel à l'Ukraine sans jamais mettre en parallèle l'agression commise par Vladimir Poutine et les crimes perpétrés par Benyamin Netanyahou, ne doit-on pas conclure que l'autoritarisme verbalement violentiste de Trump sera plus pacifique que le bienveillantisme avortif et progressiste de son adversaire?
J'écoutais avant de rédiger ces réflexions l'émissions "Affaires étrangères" de christine Ockrent qui expliquait qu'en ce qui concerne l'Ukraine, deux camps se font face, qui jouent aussi de bien des paradoxes: d'un côté l'Allemagne et les États-Unis qui, tout en étant les premiers contributeurs en armes et en subsides dans lepuits sans fond de l'aide à l'Ukraine, redoutent l'escalade, font preuve de prudence et veulent certes qu'à la fin du conflit, l'Ukraine, tout en ayant cédé des territoires aux Russes, rejoignent le camp occidental comme les Ukrainiens le souhaitent en contradiction totale avec leur destinée manifeste, sauf si l'on se réfère au caractère agricole de ces anciens koulaks qui, à cause de cela, ont été matés par l'olodomore qui est une prolongation de la NEP par d'autres moyens. Et de l'autre côté, il y a les Français d'Emmanuel Macron ("il ne faut pas humilier la Russie") et les Britanniques post-brexit qui pensent qu'il faut absolument que l'Ukraine entre dans l'OTan qui serait "en état de mort cérébrale" si Trump revenait au pouvoir, selon le diagnostic d'Emmanuel Macron lors du premier mandat de Trump et rétrospectivement, il aparaît que si elle l'avait été, elle aurait obligé les deux parties russe et ukrainienne à négocier au lieu de perdre deux ans de massacre et d'épuisement d'une Ukraine gavée d'aide malgré sa propension à la corruption et surarmée, tout en se montrant incapable de la moindre offensive militaire de poids contre l'ours russe.
Dans la même émission, ici mise en lien:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-etrangeres
j'entendais François Heisbourg, auteur d'un "Monde sans l'Amérique" aux éditions Odile Jacob, dire que si on ne veut pas que l'Ukraine entre dans l'OTAN, on ne fait rien pour elle. Je ne peux pas m'empêcher de penser au contraire que cette perspective est très dangereuse, comme celle qu'elle intègre une Union européenne qui vit les derniers soubresauts d'une longue agonie et qui, si elle nemeurt pas de sa bureaucratie libérale, sera emportée comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, de trop vouloir s'élargir.
Reste la question israélienne où les démocrates sont, sur le papier et en paroles, plus équilibrés que le républicain d'extrême droite qu'est devenu Donald Trump, car l'extrême droite occidentale est devenue ultrasioniste et c'est peut-être le prix qu'elle a dû payer pour occuper aujourd'hui le haut du panier de la politique internationale. Est-ce que les accords dits d'Abraham que Trump a fait signer à Israël, l'Égypte et l'Arabie sahoudite ont réellement représenté un progrès de la politique pragmatique? Le soutien sans frein à Israël n'est-il pas un acommodement moral totalement disproportionné face à la gravité de la situation qui sévit au Moyen-Orient où soixante-quinze ans de l'existence d'Israël riment avec soixante-quinze ans de guerre et de déstabilisation de la région, c'est un bilan qu'on peut et qu'on doit faire aujourd'hui. Mais les États-Unis ne conduisent-ils pas toujours la même politique dite atlantiste quels que soient les présidents? Je sais gré à Joe Biden d'avoir essayé de prévenir Israël contre les dangers d'une riposte onze-septembriste. Mais ce discours s'est révélé impuissant puisqu'on peut observer le même paradoxe que dans sa position ukrainienne: l'analyse politique était solide, mais elle n'a pas été suivie d'effet, parce que l'Amérique n'a rien fait concrètement pour retenir le bras d'Israël.
Il est triste de voir que Trump se pose en héraut de la morale évangélique en paraissant si loin des préoccupations chrétiennes et triste encore de constater que son pacifisme a beaucoup de rapports avec ce qu'a toujours été le pacifisme européen d'extrême droite: il cache beaucoup de lâcheté et de violence à l'intérieur du pays qui ne veut pas se battre. Je crois néanmoins que la paix mondiale mérite mieux que la tradition va-t-en-guerre qui a ét initiée par Bil Clinton dans sa désignation d'Oussama Ben Laden comme ennemi public mondial n° 1, si elle a été incarnée par George Bush et donc par le camp républicain dans son absurde "guerre (mondiale) contre le terrorisme" disséminé et qui est une guérilla.
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