"Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre les miens, c'est à Moi que vous l'avez fait."
Longtemps je me suis dit que cette Parole de Jésus (la parabole(?) du jugement dernier en Mt XXV) était réconfortante, apaisante et attirante. Attirante parce qu'on a envie de rencontrer et de trouver Jésus dans les pauvres, on a envie d'aimer les pauvres, on a envie de s'apitoyer sur eux. Réconfortante et apaisante parce qu'on croit qu'on le fait instinctivement.
Mais quand on se retourne sur sa vie, on s'aperçoit qu'on est très loin du compte. A-t-on servi ceux qu'on aimait quand en eux, l'autre devenait pauvre?
Je me souviens de ma première visite à la chapelle de la médaille miraculeuse. J'étais un jeune étudiant désargenté de 17 ans et demie. Un mendiant, Antony, me demanda 50F que je ne lui donnai pas. Il me demanda de l'héberger. Je compris que si je consentais, j'entrais dans un engrenage et je refusai. Toute ma vie a été à l'avenant. Comment ai-je aimé les pauvres? Peut-on se sauver aisément à travers les paroles de Mt XXV?
Mais la question qui intitule mon post en entraîne une autre corollaire: dans quelle mesure peut-on aimer les pauvres si l'incitation qui nous en est adressée induit qu'on ne doit pas les aimer pour eux-mêmes (ils sont trop sales, ils sont trop moches), mais dans l'espoir d'y trouver Dieu ou de les aimer en fonction de Lui, comme un devoir à accomplir ou comme un service à Lui rendre? Les pauvres sont-ils à ce point quantité négligeable qu'on doive les instrumentaliser?
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