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dimanche 11 janvier 2015

Je ne suis pas Charlie, moi, c'est Julien!

Je ne suis pas Charlie et je n’approuve ni les Charlie de gauche ni les Charlie d’ultradroite qui sont des Charlie sans le savoir. Témoin cet autre commentaire publié sur le métablog pour poursuivre mon dialogue passionné et contrarié avec l’auteur de ce blog. Pour consulter l’article : http://www.ab2t.blogspot.fr/2015/01/a-propos-dune-phrase-de-manuel-valls.html D’abord revenons brièvement sur l’atentat contre « Charlie hebdo ». Non pour le justifier, mais pour le comprendre. Isabelle nous en a donné le ressort : à quoi bon déplorer les incendies si on confie des allumettes à des pyromanes ? Ou en d’autres termes, pourquoi chatouiller la kalachnikovs et s’épouvanter ensuite que celui qui la tient soit violent ? Et se montre tel qu’on avait toujours présumé de lui ? Je Notre tour viendra, c’est à craindre à moins d’avoir l’espérance du martyre, mais ces criminels islamistes sont des gens conséquents. Ils ne nous tuent pas les premiers. Ils tuent les premiers ceux qui les ont méprisés avec une subtilité de perversion qui, à ce stade, est d’unesaloperie suprême. Un provocateur (je le sais, j’en suis un) est responsable si la personne qu’il provoque cède à ses provocations. En ce sens, les journalistes de « Charlie hebdo » sont responsables de leur mort. Mais ils avaient (Charb surtout) un courage de fillettes : je suis loin de penser qu’ils auraient bien rigolé de voir la République et jusqu’aux maîtres du monde leur rendre l’hommage d’un deuil national et d’une « marche républicaine » mondialisée. Ça ne les dérangeait pas d’être des « journalistes antiflics » sous protection policière. Du moins ça ne dérangeait pas charb. Car je crois qu’il y a une différence à faire, humainement, entre Charb et Val (heureusement toujours en vie) d’un côté et Cabu, Wolinsky ou Bernard Maris, qui avaient une vraie générosité et dessinaient comme d’autres sont chansonniers. Je n’aime pas votre chanson, Monsieur l’abbé, encore moins votre soupe froide que votre café chaud. Enregistrons votre inflexion que nos dessinateurs et leurs petites mains sont des « martyrs par position ». On vous a repris et démontré qu’ils n’étaient pas des martyrs, puisqu’ils ne se voulaient nullement des « témoins volontaires » de la liberté et de ses responsabilités. Prendre ses responsabilités devrait être la première vertu de l’homme civilisé. Mais vous n’en pipez mot. Au contraire, vous changez de peau et passez du traditionalisme au « droit-de-l’hommisme ». Si je vous « juge à l’intérieur de vos propres valeurs » selon le beau mot dont Beauvoir disait que Sartrefaisait avec ses vis-à-vis, ça ne vous grandit pas. Vos circonlocutions à propos de l’admiration ponctuelle et subreptice de rousseau pour la politique mahométane ne convaincra aucune personne de bonne foi que l’islam et la république auraient une connivence secrète, fondée sur un commun juridisme statolâtrique. Si ça vous amuse… La connivence aurait été plus originelle et profonde si Rousseau avait noté que le Dieu de l’islam n’est en effet pas très différent de celui du vicaire savoyard. Mais cela ne lui est pas tombé sous la plume. La connivence et le renvoi dos à dos ne viennent sous la vôtre, couronnés par l’accusation de fascisme comme un bon retour à l’envoyeur, que pour qu’on en croie votre enthimème : la civilisation est un ordre, la République est légaliste, donc l’islam n’est pas civilisé. Ça vous fait du bien de décocher ce genre de flèches. Dans le passé, vous avez prétendu aussi qu’il n’y avait pas de « fides islamica ». Vous n’avez pas été non plus tendre avec la République ? Qu’à cela ne tienne : puisque vous voilà tout frais converti à son droit-de-l’hommisme, elle vous le pardonnera. Elle prendra pour des foucades la confusion que vous faites d’elle avec l’islam. Elle fera bien puisque ce ne sont que des foucades en effet. Vous vous perdez en nuances sur la différence entre la « guerre de civilisation » et « l’autodéfense du peuple » en quoi vous faites consister l’essence de la démocratie en un invraisemblable imbroglio politique dont vous avez la primeur. Rassurez-vous, vous n’entrez pas en dissidence. Au fond vous êtes trop « bien élevé » pour être dissident. Par foucade, vous accusez la République de connivence avec l’islam au moment où elle vous donne ce que vous voulez : une bonne « guerre de civilisation » ou d’« autodéfense du peuple », avec Bib Netanyahou en invité spécial, ce qui est une déclaration de guerre à nos ennemis terroristes. Une version française du « 11 septembre culturel », avec ce brave type un peu ahuri de Hollande dans le rôle de «Bush, l’imbécille heureux » et le duo BHL-Kouchner dans celui des néoconservateurs à la française. ON les avait déjà vus tous les trois (avec Sarkozy en guest-star) les répéter en Libye, en Centrafrique ou au Mali, mais là, c’est la version définitive de la comi-tragédie dont le peuple s’autodéfendant sera la victime très assurée. Croyez-vous qu’il a autant de valeur militaire que de valeurs républicaines ? En tout cas ces valeurs ne le rassurent guère dans son identité puisque tout le monde se prend pour Charlie. Je soupçonne même que les valeurs sont le contraire de l’identité.

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