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mardi 12 novembre 2024

La victoire de trump analysée par deux journalistes démocrates

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https://www.google.fr/search?q=Claire+Meynial&sca_esv=2082a285961d999d&source=hp&ei=jCgzZ6uFKriKkdUPkYi8oQY&iflsig=AL9hbdgAAAAAZzM2nLapLW3uMKbyWWFXZKDBLn7uD1fq&ved=0ahUKEwir-_LrxdaJAxU4RaQEHREEL2QQ4dUDCBw&oq=Claire+Meynial&gs_lp=Egdnd3Mtd2l6Ig5DbGFpcmUgTWV5bmlhbDIIEC4YgAQYsQMyBRAAGIAEMgUQABiABDIFEC4YgAQyCBAAGIAEGKIEMggQABiABBiiBDIIEAAYgAQYogQyCBAAGIAEGKIESLg5UABY3hBwAHgAkAEBmAGzBaAB4CaqAQkyLTIuMi4zLjS4AQzIAQD4AQGYAgqgAvoiwgIREC4YgAQYsQMY0QMYgwEYxwHCAhAQABiABBixAxiDARiKBRgKwgIREC4YgAQYsQMYgwEY1AIYigXCAgsQABiABBixAxiDAcICCBAAGIAEGLEDwgIOEC4YgAQYsQMYgwEYigXCAgsQLhiABBixAxiDAcICCxAuGIAEGMcBGK8BwgIREC4YgAQYsQMY0QMYxwEYigXCAg4QABiABBixAxiDARiKBcICBBAAGAPCAhEQLhiABBixAxiDARjHARivAcICBhAAGBYYHpgDAJIHCTItMi4xLjUuMqAHjZEB&sclient=gws-wiz

analyse la victoire de Trump vue par une journaliste française, #ClaireMeynial, plus près du parti démocrate que du parti républicain bien qu'elle travaille pour "le Point" si je puis dire, encore qu'il n'existe pas à proprement parler de journalistes de sensibilité républicaine à l'américaine dans la grande presse française. Claire Meynial est interviewée par #WilliamReymond qui, après s'être intéressé à pas mal de sujets sulfureux liés aux Etats-Unis, comme l'assassinat de John Kennedy, y a fait souche, y vit à Las Vegas, doit y jouer un peu au poker tout en restant un "junky de la politique" dévasté par la victoire de Trump qu'il n'avait pas vu venir, n'ayant pas eu, me semble-t-il, assez de distance avec "la campagne de Kamala Harris", contrairement à sa collègue, que ses affinités n'ont jamais empêché d'être objective. Leur conversation est très riche d'enseignements.

D'abord sur l'apparente inconstance des électeurs: tel électeur démocrate vote pour Kamala Harris tout en approuvant que son État expulse manu militari des immigrants clandestins. Telle autre estime que "l'avortement fait partie de ses valeurs", mais vote quand même pour Trump à cause de l'économie. Si l'on devait comparer cette inconséquence des électeurs américains à celle des électeurs français, on pourrait se demander comment des marcheurs de "la Manif pour tous" ont pu constituer la base électorale la plus solide d'Emmanuel Macron plébiscité par la bourgeoisie catholique bien qu'il inverse toutes leurs valeurs. Ou encore on peut se demander comment des électeurs de l'ancien Front national pouvaient à ce point se dire nostalgériques et cultiver la nostalgie de l'Algérie qu'ils n'auraient jamais dû quitter tout en professant le plus grand mépris pour les immigrés qui en provenaient, eux-mêmes faisant bien peu de cas de l'indépendance qu'ils avaient chèrement payée.

L'avortement peut-il être considéré comme une valeur? Claire Meynial avoue que c'était le thème dominant et quasiment unique de la campagne de Kamala Harris. Elle a donc élaboré un programme au moins offrant, car à supposer que l'avortement soit une valeur, idée qui me choque, c'est a minima une valeur par défaut. Kamala Harris ajoutait bien qu'elle voulait être la candidate des classes moyennes, mais en cela elle faisait du Joe Biden en 2020, c'est-à-dire qu'elle collait au train de Trump qui les avait comprises et ses chalengers ne pouvaient que l'imiter dans leur empathie affichée, qui se heurtait à l'incapacité de Kamala Harris de détailler précisément les plans qu'elle assurait avoir pour redresser l'économie américaine, excipant des "bidenomics" qui étaient censés avoir limité l'impact de l'inflation sur les Américains, ce que contredisaient les électeurs que Claire Meynial interrogeait, un peu comme on a vu, à l'arrivée de l'euro, qu'on nous affichait une inflation à 2 ou 3 %, quand l'"inflation ressentie" pour employer une métaphore appartenant à la température et au climat, était d'au moins 20 %. Ce qui était sûr était que les salaires n'avaient pas augmenté au niveau de l'inflation. Un peu comme ici, où le refus d'encadrer les loyers a fait que le logement est le premier poste budgétaire des ménages, largement au-dessus des 35 % qui doivent lui être consacrés pour qu'une banque accorde un crédit dans le cadre de l'accession à la propriété, et où les tarifs de l'énergie ont augmenté depuis que les USA ont fait un Pealharbour sur Nordstreame et ont obligé les Européens à acheter du gaz américain en se privant du gaz russe, tout en ne renouvelant pas leur parc nucléaire.

Le pouvoir personel est par essence charismatique. Si l'homme ou la femme de pouvoir ajoute la compétence à son charisme, c'est très bien. Sinon, c'est dangereux, mais c'est la loi du pouvoir personnel appliqué à la démocratie. Sous ce rapport, Kamala Harris n'a jamais "imprimé", car elle n'arrivait pas à sortir de son speech, y compris sur CNN face aux électeurs, accuse Claire Meynial, au contraire de Donald Trump, dont ses électeurs se moquent bien des détails de ses prises de parole, car ils viennent l'écouter et le voir comme les fans desRooling Stones allaient voir et écouter Mick Jagger. La comparaison est d'autant plus appropriée que, dans ses discours, Trump parle "un peu de tout et de rien", au gré de ce qui lui passe par la tête.

On a accusé les électeurs de Trump de quitter ses rallyesune heure avant la fin, dénonce encore la journaliste qui s'est immergée au coeur du Trumpland. Mais ils attendaient quinze ou seize heures avant le début du meeting et dès qu'ils avaient vu leur idole aparaître, ils avaient leur compte et étaient murs pour refaire la queue encore deux heures sur le parking.

William Reymond note que l'Altright a su s'emparer comme chez nous les acteurs de la "réinfosphère" des médias alternatifs, souvent au long de longs formats vidéos, des médias alternatifs qui font vraiment de la télé "l'ancêtre d'Internet", comme auraient dit les Guignoles. La complicité qu'ils instalent avec leuraudience ou leur public se fonde sur une communauté de valeurs. Et Reymond de noter que Trump ne s'est jamais posé en adversaire acharné de la communauté LGBTQ+, mais s'est mis à dire en fin de campagne, non plus que les immigrants mangeaient des chiens et des chats, mais que des parents confiaient à l'école un petit garçon qui s'appelait Jimmy le matin et quileur revenait le soir en s'appelant Janny, non pas qu'il ait subi une transition de genre en une journée, précise Claire Meynial, mais il est vrai que des professeurs peuvent leur avoir mis dans le crâne qu'"ils sont nés dans le mauvais corps, surtout aux petites filles. J'ai 48 ans, ajoute-t-elle. À mon époque, presque toutes les jeunes filles étaient anorexiques. Aujourd'hui, la plupart des jeunes filles voudraient devenir des jeunes hommes" et intériorisent le "défaut de pennis" par lequel se définitla femme selon Freud, "la femme qui n'existe pas" selon Lacan..."Qu'il y ait eu de tout temps un certain pourcentage de gens qui ne se sentent pas bien dans leur identité biologique et doivent en changer est un invariant anthropologique, mais pas à cette échel, alertent les médecins dans des études alarmées", ajout-t-elle. "Et rien ne dit que la transition de genre faite sans enquête ni thérapie préalable apporte du mieux-être au trop grand nombre d'adolescents qui la demandent, c'est plutôt le contraire qui paraît être vrai".

En un mot, ces démocrates de bonne foi ne donnent pas raison sur tout aux analyses de Trump et encore moins à soncomportement transgressif, mais malgré eux, ils en viennent à déplorer que le bon sens non dégénératif ait manqué aux démocrates pour emporter cette élection, de l'inflation à la théorie du genre qui était censée ne pas exister, nous assurait-on en France en 2013. La politique du moment semble vouloir mettre nos perceptions à l'envers et le faire à tout bersingue, et non avec la lenteur des "habitus" que l'on change avec parcimonie, expliquait en son temps Pierre Bourdieu, à supposer qu'il n'existe pas de nature humaine. 

Le "fight" de Trump

Le "Fight" de Trump m'a beaucoup fait réfléchir. 

Lorsque le pape Jean-Paul II a été victime d'un attentat, luiou son staff se sont ingéniés à écrire que la Providence avait détourné la balle  pour réaliser le troisième secret de Fatima. Cette lecture un peu convenue ne convaincra que les providentialistes les plus défraîchis. 

Jean-Paul II s'est ligué avec Ronald Reagan pour désarmer la Russie soviétique. Son successeur préfère les ponts qu'empruntent les passeurs pour se livrer au trafics humain aux murs trumpiens. Moi qui ai applaudi à la chute du mur de Berlin (je m'en souvenais encore ce matin avec un ami organiste), je ne juge pas, j'expose, et je constate que le Vatican de François ne s'alliera jamais aux États-Unis de Trump. 

Dont l'angoisse identitaire lui paraît méprisable, comme est anti-évangélique la réaction instinctive -et tellement plus vraie qu'une promesse électorale- par laquelle Trump accueillait sa mortqui pouvait le faucher d'une seconde à l'autre en ne disant pas tant aux autres: "Vengez-moi" que "luttez pour qu'il ne vous en arrive pas autant". Rien de plus contraire au "tendez l'autre joue" qui devrait être la boussole des électeurs évangéliques de Trump. Y aurait-il une dissonance cognitive entre l'Évangile et les évangéliques? Ce ne serait pas la première fois que des chrétiens seraient pris en flagrant délit de ne pas pratiquer l'Évangile. 

Nulle référence évangélique dans ce sursaut dont Raphaël Glucksmann concédait que Trump opposait à la résignation générale une "incroyable puissance de vie" qui avait convaincu ses électeurs. Ce sursaut n'a pas davantage le providentialisme rétrospectif d'un Jean-Paul II se félicitant d'avoir pu régner quelques vingt-cinq ans de plus. Mais il fait écho àla manière dont le P. Jacques Hamel avoulu résister à son agresseur: "Retire-toi, Satan", cri dans lequel (les ecclésiastiques ne l'ont jamais relevé) un terroriste devenait le diable en personne. 

lundi 11 novembre 2024

Il était une fois l'Europe

Il était une fois l'Europe. Une Europe qui, avec Maastricht, rêva d'êtr une puissance autonome, indépendante de l'axe transatlantique, à l'autre pôle de l'Occident; dont la Russie rêva si fort qu'elle demanda à la rejoindre et François Mitterrand ne fut pas insensible à son appel; puis qui fut rattrapée par la réalité, parce que l'économie dominante du pays dominant de la confédération européenne, l'Allemagne pour laquelle canaliser il fallait confédérer l'Europe, dixit  Robert Schumann dans le chapitre central de son "Pour l'Europe", voulait appuyer son hégémonie sur le pays dont la monnaie dominait le monde en croyant réparer, par son alliance avec un autre pays protestant, millénariste et messianique, les abominations du régime nazi qui lui avait fait perdre le droit moral à  son influence philosophique et spirituelle idéaliste. 
Il était une fois une Europe surprise par la première élection de Donald Trump au point que le pays sus-cité avoua son écoeurement par la bouche d'Angela Merkel; qui se refit la cerise quand Joe Biden l'emporta sur Trump et réintégra la communauté climatique des Accords de Paris en poussant l'Ukraine dans une riposte ingagnablecontre son envahisseur, une Ukraine où le fils du président américain qui semblait un peu dépassé pour faire de l'escalade avait nourri de juteux et douteux conflits d'intérêt; une Europe qui s'était fondée sur l'idée d'une "paix perpétuelle" à la Kant et qui croyait se refaire sur la guerre parce qu'un pays de l'ère russe venait de se faire envahir pour avoir voulu devenir occidental contre sa destinée manifeste; et pour finir une Europe qui se retrouve toute seule et se voit dans l'obligation de devenir une puissance ou de se dissoudre et d'abdiquer son rêve confédéral sous la pression conjuguée d'une Amérique qui ne veut plus faire alliance avec elle et d'une Russie qui veut faire alliance avec la nouvelle Amérique.

vendredi 8 novembre 2024

Emmanuel Todd et le cléricalisme

S'il est un débat qui agite l'Église de François Gambetta, oh pardon, je voulais dire du pape François (j'ai commis cet impair parce que Gambetta fut le premier à s'écrier: "Le cléricalisme, voilà l'ennemi"), c'est celui qui fustige à contre-temps, me semble-t-il, la relation de sujétion qui jetterait les clercs sous le joug des laïcs alors que ceux-ci ont depuis longtemps cessé d'être des notables, ne sont pas respectés au-dessus de la moyenne, administrent leurs paroisses avec leurs conseils pastoraux, au moins dans une Europe où les laïcs veulent s'émanciper (en Afrique il n'y a pas ou peu de diacres), le désir de reconnaissance n'ayant pas été traité par le Christ, pourtant réputé Maître du désir, quand Il a parlé du "serviteur inutile qui n'a fait que son devoir", ce désir non traité retombant sur l'Eglise qui "précède le Christ" au plan anthropologique, car la nature humaine a besoin de faire corps.

Le cléricalisme, débat anachronique, me disais-je, d'autant que le christianisme sociologique a à peu près disparu, ce que je ne croyais pas voir de mon vivant, et que les communautés chrétiennes sont plutôt devenues de belles réalités humaines.

Mais ce matin, je tombe sur ce passage du livre d'Emmanuel Todd, "la Défaite de l'Occident" (Emmanuel Todd, dans son anti-charlisme que pourtant je partageais, avait en son temps traité les catholiques de zombies), qui à la fois me conforte et me désharçonne dans ma conviction que le cléricalisme est un débat anachronique:

« Si je vois dans la capacité de lire et d’écrire le fondement de la démocratie, ce n’est pas seulement parce que l’alphabétisation permet de déchiffrer les journaux et de choisir son bulletin de vote, mais parce qu’elle nourrit un sentiment d’égalité, pour ainsi dire métaphysique, entre tous les citoyens. Lire et écrire, ce qui était l’exclusivité du prêtre, estdésormais le propre de tous les hommes.
Or, ce sentiment d’une égalité démocratique de base semble, en ce début du troisième millénaire, tarie.
L’élitisme et le populisme [se font face]. Les élites dénoncent une dérive des peuples vers la droite xénophobe et les peuples soupçonnent les élites de sombrer dans un globalisme délirant. Si le peuple et l’élite ne sont plus d’accord pour fonctionner ensemble, la notion de démocratie représentative n’a plus de sens. On aboutit à une élite qui ne veut plus représenter le peuple et à un peuple qui n’est plus représenté."

Ce débat interne à la société démocratique où l'alphabétisation fait que le cléricalisme est dépassé est-il transposable à l'Église? Je dirais qu'il se pose en d'autres termes.

-A priori, le pape est populiste. Le pape veut transférer son infaillibilité au "peuple de Dieu", expression conciliaire inconcevablement présomptueuse et dont je ne comprends pas qu'elle continue de faire florès. Il est populiste au point que c'est du sommet de la pyramide que s'élève (ou que s'abaisse) la dénonciation du cléricalisme. Le sommet de la pyramide cléricale est anticlérical.

-Et c'est également aussi l'élite des clercs et des laïcs qui converge dans cet anticléricalisme synodalisant. La moyenne des fidèles et du clergé s'en fiche. Il n'a pas besoin devoir désigner par la réalité synodale une vie paroissiale qu'il vit déjà. Il n'a pas besoin de réfléchir sur ses structures, mais à sa vie spirituelle. Il n'a pas besoin d'autoréférentialité, mais de décentrement transcendental.

-Tout se passe comme si on assistait dans l'Église à une inversion du sentiment de déshérence démocratique qui a lieu dans la société. Ce sont les élites qui sont anticléricales et populistes et le peuple fidèle qui est clérical et attaché à ses institutions. Est-ce à dire qu'il a besoin de l'aiguilon d'un enfer xénophobe si le propre de l'institution est de produire du sacré, que le peuple a besoin de sacré et le sacré sépare? La démocratie représentative qui met tout le monde à l'unisson repose sur l'illusion d'une égalité des conditions, mais se révèle plus séparatiste en bout de course démocratique, quand les inégalités se creusent au point de ne plus faire tendre l'un vers l'autre le prolétariat et la bourgeoisie, mais de creuser les écarts entre des gens très éduqués et d'autres qui en sont encore à décliner "les besoins fondamentaux de la nature humaine" tels que nomenclautrés par Simone Weil dans "l'Enracinement".

L'art de la conversation est devenu très difficile en démocratie où pour peu qu'on soit non seulement raciste et négationniste comme c'était le cas hier, mais désormais climatosceptique, covidosceptique et moyennement favorable à la neutralisation des genres, les opinions sont criminalisées et on est exfiltré du monde commun, au milieu du déboulonnage talibanesque des statues de feu nos commandeurs qu'on croyait pouvoir déclarer "santo subito".

Et c'est à ce contre-momentum d'incompréhension paroxystique que l'Église voudrait engager une "conversation synodale" tout en restant sur un trépied où il y aurait d'une part les clercs, d'autre part les laïcs et d'un troisième côté le pouvoir qu'ils voudraient bien se partager, dans une Trinité bizarre où il ne resterait plus que du pouvoir à partager parce que, dans cette société humano-divine, le désir de reconnaissance n'a jamais été pris en compte par son divin Maître qui l'a magistralement ignoré. L'Esprit est aussi le membre entièrement relationnel de la Trinité divine, tout comme dans le mariage, il est censé y avoir l'homme, la femme et l'amour. Mais dans le trépied créé par le non aboutissement du synodeà une fusion totale du sacerdoce ordonné dans le sacerdoce commun des baptisés, le sommet de la pyramide répugnant à faire le saut qualitatif par peur des schismes et de crainte que "le peuple de Dieu ne soit pas prêt" (il ne sera jamais prêt), dans ce trépied le pouvoir a pris la place de l'amour et en cela consiste à mes yeux l'erreur de perspective de parler de cléricalisme, concept flou qui semble faire ressurgir des querelles médiévales. 

jeudi 7 novembre 2024

Le monde a-t-il quelque chose à gagner à la victoire de Trump?

Quel avenir présage la victoire de Trump? Cette question me paraît plus intéressante que celle de savoir de quoi Trump est-il le nom en Amérique ou de quoi la victoire de Trump est-elle le nom au plan mondial et américain (pardon, en posant ces questions, d'inverser le sujet dans des propositions interrogatives indirectes). Il ne faut cependant pas éluder ces questions premières. Aux États-Unis, Donald Trump est le nom dun milliardaire qui ne s'est pas fait tout seul et qui a envoyé au peuple américain deux messages contradictoires: celui du producteur de téléréalité qui disait "vous êtes virés" aux gens des classes moyennes et celui qui, sans avoir réalisé le rêve américain ni être monté par son ascenseur méritocratique, finit par l'incarner aux yeux de certaines gens d'en bas; autrement dit celui de l'escroc un peu failli qui refuse l'échec et renaît de ses cendres selon une conception très américaine de la résurrection de la chair;ou encore celui de l'homme d'affaires qui se prend à son propre jeu et épouse l'intérêt des classes moyennes ignorées et en perdition qu'il avait méprisées par tempérament, mais auxquelles il avait donné un spectacle qui a fini par le griser lui-même. Donald Trump est le nom d'un jetseteur et d'un nigt-clubeur évangélique.

Comme le disait Didier de Plaige, le fondateur de "Radio ici et maintenant", au lendemain du 21 avril 2002 (je n'ai jamais oublié cette réaction qui m'a immédiatement paru beaucoup plus salubre que toutes les élucubrations que j'émettais alors dans un journal politique que je n'ai jamais publié jusqu'à ce jour), la victoire de Trump est le nom d'un corps social qui est tellement malade qu'il n'a plus d'autre ressource que de s'en remettre à un homme pénalement condamné, accusé de viol, misogyne, insultant, instable, mais à qui il fait crédit de restaurer la paix mondiale. Réaction insalubre, car c'est s'abandonner aux méandres d'un homme imprévisible plutôt qu'aux courbes apparemment sécurisées d'une histoire par essence sinueuse et inconnue. C'est, comme pour les Russes avec Poutine, s'abandonnerà un destin pour ne pas perdre sa destinée ou à défaut l'espoir de conserver une destinée. En ce sens, la réaction est salubre, qui se confie à n'importe qui plutôt que de s'en remettre à des forces qui ont maintes fois prouvé qu'elles se retournaient contre les buts qu'elles affichaient.

Mais pour répondre à la question initiale de ce petit billet, la victoire de Trump est le nom d'un espoir de paix mondiale et de guerre économique contre un fait accompli de guerre mondiale en devenir et de paix économique relative où la loi de la jungle était tempérée par ce qui restait de l'OMC. Cet espoir peut se réaliser si Donald Trump, non pas règle le conflit en Ukraine en vingt-quatre heures après s'être vu rouvertes les portes de la Maison blanche, mais s'il préside à la désescalade et à la négociation entre Russes et Ukrainiens. Mais il y a un caillou dans la chaussure de cet espoir de paix paradoxale: jusqu'où ira le soutien de Trump à Israël? Car deux guerres d'une même barbarie secouent l'Eurasie:l'agression de l'Ukraine par un Vladimir Poutine ivre de sa sécurité et l'invasion multifrontale d'Israël à tous les pays environnants ou qui soutiennent les milices qui la menacent ou qui l'agressent. Si Donald Trump prend unilatéralement le parti de Netanyahou comme celui de Poutine, le monde n'aura rien à gagner à la victoire de Trump. Heureusement, sa dernière fille a épousé un Libanais et lenépotisme trumpien prend souvent le parti de ses gendres, ce qui a fait récemment dire à Donald Trump qu'il voulait mettre fin aux souffrances au Liban comme il a fait signer ce pis aller qu'étaient les accords d'Abraham sous l'influence de Jared Kuschner, mari d'Ivanka. 

vendredi 1 novembre 2024

Haro sur Gérard Haraud ou réflexion sur le travail et la patrie?

En écoutant #GérardHaraud sur #FranceCulture qui lui consacre une série en cinq entretiens de son émission "À voix nue",
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue
il me revient que je fus longtemps à ne pas m'intéresser à ce que disait ce diplomate dont les positions me paraissaient frappées au coin du "politiquement correct" jusqu'au jour où, par hasard, je tombe sur une de ses analyses dans "le Point" où il fait dans la nuance et expose un point de vue que je trouve multipolaire ou multilatéral, le seul qui m'intéresse en matière de géopolitique. En ayant réécouté toute la série, je reviens à mon point de vue initial, #CarolineBrouet qui pourtant n'est pas un monstre de malveillance ayant pris soin de garder pour la fin qu'à sa retraite, l'anti-trumpiste pédagogue de Trump, celui qui se définit avan tout comme un diplomate français soucieux des intérêts de la France et comme objectif sur le Moyen-Orient bien qu'accusé d'avoir négocié un rapprochement avec l'Israël d'Ariel Sharon à la demande de Dominique de Villepin, se défaussse-t-il au regard des positions actuelles de ce diplomate lyrique, équilibré, mais qatarisé, s'avère, paniqué par la retraite, s'excuse-t-il auprès de son intervieweuse qui dénombre ses conflits d'intérêt, accepter de travailler pour #RichardAttia, le grand ordonnateur des conférences de Davos et autres événements internationaux qu'épousa en troisième noce #CéciliaSarkozy, ou de manière plus contestée encore conseiller de l'entreprise israélienne qui avait fourni au Maroc le logiciel d'espionnage #Pegasus, ce qui avait valu à ce pays que vient de visiter Emmanuel Macron avec les succès, mais dans les conditions que l'on sait, d'être accusé d'une grande entreprise de déstabilisation mondiale alors qu'elle n'était rien auprès des menées du Mossad, du réseau Échelon ou de manière plus scandaleuse et plus récente, du pilonage, du bornage et des écoutes de tous leurs gouvernants alliés par les services américains, espionnage diplomatique auprès duquel la sous-traitance de Pegasus parait un enfantillage et qu'on s'étonne d'avoir entendu si rarement dénoncer.

Le cinquième épisode de l'émission s'intitule "Pour réduire le désordre du monde" et me rappelle étrangement la citation de Camus qu'on ressort à tout bout de champ: "Chaque génération se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait qu'elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse." On présente cette citation comme un grand exemple de sagesse politique, soeur du constat réaliste de Raymond Aarond que "l'histoire est tragique" et qu'on n'en ressort pas indemne quand on croit en sortir comme l'a fait Francis Fukuiama qui croyait le monde arrivé à "la fin de l'histoire" à la chute du mur de Berlin alors qu'un quart de l'humanité subissait encore le joug du communisme chinois et que, deux ans plus tard, s'engageait à travers la premièreGuerre du golfe la lutte entre l'islam et l'Occident que le premier qualifie de néo-croisérisme, d'autant plus sans merci qu'il est purement économique et dépourvu, du côté de l'Occident, de toute espèce de substrat religieux ou civilisationnel, gangréné comme il est par un matérialisme qui n'a rien d'historique.

C'est peut-être parce que je suis fâché avec les limites en général et avec mes propres limites en particulier que le conseil camusien de sagesse présumée m'a toujours paru le paravent d'un manque absolu de vision qui tire du déni de l'utopie un prétexte à laisser persister le monde comme il perdure, sous prétexte que "le rôle du diplomate est d'indiquer le champ des possibles et celui du politique de désigner le champ du souhaitable". À force de éclarer par principe que le souhaitable est impossible, on se condamne à ne rien faire et Gérard Haraud a beau jeu de dresser un bilan complaisant sur son action, où il se reconnaît comme seul caillou dans la chaussure de n'avoir pas fait le maximum pour éviter le génocide rwandais, mais ne regrette globalement ni l'action de la France otanisée en ex-Yougoslavie, ni d'avoir joué les va-t-en-guerre en Syrie, ou sa consoeur américaine l'a recadré en lui disant que "les USA ne voulaient pas s'engager dans cette guerre de merde", ni, pour ne pas voir mettre fin à sa carrière diplomatique et être débarqué de son poste à l'ONU, d'avoir suivi l'aventurisme bernard-henr-lévyste qui a détruit la djmaria du colonel Kadhafi, qui tentait de rendre cohérente et tribale, sans doute sous l'égide d'un esprit dérangé, mais pétri des Lumières françaises qu'il avait lues et digérées à sa manière, une société morcelée et tribale. Aujourd'hui le pays est bousillé et est la plaque tournante des trafics humains organisés par les passeurs et du désordre migratoire qui ensable l'Occident sous des flux tendus inaccueillables autrement que sous le régime de l'anarchie, du système D, de l'économie informelle et du "va comme je te pousse".

Entre autres corps dont il s'est fait l'agent de déréglementation, Emmanuel Macron a démantelé le corps diplomatique. Un "diplomate de carrière" épousait la vision géopolitique de sa patrie. Gérard Haraud s'assure que c'est ce qu'il a fait. Si j'analyse mes tréfonds, je me suis toujours demandé pourquoi il fallait être patriote et préférer l'assignation à une seule patrie pour laquelle il faudrait de surcroît donner sa vie plutôt que l'universalisme de l'oumma catholique à laquelle je continue de donner ma première allégeance. J'ai depuis mieux compris l'intérêt qu'il y avait à tout ce qui nous lie et dans la mesure où la langue, donc le langage et la parole, dans cet ordre, nous relie à tous nos compatriotes et à tous nos concitoyens, là aussi dans cet ordre, je suis devenu, au choix, plutôt patriote ou nationaliste, terme que je préfère, mais dans une acception pacifique, ne voyant aucun fondement logique à affirmer que le patriote aime sa patrie et que le nationaliste déteste celle des autres et veut lui faire une guerre tous azimuts. L'homme a besoin d'appartenir à un corps, ce qui a fait récemment dire à guillaume de Tanouarn que l'Église précède le Christ, non que l'Unique Engendré ne l'ait été avant la Création du monde et querien n'a été fait que par Lui, mais qu'à parler humainement, il fallait que la religion serve d'asile à la foi, et les évangéliques ont grand tort de mépriser l'esprit de religion. Derrière l'affirmation que l'homme est un animal social, il y a que l'homme veut faire corps. Donc je comprends qu'un diplomate épouse les intérêts de son pays et en défende la vision du monde.

Mais même s'il ne s'agit pas de juger les gens, comment le diplomate qu'est Gérard Haraud peut-il se rabattre de cette noble tâche qui lui donne toute légitimité pour expliquer le monde à ses concitoyens, comme un général d'état-major féru de géopolitique, à se faire le consultant de tel fonds de pension ou de telle entreprise, dérive qui semble être promise à tous les dirigeants qui, après avoir gouverné leur pays, s'assurent un complément de rémunération en promenant leur bilan magnifique dans des conférences majestueuses à travers le monde, mais surtout émargent au conseil de surveillance, quand ils ne se font pas les communicants, de fleurons économiques de leurs pays.

Ce qui m'amène, paradoxalement, à l'objet principal de ce post et qui, au-delà du haro sur le Haraud, me donne une occasion assez inattendue de partager une réflexion sur le travail que je me fais depuis quelques temps.

Il y a bien des anomalies dans le monde du travail qu'on nous présente à tort comme le facteur d'émancipation ultime de salariés qui n'y trouvent pas toujours des conditions très dignes, fussent-elles de subsistance. La tertiarisation du travail dans les pays développés s'explique en grande partie par le besoin de rendre le travail intéressant. J'ai une faible expérience du travail salarié, mais chaque fois qu'il m'a été donné de l'approcher, je me suis dit que ce qui lui manquait était la personnalisation qui concilie les valeurs du travailleur avec le métier qu'il exerce, personnalisation tellement dévalorisée que, sans parler du travail comme d'un esclavage moderne, on ne parle plus de métier, mais d'emploi, et l'impératif occupationnel est tel que l'injonction faite par Emmanuel Macron à son horticulteur de rencontre fut celle de "traverser la rue" pour trouver un emploi, quitte à changer de métier, en quoi il s'est montré comme à son habitude, moins original que plus caricaturalement méprisant, puisqu'il ne faisait que se placer dans la ligne vieille comme Alain Juppé de la flexibilité de l'emploi, qui mérite toutes les mobilités, toutes les délocalisations, de la part du salarié comme de l'entreprise.

Pour les côtoyer de plus près aujourd'hui dans le secteur du handicap comme cela m'estarrivé par le passé en me faisant la petite main d'un service d'ingénirie éducative, mais plus encore en constatant de visu l'investissement des professeurs qui remplissent plus que leur quota de travail lorsque je me suis préparé à exercer leur métier avant de démissionner préventivement parce que je n'étais pas un assez bon acteur et manquais de présence de scène, les agents du service public me paraissent soutenir à bout de bras un système qu'en leur for intérieur, ils regrettent certainement de voir se déshumaniser parce que d'autres agents, de catégorie A ceux-là, des sortes d'ingénieurs spécialisés dans la ponte de normes exaspérantes écrites en novlangue ou en langue étrangère, déshumanisent le rapport entre l'État républicain et le citoyen qui en est une partie prenante bien plus qu'un simple administré. Mais au moins ces agents ont-ils la consolation de se dire qu'ils travaillent pour le bien commun, quand les employés d'une entreprise doivent se faire une religion de trouver qu'il n'y a rien de plus intéressant au monde, non pas que la culture ou que les religions comme aurait dit Baudelaire, mais que les boulons que produit l'entreprise pour laquel ils travaillent. Car certes, les vis et les boulons empêchent qu'un objet qui est un petit monde se défasse. Mais il faut dépasser l'intérêt qu'on leur porte en comprenant comment est monté le système, de quoi il se compose et comment il se décompose. Il faut refaire le monde pour empêcher qu'il ne se décompose. 

mardi 29 octobre 2024

Mes propositions pour une nouvelle loi handicap

Le CNCPH (comité national consultatif des personnes handicapées)  prend la très heureuse initiative de demander aux personnes handicapées -qui sont les principales concernées- de donner leur avis pour élaborer une nouvelle proposition de loi handicap en 2025. Je reproduis ici mes propositions sur le site qu'il a mis à notre disposition: 


Une nouvelle "loi handicap" en 2025 ? Le conseil national consultatif des personnes handicapées attend vos propositions !

 

Mes propositions sur l'accessibilité (des établissements, des services publics, des lieux de travail, des transports, de la voirie, des services, des sites internet et des services téléphoniques, de l’audiovisuel, etc.) pour la nouvelle loi :

Tout d'abord, l'accessibilité doit-elle être le maître mot et le mot ultime de cette nouvelle loi handicap ? Ne doit-on pas faire un bilan sur l'accessibilité et ce qui a résulté en vingt ans d'une approche se rapportant à peu de choses près à une "loi opposable", c'est-à-dire déclarative, sans véritable obligation de résultat? Doit-on continuer à envisager le handicap du point de vue de la "situation (de handicap)" et non pas de la déficience, de l'invalidité ou de l'infirmité, pour employer un vieux mot? L'accessibilité n'est-elle pas une utopie ou un horizon qu'on ne pourra jamais  atteindre ou rattraper? Et ne donne-t-elle pas de faux espoirs aux personnes handicapées?

 

L'autonomie existe-t-elle, comme capacité étymologique à se donner soi-même pour auteur de la loi ontologique qui nous concerne? Ne faut-il pas opter dans une balance égale pour l'aide humaine et la capacité à se servir de tout tout seul? Laide humaine  ne favorise-t-elle pas la relation sociale?

Pour les transports:L'accessibilité des trams et des bus ne devrait-elle pas comporter un sonal systématique, non seulement pour l'annonce des arrêts, mais en amont de l'arrivée des bus et des trams, pour indiquer à chaque fois la destination des moyens de transport qui arrivent à quai?

 

Ne faudrait-il pas imposer à toutes les collectivités territoriales, à l'échelle du département, de se doter d'un système de transports pour personnes à mobilité réduite, tel qu'il en existe dans presque toutes les grandes villes et leurs agglomération, étendu aux personnes âgées pour ne pas créer un mille-feuilles sur la bse de la discrimination entre personnes en situation de handicap et personnes âgées plus ou moins dépendantes?

 

Mes propositions sur la compensation du handicap et les ressources (la prestation de compensation, les allocations, les démarches administratives liées au handicap, etc.) pour la nouvelle loi

 

-Est-il normal que la compensation du handicap ne soit pas forfaitaire en fonction du handicap, comme il existe le forfait cécité et le forfait surdité? Est-il normal que les "guides barèmes" permettant d'accéder aux critères d'attribution des taux  d'incapacité ou d'invalidité, ne soient pas consultables sur le site de la CNSA, ne soient pas fléchissables, fléchables ou révisable par les membre de la CDAPH (Commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées) qui valident les décisions prises par les équipes pluri-disciplinaires de la MDPH? 

 

-Est-il normal que la douleur ne soit quasiment pas prise en compte dans ces guides barème et constitutive du handicap , au même titre que les incapacités sensorielles?

-Est-il équitable et normal qu'une personne déficiente visuelle soit considérée d'office comme relevant d'un taux de 80 %, ce qui va moins de soi pour l'administration pour une personne sourde ou malentendante et encore moins pour une personne paralysée ou souffrant de facteurs physiques l'invalidant de manière chronique?

 

-Est-il normal que la capacité à faire son ménage ne soit pas prise en compte dans  les critères d'attribution de l'allocation de compensation du handicap?

 

-Est-il normal de subdiviser cette allocation en une telle quantité d'items que, si on souffre de deux difficultés graves et sérieuses ou d'une difficulté grave et absolue, on est éligible à la PCH alors qu'on ne l'est pas si les items qui, encore une fois, ne prennent pas véritablement la douleur en ligne de compte,  relativisent la souffrance qui devrait être compensée par la PCH (prestation de compensation du handicap)?

 

-Est-il normal que la complexité des critères d'attribution de la prestation de compensation du handicap,  fondée sur l'analyse de la situation et non pas de l'infirmité ou de la déficience, fasse que cette analyse est laissée à la discrétion subjective de l'équipe pluri-disciplinaire, quel que soit son désir d'impartialité, et rendent les délais d'instruction des dossiers très longs?

 

-Est-il normal  que ces critères se concentrent beaucoup plus sur la capacité des personnes handicapées à être autonomes dans les activités de la vie quotidienne plutôt que dans leurs interactions sociales, dans leur vie de loisir  et daans leur activité civiques?

 

-Pourquoi la prestation de compensation du handicap n'est-elle pas systématiquement corrélée  à l'allocation adultes handicapés comme c'est le cas pour les personnes handicapées sensorielles? Est-il normal que l'allocation adultes handicapés soit inférieure au SMIC pour les personnes en incapacité de travailler lors même que ces personnes doivent bénéficier d'aides qui, dans l'état actuel, ne sont pas systématiquement couvertes par une allocation de compensation du handicap?

 

-Pourquoi ne faire bénéficier de l'AAH que des personnes handicapées qui pourraient justifier d'une restriction substantielle et durable de l'accès à l'emploi (RSDAE) de la valeur d'un mi-temps de travail?  Ce qui suppose deux corrélats:

    -La persone handicapée devrait s'émanciper dans l'emploi, qu'elle soit ou non apte au travail et quel que soit le retentissement du handicap sur l'aptitude ou l'adaptation à celui-ci, qui peut relever du parcours du combattant et rend la personne handicapée corvéable à l'enfer de la preuve tout au long de sa vie.

    -L'employabilité et le salariat sont l'horizon indépassable de la personne handicapée qui doit correspondre aux critères du "validisme" et non être considérée dans sa différence comme un témoin irréductible de la dignité de la personne humaine et de la gratuité conférée par l'existence individuelle d'une personne vulnérable, empêchée, qui peut être rejointe dans sa fragilité par la communauté sociale et non ambitionner de rejoindre les standards des personnes en bonne santé.

     -Si toutefois l'on devait maintenir la RSDAE, ne pourrait-on pas valoriser la vie associative et les engagements civiques de la personne en situation de handicap?

 

-Doit-on maintenir la frontière étanche qui sépare le traitement par l'administration dessituations de dépendance des personnes handicapées et des personnes âgées? Ne faudrait-il pas fusionner peu ou prou les branches de la sécurité sociale dédiées au handicap et à l'âge? 

 

Mes propositions sur l’école, l’enseignement supérieur, la formation pour la nouvelle loi :

 

-Ne faut-il pas dresser un bilan de l'école inclusive? Est-elle adaptée à tous les élèves ? Est-elle un bien pour les élèves "en situation de handicap" et pour leurs camarades, quand les élèves "inclus" ont un handicap trop lourd qui traumatise leur classe? L'enfance est-elle l'âge de l'inclusion? N'est-elle  pas un âge trop cruel pour ne pas être celui des préjugés? A-t-on bien fait de fermer la quasi-totalité des instituts spécialisés ou de ne permettre qu'ils ne viennent en aide aux élèves qu'en roue de secours, notamment sous la forme de SESSAD qui ont des listes d'attente décourageantes et qui font perdre du temps à la compensation du handicap? L'articulation entre école et services "périscolaires" d'aide à l'inclusion jointe aux transports ne fait-elle pas vivre des doubles et des triples journées aux élèves en situation de handicap dont la fatigue est encore accrue par le manque de fluidité des transports et la lutte contre le handicap lui-même? L'école inclusive n'a-t-elle pas vu une baisse en qualification des acteurs de l'éducation, depuis enseignants spécialisés dont la spécialité se réduit quasiment à néant jusqu'aux AESH qui remplacent en pratique les éducateurs spécialisés, commencent à peine à être CDIsés, donc le sont au lance-pierre, sont payés là aussi au lance-pierre et même pas au SMIC et bénéficient de 60h de formation par an contre deux ans de spécialité au minimum dans les études d'éducateur spécialisé?

 

-Est-il normal que l'éducation des personnes handicapées soit depuis si longtemps déléguée au ministère de la santé et aux établissements médico-sociaux plutôt qu'aux établissements d'éducation générale, étant entendu que, pour moi, un institut spécialisé devrait relever de l'éducation nationale et non du secteur médico-social? Cette infantilisation et cette surveillance courent tout au long de la vie de la personne handicapée, qui relève par la suite de SAMSAH (service(s) d'accompagnement médico-social pour adultes handicapées?) plutôt que de services sociaux classiques au sein desquels seraient intégrées des personnes spécialisées dans la prise en charge des personnes handicapées?

 

 

 

Mes propositions sur la culture pour la nouvelle loi : 

 

Les personnes handicapées ne doivent pas être muséographiées par la culture pour être la dernière réserve de l'accès au musée. Elles ne doivent plus être empêchées de lire. Un droit à adapter les livres en édition à partir du fichier matriciel pour les personnes empêchées de lire a été négocié de haute lutte par des associations militantes en faveur des déficients visuels, dont la plupart ont entre temps fermé boutique, et les associations qui ont repris le flambeau ne sont pas intéressées au même degré par ce combat. On pourrait envisager qu'un fichier PDF de tout livre paru soit systématiquement mis à la disposition des personnes déficientes visuelles empêchées de lire sur le site de la Bibliothèque nationale de France, même au prix d'une adaptation minimale.

 

Je me limite à ce secteur du livre, persuadé que l'audiodescription au cinéma connaît un développement continu, qui a eu l'intelligence de faire le parid'un certain niveau littéraire. Je ne sais comment me positionner par rapport àl'audiodescription au théâtre et ne crois pas avoir de compétences particulières sur les autres sujets liés à l'accès à la culture des personnes handicapées.

 

 

Ma présentation

 

Je suis Julien WEINZAEPFLEN, domicilié à Mulhouse, organiste, écrivain, membre suppléant de la CDAPH Alsace où je suis heureux du travail que nous fournissons, mais désolé de ne pouvoir davantage venir en aide aux gens qui en auraient besoin, garroté par un carcan réglementaireauquel nous ne pouvons déroger. J'avais pourtant désiré rejoindre cette instance décisionnaire pour que d'autres n'aient pas à vivre une situation telle que nous en avions traversée, mon ancienne compagne et moi, au début de sa maladie. Mais je suis passé de l'autre côté de la barrière, fais désormais partie de ceux qui disent nonà des gens qui émettent des demandes évidentes et ne m'y résous pas. J'ai toujours été intimement persuadé que la participation à une instance comme une CDAPH ne valait que si ses membres proposaient d'élaborer une nouvelle loi de 2005, sur de meilleures bases. Le CNCPH en prend l'initiative, je lui en sais gré et je l'en remercie.


lundi 28 octobre 2024

Réflexions sur une victoire de Trump

Que vont donner les élections américaines dont l'échéance a lieu dans quelques jours et sous quel angle envisager une possible victoire de Trump?

Est-il opportun de le faire comme Kamala Haris qui, dans la foulée de John Kelly qui fut le conseiller militaire de ce président dangereusement imprévisible, prétend qu'il est fasciste et que même il ne cachait pas ses sympathies pour Hitler, comme bon nombre de suprématistes blancs, qui ne savent pas combien leur univers mental et géographique est éloigné de celui de l'ancienchancelier allemand devenu Fuhrer, même si l'ascendance germanique de Trump et son attirance exclusive pour des femmes issues de laMitteleuropa peuvent interroger sur ce curieux atavisme. Tous les experts s'accordent à nier l'argument d'opportunité, mais si l'on examine le critère de vérité, on est bien forcé de penser que John Kelly doit savoir ce qu'il dit quand il a entendu Trump lui dire qu'Hitler n'avait pas fait que de mauvaises choses, ce que j'ai entendu dire à des Alsaciens de la génération qui me précède, s'applaudissant que, sous le régime nazi, le chômage avait disparu et qu'on avait construit les autoroutes allemandes.

Certains opposent le fascisme supposé de Trump à un "populisme autoritaire". Le premier serait hiérarchique et descendant, le second serait ascendant avec des penchants dictatoriaux. La distinction ne meparaît pas beaucoup féconder la réflexion ni enrichir le discernement.

Lorsque Trump a été élu en 2016, j'avais écrit qu'il embrassait les intérêts des déclassés sudistes américains tels que Falkner avait aimé les décrire. Ça me paraît beaucoup moins vrai aujourd'hui et je rejoins un analyste qui estime que Trump avait perdu le peu de culture qui le ratachait encore à la démocratie américaine, sans parler du respect de la constitution. Son discours s'est radicalisé, il est devenu de plus en plus bas de plafond et insultant pour son adversaire. Le ressort de ce discours eqt qu'en tout état de cause il ne peut pas perdre et que, sur tous les sujets, il a été, est et sera le meilleur et a fait, fait ou fera les choses les plus spectaculaires et les plus extraordinaires alors que son adversaire est incompétente, dangereuse, ou encore, comme il l'a dit l'autre soir à New York, "un accident industriel de l'histoire américaine" issue de ces communautés qui "gâtent le sang américain" comme les latinos, "mangent les chiens et les chats" comme les haïtiens, ou proviennent d'une " île flottante de déchets" comme les Portoricains. Les uns et les autres apprécieront.

Mais si on s'interroge du point de vue de la paix mondiale qui devrait être celui des Européens qui se sont dévoyés dans un soutien inconditionnel à l'Ukraine sans jamais mettre en parallèle l'agression commise par Vladimir Poutine et les crimes perpétrés par Benyamin Netanyahou, ne doit-on pas conclure que l'autoritarisme verbalement violentiste de Trump sera plus pacifique que le bienveillantisme avortif et progressiste de son adversaire?
J'écoutais avant de rédiger ces réflexions l'émissions "Affaires étrangères" de christine Ockrent qui expliquait qu'en ce qui concerne l'Ukraine, deux camps se font face, qui jouent aussi de bien des paradoxes: d'un côté l'Allemagne et les États-Unis qui, tout en étant les premiers contributeurs en armes et en subsides dans lepuits sans fond de l'aide à l'Ukraine, redoutent l'escalade, font preuve de prudence et veulent certes qu'à la fin du conflit, l'Ukraine, tout en ayant cédé des territoires aux Russes, rejoignent le camp occidental comme les Ukrainiens le souhaitent en contradiction totale avec leur destinée manifeste, sauf si l'on se réfère au caractère agricole de ces anciens koulaks qui, à cause de cela, ont été matés par l'olodomore qui est une prolongation de la NEP par d'autres moyens. Et de l'autre côté, il y a les Français d'Emmanuel Macron ("il ne faut pas humilier la Russie") et les Britanniques post-brexit qui pensent qu'il faut absolument que l'Ukraine entre dans l'OTan qui serait "en état de mort cérébrale" si Trump revenait au pouvoir, selon le diagnostic d'Emmanuel Macron lors du premier mandat de Trump et rétrospectivement, il aparaît que si elle l'avait été, elle aurait obligé les deux parties russe et ukrainienne à négocier au lieu de perdre deux ans de massacre et d'épuisement d'une Ukraine gavée d'aide malgré sa propension à la corruption et surarmée, tout en se montrant incapable de la moindre offensive militaire de poids contre l'ours russe.

Dans la même émission, ici mise en lien:
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/affaires-etrangeres
j'entendais François Heisbourg, auteur d'un "Monde sans l'Amérique" aux éditions Odile Jacob, dire que si on ne veut pas que l'Ukraine entre dans l'OTAN, on ne fait rien pour elle. Je ne peux pas m'empêcher de penser au contraire que cette perspective est très dangereuse, comme celle qu'elle intègre une Union européenne qui vit les derniers soubresauts d'une longue agonie et qui, si elle nemeurt pas de sa bureaucratie libérale, sera emportée comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf, de trop vouloir s'élargir.

Reste la question israélienne où les démocrates sont, sur le papier et en paroles, plus équilibrés que le républicain d'extrême droite qu'est devenu Donald Trump, car l'extrême droite occidentale est devenue ultrasioniste et c'est peut-être le prix qu'elle a dû payer pour occuper aujourd'hui le haut du panier de la politique internationale. Est-ce que les accords dits d'Abraham que Trump a fait signer à Israël, l'Égypte et l'Arabie sahoudite ont réellement représenté un progrès de la politique pragmatique? Le soutien sans frein à Israël n'est-il pas un acommodement moral totalement disproportionné face à la gravité de la situation qui sévit au Moyen-Orient où soixante-quinze ans de l'existence d'Israël riment avec soixante-quinze ans de guerre et de déstabilisation de la région, c'est un bilan qu'on peut et qu'on doit faire aujourd'hui. Mais les États-Unis ne conduisent-ils pas toujours la même politique dite atlantiste quels que soient les présidents? Je sais gré à Joe Biden d'avoir essayé de prévenir Israël contre les dangers d'une riposte onze-septembriste. Mais ce discours s'est révélé impuissant puisqu'on peut observer le même paradoxe que dans sa position ukrainienne: l'analyse politique était solide, mais elle n'a pas été suivie d'effet, parce que l'Amérique n'a rien fait concrètement pour retenir le bras d'Israël.

Il est triste de voir que Trump se pose en héraut de la morale évangélique en paraissant si loin des préoccupations chrétiennes et triste encore de constater que son pacifisme a beaucoup de rapports avec ce qu'a toujours été le pacifisme européen d'extrême droite: il cache beaucoup de lâcheté et de violence à l'intérieur du pays qui ne veut pas se battre. Je crois néanmoins que la paix mondiale mérite mieux que la tradition va-t-en-guerre qui a ét initiée par Bil Clinton dans sa désignation d'Oussama Ben Laden comme ennemi public mondial n° 1, si elle a été incarnée par George Bush et donc par le camp républicain dans son absurde "guerre (mondiale) contre le terrorisme" disséminé et qui est une guérilla.

 

vendredi 25 octobre 2024

La corruption qui nous blesse

De tout temps il y a eu Mazarinpour qu'il y ait les mazarinades et que la France soit bien gouvernée par un homme à qui on ne peut pas reprocher d'avoir fait des facilités à ceux qui le mandaient, ayant la main si près de la caisse. Il y a eu la corruption qui nous blesse pour queBalzac écrive les "Illusions perdues" et nous fasse rêver de Coralie et de Lucien de Rubempré, tandis que Vidocq alias Vautrin deviendrait chef de la police et se damnerait pour sa danseuse qui finirait par revenir sécher chez son ami David Séchard et finir en probe prote.  De tout temps il y a eu les fraternelles pour que certains frères le soient plus que les autres et les sociétés secrètes  pour cacher ceux de la démocratie. Il y a eu les nuits folles passés entre happy few avec "ceux qui ont du bol" et ceux qui n'en ont pas. Il y a eu les tragédies comme celle de Pierre Palmade qui a fauché ou gâché des vies et doivent passer tout le reste de la leur à le regretter. Il y a des rumeurs autour de fêtes charnelles dans l'entourage de ministres qui ne sont pas pris la main dans le sac, auxquelles celles que donnait le Régent n'avaient rien à envier. Il y a les scandales du monde du cinéma  pour que s'en indignent  les honnêtes gens voyeurs en conservant leur vertu. Et puis il y a Louis Boyard qui s'est vanté d'avoir dealé, Adrien Quattenens qui n'aurait pas dû jouer les monstres frappeurs et Andy Kerbrat dont on se demande s'il peut légiférer sous drogue de synthèse alors que la synthèse de LFI est la droguerie des mécontentements des damnés de la terre, pourvu qu'ils appartiennent plus au Lumpen proletariat des "racailles" oisives (comme aurait dit Friedrich Engels) qu'au peuple laborieux de la "gauche du travail" et de "la France qui se lève tôt" à qui le monde n'appartient pas, qui ne profite d'aucun subside, ne peut pas défalquer  ses frais de bouche hormis les tickets restaurants ni se prévaloir de quelconques dépenses somptuaires, quelle injustice! "Et puis il y a Frida/Qu'est belle comme un soleil/Et qui m'aime pareil/Que moi, j'aime Frida."


https://www.youtube.com/watch?v=H9fa9aWFbLM 

vendredi 18 octobre 2024

Le 11 septembre, la petite Thérèse et moi

Où il me revient en écoutant "France inter" évoquer cette date que, le 11 septembre 2001, quand est tombée la nouvelle de la chute des tours jumelles où mon frère Gilles qui s'est toujours retrouvé aux premières loges des attentats, aurait dû se rendre le lendemain, je me préparais à visiter les Buissonnets, la maison où a grandila petite Thérèse, sur qui j'ai donné, sous la conduite de Véronique Rousseau, mon ancienne condisciple à l'école Jeanne d'Arc, un spectacle aux Apprentis d'Auteuil, sainte qui me parlait à l'époque à cause de son apologie de l'enfance et de la voie d'enfance, puis qui ne m'a plus du tout parlé quand j'ai cru, sans y parvenir, nécessaire de devenir adulte, comme, crois-je en redoutant de commettre un contresens, Bernanos déplorait dans "les Cimetières sous la lune" que l'essentiel de la morale mièvre et ordinaire fût contenu dans les Fables de La Fontaine et que les poilus aient pris la petite Thérèse comme maraine de guerre.

Je me souviens de la joie mauvaise qui m'a saisi à l'idée que le pays phare de l'empire occidental qui s'était longtemps cru invincible se voyait ramené à la condition générale où tout être humain est soumis à la loterie des victoires et des défaites.

Je logeais à l'hôtel Terrasse où je lisais sur mon balcon "le Partage de midi" avant de retrouver sept ans plus tard mon premier amour adolescent et sensuel qui mettait en concurrence Julie Charles et Julie de Wolmar, très inclusive dans ses amoures et avec qui j'ai failli "refaire ma vie" avant de me rendre compte à tort ou à raison que je ne pouvais pas aimer quelqu'un que je n'estimais pas, mais l'estime serait peut-être venue après l'amour et l'estime et l'amour ne sont pas nécessairement liées.

Avoir visité les Buissonnets en éprouvant une joie mauvaise après la chute des tours jumelles fait de moi une drôle de personne qui semble s'être donné un malin plaisir de vivre comme un poète maudit en ayant peur de la malédiction. 

J'écris cela, dans le regret de ne pouvoir assister au concert "les Anges de Thérèse" qui se donne à l'église Ste-Marie, juste à côté de chez moi, mais j'ai vécu aujourd'hui une de mes journées invisibles, comme si la malédiction continuait.

dimanche 29 septembre 2024

La France et l'ONU

Je suis en train d'écouter (mes nuits sont aux écoutes!)"Affaires étrangères" sur "France culture", émission produite par Christine Ockrent. 

Une chercheuse invitée de l'émission, Chloé Morel, dit que l'ONU est l'institution la plus démocratique du monde. En principe elle a raison et ce serait vrai si l'Assemblée générale de l'oNU avait unquelconque pouvoir discrétionnaire. Mais on sait bien que c'est le Conceil de sécurité qui est le véritable organe décisionnaire, lequel  compte quinze membres dont cinq membres permanents, les "puissants du monde", matériels ou symboliques dont la France et son délire d'universalisme. 

Il est question de réformer le Conseil de sécurité pour réduire l'usage du droit de veto qui ne pourra être invoqué en cas de "crimes de masse". Les Etats-Unis, la Russie et la Chine en ont fait usage autour d'une centaine de fois. La France ne l'a utilisé quehuit fois, dont la dernière en 1976 à propos de Mayote. Selon moi, l'architecture actuelle du Conseil de sécurité de l'ONU ne tient qu'en raison du droit de veto et la France aurait dû en faire usage en 2003 après le morceau de lyrisme et de (feinte) bravoure qui a fait la réputation de Dominique de Villepin. Elle pourrait en faire usage à présent pour s'opposer aux actions révoltantes d'Israël et peser en faveur de la reconnaissance qui s'impose désormais de l'État de Palestine

mercredi 25 septembre 2024

Épilogue gouvernemental

On peut épiloguer 107 ans sur la formation du présent gouvernement issu du foutoir dissolutoire organisé par Macron qui devrait être destitué, selon la France insoumise, parce qu'il n'a pas nommé un premier ministre inféodé à celle-ci ou à son NFP qu'elle a monté de bric et de broc pour continuer d'assurer le leadership de la Nouvelle gauche plurielle. C'est sans doute une application du mandat impératif et révocatoire qu'elle a préconisé pendant la crise des Gilets jaunes et qui reviendrait à dire qu'un gouvernement ne devrait pouvoir exercer son mandat exécutif qu'un couteau sur la gorge ou être comme celui-ci "sous surveillance démocratique". Ce terrorisme politique ne désigne et ne disqualifie que ceux qui le soutiennent. La destitution de Macron n'était pas hors de saison quand les Gilets jaunes faisaient entendre une grogne sociale qui aurait dû susciter la pitié d'un État normalement bienveillant et pouvait mal finir pour le roi nu de l'Élysée compte tenu de la tradition révolutionnaire à l'oeuvre dans notre pays. Cette destitution n'est plus de saison quand la recomposition (ou la retriangulation) concerne la tactique politique et que Macron n'est pas plus irresponsable de ne pas avoir nommé la coalition arrivée en tête des élections législatives (et pourquoi pas le groupe arrivé en tête?) que LFI ne l'est d'avoir préféré, par atavisme anti-fasciste, le néo-libéralismeaux reliquats du fascisme. Entre deux maux, LFI a-t-ellle vraiment choisi le moindre? Si Macron devait être destitué pour une raison constitutionnelle, c'est qu'en prenant un temps interminable pour choisir un premier ministre, lequel à son tour a pris un temps interminable pour former son gouvernement, il n'a pas assuré la continuité de l'État.

Je tire personnellement deux autres leçons de la "séquence" tant qu'à épiloguer sur elle. La première est qu'on gagne tellement peu à "faire barrage" ou à gouverner contre que, dans le cas d'espèce, Olivier Faure a eu raison de dire que "le gouvernement Barnier est sous la tutelle du Rassemblement national" qu'un front républicain a voulu évincer a priori de l'exercice du pouvoir. C'est-à-dire qu'il est à la merci de celui à qui il a voulu barrer la route. Encore ne la lui a-t-il barrée que parce qu'il ne supportait pas l'incarnation de ses idées. La France, fille aînée de la représentante de la religion du Verbe incarné qui a coupé des têtes le jour où elle a tourné le dos à cette religion et qui a constitutionalisé l'infanticide in utero, cette aspiratrice d'âmes se spécialise à présent dans l'érection d'épouvantails, en contradiction totale avec l'esprit de la religion de l'Incarnation dont le Verbe a préféré être crucifié plutôt que de diaboliser des personnes. En France, on peut désormais gouverner sous la tutelle du Rassemblement national, avec l'assentiment et les idées de celui-ci pourvu qu'on gouverne sans lui. Par exemple, on peut menacer de faire un moratoire sur l'immigration sans même proposer de convoquer un référendum sur l'immigration, on peut envisager de supprimer l'aide médicale d'État ce qui est ignominie, pourvu que ce soit sans le concours actif du Rassemblement national qui aplaudit à cette forfaiture, sa xénophobie l'emportant sur son europhobie et sa fibre sociale, en quoi LFI, qui s'illustre de son côté par la violence politique qui ne saurait se limiter à la violence verbale, ne s'est pourtant pas trompée, il faut le reconnaître.

Mais encore? La tradition évangélique à laquelle s'est longtemps référé notre pays au cours de son histoire nous apprenait que ni le "oui" ni le "non" n'était d'essence diabolique et que seule la tergiversation et partant le compromis portait à compromission avec cette détestable instance. Michel Barnier est un représentant du compromis permanent. C'est pourquoi Macron l'a choisi en s'imaginant qu'il pourrait résoudre avec lui le chaos qu'il avait lui-même provoqué. Or la pratique du compromis sacrifie l'humanisme européen plutôt doux aux étrangers sur l'autel de la tactique qui oblige à ne pas s'aliéner les suffrages du parti xénophobe pour durer un peu à la barre de l'État français (sic). L'alignement des planètes fait que Barnier n'aura aucun mal, en se référant à ce que fait la sociale-démocratie allemande, à nous offrir le pire de l'Europe: une europe unilatéralement anti-migrante, mais aussi soutien inconditionnel de l'Ukraine dans une escalade vers une guerre nucléaire dont le risque n'est pas chimérique. L'"Europe pour la paix" a tourné belliqueuse, mais elle cherche querelle à géométrie variable. La nouvelle commission européenne a nommé un commissaire dédié au soutien à l'Ukraine, elle n'en fait pas autant pour protéger le droit des Palestiniens ou des Libanais. Car enfin Netanyahou ne vaut pas mieux que Poutine, s'il ne vaut pas moins bien et si son pays n'a pas révélé au bout de soixante-quinze ans d'existence qu'il n'a jamais été qu'un obstacle à la paix au Moyen-Orient depuis qu'il a été porté dans la douleur sur les fonds baptismaux onusiens, quand la Russie se contente de refuser que son ère de civilisation soit rognée.

On peut épiloguer à l'infini sur la formation du nouveau gouvernement, mais le plus grand danger réside dans la situation internationale et dans la position qu'a prise ce gouvernement du compromis et de la compromission et l'Union européenne avec lui face à cette situation internationale. Tout comme on peut regretter qu'à front renversé, la gauche radicale française s'abstienne quand il s'agit de voter l'envoi de misciles à longue portée en Ukraine pour mieux faire valoir une position unilatéralement pro-palestinienne. Et que le pire de feu le parti antisémite à l'actif duquel on doit porter qu'il a voté contre cet envoi de misciles à longue portée, se tourne vers le pire du philosionisme en ne dénonçant jamais ce qui se passe à Gaza ou au Liban et larguant au passage la seule once de bien qui fût dans la tradition d'extrême droite, y compris dans la tradition collaborationniste: un certain pacifisme qui nous serait précieux dans cette montée des périls. 

lundi 2 septembre 2024

Mon nom est Personne

    Quand le cyclope demande à Ulisse: "Qui es-tu?" et qu'il lui répond: "Mon nom est persone",  il y a tout un chemin métaphysique là derrière et il faut avoir le courage intellectuel ou existentiel de le parcourir. Il faut être quelqu'un, mais il faut n'être personne. Il faut être quelqu'un, mais il ne faut tellement pas se prendre au sérieux qu'il faut croire qu'on ne s'appelle pas, qu'on s'apelle Personne. Ca tombe bien, parce que ce n'est pas nous qui nous sommes appelés:  quand on dit "Je m'appelle", c'est quelqu'un d'autre qui nous a appelés d'un nom qui, si ça se trouve, n'est pas le nôtre, et ne nous correspond pas, ne correspond pas  à qui nous sommes. (C'est assez rare, mais ça peut arriver. En général, un prénom est le message de notre conscience) Mais même si notre prénom ne porte pas le message de notre conscience parce que nos parents ne nous ont pas assez désirés pour ça, nous devons nous dire "Mon nom estPersonne". Un peu comme Socrate a fini par dire "Je sais que je ne sais rien", ou comme, malgré notre foi trinitaire hypostatique et non pas personnelle, nous devrions accepter que Dieu soit un esprit, que Dieu soit quelque chose et non pas quelqu'un, ce qui est un non sens, et je dirais même un non sens idolâtrique. Dieu est une idée, Dieu est un ami, mais une idée peut être une amie, elle n'a pas besoin d'être personnel. Si je voulais forcer le trait, je dirais que moins Dieu est personnel et plus Il correspond à l'idée de Dieu, parce que, de même qu'étymologiquement, la personne est le masque, de même, théologiquement, l'hypostase des trois "personnes" de Dieu dans la Trinité est ce qu'il y a sous la personne, donc sous le masque. Donc foin d'une religion personnaliste! En revanche, à fond pour une religionincarnationniste (je n'ai pas dit réincarnationniste encore que je ne sais pas), mais il faut que la religion incarnationniste aille au bout de l'incarnation, c'est-à-dire au bout des potentialités de la personne humaine. Et pourtant je ne veux plus d'une religion personnaliste, mais je crois que je suis cohérent malgré les apparences. 

jeudi 22 août 2024

La campagne états-unienne ou la revanche des Gilets jaunes

https://www.youtube.com/watch?v=45LnaP6x3QU

Je ne m'attendais pas à m'intéresser autant à la campagne électorale américaine pour l'élection présidentielle de novembre prochain. En 2008, je me suis dit qu'on avait tort d'assimiler Obama au messie du seul fait de sa couleur de peau. J'ai relativement aimé ce président dont j'ai lu le discours du Caire qui devait rebattre les cartes de la politique internationale américaine, mais l'a fait de façon molassonne sans briser l'atlantisme. Le retournement sudiste et isolationniste d'Obama en Trump m'a surpris, mais j'étais de ceux qui étaient persuadés que Trump pouvait gagner les primaires républicaines et l'élection présidentielle américaine. Je ne comprenais pas la morgue des experts autoproclamés de l'Amérique comme Christine Ockrent ou Anne Sinclair qui le niaient farouchement à force de ne pas vouloir y croire. Je n'ai jamais été un trumpiste à la Evelyne Joslin, mais je comprenais avec Jean-Eric Brana de quoi Trump était le nom. Si on veut le résumer d'un mot anachronique ou rétrospectif, on pourrait dire que trump était le candidat du "sanglot de l'homme blanc" ou de l'anti-wokisme (le mot n'existait pas encore). Comme me l'a fait comprendre un ami, il était le candidat du refus du mépris d'un électorat qui, toutes choses égales par ailleurs, ressemblait à l'électorat lepéniste en France.

Le quadrennat de Trump a mis tellement l'Amérique sur les genoux en faisant s'ébranler le monde sur ses bases bipolaires, ce qui était plutôt une bonne chose, que l'Amérique n'a pas eu d'autre ressource que de s'appuyer sur le vieux Joe Biden, recru d'âge et d'épreuves, sans solidité visionnaire ou idéologique et sans autre motivation qu'une certaine volonté d'empêcher que le monde ne se défasse, la même qui animait Jacques Chira président, AVC et absences comprises. À l'issue de son débat pas tant manqué que ça avec Donald Trump, il était prévisible que les rats quittent le navire et prient poliment Joe Biden de ne pas se représenter. C'était au départ le ticket conclu avec Kamala Haris: Joe Biden ne devait faire qu'un mandat. Il s'y résigna pesamment et y mit le temps, mais il débérrassa le prochain plancher, ouvrant la voie à Kamala Haris, qui fit un premier bon choix en la personne de son vice-président putatif, Tim Walz, qu'on définit comme un bon voisin se sentant responsable de ceux qui ne pensent pas comme lui comme de ceux qui partagent ses options et qui, dans son discours d'hier soir à la convention démocrate, sut exprimer l'origine de son dévouement et de son engagement dans la garde nationale comme on se fait ici pompier volontaire, ce qu'avait de terrible l'épreuve de l'infertilité qui,quand il la surmonta, lui fit appeler sa fille Hope, tout un programme!, et qui mit enfin en avant son passé de coach de football: "Nous avons toute la mort pour dormir, réveillons-nous et rendons à ce pays son génie pour tourner définitivement le dos à Donald Trump."

Kamala Haris, la brahamane noire, se définit quant à elle comme une candidate issue de la classe moyenne s'offrant à faire une politique favorable à la classe moyenne, quand notre président à nous, Emmanuel Macron, plancha auprès du groupe de Bilderberg pour expliquer, avec l'augmentation de la masse numéraire, qu'il n'était plus possible de répondre favorablement aux revendications de la classe moyenne. L'énergie et le renouveau sont du côté des candidats démocrates. J'espère qu'ils gagneront. Et comme on dit souvent que la France vit quinze ou vingt ans plus tard ce qui se passe en Amérique, j'espère que ce renouveau gagnera la France et que ça ne prendra pas vingt ans. J'espère qu'on en finira avec Macron, ce représentant de la bourgeoisie décadente qui ne peut se résoudre qu'à cohabiter avec lui-même et la part sombre de son "en même temps"; mais aussi avec une Marine Le Pen qui a fait sa fortune, dans le sillage de son père, de n'avoir que l'insécurité et l'inéluctable ou la providentielle immigration à dénoncer sans rien de positif à proposer; avec une droite intéressée à conforter imperturbablement la rente des épargnants relativement bien nés; ou avec un Jean-Luc Mélenchon, espèce d'humaniste aboyeur qui prône violemment la non violence des rapports sociaux. J'espère que se révélera chez nous aussi, trop longtemps après l'appel des Gilets jaunes, un candidat de la classe moyenne pour la classe moyenne, pour que cesse le déclin de cette classe et sa paupérisation rampante en classe moyenne inférieure et pour qu'elle soit enfin récompensée d'être gentille, de faire partie de ces gens dévoués qui tiennent le pays.


 

lundi 19 août 2024

La convention démocrate, une remise en perspective américaine

À chaque insomnie son occupation pour compter les moutons. Celle de la nuit dernière m'a fait écouter la convention démocrate en direct et le discours de Joe biden. Je me méfie du tropisme international de gendarme du monde qu'a acquis le parti démocrate depuis au moins John Kennedy et Bil Clinton pour m'en tenir à ce dont j'ai été le témoin. Pourtant j'ai apprécié la mise en perspective qu'ont faite tous les orateurs de ce preier jour de convention et qui a culminé dans le discours de Joe Biden, entre un Trump, né avec une cuillère en argent dans la bouche, virant les travailleurs les plus faibles et ne s'intéressant qu'à lui-même et presque tous les orateurs de "l'élite du parti démocrate" (ou de "l'Etat profond", dirait Trump) que j'ai entendus ce soir, nés dans la classe moyenne et qui promettent d'agir pour la classe moyenne parce qu'ils en viennent, et niant la doctrine du ruissellement dont on reprochait à Emmanuel Macron avec un peu d'injustice d'être un des thuriféraires.

"Trump n'a même pas le respect des vétérans", s'est indigné Joe Biden, en rappelant que le cancer qui a emporté son fils Beau a eu pour origine une maladie contractée pendant son service en Irak.

"Pour Trump, c'est lui d'abord et l'Amérique ensuite", a-t-il tempêté. "Les électeurs américains ont le choix entre une procureure et un condamné", a-t-il ajouté parmi d'autres intervenants qui tenaient le même discours.

Malgré la tentative d'asssassinat dont Donald Trump a été victime, la dynamique s'est retourné en faveur de Kamala Haris depuis que Joe Biden a intégré la nécessité de se retirer en raison de son âge: "J'étais trop jeune pour être sénateur et je suis aujourd'hui trop vieux pour rester président," a-t-il souri.Mais la dynamique s'est peut-être retournée parce que Trump a été visé en voulant présenter un graphique sur l'immigration placé opportunément (providentiellement, dirait-il) à sa droite, contrairement à l'habitude qu'il avait de le placer à sa gauche, ce qui lui a valu de tourner la tête au moment où son tireur était sûr de ne pas rater sa cible. Tentative d'assassinat où un tenant de la violence politique protestait contre un énième mouvement de haine de ce candidat narcissique qui, pour montrer ses muscles même si près de la mort, incitait ses soutiens à "fight, fight, fight", un peu comme (la comparaison vaut ce qu'elle vaut) le Père Jacques Hamel se rebella contre son assassin: "Retire-toi Satan" en jetant une équivoque diabolisante sur une personne plutôt que sur l'intention maléfique de cette personne.

Le peuple de ce pays dominateur n'aime pas la haine comme carburant politique et si j'étais un citoyen américain, maintenant qu'on connaît mieux l'égoïsme de Trump, même si celui-ci a paradoxalement des conséquences plus pacifiques pour l'ordre international, je me laisserais entraîner par cette dynamique et voterais Kamala Haris.

Je ne dis pas que la valeur humaine fait tout en politique, mais je préfère à tout prendre le retournement des bonnes intentions en mauvaise politique que la politique du pire ayant finalement dh'eureuses conséquences. 

jeudi 25 juillet 2024

Martin Hirsch sur l'abbé Pierre, la curée continue!

Et la curée continue. Dans "la Croix", Martin Hirsch qui, pour un peu, se poserait en "compagnon d'Emmaüs" de la base, mais dont la carrière doit tout à ce qu'Emmaüs ait confié sa direction à cet ancien directeur de cabinet de Bernard Kouchner, assure qu'il ne veut pas jeter de l'huile sur le feu dans cette période douloureuse, mais qu'il prend la parorle pour expliquer "qu’on ne peut pas comprendre le mouvement Emmaüs sans cette simultanéité dans la reconnaissance et la distanciation, dans l’admiration des forces et la crainte des faiblesses de son fondateur." 


Il avait déjà pris ses distances avec l'abbé Pierre quand celui-ci avait pris des positions favorables à son ami Roger Garaudy dont je crois moins qu'il ait été auteur d'écrits révisionnistes qu'il n'a été influencé, après beaucoup d'autres revirements qui avaient pour tronc comun  l'option préférentielle pour les damnés de la terre, par sa conversion à l'islam, qui le rendait proche des Palestiniens et peut-être de ce fait injuste avec la condition (plus qu'avec la question) juive. 


Mais revenons à Martin Hirsch et demandons-nous d'abord, à titre purement gratuit et nullement diffamatoire malgré le caractère insinuant de la question posée, si l'homme est certain qu'un jour, une secrétaire ne pourra pas dire qu'il a abusé de sa position dominante pour lui faire des avances non souhaitées ou avoir envers elle des gestes inappropriés. Je dis ça sans rien savoir, je dis que c'est le fait de pas mal de patrons dans pas mal d'entreprises, et singulièrement dans le monde médical où Martin Hirsch a évolué en tant qu'administratif.


Je note que le couple qu'il forme ou qu'il formait avec sa femme Florence (je ne sais pas ce qu'il en est de sa situation matrimoniale actuelle) est ou était un couple de gens très favorisés, ce qui l'apparente assez peu avec la condition des compagnons d'Emmaüs lors même qu'il se dépeint comme l'un d'entre eux, presque un ancien primus inter pares, pairs et compagnons qui ont cessé d'être aux avant-postes de la décision dans la confrérie, et ce apparemment depuis qu'"en 1957, peu après l’appel de 1954 qui fit de lui une légende vivante, les proches de l'abbé Pierre l’avaient envoyé dans une clinique en Suisse, à l’isolement, parce que son comportement avec les femmes posait problème."Ses proches et, on l'a vu, le cardinal Feltin, et mgr Jean Rodhain, président du Secours catholique, à qui l'abbé Pierre faisait de l'ombre. 


Entre parenthèses, en cette fin des années 50, comme le notait le rapport de la CIASE, on s'occupait des prêtres qui présentaient des troubles et des déviances et avaient "un comportement problématique" ou "un problème avec les femmes". On s'en occupait, on essayait de les soigner tant bien que mal, même si ces soins revenaient à leur administrer du bromure pour, je recite Martin Hirsch, "canaliser l’énergie débordante de l’abbé Pierre vers de justes causes. "Comme si l'énergie sexuelle et libidinale, identifiée depuis  la psychanalyse comme le ressort ultime, énergétique et érotique de l'intérêt à agir, pouvait être canalisée et sublimée au point qu'en vertu de la "misère du désir",  le désir" se tourne entièrement vers la misère, une "juste cause" aux yeux de Martin Hirsch, que lui-même a diversement servie. Il se garde bien de dresser son propre bilan en la matière, et c'est en cela que son intervention a quelque chose d'indécent, parce que cet homme "qui, d'une certaine manière, doit tout" lui aussi au fondateur d'Emmaüs veut bien prendre ses distances avec lui pour en discerner ombres et lumières, mais il ne prend aucune distance avec lui-même et sa propre carrière qui, elle aussi, présente ombres et lumières et où globalement, on peut discerner deux périodes:


-Celle où il quitte le mouvement pour, fort de son aura d'homme qui sait lutter contre la misère, devenir ministre de Nicolas sarkozy et lui proposer la création du RSA, ce qui est plutôt à mettre à son actif, même s'il va vite en besogne en disant que "les dernières décennies ont donné lieu à un important travail pour sortir de cette conception" où, "Puisque les règles sociales ne savaient pas trouver une place aux exclus, les communautés se dispenseraient des règles, l’esprit de solidarité en tenant lieu. Et l’abbé Pierre pouvait faire rempart de son mythe pour éviter que les pouvoirs publics y trouvent à redire." Sous-entendu, aujourd'hui, les règles sociales règlent le problème de la misère, mais beaucoup de ceux qui pourraient prétendre au RSA n'y recourent pas, car c'est une solidarité bureaucratique et de plus en plus stigmatisante, ce que n'a certes pas vouluMartin Hirsch en fondant et construisant le revenu de solidarité active.


-Le deuxième moment où Martin Hirsch refait parler de lui est celui où il dirige l'Assistance publique hôpitaux de Paris, et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas fait l'unanimité durant cette période, entre compression de personnel, gestion de la crise Covid avec suppression de lits, suspension des soignants et maîtrise d'oeuvre du Ségur de la santé. C'est pourtant là qu'il pouvait faire ses preuves: il n'était plus un militant qu'on peut toujours accuser d'être dans l'incantation, mais un gestionnaire qui pouvait mettre sa gestion à l'épreuve de son militantisme.


Bref, Martin Hirsch préfère enfoncer l'abbé Pierre que balayer devant sa porte, non sans rappeler qu'il a prononcé son éloge funèbre: "Aux obsèques de l’abbé Pierre, j’avais dit que le meilleur hommage, c’était de continuer. Aujourd’hui, ce que disent à raison les responsables du mouvement Emmaüs, c’est que le meilleur hommage à rendre aux victimes, c’est de continuer le combat contre la misère."Martin Hirsch se place naturellement dans la continuité des dirigeants actuels d'Emmaüs, non dans celle de l'abbé Pierre. À Martin Hirsch l'ingrat, les mannes de l'abbé Pierre reconnaissantes! 


Martin Hirsch sur l’abbé Pierre : « Pendant 50 ans, Emmaüs a pensé que ces comportements étaient de l’histoire ancienne » (la-croix.com)

dimanche 21 juillet 2024

Mon rêve de Nathalie Sarraute

La nuit dernière, j'ai rêvé que j'étais invité à déjeuner chez #Marie-VéraMaixandeau, mon amie musicienne qui n'est plus de ce monde depuis quelques années. Elle s'était pliée en quatre pour nous confectionner un délicieux repas. S'y trouvent deux Polonaises qui portaient deux noms chrétiens comme Thérèse, qu'un autre invité, un peintre, trouvait ridicules.

Nous y buvons beaucoup et surtout quantité de Cognac ou apparenté. Le peintre n'arrête pas de me servir et j'ai peur d'être soul en ne faisant pas honneur au repas que Marie-Véra s'est décarcassé pour nous apprêter, or c'est à peine si nous lui en savons gré.

Parmi les convives, se trouvent Nathalie Sarraute et sa fille Claude, encore assez jeune. La fin du repas approchant, je réalise qu'il faut absolument que je pose des questions à Nathalie Sarraute sur les livres qu'elle écrit. Je lui demande: "Comment avez-vous pu écrire, à travers "Enfance", non seulement un livre aussi différent du "nouveau roman" dont vous fûtes peut-être la principale théoricienne à travers "l'Ère du soupçon", mais un livre où vous avez écrit tout ce que vous ne vouliez pas écrire et qui représente à mon avis la quintessence de l'autobiographie?
-En effet, entre l'auteur des "Fruits d'or" et ce qui est sorti de moi dans "Enfance", il n'y a plus aucun rapport, mais je suis revenue à moi-même, je me suis remise à écrire des livres comme "les Fruits d'or", "Ici" ou ou "Pour un oui pour un non", "Tropismes" se situant entre "Enfance" et ma veine originelle."
ET Claude et Nathalie Sarraute de me citer des livres qui n'existent pas et qui venaient de paraître, prouvant que Nathalie Sarraute avait abandonné sa veine d'auteur d'"Enfance".

Et voilà que tout à coup, sans que je lui demande rien, elle me révèle que, chaque fois qu'elle prend la plume, elle demande à l'Esprit-Saint d'être le scripteur de ses conversations ou sous-conversations. Pour moi, quiconque demande à l'Esprit-Saint d'entériner tout ce qu'il écrit se met dans l'impossibilité d'écrire. Ce n'était pas, dans mon rêve, l'avis de ce grand écrivain, non plus que ce n'était l'avis de mon amie #MaryseBonnard, quand nous en discutions au Central, rue de Tolbiac, et Maryse est mère d'écrivain... 

dimanche 14 juillet 2024

Premier tombeau à mon maître et ami René Pommier

http://renepommierfreefr.com/


J'ai appris hier, à travers une conversation avec mon amie Geneviève Vogel, la mort de mon vieux maître et ami, professeur à la Sorbonne (il y tenait, il faisait partie du collège des professeurs, du collège §A!) #RenéPommier.



René avait perdu la foi à travers ce qu'il refusait de reconnaître comme une nuit de Pascal, car il me décrivait cette perte de la foi comme un lent processus.  (Et dans un de ses livres, il avait dézingué Pascal.)


Mais il ajoutait aussitôt qu'il était inconsolable de ce deuil de la foi et que c'était de là que luivenait sa passion négative pour détruire toutes les fausses valeurs ou idoles de la fausse vérité qu'il qualifiait volontiers de "sornettes", terme que je trouvais ringard: je ne me suis pas privé  de le lui dire, il en convenait, mais il n'en faisait aucun cas, il l'employait toujours. 


Ce deuil inconsolable de la foi lui a valu de démolir à peu près tout ce qui bougeait: ste-Thérèse d'Avila, Pascal (déjà nommé), Freud, René Girard ("Cet allumé qui se prend pour un phare"), Roland Barthes au début de sa carrière, et tant d'autres...


Au début de l'année 2024, j'ai téléphoné à René pour lui souhaiter la bonne année. Il m'a dit: "Julien, d'après votre répondeur, vousavez l'air en forme. Moi, je ne vais pas bien du tout. J'ai mal dès que je me réveille et je sais que cette douleur ne cessera jamais. Je n'ai pas vécu une belle vie. 


J'ai été un grand chercheur en littérature, un chercheur qui trouve, et on m'a préféré des fausses valeurs comme Roland Bartehs. Je n'ai pas écrit une oeuvre, j'ai raté beaucoup de choses, j'ai raté ma vie. Et si vous saviez tout ce que je laisse" 


(Je le savais, il me l'avait dit.) 


Et moi de lui répondre cruellement (mais ce n'était pas mon intention):  "Écoutez, René, vous n'avez pas eu une belle vie, mais je vous souhaite une belle mort. D'abord je vous souhaite une mort chrétienne, vous vous en doutez, mais je n'y crois pas." "Vous avez raison de ne pas y croire, ce n'est pas possible." "Admettons, encore qu'à mes yeux (d'aveugle), 

 le miracle est toujours possible. Mais si vous ne pouvez décidément pas mourir chrétiennement, ne souffrez pas plus qu'il ne faut. Ne vous accrochez pas à la vie."Ca non plus, ce n'est pas possible.  Vous êtes un croyant immmmoral et je sui  un athée moral. Vous n'avez jamais compris combien j'étais un homme de devoir." "Si, René, je l'ai compris après."


Et à l'issue de cette conversation, je lui ai dit: "C'est la chose la plus importante que je vous ai dite, je crois que nous nous sommes parlés pour la dernière fois Pas pour la première, car nous nous étions déjà beaucoup parlés." "J'espère que nous nous entendrons encore. Je le vivrais très mal s'il n'en était pas ainsi.",Comme je sui s assez lâche, je n'ai plus jamais osé appeler mon vieux maître René Pommier etil est mort aumois de mai, m'a appris Geneviève en consultant son site. 


Il m'avait dit "C'est toujours vous qui m'appelez, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces appels sont importants pour moi. Comme l'étaient ceux de Nathalie." 

Je n'ai aucun doute sur le salut de ce chercheur de Dieu. Il l'a cherché si loin et si profondément qu'il l'a nécessairement trouvé.


Et il m'a dit: "Vous savez, dans ce monde, beaucoup d'intellectuels (j'ai connu Claude Tresmonttant qui fumait sa pipe, ou Pierre Chaunu qui étaient discrètement des amis à moi, , qui n'entrait pas du tout dans cette catégorie), vous regardent de très haut et se présentent comme vos amis pour mieux vous dénigrer dès que (ou si) vou sdevenez quelque chose. Moi, je nourris envers vous et envers Nathalie une amitié très sincère et indestructible." Merci, René, je l'ai ressentie, cette amitié. 

jeudi 11 juillet 2024

L'homme qui voulait cohabiter avec lui-même

Gérard Collomb en mai 2022: "La logique d'un parti unique central conduira à un rétrécissement politique puisque, au pouvoir, compte tenu des circonstances, on ne peut que s'user. Et on peut donc aboutir à la victoire de l'un des extrêmes, toutes les forces de gouvernement étant dans le même camp »…
Collomb, pardon, avait raison sur tout." (Étienne Gernelle)

Le centrisme façon Macron, en cela héritier de Bayrou qui avait tort de le traiter d'hologramme, ce n'est pas l'union des intelligences, c'est l'union des personnalités assez en vue pour pouvoir être appelées au gouvernement. Ca n'a jamais été autre chose. Et ça ne l'est pas davantage à l'issue de ces élections législatives qualifiées d'ultime "coup de folie du président français" par la presse internationale.

Il dissout sans raison, organise des élections législatives pour rien, certains rêvent de devenir premier ministre et le font savoir, Macron ne les détrompe ni ne les dément, aujourd'hui il vient nous dire qu'il ne nommera que le premier ministre technique d'une majorité rétrécie. (Cf. sa lettre aux Français parue hier, que Jean-Lou Bonnamy résumait ainsi ce matin aux #GrandesGueules de #RMC: "Macron écrit pour dire qu'il a fait n'importe quoi. "Mais je suis le meilleur, on s'en fout."").

Macron a provoqué une cohabitation, mais il veut cohabiter avec lui-même.

"Il nous a mis dans le pétrin et c'est à lui de nous en sortir", a dit Gérard Larcher ce matin. "Le pétrin. Avec "cette métaphore boulangère", le président du Sénat a évité un mot plus grossier. "Demeure l'impression extérieure, peu flatteuse dans cette affaire où il a tout d'un homme qui flambe au casino et laisse sa famille accueillir les huissiers." (Etienne Gernelle)

Macron, le centriste disruptif, a toujours cru en la "destruction créatrice". C'est un président schumpeterien qui joue avec nos nerfs.

https://www.lepoint.fr/politique/mais-qu-a-t-il-fait-a-la-france-emmanuel-macron-le-president-qui-ne-savait-plus-quoi-faire-10-07-2024-2565264_20.php 

mardi 9 juillet 2024

La révélation Tondelier

Décidément j'ai un faible pour Marine Tondelier. Quand je pouvais aisément communiquer sur Twitter, je la suivais. J'aimais sa manière dynamique et posée de parler d'expérience d'une ville dirigée par le Frontnational dont elle révélait les méthodes avec le moins de parti pris possible. Je l'ai perdue de vue, d'oreille et d'intérêt depuis qu'elle est devenue la patronne officielle des écologistes, parti qui n'a pas l'heur de m'intéresser... 


La presse, à commencer par "Libération",  en a fait la révélation de l'entre-deux-tours. Elle-même, avec son éditeur, "les Liens qui libèrent",  a pris l'initiative de mettre en libre accès son livre "des Nouvelles du front" et a conseillé de profiter de la pause électorale pour le lire et se faire une idée plus éclairée de la manière dont ce parti se comportait "en vrai", une fois aux affaires. Elle a prodigué ce conseil sur "Europe 1", où elle n'était pas revenue s'exprimer depuis deux ans, écoeurée par la mainmise excessive de Vincent bolloré et de ses zbires sur cette station.  


J'ai suivi son conseil et presque achevé son livre. Bien m'en a pris. J'ai mieux pris conscience que la stratégie de séduction du rN consiste à "Polir, lustrer, rincer les mémoires, mélanger les héritages intellectuels, brouiller les ascendances", récupérer De Gaulle ouJean Jaurès. "Le RN ne s’encombre pas de sentimentalisme. Dans sa nouvelle version, il a choisi l’option caméléon. Le FN est devenu une boule à facettes,

capable de renvoyer à chacun le rayon de lumière dont il

avait besoin pour se sentir rassuré" pour accepter le seul invariant de sa politique:  le refus, par xénophobie, de l'immigration et le fait de la rendre responsable du désordre et de l'insécurité qui règnent en France, en profitant de ce que le débat soit interdit en France sur les liens entre insécurité et immigration. 


Marine Tondelier, révélation de cet entre-deux tours, a remis sur le devant des échopes des libraires son livre révélateur et elle poursuit sa route intelligente. Hier soir, elle était l'invitée de "BFMTV". 


Aux antipodes d'une droite retailleau-Wauquiez indéterminée à prendre le pouvoir dans cette période critique et qui ne veut pas entendre parler d'une alliance du bloc central pour ne pas faire le jeu du président Macron, elle avance  que le futur gouvernement Nouveau front populaire devrait proposer au Parlement, texte après texte, le programme du NFP, charge à chacun de se déterminer et d'expliquer pourquoi il vote pour ou contre chacune des dispositions contenues dans ce programme. Et si l'abrogation de la réforme des retraites doit se faire avec les voix du Rassemblement national, pas question de faire la fine bouche, affirme, déterminée, celle qui assume et ne regrette pas d'avoir "fait barrage". Plus de "pudeurs de gazelle" en refusant des voix, Pas non plus de coalition, pas de tractations pour faire au coup par coup des "majorités de projet" comme sous le gouvernement Borne, mais la vie parlementaire à l'état pur, remise au goût du jour dans notre pays au régime présidentiel par l'esprit de la constitution de la Ve République à bout de souffle d'avoir été taillée pour un homme ou pour un mythe.  Une vie parlementaire où le NFP pourrait gouverner, qu'il gagne ou perde au fil de ses projets de loi, grâce à la maîtrise de l'ordre du jour... 


Quand la journaliste de "BFM" lui demande si de proposer une méthode de gouvernement la met sur les rangs pour être  premier ministre, Marine tondelier répond habilement que c'est une manière très "masculiniste" d'envisager la politique. "Je ne compte pas dans cette équation, c'est l'avenir et la gouvernabilité du pays qui m'intéressent." Elle écrivait la même chose dans son livre publié début 2017: "Les attaques gratuites contre moi ne m’affectent pas. Je me suis bâtie une carapace sur laquelle elles glissent. Celles qui visent les plus précaires… me troublent par contre profondément."


Tant d'abnégation et d'à propos que d'aucuns jugeront certainement surjoués me rappellent comment,en 1995, des profondeurs du parti socialiste, un ancien premier secrétaire assez sectaire, Lionel Jospin, fendit l'armure, se révéla, perdit l'élection présidentielle, mais devint premier ministre deux ans plus tard pour cinq ans, et laissa à la France beaucoup de bons souvenirs. C'est tout le mal que je souhaite à Marine Tondelier, ma révélation de l'entre-deux-tours.