Pages

lundi 7 juillet 2025

Macron reprend la corde.... d'Olivier Marleix

Emmanuel Macron reprend la corde. Il reprend la corde d’Olivier Marleix ! Mais quel titre, quelle allusion honteuse ! Je plaide coupable, mais mon allusion n’est pas aussi hommicide ou coupable que l’oubli dont croit pouvoir s’exonérer « Franceinfo », qui tient sa première estivale des Informés sans mettre le sujet du suicide d’Olivier Marleix à la une, là où la station ressort l’hystérie présidentielle devant la foule parsemée de ses vieux jeunes marcheurs et leur disant : « Je compte sur vous, car c’est votre projet que je sois là dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans ! Ah si on se donnait rendez-vous dans dix ans, toujours et à jamais, quoi ! Alors regarde, regarde un peu, je vais pas me taire parce que t’as froid aux yeux et que tu ne crois pas que je serai là dans deux ans même si l’autre con d’Édouard Philippe te répète : « Deux ans, c’est long. » Alors regarde, regarde  les cuillérés en argent malheureux et vides jusqu’au suicide nanti ! Si tu vois pas,les nantis malheureux, je vais me crever les yeux ou me « casser la voix »…

Macron s’est cassé la glotte et Franceinfo s’est émerveillé sans se demander comment le président hurleur qui a cassé les vitres des fenêtres de Marie-Christine en se comportant comme un Roméo goujat, a pu dire à ses supporters qu’il en aurait besoin « dans deux ans » et comment il compte s’y prendre pour se représenter en 2027 alors que ce représentant de l’»État de droit » n’en a tout simplement pas le droit mais n’en a probablement rien à foutre de prendre le droit ou le gauche du moment qu’il tient le manche et prend les Français pour des manches. « Franceinfo » n’a pas décodé et s’est contentée d’annoncer que Macron voulait simplement dire à ses supporters qu’il serait à nouveau là en 2032 et qu’ils pouvaient compter sur lui, donc qu’ils ne lâchent rien car il ne les lâcherait pas, pourvu qu’ils défendent son intérêt particulier jusqu’en 2032 ! Pourquoi ce journalisme éprouvé ne va-t-il pas chercher si c’est le fin mot de l’allocution improvisée et exorbitée de Macron devant ses jeunes, ou vérifier si Emmanuel Macron étant supposé n’être jamais délirant, il a oublié ou occulté qu’il ne pourrait pas se succéder à lui-même en 2027 sans jouer un tour de passe-passe constitutionnel, par exemple en proclamant l’art. 16 par un remake de la guerre en Ukraine ou par tout autre pion qu’il pourrait déplacer à sa discrétion conventionnelle sur l’échiquier international ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. Je n’ai pas dit « a mis fin à ses jours comme Robert Boulin a été assassiné dans cinquante centimètres d’eau ». La mise en scène est un peu plus élaborée et loin de moi d’avoir la moindre imagination complotiste, même si le complot ou la conjuration sont le moteur de l’imagination ! Mais savoir imaginer un complot ferait de moi un auteur de romans d’espionnage ou simplement de polars : l’Assassin court toujours, « je suis en retard » comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, je cours, je cours, mais l’assassin, ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi, qu’est-ce que j’en sais ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. François Bayrou, le naïf madré qui est capable de mettre une taloche à des enfants, mais n’a pas la poigne molle de François Hollande pour faire tuer des ennemis anonymes par des services à permis « 00 », a dit son immense tristesse et je gage qu’elle était sincère. Emmanuel Macron a fait le service minimum et a déploré la perte d’ »un homme d’expérience ». On ne saurait concevoir communiqué plus laconique ! Peut-être qu’Olivier Marleix n’aurait pas dû mettre la main dans le cambouis où Emmanuel Macron avait possiblement Sali les siennes !

 

Guerre économique sans pitié pour la France ? Olivier Marleix [EN DIRECT]

 

Olivier Marleixa mis fin à ses jours et j’émets au moins deux hypothèses. Le gars était très antimacroniste à ses débuts. Il a interrogé très profondément le rôle d’Emmanuel Macron dans la vente d’Alstom à General Elektriks représentée par Clara Gaymard, la digne héritière de son papa saint Jérôme Lejeune, fifille qui vivait dans un appartement de six cents mètres carrés avec son ministre de la Santé de mari aux frais de la princesse républicaine honnie ou méprisée à la manière dont Philippe de Villiers n’aime pas « la gueuse », mais ne l’a jamais trahie avant d’être à la retraite ! Un grand esprit comme « Bonsoir Clara ! » pouvait bien travailler pour une supra-multinationale qui se prenait pour un fleuron patriotique et la Grande Cervelle pouvait bien la vendre à une multinationale américaine sans se déshonorer, tout en racontant l’histoire édifiante des saintes femmes de sa famille si française dans un livre à la gloire de ses mères...

 

Olivier Marleix ne pouvait pas regarder cela de trop près sans se brûler les yeux. Avant de s’éteindre par la strangulation pendulaire, il avait déjà perdu sa voix en dirigeant un groupe LR incolore et qui ne se distinguait plus en rien de la bourgeoisie macronarde qui a dès l’origine et l’avènement de son gourou, perdu son âme et ses valeurs. Olivier Marleix n’était pas Laurent Wauquiez et n’en rajoutait pas sur l’immigration ou les fondamentaux de la droite discriminante et dégueulasse, capable en son temps d’enfoncer à coups de hache les portes de l’église saint-Bernard et du droit d’asile dont l’Église est garante depuis la Cité de Dieu de saint Augustin e ses multiples ramifications. Olivier Marleix ne jouait pas comme Laurent Wauquiez les amis de sœur Emmanuelle et de sa stratégie du colibri pour vider la mer avec une pelle ou chimiotiser « le cancer de l’assistanat » au nom de « la droite sociale ». Les chiennes font quelquefois des chats. Ce manque de charisme marléxien devait être rattrapé par le retour entièrement faux de Wauquiez sur la scène parlementaire et méritait qu’il lui pillât son groupe et verse aujourd’hui des larmes de crocodile sur sa dépouille dépouillée par cebandit de grand chemin.

 

Donc Olivier Marleix perd sa voix et il la perd à s’étrangler et à se pendre. Ou bien, ou bien… ou bien il meurt en même temps qu’Éric Denécé est retrouvé suicidé avec un fusil de chasse alors que tout son entourage assurait qu’il n’était pas suicidaire et que, pour avoir écouté quelques-unes de ses analyses, on le sentait porté, non seulement par le désir de dire le juste, mais par le dire de la façon la plus neutre possible. Mais n’étant pas un homme d’argent, je ne sais ni ce qu’il manipulait, ni ce qui pouvait le manipuler ou pousser d’autres à le faire taire. Et puis, et puis… Olivier Marleix se trouve suicidé en même temps que l’Élysée refuse de faire arrêter Alexandre Benalla visé par Interpol dont le siège est à Lyon, alors qu’on ne sait toujours pas ce qu’est devenu son coffre-fort, miraculeusement soustrait aux investigations de la justice. À sept ans d’intervalle et d’un juillet l’autre, l’affaire Benalla ne fait plus recette médiatique et il ne faut pas plus rechercher le conseiller occulte qu’il ne fallait venir chercher son commanditaire, à la Maison de l’Amérique latine, dans un événement prémonitoire, à l’usage des tout jeunes parlementaires du nouveau président transformiste et rénovateur des visages de la classe politique, prémonitoire du tout récent « come back » surprise de Macron auprès des jeunes qui ne peuvent plus croire en lui que s’ils ne croient en rien ou en la poudre de Perlinpinppin. Macron n’a pas de substance, si ce n’est les substances et la poudre ukrainienne, ou la foudre jupitérienne… Les « jeunes avec Macron » ne peuvent croire en la substance du macronisme s’ils rêvent encore d’une politique substantielle… Benalla est incherchable, Macron est introuvable et la mort d’Olivier Marleix est un fait divers, pas un fait de société.

 

Mais ce qui continue de faire la une de « France info », c’est qu’Emmanuel Macron ait autant vociféré que le jour où il a dit : « Parce que c’est notre projet. » Mais dans quel état était-il et quel était son projet au juste ? Ah oui, d’assassiner l’ancien monde en conjuguant la crainte de la fin du monde avec la crainte de la fin du mois tout en fustigeant le gouvernement par la peur, et en le pratiquant à travers la politique de confinement covidiste et masquiste.

J’avais écrit à treize ans un poème prémonitoire contre les Masques. Je n’imaginais pas assister de mon vivant à la victoire successive des masques et d’Elon Musk ! La raison la plus artificielle et la moins intelligente est toujours la meilleure. 

Elsa et Patrick Font

Au milieu d'une nuit pas spécialement chaotique, je me suis mis à écouter frénétiquement tout ce que je trouvais de Font et Val, que j’ai entendus pour la première fois de ma vie grâce à Annick Leveau et qu’on m’avait vendus comme des parangons d’anarchie, donc qui l’étaient restés à mes yeux, avant que je me rende à l’évidence que premièrement, c’étaient des socialistes un tout petit peu plus à gauche que les autres et presque des mitterrandiens contents de l’avènement de ce président qui plut tant à Renaud, ce « chanteur énervant » qui jurait que la société ne l’aurait pas. Quand on écoutait de près Font et Val dans les années 86 comme j’ai pu le faire, on se rendait compte que non seulement ils regrettaient banalement de ne pas passer assez souvent à la radio, mais qu’ils l’écrivaient dans leurs chansons, comme un Bernard très sympa que produisait une société britannique qui s’appelait « Ellytams » (j’orthographie ça n’importe comment) et au service de qui se dévouait quelqu’un qui en pinçait pour lui et ne trouvait d’autres artistes à faire concourir avec lui que pour le faire accéder à ce rêve de notoriété tellement naïf que la chanson sur laquelle il comptait le plus pour se lancer et « percer » s’intitulait Olympio Olympia et ne faisait rien d’autre que de raconter au grand jour son désir d’être à l’affiche de la célèbre institution dirigée par Bruno Coquatrix.

 

Font et Val languissaient de passer sur les ondes du service public et le faisaient savoir à longueur de spectacle. Leurs vœux devaient être exaucés puisque l’un dirigea France inter après avoir léché les bottes du MEDEF, puis de Sarkozy en ayant oublié comment il harponnait, dans un spectacle de 1982, donc peu après l’avènement de Mitterrand qui ne permettait certes pas encore aux cœurs de s’éprendre, regrettait-il dans un dernier sursaut d’idéalisme, l’innocente droite française du temps de Jean Lecanuet, le patelin maire de Rouen avec qui était sortie une amie d’Edma, qui l’avait connu personnellement et m’avait raconté tout le côté insoupçonnablement décadent du personnage aux dents blanches, au-delà de son aspect insipide officiel.

Mais la désillusion dont je ne suis pas encore revenu tient au reniement de Font par Val, si bien que je continue de préférer le mort au vif qui ne lui cède pas comme dans l’adage juridique dont je ne retrouve plus la formulation exacte, bien qu’Annick me dépeignît Val comme un poète plus averti que font. Bien que Font et Val aient interprété une ode à Brassens dans laquelle ils le remerciaient d’être l’Auvergnat et auquel ils ne ménageaient pas leurs éloges, contrairement à Jean-Marie Vivier qui lui adressa une supplique déçue pour qu’il n’entre pas à l’Académie française, Jean-Marie Vivier que j’avais invité par téléphone la veille au soir à venir chanter nos fiançailles et qui m’assura qu’il l’aurait fait s’il n’avait pas été pris ailleurs (il le disait avec un accent de sincérité qui ne trompait pas), Val ne sest pas montré à la hauteur de l’étranger de la Chanson de Brassens auquel ils identifiaient le personnage privé en abandonnant font à son triste sort.

 

J’ai réécouté les chansons de Font avant de relire les minutes de son procès. Évidemment que ses chansons annonçaient sans précaution oratoire les penchants pédophiles du saltimbanque assez peu bambocheur repêché avec élégance par Jacques Maillot et ceux qui tenaient le Théâtre des deux ânes après qu’il eut purgé ses années de prison.

 

Qu’est-ce qui me rend sensible à ces destinées transgressives ? Ma libido réduite à sa plus simple expression comme le raconte le rêve de Stéphanie (ma toute première, donc ma plus vraie !) ou bien le fait que Font, que je croyais mort depuis beaucoup plus longtemps, exprimât son penchant pour les jeunes filles avec une vraie tendresse pour leurs rêves de princesse, bien qu’il passât les bornes dans une chanson, comme par hasard intitulée Dans les yeux de Christelle, une autre de mes égéries, et où il avoue que, « dans les bas » de cette petite fille de sept ans et au royaume de ses poupées, il ait « trouvé un autre chemin » pour lequel prendre, il lui demandait « d’être gentille » et elle le devenait ». Je ne me sens pas de connivence avec ces fantasmes d’intrépide volonté de puissance masculine voulant pénétrer à contre-temps un continent sacré et secret quand on a passé l’âge du « touche-pipi » tel que j’ai pu le vivre avec une petite fille qui portait le prénom de la seconde fétiche d'Aragon, que j’avais l’imbécillité, après mes amoures satisfaites d’enfant de sept ou huit ans, d’appeler « la peste conne » pour faire chorus avec mon grand frère et en détestant tout à coup ses caprices de petite fille d’autant plus adorable que tout lui était dû, y compris le fait que nos oreilles supportent ses décibels, mention qui n’est pas du tout faite dans la chanson de Patrick font consacrée à Christelle.

 

Ce que j’aimais chez Font n’était pas ses penchants pédophiles, pour autant que je puisse en attester franchement et me prononcer lucidement sur une réalité que je crois être la mienne. Mais j’aimais l’esprit du Chalet, symbolisé par une chanson que je ne retrouve plus, mais où je me souviens qu’il y avait ces paroles : « Quand Béatrice est née, il fallait voir nos yeux », au milieu d’un hymne à la liberté, liberté de sortir les enfants du carcan de l’école obligatoire pour leur apprendre à faire du théâtre au milieu d’une nature amie et non hostile située au même endroit que ce « pays entre Léman, Jura et Germanie, Un pays de montagne et d’eau et d’amitié » qui « fleure bon la vie » et « rassure un visage qui pleure » au moment où celui-ci a besoin de trouver quelque repos à ses peines ravinées, trop savamment entretenues à défaut de sobriété et de sortie des obsessions : à force d’avoir peur du diable, j’ai vu mon double et je l’ai vu dans mon double.

 

Oui, ce que j’aime dans les chansons de Font qui sont nombreuses, bien écrites et pas toujours assez bien travaillées, c’est l’esprit du Chalet, cette envie de vivre en liberté, non pas abandonné à mes instincts, mais suffisamment près d’eux pour pouvoir leur faire confiance sans nuire à personne si du moins mes instincts me désignent, ce qui reste à prouver.

Je ne sais pas si le détachement est un antidouleur comme je l’ai écrit dans mes Aphorismes. Je ne sais pas si la conversion est détachement, comme le présume une mystique un peu passée. Mais je crois qu’il faut vivre détaché, désincarcéré de ses carcans scolaires, culturels ou religieux pour accéder au décloisonnement dont me parlait Jean-Paul Bourre en me promettant l’éveil au bout de ce décloisonnement. Il faut vivre détaché de soi pour échapper à l’intranquillité du rapport douloureux avec soi. Douloureux et inutilement douloureux, nécessairement. « Vivons heureux, vivons cachés », dit le dicton que je crois tout droit sorti d’une fable de la Fontaine dont il constitue la morale. Vivons amarrés à qui l’on est, vivons détachés, sans obligation de croyance. Se convertir, c’est se désobliger de croire pour ne plus parler faux, pour ne plus jouer faux, pour ne plus sonner faux. Mais à peine a-t-on dit cela qu’on se demande comme Pilate à Jésus, non pas « qu’est-ce que la vérité ? », mais « où est ma vérité ? » « La vérité est une idole » a dit Pascal et peut-être qu’a fortiori, ma vérité, mon authenticité sont des idoles, et pourtant je ne peux pas me départir de l’idée, exprimée à l’instant dans une conversation de trois heures avec Clément après laquelle je reprends la rédaction de ces quelques lignes, idée qui m’est venue à la sortie de la messe à ste-Marie où Serge m’a emmené pour me consolé de n’être pas parti en vacances, de l’idée exprimée aussi dans la chanson Je donnerai ma voix si souvent citée sur Radio ici et maintenant et où il était dit que l’auteur donnerait sa voix à celui qui ne chercherait pas dans son livre d’idées la vérité – et l’Évangile peut aussi être un livre d’idées -, de l’idée, y viens-je enfin, que j’aimerais que la Parole de Dieu puisse aussi se déduire du meilleure de moi-même, extraction faite de ce que Dieu doit me dire pour me tirer de moi, pour m’extraire de moi, pour que la société puisse tenir à autre chose qu’à moi, qui ne serai vraiment moi-même que quand je serai détaché de moi, libre d’extraire « ce vent de liberté » qui n’est pas qu’un slogan d’un cantique boursouflé de Pentecôte un peu trop syncopé, mais ressortit à ce que Patrick font recherchait dans le Chalet, et tant pis si cette recherche allait sans sublimer son goût des trop petites filles, le psychiatre ayant conclu à son procès que Patrick Font était un vrai pédophile – et moi, et moi, et moi, qui ai toujours eu une propension à me charger de tous les péchés d’Israël, et si je devais réellement les endosser tous ! –

 

Il paraît que j’ai dit à Clément un soir en étant soul que le fantasme était plus beau que la réalité. Moi qui suis un chrétien feuerbachien, je vis dans le fantasme de Dieu et, quand il m’arrive de m’interroger sur ce qu’est l’amour, je me dis qu’il n’est pas mon idéal du moi, mais mon idéal de l’autre, non pour qu’en lui soit transfiguré mon idéal du moi, mais que l’autre soit vraiment ce qui me manque. Mon idéal de l’autre est l’essentiel de mon fantasme amoureux. Mais quant à moi ? Quelle est ma vérité ? Quelle est mon authenticité, détachée de moi-même ? pourquoi ai-je tant aimé des chansons comme le Grand café ou le Phare de Jean-Marie Vivier ? Et pourquoi ai-je la conviction qu’étant donné ma culture de pois chiche en matière de musique classique, ma plus grande passion demeurera la chanson française, car j’ai l’impression que c’est une passion qui demeure à ma portée.

 

 

 

  

Rêve d'un pape

Et puis tout autre rêve, rêve d'un fou, car il faut être fou pour rêver de ça. 


Je suis avec ma grand-mère et nous allons à Lourdes. Nous nous apprêtons à être logés chez des sœurs qui logent elles-mêmes le nouveau pape qui reste une énigme pour moi. Après un long voyage en train parsemé de péripéties dont je ne me souviens plus, nous entrons dans une maison très solennelle où nous sentons que nous allons gêner. Nous gravissons un escalier. La porte est ouverte, mais nous impatientons la sœur censée nous attendre avec impatience. Nous l’entendons nous accueillir de loin avec une pointe d’agacement. Nous laissons entendre à la sœur qu’il ne sera pas nécessaire qu’elle nous fasse à manger, pourtant nous aurions bien voulu. Nous sommes reçus dans un grand salon, ou plutôt une salle à manger de ce Lourdes qui s’est transformé en Rome et où le pape est allongé, car il vient de subir une dialyse. Le pape est sans cesse tenté d’enlever son reudon, comme un patient qui fut mon voisin de chambre d’hôpital. Il veut se détacher de ce redon ou de son drain et chaque fois les sœurs l’en empêchent gentiment et à distance en commençant par parler de lui sur un mode personnel : « Il veut se détacher » avant de se reprendre : « Le Saint-Père veut se détacher de son redon.«

 

les sœurs supposent que nous voulons dormir dans la chambre du pape (et peut-être avec la femme du pape, je crois que le rêve contenait cette proposition indécente). Ma grand-mère et moi nous récrions en répondant que nous n’avons pas besoin de cette intimité. Les sœurs nous laissent tranquilles et le pape se met à nous parler d’une voix où perce le dégagement que la promiscuité des sœurs empêchait. Le pape semble nous savoir gré de ne pas avoir envie de cette intimité intrusive qui pourtant était permise à notre séjour à l’hôtel, puisqu’il était dans les nouveaux usages de ce pape que des fidèles puissent dormir avec lui dans la chambre pontificale, tant la transparence et l’exemplarité devaient se répandre. Ma grand-mère ose timidement la question : «Est-ce le pape François qui vous a causé tant de mal ? » Je m’immisce timidement dans cette questionde ma grand-mère qui a osé. Le pape reste équivoque et élude la question. Mais il se détache de son redon et se dépêche de reprendre ses activités. 

samedi 5 juillet 2025

Sentiment océanique ou sentiment de fin du monde?

J’aurais beau faire tous les efforts du monde ou possibles - ou du monde possible -), je me sens aussi étranger que possible au sentiment de fin du monde.

J’ai toujours eu des amis qui y étaient sensibles, je les écoutais patiemment sans les comprendre. Je croyais y déceler un invariant psychiatrique individuel avant de me rendre compte que ce sentiment se répandait à échelle planétaire à travers la panique de la catastrophe écologique, qui faisait se substituer l’idée qu’il fallait sauver la planète à l’angoisse qu’il faut sauver nos âmes. Métonymie qui fait prendre la partie planétaire pour le tout existentiel.

Donc cette angoisse planétaire de la « fin du monde » écologique s’apparente à une psychose collective qui oublie de défricher l’invariant psychiatrique qui étend l’angoisse de la mort individuelle en puissance de mort collective.

Mais l’immaturité de cette psychose collective de fin du monde écologique explose du fait qu’elle ne veut pas voir que, s’il faut transférer à l’homme la puissance de se détruire, la menace nucléaire est beaucoup plus immédiate et beaucoup plus efficace que la lente destruction écologique.

Seulement la menace de destruction écologique est beaucoup plus structurelle et structurante et peut donc permettre à la neutralité de la mort de l’espèce de suppléer à l’angoisse de la mort individuelle.

La mort de l’espèce est trop grande pour que nous nous en sentions intimement responsables, de quelquh’ystérie que se pare lécoanxiété. La menace planétaire est macrocosmiquement plus dangereuse, mais elle est microscopiquement nulle à l’échelle de l’angoisse existentielle de la survie de l’âme qui est le tout métaphysique de l’être, si toutefois l’être a conservé assez de prise sur lui-même pour se saisir comme être. 

lundi 23 juin 2025

La fin de la diplomatie

Justice au Singulier: Il faut sauver les diplomates !


Patrick Emin, dans un précédent commentaire, met le doigt sur le fait qu'il existe comme un supra-nationalisme israélien. Israël pratique un nationalisme toléré par la communauté internationale et viole impunément la souveraineté de ses voisins non seulement sans être sanctionné, mais la première puissance mondiale, dirigée par un impulsif qui souffre d'une "faille narcissique", lui emboîte le pas comme dernièrement en Iran, où l'opportuniste Donald Trump profite des réussites militaires israéliennes pour s'approprier ses victoires contre le nucléaire iranien. 

"Emmanuel Macron a échangé dimanche avec le président iranien Masoud Pezeshkian et l’a appelé «à l’exercice de la plus grande retenue» pour «permettre un retour à la voie diplomatique», écrit Paul Sugy dans "le Figaro" de ce jour.

Imagine-ton ce qu'il en serait si l'on remplaçait le nom du président iranien par celui de  Wolodymyr Zelensky? Pourquoi les mêmes qui ont reproché à juste titre à Vladimir Poutine d'avoir agressé l'Ukraine pour préserver son aire de civilisation et sous des prétextes sécuritaires en partie légitimes, n'assimilent-ils jamais Netanyahou à Poutine? Pour l'heure et jusqu'à plus ample informé,l'expansionnisme poutinien se limite aux républiques de l'ex-URSS, quand Le théâtre des opérations militaires israéliennes déstabilise toute la grande région sur les fronts palestinien, libanais, syrien et maintenant iranien, sans certitude d'être exhaustif.

Si on remonte la mémoire longue de la séquence Trump-Macron-Iran, on trouvera que d'abord, un accord a été âprement négocié par des adversaires de l'Iran aussi peu suspects de collusion avec le régime des Molah que Laurent Fabius, le célèbre auteur de la phrase: "Bachar ne mérite pas d'être sur terre" (il doit être content, les djihadistes ont renversé le président syrien, ça plaît aussi beaucoup à Israël, d'autant que le nouveau président djihadiste de Syrie ne condamne pas l'attaque d'Israël contre l'Iran, ancien allié de son prédécesseur Bachar qui ne "mérite pas d'être sur terre"). 

Trump dénonce  l'accord sur le nucléaire iranien comme étant trop favorable à l'Iran. Macron ne veut pas être en reste et abonde dans le sens de Trump pour dire que l'accord n'est pas assez répressif et sanctionnaire. 

Puis Trump réélu change de pied et veut à nouveau négocier avec l'Iran. Netanyahou lui "tord le bras" en attaquant l'Iran. Trump ne veut pas être en reste et bombarde les sites nucléaires iraniens. Et Macron le parachutiste joue les gentils désescaladeurs.


Mais le présent billet portait sur la diplomatie et nous parle de deux mondes: d'un côté "le caractère tranquille d'une Europe qui n'est pas impulsive", étrangère  aux "accès et [aux coups de boutoir de grandes puissances et de leurs responsables se vantant d'être libérés des règles communes." (PB) Et de l'autre le "monde actuel" dont la guerre est devenue le nouveau paradigme -ou est à nouveau  devenue le paradigme- par un "retour du refoulé" ou "du même" qui stupéfie ma génération, qui croyait fermement qu'elle ne connaîtrait "plus jamais la guerre", comme le demandait Paul VI dans son discours à l'ONU.

La guerre est devenue le nouveau paradigme du monde actuel parce que e monde est dirigé par des fous. La formule est lapidaire, mais il était autrefois dirigé par des membres du "cercle de la raison". Ce qu'il en reste a perdu la raison, à commencer par le président français, bien moins impulsif que Trump et qui sait dérouler une vision du monde, mais en change comme de chemise, enfin il les amidonne à mesure. 

La diplomatie est morte avec les bonnes manières et il n'est pas anodin qu'Emmanuel Macron ait détruit le corps diplomatique. Autrefois c'était à quel chef d'Etat serait le plus raisonnable. Aujourd'hui, c'est à qui tirera le mieux la manche de son hôte, l'époussettera, lui enlèvera des pellicules, dans une bande de copains (la bande de copains a remplacé le "cercle de la raison") qui se chamaillent et s'insultent en se tutoyant dans un jeu de connivence qui n'a rien à faire ici. 

Donald Trump a donné le "la", signal ou le baiser de la mort de la diplomatie en faisant de Twitter au cours de son premier mandat le canal où elle se jouait et en y postant l'équivalent de "câbles" qui seraient restés secrets dans un temps plus ancien et plus civilisé. Bref, Donald Trump a suspendu la diplomatie à un réseau réactionnel où on s'insulte, se menace, se trolle, comme si c'était sans conséquence. 

samedi 21 juin 2025

Ce cardinal HOllerich que je ne connaissais pas

Cardinal Hollerich : un homme clé dans la stratégie du pape François | René Poujol


Il pourrait sembler que je partage à contre-temps cet ancien billet de René Poujol à propos du cal Holleriche que je connais peu et mal alors que j'avais rencontré mgr Hypolite Simon, l’un de ses prédécesseurs à la tête de la COMECE (conférence épiscopale des évêques européens), homme contrasté et complexe, aux obsèques de notre ami commun M. Paul Petit, ancien bibliothécaire du séminaire st-Sulpice où mgr Simon avait fait ses études et où je fus hébergé pendant neuf mois après que ce séminaire se fut transformé en foyer d'étudiants qui recevait en outre prêtres et évêques du monde entier. Hypolite Simon aété entre temps lui aussi et prématurément rappelé à Dieu.

Ce partage à contre-temps du billet de René Poujol est dû au fait que je suis engagé dans la lecture de son  livre le Synode, c'est maintenant qui vient de paraître aux éditions Salvator. Je formaliserai mieux ce que j'en ai pensé dans des billets ultérieurs et quand j'en aurai achevé l'étude autant qu'il est en mon pouvoir d'achever quelque chose, étant poursuivi par le démon de l'inachèvement.

Mais je voudrais partager ici les quelques réflexions qui me sont venues sur la personne et l'intention du calHollerich telles qu'elles me sont données à appréhender par ce portrait de l'homme et cette recension de son livre d'entretiens sur ce billet de blog déjà ancien de René Poujol à côté duquel j’étais passé en son temps et dont il recopie l’introduction en annexe de son ouvrage.

Le cardinal Holleriche vient de plusieurs traditions à la fois. Missionnaire, il s'est inculturé à la tradition shintoîste et ultrasécularisée du Japon. Comme président de la COMECE issu d'un pays riche parfois accusé d'être un paradis fiscal, il était prédisposé à user de la novlangue plus souvent qu'à son tour. Mais il parle cette novlangue avec des fulgurances comme ce qu'il dit sur les Égyptiens qui mettaient le passé devant eux et l'avenir derrière eux, car on voit le passé que l'on connaît, mais on ne voit pas l'avenir que l'on ne connaît pas et l’Église ne doit pas être l’Égypte ni faire comme les Égyptiens.

Dans son livre "Trouver Dieu en toute chose", le cal HOllerich envisage un "synode sur l'Europe". Les deux continents de chrétienté active, observée, donc mise malgré tout sur le boisseau, à ne pas avoir fait l’objet (ni s’être fait les objets) d’un synode sont l’Europe et l’Afrique, celle-ci parce qu’elle ne voit pas la nécessité de discuter de ce qui doit avant tout se transmettre sacramentellement, animiquement ou shamaniquement si ce terme est applicable à l’ancestralité du "continent" comme s'appelle l'Afrique, consciente qu'elle contient tout ou partie de l'avenir du monde comme elle serait le berceau de l’humanité, celle-là (le vieux continent ou la vieille Europe) parce que, confortée par le centralisme romain, elle s’est prise pour l’objectivité même, pour l’aboutissement de la civilisation concentrant en elle-même tous les universaux, pour le centre du monde et le parangon de la chrétienté, dont cette région occidentale s'est arrogée le monopole normatif de cet orientalisme qu’est l’Évangile à l’origine, et qui a « des origine » à l’Est d’Éden.

René Poujol nous dit que le cal HOlleriche fait preuve dans son livre d'une "audace tempérée". « Audace lorsqu’il invite à « intégrer une nouvelle façon de penser la foi au sein de la réalité vécue des hommes d’aujourd’hui » ; audace lorsqu’il nous appelle à accompagner les hommes et les femmes, nos contemporains, dans le quotidien de leur vie, sans les juger, plutôt que de s’user à vouloir infléchir les lois de la cité ;.
"Enfin!",voudrais-je m’exclamer dans un « ouf ! «  de soulagement. Inflexion exempte de volonté d'infléchir tenant notamment à ce changement de perspective par lequel l'Église a longtemps considéré le monde comme une "structure de péché »,jusqu'à ce que la crise des abus sexuels la mette devant l'évidence qu'elle était elle-même une structure de péché.

J'aurais tendance à souhaiter qu'on s'abstienne aussi de la correction fraternelle par laquelle on s'autorise à vouloir changer et convertirles autres. On ne doit pas leur faire la violence de vouloir les convertir en réveillant l'amour avant qu'il ne le veuille, pour reprendre l'expression qui m'est si chère de sainte Thérèse d'Avila. On ne doit pas pour autant cesser de les appeler à la conversion ni de les assurer que la conversion qui transforme la conversion de désir en conversion d'état et d'action et de mode de vie est la plus belle aventure qu'il soit donné à un être humain de vivre. Mais cela, on le prêche par l'exemple, quand on cesse de se vautrer dans l'incohérence du "faites ce que je dis, pas ce que je fais."
"audace, poursuit René dans sa recension, lorsqu’il [le cal Hollerich] conseille, concernant la foi, de « réfléchir avec les jeunes et chercher avec eux des réponses, plutôt que de leur rappeler sans cesse celles que donne le catéchisme classique. »
Cela, j’ai compris que l’Église l’avait compris sans le dire ou en le disant, le jour où le très conservateur cal Vingt-trois avait organisé la première réunion des amoureux pour la saint-Valentin en y conviant tout le monde et indistinctement les fiancés et les concubins, ceux-là mêmes que les familles bien-pensantes n’invitaient pas à leur table ou à qui elles ne permettaient pas de dormir ensemble de crainte qu’ils ne couchent ensemble, attitude condescendante, discriminatoire et de rejet qui ne serait plus possible à notre époque, impossibilité dont même le clergé conservateur, sans saveur, sans couleur et sans odeur de l'archidiocèse de Paris a pris acte, ce qui en soi est plus qu’une révolution de palais, mais constitue une vraie révolution pastorale qui n’a pas dit son nom, bien loin des polémiques qui s’élèvent indéfiniment à propos de la communion à donner ou non aux divorcés remariés ou de l’intégration des homosexuels dans la communion ecclésiale.
"
Les réformes structurelles ne doivent pas être les seules au centre des discussions", mais "nous avons une théologie que plus personne ne comprendra dans vingt ou trente ans. Cette civilisation aura passé. C’est pourquoi il nous faut un nouveau langage qui doit être fondé sur l’Évangile. Or, toute l’Église doit participer à la mise au point de ce nouveau langage : c’est le sens du synode. »
Autant le synode est légitime s’il s’emploie à inventer un nouveau langage qui revient à penser la foi à frais nouveaux, urgence pour une Église qui ne veut pas mourir et se laisser ensevelir sous les drapeaux et les fanions de son folklore multiséculaire, autant le synode se plante s’il se conçoit comme une réforme structurelle se perdant dans l’apocalypse structurelle qui pond des normes plutôt que des rêves ou des utopies. Le communisme et bientôt non seulement l'utopie européenne autrefois tournée vers "la paix perpétuelle" et désormais à nouveau vers la guerre mondiale, mais aussi l’Eglise qui n’a codifié sa législation dans un droit canon aux allures de code pénal que depuis 1917, ai-je appris dans le livre de René, s’effondreront soue le poids de leur bureaucratie, autant l’urgence est à inventer un langage nouveau sans rapiécer nos vieux vêtements ni gâter le vin nouveau de l’Evangile dans les vieilles outres du folklore ecclésiastique. Il ne faut pas être formaliste, mais puisque « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface », la forme a son importance.

Le synode court le risque d’être une inflation langagière masturbatoire s’il fait comme la littérature qui, à force de s’étudier elle-même en faisant de la critique littéraire un genre littéraire où l’art littéraire est bien plus malaisé, s’est gonflée en nous gonflant au risque de crever de sa mise en abyme palempséstique hypertextuelle. Le synode est menacé par cette autoréférentialité onaniste au moment même où il demande à l’Église de cesser d’être autoréférentielle. Mais il peut aussi se saisir du langage pour inventer un langage nouveau qui ne soit pas de la novlangue. Et en tant que »conversation dans l’Esprit », c’est-à-dire en tant que parole partagée qui s’empare du langage comme d’une base de travail, le synode est une bonne méthode pour inventer un langage nouveau.
Je me suis longtemps méfié de ce mot de « conversation » qui ne me paraissait pas à la hauteur du dialogue philosophique ou talmudique dont provient notre civilisation judéo-chrétienne et helléno-chrétienne, quand »l’esprit de la conversation » a trop fait le bonheur et le lustre des salons à la française, comme l’a illustré La Rochefoucauld en sublimant cet "esprit de la conversation". J’ai révisé ma position en me rappelant que le dialogue philosophique, bien qu’il s’oppose théoriquement à la rhétorique comme art de persuasion, s’est souvent assigné pour mission de convaincre, si on observe la pratique de Socrate. La conversation a peut-être fait les beaux jours de l’esprit salonard, mais le contrepoint de la musique baroque est une conversation de la même époque classique du Grand siècle français entre des voix qui se confondent ou se superposent de façon plus subtile que la mélodie accompagnée, or le synode voudrait trouver un consensus entre des voix (et des voies) multiples. Là où le synode peut réussir dans l’invention d’un langage nouveau, il risque d’échouer, aussi bien s’il vise une révolution structurelle que s’il borne sa réflexion à s’interroger sur les voies délibératives comme notre « Grand débat » national qui a noyé la crise des Gilets jaunes ou, plus loin de nous, comme le référendum sur le référendum, par lequel le Florentin Mitterrand a mis fin à la guerre scolaire en faisant diversion par cette proposition improbable et qui n'a jamais vu le jour.
Le synode échouera s’il ne fait que réfléchir aux méthodes de la décision dans l’Eglise. Peut-être dis-je cela parce que je ne sais pas décider et que la décision reste mon point faible. Mais nous ne passons pas notre vie à prendre des décisions et la décision est nécessairement tendue entre le discernement de saint Ignaceet l'"aussitot"de l’Évangile. Fondé dans le langage pour trouver un langage nouveau, le synode doit ne s’assigner rien de moins que de rendre le peuple de Dieu responsable du « développement interne » de la doctrine qui ne doit plus être énoncée au terme de négociations machiavéliques entre le pape et l’empereur comme s’est formé le credo au concile de Nicée que nous fêtons en cette année jubilaire après le premier concile césaro-papiste de l’ère chrétienne. À rien de moins qu’à la formulation de la doctrine dans un savant mélange d’intuitions et de révélation doit aboutir le transfert de l’infaillibilité pontificale à l’infaillibilité supposée in tempore du peuple de Dieu annoncée par le pape François comme l’ambition de son pontificat dans son premier entretien à la Civilita catholica. La doctrine est ce discernement dans l’Esprit, bien plus que les décisions à prendre. Elle est le terme et la fin du langage qui n’est une structure qu’à cette fin. Le langage a faim de la doctrine beaucoup plus que l’ »inconscient [n’]est structuré comme un langage ».  Le langage est « une structure en équilibre » précaire qu’en vue de trouver cette colonne vertébrale que forme une doctrine qui doit être sans cesse consolidée et mise à jour comme elle doit être remise au goût du jour dans les mots du moment.

 

mercredi 18 juin 2025

Le coup de pied au fond de la piscine

https://www.philippebilger.com/blog/2025/06/on-nest-pas-encore-assez-bas.html#comments

Cher Philippe,
Désolé d'être certain de vous décevoir par ma philippique, mais Jacques Rigot comme le livre "Feu follet" qui sont une apologie de l'énergie du désespoir que ma Providence invisible a attirée vers moi à deux jours de me faire désintoxiquer de l'un de mes démons les plus récurrents, mérite mieux que cette apologie de "la France des honnêtes gens" plaidée par Bruno Retailleau qui "consulte Nicolas Sarkozy" pour parler comme lui le langage de la rupture et ne rompre avec rien, et à tout prendre, je préfère le "Jusqu'où va-t-on descendre?" d'Alain Soral que le "on n'est pas encore assez bas" de Jacques Rigot, non pas pour l'antisémitisme de Soral qui pourrait certes faire des gorges chaudes avec ce qu'Israël fait en Iran, mais va tomber de son haut dans son soutien à Donald Trump qui peut jouer un rôle moteur dans cette escalade ou dans cette chute destructrice ou finale, en mettant les choses au pire.
Je préfère "jusqu'où va-t-on descendre?" parce qu'il contient cette vérité que, tant qu'on n'a pas touché le fond, on ne peut pas retrouver en soi l'énergie, non pas de remonter la pente, expression illusoire dont on ne sait jamais si, savonneuse comme elle est, elle ne nous fera pas glisser de plus belle (je me suis juré de ne plus employer cette expression depuis que j'ai vu mon père à l'agonie se bercer de cette illusion), mais de redonner un coup de pied au fond de la piscine pour se retrouver la tête hors de l'eau, coup de pied qui indigne le désespéré quand on lui dit qu'il doit le donner: je me souviens d'un ami, victime d'un sinistre incendiaire où il avait tout perdu, qui ne supportait pas de s'entendre proférer ce conseil par un juriste, Hervé Bercier à qui je rends honneur en le citant, membre de la Conférence de Saint-Vincent de Paul de saint-Nicolas du Chardonnet au vestiaire de laquelle ce clochard céleste allait se procurer de très beaux vêtements qu'il mettait un point d'honneur à passer quand il passait nous voir.
Et pourtant le désespéré le donne malgré lui, ce coup de pied, comme en-dessous des impératifs moraux qu'on entend lui enfoncer dans le crâne, et ce coup de pied qu'il donne ne revient pas à un redressement de la société, à une "moralisation de la vie politique" à la Bayrou ou à un projet à la Édouard Philippe qui déçoit, moins par sa volatilité panicarde au cours de la crise covidique que parce qu'il est demeuré in pettol'ami de Dimitri Metvedev, ainsi qu'il en est ressorti de l'entretien long format que lui a consacré Darius Rochebin sur "LCI", mais cette parenthèse politique est presque inopportune.
Car ce coup de pied au fond de la piscine donne lieu à une véritable conversion qui, si l'on transpose comme vous le faites ce bas où l'on ne serait pas assez tombé, selon Jacques Rigot convoqué pour le dire, non pas à nos personnes qui sont le levier par lequel il faut commencer ce seul effort qui vaille et qu'est la conversion, mais à la société comme vous le faites, ne peut plus amener à considérer que tout le mal nous vient de la justice trop laxiste, de l'école qui n'est pas encore assez mal apprise ou pas assez mal apprenante, ou des services publics qui, cahin-caha, continuent, bien qu'en novlangue, de fonctionner grâce au dévouement jamais en reste et jamais salué à droite de fonctionnaires qui tiennent une barque bureaucratique près d'être submergée (et cette submersion n'est pas essentiellement migratoire): "le monde" n'a jamais tenu qu'"au fil des filles gentilles" comme l'a chanté Laurent Voulzy.
Les Gilets jaunes étaient en-dessous de la réalité quand cette révolte des classes moyennes inférieures ne voyait pas qu'au bout de la tiers-mondisation où nos élites ne nous ont jamais vu descendre sur la corde raide de la mondialisation prétendument heureuse, qu'au bout de la bidonvillisation ou de la fadelaïsation de la société, la fracture sociale sépare désormais (car on est descendu d'un cran depuis cette dernière grande crise sociale) ceux qui ont reçu une éducation suffisante pour être dotés d'un minimum de sens moral et ceux chez qui ce sens moral n'a pas pu s'atrophier ni se dissiper puisqu'il ne s'est pas développé, enfants en épidémie de trouble d'hyperactivité, de syndromes du spectre autistique, de violence gratuite y compris chez les tout jeunes "dys" ou "en situation de handicap" qu'on veut inclure de force dans une banalité qui ne sera jamais la leur, enfants dont le couteau qui darde de centaine de coups leur petite copine ou leur surveillante elle-même en pleine reconversion professionnelle permanente (Amélie G), qui passant à l'acte par écoanxiété, qui par fascination du meurtr bien qu'ambassadeur de sa classe contre le harcèlement, dont le couteau n'est que le prolongement criminel abmominable de ce mal-être générationnel, favorisé par un monde tellement déboussolé et tellement revenu du progressisme à ses archaïsmes les plus sinistrement cycliques, qu'il est dans la main de personnages aussi ambigus qu'Emmanuel Macron, aussi invertébrés sur le plan religieux que Benjamin Netanyahouou qui se prend pour un nouveau Josué, ou aussi dangereusement imprévisibles que Donald Trump, à qui s'opposent ceux qui ont un minimum de sens de l'ordre géopolitique au nombre desquels il faut bien reconnaître que s'inscrit Vladimir Poutine, car il agit, guidé par des principes patriotiques que l'Occident dans sa déchéance n'est plus capable de comprendre, car son sens moral vise à faire de l'exception la règle, de l'inversion l'endroit, des déviances antiphysiques sans être contre nature les lois de la nature, et surtout de la marge la norme. Il y a une banalité de la marge dont l'honneur est de ne pas vouloir être normalisée.

Voilà la première conscience que donne au perverti le coup de pied dans la piscine, dont le "jusqu'où va-t-on descendre?" donne une idée beaucoup plus juste que celle qui inspira à Jacques Rigot de se suicider ou à Alain, le héros énergique et nihiliste de "Feu follet", de s'atomiser dans la drogue avec "esprit de l'escalier" (l'expression est merveilleusement analysée dans cet ouvrage), la drogue qui n'avait même pas chez lui la fonction d'une alternative spirituelle en mesure de lui permettre de prier mieux ou de prier autrement, car hors de"prier sans cesse", on ne saurait jamais s'en sortir. 

jeudi 15 mai 2025

Le bullshiter et l'armoire normande

Réactions à chaud à la confrontation sans débat de la droite BRLW (Bruno Retailleau-Laurent Wauquiez):


C'est incroyable, ce que Bruno Retailleau a la voix de Xavier Bertrand. Mais quand il a voulu concourir à la primaire de 2017, XB a pris des cours de mediatraining pour prendre une voix sépulcrale avec laquelle dire des horreurs. BR garde sa voix.


La droite rancie: BR ne récuse pas la sortie de Chirac sur "le bruit et l'odeur". On lui diffuse la séquence, mais on ne lui demande pas de se prononcer sur "le bruit et l'odeur". S'il les confirmait, il serait disqualifié. LW l'a compris, qui reprend l'appréciation générale, mais en soustrait "le bruit et l'odeur". 


BR assume la sortie de Nicolas Sarkozy sur le karcher. Je ne savais pas qu'elle faisait suite à la mort d'un enfant de 11 ans. 


Nos politiques ont vu la barbarie de près: Emmanuel Macron a raconté la barbarie de Gaza dans son interview d'avant-hier, 13 mai. il a vu une femme, a-t-il répété par deux fois dans deux médias différents, dont la colonne vertébrale était brisée, qui pendant six mois, n'a pas reçu de soins et qui néanmoins voulait retourner à Gaza. il y a deux manières d'avoir vu quelque chose: soit l'on a vu le Christ ou un phénomène mystique ou merveilleux qui nous rapproche de Dieu, soit on a vu le mal dans ses répercussions sur l'être humain, et on ne peut jamais oublier cette blessure. 

    François Bayrou a certes giflé un enfant qui lui faisait les poches, mais après une lapidation de la mairie de la Meynau. Donc il n'aurait pas dû se contenter de parler d'un "sentiment de submersion migratoire" éprouvé par les Français: il aurait dû dire que sa gifle, instinctive, mais inadmissible en sa qualité dancien ministre de l'Éducation nationale, était la conséquence de cette submersion lapidatrice sur un lieu civil, emblème de la République. 

    Quand il parlait du kkarcher, Nicolas Sarkozy répondait à une mère et commentait la mort d'un enfant de 11 ans survenue  après les émeutes de 2005 consécutives à la mort de deux adolescents qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique. Bruno Retailleau assume les propos de Sarkozy dont les journalistes omettent de rappeler le contexte, celui de la mort d'un enfant tué par balles par des délinquants et des caïds et qui n'a pas provoqué des émeutes.


La droite rancie+1. BR: il faut refuser toute aide ou toute prestation non contributive aux migrants primo-arrivants. 

  J'ai trouvé refuge trois semaines durant à l'occasion d'un stage que je faisais à Strasbourg dans un foyer pour demandeurs d'asile. Leur plus grand problème était de ne pas avoir le droit de travailler et donc d'être plongés dans l'économie informelle à peine arrivs dans un pays qui devait décider souverainement par la suite s'il pouvait les accueillir ou non.


La droite rancie-1. BR a une intelligence sémantique: parler des "gens honnêtes" plutôt que des "honnêtes gens".


La droite rancie-1. Laurent Wauquiez: "La droite n'est pas l'ennemie des services publics, mais de la fonction publique bureaucratique." Formule reproduite de mémoire."Il faudra diminuer notablement le nombre de fonctionnaires, mais des fonctionnaires de la bureaucratie technocratique et normative. C'est ce qu'il a manqué à François Fillon de savoir expliquer pour que sa stratégie de diminution de la dépense publique soit comprise. Il ne suffit pas de "dégraisser le mammouth" administratif si l'on ne parle pas de redéploiement et si l'on n'étend pas le champ du régalien à la santé, à l'école et au social au sens large, non cancéreux, non socialiste, mais la société a besoin d'accompagnement social, car la majorité de ses couches est menacée par la précarité.


Laurent Wauquiez a un sourir de faux-jeton.


Laurent Wauquiez est un pseudo-disciple et admirateur de sr Emmanuelle et il est désormais favorable à la déportation des OQTF à Saint-Pierre-et-Miclon. Et pourquoi pas un bagne à l'ïle-du-diable tant qu'il y est? La pire extrême droite osait à peine parler comme lui.


Laurent Wauquiez rappelle qu'il est l'arrière-petit-neveu d'Émile Bollaert qu'il présente comme le second de De Gaulle et de Jean Moulin. En face, il envoie une pique à Bruno Retailleau qui, semble-t-il, ne viendrait pas de cette tradition résistante puisqu'il est issu de la tradition vendéenne.

Laurent Wauquiez reproche à Bruno Retailleau d'avoir un poste au gouvernement, mais il voulait y entrer à ses conditions en n'étant ministre des finances. 


Amélie Carrouëre rappelle  à Laurent Wauquiez qu'il est accusé d'être "l'homme du zig-zag idéologique". Il a été le second de Jacques Barot dont le fils Jean-Noël est le ministre des Affaires étrangères d'Emmanuel Macron et le principal opposantà la baisse de  la délivrance des visas proposée par BrunoRetailleau et actuellement accordés aux ressortissants algériens, avec l'irruption du tandem antagoniste Retailleau-Barot contre le tandem antérieur, Retailleau-Migault, qu'Emmanuel Macron a évité de reconduire en proposant le ticket Retailleauà l'Intérieur et Darmanin à la Justice.


Laurent Wauquiez a baissé la dépense publique dans sa région, mais n'a pas lésiné sur ses dîners privés avec les entrepreneurs aux frais du contribuable à raison de quelque mille euros par tête.


Laurent Wauquiez est tellement loyal qu'alors qu'il réclame un cordon sanitaire contre la France insoumise et aspire à une alliance de Gérald Darmanin à Sarah Knaffo, il en écarte le RN par la voie économique et en profite pour trahir Éric Ciotti qui s'était présenté comme président de LR pour porter la candidature de Laurent Wauquiez à la présidence de la République comme  délégué de son parti ou de sa "famille politique", selon lexpression consacrée dans cette droite. Chapeau, lartiste 


Le Français de Laurent Wauquiez: "Toute personne, d'où qu'il (sic)vienne,pourvu qu'il (resic) adhère au projet de la droite, est le (re-resic) bienvenu."Pour lui, notre République, c'est "la cinquième", la cinquième course? Il répète sa confusion pronominale sur la personne et se corrige sur "la cinquième" en y ajoutant le mot de "République". En effet, ça la ficherait mal de l'oublier quand on veut être président des Républicains.

 

jeudi 8 mai 2025

Les papes et moi

A la mort de Paul VI, j'étais en CP et ne savais même pas ce qu'était un pape. Jean-Paul Ier était élu et je trouvais qu'il mourait un peu trop vite pour qu'il faille à nouveau suspendre le temps dans l'attente d'une autorité nouvelle dont j'ignorais à quel point et dans quelle mesure elle devrait m'inspirer. Car en même temps que mademoiselle Berthe nous expliquait ce qu'était un pape, elle nous apprenait l'existence de l'âme et nous donnait à entendre ce qu'il fallait entendre par là. Puis vint Jean-Paul II, sa voix grave et assurée, sa façon inimitable de dire "l'hôme" en disant que l'homme était la route de l'Eglise, idée que je n'ai comprise que bien plus tard tout en n'étant pas convaincu que l'anthropologie soit le fort de l'Eglise. Jean-Paul II m'a touché les cheveux et a touché le visage de Franck qui restera à jamais mon meilleur ami bien que nous nous soyons perdus de vue. L'empreinte de sa main restera à jamais gravée sur ma tête et sur son visage. Nous étions à Rome en 1988 en étant contents d'être là, mais sans vraiment savoir ce que nous y faisions. Je me souviens d'y avoir entendu le frère François-Xavier, de la Communauté des béatitudes, nous débiter d'après la Bible que "ceux qui rêvent sont des fous", mais surtout d'avoir prié dans la grotte d'Assise avec le P. Jacques Philippe, qui devait écrire quelques années plus tard un livre sur la "Liberté intérieure", elle suintait de sa prière calme et tranquille, tant il en était rempli et animé. Plus tard, Jean-Paul II fit un voyage à Strasbourg et s'arrêta même dans l'école où nous avions été élevés Franck et moi. D'où vient que je boudai ce voyage?

En 1993, nous participions aux Journées mondiales de la jeunesse à Denver Collorado. Pastoralement, l'Eglise de France avait déjà pris le pli de rendre son annonce aux jeunes beaucoup plus détendue, même si Jean-Paul II n'en continuait pas moins de mettre la barre très haut, sans que là encore, je comprisse ce que signifiait son message nous disant que l'homme devait être fiidèle à sa conscience. Je ne me sentais pas l'être et, empétré dans une adolescence dont je ne suis jamais sorti jusqu'à ce jour, n'en voyais pas la nécessité, ce qui fut la plus grande erreur de ma vie, ni qu'hors de la compréhension que c'était là la fine pointe du message de ce grand pape, on passait à côté de tout ce qu'il disait. Il mourut le 2 avril 2005. Le lendemain, Nathalie et moi devions nous rendre à Montligeon pour retrouver le même Franck, que son intérêt pour la vie après la mortavait fait comme enterrer civilement dans ce sanctuaire dédié aux âmes du purgatoire. La mort de Jean-Paul II nous avait dévastés.
Puis vint le conclave devant aboutir à l'élection de benoît XVI. Sous l'influence de Louis Daufresne qui chroniquait lévénement sur "Radio Notre-Dame", je pris la liberté d'être critique à l'égard du prochain pape et je découvrai avec une sorte de stupeur qu'il n'était pas nécessaire d'être stalinien quand on était catholique et de penser que le pape était nécessairement conforme à nos affinités électives. Rétrospectivement, je trouve que mal m'en a pris d'acquérir cette liberté et cette distance critique. J'en vins rapidement à considérer que Benoît XVI avait l'avantage de la douceur catéchétique, mais ne trouverait jamais ses marques par rapport à son prédécesseur. Lorsqu'il fut élu, je revenais de visiter le château de Versailles avec mon filleul Simon. Nathalie nous avait préparé un gratin de pâtes et c'est quelqu'un qui travaillait chez nous, Dieudonné, que par jeu j'appelais "excellence" et qui m'appelait "éminence", qui m'apprit sans surprise sur qui le choix des cardinaux s'était porté.
Benoit XVI renonça et laissa la place à françois. Pour la première fois, je me laissai aller à jouer les book-makers. J'avais repéré le cardinal Sarah que je signalais sur "le forum catholique" et qui n'était pas encore la figure de proue des traditionalistes. Je n'étais pas en très bon état le jour de son élection. Je devais accompagner une conférence de carême de mgr Grallet dansl'église que je continue toujours de desservirpuisqu'elle est à côté de chez moi. Le hasard a voulu que nous avions prévu de chanter "la prière de François" en clôture de cette conférence de carême. C'était la première fois que j'entendais ce chant. François me désharçonna par son horizontalisation de la fonction pontificale comme s'il refusait de l'endosser. Je letrouvais à la fois mondain et plein d'Evangile en me demandant à sa mort s'il n'avait pas tellement affaibli la fonction pontificale que le monde n'aurait plus besoin de pape vu la façon dont il l'avait exercée en la banalisant tout en en conservant les oripeaux autoritaires. François est mort en conversation synodale avec l'Eglise qu'il a voulu rendre plus fraternelle tout en s'amputant du "camp" traditionaliste qui m'intéresse par besoin d'une discipline que je ne saurais pas pratiquer et detrouver où me raccrocher dans ce monde déboussolé.

Je ne me suis d'abord pas senti concerné par ce conclave et me dis à présent qu'il ne va pas s'agir de juger le pape qu'il va élire, mais de le recevoir, quel qu'il soit. Et cela me rassérène. 

vendredi 18 avril 2025

Saint Paul, tel le jeune homme riche en EFM

Mon insomnie du vendredi au samedi saint et qui devrait être la nuit du grand silence, produit ceci:

La semaine dernière, lors d’un enterrement que j’accompagnais et qui était celui du meilleur ami (une amitié de quatre vingts ans) d’un prêtre qu’il m’arrive d’accompagner ailleurs et qui se caractérise par son mysticisme, il était proposé un texte de saint Paul, extrait de l’épître aux Corinthiens (II Corinthiens 12 :2-4), texte dont l’importance ne m’était jamais apparue et que j’avais même oublié bien que j’ai lu, comme on dit « crayon en main » toutes les épîtres de Paul, et dont il découle (je l’écris en ce soir où Jésus est également venu chercher Paul dans la matrice de ses enfers personnels) qu’il avait vécu ce qu’aujourd’hui, on appellerait une EFM (expérience aux frontières de la mort) : » Je connais un [jeune] homme dans le Christ… voici quatorze ans – était-ce dans son corps ? je ne sais pas ; était-ce hors de son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – un tel homme fut enlevé jusqu'au troisième ciel. Et je sais qu'un tel homme – était-ce dans son corps ou sans son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – fut enlevé au paradis et qu'il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme d'énoncer. »

Ce texte relate certainement la formation desaint Paul sur le chemin de damas. saint Paul qui me fait paradoxalement l’impression, dans toutes les autres occurrences où il se modélise (« Prenez-moi pour modèle. Moi, mon modèle, c’est le Christ. »), au jeune homme riche qui aurait appliqué et suivi le conseil de Jésus, serait allé, aurait vendu tout ce qu’il possédait, puis serait venu etaurait suivi Jésus, mais avec une sorte d’amertume de ne pas se voir rendre « le centuple dès cette vie »ni « [délivrer] par surcroît » ce qui est promis à « ceux qui cherchent d’abord le Royaume de Dieu et sa justice », jouissant déjà de l’avant-goût de sa vie éternelle via son EFM, mais étant obigé de se signifier à lui-même qu’il avait remporté la course faute de se voir suffisamment reconnaître par le Collège des apôtres, ni même confirmer par ses propres disciples auprès de qui il doit constamment « se justifier » ou »s’enorgueillir », comme si son tempérament de zélote ne lui faisait pas manifester un amour dans la foi suffisamment contagieux pour qu’on ait envie de le suivre comme disciple, quelque mérite qu’on accorde au dogmaticien.

Saint Paul n’est pas le jeune homme riche de l’Évangile, mais il lui ressemble. Il a connu un transport dont lui vienttoute son énergie. Mais il écume d’en être revenuet de ne pas sentir l’orgueil de la récompense qui l’aurait distingué des autres. Car saint Paul a un tempérament d’athlète qui veut remporter la course. Il veut bien tout sacrifier à l’annonce de l’Évangile et se laisser tomber de cheval pour être emporté au paradis, mais il ne veut pas connaître ce renversement ultime que les derniers seront les premiers et que cela est inséparable, par impossible, d’une disparition complète de l’ego.

 

mercredi 16 avril 2025

La chaîne alimentaire, autour d'un poème de Nataneli


"Le loup mange la brebis, l’homme l’agneau,
La vie se nourrit de sang, de feu, de chaos. Le loup fut là bien avant la fragile brebis Et, qu’on le veuille ou non, il la mange, il l’avilit. C’est la loi de la nature, ainsi que la vie, Le loup tue pour vivre, ce n’est là qu’un imparti. La nature, cruelle, tout autant que l’homme, Est le miroir du monde et de nos propres normes. Dans ce grand équilibre où tout est en réseau, Chacun joue son rôle, dans l’ombre ou sous l’ego. Ce n’est pas parce qu’un acte semble cruel, Comme chasser pour manger, ou pour vivre à ciel, Qu’il est moralement condamnable, car c’est là La vie qui s’accomplit, dans un cercle sans émoi. La vraie question n’est pas de juger l’acte, Mais de comprendre notre place dans ce pacte Où la nature, dans sa rigueur, impose ses lois, Que l’homme doit accepter sans combattre sa foie. Ô chère humanité ! La nature est cruelle, c’est sa vérité. Chacun vit en tuant, c’est là la loi du bois, La nature, sans doute, en elle-même nous enseigne Que la mort est le prix pour qu’un autre règne. ©️ Nataneli
"La vraie question n’est pas de juger l’acte,
Mais de comprendre notre place dans ce pacte."
Ce dystique dément d'une heureuse manière l'idée selon laquelle nous pouvons être jugés sur nos actes puisque "nos actes nous suivent." Nos actes ne nous suivent que dans la mesure où nous n'avons pas analysé "notre place dans ce pacte". Si nous l'avons analysée, nos actes ne nous suivent pas, ils nous correspondent.
Mais encore?
Dieu serait amour, nous dit l'Église que je sers en organiste liturgique passionnné. Une des objections qui me viennent le plus souvent et qui fait de moi un chrétien feuerbachien ("ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, mais l'homme qui a créé Dieu à partir de tout ce qui lui manquait". Variante: si cela manquait à l'homme, c'est que Dieu l'avait mis en lui), est la suivante: comment Dieu pourrait-il à la fois créé par amour et vouloir juger à la fin ce qu'il a créé? Ou: comment Dieu pourrait-il avoir créé par amour et avoir créé la chaîne alimentaire? Teilhard de Chardin répond en partie à la question: Dieu alaissé à la nature la même liberté qu'il a laissée à l'homme. Donc la nature a créé ses lois, dites lois de la vie ou lois ontologiques que Dieu respecte, par respect de cette liberté, ce même Dieu qui quand Il sauve, affranchit de la loi.

"Le loup est venu avant la brebis", sans doute. Mais Dieu en Jésus cherche la brebis perdue. J'ai lu ce matin dans le "Porche de la deuxième vertu" de Péguy que je me suis décidé à lire grâce à un concert donné dans l'église qui est juste en face de chez moi: "Ainsi la brebis tient chaud à son propre pasteur." La brebis perdue s'est perdue parce qu'elle avait perdu l'espérance, mais comme elle est partie, "elle a fait naître la crainte et ainsi a fait jaillir l'espérance." La brebis perdue avait désespéré, mais avait fait naître l'espérance "au coeur de Dieu même" puisqu'"au coeur de Jésus". "Par cette brebis égarée, Jésus a connu la crainte dans l'amour. Jésus comme un homme a connu l'inquiétude humaine. Ainsi n'est pas la volonté devotre Père qui est aux cieux qu'un seul de ses petits périsse". Grâce à la brebis perdue et à "l'inquiétude mortelle" qu'il a conçue à son sujet, "le Sauveur lui-même est sauvé."

Et enfin, sans commune mesure avec votre poème, mais en contrepoint, ceci:

LE BRIN D'herbe


Ce petit brin d'herbe que je n'ai pas vu
S'est dissimulé dans mon souvenir
Et m'a demandé s'il avait vécu,
ô petit brin d'herbe que j'ai fait mourir !

Mon bondissement écrasant et sûr
A piétiné sec tout ton avenir.
Je compatis à ton égratignure,
Mais tu es brindille et moi, grand visyr :

Ce brandon qui est ta progéniture,
Je dois le fouler sans plus de plaisir,
En homme de bien qui met ses chaussures
Pour domestiquer l'arbustier délire,

Délire de choix qui veut se choisir
Une condition à la démesure...
Mais le ventre las du premier soupire
Accrocha le brin à la chaîne obscure,

Cette chaîne-là qui à nous fait dire
Au petit brin d'herbe : "tout n'est pas perdu,
Je t'ai piétiné, c'était pour t'offrir
De vivre abrité dans mon coeur si nu..."

Le petit brin d'herbe esquisse un sourire
Et, ironisant, me dit : "Le crois-tu,
Que plus que moi tu sois fils d'un désir,
Que tu sois sauvé si je suis perdu ?

Pour te racheter tu voudrais bâtir
A mon effigie un buste-statue :
En mémoire un brin que j'ai fait souffrir,
Que j'ai piétiné, que je n'ai pas vu,

Et je devrais là, dans ton coeur très pur,
Trouver asile à mes déconvenues,,
Dans ton palpitant qui ferait sa sciure
En déforestant les rameaux menus."

Ma vocation s'ombre de blessure :
Je ne l'ai pas vu et je crois saisir
Que je n'ai pas fait, moi, la forfaiture
D'être fatal à ce brin de désir...

Moi que l'on convainc de péché, bien sûr,
Je ne pouvais choir avant d'être aimé
Et je ne peux ramasser les pelures
Du premier "amen" qu'on a refusé.

De moi qu'aujourd'hui, la mystique pure
Semble avoir cessé de vouloir gracier,
Qu'un grain de faiblesse abatte le mur
Et me refonde en sol de grand'pitié.

 

jeudi 3 avril 2025

Incontournable Marine Le Pen?

Justice au Singulier: La magistrature indépendante ou responsable ?


Dans son billet, Philippe Bilger est partisan de substituer la notion d    e responsabilité de la justice à celle d'indépendance. De la justice qui doit juger en responsabilité et non des magistrats qui ne doivent pas être nommément responsables de leur jugement contrairement à ce que disait Nicolas Sarkozy en parlant de ces "petits pois" qui lui cherchaient des poux.

Une telle responsabilité de la justice  est difficile à circonscrire. Il faudrait rendre un jugement "en responsabilité politique". Cela renvoie au premier avis du Conseil constitutionnel signé par Richard Ferrand, expliquant en substance qu'on doit proportionner les peines d'inéligibilité à la notoriété de ceux à l'encontre desquels elles s'exercent.

Mais alors il y aurait une inégalité devant la justice qui du reste existe déjà, car la proportionnalité des peines selon la nature du délit devrait être subordonnée à la proportionnalité des peines en fonction de la notoriété du prévenu. "Selon que vous serez col blanc ou misérable" et à partir du moment où vous n'aurez pas commis d'infraction économique ou politique majeure, "les jugements de cour" feront attention à ne pas vous éliminer, attendu que, quand vous êtes un anonyme, vous en prenez déjà pour votre matricule puisque vous n'êtes personne.

Responsabilité judiciaire au regard des conséquences politique estimées des jugements rendus ? Mais pourquoi pas responsabilité des politiques à l'égard des chefs d'inculpation qui pourraient obliger ces juges à rendre ces jugements ouvertement politiques ? On dit que l'objectivité n'existe pas en journalisme. L'impartialité n'existe pas non plus dans le monde judiciaire. Il faudrait assumer cela et évaluer un indice de partialité tel que la conviction préalable pèse son poids dans l'intime conviction.

"Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen ?", plastronnait François Fillon quand après avoir essayé de savonner la planche à Nicolas Sarkozy auprès de Jean-Pierre Jouyet, il imaginait que son calendrier judiciaire allait se précipiter pour rendre impossible la candidature de son ancien mentor à la primaire de l'élection présidentielle de la droite et du centre.

Marine Le Pen n'avait pas non plus de mots assez durs pour aggraver à vie une peine d'inéligibilité d'un candidat soupçonné de corruption. Mais le problème devient plus concret aussitôt qu'il la touche de près et il se pose de fait en termes aggravés : "Dans quelle mesure quelqu'un qui détourne des fonds publics peut-il être un prétendant légitime à présider son pays ?".


Je fais partie des deux tiers de Français que ne choque pas cette condamnation.

Le RN a tellement détesté "le système" qu'il a estimé que l'argent qui en provenait n'avait pas d'odeur et il s'est servi dans la chambre froide européenne. On fait des gorges chaudes contre le "système Le Pen" au Parlement européen qui aurait détourné 4 millions d'euros, on dit que l'affaire pour laquelle le MoDem a interjeté appel est beaucoup moins grave, car elle a duré moins longtemps. Mais je crois me souvenir que les détournements de fonds publics imputés au MoDem portaient sur 7 millions d'euros. D'où une certaine complaisance de François Bayrou pour défendre Marine Le Pen.

Dont tout se passe comme si elle était la seule condamnée dans son parti à des peines d'inéligibilité ou de prison ferme ou avec sursis. Tous ses cadres sont vent debout pour ne la défendre qu'elle et elle seule, elle qui serait "l'espérance des Français" privée de concourir pour obtenir leurs suffrages et dont la condamnation à ses yeux inique, devrait éclipser toutes les avanies subies au quotidien par les citoyens lambda dont elle se pose comme la défenderesse, dévorée presque sacerdotalement par leurs malheurs. Mais qu'une peine soit prononcée à son encontre et voici que l'intérêt personnel de l'héritière qui croyait pouvoir n'en faire qu'à sa tête prévaut sur l'intérêt général ou même sur l'intérêt particulier des Français les plus pauvres et les plus persécutés !

"Il n'est pas responsable, incantent les politiques, que des juges prétendent neutraliser une personnalité" de l'envergure électorale désormais reconnue à Marine Le Pen. Mais il est responsable que ces mêmes politiques jouent avec la variable d'ajustement du RN tout au long d'un mandat présidentiel ou d'une législature et déclarent cette candidature tacitement illégitime entre les deux tours d'une de ces deux élections ? Les juges n'auraient pas le droit de la déclarer inéligible et seuls les politiques auraient le droit de "débrancher" ce qui reste malgré tout à leurs yeux l'adversaire et "le diable de la République", la justice devrait s'arrêter au seuil de cette "débranchitude" et ne pas magouiller comme les politiques aux dernières élections législatives pour que Jordan Bardella n’ait pas la majorité absolue (qui l’a cru ?) et ne puisse pas accéder aux marches de l'hôtel Matignon.

Pourtant il faudrait savoir, on a voulu l'indépendance de la justice et on l'a ! L'autorité judiciaire pénalise la classe politique et ridiculise les pouvoirs exécutifs qui ont été ou ne sont plus dans la course, comme elle met des bâtons dans les roues de ceux qui piaffent à l'idée d'être en lice. C'est la réponse de la bergère aux balances au berger ambitieux.

Meme si la justice ne l'entend pas de cette oreille, les politiques veulent avoir le monopole de l'exclusion du Rassemblement national et Marine Le Pen veut avoir le monopole de la représentation présidentielle de sa mouvance politico-boutiquière. "Jordan Bardella est un atout" tellement "formidable" qu'elle entend bien l'user par des campagnes présidentielles dont elle serait la candidate naturelle du simple fait qu'elle porte après l'avoir repris le nom de son père et où elle sera toujours vaincue, tant est grande sa médiocrité débattrice et sa méconnaissance des dossiers qu'il est de notoriété publique qu'elle ne travaille pas.

Arnaud Montebourg disait que le Parti socialiste était l'otage d'un problème de couple, ce qui fut avéré par la mise au premier plan de Ségolène Royal et de François Hollande, tous deux ineptes et inaptes à gouverner, comme on l'a vu. La contestation nationaliste est l'otage d'une querelle de dynastie qui n'a jamais été adoubée pour devenir une nouvelle souche capétienne ou bonapartiste : la dynastie des Le Pen. Tant pis pour la France dont l'histoire saura en discréditer ces Atrides autoproclamées qui lui ont fait perdre beaucoup de temps avec leur volonté purement tribunicienne de ne voir que le négatif d'un pays que cette famille disait aimer et qu’elle a au moins autant dézingué que tous ceux qui le détruisaient ! 

mercredi 2 avril 2025

Dernières nouvelles du Brexit

Naguère, celui qui prenait chaque matin le pouls de l'actualité sans pouvoir la commenter sur ce forum que sont les réseaux dits sociaux qui n’existaient pas, pouvait se dire que globalement, ce qui relevait de la politique était plutôt rationnel, même si on le bombardait de petites phrases ou de faits divers pour éprouver son équilibre mental et le faire chanceler sur ses ergots. Mais la politique ou la vie sociale étaient le dernier refuge de la rationalité. Aujourd’hui, le monde ressemble à nos vies personnelles aux prises avec l’instabilité de ses reconfigurations dans une société éclaté et est un cahos de faits divers politiques qui voudraient bien s’inscrire dans la grande histoire de la diplomatie.

 Aujourd’hui, bien malin qui pourrait donner son avis sur la cohérence du monde et se pourlécher notamment de ce que telle chose, il l’avait bien prévue, bien prédite, il en avait bien prévenu et il es fier de pouvoir donner ce coup de chapeau à sa vanité proverbiale.

 

Donc malgré tout, devant tout ce qu’on  nous avait dit du Brexit et du désastre que ç’allait être, je ne résiste pas à relever que ce matin (mais on ne sait pas si ça continuera demain), le Royaume-Uni est celui qui tire le mieux son épingle du jeu de la conjoncture actuelle, s’il n’est pas celui qui tire les ficelles de cet imbroglio…

 

Ce matin, « Courrier international » peut écrire que le Royaume-Uni est le seul rescapé du « jour de la libération » instauré par Trump avec ses droits de douane annoncés hier comme « sur un plateau de Jeopardy » !  : « « Le Royaume-Uni, qui négocie un traité commercial bilatéral avec les États-Unis, “échappe” lui “au pire”, avec un taux plancher de 10 %, remarque The Times. » ÀWashington, on assiste à une « improbable romance entre Trump et Starmer » qui est également réintégré à l’Europe  politique puisqu’il est le co-organisateur de toutes les réunions de concertation sur la guerre en Ukraine et le réarmement européen, dont j’ignore qui en aurait rêvé il y a vingt ans. 

jeudi 27 mars 2025

La protection de l'enfance

Quant aux enfants, « le Figaro » nous apprend que le nombre des enfants placés en vingt ans a cru de 40 %. Ce n’est pas un bon signe pour la société française, identifie le quotidien du matin. Ni cela, ni le fait que les enfants de France semblent frappés d’une épidémie d’hyperactivité et de troubles de l’attention, de TDH ou de traits autistiques si difficiles à diagnostiquer qu’on les appelle TSA et que l’autisme est devenu un spectre. (Cela dit, je préfère les spectres en psychiatrieà des assignations à résidence auxquelles on condamne les malades à vie.) Il y a vingt ans, une médium assez barrée d’ »Ici et maintenant » Monique Guérin, nous promettait des « enfants indigos » pour cette génération. Comme ils sont enfermés dans la coquille et dans le carcan d’un système scolaire qui n’a aucune intention de les comprendre ni de s’adapter à eux, les éduque au moins-disant et ne leur inculque que « la prévention des conduites à risques », leur agressivité se développe en réaction à ce système et leurs traits autistiques sont peut-être le versant incarcéré de cette épidémie d’inadaptation sociale et dintelligence allant trop vite et trop impérieusement droit au but. Robert Kennedy junior me semble dire quelque chose dejuste, non pas quand il affirme que les vaccins ont fait croître l’autisme dans des proportions hallucinantes (la modification génétique qu’a sans doute exercée ces vaccins n’a pas eu le temps de se révéler), mais que ce phénomène qui frappe près d’un enfant sur quatre, si je ne donne pas des chiffres fantaisistes, et fatigue des parents qui ne savent plus comment réagir tout en restant d’une incroyable patience, ce qui est un des facteurs expliquant l’accroissement du noombre de placements en masse, est un des traits majeurs et tus de l’évolution des générations, auquel il faut ajouter, last but sadest, le fait que la mortalité infantile, cet « indicateur fétiche » d’Emmanuel Todd, ait cru en France de 3,7 à 4,1 pour mille. Or le démographe a observé que la mortalité infantile était un des indices presque toujours certains de déperdition pour ne pas dire de décadence très profonde d’une société. Déperdition au sens de déperdition de l’énergie, car « la mortalité infantile était très faible sous Staline », et décadence comme perte des valeurs qui font qu’à la fois on ne veut plus faire denfants, on ne sait plus comment les faire, on n’a pas envie de les mettre au monde pour qu’au choix ils accroissent la charge de la terre ou soient désespérés, ou on n’a plus l’énergie de cette abnégation : « La mortalité infantile est passée en Russie sous la mortalité infantile américaine », a-t-il noté, voyant là un des facteurs de prévisibilité de sa défaite de l’Occident.

 

 

Et quant aux enfants, « le Figaro » nous apprend que le nombre des enfants placés en vingt ans a cru de 40 %. Ce n’est pas un bon signe pour la société française, identifie le quotidien du matin. Ni cela, ni le fait que les enfants de France semblent frappés d’une épidémie d’hyperactivité et de troubles de l’attention, de TDH ou de traits autistiques si difficiles à diagnostiquer qu’on les appelle TSA et que l’autisme est devenu un spectre. (Cela dit, je préfère les spectres en psychiatrieà des assignations à résidence auxquelles on condamne les malades à vie.) Il y a vingt ans, une médium assez barrée d’ »Ici et maintenant » Monique Guérin, nous promettait des « enfants indigos » pour cette génération. Comme ils sont enfermés dans la coquille et dans le carcan d’un système scolaire qui n’a aucune intention de les comprendre ni de s’adapter à eux, les éduque au moins-disant et ne leur inculque que « la prévention des conduites à risques », leur agressivité se développe en réaction à ce système et leurs traits autistiques sont peut-être le versant incarcéré de cette épidémie d’inadaptation sociale et dintelligence allant trop vite et trop impérieusement droit au but. Robert Kennedy junior me semble dire quelque chose dejuste, non pas quand il affirme que les vaccins ont fait croître l’autisme dans des proportions hallucinantes (la modification génétique qu’a sans doute exercée ces vaccins n’a pas eu le temps de se révéler), mais que ce phénomène qui frappe près d’un enfant sur quatre, si je ne donne pas des chiffres fantaisistes, et fatigue des parents qui ne savent plus comment réagir tout en restant d’une incroyable patience, ce qui est un des facteurs expliquant l’accroissement du noombre de placements en masse, est un des traits majeurs et tus de l’évolution des générations, auquel il faut ajouter, last but sadest, le fait que la mortalité infantile, cet « indicateur fétiche » d’Emmanuel Todd, ait cru en France de 3,7 à 4,1 pour mille. Or le démographe a observé que la mortalité infantile était un des indices presque toujours certains de déperdition pour ne pas dire de décadence très profonde d’une société. Déperdition au sens de déperdition de l’énergie, car « la mortalité infantile était très faible sous Staline », et décadence comme perte des valeurs qui font qu’à la fois on ne veut plus faire denfants, on ne sait plus comment les faire, on n’a pas envie de les mettre au monde pour qu’au choix ils accroissent la charge de la terre ou soient désespérés, ou on n’a plus l’énergie de cette abnégation : « La mortalité infantile est passée en Russie sous la mortalité infantile américaine », a-t-il noté, voyant là un des facteurs de prévisibilité de sa défaite de l’Occident.

 

Les parents qui veulent encore faire des enfants ne savent plus les élever, car ils tombent en adoration devant eux et en font des « enfants rois ». Les enfants n’ont pas à tomber en adoration devant leurs enfants, ils doivent les élever. Aujourd’hui les enfants ont fait leur et de bonne heure la question de l’anarchiste qu’ils posent sans ambages à leurs parents : « Qui t’a fait roi sur moi ? » et le père – celui qui dit la loi, surtout à son fils. À sa fillec’est plus difficile, il en a fait sa reine : le père est au moins autant amoureux de sa fille que la fille de son père –devrait lui répondre : « Cela ne te regarde pas », non pas pour conserver son statut de patriarche et son ascendant sur son enfant, mais pour le bien de l’enfant, dans l’intérêt de l’enfant, pour lélever.

  

jeudi 20 mars 2025

L'avenir européen de l'Ukraine et de la Russie

Discussion hier avec un ami dont, ne sachant pas s’il souhaite être cité, je tairai le nom à moins qu’il ne se nomme lui-même. Il me demandait raison, pour simplifier, de mon parti pris pacifiste et par ricochet poutiniste par la force de la loi qui veut que nos moins pires ennemis sont nos amis tactiques ou stratégiques d'un moment puisque nous partageons provisoirement le même but de guerre oudans mon cas de paix. Il m’a poussé dans mes retranchements et nous avons eu une bonne discussion. Lui croit à la menace russepuisque ce sont les services secrets qui le disent. Moi, je crois à la Russie éternelle, éternellement menaçante et je n’identifie pas de menace russe plus forte aujourd’hui qu’elle l’a toujours été et le sera toujours. 



La politique trumpiste est une grande inconnuemarquée du sceau de l’imprévisible. Trump est à la main de Poutine et Poutine n’est pas à la main de Trump malgré ses foucades qui se sont avérées ce qu’elles étaient, incapables de résoudre en vingt-quatre heures un conflit qui, lui président, ne se serait pas ouvert, tant Poutine n’aurait rien osé prendreà Trump comme (sic) « il a pris la Géorgie à Obama et l’Ukraine à Biden » et non aux Géorgiens ou aux Ukrainiens. 


Le projet civilisationnel de Poutine se limite à vouloir reconstituer l’aire russe. « Ce qui veut dire que, sous prétexte qu’il y aurait des russophones dans un pays, on serait condamné à laisser Poutine envahir ce pays ? » C’est la limite de mon pacifisme et c’est en effet le point commun que Poutine a avec Hitler, sauf que lui était un envahisseur force-né, qui envahissait moins pour reconstituer une Germanie fantasmée que par goût de la guerre totale. La limite qu’on devait opposer à Hitler était la Pologne et en cela, les anti-Munichois avaient raison. Je prétends que la limite qu’on doit opposer à la Russie est la même, mais pas les pays Baltes, dont il n’est pas tout à fait à exclure que Poutine veuille les envahir, la vraie question étant : quelle réponse internationale concertée, donc onusienne et issue d’une ONU qui se comporte en vraie démocratie des nations, sans membre peermanent au Conseil de sécurité créant un pôle dictatorial dans cette démocratie des nations, doit-on opposer à Poutine pour qu’il cesse ses menées invasives ? 


Cette réponse n’est certainement pas belliciste et belligène et ne repose pas sur l’inflation de l’armement européen. Comment la même Europe qui n’aimait pas la guerre des étoiles de Reagan qui s’en est pourtant servi comme un levier pour se débarrasser du soviétisme, trouverait-elle  dans cette résurgence anachronique du reaganisme une réponse adaptée à la situation internationale qui colle notre nez au guidon ? 


La réponse n’est pas dans l’’armement européen, mais il faut pourtant une réponse, même si je n’ai pas réponse à tout.  Mon ami me force à en inventer une dans l’urgence de la conversation, sans quoi je ne serais qu’un bau parleur. Et soudain je trouve ceci : « Tu te rappelles qu’à Mastricht, Mitterrand et Kohl parlaient d’élargissement européen en ayant en point de mire l’intégration de la Russie, que cette intégration se fasse directement dans la confédération européenne ou prenne la forme de coopérations renforcées. Tu conviens toi-même que nous avons très mal négocié le respect du peuple russe après le traumatisme soviétique consécuutif à la chute du mur de Berlin." Jepense que nous aurions dû dissoudre l’OTAN en même temps que se dissolvait le pacte de Varsovie, mais nous n’avons pas abordé cela dans la conversation. « Cette page est tournée, me dis-tu, et ce qui est raté est raté. Et pourquoi donc ? D’abord je pense qu’une page ne se tourne jamais. Si nous voulions sortir de l’antagonisme par le haut, plutôt que de menacer « en Européens » (selon la nouvelle sémantique de Macron, donc comme il dit) la Russie contre laquelle nous ne ferions pas le poids, nous pourrions raviver cette proposition qui était la fine pointe, car la pointe utopique de Masstricht, et proposer à la Russie et à l’Ukraine d’intégrer notre espace européen commun. Qui peut prétendre que Vladimir Poutine ne l’accepterait pas, en l’état où en sont venues les choses ? Je raisonne peut-être en diplomate du café du commerce, mais la diplomatie, ce n’est pas jeter de l’huile sur le feu, c’est chercher et trouver des solutions constructives.« 

 

Nous sommes sortis tous les deux contents de la discussion. « De la discussion jailit la lumière » est un adage que j’aime bien répéter. « Mais elle est devenue très difficile dans ce qu’est devenue notre démocratie. » « Parce que tout le monde croit que la démocratie est un combat de coqs où quelqu’un doit absolument l’emporter et que l’autre n’est guidé que par la certitude d’avoir raison et d’imposer sa conviction à son contradicteur. Moi, je me fiche d’avoir raison. J’ai à cœur de dire ce que je pense et de tenir à ce que je pense. Cela me suffit largement. La démocratie n’est pas la victoire de l’un contre l’autre puisqu’on ne l’emporte jamais que provisoirement, mais une conversation parfois polémique, car on tient à ce qu’on pense, où l’on cherche la vérité. »

  

mardi 11 mars 2025

La fenêtre d'Obertone

Je croyais que la fenêtre d’Obertone était la fenêtre de Laurent Obertone qui n’a pas donné son nom à cette fenêtre, mais  a choisi ce nom en fonction de cette fenêtre, même s’il a ouvert cette fenêtre en jetant de l’huile sur le feu, avec sa France orange mécanique, comme le fait « CNews » du matin au soir. »France inter » a consacré hier une émission à la fenêtre d’Obertone. Elle désigne la réflexion d’un lobbyiste qui s’est penché sur l’acceptabilité des idées pour donner plus de visibilité aux siennes.

« Le seul fait qu’on puisse en débattre rend une idée acceptable », constate-t--il. Selon moi, il ne devrait pas y avoir de débat interdit en démocratie.

Plus que de fenêtre, il faudrait parler d’échelle. Avant d’être acceptée, une idée gravit une échelle qui monte du scandale qu’elle provoque à la banalité, en passant par tous les espaliers intermédiaires.

« France inter » avait invité un sociologue qui voulait écrire un livre sur la fenêtre d’Obertone, mais fut bloqué dans son travail, car il ne parvenait pas à trouver comment la fermer. Pour « France inter » et ceux qui sont invitées sur cette station de service public (loin de moi de vouloir la « basher » comme les Gilles-William Goldnadel et autres apprentis-sorciers deCauseur), les idées qui n’auraient jamais dû être acceptées concernent la banalisation de la xénophobie chère au RN et avant cela les idées qui voudraient réguler l’immigration ou sous-tendraient implicitement ou explicitement comme Bruno Retailleau, à ne pas convenir comme autrefois Bernard Stasi, qu’elle est systématiquement une chance pour la france.

Une de mes amies pseudonomysée Régane, avait écrit un livre, Sa sœur, dont le passage le plus poétiquement sublime s’intitulait la Faim en état de synthèse, mais dont le principal intérêt sociologique consistait selon moi  à montrer quelque chose que j’avais connu dans mon enfance, bien que l’auteure provînt d’un milieu plus huppé, à savoir qu’entre la poire et le fromage, la bourgeoisie convenait qu’il y avait des faux chômeurs qui profitaient du système. Cete idée a passé la fenêtre d’Obertone jusqu’à la direction de France travail où on passe désormais son temps à traquer les faux chômeurs, ceux qui ne recherchent pas activement un emploi et ne sont pas convaincus que le travail n’est pas une émancipation, mais au mieux une occupation alimentaire et au pire un esclavage, quand ce qu’on fait ne nous intéresse pas.

Les médias sont très prééoccupés par l’éventualité que le RN qui n’a plus aucun contenu idéologique puisse un jour siéger à la tête de la France. Or l’idée qui est en train de passer la fenêtre d’Oberrtone est que peu importent les événements qui peuvent justifier l’escalade qui fit entrer notamment l’Europe dans la Première guerre mondiale dont la suivante fut la conséquence, »la Russie est devenue une menace pour la France et l’Europe » et il faut envisager de faire la guerre à la Russie, même si peu importe que les populations européennes soient en voie de paupérisation : il faut réarmer l’Europe jusqu’à la guerre des étoiles au moment où les États-Unis, non pas se pacifient, mais sont dans des logiques de conflits plus localisés et veulent éviter la guerre mondiale, quels que soient les défauts et la vulgarité de Donald Trump. 

vendredi 7 mars 2025

Jean-FrançoisColosimo ou la liberté de l'analyse... iconoclaste

Jean-François Colosimo : « Le pape François institue l’état d’urgence permanent »

 

Quand j'écoute opiner et phosphorer Jean-François Colo            simo sur bien des forumset analyser l’actualité sur bien des plateaux, je me demande toujours où est vraiment cet homme et quelle est non pas sa colonne vertébrale, mais son idée fixe, principale, directrice. Cet article du « Point » va-t-il m’en apprendre plus sur lui ? Et si j’analyse l’homme d’un point de vue médiologique pour parler cuistrement comme si j’étais un spécialiste des schémas d’analyse et de la pensée de Régis Debray, l’homme des jeux de mots, du Sentier lumineux, des dynasties bourgeoises et de Dieu, un itinéraire, je me demande pourquoil’ordre des prêcheurs lui a confié la direction des éditions du Cerf. Pourquoi n’ai-je pas posé la question au frère Éric de Clermont-Tonnerre que j’ai pourtant eu la chance et l’occasion de rencontrer quand j’étais formé par lui et d’autres au sein de l’École de prédication que ce spécialiste de l’homéleutique  fonda avec quelques autres ?

 

Mais c’est Jean-François Colosimo qui commence par analyser. Et par analyser le pontificat de François : « Le pontificat de François est à la fois de suture et de rupture. De suture, car il parachève la réception de Vatican II en redoublant la priorité accordée par le concile aux pauvres et aux périphéries. »

Les pauvres étaient-ils vraiment la priorité du Concile Vatican II ? Descendre de leur piédestal était la priorité de prêtres qui voulaient « décléricaliser » le modèle sacerdotal, sous l’influence de dom Elder Kamara et pour employer un vocabulaire cher à françois. »Les périphéries » étaient la priorité du Concile en ce sens que cette assemblée d’évêques a voulu s’adresser à elles en cessant de leur jeter l’anathème. Les Pères conciliaires ont voulu s’adresser aux gens considérés comme hors de l’Églisecomme à des pairs.

« De rupture, ce pontificat, parce qu'il inaugure un exercice de la papauté fondé sur une immédiateté, simplicité et proximité radicales. »

Benoît XVI a commencé à débreefer ses voyages dans son avion de retour au risque de faire des gaffes et François est allé très loin dans la liberté de l’interview.

«  De Benoît XVI, on se souviendra de la renonciation et de François, de l'apparition. » « Bona sera ! Et Pascale Clarck de commenter le « bon appétit ! » de son premier angélus du dimanche suivant : «Roger vous offre l’apéro et François vous souhaite bon appétit. »

Quant à Benoît XVI, ce pape qui n’a jamais trouvé ses marques, je me souviens d’Anne-Lise, cette candide au pays du catholicisme, allant assister à la canonisation de son ancêtre pour faire plaisir à sa grand-mère et voyant ce pape enféré dans ses fanfreluches et à qui on devait tout apporter, le caricatura ainsi :

« Un pape qui se prend pour un roi ! »

 

Journal d'Anne-Lise, invitée à la canonisation de son ancêtre au Vatican. | France Inter

 

» [François] restera comme le premier pape non-européen depuis le VIIIe siècle, marquant le basculement du centre de gravité de l'Église catholique du Nord au Sud. »

Il était temps.

 

« François n’a pas révolutionné la doctrine mais modifié la méthode. »Dire cela, c’est en faire un pape qui abandonne la scolastique pour épouser une sorte de carthésianisme fraternel ou bienveillant, qui ne doit pas rester que d’affichage. La scolastique, c’était un discours sans méthode qui prétendait, comme les théologies naturelles antécédentes, rendre compte de l’univers. Le Discours de la méthode de Descartes renverse la charge des priorités. Priorité à la méthode et tant pis pourl’univers. Priorité aussi au discours avec une méfiance pour le langage !

« [François] a inversé le schéma de la confrontation entre l'Église et le monde : la miséricorde de l'accueil doit précéder l'attestation de la vérité, la première devenant la condition de la seconde.

 

« Chaque pape imprime son style sur les relations internationales. Celui de François se fonde sur le lien personnel et direct avec les dirigeants mondiaux : il les interpelle et les tutoie comme s'il les recevait à confesse, et eux sont comme ramenés à leur limitation lorsqu'au détour d'une phrase il se métamorphose soudainement en pasteur universel du troupeau humain. »

François tutoie les dirigeants du monde au risque de la mondanité spirituelle. Il les tutoie comme il tutoie tout le monde au risque de faire croire à un « toulemondisme » démagogique où, en réalité, le pape dit à tout le monde ce que les dirigeants du monde ont envie d’entendreconfesser de sa bouche.

 

« François va laisser une Église [en] vaste chantier. » La modification de sens éventuel de l’appréciation de l’analyste est entre [mes] crochets. Ou, pour le dire en utilisant la question du journaliste Jérôme Cordelier qui interviewe notre analyste, François a fracturé l’Église comme un chef de chantier creuse des tranchées.

 

Et voici que succède une belle formule de Jean-François Colosimo invité à se rapprocher de lui-même pour nous en dire pluset se confier : « Dans le christianisme, il n'y a que des convertis. On ne choisit pas le verbe qui a pris chair, on le rencontre. Et sur la croix en gage de la résurrection. La métanoïa, le « renversement » dans le grec de l'Évangile, s'oppose à la paranoïa, le délire proprement infernal de l'autosuffisance, la croyance bête comme l'est le diable de se prendre pour un dieu. »

 

Mais le Dieu de Jésus-Christ n’est pas seulement celui des « perdants de l’histoire », comme le voudrait la kénose souffreteuse d’un Occident décadent. C’est aussi « la Providence de l’histoire » d’un Bossuet qui le remet au centre du jeu et qui nous rend respectables par cette autre périphérie du christianisme qu’est l’islam, si nous Le confessons autrement que comme un aveu de faiblesse. La « folie de la Croix » n’a rien d’une abdication nihiliste a priori.

« La vie du monde ne repose pas sur l’action de beaucoup, mais sur la contemplation de peu ». Donc elle ne repose certainement pas sur ce commentaire ni sur ceux, pléthoriques, de Jean-François Colosimo décryptant l’actualité du monde. L’actualité n’est qu’un présent sélectionné, revenons vers l’inactuel anhistorique ! Il n’est pas sûr qu’il n’y ait pas, dans ce déjugement, le désengagement de la contemplation nécessaire à la réconciliation qui nous fait défaut.

 

« Qu'est-ce que le miraculeux ?

Concevoir chaque individu qui s'avance devant vous comme une épiphanie invitant à la communion. »

Et non pas, comme je l’ai fait si longtemps, l’appréhender avec crainte comme le danger d’une contamination démoniaque. Ici me revient cette parole de mgr Gaillot proférée sur Radio ici et maintenant, radio on ne peut plus périphérique parce qu’associative, originale  et marginale, parole qui a définitivement changé mon appréhension de la rencontre : « Quand on a peur, on n’est pas libre et quand on est libre, ça fait peur ! » « Laissez passer l’homme libre », disait le frère Luc incarné par Michaël Lonsdale dans des Vivants et des dieux.

J’ai dit, à deux jours de sa mort, à un prêtre qui avait la même voix que Michaël Lonsdale et qui, en dix ans, était devenu un « homme libre » qu’il aurait pu prononcer cette parole du frère Luc. Et ce prêtre de me répondre : « C’est incroyable que vous me disiez cela parce qu’à l’instant même où vous me le dites, je vois physiquement Michaël Lonsdale passer sous mes fenêtres pour aller déjeuner au Vauban. (Il avait fini ses jours comme aumônier des Petites sœurs des pauvres, avenue de Breteuil.)

Le miracle de la rencontre, le fin mot des surréalistes, Dieu comme j’y crois ! Et quand on se rencontre sans se juger ni même anticiper de transformation souhaitable ou nécessaire, le miracle de la conversion peut se produire. Ce toucher du salut est, à l’échelle individuelle et personnelle, le plus beau miracle qui soit.

Et de ce miracle on passe au témoignage. Il y a une sainteté du pauvre par identification du Christ qui transfère Sa Personne dans la sienne. Mais mon regard peut aussi sanctifier celui que je rencontre : « La manière dont, au sens propre, je vous envisage vous dit quelle est pour moi la face de Dieu. » C’est on ne peut plus levinassien.