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jeudi 17 juillet 2025

Traditionalisme et jansénisme

Réponse à cette brève histoire du jansénisme qu'on trouvera sous ce lien

https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=990023

Chers baudelairec2000, worou-kenou et chers autres liseurs,

Lorsqu'il y a des turbulences dans l'Église (mais quand n'y en a-t-il pas?), on redevient un liseur plus assidu du Forum catholique, mais je ne m'attendais pas à avoir envie de contribuer sur ce sujet du jansénisme, de contribuer comme à mon habitude avec beaucoup d'approximations et à partir de ma subjectivité personnelle (pléonasme ou tautologie), autant dire en prenant mon cas pour une généralité, mais de partager néanmoins deux ou trois choses qui me tiennent à coeur et de soumettre au débat ce que mes opinions peuvent avoir de subjectif ou d'incertain.

Je suis comme worou-kenou: bien qu'ayant été formé à des rudiments de compréhension du jansénisme en ayant assisté à un cours de Philippe Sellier du temps lointain de mes études qui s'intitulait "l'Augustinisme en littérature", cours remarquable dont je reste encore marqué, ce sujet m'a toujours intéressé, mais ses arcanes m'ont paru tellement complexes que mon dilettantisme s'est arrêté à l'orée de lire le "Port-Royal" de Sainte-Beuve, sommatif pour ne pas dire assommant, en tout cas un peu ennuyeux à force d'être érudit, et je crois que je vais profiter de cet après-midi de loisir pour écouter le "Port-Royal" de Montherlant si je le trouve en ligne.

Les mauvais historiens des idées(ou les historiens des idées amateurs en-dessous desquels je me place sans coquetterie et avec lucidité) ont toujours la fâcheuse tendance de faire des raccourcis pour comprendre une époque en la schématisant ou de chercher des similitudes entre deux époques en faisant des analogies qui gagneraient à être précisées.

Si je fais le kéké ou le simplet en cédant au premier penchant que je viens de décrire ou de dénoncer, je dirais que d'instinct, on aurait envie d'identifier le jansénisme à la Fronde, mais l'exposé de Baudelairec2000 montre que c'est un raccourcis intenable, même si beaucoup de frondeurs ont été jansénistes ou proches du jansénisme, tels Mmes de Longueville, de Lafayette et de Sévigné par amitié interposée,ou M. de la Rochefoucauld ou Son Eminence le cal de Retz, si on veut le tirer jusque-là. C'est un raccourcis intenable, car la Fronde est une histoire sans cesse en mouvement, réalité que j'ai dcouverte en lisant le chapitre que lui a consacré Voltaire dans son "Siècle de Louis XIV".

Néanmoins, il y a (et votre bibliographie le prouve) un lien qui semble intrinsèque au jansénisme entre mystique et révolte, ce qui me donne envie de dire que le tempérament janséniste est à la fois scrupuleux et frondeur. Le tempérament ou la spiritualité janséniste, puisqu'on vous taxe volontiers de jansénisme dès que vous êtes à la fois provocateur, scrupuleux et révolté, ça m'est arrivé, donc j'en parle à mon aise.

Ce scrupule dans la révolte et cette révolte face à la tiédeur d'une spiritualité sirupeuse à force de ne rien imposer là même où, si l'Eglise osait m'imposer quelque chose, je la quitterais certainement, renvoie à ce qui fait mon intérêt personnel (je le comprends maintenant) pour le traditionalisme catholique. Mais à la vérité, le jansénisme n'a cessé d'intéresser l'Église et il en va de même pour le traditionalisme qui continue de beaucoup l'occuper. On ne pourrait pas en dire autant de la façon dont le mouvement catholique traditionaliste refuse de reconnaître ouvertement l'influence que le jansénisme a exercé sur lui et jusqu'à la moindre affiliation avec le jansénisme. Et pourtant, il y a quelques points de convergence qui sautent aux yeux:

-Le jansénisme est un mouvement de retour à un catholicisme plus cohérent et plus observant, on dirait aujourd'hui plus intransigeant, qui décide de se rebaigner dans les sources augustiniennes après l'assèchement de la scolastique et du thomisme, même si au xVIIème siècle, on aimait à se référer simultanément à saint Augustin et à saint Thomas.

Mais encore le jansénisme et le traditionalisme sont des mouvements à la fois gallicans et ultramontains. Ultramontains en ce que Jansénius a défendu le pape, mais que le pape a attaqué l'Augustinus avant que Clément IX ne le réhabilite sans tout à fait le reconnaître; gallican en ce que Jansénius est un évêque flamand mis en honneur par son ami Saint-Cyran, un Gaulois du temps où l'on s'exprimait dans le français le plus pur et où l'on n'a jamais aussi bien traduit la Bible que ne le firent le grand Arnauld ou le Maistre de Sacy.

Gallican, en ce que c'est une réaction de "Gaulois réfractaire" que de vouloir prouver à tout prix que cinq propositions condamnées par le pape sont certes condamnables, mais ne sont pas dans l'Augustinus. On croit entendre l'écho du dialogue de sourds entre les traditionalistes et le Saint-Siège où celui-ci veut obliger ceux-là à accepter le concile Vatican II, où ceux-là protestent qu'ils l'ont reçu, mais revendiquent le droit de le critiquer ou réclament de signer un Préambule doctrinal que celui-ci ne veut pas leur concéder, poussant leur exaspération jusqu'à les condamner à ne pas avoir un avenir puisqu'on laissera leur réserve d'Indiens s'éteindre sans permettre qu'elle se reproduise, sans que cette condamnation à mort ne règle le problème, nos Indiens en réserve du catholicisme trouvant bien au contraire qu'on ne s'y serait pas pris autrement si on avait voulu répandre leurs erreurs (ou leurs vérités) de par le monde.

Luther, au rebours, a adopté un antipapisme franc, honnête et assumé là où jansénistes et traditionalistes n'ont jamais souffert d'être mis hors de l'Église où ils n'auraient pu "faire leur salut", pensaient-ils.

Ce qui dit autre chose du caractère des hérésies modernes: c'est qu'elles ne sont jamais précisément définies. Aurait-on voulu qualifier le jansénisme d'hérétique qu'on aurait été bien en peine de détailler les hérésies qui s'y trouvaient, de même que saint Pie X va condamner des siècles plus tard ce qu'il va appeler "le modernisme", qui aurait été plus clairement désigné s'il l'avait qualifié d'"immanentisme". J'ai trouvé sous la plume de Mazarine Pingeot dont je viens de terminer l'ouvrage intitulé "Vivre sans" et édité chez Flamarion en janvier 2024, cette caractérisation de la modernité comme "évacuation de toute transcendance". Le modernisme est conséquent avec la modernité et quand saint Pie X le définit, il lui reproche de dégouliner d'immanentisme qui requalifie la foi à l'aune de l'intuition qui s'éloigne de la Révélation. Or qualifier ce contrequoi il en a de modernisme plutôt que d'immanentisme conduit saint Pie X à accuser ce qu'il condamne d'être "l'égout collecteur de toutes les hérésies", ce qui revient à n'en désigner aucune.

Si le traditionalisme catholique se mêlait de qualifier hérétiquement la tendance à l'oeuvre au Vatican depuis le pape François, mais déjà sous la répugnance de Jean-Paul II, évoquée par Michle Reboul dans "l'Invisible infini", à admettre qu'il y ait des damnés en enfer, il pourrait la qualifier d'inclusivisme: l'Eglise a tellement envie de croire à l'universalité du salut qu'elle pose implicitement que l'enfer est vide, et cela la conduit à une telle horizontalité que l'identité de tous ses membres en est déboussolée, que le plus grand péché y devient le cléricalisme, que les laïcs ne sont plus que revendication et que les clercs ne savent pas ce que le sacrement de l'Ordre qu'ils ont reçu est venu ajouter au sacerdoce commun des fidèles auquel ils regrettent de ne plus appartenir exclusivement sans pour autant oser quitter massivement le sacerdoce ou le ministère.

Signe de l'intérêt que tout cela ne cesse de susciter comme une pomme de discorde entre des pôles de conflits éternels, le pape François a écrit une encyclique très élogieuse sur Pascal qui a transposé le conflit théologique du jansénisme sur un plan moral dans les "Provinciales" où François aurait pu jouer le rôle du Père Anat relativisant tous les péchés, voire tous les crimes, qui paraissent tous solubles dans la Miséricorde divine et dans la fraternité universelle, qui doit seulement ignorer les "catholiques de fermeture" ou de fermeté. Nous ne sommes pas au bout de nos paradoxes.

 

mercredi 16 juillet 2025

Bayrou au bord de la falaise ou mal sur l'Himalaya

Il arrive à François Bayrou ce qui marque la plupart des destinées humaines à l'exception des héros ou des personnes choisies par l'histoire qu'on désigne sous le vocable assez sexiste d'"hommes providentiels": une sorte d'anachronisme entre le moment où quelqu'un qui est entré dans la carrière par ambition personnelle est enfin prêt à prendre son envol pour servir l'intérêt général et l'image médiocre que se fait de nous et nous renvoie la société, image à contrejour et floutée  au moment où on est soi-même dans le dépassement de l'image. 

Lionel Jospin a connu ce désamour au moment où il aurait été bon pour lui qu'il connût l'estime de son pays: excellent candidat pour devenir président en 1995, mais se croyant mal préparé, sa défaite en trompe-l'oeil à cette élection devait lui accorder un sursit pour devenir un de nos meilleurs derniers Premiers ministres, mais c'était pour le faire chuter à l'étape suivante, lorsque lui se croyait prêt à présider la France et au lieu de cela multipliait les gaffes sur "l'âge du capitaine" Chirac qui le rendirent antipathique à l'opinion publique.

François Bayrou respire la bonne volonté et monte en compétence dans l'explication du combat de sa vie: réduire la dette publique, quand il se trouve au comble de l'ambition de sa vie: être un personnage de premier plan au service de son pays, avec une éthique qui ne déteint pas sur celle qu'il s'est toujours assignée: ne pas être un égocrate à la manière de Sarkozy, dire la vérité qu'il croit et qu'il croit être sans alternative en quoi consiste selon lui l'exercice de la démocratie, se trouver en capacité d'agir à un "moment gravissime" où "la France est au bord de la falaise", et se croire  l'homme de cette situation et de cet Himalaya, ne pas hésiter à convoquer le spectre de la crise grecque qui est encore dans tous les esprits et peut frapper la France si elle continue d'être un avion sans pilote ou un pédalo sans capitaine, et néanmoins être à côté de la tectonique des plaques, parce qu'il ne va pas y avoir un alignement des planètes politiques pour accueillir ce concours de bonne volonté puisque tous les parlementaires ont promis de le censurer et les partenaires sociaux de lui préparer une rentrée sociale aux petits oignons qu'il n'a pas bien cherchée, mais a un brin méritée, car ce démocrate chrétien ne se rend pas compte qu'il a toujours plaidé pour une politique sociale qui se révèle plus dure que celle qui perçait sous la carapace de Michel Barnier qu'on aurait attendu moins silloniste (au sens de Marc Sangnier) que le Palois qui se révèle avoir des rudesses de François Fillon ou de Laurent Wauquiez, quand il veut responsabiliser les pauvres jusqu'à souhaiter recycler, à l'heure où leurs occupants auront "disparu", les fauteuils roulants des "infirmes" (comme il ne fait plus bon dire sans faire bondir même si je préfère "infirme" à l'infâme périphrase "en situation de handicap"), premier pas d'une méconnaissance sociale qui s'en prend également aux malades souffrant d'affections de longue durée (ALD) qui ont beau constituer 20 % des assurés sociaux, la liste des pathologies couvertes est déjà très fermée et on se refuse à leur assurer des transports sanitaires décents, ce qui est l'autre versant de la grève des taxis, qui ne pensent pas beaucoup plus à ces patients maltraités que les agents de la SNCF ne se soucient de leurs clients quand ils font grève et que les briseurs de grève les accusent de  prendre les voyageurs en otages. 

Encore, que le Premier ministre envisage de ne pas rembourser à 100 % les médicaments qui ne sont pas liés aux affections de longue durée dont souffrent les malades qu'il stigmatise avec une sorte de cruauté inconsciente! Si ces malades ne sont pas précarisés par leur maladie, pourquoi pas? Mais c'est rarement le cas, et Bayrou s'en prend aux malades pour rembourser la dette que son camp politique a laissé filer et se creuser, ça commence mal, ou plutôt ça laisse percer la même "culture empreinte de violence" ou d'indifférence (Paul Vanier l'a bien cerné) que ce qui l'a rendu relativement indifférent aux suppliciés de Bétharam qui n'étaient pas loin de crier sous ses fenêtres. 

Il veut appliquer des franchises indiscriminées pour les foyers riches ou les foyers pauvres sous prétexte que la Sécurité sociale ne fait pas acception de ressources, principe qui, pour être communiste et continuer d'être défendu par la gauche radicale, n'en est pas moins idiot, à l'heure du creusement inquiétant des inégalités et d'une paupérisation désormais quantifiée et documentée de la population française. 

Il s'aperçoit qu'il n'est pas capable d'obtenir des mesures de simplification de la vie des entreprises par la voie parlementaire, il promet de procéder par voie réglementaire, il aurait sans doute raison s'il commençait par balayer devant sa porte en appliquant ses programmes antérieurs: il refusait les doublons d'échelons entre la vie locale et la vie nationale qui rendent compliquée l'élaboration de tout projet pour les collectivités territoriales, il n'a pas supprimé ces doublons. Il promettait de supprimer les agences qui font double emploi avec l'ingénérie d'une fonction publique d'État dont il promet d'internaliser les compétences,  ces agences sont toujours là. Au détour de son "Discours de vérité", il parlait d'un patrimoine immobilier improductif de l'État qui, s'il était réhabilité, revendu ou au moins réaffecté, pourrait probablement  rapporter à la France les milliards qu'il voudrait économiser pour son budget 2026, mais il n'a pas encore missionné des experts qui puissent procéder à l'évaluation de ce patrimoine en vue de ce qui ne serait pas du tout, en l'espèce, une "vente à la découpe", sans parlr de faire supporter par les  plus fortunés de notre pays la baisse de ces dépenses comme le fait la France insoumise, et sans envisager que la France arrête de contribuer au budget de l'Union européenne qui ne lui redistribue qu'un tiers de ce qu'elle  verse, en faveur  de nos agriculteurs, qui préféreraient vivre de leur travail que de ces subsides, avec la concurrence dangereuse du blé ukrainien, des pays du Mercosur ou du CeTA. 

Pas plus qu'il n'a calculé précisément ce que pourrait lui rapporter la vente du patrimoine improductif de l'État, Bayrou n'a chiffré le ratio des subventions qu'il pourrait cesser d'octroyer aux entreprises en échange de réformes de simplification qui pourraient rendre le travail moins coûteux. Quant au "travailler tous", il faudrait qu'il nous dise comment il compte l'harmoniser avec l'intelligence artificielle ou comment il s'agirait de réformer "France travail" qui vient d'être créé pour rationaliser la recherche d'emploi des chômeurs et qu'Astrid Panosyan-Bouvet a déjà accusé  d'inefficacité dans son intervention d'hier après-midi. Pas un instant, le Premier ministre n'a évoqué comme remède aux emplois non pourvus une meilleure corrélation entre ce qu'enseigne l'école et les besoins des marchés publics ou les débouchés de l'orientation professionnelle avec les besoins de la nation, indépendamment de la baisse criante du niveau scolaire, ce qui n'est ignoré que de ceux qui ne veulent pas le voir. Le Premier ministre a beau jeu de réclamer des ingénieurs femmes à Élisabeth Borne. Si nous avons besoin d'ingénieurs, la parité n'a rien à voir là-dedans. 

Le pire est que François Bayrou égraine des politiques publiques qu'il croit originales, mais qui sont les mêmes que celles qui détruisent depuis trente ans nos bijoux de famille. Comment croit-il s'en sortir en prenant les mêmes recettes technocratiques et en retombant dans la même complexité administrative qui décourage ses concitoyens? Si c'est ainsi qu'il compte gravir l'Himalaya, il risque d'être poussé à la chute par ses adversaires politiques et syndicaux. 

mardi 15 juillet 2025

Thierry Ardisson, tout le monde en parle!

Thierry Ardisson qui vient de mourir emmenait les Français au salon balzacien et les faisaient assister, intimidés, penauds, incrédules, flattés, à ce qu'on pouvait leur donner à voir, à boire et à manger comme à des enfants avides et faméliques, des orgies télévisuelles où se côtoyaient le demi-monde et celui qui décide, les célébrités poursuivant leur image comme des ombres, des starlettes, des acteurs ayant besoin de se raconter après nous avoir raconté des histoires, des intrigants et de vrais influenceurs, comme on ne disait pas encore: au hasard de ce qui me revient et indifféremment que je préfère l'empreinte des uns ou des autres, de William Kristol, l'un des maîtres à penser du néo-conservatisme américain, à Michel Houellebecq englouti dans un de ses Daniels de "la Possibilité d'une île". On était prêts à lamper un fond de Champagne ou à regarder sous la table s'il ne resterait pas un rail de coke à chouraver.
Ça n'empêchait pas Ardisson d'avoir des idées. On disait que c'était un fils de pub dont le fond de sauce était un royalisme d'opérette pour taquiner tour à tour l'Action française revisitée par Bertrand Renouvin et le monde du spectacle avec, pour invité le plus emblématique et le plus récurrent, Yvan Attal. Il n'était pas d'un anticonformisme à se faire jeter de la télé pour inviter envers et contre tout les polycensurés quil avait contribué à faire monter en flèche comme Dieudonné ou Alain Soral.
Si on l'avait interrogé sur le contenu de son royalisme, je crois qu'il aurait été bien en peine d'en livrer une synthèse convaincante et structurée, de même que sur son catholicisme esthétique, quoique reste gravé dans ma mémoire de serviteur de la liturgie qui a la liturgie dans la peau à défaut que s'y glisse une chanteuse un peu fraîche des chorales que j'y accompagne en train d'accompagner le bon Dieu de leurs chants louangeurs qui nous Le rendent propice, on en a bien besoin!, cette remarque d'Ardisson sur la messe: "La messe, c'est très bien, mais c'est mal produit."
Je n'ai pas retenu grand-chose de beaucoup plus structurant quoique c'eût été mieux articulé, des tirades analytiques de Balzac sur le légitimisme ou le bonapartisme et je crois que bien malin qui pourrait dire, finalement, si Victor Hugo était plus fidèle quand il était le légitimiste médiévisant de ses années "Notre-Dame de Paris", quand il s'est perdu de vanité à la Chambre des pairs de la monarchie de juillet ou, proscription oblige, quand il se mua, à son retour d'exil dont l'aurait volontiers rappelé Napoléon le Petit, en socialiste bon teint plaidant contre la loi Falloux ou se faisant le précurseur des États-Unis d'Europe. Balzac a néanmoins écrit un "Traité de la prière" et un "Traité des excitants modernes" que je rêve de lire depuis des années et où je suis sûr que je trouverai à faire mon miel quant à l'une et aux autres.

Ardisson n'était le Balzac ou le Victor Hugo de notre époque que si nous n'en avons pas mérité d'autres. Du moins nous a-t-il introduit au salon des "Illusions perdues", tel un Étienne Lousteau se disputant avec Lucien de rubempré, le premier voulant bien faire piger l'autre pourvu qu'il disparût un jour, criblé de dettes ou sous les jupes de Coralie. Et puisque les politiques ne veulent plus, même à l'ère des réseaux sociaux, nous introduire dans la petite histoire et répondre à notre saine curiosité sur qui sont leurs mignons et qui leurs favorites, car ils n'ont vocation qu'à faire la grande histoire bien qu'ils fassent beaucoup d'embrouilles, on peut savoir gré à Ardisson, sinon de nous avoir introduits dans la chambre du roi, du moins de nous avoir offert un strapontin à la cour. Mais la cour était débilitante, diront les grincheux. La Bruyère ou Saint-Simon ne disaient pas moins de mal de celles qu'ils fréquentaient. 

lundi 14 juillet 2025

Ne jamais oublier de chroniquer les dernières macronneries

https://www.philippebilger.com/blog/2025/07/emmanuel-macron-apr%C3%A8s-ce-sera-trop-tard.html

Comment rester synthétique et concis après la presque heure pleine que j'ai passée à lire, non en diagonale, mais à la va-vite, ce billet et ses commentaires? Traitons des sujets, au moins de ceux que je me rappelle, j'ai eu le tort de ne pas prendre de notes.
-Dreyfus, un "innocent emblématique" ? Eh bien non, je me répète, au risque d'être taxé d'antisémitisme: un accusé surexposé, un peut-être innocent dont l'innocence a été survendue et surexploitée, jusqu'à ériger en France une nouvel classe d'"intellectuels", composée de ceux qui avaient pris sa défense, sans préjudice de leurs diplômes universitaires; et jusqu'à faire de ce capitaine qui s'est engagé dans la Grande guerre, ce que je ne savais pas et qui l'honore, un général à titre posthume, auquel la veille du 14 juillet devra désormais être consacrée pour faits d'armes inexistants ou insignifiants, un général à titre définitif peut-être à la hauteur de ce général à titre provisoire ou temporaire qu'était le général De Gaulle en 1940: il aurait mieux valu d'après ses thuriféraires qu'on parlât de général Dreyfus plutôt que de général De Gaulle. Manque de chance, il n'aurait pas été en état de reprendre les rennes au moment où De Gaulle "a surgi", il était mort.
-Où De Gaulle a surgi comme Henri IV? Bof, Henri IV a été porté par beaucoup de partisans dont Montaigne. Son abjuration a ouvert la voie à un compromis, mais a ouvert le feu si je puis dire, au démembrement de la civilisation chrétienne, basé non pas sur l'abjuration et donc sur le reniement ou la "relapsation", mais sur le martyre et donc la constance dans l'engagement de la foi donnée. A bas les relapses, vive la relaxe!
-De Gaulle, ce mythologue: "De Gaulle n’avait pas gagné la guerre à lui seul, mais il avait gagné le droit d’en sauver le récit", écrit Finch dans une formule saisissante. Et surtout de cet homme peuvent aujourd'hui se réclamer tous ceux qui veulent:
-ceux qui en font un non aligné frénétique et ceux qui en font un vassal des Américains, Jean-Dominique Merchet l'a bien illustré dans un article de "l'Opinion" qui m'a marqué, en décrivant ses revirements diplomatiques au gré de ses revers avec la puissance dominante qui le prenait de haut au point de lui préférer Giraud pour diriger l'armée d'Afrique pendant la guerre où elle n'aurait fait qu'une bouchée de la France vaincue et capitularde, car De Gaulle passait pour un aventurier quand Giraud paraissait sérieux;
-ceux qui assurent qu'il serait un parangon du souverainisme s'il revenait au pouvoir et ceux, comme Louise Weiss dont il a été question ce matin et ce soir sur "France culture", qui prétendaient puiser dans sa personne leur engagement européen, lui qui avait soumis à Paul Reynaud la chimère de Jean Monnet de fusionner la France et la Grande-Bretagne, soi-disant pour la durée de la guerre, De Gaulle haussant les épaules et agissant sans enthousiasme, mais ne s'en exécutant pas moins en proposant la chimère au président du Conseil dont ce général de cabinet et sans étoile était le soussecrétaire d'Etat à la Guerre.
"Les Gilets jaunes ne pouvaient pas réussir, car ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient" (Robert Marchenoir), formule à la "Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font" qui résume bien les raisons de l'échec de cette jacquerie de la classe moyenne inférieure et toujours infériorisée, sous l'effet de cette "machine ressentimenteuse" qu'était notre Révolutions selon Michel Onfray, qui fait peut-être malencontreusement dériver cette génération en haine contre les boomers comme "Nicolas qui paye", le trentenaire à l'affût d'avantages et de places gratuites au théâtre, qui n'en demeure pas moins un des piliers, non pas seulement contributif, mais aussi appartenant à cette "France du travail" qui vaut à ce pays de ne pas s'écrouler, et dont le ressentiment s'explique parce que ceux qui, en 68, s'insurgeaient: "Place aux jeunes!", n'ont jamais fait place à leurs descendants et pour cause: leur révolution sexuelle avait quelque chose d'encratiste, ils auraient pu signer le livre "No kid" de Corrinne Maier, il faut sauver la planète et non nos âmes.
-J'en viens à ce qui me paraît être un inaperçu des commentaires faits sur cette nouvelle "macronnerie" ou, pour être plus poli, à ce nouvel emballement macronien à la sauce "c'est notre projet": "j'aurai besoin de vous dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans." Car Macron étant un peu plus structurés que tous les dirigeants ambigus du monde actuel, mais non moins instable que ses "collègues" à qui il tape la main sur le ventre, me paraît dans une hybris qui pourrait facilement le pousser à trouver une parade pour se représenter, non pas en 2032, mais en 2027, soit qu'il se taille une réforme constitutionnelle sur mesure pour obtenir ce résultat (après tout, n'a-t-il pas nommé Richard Ferrand dans ce but puisqu'il avait pris des positions en ce sens et en la faveur de la tacite reconduction de son mandataire?), soit qu'il démissionne in extremis pour se représenter aussitôt, ce qui constituerait un cas d'école que le Conseil constitutionnel réussirait d'autant moins à trancher que, précisément, il n'a jamais fait école et ne s'est jamais présenté depuis l'absurde limitation du droit de se représenter du président en exercice ayant exécuté deux mandats consécutifs, au terme de la réforme constitutionnelle de Nicolas Sarkozy en 2008.
-En attendant, Emmanuel Macron fait deux bêtises d'exécution en se projetant dans l'avenir plutôt que de se concentrer sur le présent.
-La première est de demander simultanément à son gouvernement de trouver 40 milliards de baisses de dépense et d'engager une hausse simultanée des dépenses militaires, non seulement pour l'exercice courant des prérogatives de l'armé de notre pays devenu martial après avoir porté une voix pacifique, pacificatrice et universaliste jusqu'au second mandat de François Mitterrand. La France doit en outre contribuer plus massivement au budget de l'OTAN après que "dady Trump" a obligé tous ses partenaires à contribuer à hauteur effective de 5 % de leur budget civil.
-Et puis il engage la Nouvelle-Calédonie dans un processus déloyal (sic) d'indépendance en dépit des référendums qui ont récusé ce processus et au mépris de Nicolas Metzdorf, député loyaliste et macroniste dont Macron a été le Judas déguisé en Jésus. Il parle d'"Etat calédonien" (sic), de "double nationalité", même sous cap de préférence calédonienne dans l'électorat "national" du Caillou, là où on se refuse à parler de "préférence nationale" en France métropolitaine.

Dans la volonté bayrouiste de former un "gouvernement de poids lourds" respectueux des sensibilités sans renouveler les personnalités ou les visages comme aurait dit le chef hologrammatique de l'exécutif que Bayrou a soutenu par dépit, le multinational Manuel Valls a accepté de se commettre à ses basses oeuvres de piloter la sécession de la Nouvelle-Calédonie qui ne demandait qu'à rester française en dépit du "sens de l'histoire" qui n'existe pas et du processus décolonial irréversible. Et ce n'est pas tout à fait une surprise puisque non seulement Gérald Darmanin avait parlé d'"autonomie de la Corse" avant la dernière élection présidentielle, mais que tous ces personnages politiques se sont inscrits avec de petits pieds dans la lignée de Michel Rocard, qui introduisit la notion de "peuple corse" dans le droit français et rêvait à mi-voix d'une Corse et d'une Nouvelle-Calédonie indépendantes. La trahison ne montrera son caractère ultime qu'après le "dernier quart d'heure" du mandat d'Emmanuel Macron qui prétend rester président jusqu'à la dernière seconde indiquée par le chronomètre, où il activera peut-être le détonateur qui fera définitivement exploser la nation façon puzzle. 

lundi 7 juillet 2025

Macron reprend la corde.... d'Olivier Marleix

Emmanuel Macron reprend la corde. Il reprend la corde d’Olivier Marleix ! Mais quel titre, quelle allusion honteuse ! Je plaide coupable, mais mon allusion n’est pas aussi hommicide ou coupable que l’oubli dont croit pouvoir s’exonérer « Franceinfo », qui tient sa première estivale des Informés sans mettre le sujet du suicide d’Olivier Marleix à la une, là où la station ressort l’hystérie présidentielle devant la foule parsemée de ses vieux jeunes marcheurs et leur disant : « Je compte sur vous, car c’est votre projet que je sois là dans deux ans, dans cinq ans, dans dix ans ! Ah si on se donnait rendez-vous dans dix ans, toujours et à jamais, quoi ! Alors regarde, regarde un peu, je vais pas me taire parce que t’as froid aux yeux et que tu ne crois pas que je serai là dans deux ans même si l’autre con d’Édouard Philippe te répète : « Deux ans, c’est long. » Alors regarde, regarde  les cuillérés en argent malheureux et vides jusqu’au suicide nanti ! Si tu vois pas,les nantis malheureux, je vais me crever les yeux ou me « casser la voix »…

Macron s’est cassé la glotte et Franceinfo s’est émerveillé sans se demander comment le président hurleur qui a cassé les vitres des fenêtres de Marie-Christine en se comportant comme un Roméo goujat, a pu dire à ses supporters qu’il en aurait besoin « dans deux ans » et comment il compte s’y prendre pour se représenter en 2027 alors que ce représentant de l’»État de droit » n’en a tout simplement pas le droit mais n’en a probablement rien à foutre de prendre le droit ou le gauche du moment qu’il tient le manche et prend les Français pour des manches. « Franceinfo » n’a pas décodé et s’est contentée d’annoncer que Macron voulait simplement dire à ses supporters qu’il serait à nouveau là en 2032 et qu’ils pouvaient compter sur lui, donc qu’ils ne lâchent rien car il ne les lâcherait pas, pourvu qu’ils défendent son intérêt particulier jusqu’en 2032 ! Pourquoi ce journalisme éprouvé ne va-t-il pas chercher si c’est le fin mot de l’allocution improvisée et exorbitée de Macron devant ses jeunes, ou vérifier si Emmanuel Macron étant supposé n’être jamais délirant, il a oublié ou occulté qu’il ne pourrait pas se succéder à lui-même en 2027 sans jouer un tour de passe-passe constitutionnel, par exemple en proclamant l’art. 16 par un remake de la guerre en Ukraine ou par tout autre pion qu’il pourrait déplacer à sa discrétion conventionnelle sur l’échiquier international ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. Je n’ai pas dit « a mis fin à ses jours comme Robert Boulin a été assassiné dans cinquante centimètres d’eau ». La mise en scène est un peu plus élaborée et loin de moi d’avoir la moindre imagination complotiste, même si le complot ou la conjuration sont le moteur de l’imagination ! Mais savoir imaginer un complot ferait de moi un auteur de romans d’espionnage ou simplement de polars : l’Assassin court toujours, « je suis en retard » comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, je cours, je cours, mais l’assassin, ce n’est pas moi. Ce n’est pas moi, qu’est-ce que j’en sais ?

 

Olivier Marleix a mis fin à ses jours. François Bayrou, le naïf madré qui est capable de mettre une taloche à des enfants, mais n’a pas la poigne molle de François Hollande pour faire tuer des ennemis anonymes par des services à permis « 00 », a dit son immense tristesse et je gage qu’elle était sincère. Emmanuel Macron a fait le service minimum et a déploré la perte d’ »un homme d’expérience ». On ne saurait concevoir communiqué plus laconique ! Peut-être qu’Olivier Marleix n’aurait pas dû mettre la main dans le cambouis où Emmanuel Macron avait possiblement Sali les siennes !

 

Guerre économique sans pitié pour la France ? Olivier Marleix [EN DIRECT]

 

Olivier Marleixa mis fin à ses jours et j’émets au moins deux hypothèses. Le gars était très antimacroniste à ses débuts. Il a interrogé très profondément le rôle d’Emmanuel Macron dans la vente d’Alstom à General Elektriks représentée par Clara Gaymard, la digne héritière de son papa saint Jérôme Lejeune, fifille qui vivait dans un appartement de six cents mètres carrés avec son ministre de la Santé de mari aux frais de la princesse républicaine honnie ou méprisée à la manière dont Philippe de Villiers n’aime pas « la gueuse », mais ne l’a jamais trahie avant d’être à la retraite ! Un grand esprit comme « Bonsoir Clara ! » pouvait bien travailler pour une supra-multinationale qui se prenait pour un fleuron patriotique et la Grande Cervelle pouvait bien la vendre à une multinationale américaine sans se déshonorer, tout en racontant l’histoire édifiante des saintes femmes de sa famille si française dans un livre à la gloire de ses mères...

 

Olivier Marleix ne pouvait pas regarder cela de trop près sans se brûler les yeux. Avant de s’éteindre par la strangulation pendulaire, il avait déjà perdu sa voix en dirigeant un groupe LR incolore et qui ne se distinguait plus en rien de la bourgeoisie macronarde qui a dès l’origine et l’avènement de son gourou, perdu son âme et ses valeurs. Olivier Marleix n’était pas Laurent Wauquiez et n’en rajoutait pas sur l’immigration ou les fondamentaux de la droite discriminante et dégueulasse, capable en son temps d’enfoncer à coups de hache les portes de l’église saint-Bernard et du droit d’asile dont l’Église est garante depuis la Cité de Dieu de saint Augustin e ses multiples ramifications. Olivier Marleix ne jouait pas comme Laurent Wauquiez les amis de sœur Emmanuelle et de sa stratégie du colibri pour vider la mer avec une pelle ou chimiotiser « le cancer de l’assistanat » au nom de « la droite sociale ». Les chiennes font quelquefois des chats. Ce manque de charisme marléxien devait être rattrapé par le retour entièrement faux de Wauquiez sur la scène parlementaire et méritait qu’il lui pillât son groupe et verse aujourd’hui des larmes de crocodile sur sa dépouille dépouillée par cebandit de grand chemin.

 

Donc Olivier Marleix perd sa voix et il la perd à s’étrangler et à se pendre. Ou bien, ou bien… ou bien il meurt en même temps qu’Éric Denécé est retrouvé suicidé avec un fusil de chasse alors que tout son entourage assurait qu’il n’était pas suicidaire et que, pour avoir écouté quelques-unes de ses analyses, on le sentait porté, non seulement par le désir de dire le juste, mais par le dire de la façon la plus neutre possible. Mais n’étant pas un homme d’argent, je ne sais ni ce qu’il manipulait, ni ce qui pouvait le manipuler ou pousser d’autres à le faire taire. Et puis, et puis… Olivier Marleix se trouve suicidé en même temps que l’Élysée refuse de faire arrêter Alexandre Benalla visé par Interpol dont le siège est à Lyon, alors qu’on ne sait toujours pas ce qu’est devenu son coffre-fort, miraculeusement soustrait aux investigations de la justice. À sept ans d’intervalle et d’un juillet l’autre, l’affaire Benalla ne fait plus recette médiatique et il ne faut pas plus rechercher le conseiller occulte qu’il ne fallait venir chercher son commanditaire, à la Maison de l’Amérique latine, dans un événement prémonitoire, à l’usage des tout jeunes parlementaires du nouveau président transformiste et rénovateur des visages de la classe politique, prémonitoire du tout récent « come back » surprise de Macron auprès des jeunes qui ne peuvent plus croire en lui que s’ils ne croient en rien ou en la poudre de Perlinpinppin. Macron n’a pas de substance, si ce n’est les substances et la poudre ukrainienne, ou la foudre jupitérienne… Les « jeunes avec Macron » ne peuvent croire en la substance du macronisme s’ils rêvent encore d’une politique substantielle… Benalla est incherchable, Macron est introuvable et la mort d’Olivier Marleix est un fait divers, pas un fait de société.

 

Mais ce qui continue de faire la une de « France info », c’est qu’Emmanuel Macron ait autant vociféré que le jour où il a dit : « Parce que c’est notre projet. » Mais dans quel état était-il et quel était son projet au juste ? Ah oui, d’assassiner l’ancien monde en conjuguant la crainte de la fin du monde avec la crainte de la fin du mois tout en fustigeant le gouvernement par la peur, et en le pratiquant à travers la politique de confinement covidiste et masquiste.

J’avais écrit à treize ans un poème prémonitoire contre les Masques. Je n’imaginais pas assister de mon vivant à la victoire successive des masques et d’Elon Musk ! La raison la plus artificielle et la moins intelligente est toujours la meilleure. 

Elsa et Patrick Font

Au milieu d'une nuit pas spécialement chaotique, je me suis mis à écouter frénétiquement tout ce que je trouvais de Font et Val, que j’ai entendus pour la première fois de ma vie grâce à Annick Leveau et qu’on m’avait vendus comme des parangons d’anarchie, donc qui l’étaient restés à mes yeux, avant que je me rende à l’évidence que premièrement, c’étaient des socialistes un tout petit peu plus à gauche que les autres et presque des mitterrandiens contents de l’avènement de ce président qui plut tant à Renaud, ce « chanteur énervant » qui jurait que la société ne l’aurait pas. Quand on écoutait de près Font et Val dans les années 86 comme j’ai pu le faire, on se rendait compte que non seulement ils regrettaient banalement de ne pas passer assez souvent à la radio, mais qu’ils l’écrivaient dans leurs chansons, comme un Bernard très sympa que produisait une société britannique qui s’appelait « Ellytams » (j’orthographie ça n’importe comment) et au service de qui se dévouait quelqu’un qui en pinçait pour lui et ne trouvait d’autres artistes à faire concourir avec lui que pour le faire accéder à ce rêve de notoriété tellement naïf que la chanson sur laquelle il comptait le plus pour se lancer et « percer » s’intitulait Olympio Olympia et ne faisait rien d’autre que de raconter au grand jour son désir d’être à l’affiche de la célèbre institution dirigée par Bruno Coquatrix.

 

Font et Val languissaient de passer sur les ondes du service public et le faisaient savoir à longueur de spectacle. Leurs vœux devaient être exaucés puisque l’un dirigea France inter après avoir léché les bottes du MEDEF, puis de Sarkozy en ayant oublié comment il harponnait, dans un spectacle de 1982, donc peu après l’avènement de Mitterrand qui ne permettait certes pas encore aux cœurs de s’éprendre, regrettait-il dans un dernier sursaut d’idéalisme, l’innocente droite française du temps de Jean Lecanuet, le patelin maire de Rouen avec qui était sortie une amie d’Edma, qui l’avait connu personnellement et m’avait raconté tout le côté insoupçonnablement décadent du personnage aux dents blanches, au-delà de son aspect insipide officiel.

Mais la désillusion dont je ne suis pas encore revenu tient au reniement de Font par Val, si bien que je continue de préférer le mort au vif qui ne lui cède pas comme dans l’adage juridique dont je ne retrouve plus la formulation exacte, bien qu’Annick me dépeignît Val comme un poète plus averti que font. Bien que Font et Val aient interprété une ode à Brassens dans laquelle ils le remerciaient d’être l’Auvergnat et auquel ils ne ménageaient pas leurs éloges, contrairement à Jean-Marie Vivier qui lui adressa une supplique déçue pour qu’il n’entre pas à l’Académie française, Jean-Marie Vivier que j’avais invité par téléphone la veille au soir à venir chanter nos fiançailles et qui m’assura qu’il l’aurait fait s’il n’avait pas été pris ailleurs (il le disait avec un accent de sincérité qui ne trompait pas), Val ne sest pas montré à la hauteur de l’étranger de la Chanson de Brassens auquel ils identifiaient le personnage privé en abandonnant font à son triste sort.

 

J’ai réécouté les chansons de Font avant de relire les minutes de son procès. Évidemment que ses chansons annonçaient sans précaution oratoire les penchants pédophiles du saltimbanque assez peu bambocheur repêché avec élégance par Jacques Maillot et ceux qui tenaient le Théâtre des deux ânes après qu’il eut purgé ses années de prison.

 

Qu’est-ce qui me rend sensible à ces destinées transgressives ? Ma libido réduite à sa plus simple expression comme le raconte le rêve de Stéphanie (ma toute première, donc ma plus vraie !) ou bien le fait que Font, que je croyais mort depuis beaucoup plus longtemps, exprimât son penchant pour les jeunes filles avec une vraie tendresse pour leurs rêves de princesse, bien qu’il passât les bornes dans une chanson, comme par hasard intitulée Dans les yeux de Christelle, une autre de mes égéries, et où il avoue que, « dans les bas » de cette petite fille de sept ans et au royaume de ses poupées, il ait « trouvé un autre chemin » pour lequel prendre, il lui demandait « d’être gentille » et elle le devenait ». Je ne me sens pas de connivence avec ces fantasmes d’intrépide volonté de puissance masculine voulant pénétrer à contre-temps un continent sacré et secret quand on a passé l’âge du « touche-pipi » tel que j’ai pu le vivre avec une petite fille qui portait le prénom de la seconde fétiche d'Aragon, que j’avais l’imbécillité, après mes amoures satisfaites d’enfant de sept ou huit ans, d’appeler « la peste conne » pour faire chorus avec mon grand frère et en détestant tout à coup ses caprices de petite fille d’autant plus adorable que tout lui était dû, y compris le fait que nos oreilles supportent ses décibels, mention qui n’est pas du tout faite dans la chanson de Patrick font consacrée à Christelle.

 

Ce que j’aimais chez Font n’était pas ses penchants pédophiles, pour autant que je puisse en attester franchement et me prononcer lucidement sur une réalité que je crois être la mienne. Mais j’aimais l’esprit du Chalet, symbolisé par une chanson que je ne retrouve plus, mais où je me souviens qu’il y avait ces paroles : « Quand Béatrice est née, il fallait voir nos yeux », au milieu d’un hymne à la liberté, liberté de sortir les enfants du carcan de l’école obligatoire pour leur apprendre à faire du théâtre au milieu d’une nature amie et non hostile située au même endroit que ce « pays entre Léman, Jura et Germanie, Un pays de montagne et d’eau et d’amitié » qui « fleure bon la vie » et « rassure un visage qui pleure » au moment où celui-ci a besoin de trouver quelque repos à ses peines ravinées, trop savamment entretenues à défaut de sobriété et de sortie des obsessions : à force d’avoir peur du diable, j’ai vu mon double et je l’ai vu dans mon double.

 

Oui, ce que j’aime dans les chansons de Font qui sont nombreuses, bien écrites et pas toujours assez bien travaillées, c’est l’esprit du Chalet, cette envie de vivre en liberté, non pas abandonné à mes instincts, mais suffisamment près d’eux pour pouvoir leur faire confiance sans nuire à personne si du moins mes instincts me désignent, ce qui reste à prouver.

Je ne sais pas si le détachement est un antidouleur comme je l’ai écrit dans mes Aphorismes. Je ne sais pas si la conversion est détachement, comme le présume une mystique un peu passée. Mais je crois qu’il faut vivre détaché, désincarcéré de ses carcans scolaires, culturels ou religieux pour accéder au décloisonnement dont me parlait Jean-Paul Bourre en me promettant l’éveil au bout de ce décloisonnement. Il faut vivre détaché de soi pour échapper à l’intranquillité du rapport douloureux avec soi. Douloureux et inutilement douloureux, nécessairement. « Vivons heureux, vivons cachés », dit le dicton que je crois tout droit sorti d’une fable de la Fontaine dont il constitue la morale. Vivons amarrés à qui l’on est, vivons détachés, sans obligation de croyance. Se convertir, c’est se désobliger de croire pour ne plus parler faux, pour ne plus jouer faux, pour ne plus sonner faux. Mais à peine a-t-on dit cela qu’on se demande comme Pilate à Jésus, non pas « qu’est-ce que la vérité ? », mais « où est ma vérité ? » « La vérité est une idole » a dit Pascal et peut-être qu’a fortiori, ma vérité, mon authenticité sont des idoles, et pourtant je ne peux pas me départir de l’idée, exprimée à l’instant dans une conversation de trois heures avec Clément après laquelle je reprends la rédaction de ces quelques lignes, idée qui m’est venue à la sortie de la messe à ste-Marie où Serge m’a emmené pour me consolé de n’être pas parti en vacances, de l’idée exprimée aussi dans la chanson Je donnerai ma voix si souvent citée sur Radio ici et maintenant et où il était dit que l’auteur donnerait sa voix à celui qui ne chercherait pas dans son livre d’idées la vérité – et l’Évangile peut aussi être un livre d’idées -, de l’idée, y viens-je enfin, que j’aimerais que la Parole de Dieu puisse aussi se déduire du meilleure de moi-même, extraction faite de ce que Dieu doit me dire pour me tirer de moi, pour m’extraire de moi, pour que la société puisse tenir à autre chose qu’à moi, qui ne serai vraiment moi-même que quand je serai détaché de moi, libre d’extraire « ce vent de liberté » qui n’est pas qu’un slogan d’un cantique boursouflé de Pentecôte un peu trop syncopé, mais ressortit à ce que Patrick font recherchait dans le Chalet, et tant pis si cette recherche allait sans sublimer son goût des trop petites filles, le psychiatre ayant conclu à son procès que Patrick Font était un vrai pédophile – et moi, et moi, et moi, qui ai toujours eu une propension à me charger de tous les péchés d’Israël, et si je devais réellement les endosser tous ! –

 

Il paraît que j’ai dit à Clément un soir en étant soul que le fantasme était plus beau que la réalité. Moi qui suis un chrétien feuerbachien, je vis dans le fantasme de Dieu et, quand il m’arrive de m’interroger sur ce qu’est l’amour, je me dis qu’il n’est pas mon idéal du moi, mais mon idéal de l’autre, non pour qu’en lui soit transfiguré mon idéal du moi, mais que l’autre soit vraiment ce qui me manque. Mon idéal de l’autre est l’essentiel de mon fantasme amoureux. Mais quant à moi ? Quelle est ma vérité ? Quelle est mon authenticité, détachée de moi-même ? pourquoi ai-je tant aimé des chansons comme le Grand café ou le Phare de Jean-Marie Vivier ? Et pourquoi ai-je la conviction qu’étant donné ma culture de pois chiche en matière de musique classique, ma plus grande passion demeurera la chanson française, car j’ai l’impression que c’est une passion qui demeure à ma portée.

 

 

 

  

Rêve d'un pape

Et puis tout autre rêve, rêve d'un fou, car il faut être fou pour rêver de ça. 


Je suis avec ma grand-mère et nous allons à Lourdes. Nous nous apprêtons à être logés chez des sœurs qui logent elles-mêmes le nouveau pape qui reste une énigme pour moi. Après un long voyage en train parsemé de péripéties dont je ne me souviens plus, nous entrons dans une maison très solennelle où nous sentons que nous allons gêner. Nous gravissons un escalier. La porte est ouverte, mais nous impatientons la sœur censée nous attendre avec impatience. Nous l’entendons nous accueillir de loin avec une pointe d’agacement. Nous laissons entendre à la sœur qu’il ne sera pas nécessaire qu’elle nous fasse à manger, pourtant nous aurions bien voulu. Nous sommes reçus dans un grand salon, ou plutôt une salle à manger de ce Lourdes qui s’est transformé en Rome et où le pape est allongé, car il vient de subir une dialyse. Le pape est sans cesse tenté d’enlever son reudon, comme un patient qui fut mon voisin de chambre d’hôpital. Il veut se détacher de ce redon ou de son drain et chaque fois les sœurs l’en empêchent gentiment et à distance en commençant par parler de lui sur un mode personnel : « Il veut se détacher » avant de se reprendre : « Le Saint-Père veut se détacher de son redon.«

 

les sœurs supposent que nous voulons dormir dans la chambre du pape (et peut-être avec la femme du pape, je crois que le rêve contenait cette proposition indécente). Ma grand-mère et moi nous récrions en répondant que nous n’avons pas besoin de cette intimité. Les sœurs nous laissent tranquilles et le pape se met à nous parler d’une voix où perce le dégagement que la promiscuité des sœurs empêchait. Le pape semble nous savoir gré de ne pas avoir envie de cette intimité intrusive qui pourtant était permise à notre séjour à l’hôtel, puisqu’il était dans les nouveaux usages de ce pape que des fidèles puissent dormir avec lui dans la chambre pontificale, tant la transparence et l’exemplarité devaient se répandre. Ma grand-mère ose timidement la question : «Est-ce le pape François qui vous a causé tant de mal ? » Je m’immisce timidement dans cette questionde ma grand-mère qui a osé. Le pape reste équivoque et élude la question. Mais il se détache de son redon et se dépêche de reprendre ses activités. 

samedi 5 juillet 2025

Sentiment océanique ou sentiment de fin du monde?

J’aurais beau faire tous les efforts du monde ou possibles - ou du monde possible -), je me sens aussi étranger que possible au sentiment de fin du monde.

J’ai toujours eu des amis qui y étaient sensibles, je les écoutais patiemment sans les comprendre. Je croyais y déceler un invariant psychiatrique individuel avant de me rendre compte que ce sentiment se répandait à échelle planétaire à travers la panique de la catastrophe écologique, qui faisait se substituer l’idée qu’il fallait sauver la planète à l’angoisse qu’il faut sauver nos âmes. Métonymie qui fait prendre la partie planétaire pour le tout existentiel.

Donc cette angoisse planétaire de la « fin du monde » écologique s’apparente à une psychose collective qui oublie de défricher l’invariant psychiatrique qui étend l’angoisse de la mort individuelle en puissance de mort collective.

Mais l’immaturité de cette psychose collective de fin du monde écologique explose du fait qu’elle ne veut pas voir que, s’il faut transférer à l’homme la puissance de se détruire, la menace nucléaire est beaucoup plus immédiate et beaucoup plus efficace que la lente destruction écologique.

Seulement la menace de destruction écologique est beaucoup plus structurelle et structurante et peut donc permettre à la neutralité de la mort de l’espèce de suppléer à l’angoisse de la mort individuelle.

La mort de l’espèce est trop grande pour que nous nous en sentions intimement responsables, de quelquh’ystérie que se pare lécoanxiété. La menace planétaire est macrocosmiquement plus dangereuse, mais elle est microscopiquement nulle à l’échelle de l’angoisse existentielle de la survie de l’âme qui est le tout métaphysique de l’être, si toutefois l’être a conservé assez de prise sur lui-même pour se saisir comme être. 

lundi 23 juin 2025

La fin de la diplomatie

Justice au Singulier: Il faut sauver les diplomates !


Patrick Emin, dans un précédent commentaire, met le doigt sur le fait qu'il existe comme un supra-nationalisme israélien. Israël pratique un nationalisme toléré par la communauté internationale et viole impunément la souveraineté de ses voisins non seulement sans être sanctionné, mais la première puissance mondiale, dirigée par un impulsif qui souffre d'une "faille narcissique", lui emboîte le pas comme dernièrement en Iran, où l'opportuniste Donald Trump profite des réussites militaires israéliennes pour s'approprier ses victoires contre le nucléaire iranien. 

"Emmanuel Macron a échangé dimanche avec le président iranien Masoud Pezeshkian et l’a appelé «à l’exercice de la plus grande retenue» pour «permettre un retour à la voie diplomatique», écrit Paul Sugy dans "le Figaro" de ce jour.

Imagine-ton ce qu'il en serait si l'on remplaçait le nom du président iranien par celui de  Wolodymyr Zelensky? Pourquoi les mêmes qui ont reproché à juste titre à Vladimir Poutine d'avoir agressé l'Ukraine pour préserver son aire de civilisation et sous des prétextes sécuritaires en partie légitimes, n'assimilent-ils jamais Netanyahou à Poutine? Pour l'heure et jusqu'à plus ample informé,l'expansionnisme poutinien se limite aux républiques de l'ex-URSS, quand Le théâtre des opérations militaires israéliennes déstabilise toute la grande région sur les fronts palestinien, libanais, syrien et maintenant iranien, sans certitude d'être exhaustif.

Si on remonte la mémoire longue de la séquence Trump-Macron-Iran, on trouvera que d'abord, un accord a été âprement négocié par des adversaires de l'Iran aussi peu suspects de collusion avec le régime des Molah que Laurent Fabius, le célèbre auteur de la phrase: "Bachar ne mérite pas d'être sur terre" (il doit être content, les djihadistes ont renversé le président syrien, ça plaît aussi beaucoup à Israël, d'autant que le nouveau président djihadiste de Syrie ne condamne pas l'attaque d'Israël contre l'Iran, ancien allié de son prédécesseur Bachar qui ne "mérite pas d'être sur terre"). 

Trump dénonce  l'accord sur le nucléaire iranien comme étant trop favorable à l'Iran. Macron ne veut pas être en reste et abonde dans le sens de Trump pour dire que l'accord n'est pas assez répressif et sanctionnaire. 

Puis Trump réélu change de pied et veut à nouveau négocier avec l'Iran. Netanyahou lui "tord le bras" en attaquant l'Iran. Trump ne veut pas être en reste et bombarde les sites nucléaires iraniens. Et Macron le parachutiste joue les gentils désescaladeurs.


Mais le présent billet portait sur la diplomatie et nous parle de deux mondes: d'un côté "le caractère tranquille d'une Europe qui n'est pas impulsive", étrangère  aux "accès et [aux coups de boutoir de grandes puissances et de leurs responsables se vantant d'être libérés des règles communes." (PB) Et de l'autre le "monde actuel" dont la guerre est devenue le nouveau paradigme -ou est à nouveau  devenue le paradigme- par un "retour du refoulé" ou "du même" qui stupéfie ma génération, qui croyait fermement qu'elle ne connaîtrait "plus jamais la guerre", comme le demandait Paul VI dans son discours à l'ONU.

La guerre est devenue le nouveau paradigme du monde actuel parce que e monde est dirigé par des fous. La formule est lapidaire, mais il était autrefois dirigé par des membres du "cercle de la raison". Ce qu'il en reste a perdu la raison, à commencer par le président français, bien moins impulsif que Trump et qui sait dérouler une vision du monde, mais en change comme de chemise, enfin il les amidonne à mesure. 

La diplomatie est morte avec les bonnes manières et il n'est pas anodin qu'Emmanuel Macron ait détruit le corps diplomatique. Autrefois c'était à quel chef d'Etat serait le plus raisonnable. Aujourd'hui, c'est à qui tirera le mieux la manche de son hôte, l'époussettera, lui enlèvera des pellicules, dans une bande de copains (la bande de copains a remplacé le "cercle de la raison") qui se chamaillent et s'insultent en se tutoyant dans un jeu de connivence qui n'a rien à faire ici. 

Donald Trump a donné le "la", signal ou le baiser de la mort de la diplomatie en faisant de Twitter au cours de son premier mandat le canal où elle se jouait et en y postant l'équivalent de "câbles" qui seraient restés secrets dans un temps plus ancien et plus civilisé. Bref, Donald Trump a suspendu la diplomatie à un réseau réactionnel où on s'insulte, se menace, se trolle, comme si c'était sans conséquence. 

samedi 21 juin 2025

Ce cardinal HOllerich que je ne connaissais pas

Cardinal Hollerich : un homme clé dans la stratégie du pape François | René Poujol


Il pourrait sembler que je partage à contre-temps cet ancien billet de René Poujol à propos du cal Holleriche que je connais peu et mal alors que j'avais rencontré mgr Hypolite Simon, l’un de ses prédécesseurs à la tête de la COMECE (conférence épiscopale des évêques européens), homme contrasté et complexe, aux obsèques de notre ami commun M. Paul Petit, ancien bibliothécaire du séminaire st-Sulpice où mgr Simon avait fait ses études et où je fus hébergé pendant neuf mois après que ce séminaire se fut transformé en foyer d'étudiants qui recevait en outre prêtres et évêques du monde entier. Hypolite Simon aété entre temps lui aussi et prématurément rappelé à Dieu.

Ce partage à contre-temps du billet de René Poujol est dû au fait que je suis engagé dans la lecture de son  livre le Synode, c'est maintenant qui vient de paraître aux éditions Salvator. Je formaliserai mieux ce que j'en ai pensé dans des billets ultérieurs et quand j'en aurai achevé l'étude autant qu'il est en mon pouvoir d'achever quelque chose, étant poursuivi par le démon de l'inachèvement.

Mais je voudrais partager ici les quelques réflexions qui me sont venues sur la personne et l'intention du calHollerich telles qu'elles me sont données à appréhender par ce portrait de l'homme et cette recension de son livre d'entretiens sur ce billet de blog déjà ancien de René Poujol à côté duquel j’étais passé en son temps et dont il recopie l’introduction en annexe de son ouvrage.

Le cardinal Holleriche vient de plusieurs traditions à la fois. Missionnaire, il s'est inculturé à la tradition shintoîste et ultrasécularisée du Japon. Comme président de la COMECE issu d'un pays riche parfois accusé d'être un paradis fiscal, il était prédisposé à user de la novlangue plus souvent qu'à son tour. Mais il parle cette novlangue avec des fulgurances comme ce qu'il dit sur les Égyptiens qui mettaient le passé devant eux et l'avenir derrière eux, car on voit le passé que l'on connaît, mais on ne voit pas l'avenir que l'on ne connaît pas et l’Église ne doit pas être l’Égypte ni faire comme les Égyptiens.

Dans son livre "Trouver Dieu en toute chose", le cal HOllerich envisage un "synode sur l'Europe". Les deux continents de chrétienté active, observée, donc mise malgré tout sur le boisseau, à ne pas avoir fait l’objet (ni s’être fait les objets) d’un synode sont l’Europe et l’Afrique, celle-ci parce qu’elle ne voit pas la nécessité de discuter de ce qui doit avant tout se transmettre sacramentellement, animiquement ou shamaniquement si ce terme est applicable à l’ancestralité du "continent" comme s'appelle l'Afrique, consciente qu'elle contient tout ou partie de l'avenir du monde comme elle serait le berceau de l’humanité, celle-là (le vieux continent ou la vieille Europe) parce que, confortée par le centralisme romain, elle s’est prise pour l’objectivité même, pour l’aboutissement de la civilisation concentrant en elle-même tous les universaux, pour le centre du monde et le parangon de la chrétienté, dont cette région occidentale s'est arrogée le monopole normatif de cet orientalisme qu’est l’Évangile à l’origine, et qui a « des origine » à l’Est d’Éden.

René Poujol nous dit que le cal HOlleriche fait preuve dans son livre d'une "audace tempérée". « Audace lorsqu’il invite à « intégrer une nouvelle façon de penser la foi au sein de la réalité vécue des hommes d’aujourd’hui » ; audace lorsqu’il nous appelle à accompagner les hommes et les femmes, nos contemporains, dans le quotidien de leur vie, sans les juger, plutôt que de s’user à vouloir infléchir les lois de la cité ;.
"Enfin!",voudrais-je m’exclamer dans un « ouf ! «  de soulagement. Inflexion exempte de volonté d'infléchir tenant notamment à ce changement de perspective par lequel l'Église a longtemps considéré le monde comme une "structure de péché »,jusqu'à ce que la crise des abus sexuels la mette devant l'évidence qu'elle était elle-même une structure de péché.

J'aurais tendance à souhaiter qu'on s'abstienne aussi de la correction fraternelle par laquelle on s'autorise à vouloir changer et convertirles autres. On ne doit pas leur faire la violence de vouloir les convertir en réveillant l'amour avant qu'il ne le veuille, pour reprendre l'expression qui m'est si chère de sainte Thérèse d'Avila. On ne doit pas pour autant cesser de les appeler à la conversion ni de les assurer que la conversion qui transforme la conversion de désir en conversion d'état et d'action et de mode de vie est la plus belle aventure qu'il soit donné à un être humain de vivre. Mais cela, on le prêche par l'exemple, quand on cesse de se vautrer dans l'incohérence du "faites ce que je dis, pas ce que je fais."
"audace, poursuit René dans sa recension, lorsqu’il [le cal Hollerich] conseille, concernant la foi, de « réfléchir avec les jeunes et chercher avec eux des réponses, plutôt que de leur rappeler sans cesse celles que donne le catéchisme classique. »
Cela, j’ai compris que l’Église l’avait compris sans le dire ou en le disant, le jour où le très conservateur cal Vingt-trois avait organisé la première réunion des amoureux pour la saint-Valentin en y conviant tout le monde et indistinctement les fiancés et les concubins, ceux-là mêmes que les familles bien-pensantes n’invitaient pas à leur table ou à qui elles ne permettaient pas de dormir ensemble de crainte qu’ils ne couchent ensemble, attitude condescendante, discriminatoire et de rejet qui ne serait plus possible à notre époque, impossibilité dont même le clergé conservateur, sans saveur, sans couleur et sans odeur de l'archidiocèse de Paris a pris acte, ce qui en soi est plus qu’une révolution de palais, mais constitue une vraie révolution pastorale qui n’a pas dit son nom, bien loin des polémiques qui s’élèvent indéfiniment à propos de la communion à donner ou non aux divorcés remariés ou de l’intégration des homosexuels dans la communion ecclésiale.
"
Les réformes structurelles ne doivent pas être les seules au centre des discussions", mais "nous avons une théologie que plus personne ne comprendra dans vingt ou trente ans. Cette civilisation aura passé. C’est pourquoi il nous faut un nouveau langage qui doit être fondé sur l’Évangile. Or, toute l’Église doit participer à la mise au point de ce nouveau langage : c’est le sens du synode. »
Autant le synode est légitime s’il s’emploie à inventer un nouveau langage qui revient à penser la foi à frais nouveaux, urgence pour une Église qui ne veut pas mourir et se laisser ensevelir sous les drapeaux et les fanions de son folklore multiséculaire, autant le synode se plante s’il se conçoit comme une réforme structurelle se perdant dans l’apocalypse structurelle qui pond des normes plutôt que des rêves ou des utopies. Le communisme et bientôt non seulement l'utopie européenne autrefois tournée vers "la paix perpétuelle" et désormais à nouveau vers la guerre mondiale, mais aussi l’Eglise qui n’a codifié sa législation dans un droit canon aux allures de code pénal que depuis 1917, ai-je appris dans le livre de René, s’effondreront soue le poids de leur bureaucratie, autant l’urgence est à inventer un langage nouveau sans rapiécer nos vieux vêtements ni gâter le vin nouveau de l’Evangile dans les vieilles outres du folklore ecclésiastique. Il ne faut pas être formaliste, mais puisque « la forme, c’est le fond qui remonte à la surface », la forme a son importance.

Le synode court le risque d’être une inflation langagière masturbatoire s’il fait comme la littérature qui, à force de s’étudier elle-même en faisant de la critique littéraire un genre littéraire où l’art littéraire est bien plus malaisé, s’est gonflée en nous gonflant au risque de crever de sa mise en abyme palempséstique hypertextuelle. Le synode est menacé par cette autoréférentialité onaniste au moment même où il demande à l’Église de cesser d’être autoréférentielle. Mais il peut aussi se saisir du langage pour inventer un langage nouveau qui ne soit pas de la novlangue. Et en tant que »conversation dans l’Esprit », c’est-à-dire en tant que parole partagée qui s’empare du langage comme d’une base de travail, le synode est une bonne méthode pour inventer un langage nouveau.
Je me suis longtemps méfié de ce mot de « conversation » qui ne me paraissait pas à la hauteur du dialogue philosophique ou talmudique dont provient notre civilisation judéo-chrétienne et helléno-chrétienne, quand »l’esprit de la conversation » a trop fait le bonheur et le lustre des salons à la française, comme l’a illustré La Rochefoucauld en sublimant cet "esprit de la conversation". J’ai révisé ma position en me rappelant que le dialogue philosophique, bien qu’il s’oppose théoriquement à la rhétorique comme art de persuasion, s’est souvent assigné pour mission de convaincre, si on observe la pratique de Socrate. La conversation a peut-être fait les beaux jours de l’esprit salonard, mais le contrepoint de la musique baroque est une conversation de la même époque classique du Grand siècle français entre des voix qui se confondent ou se superposent de façon plus subtile que la mélodie accompagnée, or le synode voudrait trouver un consensus entre des voix (et des voies) multiples. Là où le synode peut réussir dans l’invention d’un langage nouveau, il risque d’échouer, aussi bien s’il vise une révolution structurelle que s’il borne sa réflexion à s’interroger sur les voies délibératives comme notre « Grand débat » national qui a noyé la crise des Gilets jaunes ou, plus loin de nous, comme le référendum sur le référendum, par lequel le Florentin Mitterrand a mis fin à la guerre scolaire en faisant diversion par cette proposition improbable et qui n'a jamais vu le jour.
Le synode échouera s’il ne fait que réfléchir aux méthodes de la décision dans l’Eglise. Peut-être dis-je cela parce que je ne sais pas décider et que la décision reste mon point faible. Mais nous ne passons pas notre vie à prendre des décisions et la décision est nécessairement tendue entre le discernement de saint Ignaceet l'"aussitot"de l’Évangile. Fondé dans le langage pour trouver un langage nouveau, le synode doit ne s’assigner rien de moins que de rendre le peuple de Dieu responsable du « développement interne » de la doctrine qui ne doit plus être énoncée au terme de négociations machiavéliques entre le pape et l’empereur comme s’est formé le credo au concile de Nicée que nous fêtons en cette année jubilaire après le premier concile césaro-papiste de l’ère chrétienne. À rien de moins qu’à la formulation de la doctrine dans un savant mélange d’intuitions et de révélation doit aboutir le transfert de l’infaillibilité pontificale à l’infaillibilité supposée in tempore du peuple de Dieu annoncée par le pape François comme l’ambition de son pontificat dans son premier entretien à la Civilita catholica. La doctrine est ce discernement dans l’Esprit, bien plus que les décisions à prendre. Elle est le terme et la fin du langage qui n’est une structure qu’à cette fin. Le langage a faim de la doctrine beaucoup plus que l’ »inconscient [n’]est structuré comme un langage ».  Le langage est « une structure en équilibre » précaire qu’en vue de trouver cette colonne vertébrale que forme une doctrine qui doit être sans cesse consolidée et mise à jour comme elle doit être remise au goût du jour dans les mots du moment.

 

mercredi 18 juin 2025

Le coup de pied au fond de la piscine

https://www.philippebilger.com/blog/2025/06/on-nest-pas-encore-assez-bas.html#comments

Cher Philippe,
Désolé d'être certain de vous décevoir par ma philippique, mais Jacques Rigot comme le livre "Feu follet" qui sont une apologie de l'énergie du désespoir que ma Providence invisible a attirée vers moi à deux jours de me faire désintoxiquer de l'un de mes démons les plus récurrents, mérite mieux que cette apologie de "la France des honnêtes gens" plaidée par Bruno Retailleau qui "consulte Nicolas Sarkozy" pour parler comme lui le langage de la rupture et ne rompre avec rien, et à tout prendre, je préfère le "Jusqu'où va-t-on descendre?" d'Alain Soral que le "on n'est pas encore assez bas" de Jacques Rigot, non pas pour l'antisémitisme de Soral qui pourrait certes faire des gorges chaudes avec ce qu'Israël fait en Iran, mais va tomber de son haut dans son soutien à Donald Trump qui peut jouer un rôle moteur dans cette escalade ou dans cette chute destructrice ou finale, en mettant les choses au pire.
Je préfère "jusqu'où va-t-on descendre?" parce qu'il contient cette vérité que, tant qu'on n'a pas touché le fond, on ne peut pas retrouver en soi l'énergie, non pas de remonter la pente, expression illusoire dont on ne sait jamais si, savonneuse comme elle est, elle ne nous fera pas glisser de plus belle (je me suis juré de ne plus employer cette expression depuis que j'ai vu mon père à l'agonie se bercer de cette illusion), mais de redonner un coup de pied au fond de la piscine pour se retrouver la tête hors de l'eau, coup de pied qui indigne le désespéré quand on lui dit qu'il doit le donner: je me souviens d'un ami, victime d'un sinistre incendiaire où il avait tout perdu, qui ne supportait pas de s'entendre proférer ce conseil par un juriste, Hervé Bercier à qui je rends honneur en le citant, membre de la Conférence de Saint-Vincent de Paul de saint-Nicolas du Chardonnet au vestiaire de laquelle ce clochard céleste allait se procurer de très beaux vêtements qu'il mettait un point d'honneur à passer quand il passait nous voir.
Et pourtant le désespéré le donne malgré lui, ce coup de pied, comme en-dessous des impératifs moraux qu'on entend lui enfoncer dans le crâne, et ce coup de pied qu'il donne ne revient pas à un redressement de la société, à une "moralisation de la vie politique" à la Bayrou ou à un projet à la Édouard Philippe qui déçoit, moins par sa volatilité panicarde au cours de la crise covidique que parce qu'il est demeuré in pettol'ami de Dimitri Metvedev, ainsi qu'il en est ressorti de l'entretien long format que lui a consacré Darius Rochebin sur "LCI", mais cette parenthèse politique est presque inopportune.
Car ce coup de pied au fond de la piscine donne lieu à une véritable conversion qui, si l'on transpose comme vous le faites ce bas où l'on ne serait pas assez tombé, selon Jacques Rigot convoqué pour le dire, non pas à nos personnes qui sont le levier par lequel il faut commencer ce seul effort qui vaille et qu'est la conversion, mais à la société comme vous le faites, ne peut plus amener à considérer que tout le mal nous vient de la justice trop laxiste, de l'école qui n'est pas encore assez mal apprise ou pas assez mal apprenante, ou des services publics qui, cahin-caha, continuent, bien qu'en novlangue, de fonctionner grâce au dévouement jamais en reste et jamais salué à droite de fonctionnaires qui tiennent une barque bureaucratique près d'être submergée (et cette submersion n'est pas essentiellement migratoire): "le monde" n'a jamais tenu qu'"au fil des filles gentilles" comme l'a chanté Laurent Voulzy.
Les Gilets jaunes étaient en-dessous de la réalité quand cette révolte des classes moyennes inférieures ne voyait pas qu'au bout de la tiers-mondisation où nos élites ne nous ont jamais vu descendre sur la corde raide de la mondialisation prétendument heureuse, qu'au bout de la bidonvillisation ou de la fadelaïsation de la société, la fracture sociale sépare désormais (car on est descendu d'un cran depuis cette dernière grande crise sociale) ceux qui ont reçu une éducation suffisante pour être dotés d'un minimum de sens moral et ceux chez qui ce sens moral n'a pas pu s'atrophier ni se dissiper puisqu'il ne s'est pas développé, enfants en épidémie de trouble d'hyperactivité, de syndromes du spectre autistique, de violence gratuite y compris chez les tout jeunes "dys" ou "en situation de handicap" qu'on veut inclure de force dans une banalité qui ne sera jamais la leur, enfants dont le couteau qui darde de centaine de coups leur petite copine ou leur surveillante elle-même en pleine reconversion professionnelle permanente (Amélie G), qui passant à l'acte par écoanxiété, qui par fascination du meurtr bien qu'ambassadeur de sa classe contre le harcèlement, dont le couteau n'est que le prolongement criminel abmominable de ce mal-être générationnel, favorisé par un monde tellement déboussolé et tellement revenu du progressisme à ses archaïsmes les plus sinistrement cycliques, qu'il est dans la main de personnages aussi ambigus qu'Emmanuel Macron, aussi invertébrés sur le plan religieux que Benjamin Netanyahouou qui se prend pour un nouveau Josué, ou aussi dangereusement imprévisibles que Donald Trump, à qui s'opposent ceux qui ont un minimum de sens de l'ordre géopolitique au nombre desquels il faut bien reconnaître que s'inscrit Vladimir Poutine, car il agit, guidé par des principes patriotiques que l'Occident dans sa déchéance n'est plus capable de comprendre, car son sens moral vise à faire de l'exception la règle, de l'inversion l'endroit, des déviances antiphysiques sans être contre nature les lois de la nature, et surtout de la marge la norme. Il y a une banalité de la marge dont l'honneur est de ne pas vouloir être normalisée.

Voilà la première conscience que donne au perverti le coup de pied dans la piscine, dont le "jusqu'où va-t-on descendre?" donne une idée beaucoup plus juste que celle qui inspira à Jacques Rigot de se suicider ou à Alain, le héros énergique et nihiliste de "Feu follet", de s'atomiser dans la drogue avec "esprit de l'escalier" (l'expression est merveilleusement analysée dans cet ouvrage), la drogue qui n'avait même pas chez lui la fonction d'une alternative spirituelle en mesure de lui permettre de prier mieux ou de prier autrement, car hors de"prier sans cesse", on ne saurait jamais s'en sortir. 

jeudi 15 mai 2025

Le bullshiter et l'armoire normande

Réactions à chaud à la confrontation sans débat de la droite BRLW (Bruno Retailleau-Laurent Wauquiez):


C'est incroyable, ce que Bruno Retailleau a la voix de Xavier Bertrand. Mais quand il a voulu concourir à la primaire de 2017, XB a pris des cours de mediatraining pour prendre une voix sépulcrale avec laquelle dire des horreurs. BR garde sa voix.


La droite rancie: BR ne récuse pas la sortie de Chirac sur "le bruit et l'odeur". On lui diffuse la séquence, mais on ne lui demande pas de se prononcer sur "le bruit et l'odeur". S'il les confirmait, il serait disqualifié. LW l'a compris, qui reprend l'appréciation générale, mais en soustrait "le bruit et l'odeur". 


BR assume la sortie de Nicolas Sarkozy sur le karcher. Je ne savais pas qu'elle faisait suite à la mort d'un enfant de 11 ans. 


Nos politiques ont vu la barbarie de près: Emmanuel Macron a raconté la barbarie de Gaza dans son interview d'avant-hier, 13 mai. il a vu une femme, a-t-il répété par deux fois dans deux médias différents, dont la colonne vertébrale était brisée, qui pendant six mois, n'a pas reçu de soins et qui néanmoins voulait retourner à Gaza. il y a deux manières d'avoir vu quelque chose: soit l'on a vu le Christ ou un phénomène mystique ou merveilleux qui nous rapproche de Dieu, soit on a vu le mal dans ses répercussions sur l'être humain, et on ne peut jamais oublier cette blessure. 

    François Bayrou a certes giflé un enfant qui lui faisait les poches, mais après une lapidation de la mairie de la Meynau. Donc il n'aurait pas dû se contenter de parler d'un "sentiment de submersion migratoire" éprouvé par les Français: il aurait dû dire que sa gifle, instinctive, mais inadmissible en sa qualité dancien ministre de l'Éducation nationale, était la conséquence de cette submersion lapidatrice sur un lieu civil, emblème de la République. 

    Quand il parlait du kkarcher, Nicolas Sarkozy répondait à une mère et commentait la mort d'un enfant de 11 ans survenue  après les émeutes de 2005 consécutives à la mort de deux adolescents qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique. Bruno Retailleau assume les propos de Sarkozy dont les journalistes omettent de rappeler le contexte, celui de la mort d'un enfant tué par balles par des délinquants et des caïds et qui n'a pas provoqué des émeutes.


La droite rancie+1. BR: il faut refuser toute aide ou toute prestation non contributive aux migrants primo-arrivants. 

  J'ai trouvé refuge trois semaines durant à l'occasion d'un stage que je faisais à Strasbourg dans un foyer pour demandeurs d'asile. Leur plus grand problème était de ne pas avoir le droit de travailler et donc d'être plongés dans l'économie informelle à peine arrivs dans un pays qui devait décider souverainement par la suite s'il pouvait les accueillir ou non.


La droite rancie-1. BR a une intelligence sémantique: parler des "gens honnêtes" plutôt que des "honnêtes gens".


La droite rancie-1. Laurent Wauquiez: "La droite n'est pas l'ennemie des services publics, mais de la fonction publique bureaucratique." Formule reproduite de mémoire."Il faudra diminuer notablement le nombre de fonctionnaires, mais des fonctionnaires de la bureaucratie technocratique et normative. C'est ce qu'il a manqué à François Fillon de savoir expliquer pour que sa stratégie de diminution de la dépense publique soit comprise. Il ne suffit pas de "dégraisser le mammouth" administratif si l'on ne parle pas de redéploiement et si l'on n'étend pas le champ du régalien à la santé, à l'école et au social au sens large, non cancéreux, non socialiste, mais la société a besoin d'accompagnement social, car la majorité de ses couches est menacée par la précarité.


Laurent Wauquiez a un sourir de faux-jeton.


Laurent Wauquiez est un pseudo-disciple et admirateur de sr Emmanuelle et il est désormais favorable à la déportation des OQTF à Saint-Pierre-et-Miclon. Et pourquoi pas un bagne à l'ïle-du-diable tant qu'il y est? La pire extrême droite osait à peine parler comme lui.


Laurent Wauquiez rappelle qu'il est l'arrière-petit-neveu d'Émile Bollaert qu'il présente comme le second de De Gaulle et de Jean Moulin. En face, il envoie une pique à Bruno Retailleau qui, semble-t-il, ne viendrait pas de cette tradition résistante puisqu'il est issu de la tradition vendéenne.

Laurent Wauquiez reproche à Bruno Retailleau d'avoir un poste au gouvernement, mais il voulait y entrer à ses conditions en n'étant ministre des finances. 


Amélie Carrouëre rappelle  à Laurent Wauquiez qu'il est accusé d'être "l'homme du zig-zag idéologique". Il a été le second de Jacques Barot dont le fils Jean-Noël est le ministre des Affaires étrangères d'Emmanuel Macron et le principal opposantà la baisse de  la délivrance des visas proposée par BrunoRetailleau et actuellement accordés aux ressortissants algériens, avec l'irruption du tandem antagoniste Retailleau-Barot contre le tandem antérieur, Retailleau-Migault, qu'Emmanuel Macron a évité de reconduire en proposant le ticket Retailleauà l'Intérieur et Darmanin à la Justice.


Laurent Wauquiez a baissé la dépense publique dans sa région, mais n'a pas lésiné sur ses dîners privés avec les entrepreneurs aux frais du contribuable à raison de quelque mille euros par tête.


Laurent Wauquiez est tellement loyal qu'alors qu'il réclame un cordon sanitaire contre la France insoumise et aspire à une alliance de Gérald Darmanin à Sarah Knaffo, il en écarte le RN par la voie économique et en profite pour trahir Éric Ciotti qui s'était présenté comme président de LR pour porter la candidature de Laurent Wauquiez à la présidence de la République comme  délégué de son parti ou de sa "famille politique", selon lexpression consacrée dans cette droite. Chapeau, lartiste 


Le Français de Laurent Wauquiez: "Toute personne, d'où qu'il (sic)vienne,pourvu qu'il (resic) adhère au projet de la droite, est le (re-resic) bienvenu."Pour lui, notre République, c'est "la cinquième", la cinquième course? Il répète sa confusion pronominale sur la personne et se corrige sur "la cinquième" en y ajoutant le mot de "République". En effet, ça la ficherait mal de l'oublier quand on veut être président des Républicains.

 

jeudi 8 mai 2025

Les papes et moi

A la mort de Paul VI, j'étais en CP et ne savais même pas ce qu'était un pape. Jean-Paul Ier était élu et je trouvais qu'il mourait un peu trop vite pour qu'il faille à nouveau suspendre le temps dans l'attente d'une autorité nouvelle dont j'ignorais à quel point et dans quelle mesure elle devrait m'inspirer. Car en même temps que mademoiselle Berthe nous expliquait ce qu'était un pape, elle nous apprenait l'existence de l'âme et nous donnait à entendre ce qu'il fallait entendre par là. Puis vint Jean-Paul II, sa voix grave et assurée, sa façon inimitable de dire "l'hôme" en disant que l'homme était la route de l'Eglise, idée que je n'ai comprise que bien plus tard tout en n'étant pas convaincu que l'anthropologie soit le fort de l'Eglise. Jean-Paul II m'a touché les cheveux et a touché le visage de Franck qui restera à jamais mon meilleur ami bien que nous nous soyons perdus de vue. L'empreinte de sa main restera à jamais gravée sur ma tête et sur son visage. Nous étions à Rome en 1988 en étant contents d'être là, mais sans vraiment savoir ce que nous y faisions. Je me souviens d'y avoir entendu le frère François-Xavier, de la Communauté des béatitudes, nous débiter d'après la Bible que "ceux qui rêvent sont des fous", mais surtout d'avoir prié dans la grotte d'Assise avec le P. Jacques Philippe, qui devait écrire quelques années plus tard un livre sur la "Liberté intérieure", elle suintait de sa prière calme et tranquille, tant il en était rempli et animé. Plus tard, Jean-Paul II fit un voyage à Strasbourg et s'arrêta même dans l'école où nous avions été élevés Franck et moi. D'où vient que je boudai ce voyage?

En 1993, nous participions aux Journées mondiales de la jeunesse à Denver Collorado. Pastoralement, l'Eglise de France avait déjà pris le pli de rendre son annonce aux jeunes beaucoup plus détendue, même si Jean-Paul II n'en continuait pas moins de mettre la barre très haut, sans que là encore, je comprisse ce que signifiait son message nous disant que l'homme devait être fiidèle à sa conscience. Je ne me sentais pas l'être et, empétré dans une adolescence dont je ne suis jamais sorti jusqu'à ce jour, n'en voyais pas la nécessité, ce qui fut la plus grande erreur de ma vie, ni qu'hors de la compréhension que c'était là la fine pointe du message de ce grand pape, on passait à côté de tout ce qu'il disait. Il mourut le 2 avril 2005. Le lendemain, Nathalie et moi devions nous rendre à Montligeon pour retrouver le même Franck, que son intérêt pour la vie après la mortavait fait comme enterrer civilement dans ce sanctuaire dédié aux âmes du purgatoire. La mort de Jean-Paul II nous avait dévastés.
Puis vint le conclave devant aboutir à l'élection de benoît XVI. Sous l'influence de Louis Daufresne qui chroniquait lévénement sur "Radio Notre-Dame", je pris la liberté d'être critique à l'égard du prochain pape et je découvrai avec une sorte de stupeur qu'il n'était pas nécessaire d'être stalinien quand on était catholique et de penser que le pape était nécessairement conforme à nos affinités électives. Rétrospectivement, je trouve que mal m'en a pris d'acquérir cette liberté et cette distance critique. J'en vins rapidement à considérer que Benoît XVI avait l'avantage de la douceur catéchétique, mais ne trouverait jamais ses marques par rapport à son prédécesseur. Lorsqu'il fut élu, je revenais de visiter le château de Versailles avec mon filleul Simon. Nathalie nous avait préparé un gratin de pâtes et c'est quelqu'un qui travaillait chez nous, Dieudonné, que par jeu j'appelais "excellence" et qui m'appelait "éminence", qui m'apprit sans surprise sur qui le choix des cardinaux s'était porté.
Benoit XVI renonça et laissa la place à françois. Pour la première fois, je me laissai aller à jouer les book-makers. J'avais repéré le cardinal Sarah que je signalais sur "le forum catholique" et qui n'était pas encore la figure de proue des traditionalistes. Je n'étais pas en très bon état le jour de son élection. Je devais accompagner une conférence de carême de mgr Grallet dansl'église que je continue toujours de desservirpuisqu'elle est à côté de chez moi. Le hasard a voulu que nous avions prévu de chanter "la prière de François" en clôture de cette conférence de carême. C'était la première fois que j'entendais ce chant. François me désharçonna par son horizontalisation de la fonction pontificale comme s'il refusait de l'endosser. Je letrouvais à la fois mondain et plein d'Evangile en me demandant à sa mort s'il n'avait pas tellement affaibli la fonction pontificale que le monde n'aurait plus besoin de pape vu la façon dont il l'avait exercée en la banalisant tout en en conservant les oripeaux autoritaires. François est mort en conversation synodale avec l'Eglise qu'il a voulu rendre plus fraternelle tout en s'amputant du "camp" traditionaliste qui m'intéresse par besoin d'une discipline que je ne saurais pas pratiquer et detrouver où me raccrocher dans ce monde déboussolé.

Je ne me suis d'abord pas senti concerné par ce conclave et me dis à présent qu'il ne va pas s'agir de juger le pape qu'il va élire, mais de le recevoir, quel qu'il soit. Et cela me rassérène. 

vendredi 18 avril 2025

Saint Paul, tel le jeune homme riche en EFM

Mon insomnie du vendredi au samedi saint et qui devrait être la nuit du grand silence, produit ceci:

La semaine dernière, lors d’un enterrement que j’accompagnais et qui était celui du meilleur ami (une amitié de quatre vingts ans) d’un prêtre qu’il m’arrive d’accompagner ailleurs et qui se caractérise par son mysticisme, il était proposé un texte de saint Paul, extrait de l’épître aux Corinthiens (II Corinthiens 12 :2-4), texte dont l’importance ne m’était jamais apparue et que j’avais même oublié bien que j’ai lu, comme on dit « crayon en main » toutes les épîtres de Paul, et dont il découle (je l’écris en ce soir où Jésus est également venu chercher Paul dans la matrice de ses enfers personnels) qu’il avait vécu ce qu’aujourd’hui, on appellerait une EFM (expérience aux frontières de la mort) : » Je connais un [jeune] homme dans le Christ… voici quatorze ans – était-ce dans son corps ? je ne sais pas ; était-ce hors de son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – un tel homme fut enlevé jusqu'au troisième ciel. Et je sais qu'un tel homme – était-ce dans son corps ou sans son corps ? je ne sais pas, Dieu le sait – fut enlevé au paradis et qu'il entendit des paroles ineffables, qu'il n'est pas permis à un homme d'énoncer. »

Ce texte relate certainement la formation desaint Paul sur le chemin de damas. saint Paul qui me fait paradoxalement l’impression, dans toutes les autres occurrences où il se modélise (« Prenez-moi pour modèle. Moi, mon modèle, c’est le Christ. »), au jeune homme riche qui aurait appliqué et suivi le conseil de Jésus, serait allé, aurait vendu tout ce qu’il possédait, puis serait venu etaurait suivi Jésus, mais avec une sorte d’amertume de ne pas se voir rendre « le centuple dès cette vie »ni « [délivrer] par surcroît » ce qui est promis à « ceux qui cherchent d’abord le Royaume de Dieu et sa justice », jouissant déjà de l’avant-goût de sa vie éternelle via son EFM, mais étant obigé de se signifier à lui-même qu’il avait remporté la course faute de se voir suffisamment reconnaître par le Collège des apôtres, ni même confirmer par ses propres disciples auprès de qui il doit constamment « se justifier » ou »s’enorgueillir », comme si son tempérament de zélote ne lui faisait pas manifester un amour dans la foi suffisamment contagieux pour qu’on ait envie de le suivre comme disciple, quelque mérite qu’on accorde au dogmaticien.

Saint Paul n’est pas le jeune homme riche de l’Évangile, mais il lui ressemble. Il a connu un transport dont lui vienttoute son énergie. Mais il écume d’en être revenuet de ne pas sentir l’orgueil de la récompense qui l’aurait distingué des autres. Car saint Paul a un tempérament d’athlète qui veut remporter la course. Il veut bien tout sacrifier à l’annonce de l’Évangile et se laisser tomber de cheval pour être emporté au paradis, mais il ne veut pas connaître ce renversement ultime que les derniers seront les premiers et que cela est inséparable, par impossible, d’une disparition complète de l’ego.

 

mercredi 16 avril 2025

La chaîne alimentaire, autour d'un poème de Nataneli


"Le loup mange la brebis, l’homme l’agneau,
La vie se nourrit de sang, de feu, de chaos. Le loup fut là bien avant la fragile brebis Et, qu’on le veuille ou non, il la mange, il l’avilit. C’est la loi de la nature, ainsi que la vie, Le loup tue pour vivre, ce n’est là qu’un imparti. La nature, cruelle, tout autant que l’homme, Est le miroir du monde et de nos propres normes. Dans ce grand équilibre où tout est en réseau, Chacun joue son rôle, dans l’ombre ou sous l’ego. Ce n’est pas parce qu’un acte semble cruel, Comme chasser pour manger, ou pour vivre à ciel, Qu’il est moralement condamnable, car c’est là La vie qui s’accomplit, dans un cercle sans émoi. La vraie question n’est pas de juger l’acte, Mais de comprendre notre place dans ce pacte Où la nature, dans sa rigueur, impose ses lois, Que l’homme doit accepter sans combattre sa foie. Ô chère humanité ! La nature est cruelle, c’est sa vérité. Chacun vit en tuant, c’est là la loi du bois, La nature, sans doute, en elle-même nous enseigne Que la mort est le prix pour qu’un autre règne. ©️ Nataneli
"La vraie question n’est pas de juger l’acte,
Mais de comprendre notre place dans ce pacte."
Ce dystique dément d'une heureuse manière l'idée selon laquelle nous pouvons être jugés sur nos actes puisque "nos actes nous suivent." Nos actes ne nous suivent que dans la mesure où nous n'avons pas analysé "notre place dans ce pacte". Si nous l'avons analysée, nos actes ne nous suivent pas, ils nous correspondent.
Mais encore?
Dieu serait amour, nous dit l'Église que je sers en organiste liturgique passionnné. Une des objections qui me viennent le plus souvent et qui fait de moi un chrétien feuerbachien ("ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, mais l'homme qui a créé Dieu à partir de tout ce qui lui manquait". Variante: si cela manquait à l'homme, c'est que Dieu l'avait mis en lui), est la suivante: comment Dieu pourrait-il à la fois créé par amour et vouloir juger à la fin ce qu'il a créé? Ou: comment Dieu pourrait-il avoir créé par amour et avoir créé la chaîne alimentaire? Teilhard de Chardin répond en partie à la question: Dieu alaissé à la nature la même liberté qu'il a laissée à l'homme. Donc la nature a créé ses lois, dites lois de la vie ou lois ontologiques que Dieu respecte, par respect de cette liberté, ce même Dieu qui quand Il sauve, affranchit de la loi.

"Le loup est venu avant la brebis", sans doute. Mais Dieu en Jésus cherche la brebis perdue. J'ai lu ce matin dans le "Porche de la deuxième vertu" de Péguy que je me suis décidé à lire grâce à un concert donné dans l'église qui est juste en face de chez moi: "Ainsi la brebis tient chaud à son propre pasteur." La brebis perdue s'est perdue parce qu'elle avait perdu l'espérance, mais comme elle est partie, "elle a fait naître la crainte et ainsi a fait jaillir l'espérance." La brebis perdue avait désespéré, mais avait fait naître l'espérance "au coeur de Dieu même" puisqu'"au coeur de Jésus". "Par cette brebis égarée, Jésus a connu la crainte dans l'amour. Jésus comme un homme a connu l'inquiétude humaine. Ainsi n'est pas la volonté devotre Père qui est aux cieux qu'un seul de ses petits périsse". Grâce à la brebis perdue et à "l'inquiétude mortelle" qu'il a conçue à son sujet, "le Sauveur lui-même est sauvé."

Et enfin, sans commune mesure avec votre poème, mais en contrepoint, ceci:

LE BRIN D'herbe


Ce petit brin d'herbe que je n'ai pas vu
S'est dissimulé dans mon souvenir
Et m'a demandé s'il avait vécu,
ô petit brin d'herbe que j'ai fait mourir !

Mon bondissement écrasant et sûr
A piétiné sec tout ton avenir.
Je compatis à ton égratignure,
Mais tu es brindille et moi, grand visyr :

Ce brandon qui est ta progéniture,
Je dois le fouler sans plus de plaisir,
En homme de bien qui met ses chaussures
Pour domestiquer l'arbustier délire,

Délire de choix qui veut se choisir
Une condition à la démesure...
Mais le ventre las du premier soupire
Accrocha le brin à la chaîne obscure,

Cette chaîne-là qui à nous fait dire
Au petit brin d'herbe : "tout n'est pas perdu,
Je t'ai piétiné, c'était pour t'offrir
De vivre abrité dans mon coeur si nu..."

Le petit brin d'herbe esquisse un sourire
Et, ironisant, me dit : "Le crois-tu,
Que plus que moi tu sois fils d'un désir,
Que tu sois sauvé si je suis perdu ?

Pour te racheter tu voudrais bâtir
A mon effigie un buste-statue :
En mémoire un brin que j'ai fait souffrir,
Que j'ai piétiné, que je n'ai pas vu,

Et je devrais là, dans ton coeur très pur,
Trouver asile à mes déconvenues,,
Dans ton palpitant qui ferait sa sciure
En déforestant les rameaux menus."

Ma vocation s'ombre de blessure :
Je ne l'ai pas vu et je crois saisir
Que je n'ai pas fait, moi, la forfaiture
D'être fatal à ce brin de désir...

Moi que l'on convainc de péché, bien sûr,
Je ne pouvais choir avant d'être aimé
Et je ne peux ramasser les pelures
Du premier "amen" qu'on a refusé.

De moi qu'aujourd'hui, la mystique pure
Semble avoir cessé de vouloir gracier,
Qu'un grain de faiblesse abatte le mur
Et me refonde en sol de grand'pitié.