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lundi 3 mars 2025

Considérations impériales

Je postai hier matin sur  ma page Facebook:

"Je lis sous la plume de l'éditorialiste de mon journal local" (Laurent Bodin dans "l'Alsace" d'hier, navire amiral du groupe EBRA comme je l'ai appris ici même grâce à Serge Hirel):

"Confrontée à la réécriture de l’histoire par un Trump refusant jusqu’à reconnaître que la Russie est le pays agresseur de l’Ukraine, l’UE doit prendre ses responsabilités." 

Qu'en comprendre? Que l'UE doit être seule sur le front avec l'Ukraine dans une guerre contre la Russie? Seule, sans qu'à aucun moment Zelensky que Trump a humilié vendredi dernier ne lui ait proposé de transférer l'accord qu'il s'apprêtait à  signer avec Trump sur l'exploitation de ses "terres rares", accord par lequel il donnait le meilleur de sa souveraineté économique à l’Américain pour que lui soit conservée une fantomatique souveraineté politique?" Et ce alors même que le blé et les pommes de terre ukrainiennes réduisent considérablement les marges de manoeuvre de notre agriculture, ce qu'a révélé leur jacquerie d'il y a un an, calmée par l'action conjuguée de Gabriel Attal et d'Annie Genevar, tous les deux ayant pris fait et cause pour cette corporation qu'ils connaissaient mal et à laquelle ils se sont attachés.

« C’est un nouveau chapitre de l’histoire de l’Europe qui s’ouvre avec le désengagement militaire annoncé des États-Unis », poursuit Laurent Bodin, qui, au passage, est un analyste remarquable. « Pour reprendre l’expression employée par Emmanuel Macron en novembre 2019, l’Otan est bel et bien en « état de mort cérébrale ». 

Ah bon ? Pourtant Poutine reprochait à l’Ukraine de vouloir intégrer cette organisation cliniquement morte. 

« L’Otan est plus que jamais une coquille vide, dès lors que les USA entendent s’en désengager. Il appartient donc aux dirigeants européens de trouver les moyens de véritablement construire une Europe de la Défense, non pas sur le papier mais sur le terrain. »

Littéralement, ça veut dire que l’Europe qui s’était fondée en vue de la paix, se refonde ou se maintient, se rebooste par et pour la guerre. Car qu’Emmanuel Macron ne nous parle pas de « paix durable »! Quoi qu’on pense de ces manières de voyous par lesquelles Trump et Poutine négocient l’avenir de l’Ukraine sans le protagoniste principal de cet avenir, ce qu’ils visent est un cesser-le-feu, un armistice, au prix qui n’est pas mince de la capitulation de l’Ukraine, là où le Premier ministre britannique ne propose qu’une trêve d’un mois pour y voir plus clair et la proposition se défend."

L'humiliation de Zelensky a été un électrochoc de malséance par lequel Trump a montré beaucoup de sa vraie nature. Mais il ne faudrait pas passer de l'humiliation à la consolation. Dans notre diplomatie à touche-touche où les gouvernants de ce monde se tutoient et sont dans une vaste colonie de vacances où on se cause, on se cause plus et on se fait des coups tordus, on passe de l'humiliation à la consolation en oubliant le rapport de force. Mais la diplomatie des colonies de vacances qui côtoie simultanément ladiplomatie néocoloniale et honteuse de Donald Trump est une diplomatie où l'on met un bavoir à l'enfant qui a trop pleuré. C'est une diplomatie du bavoir, pas de l'arbre à palabre, une diplomatie où nul ne se pique d'être cohérent. 

Je discutais hier avec un commerçant de 47 ans, donc de quatre ans plus jeune que moi. Notre stupéfaction commune pouvait se formuler ainsi: le monde dans lequel nous sommes nés était structuré par leconflit américano-soviétique. Qui aurait pu imaginer que ces deux blocs se coalisent pour emm... le reste du monde? Qui aurait pu prédire que la première démocratie du monde, précédéed'un siècle et demi par le premier régime parlementaire dont la démocratie américaine était la fille, aurait à sa tête un Le Pen français non seulement beaucoup moins cortiqué que le vieux lion colérique et sanguin qui vient d'avaler son bulletin de naissance, mais dont l'entourage, Bannon, Musk ou Vance à des degrés divers, n'a aucun complexe à afficher des accointances ouvertement nazies ou néonazies (l'AFD soutenue par Musk et par Vance)? Et le but de la guerre en Ukraine selon Poutine serait de dénazifier celle-ci avec les nouveaux (ou anciens) amis qu'il s'est faits? 

samedi 1 mars 2025

IL faut consoler le général Volodimyr

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Dans la démocratie émotionnelle et la diplomatie grand public et cablée,, il faut passer d'une "séquence" à l'autre."Séquence émotion": hier, Trump a méchament humilié volodimyr. "Dans l'émotion", le président américain s'est aperçu que le président ukrainien n'était pas "prêt pour la paix". Zelensky se trouva émotionnellement dépourvu d'être si soudainement fourbu. Avant de quitter les États-Unis, il transita par "Fox news" et dit "Merci" au Donald puisqu'apparemment c'était ce que J.D. Vance reprochait à sa servilité  d'avoir manqué à la merci de son créancier. 

Et puis Zelensky s'envola pour chez M. Starmerqui l'aime presque autant que M. Johnson. Le Brexit, ça sert à soutenir les pays que les États-Unis trouvent trop embarrassant pour les garder comme des alliés directs, l'Angleterre restant l'oeil de Moscou ou plutôt la mère des pelgrims du May Flower s'étant enfuis avec la destinée manifeste de faire des îles britanniques la Rome troyenne ignorée de l'empire d'outre-Atlantique comme Rome était la mère de la Méditerranée. 

Ah, que Volodimyr était triste quand il débarqua chez Keir. Il lui réclama un kir pour se dérider un brin. Keir lui offrit un kir sans connaître le chanoine dijonais, de l'argent et un sommet dès le lendemain avec tous les partenaires européens que Keir , délivré des normes de l'ancienne organisation qu'il avait quittée, pouvait traiter à son gré par-dessus la jambe ou d'égal à égal. L'argent, les obligés européens de Keir le prêteraient de gré à gré et à volonté au général Volodimyr, sans lui demander de plan de financement pour sa victoire assurée pourvu que la planche à billets ne s'arrête jamais de lui distribuer des billions,de dollars. 

Macron qui serait du somet voulait bien renoncer à l'austérité de la baisse des dépenses excepté pour un "quoi qu'il en coûte" ukrainien. Et tout le monde se préparait à  le réconforter à l'avenant, au trébuchet d'espèces blingblinguement sonnantes, sans jamais lui demander: "Mais dis donc, Volodi,, comment comptes-tu mettre l'argent que tu amasses au service de ta guerre afin de la gagner? Il serait indécent de te demander comment tu comptes nous rembourser, mais tu es parti chez le Donald en te préparant à le laisser exploiter tes terres rares, donc à te dépouiller come l'aurait fait Vladimir, mais en te conservant ton intégrité territoriale. Donald aurait exploité tes ressources minières ou fosciles et tu ne nous aurais pas intégré dans le deal. Tu nous demandes du blé en nous refourguant le tien, en laissant notre agriculture exsangue et sans nous faire gagner un centime d'euro sur l'exploitation de tes richesses insoupçonnées, et tu aurais signé au bas d'un parchemin pour que le Donald te prenne ta souveraineté énergétique en te garantissant un contrôle fantomatique sur ta souveraineté politique. 

Tu fais pleurer dans les chaumières européennes sur l'exsanguinité de ton pays, mais tu nous aurais dépouillé sans vergogne et sans t'excuser comme tu as finalement dit merci au Donald de t'avoir abreuvé de miliards sans plan de financement. Si c'est comme ça que nous traite l'ami ukrainien que tu prétends être, nous allons finir par croire qu'il vaut mieux être tes ennemis américains. Bon ça, nous ne te le dirons pas tout de suite par décence, mais gage que l'histoire qui te jugera ne te loupera pas."