Le peuple va résister à tous "ces désistements autorisés mais contre-nature qui vont dénaturer les conséquences du premier tour et la rectitude démocratique du second." (Philippe Bilger) Espérons-le pour la démocratie.
On s'est beaucoup penché sur la psychologie d'un Macron et d'un Mélenchon. L'heure n'est plus à s'y intéresser quand le premier se goberge le soir où la "grenade dégoupillée" qu'il leur a envoyée explose dans les jambes des Français, parce qu'il a choisi de "bien se marrer", a-t-il confié à Nicolas Sarkozy, et qu'il ne saurait déroger à célébrer l'anniversaire de Richard Ferrand, "sorti des poubelles du parti socialiste" (selon Pierre-Yves Rougeyron) et devenu l'oracle du macronisme:
"Macron, tango sur un champ de ruines
Désistements en faveur de la gauche, spectre d’une chambre ingérable, cohabitation… Le président reste imperturbable.
https://www.lepoint.fr/politique/legislatives-macron-tango-sur-un-champ-de-ruines-02-07-2024-2564587_20.php
J'avais trouvé excessif ceux qui, comme Bernard Antony, l'avaient surnommé Macronéron. Moins modérés que moi, ils y voyaient plus clair.
Dans un numéro de mauvaise sociologie hallucinante,
https://www.youtube.com/watch?v=qrqbazVYFXE
Jean-Luc Mélenchon en remontre au sociologue de service qui lui explique que les trois blocs et sa façon de segmenter la gauche ne la résume pas et, après avoir raconté son histoire depuis son retour en dissidence à partir de 2005 et la création du Parti de gauche, il nous assure qu'il va désormais chercher les 16 millions d'abstentionnistes pour constituer une majorité absolue introuvable pour le Nouveau front populaire dont il promet de ne pas être le futur premier ministre, n'étant candidat à rien.
Ah bon, Mélenchon veut séduire les abstentionnistes? Mais pourquoi fait-il de moi un abstentionniste, moi qui, dans ma circonscription, ai voté au premier tour pour la candidate du NFP, laquelle arrivée en troisième position, se retire sans raison, le député macroniste sortant Olivier Becht étant assuré d'emporter la mise, en ballotage plus que favorable! Mais quoiqu'il n'ait pas démérité, je ne peux pas voter pour lui, car quoiqu'il se présente comme indépendant, comme tous ceux qui vivent à déshonneur de se réclamer de Macron, ma voix atterrirait en Macronie si je participais à l'élection de cet homme estimable.
Et je ne veux pas voter pour l'autre, Pierre Pinto, le représentant du RN, me refusant à sauter dans l'inconnu d'un bardélisme bordellisé par le "coup d'État administratif" d'une société contractualiste, organisée contre ce parti épouvantail en corps intermédiaires qui font pièce à la citoyenneté individuelle et à "la société des individus".
La société française est organisée contre le Rassemblement nationale. Il a brisé plus qu'un plafond de verre en parvenant à faire élire 89 députés. Mais cela ne l'a pas transformé en parti ordinaire aux yeux de la "démocratie organisée" contre lui. Quelle civilité pourra-t-il faire émerger de l'indignité civique dont il est frappé indignement?
L'anticapitaliste Mélenchon me met au rancard de l'abstentionnisme tout en me ciblant dans son marketing politique digne d'un trader caressant les marchés. Que ce renégat du trotskisme nous explique une fois pour toutes pourquoi il déteste moins le libéralisme qu'il fait profession de haïr que le fascisme qu'il s'agite à traquer tout en pérorant sur le même ton que les harangueurs et harengères des temps jadis.
Mais qu'on laisse aboyer cet aboyeur, s'exprimer les sportifs, s'énerver les syndicats, nous menacer les rappeurs et polémiquer les journalistes en un journalisme de boules puantes, ça en jette toujours à quelques jours d'un scrutin décisif. La stratégie d'intimidation n'est pas nouvelle, elle est éculée, bien qu'elle puisse faire son effet sur les dégonflés comme moi qui aiment les parias par esthétisme sans rarement oser aller jusqu'à partager leur sort! Le vrai déni de la démocratie, ce sont ces désistements. Ceux qui ne la laissent pas jouer comme elle le doit, ce sont ces désisteurs.
À l'inverse, Denis Monod-Broca a raison et dit les choses encore mieux que
Caroff (mais je les remercie tous les deux en particulier, chacun fait sa sélection dans les avis éclairés de ce blog): « Front républicain ! », « front républicain ! »… disent-ils, mais est-il « républicain » d’avoir renoncé au franc, d’œuvrer si ardemment pour une souveraineté européenne, d’avoir réintégré le commandement militaire de l’Alliance atlantique, de croire en la mondialisation néolibérale-libertaire, etc. ?
Nation, France, République ne sont pas des concepts abstraits, elles sont des réalités, vivantes, à condition de leur être fidèle, de leur donner sens, de les maintenir en vie.
Les premiers fossoyeurs de la République sont ceux-là même qui appellent si fort au « front républicain ».
Le corps électoral s’évertue depuis des années à leur faire comprendre qu’il n’est pas d’accord, qu’il y tient, lui, dur comme fer, à la nation, à la France, à la République. Mais ils ne comprennent pas. Eux affirment vouloir la République mais sans la nation, sans la France. Impossible ! Insensé ! Et ils sont enfermés dans cette aporie.
Comment le leur faire comprendre ?
Rédigé par : Denis Monod-Broca | 01 juillet 2024 à 15:14
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