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dimanche 2 juin 2019

L'actualité, vecteur de banalisation

Pour Andrew Breitbart, ancien cofondateur du Huffington Post qui a créé l'organe de presse par lequel Steeve Bannon s'est fait connaître, « les lecteurs ne reçoivent pas les informations comme des faits, mais ils en font l’expérience viscéralement, comme un drame permanent. » (Christian Salmon, Mediapart) D’où le fait, que j’avais relevé en son temps dans mon « journal politique », qu’après le viol de « la petite Karine » qui s’était tragiquement terminé par son assassinat, la « petite Karine » avait accédé à une existence qu’elle n’aurait jamais connue sans son viol et sans sa mort tragique. Ce dévoiement fait-divrsiel de l’information en actualité est tragique, précisément. L’actualité est un présent sélectionné à des fins de divertissement, qui fait sortir de la banalité quotidienne pour créer une banalité commune, mortier d’un lien socialdéstructuré par une société atomisée, banalité qui comporte son minimum requis de conscience collective. Cette banalisation banalise le bien et le mal. Je fais partie du "camp du bien" (horrible expression qui se veut péjorative forgée par Natacha Pologny et le co-auteur de leur ouvrage "Délivrez-nous du bien"), la banalisation me donne bonne conscience à peu de frais puisque je condamne le violeur de la petite Karine ou "le boucher de Bagdad" ou de Damas. Mais la banalisation du fait divers ou du scandale créée ce qu'Hannah Arendt appelait "la banalité du mal". Ce n'est pas bien de battre sa femme et ses enfants. Mais s'il y a tant d'hommes qui le font, s'il y a tant de femmes et d'enfants battus, ce qui m'arrive est banal, se dit la victime, et je suis un tortionnaire, un violeur et un harceleur comme les autres, se dit le bourreau.

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