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samedi 8 septembre 2018

La baisse de la qualité présidentielle

Mitterrand a dit un jour : “Je suis le dernier des grands présidents. Après moi, il n'y aura plus que des financiers et des comptables.”
De Gaulle avait déjà dit: "Après moi, ce sera le vide ou le trop plein." Si Mitterrand a prononcé cette phrase, c’est parce qu’il n’y connaissait rien en économie.
Mitterrand n'a pas été un grand président. Il a été le premier des petits présidents de la Vème République. Une sorte de faux curé de la "France physique", comme dirait Paul-Marie Couteaux, par opposition à De Gaulle qui croyait en "la France éternelle", même si on l'a beaucoup mythifié et que lui-même a été un mythologue, faisant reposer la France libre sur le mythe d'une légitimité délocalisée.
Quant à Mitterrand, il a été furieusement Algérie française, étant ministre de la justice et de l’Intérieur ; il a fait appliquer la peine de mort sans état d’âme avant de l’abolir au nom de la conscience humaine ; un réflexe maurrassien l’a empêché de prendre la mesure de la nécessité de la réunification allemande après la chute du mur de Berlin ; il a cru au coup d’Etat de Guennadi Ianaïev et a souteunu, en ne s’y opposant pas et en les reconnaissant pour ses interlocuteurs légitimes le soir même de leur putsch à la télévision française, les conjurés qui s’étaient faits les tombeurs de Gorbatchev et de la perestroïka ; dans le sens inverse, il a fait de la France un vassal de l’atlantisme reaganien à un niveau qui n’avait jamais été atteint avant lui ; il a fait entrer la France dans le choc des civilisations en l’entraînant dans la première guerre du golfe aux côtés de George Bush senior ; sans parler de son double jeu pendant la seconde Guerre mondiale. En bref, il a trahi tous ses principes et n’a fait preuve d’aucune anticipation dans ce qui était pourtant son domaine réservé, les affaires étrangères, où il aura été aussi mauvais qu’en économie. Comment peut-on continuer à entretenir la légende qu’il fut le dernier de nos grands présidents de la République ?
Après De Gaulle, il y a eu des hommes compétents et sans doute patriotes : Pompidou et Giscard. Après Mitterrand, il y a eu des arrivistes: le premier était Chirac, un arriviste qui avait encore quelque chose de l'esprit français, et puis il y a eu les deux autres: Nicolas Sarkozy, une ambition qui s'était intériorisée en trouvant un substrat religieux et comme une intériorité au ministère des cultes,  et François Hollande, le "président normal", qui a ouvert la voie au candidat des banques, des multinationales et des affaires qui se sont choisies leur commis, ce Rastignac, Emmanuel Macron, qui n'a de charismatique que son narcissisme pour nous le rendre attachant, à mi-chemin entre le héros du PERE GORIOT et du LYS DANS LA VALLEE, et dont le couple est une réhabilitation vivante, en pleine dénonciation de la pédophilie,  de cet épisode de la chronique française que fut l’histoire tragique de Gabrielle Russier, même si, à part cela,  Macron est un bourgeois, ce qui est un vice depuis le marxisme quand le bourgeois n'est pas de gauche, et pour aggraver le cas de Macron, un bourgeois plein de morgue. Encore Sarkozy pouvait-il passer, du fait de ses origines cosmopolites, pour un homme qui avait eu une revanche à prendre sur la vie. Macron est né coiffé ou avec une cuillère en argent dans la bouche, comme on voudra.
Depuis le départ de De Gaulled’abord, puis de Chirac dans une seconde déclivité de la pente descendante, il y a eu baisse de la qualité des présidents de la Vème République. Cette baisse de la qualité présidentielle est sans doute à corréler à la montée de l’individualisme et à la baisse du lien social, voire à une baisse de l’exigence morale à la base de la société, car un peuple a toujours les gouvernants qu’il mérite. En vain se refait-il une virginité en s’indignant de leur corruption qui trahirait sa pureté de souverain démocratique. Le populisme au sens où je l’entends, qui est un prolongement du fait que la démocratie est le pouvoir du peuple, exige de refuser toute démagogie qui flatterait le peuple au détriment de ses élites, et prononcerait un divorce entre celles-ci et celui-là aux torts exclusifs de ces dernières.

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