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dimanche 22 août 2010

L'HOSPITALITE

travail et propriété, utilité et sainteté


autrefois, on naissait à la maison et on mourait à cette place. Entre temps, on assurait sur la terre une vie bâtie sous l'ardoise. Aujourd'hui, on naît à l'hôpital et c'est là qu'on meurt aussi. Entre temps, il ne nous aura manqué que les moyens de vivre à l'hôtel.



Adieu, "chambres Hautes", "tours d'Ivoire" et "Instinct de Propriété", la société est à la rue, c'est le point de l'histoire où nous avons atteint et il était heureux que nous ayons abandonné l'âge des cavernes pour parvenir à cette adolescence du ciel ouvert. Désormais, nous assumons que notre vie, commencée en "chambre noire", se développe en "chambre d'hôte". Toutefois, prenons garde à ne pas nous infantiliser (nous voulons bien que les enfants, conditionnés comme les bouteilles d'eau minérale, soient nos nouveaux maîtres de sagesse pourvu que nous les ayons conditionnés en personne et que leurs "mots" n'interrogent plus notre philosophie. Ce que nous demandons à ces malheureux "rois" que nous avons établi sur nos « villes » et nos "divertissements", nous qui ne savons plus jouer tout seuls, c'est de nous confirmer en paraissant émerveillés par notre propre morale que nous les engageons à nous réapprendre alors que nous venons tout juste de nous la passer par le cerveau) :

"Il faut sauver la planète", s'exclament les enfants modèles en étalant leur sourire moralisateur sur les encarts publicitaires des bouteilles d'eau. Mais, comme disait Plastic Bertrand (qui porte un pseudo fait de la matière dont sont fabriquées ces bouteilles non biodégradables, mais qu’on peut plier pour s’amuser comme on claquait naguère les sachets plastique, ), c'est "Tout patit, tout patit, ma planète !"

"Sauver la planète" est donc un réductionnisme implacable que nous nous imposons par bourage de crâne et qui nous empêche d'"aller vers nous-mêmes", selon le conseil du bon dieu à Abraham, tandis que nous ne dirons pas que ce qui est grand, c'est le microcosme que nous serions à côté de l'universel macrocosme qui manquerait tant d'éclat auprès de notre splendeur : pareille grossièreté de bouche serait absurde et tellement gonflé à l'hélium que nous retomberions sur terre, ayant perdu toute crédibilité. Les ballons nous font voler, mais sans eux, nous sommes sans "ailes", nous sommes "comme des avions sans ailes" comme aurait pu chanter Mortimer Schuman("allô, Papa tango Charly"), mais comme il s'est crashé au Triangle des Bermudes, c'est Charlélie qui a repris le créneau... Par contre, ce qui marche et mérite d'être dit, ce que nous dirons par conséquent comme des gens méritoires que nous ne sommes pas, c'est, non pas que ce qui est grand est le microcosme par opposition au macrocosme ; mais que le plus important dans "la chambre d'hôte", c'est l'hôte et, dans le passage de la Maison à l'Hôpital, c'est l'Hospitalité. Nous avons troqué un instinct de propriété contre un Sentiment d'Hospitalité. Nous concevons une reconnaissance quasi infinie envers cette attitude inattendue de la vie que nous pouvons apprécier, il est vrai, du fait des progrès de la modernité au sein desquels nous avons vu le jour: parce que la vie nous reçoit de façon plus hospitalière aujourd'hui que dans les conditions d'hostilité où, dans l'Antiquité lointaine et par ce passé si moyenâgeux que l'on y avait mal aux dents, seul, l'instinct de propriété assurait la survie conservatoire de l'amour de la vie. Il ne faudrait pourtant pas tirer de cette désappropriation reconnaissante qui suit le sentiment d'hospitalité, de cette dépossession, de ce dépouillement qui est peut-être un exhibitionnisme qui ne dit pas son nom et qui se dévêt de ses breloques sans intention de les donner à quiconque serait dans la gêne, une jouissance de l'expropriation qui nous ferait approprier par la terre qui, sous couvert qu'elle nous serait hospitalière, aurait tout lieu de nous avoir en usufruit, au lieu que nous mégoterions dans "l'usage de la vie", dans l'usage des fruits de la terre, à les cueillir, à les extraire, à en profiter. La terre serait devenue dominatrice à notre endroit et nous jouirions de cette domination unpar fantasme masochiste. La bonne manière de tirer parti du changement de paradygme qui a substitué l'Hospitalité à la Propriété serait, sans faire du naturisme, de se laisser gagner par le vertige d'être accueilli et de s'en montrer si reconnaissant que l'on voudrait rendre ses devoirs d'hospitalité à la vie qui a bien voulu de nous, éventuellement à dieu Qui nous l'a donnée et à la terre qui est la planisphère d'hospitalité où cette vie sans toit ni loi a cours de se manifester. En fait de loi, il n'y a - et elle n’est même plus requise, mais est une catégorie de la Distinction par la politesse -, que celle de la "reconnaissance de dette".



Encore sommes-nous avares de cette reconnaissance depuis que Freud a assimilé le fait d'être redevable à la culpabilité en jouant sur la synonymie du mot "Schuld" en Allemand, qui signifie à la fois la dette, la charge et la faute. La dette l'emportant sur la faute, la culpabilité devait changer de mode et de motif : nous sommes coupables parce qu'on nous a donné et non plus parce que nous avons mal reçu en commettant une erreur ou faisant une faute. Par glissement, nous voulons bien être masochistes et subir par fétichisme la domination d'une terre qui ferait sa loi sur nous par les "impératifs écologiques" qui auraient pris le pas sur les "impératifs catégoriques" qui nous gouvernaient autrefois, mais nous ne voulons plus avoir de remords. Or, à mon humble avis, celui qui va en enfer est celui qui refuse le remords et qui préfère "mourir deux fois" (être re-mort) que de se mettre en responsabilité devant les réussites et les échecs de sa propre vie.



La non réquisition de la loi de reconnaissance s'exprime, outre au travers de notre "ingratitude" habituelle dont Balzac, par Vautrin interposé, a fait le ressort principal de la nature humaine accapareuse dont les broyeuses sentimentales, quand elles rayent le parquet, sont toujours en manque de couper de la barbaque (nous sommes d'incorrigibles carnivores, on peut pas y couper), par cette autre transformation génétique (par"génétique", il faut aussi entendre ici l'adjectif qui se rapporte au livre de la genèse dont la réception encore plus que l'exégèse, a été remise en cause comme il va être expliqué aussitôt) : c'est que, dans les premières interprétations qu'on donnait de la Création telle que rapportée par la Bible, l'homme n'était admis à jouir du paradis terrestre que dans la mesure où le jardin où il se trouvait placé n'était planté que d'arbres fruitiers. Par la suite, la civilisation poussant les peuples à s'amollir aprè s'être cultivés et à s'abandonner insensiblement plus à la contemplation des oeuvres d'art qu'ils ne voyaient la nécessité de faire leurs chefs d'oeuvre en bons compagnons, de s'installer artisans ou d'être simplement constructifs ; les incitant plus à jouir des merveilles de la technique qu'ils ne se mettaient en peine de découvrir ses secrets par esprit scientifique ; plus à jouir qu'à produire en général, il advint que les peuples, sans jamais se départir de leur "culte de l'Arbre" qui est resté, jusque dans l'existentialisme et les philosophies les plus déconstructionnistes, l'archétype généalogique du rattachement des hommes à l'existence, se mirent à vouer un culte à des arbres non frutiers. Göte chercha l'inspiration du paganisme piétiste du romantisme allemand dans la méditation sous les tilleuls ; Mauriac poussa le culte celte et français du chêne sous lequel Saint-Louis rendait la Justice jusqu'à simuler une fausse confession où cet "ADOLESCENT D'AUTREFOIS" s'accusait de n'avoir plus d'yeux que pour cet arbre séculaire, le Grand Chêne et, à mesure qu'il formulait cet aveu, le voici qui tombait dans une exaltation dont le pauvre M. le doyen se voyait dans l'impuissance de le sortir sans le concours d'un exorciste qu'eût-il envoyé chercher, il n'aurait pas trouvé à la ronde dans ces landes bordelaises qui vivaient à perte de vigne sous l'empire du marché de ses fruits dont l'abondance et la qualité des récoltes décidaient des valeurs domaniales. Le lien qui s'inventa entre l'identité des nations réputées les plus civilisées (l'arbre à palabre était-il fruitier ?) et des arbres à qui, s'ils produisaient du fruit comme le chêne le gland, emblème du tempérament et de la fertilité masculine, on ne demandait pas qu'il fût comestible, aboutit de proche en proche, par contamination de la civilisation des loisirs, à ce que la vie sans toit ni loi des "gens de la ville" n'exigeât plus d'eux qu'ils aillent "à la pêche aux moules, moules, moules", à ce que leur vie ne valût plus à proportion de son utilités, en un mot à ce qu'ils ne fussent plus que moralement soumis à l'obligation de travailler pour s'estimer, même si la pression social s'alliait toujours à la tacite obligation morale pour apporter un cruel démenti à la possibilité pour un homme d'être rentier ou faux chômeur sans avoir à en répondre, y compris à soi-même.



En pratique bien sûr, il demeurait peu admissible de vivre sans travailler au point que l'émancipation des femmes, leur persuadait-on, ne pouvait s'obtenir que par le travail. Mais on ne pouvait pas non plus lutter contre la diminution du "gâteau du travail" à partager, non qu'il ne fût extensible autant qu'on le voulait, mais le voulait-on ? C'était toute la question. Le machinisme accomplissait beaucoup de tâches sans répondre à tous les besoins comme l'utopie robotique en avait rêvé. Or, comme les besoins qui restaient insatisfaits n'étaient pas répertoriés, que la "boîte à idées" restait désespérément vide parce que, d'abord, il n'y avait pas de "boîte à idée", on ne parlait jamais d'un "centre de ressources" faisant référence et dûment référençant les besoins insatisfaits et la manière dont on pourrait y remédier par des services à rendre ou la polyvalence de divers métiers exercés par le même individu au cours d'une même journée ; comme le génie ni l'inventivité humaine n'étaient pas plus stimulés à trouver des idées que pour compenser les ressources en train d'être épuisées de la terre sur lesquelles on disait qu'on tirait au détriment des générations futures ; comme "la recherche" ne cherchait pas à trouver la composition chimique de cette matière organique qu'est le pétrole, ne développait, ni la voiture électrique, ni le moteur à eau, ni n'anticipait les ravages des "guerres de l'eau" en puisant dans la mer et en désalant l'eau puisée, ramenée comme à un fleuve, à une source ; comme enfin stimulation du génie humain et polyvalence dans l'exercice des métiers ne participaient pas à la certaine étroitesse de conception de l'inspection du travail qui préférait à l'inventivité encouragée garder les yeux rivés sur la pendule et la tête obsédée par le respect des "amplitudes de travail", le travail se mit de plus en plus à remplir une fonction occupationnelle, les employés du secteur tertiaire étant, pour beaucoup d'entre eux, des machines à faire perdre du temps. L'offre ne se souciant même plus de répondre à la demande, il était patent que les conditions pratiques allaient comme de plein gré dans le sens instillé, pour ne pas dire arbitralement tranché par l'inflexion théorique. Comme toujours, la sémantique fut la première à enregistrer cette inflexion sans dissimulation, mais avec cette "obscure clarté" qui fait que nous vivons sur des mots qui nous disent l'état du monde en presque toute vérité et exhaustivité, mais sur l'imposition desquels on préfère ne pas réfléchir ni lever le voile de discrétion qu'on a jeté pour ne pas troubler la nuit de l'opinion. La "fonction occupationnelle du travail" fut enregistrée par le ravalement du "travail" en "emploi" sans qu'on entendît jamais la dégradation dénoncer. La possibilité pour des peuples non oisifs de vivre à l'abri d'arbres non frutier sans perdre leur identité instaura, plus qu'une oisiveté, une désagrégation latente entre travail et utilité. Comme il s'avérait viable que l'arbre auquel se sentait énergétiquement lié un peuple ne produisît pas de fruit, l'homme, piqué au vif dans ses conditions quotidiennes d'existence par la dégradation des liens de la société industrielle, dont les délocalisations n'étaient qu'un exemple topique, acquit la souterraine, mais souveraine conscience et conviction que le travail n'avait plus à posséder l'usufruit de sa force qu’il était en tant qu’individu. L'Individu-Force se dissocia de la contingence d'un travail qu'il jugeait de moins en moins fructifère et la "valeur humaine" s'accrut à mesure que la "valeur travail" diminua, pour achever de falsifier les prédictions économiques de Marx.



Dans les profondeurs cachées des mentalités, on aurait peut-être admis que le vote fût quelque jour rendu obligatoire, mais on n’aurait jamais admis que "le travail" eût plus que le rang d'un "droit" et devînt quelque jourobligatoire, comme le travail des enfants fait à l’école à raison de plus de 35 heures par semaines, et cela même si les "droits de l'homme" ont savamment entretenu la confusion entre le droit et l’obligation en employant indifféremment le mot de "droit" pour désigner le droit et le devoir. L'ambiguïté est si entortillée qu'on ne sait jamais avec certitude quand on est dans le "domaine du droit" et quand on entre dans "l'ordre du devoir". Adoucir le devoir en en faisant le synonyme d'un droit, c'était habile et bien pensé ; mais, à la fin du compte, c'est toujours le sens premier, le sens usuel du mot choisi qui l'emporte sur "la confusion des termes. La préférence donnée à la participation au processus décisionnaire plutôt qu'au devoir d'être utile devait s'expliquer comme une compensation demandée à ce que l'homme considérait comme "le péché originel" du Créateur à son endroit, à savoir d'avoir prétendu lui avoir donné la liberté sans l'avoir consulté s'il voulait bien "se donner la peine de naître". Cette obligation imposée à sa liberté faisait demander à Dieu une compensation, via cela qu’Il lui donnât une délégation d'autorité jouant un rôle symétrique à la punition que, mythiquement, Dieu avait demandée à l'homme, pour Lui avoir désobéi, d'avoir à travailler désormais comme intendant de la terre. De même qu'il y avait eu conflit entre les valeurs de l'Hospitalité donnée gratuitement, selon le pléonasme en vigueur, et à la manière bénédictine, et l'Instinct seigneurial de propriété avec ses droits de passage (et de cuissage) induisant la possibilité d'être chassé du paradis si l'on ne payait pas son tribut, fût-il indû, un antagonisme du même genre devait s'animer entre Travail et Liberté, non que la Liberté refusât de rendre ses devoirs au Travail : mais dans quelles conditions, moyennant quelle personnalisation du travail, selon quele articulation entre la personnalisation du travail et la nécessité que les citoyens soient utiles, voilà ce qui était, ce qui serait toujours à négocier dans le Nouvel Ordre Social qui se cherche. Et l'Hospitalité ne nous dispense pas d'avoir à trouver ce modus vivendi, car l'Hospitalité a ses règles, ses dispensaires et l'on aura beau faire, il faudra toujours des infirmières. On pourrait peut-être se passer de police et de légistes, mais pas de médecins ni d'infirmières. C'est en face de la maladie que la question de l'Utilité devient irréductible à nos revendications d'émancipation les plus libertaires. Hospitalité oblige, la figure de l'Infirmière se révèle au bout de nos angoisses et vient nous réveiller de nos torpeurs d'infirmité. et, comme les mères sont mal remerciées de leurs épanchements sur nos couches hurlantes, puantes et capricieuses, les infirmières sont mal payées, mal récompensées et méprisées de ne plus avoir la vocation...



la plupart de nos compagnons de rue et de vie sociale, pour ne pas en parler comme de "nos contemporains" (quelle est cette stupide distance hautaine que nous établissons entre Nous, en majesté éthique et "nos contemporains" qui seraient tout juste bons à être"de leur temps" sans pouvoir vivre dans aucune autre dimension de l'Intrinsèque et sans savoir, à notre sens, analyser ce temps qu'ils vivent ?) se réjouisse assez qu'on naisse aujourd'hui sous péridurale entouré des soins obligeants d'une "sage-femme" dans une "maternité" tout confort, mise à notre disposition, dans une proximité domiciliaire, par le roi déchu Etat, devenu l'auxiliaire d'une société qui a cessé d'être paternaliste et clanique pour devenir maternante et clinique. Mais, où il commence à y avoir divergence de vue, c'est à propos de la fin du voyage : il y en a pour aimer que l'on meure à l'hôpital et d'autres, plus nombreux, apparemment majoritaires (mais qui ne savent pas forcément ce qu'ils disent en terme de ce qu'implique, en pratique, leur refus d'être soignés, car il n'y a pas trente-six façons de l'être : il faut être à la portée des blouses blanches) pour déplorer qu'on ne meure plus à la maison, comme si se cachait sous cette "médicalisation machiniste de la mort à tuyaux" je ne sais quel refus diffus de regarder en face cette tigresse, cet aspirateur psychopompe, cette ogresse qui fait râler le dernier bourdon à seize pieds de notre orgue personnel. Ceux-là préféreraient retrouver leur "chez soi" par le chemin de terre qui mène de n'importe quel coin d'un bois perdu à la chaumière tourangelle où se resserre, passés le bal ou la ducasse, l'austère foyer un rien brutal, violent et prédateur où, dans la fermentation nidifiée des rancoeurs familiales, les femmes n'ont le droit de passer à table qu'après que le père adîné, roté, pris congé sans mot dire et plié le couteau. C'est oublier qu'on ne vit plus à la campagne et qu'un des enseignements que transporte cette évolution de l'exode rural comme la ruée vers l'or des villes formicatées, les listes d'attente interminables de leurs HLM, leurs bars branchouilles aux cocktails qui ne sont dans le pouvoir d'achat que des "bobos" et leurs "cinés" qui ne sont pas souvent d'art et d'essai (dans la France qui est une "République décentralisée" depuis qu'une raffarinade réformiste l'a inscrit noir sur blanc dans la Constitution, la province, c'est le Saël), c'est que la terre est moins un chemin pour l'homme que chaque homme n'est un chemin pour la foule, une espèce d'Evangile à soi tout seul, destiné à se proclamer, tambouriner, si possible comme une "Bonne Nouvelle" exclamative : pour que la nouvelle reste bonne et que Mercure ne tourne pas à l'aigre en se mettant comme un méticuleux vinaigrier à défaire les plombages dont la clinique dentaire a comblé nos caries,il faut que la faim d'être entendue du messager trouve satiété dans une oreille charmée. La ville ayant un service municipal de la voirie, chaque homme est une provocation et veut susciter l'adhésion ou la répulsion de ses "contemporains", en vrai "signe de contradiction". Sur les chemins de terre menant vers les propriétés gardées par des chiens méchants ou bizarres, chaque homme est une pierre d'achoppement.



Je veux bien qu'il y ait des tempéraments plus timorés qui ne tiennent pas à tant s'exposer, qui ne voient pas la beauté du geste, qui ne croient pas par-dessus le marché que l'art soit un geste aussi subjectif, qui n'éprouvent pas le besoin de connaître leur "quart d'heure de célébrité" à la andy Warol, qui ne voient pas la nécessité de faire de leur vie une oeuvre d'art comme Marcel Proust et qui aiment encore moins à choquer comme moi : ceux-là sont notre part d'enfouissement, la condition invisible de toute sainteté sociale, laquelle elle-même a changé de mode d'expression en ceci que la sainteté n'est plus l'apanage de héros érigés qui doivent soulever le monde comme autant de révolutionnaires politiques, mais est dévolue à des gens épris de modestie, simples et enfouis qui, en toute légèreté d'âme et d'esprit et sans souffrir du décalage, manifestent par leur érémitisme moins solitaire que célibataire que, quand même, il y a autre chose que la ville et qu'avant de délivrer son message, il faut déjouer "la conspiration contre l'intériorité" qu'est une vie à la rue, dans l'écléctisme passant des badauds et des milieux. Simonne Weil déjà était à la recherche d'une nouvelle sainteté par laquelle le catholicisme se serait vraiment universalisé, comme la liturgie ferait bien de s'en inspirer pour chercher un nouveau langage rituel afin qu'il n'y ait pas d'incommunicabilité autistique entre les recommençants espérés comme une visite de Vendredi dans une église de robinson et les finissants écoeurés de les attendre impatiemment en criant à l'apostasie quand ce n'est que leur propre incarnation du christianisme qui est en train de le faire "mourir de vieillesse". ([1])



Une chose entre deux ou trois autres dont l'Eglise devrait tenir compte à propos de cette sainteté des temps nouveaux, c'est que le monde ne veut plus être porté. Il est devenu cette femme-tronc qui vit dans une maison sans toit, en quoi la cité terrestre est une parfaite icône de la Cité de Dieu puisque l'Eglise elle-même est présentée par Saint-Paul comme un Corps séparé de son chef et qui ne retrouvera sa tête que lorsque le corps en grandissant aura acquis "la stature du Christ en récapitulation". N'en déplaise aux anticonciliaires, la différence entre l'Eglise et le monde s'est réduite sinon abolie du simple fait que le monde est devenu l'icône de l'Eglise, même s'il s'est toujours trouvé des réarrangeurs de doctrine pour supposer que Saint-Paul ne parlait pas du corps entier, mais seulement de l'Eglise militante, ou des bâtisseurs de cathédrale pour régler le problème de la récapitulationen édifiant des monuments où l’Evangile serait annoncé à l’intérieur du temple, et des monuments si hauts qu'on n'en voyait plus le plafond, de plainpied comme était le temple et que, dans cette acoustique captive de toutes les résonnances, tant avait-on l'esprit embrouillé de musique qu'on n'avait plus qu'à en perdre la tête. Le monde ne veut plus être porté, soulevé, mais couvé, soulagé. Libéré serait peut-être exactement à mi-chemin entre ce que le monde veut encore et ce qu'il n'accepte plus. Or le monde peut être couvé par des saints qui soient des îles et qui ne demandent qu'à s'offrir à le décharger en soutenant ses frondaisons et fondations, ce qui n'en fait en rien des fondateurs, exactement ce que le monde veut : vivre la tête en l'air sans une idéologie qui vienne le banaliser au principe. Ces saints qui s'offrent à être les souteneurs d'unmonde qui se sait prostitué, mais qui, en le reconnaissant, ([2]) a déposé le règne hypocrite et pharisien de la société bourgeoise à qui il a fait perdre la bataille du Verbe, ces saints qui s'offrent à panser le monde ("Infirmière, des pansements, les penseurs au trou" !) ne sont ni réactionnaires ni antiréactionnaires. Ils ont renoncé à la réactivité face à la vie dans laquelle ils voient s'ébattre et se perdre les autres, soit quils se laissent porter par le courant ou qu'ils nage contre en se braquant. La vie passe sur les saints, il faut seulement faire attention à ne pas la laisser les piétiner. Les saints ne font pas leur vie, ils ne la subissent pas non plus, peut-être l'épuisement et le Malheur les auront-t-ils amenés dans un premier temps à cette résignation qui les fait laisser la vie leur passer dessus. Les saints des temps modernes sont ceux que les langues qui charrient l'insulte traite de "dépressifs", comme si la mélancolie était infâmante, eux qui font de leur dépression un travail pour le monde au lieu de chercher à s'en sortir en "allant voir quelqu'un" pour faire "un travail sur soi" :

"Il faut lutter pour réussir, se battre pour s'en sortir, balivernes !" me disait mon ami Franck Bourel. Ce ne sont plus, ces saints, les prêtres ouvriers dont Gilbert Cesbron disait, écrivait, parce que ça faisait bien sur RTL que "LES SAINTS VONT EN ENFER", à l'usine, glorifier la valeur-travail en perdition dans la société postindustrielle et panser les plaies du prolétariat. Pas une époque ne pourra échapper à la sombre iniquité de cette odieuse loi qu'il y a des gens qui sont frappés parl’acharnement du sort, nés sous le signe de l'Innocence et du Malheur, rejetés par leur époque et qui pourtant la sauvent en alimentant le moulin à prière où "la samaritaine" (je sais bien qu'elle est fermée pour travaux) vient tous les jours puiser de l'eau. Les saints des temps modernes sont épuisés comme ceux de jadis et rejetés par notre époque infatigable ; mais, une fois étendus sur leur lit et blottis dans leur bulle, ils ont pris deux résolutions : ne pas porter le monde, mais lui rester ouverts et le voir à travers leur bulle. Ils ont dépassé la résignation et le stade de la dépression réactionnelle en décidant de devenir des îles, avec cette différence par raport aux vraies que leur mobilité réduite n'est pas une incrustation géologique, mais une séparation révocable avec le continent et que, s'ils ne veulent plus couver le monde dans l'éloignement où ils le veillent et dans l'état d'insularité qu'ils ont choisi temporairement, s'ils ne supportent plus d'être exposés à tout vent de perméabilité et transparence de leur visage sur l'écran et de leur visage comme écran, on doit leur amener un radeau, il ne faut pas les abandonner, les laisser s'enfoncer, laisser détruire leurs digues par les vagues, ce ne sont pas des barrages. Vous entendez, ho-hé, oui, vous, messieurs les curés ? De combien de suicides êtes-vous responsables, vous qui ne venez même plus administrer l'extrême onction après que vous n'êtes pas venus voir les gens, vous eussent-ils appelés à l'aide, et cependant que vous ne visitez plus les malades, trop occupés, mon cul ! dans des réunions qui ne servent à rien, Vous les envoyez « voir quelqu’un », ou bien vous envoyez quelqu’un qui vit sous votre juridiction à moins que vous ne viviez sous la sienne, car les laïques sont devenus les tyrans des chargés d’âme, leur apporter la communion. Vous n'enterrez même plus les macchabées, vous envoyez des "dames pipi" pour les mettre dans la boîte avec cérémonie religieuse, vous ne vous dérangez même plus. Vous ne comprenez même pas, cloches que vous êtes, que "les trois cloches" de la vie d'un homme (comme il y a "LES VINGT-QUATRE HEURES DE LA VIE D'UNE FEMME") qui ont vraiment besoin d'être accompagnées par l'onction rituelle, Mages, sont la naissance, les noces et la mort, surtout la mort parce que le mariage se délite, rapport à ce que vous en avez fait une institution beaucoup plus qu'un Sacrement. Et où avez-vous donc pris, bon Dieu, qu'il n'y a que deux vocations que puisse avoir un être humain : le mmariage ou la vie religieuse ? Etes-vous si peu "experts en humanité" que vous ne remarquiez même pas que votre offre ne recouvre pas l'éventail de la diversité humaine qui ne pourra jamais tenir entière dans les étroits filets de votre alternative ? Quant à la mort, vous en étiez raides dingues au temps jadis. A présent, c'est vous qui ne voulez plus la regarder en face et, comme vous aimez bien battre votre coulpe sur la poitrine des autres, vous accusez la société de pourrir d'indifférence, parce qu'elle envoie périr les siens dans des hôpitaux qui sont peut-être impersonnels, mais qui peuvent leur prodiguer des soins et leur procurer de la morfine, du chloroforme contre l'angoisse, de l'apaisement contre la douleur, des soulagements palliatifs, de la sérénité pour passer le cap, pourvu que les patients en Passion ne préfèrent pas à souffrir et à tout se retrouver dans leurs meubles qu'ils n'emporteront pas au paradis. Mais vous, messieurs les curés qui ne savez même plus ce que c'est que d'avoir "charge d'âme" et croyez qu'à vous encercler dans des réunions-tupperware pour vous déchiqueter entre gens de même conviction pour des vétilles de sacristie, vous allez retrouver le chemin des coeurs par la Grâce des conseils pastoraux (les coeurs ne bêlent pas, ils battent), qui sait si, mauvais pompiers, vous ne favorisez pas les suicides des "morts de solitude" parce que pas le temps, et puis ceux qui vous importunent à vous appeler à l'aide sans avoir le profil à ce que vous passiez les voir : ils sont trop à l'Ouest, ça servirait à rien. Tout de même, vous avez pas donné votre vie au bon dieu pour ça : favoriser des suicides par négligence pour des formes de détresse qui sont pas dans vos cordes de sensibilité. et, quand vous prévenez pas les coups de grisou que la météorologie des sociétés anonymes ne sait pas prévoir, pour lesquels elle peut pas lancer un "avis de tempête" parce que les gens transparents sont invisibles bizarrement, invisibles et imprévisibles, vous laissez passer, trépasser, échapper, s'inanimer des fidèles inadministrés qu'après ça, vous n'enterrez pas plus que les suicidés d’autrefois.



Mais si, malgré vous, malgré tout, les dépressifs trouvent encore le courage, s'ils veulent encore tout ça : couver le monde, être des îles, il ne faut pas penser a priori que ça les rend malades de ne pas bouger comme le commun des mortels trouvant toute sa raison d'être dans le "moi social" toujours en alerte, malade de mouvement. Il faut se laisser surprendre par leur chemin sans le juger, d'autant que notre vie sans demeure ne pourrait se couler si elle ne passait à travers eux qui sont dans l'Actuel parce qu'ils ne sont pas dansl’actualité. Notre vie s'actualise par la réceptivité de leur méditation. Ils ont comme souscrit des actions sur notre "capital moral", mais ce ne sera jamais eux qui nous demanderont des dividendes. Ce ne sont pas eux qui vivent à travers nous, mais nous qui vivons à travers eux, qui vivons d’eux. Ils sont loin d'être inutiles comme le suggèrent de manière à les indisposer, ceux qui ne cessent de leur demander ce qu'ils font de leurs journées ou dans la vie sans se douter que, si n'existait pas le présent qu'ils font au monde de leur disponibilité, de cette nouvelle manière de prier qui n'invoque pas l'avenir, mais est un don de présence qui regarde passer le temps, le côté droit du corps calé contre l'avenir dans le lit tandis que le passé qui ne passe pas toujours du côté gauche, est en enfantement de deuil dans la zone réservée aux rêves ; est un don de présence, cette prière de qualité, un pilotis, une fondation du monde qui le protège contre les bourrasques et la dépression atmosphérique, qui rend la vie lisse et pure come un lac. S'ils n'étaient pas là comme des paratonnerres, les saints, ils sauraient ce que c'est que la crise, les traders. Tout contribuable l'est moins qu'une âme sensible et blessée qui ne peut plus sortir de son cocon et dont l'avare blâme l'inactivité en se fâchant contre l'assistanat sansimaginer que lui-même vit sous l'assistance respiratoire des petits poissons à branchies qui souffrent que la vie leur ait coupé les ailes, si bien quils ne peuvent plus être oiseaux comme avant à moins que leurs ailes ne repoussent, mais qui voudraient en attendant s'épanouir comme une primevère printanière et non s'évanouir comme un nénuphar des bords de mare qui, n'étant pas "un taxi de la Marne", ne pourra pas prendre la course du trader qui veut qu'on l'amène où déjà ? Pas à la guinguette, ça c'est sûr ; mais sur un marché où ça ne lui ferait rien de mettre son pays en loques. Le travail sans foi ni loi de ces traders maniaques courrait à la ruine et au crack si les saints n'étaient pas là, et il y a longtemps que leur Société à ces "contribuables" (république de cons finis !) aurait périclité et fait faillite dans cette conjoncture où "la bourse" "n'a plus confiance

Et dans les bourses, l'impuissance

Nous fait gagner en castration". ([3] Car, aussi vrai qu'il est heureux qu'on puisse enfin respirer à l'air libre quand on a la tête hors de l'eau et qu'il y ait des maisons sans toit pourvu qu'on les agrandisse aux dimensions du dehors sans qu'on ait à craindre un préjudice pour le monologue des intimités, on n'a pas encore trouvé le secret de bâtir une maison sans pilotis qui ne se ressource, même retourné pour ascensionner les racines, dans une transfusion sensasionnelle des valeurs minérales au ciel ramenées d'un "voyage au centre de la terre". On ne peut vivre sur une terre désaxée, ou plutôt on ne peut se faire à l'idée que l'axe de la terre ne soit qu'imaginaire. Mais on peut transplanter ses racines dans les cimes, c'est ce que nous aident à faire les îles-saints en se laissant, pour leur part et notre compte, et sans se vouloir victimes et cibles, sans embrasser l'état victimal comme faisaient les antiques épouses du Christ qui avaient peur de leur Bien-Aimé, noyer un peu par la vie pour respirer l'eau de nos oedèmes et que nous restions à la surface. Mais si cela devait leur occasionner des oedèmes à leur tour, il fautrait leur amener notre astronef périurbain et notre ambulance-radeau pour les transporter jusqu'à l'Hôpital où les infirmières les soigneraient de tout leur amour et où nous les visiterions pour leur témoigner notre infinie reconnaissance.



Le regain du "Sentiment d'Hospitalité" ne nous est un gain en effet que si la société ne tire pas sur ses ambulances : les curés qui ne sont plus assez nombreux et les saints qui sont à bout. Mais les assistés sociaux que sont ces saints qui sont des îles sont bien plus utiles au soutien du travail de nos villes, je ne dis pas que les assistants sociaux eux-mêmes, mais que les administrateurs de l'Assistance publique qui ont réussi ce prodige de transformer la Providence en un état. Comme si la Providence n'était pas une résurgence de l'Instinct de Propriété aussi contraire à la prévalence du Sentiment d'Hospitalité qu'une assurance vie, garantie contre l'Insolite. Les administrateurs de l'Assistance Publique ont ressuscité la Providence sous la forme d'un état, comme si, en premier lieu, il convenait à la Providence d'être passive et de subir la moindre action dont elle ne fût pas commanditaire, et comme si, d'autre part, la Providence n'était pas la seule part divine absolument inapte à mourir. Or "Dieu S'est fait homme pour que l'homme devienne Dieu", disent les Pères de notre sainte mère, l'Eglise, et parmi eux, saint-Irénée de Lyon, auteur de la formule et turcophone qui évangélisa ces galates de gaulois et devint le primat des Gaules, précédent historique ne faisant pas jurisprudence comme on dit que "Comparaison n'est pas raison". Son adage peut se traduire plus brutalement sous cette forme plus assassine (les familles françaises passant toutes leurs soirées télé, c'est-à-dire toutes leurs soirées tout court, devant des séries policières, à part cela qu'ils réprouvent comme un seul homme les agissements des gangsters et des auteurs de e faits divers, on est bien obligé de s'adapter pour se faire comprendre, c'est mal vu d'être hermétique...) :

"Dieu S'est Laissé Tuer (je n'ai pas osé dire S'est Tué, mais j'aurais pu dire S'est Fait Tuer) pour que qui vive ? L'Homme." de même que l'homme doit se tuer pour laisser vivre dieu, c'est ça ou ça, les Hindouistes ne sont pas d'accord, je sais, parce qu'ils ne se font pas notre idée très manipulatrice de la Providence. Pour eux, le "libre arbitre", c'est la roue de la volonté qui tourne un point, c'est tout, sauf qu'il faut beaucoup méditer pour que ça tourne rond et qu'après bien des vies ratées, tout s'arrange aussi à la fin, que ça s'arrange, que ça se termine bien comme dans toutes les religions, Mystérieusement. La vie est mathématique, elle pose le problème. La religion est équanime et magnanime, elle trouve la solution, miraculeusement. Elle pose le signe "égal" et l'équation est résolue, l'harmonie est rétablie, la division est abolie.

"Dieu et l'homme, combien de divisions ?" Le diable Vauvert, pendant la vie. Ce sont des rangs de soldats qui s'observent, bien alignés, une vraie guerre de tranchées, un "combat spirituel" plein de plomb où l'aplomb de l'homme blasphème, pousse Dieu dans Ses retranchements,tandis que le Doit de Dieu se met sur la bouche de l'homme et que Son Amour le bénit en le blessant. et puis, quand vous finissez par bien vous connaître, vous ou Dieu, vous et LUi, quand vous passez la porte pour vous rendre de l'autre côté ou que vous allez au fond de la religion avant ce terme , vous devenez indivisible avec l'Invisible, vous "faites Un" par amour ou vous l'êtes avec l'Amour , et vous découvrez que c'est ce nombre par lequel tous les autres sont divisibles et qui, divisé par lui-même, ne donne que lui,même, que c'est lui qui est le plus proche de l'Infini.



Mais la rouerie consommée des administrateurs de l'Assistance Publique qui sont des démentis vivants à ce qu'Assistance puisse jamais rimer à la lettre, sous leur juridiction inhumaine, avec Charité, c'est d'utiliser pour faire du chiffre un Dieu en Lequel ils ne croient pas, puisqu'ils prétendent ressusciter la Providence Qui est précisément la seule part de dieu que la mort ne peut pas atteindre. Mais ils ne se dotent pas de ce pouvoir surhumain de ressusciter la part immortelle de Dieu pour laisser Dieu vivre, non, non : c'est uniquement pour avoir la peau d'un nombre déterminé d'hommes qu'ils jugent surnuméraires. Ça remonte au moins à la terrible rationalité des Grecs - il a pas fallu attendre Hitler, malheureusement, pour devenir barbares -, cette manie de trouver que les hommes sont toujours en surnombre sur une terre surpeuplée, et le moins que l'on puisse faire d'après aristote, c'est d'observer un strict "contrôle des naissances", les Chinois l'ont bien compris, les administrateurs de l'Assistance Publique aussi.



Tout "Dieu est Mort" et la Providence avec, pour que le sentiment d'Hospitalité l'emporte définitivement sur l'Instinct de Propriété qui, même amoindri par "la destination universelle des biens" enseignée par Saint-Thomas d'Aquin, n'a jamais pu être civilisé ni perdre de sa sauvagerie, s'étant même ranimé durant les troubles révolutionnaires qui instauraient l'"égalité" comme un "droit" puisqu'il n'accepta qu'elle n'accédât à cette dignité que s'il était inscrit au même titre que celui de propriété, ce droit-ci devant bouffer celui-là, car il avait la force pour lui. Au contraire, c'est à la seule condition de la Mort de Dieu jusqu'à l'Imprévoyance que l'on put dresser des autels et, dans le "Mémorial" d'un Dieu ranimé, célébrer des Eucharisties, ces "sacrifice de louange", consécrations sans réquisition de la primauté de la "loi de reconnaissance" sur celle du tribut et du sauf-conduit de bonne conduite à tout crin.



Moi qui suis un messalisant, je m'y retrouve dans cette urbanisation de nos vies sans boussole qui nous fait mourir à l'hôpital, d'abord parce que je perds souvent la mienne, de boussole et puis parce que je suis un citadin sans complexe qui se sentirait plus rassuré de "mourir en scène" entouré d'infirmières que de râler tout seul à la maison. Quant à cette dernière façon de botter en touche qu'est "l'hospitalisation à domicile", c'est un piège des Administrateurs de l'AssistancePublique, n'y tombez pas ! Elle est préconisée par ceux qui veulent faire des économies sur la santé publique parce qu'ils ne savent plus (et par conséquent ne veulent plus)soigner personne (Pour une infirmière, il y a dix administrateurs qui encadrent alors que, pour dix infirmières, il devrait y en avoir un). Non plus que faire la cuisine d'ailleurs, ils ne savent plus rien, d'un genre d'ignorance analogue à celui dont l'écologie est un retour à la nature de qui n'a jamais mis les pieds dans une forêt ou dans une ferme. En l'absence de garde-malade, ne restez pas chez vous et ne parlons pas d'hospice, mais une bonne "maison de retraite", je vous assure, est un asile agréable pour y finir ses jours, histoire, par l'attraction du mot de "retraite", de connaître une phase de monachisme qui n'est pas de trop par nos vies qui savent plus se replier, Peupliers, et histoire aussi d'hiberner enfin en manière de dernière prière, non parce que Dieu est un "Fluide Glacial", mais parce que la vieillesse, quand elle ne se mêle pas de juger le monde auquel elle n'a plus part et cesse d'exercer dessus les dernières percées de son "oeil terrible", ([4]) qui la rendent amère et acariâtre à ceux qui l'entourent, prend de son naturel un air contemplatif, par effet de ressasser ses souvenirs. L'hibernation de la vieillesse qui resasse est une prière suffisante parce que tout au plus, la prière est adossée à l'avenir et que l'avenir est sans nécessité. Ou pour mieux dire, l'avenir est contingent tandis que la prière n'aspire à rien d'autre, Hasard ou Nécessité, qu'à être la mémoire de Dieu.

Julien WEINZAEPFLEN



6 août

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