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lundi 29 septembre 2025

L'homme naît-il coupable devant Dieu?

            Dialogue avec Marquandier sur "le Forum catholique". Les lignes qui suivent sont une réponse à son message que l'on peut trouver ici: 


Le Forum Catholique


"C'est un mystère. Que vous le reconnaissiez me pousse à m'abstenir du tittre que je voulais donner à ma réponse avant de lire votre message. Je voulais vous répondre que vous imaginiez Dieu comme un tortionnaire. Et que ce soit enbonne et saine doctrine catholique, je l'ai concédé par avance en l'accordant au pasteur qui l'a professé, reconnaissant que c'était de l'augustinisme à l'état pur, et je ne suis pas de ceux qui accusent saint Augustin d'avoir inventé la doctrine du péché originel, car celle-ci se trouve déjà dans saint Paul. Mais je vous dirais pour commencer que saint Paul, saint Augustin et Martin Luther étaient des hommes terriblement écartelés, on ne peut pas projeter cet écartèlement d'une conscience torturée en Dieu, or Dieu serait écartelé s'Il acceptait de créer des êtres naissant coupables devant Lui pour les plonger dans une tourmente inextricable


Mais raisonnons malgré tout et même si le Concile de Trente traite d'anathème le raisonneur, où l'on voit que Vatican II a eu raison de choisir de s'exprimer d'une autre manière! Car après tout la raison a été donnée à l'homme pour qu'il s'en serve, n'est-ce pas?


Et si le péché originel, non pas avait été créé par l'homme pour comprendre les saintes Écritures, mais lui avait présenté cet avantage de se soustraire à  exprimer, sinon une condamnation de l'oeuvre de Dieu (qui est l'homme pour juger Dieu?),  mais au pire à conclure que l'homme est naturellement mauvais et au mieux à qualifier la nature humaine de bonne ou de mauvaise. Autrement dit, ce qui s'est joué après la manducation du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal a été, pour Dieu (c'est mon hypothèse) de L'obliger à catégoriser sa Création (Lui qui est bon ne la voyait que bonne), et pour l'homme de s'abstenir de la disqualifier. Il voulait discerner et son orgueil mortifié a dû s'abstenir de juger.



Vous citez le psaume 50 avec la traduction: "Ma mère m'a conçu dans le péché" alors que sa traduction la plus courante est: "J'étais pécheur dès le sein de ma mère". Cela me rappelle une prédication d'un pasteur évangélique du seul culte de la mega church de Mulhouse à laquelle j'aie assisté, mais qui ma marqué. Ce pasteur est celui qui a structuré cette Eglise par où s'est étendu le Covid alors qu'il prétendait que Jésus guérissait dans son église, Samuel Peterschmitt. Il supposait que, si Jessé n'avait pas convoqué David à comparaître devant Samuel pour être éventuellement choisi comme roi d'Israël,  c'est qu'il avait des soupçons que David était un fils naturel, ce que David aurait avoué dans son psaume par cette phrase: "J'étais pécheur dès le sein de ma mère" ou "ma mère m'a conçu dans le péché." De quoi contrebattre un peu trop facilement et pour je ne sais quel bénéfice le dogme du péché originel qui a des racines aussi bien spirituelles qu'anthropologiques autrement profondes. 



Vous comparez l'amour de Jésus pour Lazare à celui que nous pouvons avoir pour des "morts spirituels" non encore baptisés, c'était le contexte de la parole du pasteur luthérien que j'ai cité. À cette différence près que ce pasteur parlait des non baptisés. La mort de Lazare a tellement ému Jésus parce qu'Il l'a aimé vivant et que sa mort L'a affligé.



Maintenant (et parce que j'aime prendre des risques intellectuels), je vous dirais que vous rappelez que Jésus et Marie sont nés préservés du péché originel alors que saint Jean-Baptiste n'a pas bénéficié de cette grâce, ce qui peut expliquer qu'il ait erré sur la fin de sa vie en doutant de l'identité de l'Agneau de Dieu qu'il avait pourtant désigné au point de s'attirer ce résumé de son destin par Jésus: "Il n'y a pas plus grand que Jean-Baptiste et pourtant le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui", oracle tout différent que le pardon accordé immédiatement au bon larron qui reconnut Son Identité, où l'on pourrait voir un soupçon d'orgueil humain, mais passons outre et ne blasphémons pas. 


À  ses disciples venus lui faire part des doutes de leur maître incarcéré, Jésus fait une réponse qui n'est aujourd'hui plus satisfaisante ni probante: "Les aveugles voient, les boiteux marchent." Si l'on devait demander aujourd'hui des preuves de notre rédemption, on ne pourrait guère alléguer celles-ci et comme vous n'êtes pas sans le savoir, c'est un aveugle qui vous écrit, à qui la cécité n'a jamais provoqué de manque connu de lui. Je suis aveugle de naissance, je n'ai jamais rien vu et ne pas voir ne m'a jamais manqué, au moins consciemment.


Maintenant autre chose. Lorsque l'Église dit que Jésus n'a jamais péché, si on s'avisait de prouver si on est d'accord avec cela compte tenu de son comportement dans l'Évangile, on aurait du mal à justifier certains de ses accès de colère et de dureté, y compris envers sa mère. Ma grand-mère me disait qu'il "rabrouait" volontiers ses disciples, je me souviens de ce verbe, c'est certainement la première fois que je l'ai entendu employer.


Et troisième paradoxe. Quand l'Église dit que "Dieu s'est fait homme à l'exception du péché", cela met un tel bémol à l'Incarnation que tout se passe comme si (j'ai horreur de cette périphrase qui prétend décrire le réel en faisant comme s'il était inatteignable)Jésus s'était fait homme à l'exception d'une bonne moitié de la nature humaine. Mais comme me répondit quelqu'un à qui je le faisais observer, "nous ne sommes pas à un oxymore près". La clef de ce mystère est peut-être que Jésus a choisi de s'incarner dans la nature humaine telle que Dieu son Père la projetait et non dans la nature humaine déchue et métamorphosée par le péché d'Adam."

samedi 27 septembre 2025

La condamnation de Nicolas Sarkozy ou la revanche des petits pois

Les magistrats sont masochistes ! - Justice au Singulier


Cher Philippe Bilger,

On nous a vendu une République qui serait irréprochable si la justice y était indépendante. Les décideurs politiques ont tendu à rendre la justice indépendante et ses décisions sont contestées, rendues par des magistrats qui seraient politisés et parfois même syndiqués, mais qui perdraient toute partialité en pénétrant dans un prétoire.
Dans l'affaire qui nous occupe,  je serais le dernier à nier que Nicolas Sarkozy  a un tropisme libyen des plus curieux qui, même si l'on oubliait ce financement présumé, serait plus que soupçonnable, un tropisme qui l'a fait envoyer une femme dont il était en train de divorcer sous la tente d'un violeur notoire et sous la protection de Claude Guéant (pardonnez le zeugma) pour négocier la libération des infirmières bulgares comme premier trophée de son élection, puis inviter ce dictateur à dresser sa tente sur les Champs-Élysées pour le réhabiliter à l'international avant de le liquider à l'appel de BHL qui connaissait des opposants à son "Petit livre vert", citoyens d'un pays  qui avaient droit à la démocratie, estimait le philosophe insomniaque. 
Mais la justice condamne un ancien président de la République pour "association de malfaiteurs" en l'absence de ce qu'Aristote appelait des "éléments de preuve" et qu'on pourrait tout simplement appeler des éléments matériels, avec une intention présumée  d'"intelligence" dealeuse "avec l'ennemi", aggravée de ce que l'ennemi serait un terroriste que les malfaiteurs associés ont voulu soudoyer pour qu'il les abonde en échange dune gratification réputationnelle qui a abouti à sa liquidation physique, alors que le tribunal n'a pu retenir les allégations d'enrichissement personnel ni même de corruption matérialisée, puisque la justice n'a pu retrouver l'argent que le pourvoyeur liquidé de liquidités a pu ou a dû donner auxdits malfaiteurs associés. L'élément matériel a disparu, mais les malfaiteurs doivent payer leur association indéniable par une peine d'amende allant jusqu'à leur retenue par corps. Et tant pis si cette dernière crée un précédent sur l'immunité présidentielle. Cette prétendue immunité est purement symbolique, mais la fonction est affaiblie et une autorité chargée d'appliquer la loi affaiblit sans vergogne une fonction politique. C'est la vengeance des "petits pois".
Petits pois d'autant plus suspects d'être susceptibles et vindicatifs qu'ils ne sont pas sans collusion avec la classe politique puisqu'ils y entrent et qu'ils en sortent, dévêtant l'hermine pour nouer l'écharpe selon qu'ils préfèrent juger au nom du peuple ou reprendre leur liberté de citoyen. Pour que l'indépendance de la justice devienne acceptable, il faudrait que les magistrats, qui déclinent toute responsabilité quant aux conséquences de leur jugement, acceptent cette ascèse monastique et soldatesque, en entrant dans la magistrature, de prêter serment qu'ils ne brigueront aucune fonction politique. Sans cela, l'indépendance de la justice n'est pas bordée et rien ne préserve de ses abus d'autorité. 

Vous nous vendez ici une justice pour l'exemple. La République serait irréprochable si les politiques palliaient la partialité judiciaire en n'étant ni ripous ni voyous, car ils se doivent d'être exemplaires et méritent donc d'être jugés pour l'exemple, je résume à peu près votre raisonnement. C'est à la fois le moins qu'on puisse exiger d'eux et beaucoup leur demander. C'est le moins qu'on puisse exiger d'eux, car même si l'on n'est pas robespierriste, tous les prétendants à la fonction politique, depuis saint Louis jusqu'aux lieutenants de la République vertueuse, ont prétendu exercer la fonction suprême au nom de la vertu et protégés par leurs vertus personnelles. C'est le moins qu'on puisse exiger d'eux, car autrefois, même les voyous avaient un code d'honneur, un code d'honneur qu'ils ont perdu. Tout est perdu, même le code d'honneur des voyous et des politiques. Et c'est beaucoup leur demander, car plus on a la main près de la caisse, plus l'argent nous brûle, nous-mêmes et tous nos obligés, nous-mêmes et les clients qui nous demandent rétribution pour services rendus. C'est beaucoup leur demander, comme c'est trop demander au citoyen au nom duquel jugent les magistrats de ne pas commenter une décision de justice, comme c'est trop demander à ceux qui portent toge, qu'ils soient magistrats ou professeurs, de rester neutres. La neutralité des docteurs qui enseignent du haut de leur chaire ou des censeurs qui jugent drapés derrière l'habit censé les transformer est impossible à obtenir de ces organes honorés par leurs fonctions, qui leur donnent une haute idée d'eux-mêmes en dépit qu'ils en aient, mais l'honneur des magistrats devrait les faire renoncer à tout mandat politique en entrant dans la magistrature.  Le danger de la collusion écarté excuserait leur partialité résiduelle. 

vendredi 12 septembre 2025

Philippe de Villiers et l'assassinat de Charlie Kirk

Après l’assassinat de Charlie Kirk, Philippe de Villiers résume ainsi son message : « Si vous délaissez le legs de vos souvenirs, vous allez fabriquer des zombies. Si vous délaissez votre art de vivre, vous allez fabriquer des goujats. Et si vous délaissez votre langue, vous allez fabriquer des barbares. » Ce serait le legs intellectuel de son combat contre le wokisme.

 

Enfant, j’avais anticipé le wokisme et je trouvais ça très bien ou au moins très compréhensible. J’avais anticipé un esclave que mon imagination avait appelé Garmand d’Alain, ancien esclave qui avait imaginé de réduire en esclavage ceux qui s’étaient autorisés à inférioriser leurs semblables.

 

Sarah Knaffo a comparé le refus de la minute de silence opposé par la gauche au Parlement européen en hommage à Charlie Kirk à ce qui s’était passé pour George Floyd : tout le monde s’était le vé pour George Floyd et avait même accepté de mettre un genou à terre, Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur de l’époque, compris. La gauche a refusé de se lever pour Charlie Kirk.

 

« Elon Musk a dit un mot que d’aucuns trouveront excessif : « La gauche, c’est le parti du meurtre. » La gauche est faustienne : « Je suis l’esprit qui toujours nie. » « La gauche, c’est le camp du bien », ajoute Villiers. Je n’aime pas cette formule, car on ne peut pas à la fois être « le camp du bien » et « l’esprit qui toujours nie. » La gauche fixe son adversaire : les staliniens inventent le mot « facho » et quand elle élimine un adversaire, c’est une mesure de prophylaxie morale. Carrieravait ce mot : « C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ses monstres. » Après l’assassinat de Charlie Kirk, la gauche jubile. Elle danse surson cadavre.

 

« Charlie avait une singularité que personne n’a relevée : il croyait à la paix, c’était un homme de dialogue. « Prouvez-moi que j’ai tort » était son slogan. Parce qu’il croyait au dialogue, il a été exécuté. » C’était surtout un métapoliticien qui a créé Candace Owens et pas mal d’autres influenceurs de la sphère MAGA, qui sont à l’intelligence ce que je suis à la cuisine ou à la plomberie.C’était un homme de dialogue qui n’avait ni les codes ni les arguments des universités dans lesquelles il s’invitait avec son approximation et son manque de rigueur, universités qu’il voulait convertir au trumpisme. Or Trump asphyxie les universités, leur coupe les vivre et aimerait bien les fermer.  Trump pousse un pas plus loin la politique de Jean-Michel Blanquer, ce ministre de l’Éducation, certes ancien recteur d’académie, mais surtout ancien directeur d’une école de commerce.

 

Charlie Kirk était un homme de dialogue approximatif et qui posait violemment ses affirmations. Sur ces deux points, je me reconnais en lui. Le dialogue a ses limites, je l’ai appris à mes dépens, car l’homme de dialogue se heurte le plus souvent à des interlocuteurs qui entrent en dialogue avec lui pour le convaincre, non pour le déplacer. Comme, à l’école de sainte Bernadette, jen’ai jamais eu le souci de convaincre, mon dialogue avec un islamiste a tourné court. Il voulait me convaincre et il était plus fort que moi. Philippe de Villiers dit que ce coup-ci, il pourrait dire : « Je suis Charlie. » Comme je n’aime pas les usurpations d’identité, je ne reprendrais pas cette formule à mon compte, mais à cette réserve d’identification-adhésion-gouroutisation près, je pourrais presque dire la même chose. Et pourtant je n’étais ni George Floyd devant qui la gauche et Christophe Castaner étaient prêts à se prosterner, ni Charlie dont je respecte le martyre des dessinateurs et des journalistes morts en responsabilité, mais qui étaient les grands noms du nihilisme européen, laïcards par anti-irréligion, mais qui n’avaient rien à opposer à l’islamisme qu’ils combattaient de toutes leurs forces.

Philippe de Villiers emploie enfin une belle formule qui peut nous enseigner sur l’hygiène mentale de la mémoire, qu’elle recouvre la mémoire historique d’une nation ou notre propre mémoire existentielle : « [Il ne faut pas avoir] l’amnésie des grandeurs et l’hypermnésie des lâchetés. » 

mardi 9 septembre 2025

Sébastien Lecornu, un Premier ministre pour quoi faire?

Les deux premières leçons que je tire de la nomination de Sébastien Lecornu sont que d'abord et que décidément, Emmanuel Macron ne sait cohabiter qu'avec lui-même. ET qu'ensuite, François Bayrou est un Premier ministre qui lui a fait perdre du temps, pour reprendre le titre d'un ouvrage consacré par Thomas Legrand, aujourd'hui dans la tourmente,  à Nicolas Sarkozy qui a créé Rachida Dati, l'ennemie qu'il a voulu faire choir et qui le désarçonne du cheval médiatique public qui l'a mis à pied pour lui ouvrir, peut-être, la voie d'un nouveau pantouflage dans le privé comme autrefois sur "RTL" du temps où il était de droite, comme le taclait Franz-Olivier Giesberg. Mais tout le monde pantoufle, a pantouflé ou pantouflera,  et va du public au privé et retour, c'est le sens de l'intérêt public de nos donneurs de leçon.

François Bayrou n'a-t-il vraiment servi à rien, sinon à se prouver à lui-même qu'il n'avait pas l'encolure qui eût permis à son destin de l'enfourcher comme un de ses purs-sangs? Reconnaissons-lui un mérite, y compris dans le fait qu'Emmanuel Macron se soit laissé tordre le bras pour le nommer: cela aura permis au président désavoué de réessayer de l'Ancien monde, celui qui coulait dans ses veines et dont il ne s'est jamais éloigné pour percer l'incognito et se poser en candidat antisystème, mais qu'il avait tenu à distance. Bayrou avait bau piaffer d'impatience devant ses interviewers tel un Mélenchon ripoliné par un peu de politesse bridant son côté caractériel, il savait parler au citoyen la belle langue d'autrefois qu'il ne maniait certes pas en brillant agrégé des Lettres classiques: il reconnaissait lui-même tout récemment "être un faux littéraire" qui "s'était intéressé toute sa vie aux chiffres", comme s'il avait préféré l'arithmétique à la littérature, matière trop subtile pour son esprit borné. Avec Bayrou, l'Ancien monde a fait son dernier tour de piste et puis s'en va, pour être remplacé par un Premier ministre de transition, non pas écologique, mais entre l'ancien monde et le nouveau, au parcours à la Rastignac sans la flamboyance d'arrivisme d'un Gabriel Attal qui estimait n'avoir qu'à claquer des doigts pour recevoir ses hochets, Sébastien Lecornu a adopté un plan de carrière plus classique: c'est un nouveau Rastignac à l'ancienne, qui laboure le terrain, avec une ambition forgée au creuset de la méritocratie parlementaire, au sens où il faut se farcir les élus locaux et les députés nationaux et où Lecornu se les est farcis pour devenir l'un des leurs avant de les cornaquer ou d'en être le cornard, puisque le leurre est dans le nom. 

À cet égard, ce détour biographique fourni par Mediapart est le bienvenu:

"militant de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) dès l’adolescence, Sébastien Lecornu n’a pas de métier." (Il n'a pas de métier comme Manuel Valls qui, licencié en histoire, n'a vécu que d'intrigues et de brigues.)  "C’est la politique qui le fait vivre depuis ses 19 ans, au fil d’un CV qui fleure bon le XXe siècle : assistant parlementaire, conseiller ministériel, maire, président de conseil départemental, sénateur, ministre…"

https://www.mediapart.fr/journal/politique/090925/lecornu-matignon-le-choix-de-la-deraison?utm_source=quotidienne-20250909-203617&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-quotidienne-20250909-203617&M_BT=717936880348


Comment l'opinion publique, à la veille d'un 10 septembre qui se promet de tout bloquer et de donner une seconde chance à la crise des Gilets jaunes, prendra-t-elle qu'Emanuel Macron ait choisi de nommer Premier ministre celui qui a fait sortir le pays de cette crise qui pouvait emporter le régime par la supercherie du Grand débat? 

Sébastien Lecornu devient donc Premier ministre pour permettre à Emmanuel Macron de cohabiter avec lui-même, mais au-delà, pour quoi faire? Sur tous les bancs de l'Assemblée nationale, on était d'accord sur un seul point: au début de son second quinquennat, Emmanuel Macron avait promis qu'il changerait de méthode. Gabriel Attal avait produit le discours pour l'incarner: "nous réunir, nous parler", préparer un pacte minimum de coalition pour tenir jusqu'à la fin du quinquennat et remettre à plus tard d'orienter moralement le pays. Yaël braun-Pivet se sentant pousser des ailes, s'était lancée dans une campagne effrénée pour incarner cette nouvelle méthode tant de fois promise. Outre celui d'être présidente de l'Assemblée nationale et d'avoir l'habitude de travailler avec tous les groupes parlementaires, elle jouissait d'un avantage qu'Emmanuel Macron a oublié depuis qu'il y a sacrifié en nommant Élisabeth Borne: elle était une femme et il faudra bientôt instaurer la parité dans les nomination de Premier ministre par un même président, ainsi ne sauraient manquer d'en décider les "chiennes de garde" (l'expression est peu galante, qu'elles m'en excusent!) du néo-féminisme qui "dégenre" les stéréotypes, mais réduit tout au genre nullement hermaphrodite qu'on a reçu à la naissance, être un homme ou une femme, peu importent les compétences. Or Emmanuel Macron n'aime guère les femmes. Elles ont avec lui une différence qu'il n'assume pas. Les femmes ne lui permettent pas de gouverner avec son semblable et Emmanuel Macron veut cohabiter avec lui-même. Il appelle Lecornu à son secours pour le libérer d'une nouvelle expérience féminine. Avec Brigitte, il a assez donné. Qui sera le fusible et qui le cocu pour autant qu'on puisse tromper loyalement celui ou celle qu'on épouse? N'en préjugeons pas.

La méthode théorisée par Gabriel Atal et que voulait incarner Yaël Braun-Pivet est reprise dans la feuille de route donnée par Emanuel Macron à Sébastien Lecornu: "Il l’a chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois.

A la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau Premier ministre de proposer un Gouvernement au Président de la République. " 

https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2025/09/09/le-president-de-la-republique-a-nomme-sebastien-lecornu-premier-ministre


Ça, c'est pour le hors d'oeuvre. "L’action du Premier ministre sera guidée par... le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle pour l’unité du pays. Le Président de la République est convaincu que sur ces bases une entente entre les forces politiques est possible dans le respect des convictions de chacun." 

Ça, c'est pour la cosmétique. 

Mais quel est le plat de résistance? Ce qui va guider l'action du Premier ministre est d'abord "la défense de notre indépendance et de notre puissance". Notre puissance, quelle puissance? Bref, notre Premier ministre gardera comme priorité le périmètre de son ministère ukrainien de la Défense au service de l'impuissance française à faire entendre sa voix "à l'international" ou à aligner un équilibre budgétaire à l'intérieur sans rogner sur la paix des ménages, tout en augmentant les dépenses militaires d'une armée exsangue au service de l'Ukraine, de l'Union européenne et d'une désapprobation toute verbale du génocide palestinien perpétré par le gouvernement Netanyahou. Voilà quel me semble être le périmètre d'action de notre nouveau Premier ministre. La feuille de route est réjouissante et promet des lendemains qui chantent la fleur au bout du drone. Ah, les guerriers d'opérette sont des fous bien dangereux. 

lundi 8 septembre 2025

François Bayrou n'a pas gravi l'Himalaya

François Bayrou n'a pas voulu gravir l'Himalaya. L'Himalaya, il l'a décrit au début de son discours sur les "questions historiques" qui concernent "non pas les adultes qui se disputent tout le temps, mais les enfants et le monde que nous leur construisons" en décidant "des questions pour demain qui se règlent aujourd'hui."

Il n'a pas voulu rattraper notre "retard de production" par rapport à "la Belgique et aux Pays-Bas". Il n'a pas voulu comme il n'avait pas su le faire quand il en était le ministre entre 1993 et 1997, redresser "le problème de l'éducation nationale" qui se pose "parallèlement, mais pas sans lien", avec ce retard, accusant une baisse de la "maîtrise des fondamentaux", la perte de rayonnement de "nos lycées et de nos universités" et des "difficultés sur l'orientation trop précoce, trop angoissante, trop mécanique et n'assurant pas la promesse républicaine "égalité des chances" d'où qu'on vienne et s'il le faut deuxième chance et encore troisième chance". Cette crise de l'orientation affecte la baisse de la production, car il faudra bien clarifier un jour la part que l'on accorde au désir de l'élève et aux débouchés que peut rencontrer ce désir dans les besoins de la nation. 

Il n'a pas voulu s'attaquer au modèle social, à la crise du logement, à la crise écologique, à la crise de la "sécurité et de la justice", "les deux phases de notre premier devoir d'état". Il a baissé les bras devant "la question que les migrations posent à notre pays et à nos sociétés, liées aux différences de développement, à la misère chez les uns avec une démographie expansive, à l'abondance chez les autres avec une population déclinante". Il s'est senti dépassé par "l'aménagement du territoire dans l'hexagone" et les "déséquilibres entre les métropoles et les nouveaux déserts français". Il s'est  saisi de la question des outre-mers, mais en la confiant à Manuel Valls, il ne pouvait que les brader et les abandonner. De l'inconvénient d'avoir un gouvernement de poids lourds!  

Il a décrit l'Himalaya, mais n'a pas voulu le gravir. Il n'a pas voulu demeurer le maître d'oeuvre de cette "magnifique cathédrale à reconstruire pour un peuple qui le mérite", dont il a pourtant passé cinquante ans à échafauder les plans, même au commissariat au plan. À quoi auront donc servi ces cinquante ans de ministère de la parole? 

Dans l'exercice du pouvoir, il n'a pris que "six mesures législatives dont trois sur les outre-mers", aux dires de Marine Le Pen. Il n'a pas imposé le scrutin proportionnel, mais a réformé celui dit du PLM relatif à l'élection municipal dans les trois plus grandes villes de France. Il n'a pas mené à son terme la réforme de l'audiovisuel public chère à Rachida Dati et qui lui a valu les foudres de Thomas Legrand et de Patrick Coehn. Il a scindé la loi "fin de vie" en deux textes dont la discussion est à nouveau abandonnée en rase campagne. Tant mieux, diront ses opposants. Il n'a pas supprimé les agences dont l'accumulation fait perdre 80 milliards à l'Étatpays. Il ne s'est pas attaqué aux doublons qu'il dénonce depuis 2002 et qui, depuis sont devenus des triplés, des quadruplés et un palimpseste administratif. Il s'est contenté de répéter quelle voie d'économie ce serait de faire le ménage dans ce maquis bureaucratique. Il a envisagé du bout des lèvres de taxer un peu plus les riches de crainte de se faire retoquer par le Conseil constitutionnel sil voulait comme François Hollande  les taxer à 75 % sans en avertir Jérôme Cahuzac, le référent budgétaire de sa campagne présidentielle, pris de court, avant, ministre du budget, d'être pris en flagrant délit de fraude et d'évasion fiscale. 

Bref, François Bayrou na pas, il n'a pas, et il a pris prétexte pour ne pas... que le pays de la gréviculture était grevé par une montagne de dettes sur laquelle il aurait été le seul à alerter; et comme le diagnostic n'était pas partagé, non quant au constat, mais quant à la manière d'affecter la charge de la dette qui faisait perdre sa souveraineté à la France -la dette et les marchés, mais pas l'Union européenne, son absence de protection et de préférence communautaire, son marché unique et sa concurrence libre et non faussée-,  le Palois a mieux aimé s'en aller que s'empaler plein d'engelures sur les roches de l'Himalaya. 

Il s'est démultiplié de commentateur souvent interviewé dans des échanges tendus par l'audiovisuel public et privé dont il déplorait la concentration du pouvoir, en youtubeur monologuant sans influence, car le pouvoir n'est pas d'influence, bien que le futur ancien Premier ministre aui avait forcé la main d'Emmanuel Macron pour le devenir ait souvent assuré ne pas aimer le passage en force.  Il s'est vanté d'avoir réinstauré un dialogue démocratique en parfaite "transparence entre les citoyens", mais sans arriver à aucune solution parce que le propre de sa pratique  de la discussion démocratique était d'imposer son diagnostic, mais de ne pas plus répondre à la lettre de Marine Le Pen ou aux avances des socialistes qu'aux alertes sur Bétharam. Une démocratie qui répond aux citoyens comme s'ils étaient des abonnés absents pèche par immétodisme. François Bayrou est tombé à défaut de méthode et sur un tempérament démissionnaire qu'on lui soupçonnait, mais dont on n'imaginait pas que c'était la raison pour laquelle il différait d'accomplir ce destin à la Mendès ou à la de Gaulle qui lui aurait été prédit par la Vierge Marie comme Jean Guitton entretenait Jacques Chirac (rapporte Bernard Billaud, et c'était la mythologie du RPR que de le croire)  dans l'illusion qu'il avait un grand destin providentiel pour redresser la France. François Bayrou a glissé sur cette fuite mortuaire en cédant à la tentation de Venise et du repli sur Pau. Il a lâché la corde au moment de commencer l'escalade. On ne peut que regretter ce gâchis et cette victoire de la "pulsion de mort" chez cet homme qui n'était pas sans morgue, mais qui était incomparablement moins méprisant qu'Emmanuel Macron vis-à-viis de ce peuple qu'il ne comprend pas, n'aime pas  et dirige mal depuis huit ans qu'il préside à ses destinées. 

samedi 6 septembre 2025

Le trépied plus un de la religion

Quel est le trépied plus un de la religion ?

Comme le disent Jean-Bertrand Pontalis et Jean Laplanche dans leur Dictionnaire du vocabulaire de la psycanalyse, la religion repose, comme la paranoïa, sur un "délire de référence", non pas délire au sens psychiatrique, mais délire parce qu'on ne peut pas vérifier les affirmations de la religion. La religion, surtout dans l’islam, met des noms de personnages bibliques sur le dieu des philosophes. Mohamed a existé, c'est sûr, il a entraîné des tas de gens, les siens,  dans la guerre. « Ne mettez jamais la main sur un fusil, Gandhy Lutherking et Jésus-Christ », écoutez ça, ça fleure bon les Seventies.

 

https://www.youtube.com/watch?v=CWUiZQgJV1I

 

Mohamed, chef de guerre, a existé, il n’a fait que trop de razzias. Jésus a existé, c'est moins vérifiable. Peu de gens sont là pour attester de lexistence de ce rabby qui aimait bien semer le trouble autant que le Royaume de Dieu. Faut-il en conclure comme Michel Onfray que c'était "un personnage conceptuel"?  Et pourquoi pas ? Mais ça scandalise la bien-pensance catholique, pas moi. On peut vivre une vie spirituelle allégorique intéressante avec un personnage conceptuel. Car qui a commencé, de la poule ou de l’œuf ?Pas vrai, #GrettaRose? On en a parlé dans ta voiture il y a plus d'une dizaine d'années en allant voir Franck à Montligeon, on n'en est pas morts.Franck dont tu disais que c’était un personnage du XVIIIIème siècle au génie mozartien, perdu dans un XXIème siècle qui ne pouvait absolument pas le comprendre. Comme tu avais Raison !

Donc "élire de référence" à la base, mais au sens propre, au sens littéral du mot délire, récit invérifiable qui constitue toute révélation religieuse. Et puis mythologisation de ce "délire". Mais mythologisation au sens fort et au sens plein. Ce délire devient mythologie, au sens jungien popularisé pour moi par Annick de Souzenelle, où le mythe ressortit certes à l’imaginaire, mais ravivé, vivant et présent, exactement comme le raconte Platon dans la République, où il a l’intuition du monothéisme, mais ne réfute pas l’épopée des Grecs, où il dit même qu’il faut la jouer pour susciter la terreur et la pitié, mais presque qu’il faut aussi l’interpréter au gymnase, parce que c’est ça qui va faire des hommes de ces jeunes citoyens des classes privilégiées de la cité antique.

 

Donc délire et mythologie. Pour en arriver au symbolisme. Le symbolisme, c’est ce qui fait du mythe une allégorie et ça, c’est magnifique. Il faut faire du bon symbolique et tout le monde ne sait pas le faire. Pour ça, il y a le rite et il faut être un peu à cheval sur le rite.  Mais le symbole se ramasse à l’appel, car on a tellement besoin de lui pour se rassembler, pour se réunifier, pour se recentrer sur soi-même, au-delà de ce qu’il représente en termes de foi (cf. le Symbole des apôtres), qu’il n’y a pas besoin de le chercher très loin.

 

Et puis il y a le plus un. Ce plus un n’est pas la vérité, mais s’appelle la réalité. De la réalité, on croirait pouvoir dire qu’elle est raisonnable, mais justement non. Ou justement elle ne se réduit pas à ça, à son caractère éventuellement raisonnable et c’est un raisonneur qui le dit. Laréalité philosophique doit faire dialoguer la raison philosophique avec l’imaginaire délirant, mythologique et symbolique, avec « la folle du logis », car en fait, l’homme est un animal pas tellement raisonnable et apparemment, ce serait le seul qui aurait l’idée du religieux, mais aussi de la philosophie. Sachant que la religion naît de la peur et la philosophie d’une césure émancipatrice. Moi, je suis un croyant allégorique, terriblement porté sur le rationalisme, en quoi je suis occidental et j’en suis fier, même si je le regrette un peu des fois.Cematin, une petite jeune fille, préparatrice en pharmacie, est venue m’apporter des médicaments pour ma maman. Elle m’a expliqué qu’en Arabe, son prénom signifiat Douceur et qu’elle allait se marier à un Sahif, dont le prénom signifie Soleil. La Douceur va donc se rapprocher du Soleil. Pas du tout comme la lucidité que le soleil congèle et congédie. Ben voilà.Voilà la religion. Elle représente les fiançailles de la douceur et du soleil