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jeudi 27 mars 2025

La protection de l'enfance

Quant aux enfants, « le Figaro » nous apprend que le nombre des enfants placés en vingt ans a cru de 40 %. Ce n’est pas un bon signe pour la société française, identifie le quotidien du matin. Ni cela, ni le fait que les enfants de France semblent frappés d’une épidémie d’hyperactivité et de troubles de l’attention, de TDH ou de traits autistiques si difficiles à diagnostiquer qu’on les appelle TSA et que l’autisme est devenu un spectre. (Cela dit, je préfère les spectres en psychiatrieà des assignations à résidence auxquelles on condamne les malades à vie.) Il y a vingt ans, une médium assez barrée d’ »Ici et maintenant » Monique Guérin, nous promettait des « enfants indigos » pour cette génération. Comme ils sont enfermés dans la coquille et dans le carcan d’un système scolaire qui n’a aucune intention de les comprendre ni de s’adapter à eux, les éduque au moins-disant et ne leur inculque que « la prévention des conduites à risques », leur agressivité se développe en réaction à ce système et leurs traits autistiques sont peut-être le versant incarcéré de cette épidémie d’inadaptation sociale et dintelligence allant trop vite et trop impérieusement droit au but. Robert Kennedy junior me semble dire quelque chose dejuste, non pas quand il affirme que les vaccins ont fait croître l’autisme dans des proportions hallucinantes (la modification génétique qu’a sans doute exercée ces vaccins n’a pas eu le temps de se révéler), mais que ce phénomène qui frappe près d’un enfant sur quatre, si je ne donne pas des chiffres fantaisistes, et fatigue des parents qui ne savent plus comment réagir tout en restant d’une incroyable patience, ce qui est un des facteurs expliquant l’accroissement du noombre de placements en masse, est un des traits majeurs et tus de l’évolution des générations, auquel il faut ajouter, last but sadest, le fait que la mortalité infantile, cet « indicateur fétiche » d’Emmanuel Todd, ait cru en France de 3,7 à 4,1 pour mille. Or le démographe a observé que la mortalité infantile était un des indices presque toujours certains de déperdition pour ne pas dire de décadence très profonde d’une société. Déperdition au sens de déperdition de l’énergie, car « la mortalité infantile était très faible sous Staline », et décadence comme perte des valeurs qui font qu’à la fois on ne veut plus faire denfants, on ne sait plus comment les faire, on n’a pas envie de les mettre au monde pour qu’au choix ils accroissent la charge de la terre ou soient désespérés, ou on n’a plus l’énergie de cette abnégation : « La mortalité infantile est passée en Russie sous la mortalité infantile américaine », a-t-il noté, voyant là un des facteurs de prévisibilité de sa défaite de l’Occident.

 

 

Et quant aux enfants, « le Figaro » nous apprend que le nombre des enfants placés en vingt ans a cru de 40 %. Ce n’est pas un bon signe pour la société française, identifie le quotidien du matin. Ni cela, ni le fait que les enfants de France semblent frappés d’une épidémie d’hyperactivité et de troubles de l’attention, de TDH ou de traits autistiques si difficiles à diagnostiquer qu’on les appelle TSA et que l’autisme est devenu un spectre. (Cela dit, je préfère les spectres en psychiatrieà des assignations à résidence auxquelles on condamne les malades à vie.) Il y a vingt ans, une médium assez barrée d’ »Ici et maintenant » Monique Guérin, nous promettait des « enfants indigos » pour cette génération. Comme ils sont enfermés dans la coquille et dans le carcan d’un système scolaire qui n’a aucune intention de les comprendre ni de s’adapter à eux, les éduque au moins-disant et ne leur inculque que « la prévention des conduites à risques », leur agressivité se développe en réaction à ce système et leurs traits autistiques sont peut-être le versant incarcéré de cette épidémie d’inadaptation sociale et dintelligence allant trop vite et trop impérieusement droit au but. Robert Kennedy junior me semble dire quelque chose dejuste, non pas quand il affirme que les vaccins ont fait croître l’autisme dans des proportions hallucinantes (la modification génétique qu’a sans doute exercée ces vaccins n’a pas eu le temps de se révéler), mais que ce phénomène qui frappe près d’un enfant sur quatre, si je ne donne pas des chiffres fantaisistes, et fatigue des parents qui ne savent plus comment réagir tout en restant d’une incroyable patience, ce qui est un des facteurs expliquant l’accroissement du noombre de placements en masse, est un des traits majeurs et tus de l’évolution des générations, auquel il faut ajouter, last but sadest, le fait que la mortalité infantile, cet « indicateur fétiche » d’Emmanuel Todd, ait cru en France de 3,7 à 4,1 pour mille. Or le démographe a observé que la mortalité infantile était un des indices presque toujours certains de déperdition pour ne pas dire de décadence très profonde d’une société. Déperdition au sens de déperdition de l’énergie, car « la mortalité infantile était très faible sous Staline », et décadence comme perte des valeurs qui font qu’à la fois on ne veut plus faire denfants, on ne sait plus comment les faire, on n’a pas envie de les mettre au monde pour qu’au choix ils accroissent la charge de la terre ou soient désespérés, ou on n’a plus l’énergie de cette abnégation : « La mortalité infantile est passée en Russie sous la mortalité infantile américaine », a-t-il noté, voyant là un des facteurs de prévisibilité de sa défaite de l’Occident.

 

Les parents qui veulent encore faire des enfants ne savent plus les élever, car ils tombent en adoration devant eux et en font des « enfants rois ». Les enfants n’ont pas à tomber en adoration devant leurs enfants, ils doivent les élever. Aujourd’hui les enfants ont fait leur et de bonne heure la question de l’anarchiste qu’ils posent sans ambages à leurs parents : « Qui t’a fait roi sur moi ? » et le père – celui qui dit la loi, surtout à son fils. À sa fillec’est plus difficile, il en a fait sa reine : le père est au moins autant amoureux de sa fille que la fille de son père –devrait lui répondre : « Cela ne te regarde pas », non pas pour conserver son statut de patriarche et son ascendant sur son enfant, mais pour le bien de l’enfant, dans l’intérêt de l’enfant, pour lélever.

  

jeudi 20 mars 2025

L'avenir européen de l'Ukraine et de la Russie

Discussion hier avec un ami dont, ne sachant pas s’il souhaite être cité, je tairai le nom à moins qu’il ne se nomme lui-même. Il me demandait raison, pour simplifier, de mon parti pris pacifiste et par ricochet poutiniste par la force de la loi qui veut que nos moins pires ennemis sont nos amis tactiques ou stratégiques d'un moment puisque nous partageons provisoirement le même but de guerre oudans mon cas de paix. Il m’a poussé dans mes retranchements et nous avons eu une bonne discussion. Lui croit à la menace russepuisque ce sont les services secrets qui le disent. Moi, je crois à la Russie éternelle, éternellement menaçante et je n’identifie pas de menace russe plus forte aujourd’hui qu’elle l’a toujours été et le sera toujours. 



La politique trumpiste est une grande inconnuemarquée du sceau de l’imprévisible. Trump est à la main de Poutine et Poutine n’est pas à la main de Trump malgré ses foucades qui se sont avérées ce qu’elles étaient, incapables de résoudre en vingt-quatre heures un conflit qui, lui président, ne se serait pas ouvert, tant Poutine n’aurait rien osé prendreà Trump comme (sic) « il a pris la Géorgie à Obama et l’Ukraine à Biden » et non aux Géorgiens ou aux Ukrainiens. 


Le projet civilisationnel de Poutine se limite à vouloir reconstituer l’aire russe. « Ce qui veut dire que, sous prétexte qu’il y aurait des russophones dans un pays, on serait condamné à laisser Poutine envahir ce pays ? » C’est la limite de mon pacifisme et c’est en effet le point commun que Poutine a avec Hitler, sauf que lui était un envahisseur force-né, qui envahissait moins pour reconstituer une Germanie fantasmée que par goût de la guerre totale. La limite qu’on devait opposer à Hitler était la Pologne et en cela, les anti-Munichois avaient raison. Je prétends que la limite qu’on doit opposer à la Russie est la même, mais pas les pays Baltes, dont il n’est pas tout à fait à exclure que Poutine veuille les envahir, la vraie question étant : quelle réponse internationale concertée, donc onusienne et issue d’une ONU qui se comporte en vraie démocratie des nations, sans membre peermanent au Conseil de sécurité créant un pôle dictatorial dans cette démocratie des nations, doit-on opposer à Poutine pour qu’il cesse ses menées invasives ? 


Cette réponse n’est certainement pas belliciste et belligène et ne repose pas sur l’inflation de l’armement européen. Comment la même Europe qui n’aimait pas la guerre des étoiles de Reagan qui s’en est pourtant servi comme un levier pour se débarrasser du soviétisme, trouverait-elle  dans cette résurgence anachronique du reaganisme une réponse adaptée à la situation internationale qui colle notre nez au guidon ? 


La réponse n’est pas dans l’’armement européen, mais il faut pourtant une réponse, même si je n’ai pas réponse à tout.  Mon ami me force à en inventer une dans l’urgence de la conversation, sans quoi je ne serais qu’un bau parleur. Et soudain je trouve ceci : « Tu te rappelles qu’à Mastricht, Mitterrand et Kohl parlaient d’élargissement européen en ayant en point de mire l’intégration de la Russie, que cette intégration se fasse directement dans la confédération européenne ou prenne la forme de coopérations renforcées. Tu conviens toi-même que nous avons très mal négocié le respect du peuple russe après le traumatisme soviétique consécuutif à la chute du mur de Berlin." Jepense que nous aurions dû dissoudre l’OTAN en même temps que se dissolvait le pacte de Varsovie, mais nous n’avons pas abordé cela dans la conversation. « Cette page est tournée, me dis-tu, et ce qui est raté est raté. Et pourquoi donc ? D’abord je pense qu’une page ne se tourne jamais. Si nous voulions sortir de l’antagonisme par le haut, plutôt que de menacer « en Européens » (selon la nouvelle sémantique de Macron, donc comme il dit) la Russie contre laquelle nous ne ferions pas le poids, nous pourrions raviver cette proposition qui était la fine pointe, car la pointe utopique de Masstricht, et proposer à la Russie et à l’Ukraine d’intégrer notre espace européen commun. Qui peut prétendre que Vladimir Poutine ne l’accepterait pas, en l’état où en sont venues les choses ? Je raisonne peut-être en diplomate du café du commerce, mais la diplomatie, ce n’est pas jeter de l’huile sur le feu, c’est chercher et trouver des solutions constructives.« 

 

Nous sommes sortis tous les deux contents de la discussion. « De la discussion jailit la lumière » est un adage que j’aime bien répéter. « Mais elle est devenue très difficile dans ce qu’est devenue notre démocratie. » « Parce que tout le monde croit que la démocratie est un combat de coqs où quelqu’un doit absolument l’emporter et que l’autre n’est guidé que par la certitude d’avoir raison et d’imposer sa conviction à son contradicteur. Moi, je me fiche d’avoir raison. J’ai à cœur de dire ce que je pense et de tenir à ce que je pense. Cela me suffit largement. La démocratie n’est pas la victoire de l’un contre l’autre puisqu’on ne l’emporte jamais que provisoirement, mais une conversation parfois polémique, car on tient à ce qu’on pense, où l’on cherche la vérité. »

  

mardi 11 mars 2025

La fenêtre d'Obertone

Je croyais que la fenêtre d’Obertone était la fenêtre de Laurent Obertone qui n’a pas donné son nom à cette fenêtre, mais  a choisi ce nom en fonction de cette fenêtre, même s’il a ouvert cette fenêtre en jetant de l’huile sur le feu, avec sa France orange mécanique, comme le fait « CNews » du matin au soir. »France inter » a consacré hier une émission à la fenêtre d’Obertone. Elle désigne la réflexion d’un lobbyiste qui s’est penché sur l’acceptabilité des idées pour donner plus de visibilité aux siennes.

« Le seul fait qu’on puisse en débattre rend une idée acceptable », constate-t--il. Selon moi, il ne devrait pas y avoir de débat interdit en démocratie.

Plus que de fenêtre, il faudrait parler d’échelle. Avant d’être acceptée, une idée gravit une échelle qui monte du scandale qu’elle provoque à la banalité, en passant par tous les espaliers intermédiaires.

« France inter » avait invité un sociologue qui voulait écrire un livre sur la fenêtre d’Obertone, mais fut bloqué dans son travail, car il ne parvenait pas à trouver comment la fermer. Pour « France inter » et ceux qui sont invitées sur cette station de service public (loin de moi de vouloir la « basher » comme les Gilles-William Goldnadel et autres apprentis-sorciers deCauseur), les idées qui n’auraient jamais dû être acceptées concernent la banalisation de la xénophobie chère au RN et avant cela les idées qui voudraient réguler l’immigration ou sous-tendraient implicitement ou explicitement comme Bruno Retailleau, à ne pas convenir comme autrefois Bernard Stasi, qu’elle est systématiquement une chance pour la france.

Une de mes amies pseudonomysée Régane, avait écrit un livre, Sa sœur, dont le passage le plus poétiquement sublime s’intitulait la Faim en état de synthèse, mais dont le principal intérêt sociologique consistait selon moi  à montrer quelque chose que j’avais connu dans mon enfance, bien que l’auteure provînt d’un milieu plus huppé, à savoir qu’entre la poire et le fromage, la bourgeoisie convenait qu’il y avait des faux chômeurs qui profitaient du système. Cete idée a passé la fenêtre d’Obertone jusqu’à la direction de France travail où on passe désormais son temps à traquer les faux chômeurs, ceux qui ne recherchent pas activement un emploi et ne sont pas convaincus que le travail n’est pas une émancipation, mais au mieux une occupation alimentaire et au pire un esclavage, quand ce qu’on fait ne nous intéresse pas.

Les médias sont très prééoccupés par l’éventualité que le RN qui n’a plus aucun contenu idéologique puisse un jour siéger à la tête de la France. Or l’idée qui est en train de passer la fenêtre d’Oberrtone est que peu importent les événements qui peuvent justifier l’escalade qui fit entrer notamment l’Europe dans la Première guerre mondiale dont la suivante fut la conséquence, »la Russie est devenue une menace pour la France et l’Europe » et il faut envisager de faire la guerre à la Russie, même si peu importe que les populations européennes soient en voie de paupérisation : il faut réarmer l’Europe jusqu’à la guerre des étoiles au moment où les États-Unis, non pas se pacifient, mais sont dans des logiques de conflits plus localisés et veulent éviter la guerre mondiale, quels que soient les défauts et la vulgarité de Donald Trump. 

vendredi 7 mars 2025

Jean-FrançoisColosimo ou la liberté de l'analyse... iconoclaste

Jean-François Colosimo : « Le pape François institue l’état d’urgence permanent »

 

Quand j'écoute opiner et phosphorer Jean-François Colo            simo sur bien des forumset analyser l’actualité sur bien des plateaux, je me demande toujours où est vraiment cet homme et quelle est non pas sa colonne vertébrale, mais son idée fixe, principale, directrice. Cet article du « Point » va-t-il m’en apprendre plus sur lui ? Et si j’analyse l’homme d’un point de vue médiologique pour parler cuistrement comme si j’étais un spécialiste des schémas d’analyse et de la pensée de Régis Debray, l’homme des jeux de mots, du Sentier lumineux, des dynasties bourgeoises et de Dieu, un itinéraire, je me demande pourquoil’ordre des prêcheurs lui a confié la direction des éditions du Cerf. Pourquoi n’ai-je pas posé la question au frère Éric de Clermont-Tonnerre que j’ai pourtant eu la chance et l’occasion de rencontrer quand j’étais formé par lui et d’autres au sein de l’École de prédication que ce spécialiste de l’homéleutique  fonda avec quelques autres ?

 

Mais c’est Jean-François Colosimo qui commence par analyser. Et par analyser le pontificat de François : « Le pontificat de François est à la fois de suture et de rupture. De suture, car il parachève la réception de Vatican II en redoublant la priorité accordée par le concile aux pauvres et aux périphéries. »

Les pauvres étaient-ils vraiment la priorité du Concile Vatican II ? Descendre de leur piédestal était la priorité de prêtres qui voulaient « décléricaliser » le modèle sacerdotal, sous l’influence de dom Elder Kamara et pour employer un vocabulaire cher à françois. »Les périphéries » étaient la priorité du Concile en ce sens que cette assemblée d’évêques a voulu s’adresser à elles en cessant de leur jeter l’anathème. Les Pères conciliaires ont voulu s’adresser aux gens considérés comme hors de l’Églisecomme à des pairs.

« De rupture, ce pontificat, parce qu'il inaugure un exercice de la papauté fondé sur une immédiateté, simplicité et proximité radicales. »

Benoît XVI a commencé à débreefer ses voyages dans son avion de retour au risque de faire des gaffes et François est allé très loin dans la liberté de l’interview.

«  De Benoît XVI, on se souviendra de la renonciation et de François, de l'apparition. » « Bona sera ! Et Pascale Clarck de commenter le « bon appétit ! » de son premier angélus du dimanche suivant : «Roger vous offre l’apéro et François vous souhaite bon appétit. »

Quant à Benoît XVI, ce pape qui n’a jamais trouvé ses marques, je me souviens d’Anne-Lise, cette candide au pays du catholicisme, allant assister à la canonisation de son ancêtre pour faire plaisir à sa grand-mère et voyant ce pape enféré dans ses fanfreluches et à qui on devait tout apporter, le caricatura ainsi :

« Un pape qui se prend pour un roi ! »

 

Journal d'Anne-Lise, invitée à la canonisation de son ancêtre au Vatican. | France Inter

 

» [François] restera comme le premier pape non-européen depuis le VIIIe siècle, marquant le basculement du centre de gravité de l'Église catholique du Nord au Sud. »

Il était temps.

 

« François n’a pas révolutionné la doctrine mais modifié la méthode. »Dire cela, c’est en faire un pape qui abandonne la scolastique pour épouser une sorte de carthésianisme fraternel ou bienveillant, qui ne doit pas rester que d’affichage. La scolastique, c’était un discours sans méthode qui prétendait, comme les théologies naturelles antécédentes, rendre compte de l’univers. Le Discours de la méthode de Descartes renverse la charge des priorités. Priorité à la méthode et tant pis pourl’univers. Priorité aussi au discours avec une méfiance pour le langage !

« [François] a inversé le schéma de la confrontation entre l'Église et le monde : la miséricorde de l'accueil doit précéder l'attestation de la vérité, la première devenant la condition de la seconde.

 

« Chaque pape imprime son style sur les relations internationales. Celui de François se fonde sur le lien personnel et direct avec les dirigeants mondiaux : il les interpelle et les tutoie comme s'il les recevait à confesse, et eux sont comme ramenés à leur limitation lorsqu'au détour d'une phrase il se métamorphose soudainement en pasteur universel du troupeau humain. »

François tutoie les dirigeants du monde au risque de la mondanité spirituelle. Il les tutoie comme il tutoie tout le monde au risque de faire croire à un « toulemondisme » démagogique où, en réalité, le pape dit à tout le monde ce que les dirigeants du monde ont envie d’entendreconfesser de sa bouche.

 

« François va laisser une Église [en] vaste chantier. » La modification de sens éventuel de l’appréciation de l’analyste est entre [mes] crochets. Ou, pour le dire en utilisant la question du journaliste Jérôme Cordelier qui interviewe notre analyste, François a fracturé l’Église comme un chef de chantier creuse des tranchées.

 

Et voici que succède une belle formule de Jean-François Colosimo invité à se rapprocher de lui-même pour nous en dire pluset se confier : « Dans le christianisme, il n'y a que des convertis. On ne choisit pas le verbe qui a pris chair, on le rencontre. Et sur la croix en gage de la résurrection. La métanoïa, le « renversement » dans le grec de l'Évangile, s'oppose à la paranoïa, le délire proprement infernal de l'autosuffisance, la croyance bête comme l'est le diable de se prendre pour un dieu. »

 

Mais le Dieu de Jésus-Christ n’est pas seulement celui des « perdants de l’histoire », comme le voudrait la kénose souffreteuse d’un Occident décadent. C’est aussi « la Providence de l’histoire » d’un Bossuet qui le remet au centre du jeu et qui nous rend respectables par cette autre périphérie du christianisme qu’est l’islam, si nous Le confessons autrement que comme un aveu de faiblesse. La « folie de la Croix » n’a rien d’une abdication nihiliste a priori.

« La vie du monde ne repose pas sur l’action de beaucoup, mais sur la contemplation de peu ». Donc elle ne repose certainement pas sur ce commentaire ni sur ceux, pléthoriques, de Jean-François Colosimo décryptant l’actualité du monde. L’actualité n’est qu’un présent sélectionné, revenons vers l’inactuel anhistorique ! Il n’est pas sûr qu’il n’y ait pas, dans ce déjugement, le désengagement de la contemplation nécessaire à la réconciliation qui nous fait défaut.

 

« Qu'est-ce que le miraculeux ?

Concevoir chaque individu qui s'avance devant vous comme une épiphanie invitant à la communion. »

Et non pas, comme je l’ai fait si longtemps, l’appréhender avec crainte comme le danger d’une contamination démoniaque. Ici me revient cette parole de mgr Gaillot proférée sur Radio ici et maintenant, radio on ne peut plus périphérique parce qu’associative, originale  et marginale, parole qui a définitivement changé mon appréhension de la rencontre : « Quand on a peur, on n’est pas libre et quand on est libre, ça fait peur ! » « Laissez passer l’homme libre », disait le frère Luc incarné par Michaël Lonsdale dans des Vivants et des dieux.

J’ai dit, à deux jours de sa mort, à un prêtre qui avait la même voix que Michaël Lonsdale et qui, en dix ans, était devenu un « homme libre » qu’il aurait pu prononcer cette parole du frère Luc. Et ce prêtre de me répondre : « C’est incroyable que vous me disiez cela parce qu’à l’instant même où vous me le dites, je vois physiquement Michaël Lonsdale passer sous mes fenêtres pour aller déjeuner au Vauban. (Il avait fini ses jours comme aumônier des Petites sœurs des pauvres, avenue de Breteuil.)

Le miracle de la rencontre, le fin mot des surréalistes, Dieu comme j’y crois ! Et quand on se rencontre sans se juger ni même anticiper de transformation souhaitable ou nécessaire, le miracle de la conversion peut se produire. Ce toucher du salut est, à l’échelle individuelle et personnelle, le plus beau miracle qui soit.

Et de ce miracle on passe au témoignage. Il y a une sainteté du pauvre par identification du Christ qui transfère Sa Personne dans la sienne. Mais mon regard peut aussi sanctifier celui que je rencontre : « La manière dont, au sens propre, je vous envisage vous dit quelle est pour moi la face de Dieu. » C’est on ne peut plus levinassien.

 

  

jeudi 6 mars 2025

L'hystérie de la nouvelle course aux armements

"Maintenant que la nécessité d’un réarmement massif est posée" ("la Lettre du Figaro"), est posée par qui, pourquoi, en fonction de quelle hystérie collective qui, tout à coup, de façon concertée ou déconcertante, pique l’intégralité du monde politique international en prenant les populations à revers ?

 

L’Europe de la défense est censée s’imposer parce que « la Russie serait devenue une menace pour la France et pour l’Europe » sous prétexte que Sylvester Stalone veut signer la paix avec le Staline pragmatique et trop froid pour mettre le monde à feu et à sang ?

 

Revoilà la course aux armements, mais sans guerre idéologique, sous prétexte que l’inéluctable est arrivé : l’Ukraine n’a pas remporté une guerre perdue d’avance face à son agresseur, qui a fait un coup de poker en l’agressant au risque de se mettre à dos toutes les grandes puissances du monde (entendre par là les puissances pesant le plus symboliquement, l’Amérique et l’Europe pesant plus que la Chine). Mais voilà que la démocratie américaine tombe ouvertement dans le suprématisme décomplexé, ce qu’autrefois on appelait l’impérialisme, sans pouvoir vraiment documenter ce qui se sédimentait sous cette suspicion de désir hégémonique.

 

L’Ukraine joue un incompréhensible double jeu : ell se montre capitularde face au « roi des capitalistes » qui veut lui piller sa souveraineté économique alors qu’elle s’accroche à un fantôme de souveraineté politique qu’elle refuse d’abdiquer en faveur de la Russie. Elle se montre capitularde face à Trump et va-t-en-guerre face à l’Europe qui ne lui demande aucune contrepartie, face à l’Europe exsangue qui ne sait pas comment, endettée jusqu’au cou, elle va financer sa nouvelle danseuse meurtrière, mais qui compte sur la docilité de ses concitoyens à qui on refait le coup de la panne et le coup de la peur pour, du moment que la menace plane sur ce qui n’a jamais été menacé, taire toute velléité de contester la pertinence des obsessions hystériques et provisoires de nos despotes forcément éclairés puisqu’ils sont à la tête des grandes démocraties mondiales… 

lundi 3 mars 2025

Considérations impériales

Je postai hier matin sur  ma page Facebook:

"Je lis sous la plume de l'éditorialiste de mon journal local" (Laurent Bodin dans "l'Alsace" d'hier, navire amiral du groupe EBRA comme je l'ai appris ici même grâce à Serge Hirel):

"Confrontée à la réécriture de l’histoire par un Trump refusant jusqu’à reconnaître que la Russie est le pays agresseur de l’Ukraine, l’UE doit prendre ses responsabilités." 

Qu'en comprendre? Que l'UE doit être seule sur le front avec l'Ukraine dans une guerre contre la Russie? Seule, sans qu'à aucun moment Zelensky que Trump a humilié vendredi dernier ne lui ait proposé de transférer l'accord qu'il s'apprêtait à  signer avec Trump sur l'exploitation de ses "terres rares", accord par lequel il donnait le meilleur de sa souveraineté économique à l’Américain pour que lui soit conservée une fantomatique souveraineté politique?" Et ce alors même que le blé et les pommes de terre ukrainiennes réduisent considérablement les marges de manoeuvre de notre agriculture, ce qu'a révélé leur jacquerie d'il y a un an, calmée par l'action conjuguée de Gabriel Attal et d'Annie Genevar, tous les deux ayant pris fait et cause pour cette corporation qu'ils connaissaient mal et à laquelle ils se sont attachés.

« C’est un nouveau chapitre de l’histoire de l’Europe qui s’ouvre avec le désengagement militaire annoncé des États-Unis », poursuit Laurent Bodin, qui, au passage, est un analyste remarquable. « Pour reprendre l’expression employée par Emmanuel Macron en novembre 2019, l’Otan est bel et bien en « état de mort cérébrale ». 

Ah bon ? Pourtant Poutine reprochait à l’Ukraine de vouloir intégrer cette organisation cliniquement morte. 

« L’Otan est plus que jamais une coquille vide, dès lors que les USA entendent s’en désengager. Il appartient donc aux dirigeants européens de trouver les moyens de véritablement construire une Europe de la Défense, non pas sur le papier mais sur le terrain. »

Littéralement, ça veut dire que l’Europe qui s’était fondée en vue de la paix, se refonde ou se maintient, se rebooste par et pour la guerre. Car qu’Emmanuel Macron ne nous parle pas de « paix durable »! Quoi qu’on pense de ces manières de voyous par lesquelles Trump et Poutine négocient l’avenir de l’Ukraine sans le protagoniste principal de cet avenir, ce qu’ils visent est un cesser-le-feu, un armistice, au prix qui n’est pas mince de la capitulation de l’Ukraine, là où le Premier ministre britannique ne propose qu’une trêve d’un mois pour y voir plus clair et la proposition se défend."

L'humiliation de Zelensky a été un électrochoc de malséance par lequel Trump a montré beaucoup de sa vraie nature. Mais il ne faudrait pas passer de l'humiliation à la consolation. Dans notre diplomatie à touche-touche où les gouvernants de ce monde se tutoient et sont dans une vaste colonie de vacances où on se cause, on se cause plus et on se fait des coups tordus, on passe de l'humiliation à la consolation en oubliant le rapport de force. Mais la diplomatie des colonies de vacances qui côtoie simultanément ladiplomatie néocoloniale et honteuse de Donald Trump est une diplomatie où l'on met un bavoir à l'enfant qui a trop pleuré. C'est une diplomatie du bavoir, pas de l'arbre à palabre, une diplomatie où nul ne se pique d'être cohérent. 

Je discutais hier avec un commerçant de 47 ans, donc de quatre ans plus jeune que moi. Notre stupéfaction commune pouvait se formuler ainsi: le monde dans lequel nous sommes nés était structuré par leconflit américano-soviétique. Qui aurait pu imaginer que ces deux blocs se coalisent pour emm... le reste du monde? Qui aurait pu prédire que la première démocratie du monde, précédéed'un siècle et demi par le premier régime parlementaire dont la démocratie américaine était la fille, aurait à sa tête un Le Pen français non seulement beaucoup moins cortiqué que le vieux lion colérique et sanguin qui vient d'avaler son bulletin de naissance, mais dont l'entourage, Bannon, Musk ou Vance à des degrés divers, n'a aucun complexe à afficher des accointances ouvertement nazies ou néonazies (l'AFD soutenue par Musk et par Vance)? Et le but de la guerre en Ukraine selon Poutine serait de dénazifier celle-ci avec les nouveaux (ou anciens) amis qu'il s'est faits? 

samedi 1 mars 2025

IL faut consoler le général Volodimyr

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Dans la démocratie émotionnelle et la diplomatie grand public et cablée,, il faut passer d'une "séquence" à l'autre."Séquence émotion": hier, Trump a méchament humilié volodimyr. "Dans l'émotion", le président américain s'est aperçu que le président ukrainien n'était pas "prêt pour la paix". Zelensky se trouva émotionnellement dépourvu d'être si soudainement fourbu. Avant de quitter les États-Unis, il transita par "Fox news" et dit "Merci" au Donald puisqu'apparemment c'était ce que J.D. Vance reprochait à sa servilité  d'avoir manqué à la merci de son créancier. 

Et puis Zelensky s'envola pour chez M. Starmerqui l'aime presque autant que M. Johnson. Le Brexit, ça sert à soutenir les pays que les États-Unis trouvent trop embarrassant pour les garder comme des alliés directs, l'Angleterre restant l'oeil de Moscou ou plutôt la mère des pelgrims du May Flower s'étant enfuis avec la destinée manifeste de faire des îles britanniques la Rome troyenne ignorée de l'empire d'outre-Atlantique comme Rome était la mère de la Méditerranée. 

Ah, que Volodimyr était triste quand il débarqua chez Keir. Il lui réclama un kir pour se dérider un brin. Keir lui offrit un kir sans connaître le chanoine dijonais, de l'argent et un sommet dès le lendemain avec tous les partenaires européens que Keir , délivré des normes de l'ancienne organisation qu'il avait quittée, pouvait traiter à son gré par-dessus la jambe ou d'égal à égal. L'argent, les obligés européens de Keir le prêteraient de gré à gré et à volonté au général Volodimyr, sans lui demander de plan de financement pour sa victoire assurée pourvu que la planche à billets ne s'arrête jamais de lui distribuer des billions,de dollars. 

Macron qui serait du somet voulait bien renoncer à l'austérité de la baisse des dépenses excepté pour un "quoi qu'il en coûte" ukrainien. Et tout le monde se préparait à  le réconforter à l'avenant, au trébuchet d'espèces blingblinguement sonnantes, sans jamais lui demander: "Mais dis donc, Volodi,, comment comptes-tu mettre l'argent que tu amasses au service de ta guerre afin de la gagner? Il serait indécent de te demander comment tu comptes nous rembourser, mais tu es parti chez le Donald en te préparant à le laisser exploiter tes terres rares, donc à te dépouiller come l'aurait fait Vladimir, mais en te conservant ton intégrité territoriale. Donald aurait exploité tes ressources minières ou fosciles et tu ne nous aurais pas intégré dans le deal. Tu nous demandes du blé en nous refourguant le tien, en laissant notre agriculture exsangue et sans nous faire gagner un centime d'euro sur l'exploitation de tes richesses insoupçonnées, et tu aurais signé au bas d'un parchemin pour que le Donald te prenne ta souveraineté énergétique en te garantissant un contrôle fantomatique sur ta souveraineté politique. 

Tu fais pleurer dans les chaumières européennes sur l'exsanguinité de ton pays, mais tu nous aurais dépouillé sans vergogne et sans t'excuser comme tu as finalement dit merci au Donald de t'avoir abreuvé de miliards sans plan de financement. Si c'est comme ça que nous traite l'ami ukrainien que tu prétends être, nous allons finir par croire qu'il vaut mieux être tes ennemis américains. Bon ça, nous ne te le dirons pas tout de suite par décence, mais gage que l'histoire qui te jugera ne te loupera pas."