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samedi 2 février 2019

Misanthropie

Depuis quelques jours, je suis traversé par des accès de mysanthropie et des vagues de lassitude devant le renouvellement des générations et des typologies humaines, marées indifférentes d’individus interchangeables, qui ne se tendent pas la main, ne s’accompagnent pas dans la vie, se filtrent au téléphone, s’ignorent, sont indifférents et parlent de fraternité, entrent dans la catégorie des personnages ignobles qui, il y a deux mille ans et trente-huit années durant, ne plongèrent pas l’infirme qui s’y rendait tous les jours dans la piscine de Béthesda, se reproduisent pour perpétuer des enfants qui croient que tout leur est dû, cadeaux comme éducation, forment les mêmes masses pleines d’aspirations, qui vont toujours se soulevant et retombant sous la force d’inertie, les mêmes étudiants faussement romantiques pleins de rêves d’amour, d’ambition et d’idéal, les mêmes jeunes qu’on flatte par démagogie dégoûtante et jeuniste, les mêmes bêtes à concours hésitant entre camaraderie et compétition,les mêmes membres de corps politiques et de sociétés spirituels quis’entre-mordent, s’envient, se jalousent, les mêmes travailleurs qui exercent sans vocation des métiers sans intérêt et sans utilité sociale, par esclavage du besoin matériel qu’on dit fondamental, produisent inutilement et consomment sans besoin, et sont de mauvais prêtres, de mauvais maris, de mauvais pères et de mauvais chrétiens sans que le flot netarisse. Or je suis de ces inconvertis, mais non de ces médiocres, qui, quand je n’en rencontre pas sur un carrefour, voudrais pouvoir faire surgir des passants du néant pour qu’ils m’aident ou que nous échangions. Dans Mes accès de mysanthropie, pris dans la nasse sans être en lice, comme diogène le cynique, je désespère de rencontrer des hommes et cherche mon humanité.

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