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mercredi 2 mai 2018

Peter Sloterdijk, l'Europe et la civilisation occidentale


Peter Sloterdijk à Dominique de Villepin, cité par Bruno Lemaire dans Des hommes d’Etat : « Les Américains veulent retrouver le dopage par la religion. Nous, les Européens, nous sommes des dépressifs modérés, parce que nous avons compris que la mélancolie n’excluait pas la création. Regardez #Angela Merkel,  c'est tune mélancolique énergique, elle a la mélancolide des lèvres qui descendent. Nous avons aussi fait la paix avec le mépris. Nous nous sommes résignés à cette idée terrible. Maintenant il nous reste à désapprendre une chose, la psychanalyse, parce qu’on ne souffre pas que du manque d’amour. On souffre aussi du manque de fierté. Il faut moins d’amour et plus de fierté."

 

La fierté apartie liée avec l’honneur. La psychanalyse nous ayant appris à déshonorer nos parents, nous avons perdu l’honneur, en tant que civilisation en malaise. Notre malaise vient aussi du sentiment de culpabilité. Celui-ci est l’exercice du sentiment judéo-chrétien devenu introspectif à défaut de s’inscrire dans l’action. L’Europe juge la civilisation occidentale sur laquelle elle n’exerce plus d’action ni de volonté de puissance, au contraire des Etats-Unis. La conscience d’une civilisation à propos de sa mort procède d’un renoncement à son irresponsabilité, qui est la condition cynique de son existence, de son développement et de sa survie. L’introspection européenne et son sentiment de culpabilité ont réduit ses questions existentielles à la critique de sa faculté de juger et de ses préjugés. Le choix du signe au détriment du sens conduit au nihilisme gestuel de l’art contemporain. Le nihilisme européen est le signe du renoncement de l’Europe à sa civilisation et le synonyme de la (et de sa) décivilisation.

 

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