Pages

samedi 15 octobre 2016

Littérature et phénoménologie

Qu’est-ce qu’être un phénoménologue ? Quand j’ai un peu connu le sens de ce mot, que je ne suis pas sûr d’avoir bien assimilé, je me suis dit que Proust était, par excellence, l’écrivain phénoménologue. Mais il avait choisi des matières nobles, la mémoire et la « spiritualité », qui ne s’incorporaient dans son œuvre qu’à travers l’étude de son état et des maladies nerveuses comme la neurasthénie, ancêtre de la dépression, dont on commence enfin à nous expliquer que c’est une maladie occidentale. Proust a incorporé la phénoménologie par les ners. L’écriture contemporaine est plus charnelle. Elle n’abhore pas l’esprit, mais assume le métabolisme. De ce fait, elle perd peut-être le statut d’écriture phénoménologique. Car LE PARTI PRIS DES CHOSES reste soumis à la PHENOMENOLOGIE DE L’ESPRIT. La phénoménologie, c’est l’étude de l’apparition, la rationalisation de l’épiphanie. La phénoménologie démiraculise, désémerveille, déprodige. Elle va sans doute, ce faisant, contre la prodigalité de la lumière. Proust a écrit sur la mémoire, Gide a écrit sur l’acte. Leur point commun était les nerfs. Les nerfs et les back-rooms. Mais Proust n’a jamais prétendu être libre. Gide a été libre jusqu’à l’immoralité. L’immoralité du grand fortuné qui fait usage d’enfants et met la femme, sa prisonnière, entre parenthèses.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire