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vendredi 23 octobre 2015

L'accidentalisme

Dramatique collision entre un camion et un car aux environs de Libourne.
Traitement de l'information:
     Sur france inter, on commence par MINIMISER le nombre de morts qu'on évalue à 32. "On ne sait pas de quelle nationalité sont ces morts", insiste par deux fois la journaliste.  Moi, je ne comprends pas l'intérêt de la question, si ce n'est que, si c'étaient des Français MORTS en france, ce serait moins grave ; MAIS si c'étaient des Français MORTS à l'étranger, ce serait plus sensationnel.
    2. BFM TVse met en édition spéciale. "Ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa g..." Intervient entre autres une avocate spécialiste de la sécurité routière qui demande qui est le responsable. Le responsable, accuse-t-elle, ce sont les pouvoirs publics et infrastructures, les routes, très étroites et très mauvaises à cet endroit. Dans les causses ou l'Aveyron, les routes sont mauvaises aussi; mais comme il n'y a pas d'accident aujourd'hui dans ces régions-là, l'avocate ne les mentionne pas. Idem, dans le Gard, les murs sont construits dans une pierre très friable, ils tombent chaque fois qu'il y a une inondation, mais on reconstruit TOUJOURS à l'identique.
traitement de l'événement PAR LE GOUVERNEMENT:
    1. Depuis la Grèce, le Président du  deuil nationaldit sa tristesse.
    2. Le premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le secrétaire d'Etat aux transports se rendent sur place pour freiner le travail des secours. Quand CESSERA-T-ON de confondre la politique avec le SENSATIONNALISME? Une preuve de cette confusion est que, quand un journaliste passe, avec un politique en interview, d'un sujet de fond  à la cuisine de son parti, il dit qu'il va maintenant parler "politique" alors que c'est précédemment qu'il en parlait.
Lorsque des membres d'un gouvernement se rendent sur les lieux d'un sinistre où ils ne sont d'aucune utilité, ils confortent la foule dans son voyeurisme, la foule qui s'agglutine pour voir l'étendue de la catastrophe en empêchant l'évacuation des blessés.
Une preuve par l'accidentalisme comme par "la révolution manifestationnaire" que la démocratie représentative, c'est la représentation au bénéfice de la foule AVEC ses représentants pour acteurs, alors que la démocratie directe, ce serait l'exercice de la souveraineté populaire avec le peuple pour acteur.

vendredi 2 octobre 2015

L'Eglise et les migrants


(Lire au préalable :


 

 

IL y a des moments où l'exercice non obligatoire et la figure que l'on s'impose du commentaire trop systématique est quasiment criminelle... En l'occurrence, il serait criminel de ramener l'effort de hauteur que vous  essayez de prendre avec une actualité dont l'urgence a besoin qu'on y réfléchisse profondément,  à un  effort de justification identitaire d'autant plus intellectuellement confortable qu'il est très élaboré. Même si vous faites quelques risettes à votre milieu ("Ne vous y trompez pas, j'ai choisi le pacte de reims...)", votre réflexion ne saurait s'y réduire,  ne serait-ce que parce que vous commencez par énoncer la majeure: Jésus ne nous a pas seulement demandé d'accueillir l'étranger, mais la sainte famille est la première figure du migrant.

 

Toutefois la migration de masse à laquelle nous assistons nous pose assurément un problème identitaire. Or à un premier stade, spirituel et non pas politique, il me semble que le risque dont doit se garder un chrétien est celui de l'attachement qu'il faudrait rompre partout, excepté, pour lui qui aime à se voir disparaître ou anéanti  dans l'Infini du "milieu divin", s'il s'agit de se perdre. Notre réaction n'est pas politiquement chrétienne si nous cédons à un simple réflexe de survie, qui consiste à ne pas vouloir nous perdre, si naturel que soit ce réflexe.

 

D'autre part, l'universalisme d'analogie que vous nous décrivez comme étant l'apanage du catholicisme a un revers: c'est qu'il constitue la société dans son individualisme pratique, dont le matérialisme pratique autrefois dénoncé à l'encontre du marxisme avec son athéisme pratique, et aujourd'hui son individualisme social-émotionnel, n'est que le prolongement naturel.

 

Dans la grande babylone sociétale qui a l'air de vouloir multiplier les voyageurs aux pas perdus dans des sociétés détricotées, chassez l'origine, elle revient au galop! Le monde a nié le péché originel, et la psychanalyse a organisé l'accusation perpétuelle des parents déshonorés qui avortent pour y échapper... Michel foucault a dénoncé l'illusion du "retour de l'origine", mais et l'antiracisme n'est qu'une obsession de l'origine inversée, avec cette dernière tartufferie hollandaise de  vouloir chasser des dictionnaires un mot, le mot "race", dont la réalité n'existerait pas, tout en poursuivant ceux,  les racistes, que l'on  tient pour se définir à l'aulne de cette seule réalité. Il y a là une mascarade linguistique où les nouveaux bien-pensants de "C'est dans l'air" en ont hier soir perdu leur latin ou leur franglais.

 

Le retour à Benoît XV et à Pie XII montre un changement de paradigme de l'immigration. Celle-ci n'obéit plus à des motifs invasifs comme les voyages ne forment plus la jeunesse, et la déformeraient plutôt, car on émigre pour fuir... Pour autant, l'étranger ne cesse pas  d'être désigné comme un ennemi potentiel, et la palme de l'hypocrisie revient à ceux qui nous placent depuis trente ans dans l'insupportable alternative d'avoir à choisir entre un internationalisme xénophile et antiindigène et un nationalisme xénophobe. La condition de l'étranger fascine les "cosmopolites" au point que la société est focalisée, non comme autrefois sur la survie de la patrie, mais sur cet autre fusionnel, dont il faut dissoudre la condition d'étranger, et la naturalisation est là pour cela, qui singe l'adoption par la Grâce baptismale à travers la sémantique, et la désignation par  l'opposé de la Grâce, la nature,   de ce que fait la nation quand elle adopte celui dont elle ne permet plus qu'on l'appelle étranger, sans s'être assurée qu'il consent à être adopté et qu'il se sent de son nouveau pays. Et malgré cela, on ne cesse de distiller que cet étranger est l'ennemi, non en lui-même ni par sa religion ("pas d'amalgame"), mais enfin si tous les musulmans ne sont pas islamistes, tous les islamistes sont musulmans, et il n'y a qu'à regarder d'où proviennent les attentats depuis trente ans....

 

Bref, on dissout l'origine et l'étranger, et en les dissolvant dans une naturalisation abusive, dans une naturalisation qui n'est pas naturelle, on les rend les ennemis d'eux-mêmes, puis nos ennemis de l'intérieur...

 

C'est ici qu'il nous faut être vigilants et que le rappel au gaullisme et à l'histoire longue qu'a risqué Nadine Morano est peut-être salutaire pour savoir qui accueille et qui est accueilli, pour garder certains droits du premier occupant, non pour assimiler, mais pour accueillir. Et il n'y a un accueillant et un accueilli que si l'accueillant reste maître chez lui et si l'accueilli demeure un étranger non dissout dans l'"étrangeté" (comme disait Jacques Prévert) de sa condition ni fascinante, ni enviable.

 

Alain finkielkraut disait à raison ce matin (je suis d'autant plus content de le dire que je suis rarement d'accord avec lui) qu'il y a deux écueils à éviter devant cet afflux migratoire: c'est l'indifférence du front national jusqu'à la négation du droit d'asile, et c'est, d'autre part, cette espèce de béatitude d'un accueil anarchique et sans lendemainqui pourrait nous être fatal, non à court terme, mais dans le processus de tiers-mondisation de nos pays développés qu'il signifie, et qui s'amorce depuis une quinzaine d'années avec la bénédiction de nos dirigeants politiques démissionnaires.

Avant la deuxième session du synode sur la famille

(Lire au préalable

 

 

 

Monsieur l'abbé,

 

J'espère ne pas faire une lecture superficielle de votre article en interjetant les quatre remarques suivantes:

 

    1. De quelque côté que l'on regarde, un chemin pénitentiel est toujours proposé pour l'accès éventuel à l'eucharistie des divorcés remariés. En son temps, vous avez critiqué sévèrement celui du cal Kasper que vous trouviez minimaliste. Il me semblait au contraire que la reconnaissance du péché entourant l'échec des divorcés remariés y était particulièrement mise en relief, avec un chemin de retour à la communion sacramentelle et avec la communauté de l'Eglise qui n'était pas sans rappeler le retour public que devaient faire les baptisés convaincus de péché public avant que n'existe la confession auriculaire. Sans vous chercher systématiquement querelle, je me demande si vous n'avez pas critiqué ce chemin pénitentiel par réflexe conditionné contre un prélat à qui vous reprochiez d'être un grand promoteur de l'oecuménisme. Mais surtout je me demande si la critique traditionaliste très acerbe contre le cardinal Kasper n'a pas abouti comme  souvent à l'effet  inverse  du but recherché, à savoir qu'on fait à présent une proposition encore plus minimaliste que ce chemin pénitentiel exigeant un haut degré de repentance. Cela a d'ailleurs commencé, en amont du synode et pour lui donner le ton de la volonté du pape, par le bradage des procès en nullité qui se feront plus vite que le prononcé du divorce civil et avec un certain mépris de la réalité des relations au nom de la maturité requise pour qu'un amour soit vrai et indissoluble.

 

    2. Il y a un curieux paradoxe à assister, aussi bien dans le motu proprio de Benoît XVI visant la libéralisation de la célébration de la messe de Saint-Pie V que dans cet instrumentum laboris,   au retour du curé dans sa charge apostolique et pastorale au moment même où, au nom de la collégialité sous le pontificat de françois, dans les faits sous Benoît XVI, le rôle propre du curé comme "empereur en sa paroisse" s'était vu confisquer par les évêques et par les conférences épiscopales, évêques qui ont fait capoter le motu proprio de benoît XVI par une pratique très dirigiste de l'administration des sacrements dans les diocèses.

 

    3. Au cas où le second schéma serait retenu par le synode, c'est-à-dire celui qui donnerait le dernier mot de la discipline du Sacrement eucharistique au curé pour les divorcés remariés, cela ne ferait qu'entériner en l'officialisant une pratique que j'ai toujours vue être observée, depuis au moins la fin des années 1970 où j'ai commencé à m'intéresser au sujet. En pratique, un pénitent divorcé va voir son curé, et c'est lui qui prend sur lui de lui permettre ou non de communier. Et la permission lui est généralement accordée par le curé au nom de la tradition miséricordieuse de l'Eglise.

 

    4. Je voudrais enfin dire un mot de la Miséricorde elle-même.

 

Le chrétien ne mesure pas sa grandeur. La Miséricorde ne consiste en effet pas seulement à ce que Dieu mette loin de lui son péché, c'est-à-dire loin de sa conscience immédiate pour ne pas asphyxier la psychologie du pécheur; mais Dieu efface et oublie le péché.

 

Or au lieu d'entrer dans  le pardon et dans l'oubli de dieu de son péché, le chrétien continue de le ressasser en regardant en arrière avec une certaine complaisance au mal. Or il est encouragé dans cette complaisance à ne pas renaître parce que l'Eglise lui suggère qu'il doit s'assurer lui-même qu'il est en état de Grâce et non de péché grave ou mortel. Le pécheur pardonné vit dans une tension existentielle qui efface le pardon de Dieu et qui est d'autant plus déséquilibrée que le chrétien n'est pas son propre juge. Il faudrait sans doute nuancer ce dernier propos avec ce qui se passera au Jugement dernier, mais il est globalement conforme à ce que la Révélation nous enseigne.

Je suis un vendéen de Sirie...

Je dois être un petit peu vendéen sur les bords pour que, plus l'actualité ne nous est montrée que d'un seul côté de la propagande, moins ça s'arrange. Là où "rue 89" s'émeut que des jeunes bien sous tous rapports et tirés à quatre épingles viennent écouter ce que les soutiens du régime sirien ont à dire pour leur défense, je trouve de l'équilibre dans leur mise en perspective du réel, s'ils consentent à confronter ce "récit" à ce que disent d'autre part les médias occidentaux de la guerre en Sirie.
Je les soutiens encore plus quand "Rue 89" n'en revient pas qu'ils se montrent sensibles à l'argument que "la source unique, c'est la dictature". Jusqu'où sommes-nous descendus, pour citer Alain Sorral qui a raison sur ce point, pour qu'un argument qui est le béaba du journalisme, fasse s'époumonner de convulsions révulsées des journalistes soi-disants confirmés?
J'irai même plus loin: admettons que ces vendéens, convaincus par la propagande du régime sirien, veuillent guerroyer à ses côtés, je n'y verrai aucun inconvénient personnel ou pour mon pays; comble de l'horreur,    j'ai autant de mansuétude à l'endroit de jeunes Français   (ou de jeunes à qui l'on a fait croire qu'ils étaient Français) s'en allant faire le djihad, si c'est de ce côté que leur conscience les engage à militer. Que je sache, le mercenariat, et plus encore l'engagement volontaire, a toujours existé, et on n'a jamais reproché à des jeunes Français juifs ne se voulant pas assimilés  de se porter volontaires auprès de tsahal ou de s'y enrôler temporairement comme Arnaud Clarsfeld, qui a même été récompensé pour cela en se voyant confier par Nicolas Sarkozy la présidence d'une commission de réflexion sur la politique d'immigration en france.
Dans le cas des djihadistes, si les services jugent utile de "débreafer" et de surveiller ceux qui reviennent de Sirie pour des raisons de sécurité intérieure, ils ont le devoir de le faire. Mais ils n'ont pas le droit d'interdire à qui que ce soit de s'engager où bon lui semble, et c'est vrai des djihadistes comme de tout autre citoyen français, à moins que l'on déclare officiellement que "le djihadisme, voilà l'ennemi", mais surtout que l'on définisse clairement les contours de cette notion quand même un peu moins floue que celle de terrorisme, cette guérilla spectaculaire qui fait trembler le monde et lui désigne un ennemi invisible et indéfini, donc impossible à combattre dans une guerre honnête.
J'ajoute que le pacifisme dans lequel je suis né et dans lequel je croyais devoir mourir fait qu'il m'en coûte d'écrire ces choses, de même que je suis fâché qu'on me place sans cesse devant l'alternative d'avoir à choisir entre un internationalisme xénophile et antiautochtone et un nationalisme xénophobe. Je n'ai pas été élevé dans la polarisation de l'étranger,  désigné plus ou moins hypocritement comme ennemi potentiel.
Mais devant l'incurie de nos dirigeants politiques en matière de politique internationale et qui ne s'illustrent que par le détricotage des sociétés dont ils ont la charge, je suis plutôt du côté de vladimir Poutine que de françois Hollande, même si je suis tout fraîchement sensible à cette information datant opportunément de ce matin, selon laquelle les premières frappes de la Russie se seraient exercées contre des opposants au régime sirien qui n'appartiendraient pas à Daesh. Mais je ne suis pas naïf au point de ne pas discerner un nouvel élément de propagande dans cette information opportuniste. Les occidentaux ne voudraient pas que Vladimir Poutine, après avoir eu raison en Ukraine, berceau de son pays, ne leur en déplaise, et qu'il n'est par conséquent pas tout à fait indifférent de perdre en le voyant passer de l'autre côté de la nouvelle guerre froide, ait encore une fois raison en Sirie, et rien de mieux pour torpiller sa tournée internationale que de discréditer ses premières frappes pour ne pas ridiculiser nos rounds d'observation pour cibler nos zones de bombardement.
Mais voici le lien de l'article qui m'a ffait réagir: http://rue89.nouvelobs.com/2015/10/01/y-a-aussi-francais-vont-syrie-ecouter-version-regime-261428