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samedi 20 juin 2015

Le féminisme, le spirituel et le social


Une amie m’ayant dit que, tout en profitant des bienfaits de l’individualisme, il faudrait que nous luttions contre le droit à l’avortement en interdisant particulièrement celui du premier enfant, ce qui serait ouvrir la voie aux grossesses précoces, à quoi la société n’est pas prête, non plus qu’à remettre en cause le féminismedont les femmes comencent à peine à bénéficier, féminisme qui tient irrationnellement le droit à l’avortement et le travail des femmes comme moyen obligatoire d’émancipation pour deux de ses conséquences logiques, je lui ai répondu en mettant en ordre une conception que je commence d’avoir :il ya deux groupes de polarité qui se superposent, mais ne sont pas faits pour communiquer. Principiellement, il y a le matériel et le spirituel ; superficiellement, il y a le psychologique et le social. Le spirituel n’est pas fait pour s’imposer au social, il ne peut certainement pas s’empêcher de se communiquer à lui, mais il n’est pas certain qu’il y gagne. L’Invisible est invisible au psychologique et au social.

 

jeudi 18 juin 2015

Egalité et trinité


Faut-il que la passion de l’égalité embrase l’homme jusque dans sa vision de dieu pour que l’égalité des personnes divines soit le second sujet de préoccupation de saint-augustin dans son livre sur la trinité que je lis depuis peu !

 

Et faut-il que l’homme veuille s’égaler à dieu ou Lui transpose les attributs dont il manque comme le dit feuerbach pour que son principal souci soit d’établir que « tous les hommes naissent égaux en droit », tandis qu’on ne peut pas plus réaliser cette égalité dans les faits qu’on ne peut empêcher, dans la trinité, qu’il y ait un Père, un fils et un Esprit qui serait la relation entre les deux, posant cet  autre redoutable problème qu’est de savoir si la relation peut être une personne, moyennant quoi Carriger n’aurait qu’à retourner la question tenue pour résolue en prétendant que la personne est relation ou elle n’est rien ni personne.

vendredi 12 juin 2015

Moi est un jeu





 

Ce qui intéresserait le logicien en moi, ce serait de comprendre pourquoi Dieu a joué ainsi avec des personnes créées pour ne s’atteindre jamais et être réduites à leur “ego” si elles se cherchaient. Je crois à l’idée de Montaigne qu’on est sa matière première. J’aimerais croire au “travail sur soi”, or on est condamné à se jouer de soi.

 

Je ne me joue pas de moi, mais encore moins des autres. Est-ce que je me joue de la vie ? Mon père me disait que je l’avais récuséde d’instinct. C’était pour rejoindre l’orphelin qu’il était.  Je me suis joué de la vie par la force des choses et par autodéfense. Je continue un peu de m’en jouer, mais j’ai appris à aimer la vie, je commence donc à la choisir.

 

jeudi 11 juin 2015

Le pseudo-catholicisme du docteur Carriger

J'ai peur que ceux qui défendent Vincent Lambert aiment trop les combats perdus.  Et que perdre ce combat  ne les conforte dans leur dégoût du monde actuel. Or quelle que soit leur vision du monde, ils n'ont pas le droit de le perdre.  Quoi qu'il arrive, ils auront été du bon côté mais ils n'ont pas le droit de s'en satisfaire. .
S'il se produisait, l'arrêt des soins prodigués à Vincent Lambert serait un crime d'Etat cautionné par la Cour européenne des droits de l'homme qui n'aura plus qu'à déchirer sa Convention, mais avant tout  commandité par un pseudo-catholique.
Le parti de la mort, à l'existence duquel je finis par me rendre, ne pouvait rêver meilleur allié. Avec des catholiques comme le dr Carriger, on n'a plus besoin d'ennemis. Mais quel est le ressort profond qui rend ce médecin allergique au catholicisme conservateur auquel son militantisme politique au parti chrétien démocrate le rattache,  comme son propre modèle de vie familial? Est-il infiltré dans l'Eglise? A-t-il une double vie spirituelle? Peu importe.
Ce qui compte, c'est de pointer où se situe son ereur, qu'elle soit ou non commise de bonne foi, ce qui paraît  quasiment  impossible compte tenu de la qualité du sujet, dont la dépenddance aux médias est telle qu'il avait promis de ne pas commenter la décision de la CEDH pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, et n'a pu s'empêcher de manquer à sa parole à peine une heure après que la Cour avait rendu son arêt.
Mais où se situe l'erreur du dr Carriger? Dans la définition qu'il donne de la vie: pour lui, la vie n'est pas d'abord l'expression d'une conscience individuelle qui peu à peu découvre l'autre, mais la vie est relation.
Je le soupçonne de transposer dans la nature l'idéal d'union trinitaire qui conduit la vie de la grâce. La naturalisation de ce que nous n'atteignons que par la Grâce, une vie qui sort de notre individualité ou de notre égotisme primaire pour n'exister que dans la relation qu'elle rend première et nécessaire, est  une nouvelle "idée chrétienne devenue folle". Folle à l'exemple de la "théologie du mariage" expliquant que le mariage crée un ménage à trois où il y a toi, moi et la relation, et donc l'entité que nous formons du fait de notre relation, un "toi-et-moi" qui précède le "toi" et le "moi" qui doivent librement renouveler leur engagement l'un vis-à-vis de l'autre, dans la conscience du vis-à-vis,d ans la construction de la relation. Et si tel est le cas, c'est peut-être que l'union trinitaire n'est ele-même pas immédiate, mais relève d'un processus d'engendrement et de reconnaissance éternelle. Mais l'éternité d'une telle Vie n'est pas transposable dans l'ordre temporel.
L'erreur du docteur Carriger est d'opérer cette transposition. C'est l'erreur invers de celle de Sartre qui est de tellement privilégier la distance sur le miracle de la rencontre  qui devient  relation que, dans le huis clos qui risque d'être un cloaque des regards, immédiatement, "l'enfer c'est les autres", ce qui peut se corriger ultérieurement dans une relation qui évolue bien et cale ses regards pour qu'ils ne possèdent, n'enferment ni ne figent l'autre. L'erreur du dr Carriger est de vouloir éliminer la vie si le miracle de la relation ne se produit pas. C'est l'erreur confusionniste de quelqu'un qui croit que la vie est fusionnelle, ou bien elle ne vaut pas la peine d'être vécue. Je le soupçonne tout à fait gratuitement d'avoir raté son couple fusionnel et de ne  pas permettre la fusion de sa mère avec Vincent Lambert. Je le soupçonne d'avoir raté là où Sartre et Simone de Beauvoir ont rréussi. Mais eux assumaient de ne pas être catholiques, le dr Carriger s'effondrerait si on lui contestait cette qualité.

jeudi 4 juin 2015

La hiérrarchie des trois amours


Voilà une question qui ne cessera jamais de m’obséder.

 

Saint-Bernard y fait droit, lui qui a écrit un Traité de l’Amour de Dieu, quelle ambition que seul un saint  peut caresser ! Mais c’est aussi un saint du Moyen-âge, où l’on n’avait pas peur d’écrire des traités sur des sujets pareils.

 

J’ai toujours estimé que l’Église en rajoutait sur le fait qu’il faut aimer les autres à et soi-même à raison de Dieu. Je pense que ce n’est ni humainement possible, ni sain, dans la mesure où ce n’est pas naturel. J’ai toujours tenu comme un tournant important que pourrait prendre la théologie qu’elle accepte l’inclination naturelle à commencer par soi en matière d’amour, c’est-à-dire à commencer par se reconnaître, pour subordonner ensuite les amours[1]

 supérieurs à ce premier amour, à cette première reconnaissance de notre réalité personnelle, non pas que l’amour de nous-mêmes soit intrinsèquement supérieur aux amours supérieurs à celui-ci en tant qu’ils nous décentrent et quel’objet du plus grand Amour étant Dieu, c’est aussi l’objet supérieur entre tous les objets ; mais parce qu’il y va de la santé de notre âme et que Dieu nous a créés, certes afin que nous puissions tendre vers la perfection et vers la sainteté, mais il n’y apas de sainteté sans santé.

 

Saint-bernard sème le doute dans ma certitude en faisant ce constat :nous ne sommes que trop enclin à trop nous aimer, à trop nous considérer, à nous donner trop d’importance. Donc si le premier degré de l’amour est bien de nous aimer, le second degré n’est pas de nous tourner vers les autres pour eux-mêmes, parce qu’ils sont des compagnons qui méritent la même attention que nous nous accordons à nous-mêmes. Il est de nous tourner vers Dieu « sans qui nous ne pouvons absolument rien » et, non pas de pratiquer « l’interversion des autres et du moi » comme le prêchent les boudhistes, c’est-à-dire d’aimer les autres comme si c’était nous, mais d’aimer les autres comme Dieu nous fait sentir son amour dans les épreuves, avec la même douceur, d’ »aimer les autres comme nous sommes aimés » de Dieu, « comme Jésus-Christ nous a aimés ».

 

Saint-Bernard reprend donc implicitement, dans sa didactique de l’amour, le précepte christique de « nous aimer les uns les autres ». Mais il ne le fait paradoxalement pas comme on le fait aujourd’hui, où on nous dit qu’il faut s’aimer les uns les autres jusqu’à donner Sa vie pour eux, sous prétexte que le commandement n’est pas de « nous aimer les uns les autres », mais de nous aimer « comme », « comme le Christ nous a aimés ». Or Concrètement, ne sommes-nous pas dans une pratique trop émoliente des commandements pour que nous songions sérieusement à mourir pour les autres, s’il s’agit de les aimer comme le Christ nous a aimé… ?.

 

Saint-bernard nous dit avec beaucoup plus de réalisme qu’il faut commencer par les aimer comme Dieu nous console. Il faut les aimer en les consolant.  Il faut les consoler comme nous aimerions être consolés. Et en les aimant ainsi, ajouterais-je, nous pourrons mesurer que Dieu nous a aimés le premier ou que nous sommes aimés de Dieu.

 

Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de mal à me convaincre que l’amour que nous portons à Dieu doit partir de cet amour de Dieu pour nous, car je ne sens pas que je suis aimé de Dieu,., je n’en suis pas convaincu dans ma chair. Le sentiment que nous sommes aimés de Dieu ne s’impose pas avec évidence. Donc il est très difficile d’aimer les autres ou nous-mêmes en vertu d’un amour que nous ne sentons pas. Même si nous devrions nous rendre à l’idée qui me paraît assez outrée que, si nous ne sentons pas que Dieu nous a aimés, c’est que nous ne nous aimons pas. C’est donc que notre amour de nous-mêmes doit être guéri, et qu’il n’est qu’en apparence l’amour qui est le mieux et le plus directement partagé comme le bon sens… Il irait dans le sens de la nature que nous nous aimions et que nous sentions l’Amour de dieu. Mais souvent nous ne nous aimons pas et donc nous ne sentons pas l’Amour de dieu pour nous.  La première guérison de santé de notre « moi », celle qui nous fera avancer dans la sainteté, est d’être réhabilités dans notre amour ou notre reconnaissance de nous-mêmes pour pouvoir aimer Dieu Qui nous a aimé le premier.

 

Quant à savoir s’il est vrai que nous ne nous aimons pas, je crois que c’est une outrance, car le départ est très difficile à faire entre l’excès et le défaut d’amour pour nous.

 

Enfin, nous dit Saint-bernard, il faut aimer Dieu, non pour le « moi », mais pour LE SOI, dirions-nous aujourd’hui. Il n’est pas à nous dire, comme le ferait maître Eckhardt, qu’il faut L’aimer en Soi, parce qu’Il est Dieu, mais il nous propose de L’aimer parce qu’Il est Bon. Tel est pour lui le troisième degré de l’amour.

 

Et le quatrième degré, nous dit-il : « Ne plus s’iamer soi-même que pour l’amour de dieu » !



[1] Je n’écris volontairement pas « amour » au féminin pluriel. Car l’amour ordonné à Dieu est trop singulier pour s’écrire au pluriel, donc je devrais aller jusqu’à m’abstenir de ce respect orthographique élémentaire ; mais il est aussi trop viril pour s’écrire au féminin. Il procède d’un choix du cœur et de la raison, il ne relève pas d’une inconditionnalité instinctive à l’exemple de l’instinct maternel qui existe régulièrement, n’en déplaise à Elisabeth Badinter, et qui n’existe pas seulement à titre exceptionnel.