Pages

lundi 14 juin 2010

LE QUADRILATERE DE LA PENSEE

Sommaire :

1. La figure de la pensée.

2. Les lieux de l'esprit.

3. La kénose théâtrale.

4. Le sac de bulles.





29 avril 2008


1. La figure de la pensée.


De même qu'il y aurait un quadrilatère de l'âme qui serait formé de ses quatre qualités fondamentales que seraient la "volonté", l'"intelligence", la "mémoire" et l'"imagination" ; de même que se réduiraient à quatre aussi (et à quatre seulement) les niveaux de lecture de la sainte Écriture (littéral, allégorique ou spirituel, analogique et anagogique), de même peut-on émettre l'hypothèse d'un quadrilatère de la pensée composée de Logique, Volonté, Sensation et Représentation, la diagonale AC, "Logique de la Sensation" et la diagonale BD, "volonté de Représentation" se réponddant tel que Dieu étant la pensée de la pensée, "Dieu Perçu", "Dieu Vécu", puisse être appréhendé comme "Logique de la Sensation" et que "Dieu Voulant être perçu" puisse Se Manifester sinon Se Définir comme "Volonté de Représentation". ([1])


Au centre du quadrilatère est l'intuition et bien sûr, on serait tenté de vouloir que l'Intuition soit davantage du côté de "la Logique de la Sensation" que de celui de la "Volonté de Représentation" divine, parce qu'on ne croit pas à la chimère du "libre arbitre" humain à laquelle, de toute façon, le concept de "représentation" battant froid la croyance spontanée dans le "bon sens perceptif", a mis du plomb dans l'aile. dans l'aile de la Volonté. La Volonté et la Représentation fonctionnent certes en relation de conditionnement corrélative d'une soumission d'acceptation ou d'une rébellion provocatrice une fois délibérées face au monde tel qu'il est. Mais, si peu que la Volonté soit libre en effet et bien qu'elle réponde, en fait, à une Impulsion, l'Impulsion en question est du même ordre que l'Intuition, au moins autant qu'elle est le centre présumé d'une étude phénoménologique du phénomène chosal qu'on appelle le Monde et dans l'appréhension duquel, si neutre qu'on se veuille, on n'est pas moins conditionné, parrainé par l'Intuition aplanie que par son redoublement impulsif, manière de suggérer en passant que l'Impulsion est le redoublement de l'Intuition, son double prophétique ou diabolique, selon la nature de l'ordre donné.


La question reste de savoir si l'Intuition occupe aussi le centre postulé de la mémoire de l'âme, qui n'est autre, la Mémoire, que l'Intention corrélative de l'âme. Que veut-elle révéler d'elle-même ? Autant, en effet, notre "moi" pris comme "être dans son entier", dans l'union de l'âme et du corps, n'a pas de volonté, autant, au rebours, notre âme a une intention. ([2])


L'Intuition est-elle au centre de la Mémoire et est-ce le souvenir qui se soulève ou est-ce l'Intuition qui soutient le Souvenir pour autant que le souvenir soutienne, au-delà de son survenir, ce qui se pose sur la Pensée ? ([3])


2. Les lieu de l'esprit.


Il y a loin d'émettre l'hypothèse d'un quadrilatère de la pensée comme je viens de le faire, à soutenir, comme je l'avais formulé il y a douze ans, que "La pensée est la rencontre électriquement combinée entre plusieurs infinitésimaux universels atomiquement contenus dans le cerveau."


Je me suis toutefois toujours véhémentement insurgé contre l'"inconscience de l'univers" et la délocalisation de l'esprit dont l'ordre serait séparé de celui du cerveau et de ses localisations cérébrales. Ces manières de voir me semblent émaner d'un spiritualisme de mauvaise foi. Je soutiens qu'on peut soutenir (et pas seulement pour le plaisir de soutenir des paradoxes) la localisation cérébrale des Idées sans obérer leur caractère céleste. Leur si véritable éthérisme ne les affranchit pas d'être soumises aux lois naturelles qui veulent, pour toutes choses, qu'il y ait lieu ; les célestielles idées ne voudraient se passer d'être localisées, non comme un simple état dans l'arrière-temps, mais dans l'impasse intensive ou dans l'espace extensif de la Pensée qui tourne à la manière des planètes au sommet des systèmes crâniens. Mais je crains de manquer à l'héliocentrisme et dirai donc, pour sauvegarder ma crédibilité, que la Pensée tourne sur elle-même comme la terre de la tête dont le corps est le tronc. quel est le "moteur" qui fait tourner la terre ? On connaît le principe qui fait tourner la tête : la Pensée ne tournerait pas rond si elle n'était alimentée par le sang parce que, comme il est écrit au livre du lévitique, "l'âme de la chair, c'est le sang". On connaît le moteur qui fait tourner la tête, on sait aussi que pour Aristote, Dieu est "le premier moteur du premier mouvement" et que, pour le christianisme, il ne fait aucun doute que Dieu ait Donné Son sang !


La "pensée", cette qui se croit "sans Dieu", bien autonomisée de la prière, serait-elle du "Sang de Dieu" ? Quelle que soit l'importance du sang, le sang ne fait pas l'âme, il se tient dans l'ordre charnel comme la pensée est inférieur à l'âme. Et la pensée n'est que le battement physiologique de l'âme, dans lequel sont contenues à titre allégorique "la mémoire" ou "l'imagination", qui faisaient partie des "quatre qualités de l'âme", la "Volonté" et l'"Intelligence", sous son aspect de "Logique", entrant dans le Quadrilatère de la Pensée. L'Intuition occupe le centre de la Pensée, mais celle-ci est en danger permanent d'un ordre fatalisant le destin que peut à tout moment lui donner le redoublement impulsif de l'Intuition. Cet Ordre impulsif et fatal n'est pas à proprement parler un contrOrdre puisque, comme l'Intuition, dont ce ressortissement à ce domaine des ordres est plus caché, l'Intuition étant un Ordonancement, une Ordination du monde dont l'Impulsion n'est que le double obsessionnel ou répulsif, L'IMPULSION EST DE L'ORDRE DE L'ORDRE comme le contrepouvoir est encore un pouvoir. Aussi, est-il sain que, sous l'Intuition et comme la retournant pour aplanir l'âme de tout renflement d'ordonnance, soit la prière qui renverse le domaine des Ordres, de manière que ce ne soit plus l'Intuition qui ordonne à la Pensée par la voix intérieure qui commande de commettre l'acte, mais la Prière qui ordonne à l'Intuition de se retourner, voire de se retirer pour que soit l'âme aplanie, pacifiée de sérénité, séparée du plan de la pensée, pour que la Pensée et l'Intuition qui est au centre soient au plan intérieur de l'âme ; la Volonté devenant, dans cette configuration, comme le Redoublement Impulsif de la Mémoire et n'ayant plus à se chercher elle-même. L'âme peut dès lors entrer dans "la Logique" de sa propre "sensation". Pourra-t-elle jamais cependant se délivrer du "monde" de la "Représentation" ?


Voici une expérience tirée du temps où j'enregistrais pour m'écouter, bien plus que pour donner mes cassettes à quiconque - comment aurais-je pu être un téléévangéliste à huit ans, d'autant que, deux ans plus tard, j'allais perdre la Foi -, des "JE PARLE DE JESUS" éloquents comme des prêches de mauvaise chaire. Je parle un langage que je ne crois pas parlé pour ne rien dire, je répands le meilleur de moi-même sur des cassettes faites pour moi, que je réécoute des années plus tard, ayant parlé et parlé de Dieu, du Sujet Essentiel. Et là stupeur ! Je m'aperçois combien mon éloquence était apprêtée, paradait, combien je n'ai fait que théâtraliser ce que je voulais dire de plus Intérieur à moi-même. Cela est-il le fait de mon traitement singulier et du langage, qui est excessivement verbaliste, ou bien est-ce le fait de tout langage excédant mon cas particulier ? Au centre de ma mémoire, l'Intuition qui, depuis le premier "souffle du jour" qui m'a enseveli dans le premier sommeil de parenthèses que connût ma vie qui est peut-être elle-même une réalité onirique, est miroir de mon âme, mais mon langage n'est point miroir du Verbe-Dieu, pour autant qu'il y a bien coïncidence entre la Représentation du Dieu Communiqué et la pensée qu'a eu Dieu en se Faisant Percevoir. en tout cas, mon langage humain a si peu de vertus performatives qu'il ne parvient pas même à être l'expression non détournée de ma simple pensée.



6 mai 2008


3. La kénose théâtrale.


Cette "explosion du langage", qui est à "la Pensée" ce que le principe d'"explosion" est au "moteur" de nos automobiles, attendu que l'être humain est, par le suprême incontrôle où est laissée la Pensée, un mobile et une automobile qui, parce qu'ils ne savent où ils vont et pour quoi ils y vont, pèsent des tonnes entre les mains d'un conducteur qui n'a pas l'empire sur ce bolide, cette "explosion" du "principe explosif" du "moteur pensif" dans la "théâtralité du langage" pouvait-elle être évitée ?


Cette question me rappelle ce premier sujet de dissertation historique qui nous fut soumis en classe de seconde :


"La révolution pouvait-elle être évitée ?"


Chacun de nous de s'escrimer à peser le pour et le contre et de dire que, si Louis XVI avait écouté la voix des réformateurs comme Necker ou Turgot ou s'il avait été moins ferme quand les représentants du tiers avaient demandé de "voter par tête" en remplacement du traditionel "vote par Ordre", peut-être le tragique d'une Révolution qui a emporté l'Ancien régime et a exporté sa propre idéologie jusqu'à être le germe des totalitarismes en enflammant des guerres idéologiques et mondiales qui allaient être facilitées par la révolution des transports, peut-être tout ce tragique pouvait-il être conjuré. Nous autres, escholiers, qui n'étions pas des conjurés, nous nous escrimâmes donc (nous étions à la veille de la "Révolution de décembre 1986") jusqu'à ce que le professeur, M. Alain Monteagle, qui était un dialecticien fieffé à l'humour british dévastateur, nous déclarât que tous nos efforts avaient été vains puisque le sujet était absurde : la Révolution ayant eu lieu n'avait pu être évitée.



Et de même, pour le sujet qui nous occupe, il y a "une révolution permanente" qui a lieu dans nos crânes et qui fait que l'on entend le "bruit du sang" en pensant, ça saccage ; une "révolution claustrale" qui s'est produite parce que la Pensée, enfermée entre les barreaux de la cage où se fomentaient ses combinatzione, ne pouvait que vagabonder, tel un ours plus ou moins résigné qui aurait été capturé dans un jardin zoologique et qui, tout bien pesé, la contrainte de la cage une fois acceptée, y aurait trouvé l'avantage du gîte, du couvert et d'une longévité qui n'aurait pas eu son pareil dans la nature où les braconniers, sinon les bergers, se seraient défendus de ses razzias en lui faisant la peau, "il ne faut pas vendre la peau de l'ours..." La pensée est un ours en cage dans l'ermitage monastique où, parce que la réclusion lui est imposé, elle préfère butiner dans ses réserves que se poser dans ce qui ne lui appartient pas. La pensée a de plus contre elle de ne pouvoir être rendue invincible dans sa lutte contre le préjugé invincible de manque de profondeur, qu'étant de la nature circulatoire du sang qui embrouille les os de la tête et y grouille, brouillon, elle est de sa nature sanguine et circulaire, portée vers l'agitation du théâtre qui tourne en rond sans tourner rond. Spéculative, elle ne peut s'empêcher de mettre en scène, et c'est là ce qu'elle peut encore faire de supérieur, dans un genre, le théâtre, qui avait ses lois positives d'unité, lesquelles ont sauté tout d'un coup dans l'"explosion du langage", lequel ne peut mieux faire à son tour, après avoir étouffé dans la cage, que de se reconstituer signe à signe sur un mode réflexif qui se prend pour objet. Par là se trouve expliquée la différence qui réside entre le "théâtre à histoires", ce genre vaudevillesque directement hérité de la commedia de larte, et le "métathéâtre" contemporain qui n'est plus qu'un interminable dénouement du carnaval en désespoir de devoir se déguiser, qui n'en finit pas de méditer sur "LE PARADOXE DU COMEDIEN", ce dernier lyrique de son temps, qui invite le spectateur à s'émouvoir de ses malheurs orphiques et privés et qui, plus il médite sur ces malheurs en invitant le public à s'en affliger avec lui, plus il se place dans la nécessité de se distancier vis-à-vis du rôle qu'il joue, distanciation parce que le théâtre est une désillusion du comique qui ne remplit pas l'âme et distanciation qui, de ce "mal de l'âme" dont le théâtre se ressent, se pervertit en un nouveau paradoxe où le spectateur est invité à "un colloque singulier des acteurs" qui le met au second plan et l'efface tout à fait au profit du théâtre lui-même qui est mis sur le devant de la scène, à la place de la Pensée, dans une configuration où les acteurs se faisant l'écho du "spleen du langage", voudrait que cet ancien "art bourgeois" qu'était le théâtre devînt de plus en plus populaire à mesure qu'il est moins farcesque. Et, si Ennui et Poésie n'ont pas froid aux yeux de se confondre, notre "Théâtre Ouvert" contemporain est bien la dernière des Poésies qui s'expose. Mais il ne faut pas confondre "le spleen du langage" tel que les acteurs l'endossent et la résistance de la Pensée qui ne veut pas s'avouer vaincue et qui veut continuer à jouer la comédie, soit en perpétuant les fallacieuses "unités du théâtre" pour autant qu'elle se fait raisonneuse dans une philosophie qui jargonne suivant les lois de théâtralité de l'articulation de ses concepts en un langage aussi hermétiquement compris d'elle seule que celui du "théâtre ouvert" n'est compris que de ses comédiens ; soit que, pour déjouer le sens de l'humour qui vient à manquer, elle agisse, la Pensée, tantôt en en rajoutant sur la frénésie qui, de tout temps, avait présidé à la succession virevoltante des "coups de sang" en des scènes culminant dans ses "coups de théâtre" qui faisaient une fin plus qu'ils ne donnaient le véritable mot de la fin d'une pièce, tantôt en transposant les relations de la comédie dans les embrassades inconsidérées des acteurs qui, quand ils ont quitté la scène, oublient qu'ils sont à la ville. De même, la Pensée se donne-t-elle, non pas en spectacle dans je ne sais quelle extraversion qui ne lui conviendrait pas, mais quelquefois à elle-même la sérénade et la pantomyme clownesques de croire si bien à ses sentiments artificieux que l'"Ordre spéculatif" auquel elle croit toujours appartenir n'est plus qu'un divertissement superficiel, et cela est une tragédie, car j'ai vu un mien cousin n'être pas loin de mourir, de voir le monde s'accréditer à l'artifice superficiel de ses feux comédiens de l'amour.


Pouvait-on éviter cet "explosion du langage" dans cette frustration se redoublant dans un théâtre qui n'a plus pour masques que ses mots, et cette infinie flânerie à vide d'une Pensée prisonnière en malaise croissant, parce qu'elle vit dans une cellule où elle ne s'est pas retirée de son fait et qui ne lui donne même pas en compensation "une mémoire cellulaire" ? La question est mal posée tant qu'on en reste à se demander si l'on pouvait éviter les affres de la théâtralité, dès lors que la Pensée emprisonnée devait échouer dans le Langage infidèle. La question qui a peut-être plus de chances de recevoir une élucidation acceptable serait mieux inspirée de porter sur la manière dont "la nature humaine" (en refusant pour le moment la distinction byzantine entre "la nature" et "la Grâce" dont Jansénius a essayé de déterminer la frontière) ; à la considérer simplement sous son aspect créateur qui n'est pas le plus évident et paraît bien plutôt se référer à "l'antinature des habitus" qu'à "la nature des données immédiates", a inventé de conjurer cette "misère de la Représentation" promise à toute Pensée qui reste observatrice des mouvements du monde et de soi-même auxquels elle identifie par réflection les premiers, et à tout Langage qui voudrait raconter cette "philosophie de la science du redoublement" ou cette poésie du vagabondage :


"Un soir où, assis seul à une table de brasserie restauratrice, j'étais à observer les masques autour de moi, qui ne me faisais pas mystère d'en être un à leur semblance, bien que je sentisse en moi une dignité plus grande que celle d'être une "figure de l'univers"... "


Mais assez pleurniché sur le malheur du théâtre et assez fait espérer une réponse dont craignons qu'à trop tarder, elle ne déçoive ! Il y a bien une solution à la carrence du langage, à la faillite du théâtre et à l'involontaire exaspération claustrale de la Pensée mise en boîte et contrainte de regarder, tel un singe, "à travers les barreaux de la cage" : cette solution, c'est la Kénose, c'est la Vidange du sang divin ; c'est que Dieu, après avoir "donné Son Sang", S'en vide pour que, le bruit du sang disparaissant, dans le silence qui s'élève en ayant transformé le Verbe qui A Vidé Son Sang après l'avoir donné, de Parole en Silence, l'âme naisse, non de la Pensée qui n'est plus, mais de la Pensée qui s'est tue parce que la vidange du sang de Dieu ayant provoqué une hémorragie cérébrale, la chair est toute entière à enrayer cette hémorragie, tandis que l'âme peut, pour un instant, échapper à sa condition charnelle, le temps que les canaux veineux d'eux-mêmes, assèchent la chair. Du silence qui s'est élevé et a transformé la Parole Verbale faillible à se révéler, en Silence Révélateur sans risque de défaillance, l'âme a émergé, et les barreaux de la cage se sont transformés, de lucarnes qu'ils étaient, à travers lesquelles observer le microcosme atomiquement contenu dans le cerveau, en "échelle de Jacob" par où le Verbe emmène l'âme visiter ou contempler le macrocosme, l'âme qu'on voit par conséquent ne pas être ennemie de la circulation, pourvu que ce ne soit que pour "un temps" qui ne soit pas une simple didascalie, mais le temps que "la chair" enraye l'hémorragie, "le Sang de la Pensée" n'étant que "l'âme de la chair" et non l'âme en elle-même, et en n'omettant pas non plus cette différence essentielle entre "la circulation de l'âme" d'avec "la circulation de la Pensée" que celle-ci avait lieu "à l'intérieur" tandis que l'âme, pour savoir d'où elle vient, non seulement est douée de la faculté de monter via l'échelle vers le macrocosme qu'elle n'est pas en mesure de contenir, car l'âme n'est pas un contenant ; mais elle doit aller vers l'extérieur, mode de circulation qui peut paraître antinomique avec l'intériorité symbolisée par l'âme, la faculté qui est la plus intérieure à l'HOmme. C'est pourquoi il est nécessaire que cette circulation, que ces voyages de l'âme soient rares, autre démarcation du mouvement circulatoire de la pensée qui est constant. Pour l'âme, qui n'a pu apparaître que comme une "vue de l'esprit" aussi longtemps qu'on se cantonnait dans le domaine de la Pensée, le Verbe en se vidant de Son Sang, en se faisant silence, n'a pas seulement transformé les barreaux de la cage en "échelle de Jacob" par où l'âme pût monter et descendre à son gré et selon ses temps tous les degrés qui la séparaient du ciel : mais le Verbe a révélé pour elle rien de moins que "l'âme de la divinité".


Que la Pensée n'en prenne pas ombrage : l'âme lui reviendra, l'irradiant de cette lumière pourpre et douce à la fois. Mais surtout, de ce moment de ce qu'avec trop de goût du mystère, on nomme "le oyage astral de l'âme", où il convient que, l'âme s'étant décorporée, la Pensée enraye l'hémorragie cérébrale pour pouvoir se faire entendre de nouveau de tout l'être réintégré, afin que l'Ame, la Pensée, le Langage et le Corps puissent travailler de concert à constituer le Paysage harmonieux d'un Message ; que la Pensée, frustrée d'avoir été délaissée de l'âme et vidée de son sang, de ce moment, ne se laisse pas séparer de "l'ORDRE DE L'ESPRIT" par cette mauvaise habitude qui s'est prise depuis quelque temps par un certain Langage de "spiritualité à deux balles" d'employer "le Mental" pour "l'Esprit", pour diminuer celui-ci, au titre du "développement personnel", en assimilant l'Esprit à une "Maladie de l'intelligence", et la Pensée à une "maladie mentale" : ce n'est pas parce qu'elle est "la chose de l'esprit" et qu'elle peut, par conséquent, être soumise à "des esprits" dès lors que l'âme s'en dissocie et l'abandonne, que la Pensée fait le lit des maladies. de même, ce n'est par l'effet d'aucun exercice méditatif, mais par la Kénose du verbe, que l'âme peut s'échapper et parvenir momentanément à faire taire "le Mental", Silence qui n'est nullement destiné à durer au-delà de son temps parce que, si, au centre commun de la Pensée, de l'Ame et du Langage, il y a une intuition qui relie les diagonales du quadrilatère de la Pensée ; qui inspire le langage en faisant venir les mots sans qu'on sache de quelle source ils sont tirés ; et qui soulève ([4]) la "mémoire de l'âme" et sa nostalgie de venir de quelque part, c'est bien en vue que s'élabore un message paysagé.



4. le sac de bulles.


aussi vrai que la Pensée est de l'ordre de l'esprit, le Langage fait la jonction entre la traduction de la Pensée et "le mal de l'âme" dont il donne version dans le malaise du théâtre qui ne veut continuer à se jouer qu'en cessant de se déguiser ou à condition de se distancier subséquemment à la nécessité de la continuation du déguisement, si celle-ci ne peut être évitée. (Le "théâtre" a le sens de "l'absurde", il sait donc faire la part de l'inévitable.) C'est dire que, si c'est du langage que se tire l'échec d'une Pensée qui ne peut mieux faire que de se théâtraliser ; si d'autre part, le langage est tiré d'une source qu'on ne sait pas localiser ; si enfin, c'est encore lui qui, par l'intermédiaire de la Kénose du verbe, réveille l'âme, sur le mode apophatique de la renonciation du silence, il faut croire que, plus qu'il n'est un pont, de même que la Sensation de l'Intuition s'étire plus volontiers du côté de la "Logique de la Sensation" que de celui de la "Volonté de Représentation", le Langage ressortit plutôt du domaine de l'âme que de celui de l'esprit. Ou plutôt, tandis qu'on pourrait le croire destiné à l'"Expression de la Pensée" au sein de "l'Ordre de l'Esprit", à travers un certain dévoiement de la Parole dans cet Etalement Expressif, voici que le Langage semble disposé afin de l'âme et de sa manifestation, comme on va le voir en faisant sommairement la généalogie de son apparition et de son rôle dans nos vies singulières.


Tout homme naît dans l'impensé, peut-être dans "la pensée simultanée", en tout cas dans l'inconscience qu'il pense, dans l'absence de dédoublement réflexif de la pensée Pensante en la Pensée se sentant penser et , ce qui revient à dire que l'Homme ne pense pas en naissant. Tout homme naît aussi de plusieurs enfantements qui ont un certain caractère successif : l'enfantement biologique de sa mère tout d'abord, l'enfantement adoptif de celle-ci qui, dans le meilleur des cas, se déroule simultanément à l'enfantement biologique ; l'enfantement adoptif de la communauté qui l'accueille et qui, dans le meilleur des cas, n'en fera pas un enfant laissé à l'abandon, sur la paille, tenu à distance des droits communs qu'il n'a qu'en principe, l'enfantement enfin de sa propre adoption des conditionnements internes à la communauté qui l'accueille, conditionnements sociaux, moraux, philosophiques et religieux de l'"Inconscient collectif" ; adoption du "poids de sa mère" et de "LA GLOIRE DE (son) PERE" ; adoption enfin de lui-même par lui-même à travers le choix, non de ses options, mais de ses goûts et de ses propres obsessions. C'est dans ce dernier enfantement de sa propre adoption de lui-même et des autres que le Langage va lui servir d'auxiliaire en l'aidant à choisir ses abcès de fixation.


Prenons une image qui me paraît plus qu'une image : de même que sa mère l'avait fait naître à l'enfantement biologique, lorsqu'enfin il paraît, sort de Mère, émergeant des voies matricielles/maritimes où il avait acquis "la Mémoire du Poisson" (les homophonies ne sont pas des coïncidences innocentes), son accouchement n'est pas encore terminé : le Langage va le réimplanter en lui tandis qu'il vit dans l'impensé, et cette implantation de l'Enfant dans le Langage va durer jusqu'au temps de sa seconde naissance qui sera celui où il dira ses premiers mots. Que se produit-il pendant cette nouvelle implantation où l'enfant paraît vivre, mais protégé par le Langage comme il fut couvé en Mère ? Que se joue-t-il dans cette nouvelle matrice (du genre masculin en français, donc observateur et inactif comme le Principe Primordial de l'esprit chez les Hindoues ?), matrice où Pensée et Langage sont présents, mais comme si le Langage précédait la pensée d'un iota, ayant mémorisé depuis quelque source originelle, depuis quelque "langue", non "maternelle", mais "source", la "trace" d'un passé non simultané que la Pensée imprimera sur une bande sténographique dès qu'elle pourra, dès que le service des mots se sera rendu plus articulaire... La Pensée ne sait s'acheminer sans empreintes à relier, ni support sur lequel matérialiser sa reliance. Le Langage est lié d'avance à "je ne sais quoi" d'impossible à renier...


Telle une bande magnétique vierge placée dans une enveloppe à bulles, ainsi l'HOmme dans le Langage. Ces bulles seraient elles-mêmes des enregistrements et pourraient bien former à elles toutes un enregistrement de tous les mots, les bulles au-dessus desquelles l'enfant sera couché ayant reçu l'empreinte de tous les mots antérieurement gardés par la mémoire de la langue que l'enfant va parler tandis que la couche des bulles supérieures se formera à mesure que l'enfant va croître, des mots qu'à peine commence-t-il d'être étendu, il va commencer d'entendre prononcés autour de lui, spécialement à son sujet. Comme cela a lieu lors du premier enfantement biologique, parfois,l'enfant marque de signes d'impatience sa volonté de sortir par des coups de pieds qu'il donne dans le ventre de sa mer. Ces signes d'impatience sont-ils le fait de l'engourdissement d'un corps qui a besoin de s'étirer pour s'aguerrir, ou bien ces coups de pied veulent-ils signifier quelque désagrément de ce que l'Enfant sent que les autres pensent de lui, trament contre lui, lui assimilant une fin destinale sans qu'il ait voix au chapitre ? Tout doit dépendre des moments. Dans cette seconde implantation de l'Enfant dans l'enveloppe à bulles enregistreuses du Langage pour moitié préenregistré, implantation dont le but est la situation du nouveau-né vis-à-vis de son destin et son adoption des conditions qui l'environnent et de sa propre condition, laquelle adoption, se construisant dans l'impensé, précède les adoptions extérieures dont il fera l'objet et qu'il devra entériner par la suite, ses signes d'impatience sont de deux types : il lui arrive de donner des coups de pied dans telle bulle de mot, soit que le mot entendu n'agrée pas à ses oreilles, ou que le coup de pied marque tout simplement son impatience de communiquer, un peu comme quand, en rêve, parce qu'on n'a pas éteint son poste de radio sans lequel on ne peut s'endormir, la peur du silence aidant, on entend des propos qui nous déplaisent ; on brûle d'intervenir pour les démentir, les contredire, donner son opinion ; on mugit de n'être pas dans le studio pour rectifier ; or personne ne nous a invités :

"Dans tes rêves, peut-être, tu te crois invité", mais le principe de réalité fait irruption dans le sommeil pour nous rappeler que nous vivons sous le régime de "la démocratie représentative" où personne ne nous donne la parole, ni voix au chapitre dans le récepteur, sauf à être réceptifs : cela nous vexe, cela nous réveille !


Lorsque l'enfant donne ainsi des coups de pieds dans ces bulles, les unes gonflent, les autres crèvent. Réciproquement, lorsque l'enfant, loin de donner des coups de pied, se place dans le sac à l'endroit qui lui paraît le plus moelleux à la détente de son corps, il peut aussi, en appuyant avec son dos, crever des bulles. Les bulles crevées dans son dos, vont être l'assise profonde de son âme, l'atmosphère mentale et spirituelle dans laquelle il se sentira le plus à l'aise. Les bulles qui vont gonfler sous ses coups de pied vengeurs vont être les abcès de fixation et les obsessions qui vont déterminer ses Impulsions ; les bulles qui auront crevé exprimeront les obsessions dont il se sera délivré et qui vont former les Intuitions de l'oeuvre de sa vie, oeuvre qui devra manifester cette libération de l'Ordre des Impulsions à la Liberté Intuitive. Ces bulles, soit qu'il s'y vautre à plaisir, soit qu'il les gonfle ou les perce, seront toujours des mots. Ce seront les mots de son paysage intérieur, les mots de son Message.


Parmi les mots d'en-dessous, figureront, bien sûr, ces mots d'entrée que seront "papa" et "maman", mais ce ne seront que des mots d'entrée. La psychogénéalogie fera même que ces mots d'en-dessous auront mis en-dessous un peu de la part d'au-dessus des obsessions parentales que l'Enfant, dans la gestation du Langage, mettra dans son héritage, violence bien plus grande que celle qui lui est faite quand il ne lui est pas soumis s'il veut bien "se donner la peine de naître", d'accepter son héritage et de signer la "reconnaissance de dettes" par laqelle il contracte un "surmoi" pareil à celui du "contrat social", qui est réputé signé par lui sans qu'il ait eu à apposer le moindre assentiment. Ces noms parentaux seront les mots d'entrée qui appartiendront à l'En-dessous pour autant que ce seront les premiers, mais ils ne seront pas les seuls, et peut-être même ne seront-ils pas essentiels. Et, si d'aventure, l'Enfant devait sentir, depuis sa bulle, que sa confiance a déjà été trahie avant qu'il en sorte, en sorte qu'il n'arrive pas à prononcer ces premiers mots aussi rapidement qu'à leur tour, ces mots d'entrée deviendront des MOTS D'AU-DESSUS : avant terme, je veux dire avant le terme de la sortie du Langage, ces deux noms parentaux seront le problème de sa vie . Mais, précisément, s'ils le sont avant terme, le Langage pourra lui fournir, non pas une solution à ce problème, mais une consolation, un refuge par où en sortir. Il est sûr en tout cas que les noms parentaux ne seront que les mots d'entrée des mots d'En-dessous, et il y en aura beaucoup, outre ces deux-là, qui le détendront et lui feront du bien. Ici se formeront ses goûts par différenciation avec tout ce qui pourrait lui avoir été occasion de dégoût. et il y aura mille et une bulles spirituelles qui lui ouvriront la voie vers cette autre saveur qu'est la Sagesse.


Enfin, l'enfant prononcera ses premiers mots et sortira de la bulle. Il en sortira beaucoup plus lentement que sa mère n'en aura accouché. Il en sortira à mesure que sa conscience naîtra du langage à une Pensée qui fera reposer la distinction de la Personne de l'Enfant sur la perception des diverses phases du temps. Il sortira de sa bulle, marqué, l'Enfant-Coquille, autant que par sa vie intra-utérine, des bulles percées d'en-dessous qui seront son fonds d'assurance et des bulles d'au-dessus qui seront le Paysage des embûches qu'il devra surmonter pour dispenser et distribuer son message. Il en sortira avec un "capital de mots", un arc, un carquois et des indications de cibles vers où lancer son grand "pourquoi". Il en sortira avec des croyances. Le Langage l'aura couvé pour faire de sa conscience un Message et pour former, pour dessiner le Paysage de son âme. Que sera sa Conscience entre sa Pensée, son Langage et son Ame, sa Pensée qui se déploiera dans le temps, son Langage qu'il produira désormais et son Ame qu'il aura cessé d'avoir tout à fait oubliée, mais qui ne rappellera son existence que durant ses rares échappées ? Sa Conscience sera la terre du travail commun de ces trois instances à laquelle la Pensée fournira les conditions du sol relatives à sa tectonique particulières ; que l'âme viendra influencer des variations telluriques issues du ciel, aussi bien atmosphériques qu'hygrométrique, dans une non séparation des eaux d'en haut et des eaux d'en bas ; tandis que le Langage sera la fleur et le fruit qui pousseront des influences conjuguées de l'Ame et de la Pensée, influences de nature fort éloignée. Le Langage sera identifié au Message produit par la Conscience, la Pensée aux conditions psychomentales de son élaboration, l'Ame au Paysage de ce message préparé par le Langage et que le Langage sera devenu. Par suite, la Conscience et l'Ame seront confondues comme la terre et le ciel dans le noyau du Message que portera son Langage. La Pensée étant de caractère essentiellement intuitif, disparaîtra comme une opération technique et un "moyen de production". La Conscience, née du Langage, sera tout entière attachée au Langage et survivra comme la trace du Message laissée après la mort de celui qui l'aura produit. Le "moi" aura servi de véhicule à ce Message que le Langage aura véhiculé en traçant des sillons dans la Conscience dont la forme d'immortalité sera la trace laissée par le Message au dehors, l'espèce d'épitaphe qui peut résumer un HOmme complétée des phrases de lui qui le condensent ; tandis que, le "Moi" se dissipant, l'Ame, d'un Paysage qu'elle aura été, qui aura offert un Pays au Message, comme il arrive qu'une terre devienne son Nom, que l'Ame acquérera l'immortalité en devenant un Message substantivé.


Au commencement, l'Ame aura occupé tout l'espace paysagé, comme s'il était possible que tout le Paysage fût occupé par le ciel. L'ame, comme un ciel au plus haut d'un dessin encore vierge, aura occupé la totalité du Paysage, pour autant que le Paysage est le pays rêvé, mais aussi que c'est l'horizon qui est la plus fine pointe du dessin, et puis parce que, si le ciel n'éclairait le Paysage... Mais ensuite, l'Ame va être descendue de son piédestal céleste et paysager, de cette liquéfaction pastel qui n'en fait qu'une peinture de l'homme en déni de sa biographie. Sans doute, l'âme gardera-t-elle toujours cette indifférence à la biographie ; mais l'Ame, après avoir occupé tout l'espace du Paysage, sera envahie par le Message tenu par le Langage, par un juste retour des choses après que le Langage aura senti "le mal de l'âme" et que, pour soulager ce mal, il se sera ressourcé de mots où l'âme ne pouvait même pas savoir qu'il y avait des mots pour elle : le Langage se sera, pour soulager ce "mal de l'âme", assujetti à son domaine, quitte à passer pour une lune et sans avoir égard à ce qu'ayant part à la Grammaire, il pouvait revendiquer les droits de l'intelligence : se trouvant quant à lui tout dépourvu, tout déconstruit, il a laissé la Pensée jouir seule des fruits de l'Ordre de l'Esprit.


Il ne faut pas que l'Ame se Dépayse du Message. Car, si l'Ame ne veut prendre une part du Message que porte la Conscience, si elle ne consent pas à être exprimée en un Langage, à quoi sera-t-il bon qu'elle soit tenue pour unique et préservée de la dissolution universelle en tant de combinatoires ou manières de Pensées ? Si l'Ame trouve indigne d'elle de participer du Langage, à quoi aura-t-il servi qu'une Intuition soulève sa Mémoire, contenue dans un Langage qui est allé la ressourcer où nul ne sait ? Et, si le Langage a pu trouver le lieu de ce ressourcement, à quoi bon le déconstruire, comme s'il ne venait pas de plus loin que la Pensée qui, sans lui, serait sans véhicule où la conduire du plus loin d'où elle vient à celui où elle va ? La conscience, l'Ame, la Pensée, "C'est Vénus tout entière à sa proie attachée", au Langage, qui ne devient prédateur que s'il est détaché de l'inspiration qui le porte. Si le Langage est relié à l'Inspiration qui fait battre la mesure de sa scansion, il peut délivrer la Pensée de n'être qu'une technique et empêcher que "la science" ne s'en empare et qu'une fois qu'elle aurait découvert comment l'activité cérébrale combine la rencontre des infinitésimaux universels électriquement contenus et se convenant dans le cerveau pour répondre opportunément, elle pût en inférer, allant de la technique étudiée à la technique appliquée ("LA PENSEE, C'EST DE LA DYNAMITE" ! Et ce n'est pas la peine, après, Alfred NObel, que tu ailles décerner des "récompenses pour la paix" en "apprenti sorcier repenti" tirant le montant de tes "prix" de ta cagnote de "marchand d'arme" devenu une autorité morale, hypocrite !) une bombe atomique spirituelle. Le monde vivra ou périra par l'esprit. Mais la pire injure à lui faire et la plus dangereuse pour la "mort de l 'Homme", c'est de traiter le Langage comme s'il était autonome du Mystère qu'il signifie, pour faire comme s'il n'enfantait pas l'homme, après qu'on a déjà traité le corps des mères comme un temple autonome de la vie. Faut pas renouveler l'exploit, faut se ballader dans le langage et glaner, grapiller, à l'insu de "BOZ ENDORMI", les enseignements de ses homophonies. et le pire service que, par orgueil, pourrait rendre l'Ame à l'Homme - et se rendre à elle-même -, ce serait de ne pas reconnaître qu'elle est liée au langage. Si elle le nie, le détruit, le déstructure, elle avoue en même temps qu'elle n'a pas de réalité. Beaucoup de "grands esprits" le croient, ne serait-ce pas qu'ils sont "sans âme" ? Notre époque n'est guère animiste, mais ne s'est-elle pas déclarée la guerre à elle-même et souhaiterions-nous d'aggraver le conflit ? Car, si rien n'a de réalité qu'à part soi, pourquoi ne pas tout détruire à la fin ? Pourquoi ne pas se servir de l'arme du langage pour découvrir "LA BOMBE ATOMIQUE SPIRITUELLE" ? Au contraire, si tout n'a de réalité qu'en harmonie, et la nostalgie géométrique y compris, il y a une infinie joie pour l'esprit à sonder cette harmonie, c'est la plus belle merveille spirituelle du monde !



--------------------------------------------------------------------------------

[1](Je dois l'idée selon laquelle Dieu est "Logique de la Sensation" à mon filleul Simon. Quant au fait que Dieu Créant et, dirais-je, S'humiliant jusqu'à être projeté dans "le monde", nous apparaisse comme "Volonté de Représentation", ceci ne doit pas être interprété comme un contresens Schopenauerien. Je ne dis pas comme les jansénistes que "tout ce qu'il y a dans l'Augustinus est dans Saint-augustin". Au rebours, j'assume que la proposition que je fais ne soit pas dans Schoppenauer.


Je pose que "je n'intentionnalise pas le monde" comme ma "volonté de le représenter", mais que le monde est posé devant moi comme "la volonté de Représentation" de Dieu.


Et, si jamais je ne voulais résolument pas croire que le monde fût une projection significative de Dieu, je n'ai qu'à me conditionner à ne pas croire non plus qu'il y a quatre marches à la sortie de la salle de cours où une demoiselle empruntée m'apprend à croire que "le monde est fonction de mon intentionnalisation". Si jamais je tombe des quatre marches que je me serai exercées à croire qu'il n'y avait pas, au sortir de la salle où la demoiselle empruntée me professait sa leçon, je me retournerai contre son assurance et la tiendrais pour personnellement responsable de ma chute.)



[2] (14 mai 2008


Je crois utile de tempérer ce propos en le resituant comme ayant été émis par un "spirituel" qui a refusé le combat. Ainsi, croirai-je être plus près de la vérité en disant qu'en effet, tant que "le moi" n'a pas touché "la volonté d'être heureux" ou de "guérir" qui descend jusqu'à "l'intention de son âme", il n'a certes pas de "volonté" puisqu'il n'a pas rencontré sa volonté propre. La vraie question du guérisseur, du médecin, du thaumaturge, du psychanalyste devrait être celle que le Christ pose en filigranne à l'aveugle bartimée :

"veux-tu guérir ?"



(Restituons l'échange à trois interlocuteurs qui aboutit à cette question. Le Christ demande à un premier candidat au miracle :

"Que veux-tu que Je Fasse pour toi ?"

Un autre pénitent répond :

"Seigneur, si Tu le veux, Tu peux me guérir."

L'union de ces deux questions peut se faire dans :

"Veux-tu guérir ?")


Beaucoup de "thérapeutes" reprochent à leurs patients de ne pas "vouloir guérir". Or, s'ils le voulaient, ils n'iraient pas les voir. Ce à quoi se doit tout "travailleur de la psyché" qui n'est jamais, pour qui se prenne-t-il, qu'un "facilitateur du moi", qu'un contributeur à son expression, c'est de faire toucher au "moi", sinon sa "volonté de guérir", car peut-être la vie est-elle une maladie incurable, du moins son "désir de bonheur" ou de rencontrer l'absolu, qui est juste au-dessus des racines de "l'intention de son âme".)



[3](Pour détailler un peu "le quadrilatère de la pensée", il faudrait en faire le tour : les deux longueurs en sont la "Logique de la Volonté" (AB) et la "Représentation d'une Sensation" (DC) ; ses deux largeurs sont "la Volonté d'une Sensation (AD) et "la Logique d'une Représentation" (BC).


Ce qui frappe à l'énoncé de ces segments, c'est comment les longueurs voudraient être chacune parcourue de droite à gauche, puis en sens inverse de leur énoncé : "la "Logique d'une Volonté" (aB) voudrait être une "Volonté de Logique" (BA) qui serait symétrique à (parce qu'allant à l'inverse métaphysique de) "la Sensation d'une Représentation" (CD), laquelle, pour coïncider avec la "Volonté d'une Logique" (BA), voudrait être la "Représentation d'une Sensation" (dC), comme cela semble en effet mieux embrasser l'approche conceptuelle de la Pensée : la "Volonté d'une Logique" qui irait s'incarnant en "représentation d'une Sensation". Il semble en aller ainsi, que la "Volonté de Logique" exprimée dans la longueur de base parcourue en sens inverse (BA), ne soit pas exaucée par la "sensation d'une Représentation" qui va dans le même sens qu'elle en DC. La "Volonté d'une Logique" (BA) n'est pas davantage exaucée dans la "Volonté de Représentation" (BD) qui est le plus loin que puisse atteindre "Dieu Voulant Etre Perçu". Enfin, la Pensée avoue son caractère hallucinatoire en s'affirmant "volonté de Sensation" (BC) et "Logique de Représentation" (AD). Rien ne pourrait mieux la définir que ce dernier segment (AD). En largeur, la Pensée est plus hallucinatoire qu'en longueur et ce n'est pas un hasard : largesse poétique de l'hallucination. Elle reçoit pourtant une définition complémentaire en BC et en CD : "Volonté d'une Sensation" rendue dérisoire en n'étant que la "Sensation d'une Représentation".


Si maintenant on assignait à la surface du centre du quadrilatère, l'Intuition, son périmètre spirituel et qu'on fît dériver chaque sommet vers le centre, ce qu'on y trouverait d'intéressant ne serait pas "la Volonté Spirituelle" coïncidant au choix avec "l'Intention de l'âme" ou la "Recherche de Spiritualité" ; ni la "Sensation Spirituelle" : il n'est que trop évident que la spiritualité est de l'ordre de la Sensation. Ce ne serait pas non plus la "Représentation Spirituelle", par quoi l'Intuition fait le pont avec la philosophie en ouvrant la voie à toute phénoménologie. Mais ce serait la "Logique Spirituelle", qui irait à l'encontre de ce titre si prometteur d'un ouvrage de Bergson qui tient si peu ses promesses : "L'ENERGIE SPIRITUELLE". C'est que "la Spiritualité" est tout entière Energie, que "l'Energie Spirituelle" est donc un pléonasme alors qu'il y a une "Logique Energétique", une "Logique Spirituelle".




[4](Le souvenir ne soutient pas seulement, il soulève aussi !)

mardi 8 juin 2010

Dialogue du torrentiel avec un croissant de lune

Joute oratoire entre un chrétien fervent de culture occidentale et un partisan de la « nation islamique »


Ce dialogue a été motivé par la censure d’un forum associatif à la suite des réactions de ses protagonistes à la parution de l’ouvrage de Michel Onfray : « LE CREPUSCULE D’UNE IDOLE » dès que les deux protagonistes du dialogue ont soulevé le problème du fascisme, approuvé uniquement dans l’une de ses finalités, qui est l’unité du dessein politique, par opposition à la dispersion/dissociation des régimes de démocratie représentative, qui se comportent en Républiques associatives, véritables diviseuses les causes qui gouverne en mettant en concurrence les intérêts catégoriels . Croissant de lune propose ou entrevoit la prédominance de « la nation islamique » comme alternative géopolitique, tandis que le Torrentiel, fidèle à une idée qu’il porte depuis vingt-cinq ans, soit depuis qu’il a l’âge de dix ans, tente de défendre et illustrer la démocratie directe, seule utopie qui ne lui paraisse pas mortifère. Les protagonistes de ce dialogue laissent le soin à chaque lecteur de les départager. »



En réaction à l’article du « monde des livres » d’Elisabeth Roudinesco intitulé : « POURQUOI TANT DE HAINE » ? Premier contact avec le Croissant de lune.

15 Avril 2010

-Merci pour ces commentaires et critiques. Je ne suis pas sûr, si scandaleux que ça paraisse, qu'il y ait de quoi décourager quelqu'un d'acquérir et de lire ces livres! Pourquoi pas un peu de scandale, au lieu de consommer toujours le flanc et la soupe convenu, de penser le prêt à penser! L'indignation n'est-elle pas parfois toxique ?

Croissant de lune.


Réponse du torrentiel.

15 Avril 2010

-Ce n'est pas la première fois que je me retrouve d'accord avec « Croissant de lune », que je ne connais pourtant pas.

Le moins qu'on puisse dire est qu'Elisabeth Roudinesco, si elle est une historienne rigoureuse, n'est pas un modèle de tolérance. Le livre "LE CREPUSCULE D'UNE IDOLE" serait-il "truffé d'erreurs" ? Les analyses que fait Mme Roudinesco sur quelques thèses d'Onfray le sont aussi. En voici quelques-unes, principalement relevées au début de l'article, après quoi je ne saurais deviser d'autorité avec une spécialiste si au fait de son sujet, Freud, que Mme Roudinesco :

1. Où Mme Roudinesco trouve-t-elle un principe de préfiguration chez Onfray, qui est un philosophe sans téléologie, pour qui rien n'est écrit d'avance puisqu'il n'y a pas de Dieu pour forger un destin ?

2. Onfray serait-il le premier à parler d'islamofascisme ? a l'opposé et de façon tout aussi sotte, Jules Moneroe a bien comparé le communisme à "l'islam du XXe siècle". Quoi qu'il en soit, ceux qui accusent l'islam de fascisme, mot-valise dans lequel on met n'importe quoi, oublient que le fascisme est totalement dépourvu de dimension théocratique. Or l'islam poussé dans ses retranchements islamistes, connaîtrait précisément une dérive théocratique et donc ne saurait être fasciste.

3. "Fondateurs d'un monothéisme axé sur la pulsion de mort, les juifs seraient donc les premiers responsables de tous les malheurs de l'Occident." Il est vrai qu'Onfray, parmi toutes les religions en général, prend en grippe le monothéisme. Mais où peut-on trouver trace d'antisémitisme dans son "TRAITE D'ATHEOLOGIE" ? quand Onfray veut mettre une religion à l'épreuve de sa critique, c'est le christianisme qu'il cloue au pilori, et il est vrai que cette posture-là est moins dangereuse, le christianisme ayant, pour ainsi dire, dans ses statuts de tendre l'autre joue.

4. Dans ce même ouvrage, Onfray prônerait, selon Mme Roudinesco, "une religion solaire, hédoniste et païenne habitée par la pulsion de vie". Or Onfray ne prône pas de religion du tout. L'accuser de paganisme, c'est le mettre de mèche avec la nouvelle droite, ce que Mme Roudinesco ne se prive pas de faire dans la suite de son article. Onfray ne saurait être païen puisqu'il est athée, bien que sa définition de l'athéisme ait laissé par mégarde une brèche ouverte à la foi :
"L'athée, écrit Onfray, c'est l'homme libre devant dieu".
Pardon ? Il y a un dieu devant Lequel être libre ? Mais les croyants n'affirmeraient pas autre chose en parlant de "sainte liberté des enfants de Dieu" qu'ils exercent devant leur père. Onfray aurait mieux fait de dire :
"L'athée est un homme libre de dieu".

5. Que Freud ait été accusé de pastiche, Elisabeth Roudinesco n'en fait pas mystère dans sa propre "HISTOIRE DE LA PSYCHANNALYSE EN FRANCE". Mais ce qui peut être écrit sous sa plume perd toute légitimité quand cela passe sous celle d'Onfray. De même, que Freud n'ait pas beaucoup aimé son père qu'il accusait de servilité coupable, Elisabeth Roudinesco le relève en détails, quand elle raconte la frustration éprouvée par Freud devant son père descendant du trottoir et ôtant son chapeau au passage de plus puissant catholique que lui dans cette vienne qui n'a pas coupé le cordon avec cette religion dominante. Et c'est en assistant à cette scène, nous dit Mme roudinesco, que Freud rêvera d'être un Hannibal conquérant l'Occident, mais un Hannibal vainqueur cette fois pour de bon de la romanité.

6. Enfin, était-il acceptable que Freud se place en position d'analyste de sa propre fille sans entrer avec elle dans une relation impossible de manipulation sans exemple ? que la cure ait duré quatre ou dix ans ne fait rien à l'affaire. Mais il faut dire que l'inventeur de la psychanalyse, qui a toujours supposé le miroir de l'analysant, s'est montré bien peu regardant sur la présence de ce miroir en faisant son autoanalyse. Le père de la science nouvelle n'a pas vraiment montré l'exemple... vous me direz qu'il pouvait faire ce qui lui chantait puisqu'il était le père. Par exemple, la cure de Gustav Mahler se déroula en quatre heures, au cours d'une simple promenade. Et voici Mahler délivré, si tant est que ce soit la fonction de la psychanalyse de guérir ses patients et de délimiter le seuil entre "le normal et le pathologique", qui a tant intéressé Georges Canguilhem, dont Elisabeth Roudinesco fut l'élève admirative...

6. Liaison ou pas avec Mina Bernays, Freud est en tout cas parti en voyage avec sa belle-soeur, et la chambre de Mina communiquait avec la chambre conjugale du ménage de Sigmund et de Martha chez qui Mina vivait, occasionnant au couple une dépense dont il arrivait à l'inconscient du rêveur Sigmund Freud de déplorer l'excès.

7. qu'Onfray puisse citer favorablement des analyses empruntées à Pierre Debray-Rizzen a de quoi le condamner définitivement aux yeux de Mme Roudinesco, elle à qui "le club de l'horloge" auquel elle décoche une flèche décerna le prix Lissenco...

Freud est-il blanchi par le sectarisme de Mme Roudinesco et sali par les approximations d'Onfray ? Il faut reconnaître à tout fondateur de théorie le droit d'être paranoïaque. Freud ne l'a pas plus été que saint-Paul. L'ennui avec cet homme qui prétendit lever le voile sur l'inconscient des humains était que cela ne débouchât point sur "le sentiment océanique" qu'il récusait comme la plus dangereuse des "illusions". quand Socrate citait l'oracle de Delphes afin d'inviter quiconque à se connaître, c'était pour découvrir "l'univers et les dieux". Les mystiques chrétiens . lancèrent la même invitation : mais c'était pour que l'âme s'humiliât devant dieu. Freud, défrichant d'inconscient, ne fait jamais que proposer une variation sur le même thème, seulement voilà : il n'aime pas la musique, et ce sceptique ne voit dans l'inconscient qu'une occasion de remonter de la reptilité magique à la rationalité réaliste, celle qui ne prend pas pour satisfiable "le principe de plaisir". si Freud doit être regardé comme un pervers, ce n'est pas, en tout cas, un pervers licencieux.



Le torrentiel


Croissant de lune.

18 Avril 2010

-Salut torrentiel et merci pour tes réfutations appuyées visiblement sur des connaissances solides des deux ou des trois auteurs. En passant, je dois dire que j'ai bien aimé ta météo volcanique matinale, heureuse trouvaille!

Je ne suis pas connaisseur de tout ça, la psychanalyse ne m'a jamais fait bander. Aussi ne me suis-je pas donné la peine de l'étudier. Or, les seuls éléments, vagues il est vrai, mes rares lumières sur cette matière, suscitent de ma part une relative distance, voire une aversion, plus intuitive que raisonnée. Mais la vie nous apprend, que nos premières impressions, sont moins empiriques qu'on ne croirait, qu'elles sont généralement "vraies"!

Et précisément, Michel Onfray présentait son livre "crépuscule d'une idole" ce matin sur Europe-1 dans l'émission "C'est arrivé demain". J'ignore comment postcasser cet entretien, mais si quelqu'un sait, qu'il nous transmette le lien! Ce n'était qu'une présentation succincte du livre, et pourtant, j'ai senti qu'il s'agit d'un travail de déconstruction salvatrice. On se sent libéré quand on entend ruiner les mythes prétendument universels de l'inceste et de la castration.

Depuis toujours, j'ai eu beau me tâter, je n'ai pas trouvé trace du complexe d'oedipe en moi! Désolé, mais pas de désir pour ma mère, une séparation nette de l'amour maternel et de l'amour d'une femme comme n'étant pas de même nature ou substance. Il est bien vrai que je vécus ensuite des situations de désir envers des enseignantes, mais un Freudien pourrait très bien en tirer l'argument suivant : "c'est que vous avez refoulé le désir oedipien et l'avez reporté sur une maîtresse d'école". Le problème c'est qu'ils ont toujours raison, leur "science" ou "concept" étant si large et mal défini qu'il ne peut être pris à défaut! Alors, objecterais-je, comment expliquer le désir de métissage si important aujourd'hui? Désirer si fort une femme ou un homme d'une autre race ou d'une autre communauté ne peut pas être associé à l'oedipe? On l'entend déjà répondre que précisément le pays d'accueil est une sorte de mère ambiante! Donc pas moyen d'en sortir!

Voilà, pour mon ressenti sur Freud et la psychanalyse. D'autre part, l'article de la journaliste du monde a un ton qui m'agace. Elle érunte Onfray non pas seulement au moyen d'une critique loyale, mais on y sent une condamnation morale, plus ou moins une diabolisation, une démonisation excessivement conformes à l'air ambiant! En fait, c'est un article de "censure" et non une critique. Ainsi, on condamnerait tout aussi bien Dieudonné ou Garody. Au nom de quoi on condamne? Au nom d'une idéologie ambiante dominante. Quelle est-elle? C'est indéfinissable, de la soft-idéologie, du droitdel'homisme démocratiste ou quelque chose comme ça! Ces gens-là ont des indignations vertueuses de dames patronnesse, par ailleurs très sélectives! Envers les guerres injustes, qui sont le fait majeur de notre temps, on n'a de leur part qu'un silence approbateur ou des condamnations molles et conniventes! Mais ça, ce sont d'autres questions, qui se prêtent peut-être mal à cette liste.

Croissant de lune


Le torrentiel.

18 Avril, 7h24

-Merci « croissant de lune » pour ta réponse très personnelle (j'aime bien ça. Merci sésame de nous laisser échanger sur ce ton-là) à ma petite réfutation de l'article de Mme Roudinesco. Maitre censeur, cette dame, oui, et grande bourgeoise, comme son homonyme en élisabéthisme, Mme Badinter, toutes gens qui se voudraient maîtres à penser, mais il faut dire qu'il y a des gens qui adorent s'enquérir auprès des prétendues "grandes consciences" de "ce qu'il faut penser", comme s'il fallait penser quelque chose, comme si la pensée ne nous venait pas toute seule. . Le "falloir-penser", c'est la construction dogmatique de l'idéologie, qui a cela de plus terriblement contraignant que les doctrines religieuses que l'idéologie est glaciale, de ne pas être fondée sur des mythes, mais de se croire établie sur une cohérence à laquelle on est parvenue grâce aux lumières de la pensée. Les lumières... Une lumière qui se démultiplie en se divisant contre elle-même ne produit-elle pas de l'obscurité ? Les lumières ne nous ont-elles pas assurées un obscurantisme moderne, qui consiste dans l'ignorance de l'adversaire, auquel point n'est seulement besoin de répondre puisque sa pensée n'existe pas. A la vérité, Elisabeth Roudinesco fait beaucoup d'honneur à Michel Onfray : elle mentionne son existence, quand tant d'obscurs restent dans l'ombre... Michel Onfray a au moins cette chance de bénéficier d'une certaine notoriété.

Ils sont nombreux, les idéologues d'aujourd'hui, à avoir raison, quoi qu'ils disent et bien qu'ils ne voient rien venir : piètres météorologues du temps qu'il fait dans la socioatmosphère. Par exemple, après un nuage islandais, les plus grands écolos (c'est-à-dire tous les politocrates d'aujourd'hui, qui ne sauraient se faire élire sans se pencher sur la planète en faisant fi des famines humaines) sont les premiers à gémir au nom de l'économie parce qu'on prend des précautions pour que les avions ne décollent pas au risque qu'un nuage de cendres ne bousille leurs réacteurs. et tout est à l'avenant. ayons à coeur de dénoncer ceux qui ont toujours raison, simplement parce qu'ils savent s'exposer. et "exposer" leurs adversaires à la vindicte de l'opinion.

Quant à la psychanalyse, le plus grand intérêt qu'elle revêt à mes yeux est d'avoir promus l'associationnisme en vertu littéraire, ouvrant la voie au surréalisme et aux champs magnétiques du monde interprétable selon une foultitude de signifiances. J'aime Michel Onfray que les médias (à l'exception de France culture) traitent volontiers en vulgarisateur, parce qu'il écrit simple, parce qu'il lit beaucoup, parce qu'il cultive une vraie tolérance, parce qu'il ne méprise pas ses adversaires qui n'ont pas tant de mansuétude à son endroit, parce qu'enfin, il cherche à faire partager ce qu'il sait dans la gratuité (d'où son "université populaire", lieu de liberté et de débat). Au risque d'être taxé de populisme ou de démagogue, j'aime les gens qui ont la fibre populaire... Le populisme est devenu une insulte sous le régime (la démocratie) du gouvernement du peuple. cherchez l'erreur ?

Pour info, mon ancien maître (parce qu'ami et professeur) René Pommier, grand libre penseur devant l'Éternel auquel il ne croit pas, à ma différence, a fait paraître récemment chez Bernard de Fallois :
"Sigmund est fou et Freud a tout faux".
J'avais pensé à le mentionner lors de mon précédent poste sur le sujet, et puis les idées se sont bousculées, et j'ai mangé la commission. A lire si vous aimez le ton polémiste. René Pommier sait être drôle et d'une impitoyable précision.

bonne analyse à tous... Oedipe a été un enfant "exposé" (voir Oedipe roi" de sophocle)... Les plus grandes amoures ne sont-elles pas celles qui font tout trouver dans l'être aimé : dans la femme, pour l'homme, s'il est hétéro bien sûr, la sœur, la mère, l'amie, l'amante... L'enseignante ? Le modèle bien souvent.

Le torrentiel


Croissant de lune.

18 Avril, 11h50

-Merci Torrentiel, de rétablir le "populisme" dans ses droits! En passant, on constatera que la psychanalyse est tout sauf une pratique populaire. Normal qu'elle soit défendu bec et ongles par les élites. Sur France-Culture, ils sont presque tous férus du divan! Donc, quant on y touche, c'est très grave! Faut pas oublier que les minutes coûtent cher dans la salle d'attente du Docteur ... Torrentiel, saurais-tu m'indiquer où se trouve ce passage de Boris Vian, dans quel roman? C'est que ça me plairait de l'afficher par gausserie dans ma salle d'attente de kiné!

Ces "élites", ces élitistes, témoignent d'un goût immodéré de la complexité, la complexité pour elle-même! La psychanalyse est un élément de complexité évidente, ce qui fait leur délectation. Le populisme ou le fascisme, commence pour eux quand on ne partage pas cette même contemplation. Si l'Islam est qualifié de fascisme c'est qu'il réduit Dieu à sa plus simple expression, le dénude de sa trinité, et des questionnements infinis sur sa double-nature et tout ce qui s'en suit.

Ces amoureux de la complexité risquent fort de souffrir, puisqu'il vient, semble-t-il des temps, où des questions de plus en plus simples leurs seront posées ou opposées!

Bravo Torrentiel, aussi d'avoir percé à jour les contradictions des écologistes politiques actuels qui semblent se soucier davantage des petits malheurs à venir que des grandes catastrophes présentes. Je me suis réjoui de l'échec de Copenhague, mais sa réussite n'était guère à craindre, elle n'eut été que formelle et non suivie d'effets. Trop de distance entre les hommes. Entendre ou lire un esprit pénétrant, ça fait du bien à la santé!

Croissant de lune



Le torrentiel.

19 Avril, 10h48

-Cher Croissant de lune. Tout d'abord, je te remercie pour les appréciations élogieuses que tu donnes à ma réaction à ton message qui m'a fait réfléchir. Je ne suis malheureusement pas féru de boris Vian (qu'à vrai dire, je ne connais pas du tout sur un plan littéraire, en dehors des titres de ses livres : "l'écume des jours", "l'arrache-cœur", etc). Je ne suis donc pas en mesure de t'indiquer la citation que tu recherches.

Les choses ne sont pas simples. Par exemple, moi aussi, ce qui m'assimile à ceux qui aiment la psychanalyse, mais me différencie de toi, j'ai le goût de la complexité, mais à condition que la complexité ne débouche pas sur un systématisme, que les analyses de la "complexité" chères à Edgar Morin, que je crois pourtant un sympathisant de l'humanité, ne débouchent pas sur l'étude des systèmes complexes, indémontables, forme d'analyse que je crois carrément anti-humaniste et aboutit à la mise en circulation d'idées aussi sordides que celle de "la mort de l'homme" (cf Michel Foucault : à ne pas prendre au premier degré, nécessairement... Comment pouvez-vous caricaturer une vision structurelle aussi complexe ?)

Quant aux différences entre les contemplations de la divinité entre le christianisme et l'islam, "dieu réduit à sa plus simple expression", je crois qu'elles demeurent appréciables dans le registre de la méditation. La Trinité se transfert en cosmogonie ou permet de déboucher sur d'intéressantes triades anthropologique : pour l'esprit, la pensée, la parole et l'acte ; le corps divisé entre corps, âme et esprit ; pour les relations inter-humaines : l'homme, la femme et l'enfant ; pour l'univers, pensée/langage/musique (par exemple) ou principe/matière et énergie. La trinité permet de sortir du monolithisme. Quant à "dieu réduit à Sa plus simple expression", Sa contemplation permet de se répéter les 99 attributs divins trouvés par l'Islam et dont je n'ai jamais pu me procurer la liste, à
mon grand dam. Mais peut-être que tu pourrais me la communiquer.

quant au fascisme, il serait détestable et ridicule d'en faire l'apologie. Mais il y a tout de même une intuition que le fascisme pourrait redonner à la politique, qui se disperse dans la défense des intérêts catégoriels : c'est que la politique doit s'assigner un but, la défense d'un "bien commun". elle doit définir les pouvoirs régaliens de l'État et s'absorber dans l'exercice de ces pouvoirs. Pour un homme de droite (un fasciste d'aujourd'hui aux yeux de beaucoup d'intolérants), ces pouvoirs régaliens se bornent à la Justice et à la sécurité intérieure ou extérieure. Pour un homme de gauche (en cela, je me sentirais plutôt de gauche), ces pouvoirs s'étendent au logement, à la santé et à l'éducation, dont malheureusement on a fait un "droit de l'homme" obligatoire. La démocratie représentative et parlementaire est par nature un régime corporatiste. Un régime plus référendaire qui tendrait à faire du peuple son parlement saurait, sans céder au fascisme, se fixer une ligne d'horizon et des priorités partagées par l'ensemble de la communauté sociale.

Merci pour la qualité de cet échange que tu as suscité.

Le torrentiel



(Nous insérons en marge de ce dialogue un dialogue annexe entre Mme L.F. et Torrentiel, relatif au fond de cet échange. Vous pouvez trouver cet échange sur le lien suivant.)




Croissant de lune :

20 Avril, 4h44

-Salut Torrentiel.

La modération de la liste sesame a jugé bon de mettre fin à notre échange. Quand il y a échange, ils modèrent! Peut-être ont-ils leurs raisons! Mettons que ça te plaise de poursuivre des conversations plus duelles, qu'à cela ne tienne!

J'approche de mes 50 ans, je suis masseur kinésithérapeute dans un village du centre de la France. Ma femme est mercière de son métier, oui, mercière, ça existe encore! Pendant que je dispense des soins à une patientèle moyenne, de l'autre côté du mur, son magasin jouxtant mon cabinet, elle vend de la laine, du fil, des aiguilles, des boutons et des fringues. Voilà, comment nous vivons, dans la France profonde, celle que je préfère! Il y a des Frances que j'aime moins!

Nous avons un jardin, derrière la maison, avec un petit potager et un figuier qui donnera bien cette année, j'espère, si on en croit les prévisions météo à long terme. C'est une belle maison à trois niveaux, nous travaillons là même où nous habitons, c'est très apréciable!

Nous sommes assez actifs, surtout ma femme, qui le sera encore plus, comme elle va bientôt fermer son magasin peu rentable. Dommage, elle l'avait reçu de sa mère, mais que faire si la gent féminine délaisse les travaux d'aiguille. Elle s'occupe de la Croix-Rouge, d'associations commerciales, et beaucoup de la paroisse! C'est une catho, divorcée, remariée, comme beaucoup. Elle vaque aux soins de l'église en face de chez nous. Tous les matins, elle ouvre l'église, rallume les cierges éteints pour la nuit, change l'eau bénite etc.

Quand le cabinet chôme, je bouquine des bons polars comme P D James, Robert Merle aussi, Jean-François Parot et Hubert Monteilhet qui me plaît beaucoup par son ton provocateur! Au fait, je n'ai pas lu Freuid, c'est trop réel, et le réel est toujours plus tragique que les plus sanglantes fictions! Dans un bon polar, le meurtrier est puni, la justice est rendu, le bien l'emporte sur le mal! Qu'y a-t-il de mieux? Dans les faits, ça n'est pas souvent comme ça! Le récit de crimes fictifs me distrait des grands crimes très concrets. Il est donc rare que je lise un ouvrage d'étude ou de philosophie.

Or, le réel me poursuit et me travaille, l'angoisse me ronge. Les gens ne souffrent pas de faim, mais l'angoisse tord leurs estomacs. Aurons-nous une retraite? Grande question parmi d'autres. Je dialectise et j'agis dans une modeste mesure, pour des "causes". Par exemple, mon coeur est sur la Palestine, c'est pour moi, une affaire personelle, de vie quotidienne, ça me poursuit dirais-je parfois jusque dans mon sommeil! Voilà où j'en suis. C'est pourquoi je supporte mal les discours softs et complaisants, et je vois le mouvement Syoniste partout. En fait, il est réellement omni-présent, dans France-Culture, c'est une évidence, on croit deviner sa présence dans le sesame! En tout cas, à coup sûr, les protecteurs de Freuid en sont très souvent parties prenantes!

Ma femme est plus ou moins catho, suis-je musulman de religion? plus ou moins. François Villon fait dire à sa mère : "En cette foi je veux vivre et mourir". Je peux reprendre ça pour mon compte.

Quant aux 99 noms de Dieu, en fait il n'y en a qu'un, le centième. Les autres ne sont que des dénoms ou des attributs, des qualificatifs. Je n'en connais pas la liste par coeur. Mais ça ne rend pas Dieu plus complexe ou moins unique pour ça! Torrentiel, si on t'attribuais une grande quantité de noms, tu ne te multiplierait pas pour autant. Tu resterais unique. Ainsi en est-il de Dieu. Le centième nom, et donc l'unique, n'aurait rien de littéral. On dit que c'est ce qui transparaît au travers de tout ce qui existe, peut-être au fond quelque chose de l'ordre de cette impression océanique condamnée par Freud à n'être qu'une impuissante affabulation. Cette impression naturelle, pourvu qu'on soit attentif à soi-même, étant la résultante de tout, qui se confond dans l'Un. Le dieu unique serait ce qu'il y aurait de plus proche de notre intuition, même incertaine. La foi dans l'Unique dut être la première que l'homme crut avant que ça ne dégénère en multiplicité et complexité. Mais Dieu est seul qui connaît ces choses.

Voilà pour mon C V, et s'il te semble bon de rompre des bâtons ou des lances, comme voudra ton bon plaisir!

Croissant de lune.




Le torrentiel :

21 Avril 2010, 12h20

-Mon cher Croissant de lune,

Jamais déçu par tes messages, même si foisonnants et d'une grande "complexité", j'y reviendrai... Tu as une personnalité au moins aussi complexe que la mienne... Oui, dès qu'on commence à échanger, ils modèrent. Le Sésame. Une véritable école de modération. Faut-il y voir la trace des sionistes (à ça aussi, je reviendrai) ? Pas plus et pas moins qu'ailleurs. Sésame est surtout, à mon avis, une association de grand conformisme intellectuel, qui se délecte de lire ce que tout le monde lit pour pouvoir dire que les aveugles peuvent faire ce que tout le monde fait. Voilà du moins comment je vois Sésame. Ils n'ont pas publié mon poste où je te répondais sur le fascisme, de crainte que n'y soit déguisée sous la phrase convenue qu'il serait ridicule de justifier ce régime après tout le mal qu'il a fait, une véritable apologie du fascisme, qui n'était réellement pas dans mes intentions : j'ai dit sur le fascisme et l'unité du dessein politique ce qui était le vrai fond de ma pensée. Par contre, ils ont conclus par un message, envoyé sous leur signature, d'une certaine Mme L.F. à qui j'ai répondu (si tu veux, je t'enverrai la réponse) qui rétablissait la vérité (conformiste) :

"Pourquoi tant de haine ? vous ne sauriez avoir lu Freud pour dire tant de mal de lui... Notre système de santé français n'est-il pas celui que le monde entier nous envie ?"

Les sésamistes sont des gens qui aiment lire. Moi, modérément. J'aime écrire et j'aime penser. La culture ne me paraît pas en corrélation directe avec la pensée. Je dirais même qu'elle me paraît en corrélation inverse : autrement dit, plus on lit et moins on pense. Moins on pense et plus on lit. Faut-il aller jusqu'à lire des polars ? Le problème, c'est que, dans le polar, il y a cette fascination pour le crime qu'on ne peut démentir en soi. Le criminel a beau être puni, il nous a fait passer un bon moment. Hubert Monteilhet, je ne l'ai jamais lu, mais, du temps où j'habitais encore à Paris, je l'entendais quelquefois promotionner ses bouquins sur une radio qui, toujours, est sur le seuil de la censure : "radio courtoisie"... eh oui ! La mal nommée et, en attendant, la radio qu'il ne faut pas écouter, tout du moins dont aucun sésamiste patenté n'oserait avouer qu'il l'écoute ou qu'il l'a écoutée. Je l'ai écoutée, elle m'a influencé, pas forcément dans le sens qu'elle aurait voulu... Mais elle m'a peut-être rendu un peu plus nationaliste (à tendance universaliste et nullement raciste) que je l'étais à l'origine. Nationaliste, mais pas maurassien, même si Maurras est un écrivain d'une dialectique fascinante. Ou si un tout petit peu maurrassien, autant démocrate qu'il peut être monarchiste... et pas belliciste pour un sou... Pacifiste jusqu'à l'extrême limite : Maurras m'a peut-être seulement convaincu de ceci que "si vis pacem para bellum" et que le désarmement est la solution de l'imprévoyance (cf Reagan et Gorbatchef, qui n'ont pu démanteler le système soviétique que parce que les deux blocs s'étaient tellement armés l'un et l'autre qu'ils avaient du chemin à faire pour faire un peu de désarmement).

Quant au positivisme de Maurras, c'est un catéchisme athée, donc un catéchisme marrant, mais passablement antinomique, car le catéchisme, comme le 21ème siècle, ou bien est religieux, ou il n'est point... Quel rapport entre Maurras et Onfray ? aucun, sinon l'intelligence, et l'acceptation d'avoir des adversaires, sinon la tolérance. Onfray (comme ardisson, autre "notable" d'Argentan), voilà des gens que j'aimerais bien connaître... Les gens ont peur des extrémistes. Les extrémistes sont seulement des gens qui ont su penser un peu plus loin que les autres. L'extrémisme est soluble dans la démocratie, pourvu qu'il ne l'abdique pas, mais c'est à la démocratie de savoir se défendre et ne pas s'abdiquer.

tu ne crois pas en la complexité, mais va savoir ! L'angoisse qui te ronge ne serait-elle pas ta complexité ? tu crois à l'unité de l'être, a fortiori quand cet être est l'Un, mais pourquoi cette unité se dérobe-t-elle aux pauvres êtres conditionnés que nous sommes ? quelqu'un me faisait observer un jour que, passe l'Un, ou simplement établis une fraction entre zéro et l'Un : tu entres dans la finitude. Avec le seul Un, tu es dans l'infini. Tu dis que, seul, le nom de l'Un qui n'est pas référencé parmi la liste de ses attributs ou de ses dénoms (apophatiques) est le Nom de l'Un, celui qu'il ne faut pas prononcer, de crainte de mettre la main dessus : celui aussi qui quintessencie tout ce qui se propage de l'Un dans le message de l'univers. Sans doute, à vrai dire, l'Un n'a pas de nom. Ce retrait par rapport au prononcer du Nom de l'Un est partagé par les musulmans et par les Juifs : je ne crois pas te faire injure en te disant cela, mais je te sens assez subtil pour distinguer judaïsme et sionisme. est-ce que le monothéisme a vraiment précédé le polythéisme ? c'est ce que les philosophes grecs prétendaient, mais ils avaient un certain kilométrage au compteur de l'histoire. dans le genre, pourquoi les Hindoues (mais les Grecs avant eux étaient des transmigrationnistes ?) ont refusé à dieu de faire du multiple, préférant qu'ils fassent du même avec eux-mêmes qu'ils ne voulaient pas prendre pour des "moi" ? Et, pour achever de te titiller, quelle est la racine du nom Allah (qu'Arabes musulmans et chrétiens désignent de la même façon) ? Cette racine se trouve dans le El du elohim, qui signifie la multiplicité du Nom divin ? Si tu veux t'amuser à regarder sur mon blog "etudestorrentielles.blogspot.com", je me suis fendu d'un article entier sur "l'extension du chiffre de dieu". En dernier lieu sur ce chapitre (sur lequel je pourrais être intarissable, car, comme le disait Baudelaire, "il n'y a d'intéressant au monde que les religions"... Pas les polars, qui perpétuent la fascination injustifiée du crime puni, qui produisent du commérage et de la morale apophatique), je te dirai pourquoi j'aimerais me procurer à des fins de méditation cette fameuse liste des 99 attributs du Nom divin mis en évidence par l'Islam : ce n'est pas que je confonde "la substance" et "les attributs", pour parler comme Spinoza. Mais "l'attribut" n'est que le prolongement de la substance au bout du verbe "être". C'est un prolongement passif, donc s'offrant volontiers à la contemplation.

Que te dire de moi ? Si ton angoisse est ta complexité, le fait que tu aies étudié l'anatomie te rend bien incarné dans ce monde. tel n'est pas mon cas. Je me sens un être au "foisonnement bien cloisonné", comme j'ai l'intention d'intituler mon maître-livre. Par la cécité, celle-là même que voudraient effacer des gens associés comme ceux du sésame pour faire comme si la différence n'existait pas... cloisonné par la cécité dans l'abstraction et la religion quand, étant kinésithérapeute, tu as suffisamment étudié l'anatomie pour travailler l'amour au corps. quoique ne vivant pas seul, je me sais trop cérébral. C'est une de mes grandes souffrances dont j'ai tâché de faire une richesse, me sublimant par l'intellect qu'on appelle aussi l'entendement : pas l'intelligence, pas la comprenette, mais la compréhension, la compassion, l'affection... Jusqu'à l'anatomie ? Si seulement beaucoup plus... Pas assez, malheureusement... a moi, la cécité, l'abstraction et la religion... avec tous les tiques, toutes les déformations de l'"emploi" : le besoin excessif de verbalisation, pour ne pas dire "la folie de la parole" ; pas le toucher ; pas le besoin de prouver tous azimuts ; mais la musique... Ah, la musique ! Paralangage et isolant. La cécité est un isolant. A vrai dire, est-il humain qui ne se sente pas seul ? qui ne croie pas naître seul et mourir seul ? Fausse croyance, d'ailleurs, mais qui a la vie dure... Parce qu'on se croit unique ? réductible à un seul identifiant ? On est seul parce qu'on ne sait pas se donner aux autres, et on ne sait pas parce qu'il en coûte et qu'on est radin. Je crois être narcissique, mais pas égoïste.

concernant le sionisme, mon opinion n'est pas faite sur le sujet. Ma première réaction serait pour t'interroger : as-tu réfléchi pourquoi la Palestine t'empêche de dormir ? alors qu'après tout, c'est un petit territoire, un ancien protectorat, une nation qui n'a jamais trouvé son unité avant qu'une autre ne la conquière ? Il me semble que, quoi qu'on en dise (et cela fait partie d'un des Mystères providentiels de la représentation que nous nous faisons de l'histoire), le principe d'élection du peuple juif doit être assez puissant pour que, du sein de sa révélation, soient sorties les deux autres religions qui sont "le nerf de la guerre" des religions dominantes dans le monde, et qu'il suffise qu'on en revienne au petit territoire sur lequel ce peuple "sûr de lui et dominateur" (comme disait le fuyard de Gaulle, dont la carrière a commencé en angleterre pour finir en Allemagne auprès de Massu)a exercé son pseudodroit de conquête pour que le monde en perde ses nerfs. qu'on en pense du bien ou du mal, les Juifs sont le nerf du monde, pourquoi ? Ma position concernant le conflit israélopalestinien (ou palestinoisraélien) est très balancée, car je vois deux choses à en dire, des deux côtés : c'est que la Jordanie n'a jamais voulu intégrer la Palestine pour que commence à se réaliser le rêve d'une "nation arabe" qui ne se serait pas confondue avec la oumma, que je crois assez semblable au catholicisme, car, encore que l'islam soit réuni par la langue sacrée du Coran, il rassemble des nations arabes et des nations non arabes comme la persane, dont dumésil faisait observer qu'elle était dotée d'un clergé pour confirmer ses thèses en matière de nations indoeuropéennes. La Jordanie n'a pas intégré la Palestine, ne parlons même pas du Liban : en un mot, l'unité arabe ne s'est pas faite autour de la Palestine. En second lieu, Jérusalem n'a pas la même importance, je ne dis pas pour les Palestiniens, mais pour les juifs et pour les musulmans : Jérusalem est la capitale (soi disanttt éternelle) du peuple juif, alors que David ne s'est avisé qu'assez tardivement de conquérir la ville des Gébusites, mais elle est devenue la ville de référence, l'endroit vers lequel se tournent les juifs alors que les musulmans ont commencé d'en faire autant avant de se tourner vers lMecqueke, tandis que les chrétiens ne devraient pas avoir du tout de prétention territoriale, ce qui les conduit à proposer cette solution absolument insoutenable aujourd'hui, quoique de sagesse en théorie, d'internationaliser les lieux saints. Cette solution est irrecevable parce qu'il est trop tard...

Le sionisme est une pensée complexe, qui se perd dans ses nuances comme moi ? Ainsi que tu ne dois pas manquer de le savoir, la plupart des sionistes religieux ne voulaient pas d'une création purement politique d'une "nation comme les autres". tu me diras que, par la suite, ils s'en sont bien accommodés, c'est sûr. Le fond du problème me paraît devoir être situé ici : c'est qu'où il est parlé de "terre promise", il est en d'autres termes parlé d'utopie. Surtout si la religion à qui il en est parlé a prétention à s'universaliser, comme c'est le cas du judaïsme. On ne peut pas être à la fois concentré sur un territoire et se dire universaliste. Même si l'hébreu, la kabbale et même l'étude modernisée du Talmud concentrent dans le trésor de leur pensée (que je n'ai fait qu'approcher) assez d'universalisme pour dépasser le territorialisme. Mais, pour moi, par essence, une terre promise se doit de rester une utopie. qu'elle se réalise, et il y pousse, bien plus grimpante et vénéneuse que les plantes, cette fameuse "hommerie" qui fout tout en l'air. voilà pourquoi, selon moi, la "terre promise" aurait gagné à rester une utopie aussi longtemps que la Providence n'en aurait pas décidé autrement. Mais la politique a peut-être un peu forcé la Providence. La Providence a laissé faire et maintenant, que faire ? Il faut bien que ces deux nations coexistent, cohabitent. La Palestine est en passe (d'après Alain Ménargue entre autres) de gagner "la guerre des berceaux". N'est-on pas parti pour une guerre de 800 ans ? La shoah ne devrait-elle pas inciter les juifs à plus de pondération ? Certains diraient qu'ils ont décidément l'art de se rendre insupportables. Je préfère penser que Freud a peut-être eu raison de pressentir le principe du "retour du refoulé" : la victime d'aujourd'hui peut être le bourreau de demain...

voilà qui pose les données du problème sans le résoudre. Mais voici qui nous différencie, toi l'anatomiste dont l'angoisse est la complexité et moi, dont la complexité essaie de simplifier la position du problème : c'est que le dernier nommé croit savoir que l'homme est une énigme insoluble, que tout tient dans ce Mystère dont il nous manque cruellement la clef... Pourquoi, par exemple, non seulement les hommes lisent des polars, mais les profs ne s'intéressent qu'aux enfants à problèmes ? Peut-être parce que c'est le problème qui fait avancer... Pour me citer moi-même, le problème illustre cet adage qu'en harmonie, rien n'est plus nécessaire que le retard.

Amitié et camaraderie de deux esprits tortueux et torturés quoique pas toujours dans le même sens, ce qui peut donner du prix à leurs échanges duels, dans la mesure du temps dont ils disposent... C'est ma seule limite, personnellement...

Le torrentiel.



Croissant de lune.

24 Avril 2010, 8h32

Oui, Torrentiel, on sent bien, comme tu dis que tu te perds parfois dans tes nuances, homme cérébral et amoureux du verbe que tu es! Je te ressemble un brin!

Saches d'abord, que j'ai bien eu ton message de réponse avec des considérations sur le fascisme. Crois-tu qu'il a été soustrait à la liste de crainte qu'on le comprenne mal? Peut-être c'est vrai, mais ça montre bien que l'abondance de lecture n'empêche pas qu'on lise mal, qu'on comprenne mal, et ça explique en partie le conformisme qui n'est pas que Sésamien. Bien à côté de la plaque, l'indignation de cette Dame, L.F., dont la générosité toute P S ne peut supporter la haine de quiconque s'en prenant à Freud menacerait de priver de soins tous ces enfants perdus. Elle croit vraiment que les structures concernées dispensent des séances d'analyse! Elle ne voit d'alternative que le bâton, la prison ou la prière rangée au même niveau. Comme c'est dans l'air du temps! Pourtant, je parie que cette nana est très sympathique et mignonne, même, au diapason de ce concert ronronnant d'indignations et de moralisme féminin ou féministe. La femme a trop de voix et trop de place en France, comme le déplorait De Montherlant, qui sur ce thème, ne faisait pas du tout dans la dentelle! Que dirait-il s'il revenait au monde? Est-on bien conscient des conséquences possibles de cette prégnance et omniprésence de la "femme" dans l'esprit global de la Nation? Bon, ça reste entre nous, et ne va pas transférer ça à Madame L.F. avec qui j'ai amorcé un autre duo. Je lui ai posté une réaction où je précisais quand-même qu'il n'est pas question de laisser personne sans soins, et où je l'invite à réfléchir sur les avantages ou inconvénients de la prière d'un point de vue thérapeutique. Elle partait en vacances et m'a promis d'y songer. Voilà pour ça.

C'est bien vu, ce paradoxe plus apparent que réel, selon le quel plus on lit et moins on pense, du moins ce qu'on appelle "penser", c'est-à-dire "bien penser", à preuve, le Sésame qui lit beaucoup et pense mal! Pourtant, tu as lu beaucoup de choses et tu m'as l'air de saisir des nuances dialectiques fines entre les auteurs que tu commente. Tu te perds plus en parole qu'en pensée. Et donc, tu écris, c'est en rapport avec la cécité qui cloisonne. Connais-tu Taha Hussein? On a de lui, un fragment d'auto-biographie dans la bibliothèque numérique. Il n'a pas inventé le braille, l'a seulement acclimaté, mais il a fait beaucoup de choses par ailleurs! Il faut bien voire qu'on lui a confié la charge de construire l'enseignement égyptien sous Nacer, et partant, l'enseignement Arabe qui malgré tout, fonctionne plutôt bien. On y apprend que les aveugles étaient assez nombreux en Égypte et que, finalement, au début du vingtième siècle, un aveugle, qui ne pouvait ni lire ni écrire par lui-même, pouvait quand-même suivre les cours d'El Azhar. La contrainte est peut-être aussi un élément de formation, et peut-être lui doit-on de grands esprits?

Je change de sujet. Qu'as-tu contre la Oumma? Toi, le nationaliste. Oumma signifie "Nation", on peut l'entendre autrement. Ce qu'on appelle communément Oumma, c'est la nation Islamique qui est en fait une nation de nations. Or, d'après la "révélation-doctrine" que Dieu a remis entre nos mains, il ne nous est pas possible de renoncer à faire exister politiquement la Oumma. Qu'il y ait des objections, je suis très content de l'apprendre, mais c'est ainsi, ce projet répond à une aspiration et une espérance profonde et lointaine. Je parle bien d'existence politique, pour être bien clair. Et en fait, on ne peut pas dire que ce soit une pure fiction. Il existe quand-même quelque-chose d'extrême ment chétif et fantasmatique, c'est ce qu'on appelle l'O C I. Ce n'est peut-être qu'un fantôme, qu'une idée de nation comme les chevaux dans "l'Avare" mais ça n'est pas rien. De grâce, ne me fais pas l'objection éculée de la séparation de l'univers religieux et de l'univers politique. C'est dans l'air du temps, mais qu'est-ce que ça veut dire?

Voici une hypothèse hasardeuse dont je suis seul coupable, ne l'ayant jamais entendue. La "Nation Islamique" préexiste à l'Islam, si tant est qu'on puisse dater la venue de l'Islam, puisqu'on peut très bien augurer qu'il existe de tout temps. Mais la Nation existe avant le Prophète. C'est ce vaste moyen-Orient dispersé en apparence mais relativement homogène qui a ressaisi son sort lors des conquêtes qui sont en fait une reconquête. Voire ainsi les choses, fait que beaucoup de points s'éclairent. Est-ce de l'histoire-fiction? Il y a pourtant beaucoup d'indices dans ce sens. Ces reconquêtes eussent du s'arrêter à la mer sans la traverser. C'est pour cette raison que le conquérant Ibnou-Ziyad fut jugé comme traître et condamné pour avoir franchi le détroit. Dieu a dit : "Nous vous avons institué nation centrale pour que vous soyez justes parmi les hommes". Le mot "Central" peut entr'autre s'entendre dans un sens géographique. Or, cette situation géographique centrale de l'Islam ou si tu préfère du Moyen-Orient, sa géographie elle-même l'expose naturellement en plus des ressources diverses, aux convoitises et aux prédations. Pour que règne dans l'univers une paix authentique, il faudrait que la nation autochtone crée la force nécessaire et suffisante pour se garantir de ces hostilités et exercer son rôle naturel d'arbitrage.

La nation Arabe n'est qu'une partie de cet ensemble, un second cercle en quelque sorte. Il faut considérer d'une part que cet élément Arabe est plus récent qu'on ne le croit et d'autre part que l'isoler de l'ensemble Islamique est plus théorique que réel. Mais mettons que ce soit une étape, mais l'unité ou l'unification ou seulement l'action commune est indispensable pour se protéger et se nourrir, question vitale! Vitale même du point de vue des actuelles oligarchies, des gouvernants eux-mêmes dans une situation où la protection de la force étrangère devient de plus en plus problématique. On peut voire que la nation Islamique fonctionne selon une dynamique qui la fait passer des temps de déchéance où les liens se distendent sans toutefois se rompre tout à fait, comme c'est actuellement le cas avec l'O C I et des temps où souffle l'esprit pionnier, l'esprit premier, temps heureux où la Nation ressent plus de force et d'intégration sans arriver toutefois à la situation d'Empire. C'est bien à tort que des historiens parlent d'"Empire Musulman", il n'y a pas vraiment de centre et de périphérie, l'adhésion volontaire, jusqu'à un certain point, jouant un rôle déterminant dans la cohésion de l'ensemble.

Tu dis que la nation Arabe ne s'est pas unifiée autour de la Palestine, c'est vrai, si tu entends par là, qu'il n'y eut pas création d'une entité politique Arabe unique avec un seul gouvernement etc, mais du moins, y eut-il jusqu'à un certain point "une action commune" jusqu'à Candévid. Pouvait-on attendre beaucoup plus de corps sociaux qui recommençaient à peine à vivre et à reprendre conscience?

Principe d'élection du peuple Juif, les Juifs sont le nerf du monde. Possible. Est-ce toujours vrai et partout? Par exemple, que l'Asie et le Sud de la planète recommencent à vivre et à croître, les Juifs y sont-ils pour quelque-chose? Une preuve de résistance populaire à Israël, c'est que malgré les accords de normalisation avec les gouvernements, les échanges commerciaux avec les pays voisins, très chétifs sont en permanente diminution même avec la Turquie. Israël n'a pas résolu l'épineuse question de l'indépendance économique, qui est pour eux une question de vie ou de mort. Les nouveaux procédés techniques d'épuration d'eau et notamment de dessalage sont Arabes à l'origine, où est le nerf Juif? Et ça ce n'est pas peu de chose! C'est une véritable révolution qui s'annonce.

Qu'il y ait une spécificité Juive, plus nette que les autres spécificités, je ne le conteste pas, mais l'élection, elle est toujours passagère et conditionnelle. Si les Juifs ont connu de grandes heures, ils en ont connu aussi de sombres plus que d'autres, semble-t-il. J'ai lu récemment une biographie de Flavius Joseph par Patrick Banon, c'était un aperçu de l'histoire des guerres juives et des rapports avec Rome. En ce temps-là, je tenais pour les Juifs contre les Romains, si on peut dire les choses comme ça. Eh bien, ces guerres se sont soldées par un quasi-génocide, des millions de Juifs sont morts, et ça fait vraiment beaucoup envers la démographie de ces temps lointains. Le génocide est peut-être au-delà de tout, la plus grande faute des Juifs dès les origines, voire Ancien Testament, geste de Moïse et de Josué. Or, le génocide, l'éradication semblent être des éléments réprouvés par tous et de tout temps. Je me réjouis que ma nation en soit exempte malgré la problématique Harménienne.

Alors, existerait-il des solutions au Moyen-Orient? Eh bien, je crois que oui. J'entrevois ce qui pourrait se produire et le seul fait de l'entrevoir contribue à le faire exister. J'entrevois une issue, et si tu le désires, je la détaillerais dans un autre message.

Mesures-tu maintenant, combien ça me travaille? C'est un peu pour fuir ces horreurs que je me réfugie dans les polars. Que ce soit une fascination malsaine du crime, ça se peut, mais j'ai au contraire, une impression d'apaisement, d'atténuation du mal, par la victoire du bien, garantie dans les romans, moins certaine dans la vie. Puis, ça dépend des polars, de Simenon à Dostoïevskie, il y a une gamme infinie de nuances. Puis, il en est du polar comme de l'ensemble du roman, c'est plus ou moins un récit de la vie. Je t'assure, toi qui écoutait Courtoisie, faudrait lire Monteilhet, parce que c'est un catho sans concession, souvent provoquant et qui fait venir un bon rire par moments. Sinon, dis-moi ce que tu lis pour le plaisir. Tu n'as pas que des études. De ton écriture, je n'ai eu qu'un petit aperçu. Tu ne voulais pas qu'on te laisse seul dans la nuit, et ça me donnait l'impression d'une nuit de tempête. Mais tu n'es pas seul!

Croissant de lune




Croissant de lune

8 mai 2010, 4h53

-Bonsoir, Torrentiel.

J'ai tenté de visiter tes liens. En fait, j'ai eu accès à la coopérative poétique où j'ai découvert des choses qui valent d'être écrites. Je crois que certains étaient de toi, et il y en a que jaws (cf : module de lecture pour non voyants) lit comme de l'anglais alors que le texte est en Français. Peut-être y a-t-il un réglage à faire que j'ignore.

Autrement, ton blog d'études torrentielles et le journal, j'ai essayé plusieurs fois mais il y avait un signal d'erreur de windows, que j'ai pas bien saisi. J'y retournerai voir d'autres fois, ça semblerait intéressant!

Vas bien et passe un bon dimanche. Mon message se fait attendre, beaucoup à dire.

Amitiés du croissant de lune.


Croissant de lune



Torrentiel

8 mai 2010, 11h15

Salut, croissant de lune,

Merci d'être passé me voir. Je n'ai pas répondu à ton message d'hier parce que j'attends ton courrier d'importance. "etudestorrentielles", avec la "coopérative", est ce que j'ai publié de plus intéressant. Avec Mozzila firefox, ça ne veut pas toujours s'afficher, je sais. « sed perseverare non semper diabolicum », même quand la voix de celui qui écrit est un démon qui te pousse à réagir. Dois-je l'entendre au sens diabolique ou démiurgique et socratique ? en ce cas, je suis flatté.

Je te sais parturiant de ton message. aussi je te laisse à ton "travail".

a bientôt


Torrentiel



Croissant de lune

9 mai 2010, 12h09

-Parthuriant, moi! Je me défends de ressembler aux femmes!

Comment as-tu perçu qu'à ce moment, j'étais en plein la beur? T'as donc un peu de télépathie!

Ta voix est un aimant qui m'attire sans cesse. C'est un emprunt un peu parodié que j'ai fait à Georges Brisoux. J'ai lu de lui un très beau livre d'alexandrins : "Les Bretons". Dans un chant de cette geste, des personnages joutaient entr'eux à la manière des bardes. Et l'un d'eux réplique soudain : "Hommes pleins de sagesse, vos voix sont des aimants qui m'attire sans cesse!" Le sujet de la joute tournait autour des filles et des fleurs de Bretagne. J'ai trouvé cette riposte bien sonnée à son début, je ne me souviens pas du reste. Oh, tu n'as rien d'un diable, n'entends-tu pas toute l'éloge que je fais de l'autochtone de France. Elle est très sincère, étant du reste peu louangeur.

Je vais continuer ce travail, mais je ne crois pas en venir au bout ce soir. L'ennui, c'est qu'en semaine, mes occupations et mon job me laissent peu de temps! Heureusement pour la marmite! Faut envisager quand-même, raisonnablement, que la chose sera achevée d'ici une semaine, pas plus. C'est que j'entre dans des considérations très longues, des digressions nécessaires au propos autour, par exemple, de la situation actuelle sunnito-sheiite. Comprends bien que ça demande du temps, et au moins, j'espère que je n'obscurcis pas mon argumentaire à force de le vouloir plus clair.

Des réponses, tu peux m'en envoyer. Notamment, qu'est-ce que cette distinction entre la justice immanente et l'injustice transcendante? Dois-je comprendre que l'occupation de l'Irak est un fait d'injustice transcendante tandis que l'épuisement économique états-unien serait de la justice immanente? Veuille éclairer ma lanterne.

Salut du croissant de lune.


Croissant de lune



Torrentiel

9 mai 2010, 4h59

-Cher croissant de lune,

me situant dans une perspective plus volontiers mystique et moins géopolitique que la tienne, l'opposition que j'entrevois entre la Justice immanente et l'injustice transcendante revient tout simplement à ne pas croire qu'il y ait forcément une rétribution des actes en fonction de la conduite des hommes : le méchant peut gagner et le bon perdre. comme je crois assez peu à la Justice punitive, je ne suis pas sûr que le bon gagnera au dernier Jour à la confusion du méchant. Tout au plus sera-t-il auréolé d'une plus grande gloire. C'est ce qui me fait dire avec teilhard de chardin que dieu ne peut peut-être rien contre l'injustice transcendante qui est dans la nature quand sa grâce voudrait instaurer la Justice immanente. Mais l'immanence est à la nature comme la Transcendance est à la grâce, ce qui introduit une nouvelle opposition problématique. Teilhard de chardin était tenté de s'y soustraire par le panthéisme. Dans ce qui est peut-être une autre formulation du panthéisme, je dirais que Dieu aimerait importer la nature dans la Grâce. Mais, d'après teilhard de chardin, Il ne peut se soustraire aux lois de la nature. C'est ainsi que ce prêtre paléontologue ne croit pas au miracle. Où je te rejoindrais assez, j'imagine, c'est que ces termes de Nature et de grâce introduisent des oppositions dialectiques qui conviennent bien à notre esprit duel sans lui apporter de solution assez simple pour être compacte. Mais que la toute-Puissance de la transcendance Se soit infligée quelque limitation, c'est à quoi je croirais assez.

Comme dirait la voix dans "secret story", c'est tout pour le moment. Je fatigue un peu, car je corresponds trop.

Amitié


Torrentiel



Croissant de lune

13 mai 2010, 8h58

-Cher Torrentiel.

Si la chose est importante pour toi, reçois mon amitié fraternelle et mon salut pour ce jeudi, fête de l'ascension. Ici, le soleil luit nettement, le ciel encore brumeux se dégage, mais que l'air est frais!

Jésus, fils de Marie, fut-il vraiment crucifié, puis, après le tombeau, ressuscité, puis élevé au ciel, puis revenu sur terre visiter ses apôtres, ou bien fut-il soustrait au supplice, Dieu l'ayant élevé, en lui substituant une copie conforme? laissons ces considérations qui n'en finiraient pas. Bonne fête quand-même!

J'ai encore ce travail à finir. Mais je ne fais pas le pont, pour mon job, je me suis casé des rendez-vous aujourd'hui même, comme à l'habitude, c'est la hantise d'un boulot en dent de scie, difficile à prévoir, qu'il faut saisir à temps.

Fraternelle amitié du croissant de lune.


Croissant de lune



Torrentiel

13 mai 2010, 10h12

-Cher croissant de lune,

En espérant que ce second message soit bien acheminé jusqu'à toi, je te remercie de tes bons voeux pour le jour de l'ascension qui, oui, est important pour moi, ce qui demanderait des développements un peu fastidieux : mais on peut les résumer en disant que l'élévation de Jésus au ciel peut ) la fois signifier "l'entrée de la nature humaine dans la Gloire de Dieu" et la transformation de notre âme en ciel, de sorte que le corps du verbe y établisse Sa demeure, d'une manière un peu différente de ce qui se passe dans la conception du tsimtsoum, retrait divin du septième jour, où il laisse le monde se débrouiller sans Lui.

Je connais un peu l'Orne où tu vis, un jour, je te dirai pourquoi et comment. Je connais en particulier le milieu catholique de l'Orne : l'évêque est un excellent homme, mais d'autres choses ne sont pas reluisantes. Je te les raconterai un jour.

a nous bientôt de nous lire


Torrentiel


Croissant de lune

16 mai 2010, 11h47

-Salut Torrentiel.

Comme le temps me manque, pour reprendre la trame, j'en ai pas moins d'une heure à me relire seulement! Bien sûr, ça me donne toujours l'envie d'opérer des corrections, des rajouts, enfin, pour l'instant, c'est un travail en souffrance! Je l'en viendrais à bout, mais je ne veux pas que ce soit expédié ou bâclé! Quand on s'exprime sur des grandes choses, il ne faut rien négliger, parce que la parole ne traduis pas seulement ce qui existe, elle contribue à faire exister ce qui n'est pas encore. Tels font les Aborigènes d'Australie qui chantent sur les routes du rêve créant ou recréant tout élément. On peut s'imaginer que la justesse du chant importe par elle-même, pour que l'objet ou l'animal, soit bien maintenu dans l'existence, qu'un chant de mauvaise qualité serait funeste à cet égard. Or, c'est de la Nation qu'il s'agit, et de son avenir, il faut donc que ce soit limpide et juste, la parole n'est pas gratuite!

Croissant de lune.



Torrentiel

17 mai 2010, 11h10

-Cher croissant de lune,

"la parole ne traduis pas seulement ce qui existe, elle contribue à faire exister ce qui n'est pas encore." comme je suis d'accord avec toi ! C'est toute notre définition du verbe qui est contenue dans ce que tu écris là.

Un jour, à Bichat, je suis tombé sur une infirmière musulmane qui m'expliqua que, dans l'Islam, Allah dit "sois" et Jésus fut. Je lui ai répondu qu'on ne m'avait jamais expliqué de façon aussi synthétique à la fois ce que nous-mêmes entendions par le Verbe et par l'engendrement ; et que, si vous ne mettiez pas le mot Fils sous l'existence de Jésus, vous n'en méconnaissiez pas la réalité. En définitive, le principe de filiation est une image qui cette désignation de l'Union du Père et du Fils comme nous dirions, d'Allah et de Jésus comme vous diriez est mal représentée par cette analogie avec le principe de filiation. car, à travers la filiation telle que nous la concevons, dieu crée, ou de l'inférieur, ou du supérieur, jamais de l'égal. Or l'amour suppose l'égalité, m'a dit quelqu'un récemment. La chose peut se discuter, mais on peut certes l'entendre de la sorte.

A te lire

Torrentiel


Croissant de lune

17 mai 2010, 9h50

-L'amour suppose-t-il l'égalité? Il faut que j'y réfléchisse. Je n'en suis que moyennement convaincu, ou bien, qu'est-ce que l'égalité? Et qu'est-ce que l'amour? Voire pour ça certains dialogues de Platon, mais l'amour est un thème inépuisable comme l'égalité!

Certes, Dieu, seigneur des mondes, créateur de toutes choses, est si puissant qu'il lui suffit de dire "sois" pour que la créature se mette à être. Il peut faire exister ce qu'il veut, et quand il dit au feu "sois froid et paix sur Ibrahim" il en fut ainsi, et le prophète Ibrahim réchappa du bûcher, c'est une opération tellement surnaturelle que Dieu seul en est capable à son usance.

En revanche, si je prononces un ordre comme celui-là, je suis assuré qu'il ne sera pas exécuté, le feu resterait brûlant et meurtrier! En revanche, ce qui m'est permis, c'est de dire et de prononcer, de penser et d'établir des évènements et des faits envisageables. Le fait de les penser, de les dire, contribue à les rendre encore plus envisageables, encore plus plausibles! Tant qu'un élément n'est pas prononcé et dit, c'est comme s'il existait moins, le formuler le renforce et rend plus concret et tangible.

Je ne prétends pas à rien de surnaturel! Pourtant, il m'a été donné, de voire se mettre à exister ce dont j'ai longtemps rêvé, ce que j'ai bâti en pensée. Je ne crois pas qu'il soit insensé de ma part, de croire, que j'ai inter-agi avec ces évènements et faits, peut-être même, n'y aurais-je pas pensé, ces choses ne se seraient pas produites! Il n'y a ni démonstration ni preuve de ce que j'avance, mais il serait abusif, que ce soit totalement rejeté dans l'insignifiance.

Voici un exemple. J'ai puissamment rêvé et pensé au problème de l'eau, étant la première plaie de ma nation, sans aucun doute. J'ai voulu entrevoir si fort des nouveautés et solutions techniques, j'ai tant mûri cela en moi, que, semble-t-il, ça s'est mis à exister! Bientôt, personne ne manquera plus d'eau sur terre, et la chose s'est faite par des techniciens de ma nation, ce qui lui donne encore plus de valeur. On pourrait dire qu'il n'y a pas de lien de cause à effet entre mes rêves et cogitations, et une innovation technique majeure de cette sorte. Je n'en suis pas si sûr. D'après moi, ce qui arrive de plus important dans l'Histoire, n'est pas toujours, ce qui en apparence, a le plus de chance de se produire, c'est aussi, ce qui a le moins de chance de se produire, mais qui est appelé par le plus d'aspirations! Au fond, cette pensée n'a pas plus de force qu'un article de foi, mais je la crois assez vraie. Sais-tu que notre maître historien Ibnou Khaldoun mourut avant que Constantinople ne soit prise et conquise? Pourtant, dans son volumineux "Prolégomène", il parle de la chose comme étant déjà advenue! En fait, une prophétie populaire avait cours à ce sujet, mais Ibnou Khaldoun, pourtant rationaliste par ailleurs, aurait pu se contenter comme n'importe qui d'évoquer la conquête de cette ville comme probable ou plausible. Pour donner plus de force et de probabilité au fait lui-même, il l'évoque comme déjà advenu! Je crois que sa formulation n'est pas pour rien dans la réalisation concrète de l'évènement. Est-ce que ça tient de la magie?

Comme de toute sorte, la résignation est chose vaine, une autre forme de la mort, je voudrais qu'il y ait dans ma nation, d'autres équivalents d'Ibnou Khaldoun et qu'ils fassent, par des paroles fortes, advenir de grandes choses et de grands accomplissements! Car, la Nation, ne peut pas, comme on l'y invite, se résigner à ce qui lui est actuellement proposé! Cette Nation, comme n'importe quelle autre, ne veut pas sortir de l'histoire, de la vie. Il lui faut agir être et avoir plus, beaucoup plus, et imprimer au monde son harmonie, l'imprégner de son être. Cette nation bafouée, fera obstacle à tout ce qui ne procède pas d'elle-même. Ta démocratie des Nations, je n'en suis preneur que si ça procède de moi, et que le signifié de "démocratie" trouve un nouveau signifiant, l'ancien étant si souillé! Copenhague a échoué, parce que ce n'était qu'en apparence un fait universel, comprends-tu cela? L'universalité parfaite n'existe pas, car ça supposerait une illusoire égalité des peuples, des nations et des expériences. Cette chose, semble irréalisable. Une communauté universelle authentique, comment la chose pourrait-elle se faire avec des lésions aussi profondes?

Plus tard, si ça t'intéresse, je te fournirai mes commentaires sur Copenhague dont l'échec fut salutaire pour une grande partie de l'humanité. L'universalité totale, l'égalité des peuples, nations et expériences ou connaissances, comme ça ne peut pas arriver, il faut donc que les nations s'accomplissent tour à tour. C'est peut-être un peu en cela que Dieu distribue un peu de Justice.

L'accomplissement prochain de la Nation Islamique, à en croire les prophètes best-sellers du temps, n'est pas prêt d'arriver! Attalie ou Mainc, ne voient d'avenir pour nous, que dans le rayonnement de l'état d'Israël! Eh bien, ce rebondissement et accomplissement peu probable, est appelé par le plus d'aspirations, et il y a quelques indices avant-coureurs. D'aucuns parient sur la Chine, ou sur d'autres, je dirai pourquoi, ma nation étant la plus équilibrée et la plus moyenne, a plus de chances que certains autres.

Me reste maintenant à entrevoir comment venir à bout de cet exposé si long. La fatigue me gagne, il se fait tard. La lune est nouvelle depuis samedi dernier, le temps se radoucit lentement. Ah, que vienne l'été chaud qu'on nous a promis!


Croissant de lune.



Torrentiel

18 mai 2010, 2h46

-"L'amour suppose l'égalité" : à vrai dire, cette pensée n'est pas de moi, et je ne suis pas sûr de la partager. Mais si je te disais quelle est ma pensée, tu la partagerais encore moins : l'amour suppose, de la part de celui qui aime, de la part de celui qui crée, de se retirer s'Il aime (une sorte de tsimtsoum autrement dit) et de créer du supérieur s'Il crée : le père qui met au monde un fils souhaite que ce fils soit plus accompli que lui. Brel résume ça avec humour dans une formule bien frappée :

"c'est le tango des forts en rien" (les "forts en rien sont les "forts en thème")

qui déclinent de chagrin

et qui seront pharmaciens

Parce que papa ne l'était pas".

et qui est papa ?

Le monsieur qui surveille, "l'oeil sévère"

"Les Jules et les Prosper"

"Qui s'ront la France de demain..."

Dieu, s'Il nous Crée, ne peut pas nous paramétrer pour Lui, afin de rester dieu. Il ne peut que nous paramétrer/périmétrer, si tu me passes cette expression, afin que nous "accomplissions des oeuvres plus grandes que les Siennes", comme le dit notre divin Verbe, afin que nous "devenions Dieu" et, par Sa Grâce, par Son amour, même un peu plus, s'il est possible. Mais voyons, c'est impossible ! Je ne vous répondrai pas :

"Impossible n'est pas Français !",

mais : il n'y a d'impossibilité que dans les concepts. Dans le genre, on dit souvent que l'homme n'a pas la notion de l'éternité : c'est tout le contraire, puisque, s'il ne sait pas toujours plus que les animaux qu'il va mourir, pour autant que les animaux ne le sachent pas, à coup sûr il ne se souvient pas d'être né, même s'il peut régresser jusqu'à s'en souvenir. L'homme se croit sans commencement, il a donc la notion de l'éternité, pas celle du temps, puisque le temps suppose un commencement.

J'en arrive à ta méditation sur la pensée : pour moi, la pensée est un palais. Cette formule ne veut rien dire comme ça : mais certains occultistes (je préfère définir la science occulte, si elle existe, comme la science sacrée que comme la science cachée) disent qu'après la mort, si tu penses à un palais, aussitôt le palais auquel tu as pensé, tu le vois construit devant toi. La foi est en quelque sorte une certaine force autoréalisatrice du rêve. crois au miracle et le miracle surviendra! dis à la montagne :

"Déplace-toi d'ici" et elle se déplacera.

Cette force autoréalisatrice s'inscrit dans la télépathie générale. C'est pourquoi je ne suis pas surpris outre mesure par ce que tu me dis de ta participation à la découverte d'une solution pour le problème de l'eau par la manière dont tu as été hanté par lui, dont tu en as rêvé et dont ton rêve a pu fournir une partie de l'énergie aux ingénieurs de ta nation pour qu'ils trouvent la solution qui le résoudra universellement. Ainsi en va-t-il aussi de la prière : la prière est une force qui contiendrait son exhaussement même si dieu n'existait pas, pourrait-on croire. et pourtant non : car fais l'expérience de perdre la foi comme cela m'est arrivé enfant ; et n'en éprouve pas moins le besoin de prier : adresse-toi, à défaut de Dieu, à ta conscience par exemple. Demande à ta conscience qu'elle produise la force que ce pour quoi tu pries se réalise : tu verras que ta conscience étant déconnectée de dieu, toutes tes demandes se retourneront contre toi. La lecture non croyante d'une telle expérience pourrait se borner à dire (mais ce ne serait déjà pas mal) que, si tu n'es pas dans la transitivité relationnelle, le subjectif ne peut pas devenir objectif. Ah tiens ? La transitivité relationnelle ? L'irréconciliable dialectique du "moi" et de l'"autre" ne suffit-elle donc pas ? cette dialectique instaurée par Sartre ? L'enfer, c'est l'autre parce qu'il me fait sortir de moi, de mes gongs : son regard ne me rassure pas...

Pour répondre d'un mot au reste de ton message, je suis en grande partie d'accord avec tes deux analyses : la première, que la Justice de dieu distribue son heure de gloire à chacune des civilisations de l'univers ; et, si l'on me demandait quelle est l'ère de civilisation qui va dominer après l'Occident déclinant, je ne parierais pas que ce sera la chine, parce que la Chine n'a pas trouvé la manière de communiquer l'universalité de ses principes au reste de l'univers, si tant est, bien sûr, que la Chine se reconnaisse des principes universels, mais je crois que confucius ou Laotseu... comme tu sais, je n'aime pas envisager la "nation islamique" comme une entitépolitique. Mais peut-être doit-elle prendre conscience d'elle-même sous cette forme pour le moment, comme l'universalisme catholique a germé en chrétienté, pour le malheur, a-t-on dit, de l'idée chrétienne, mais pour le bonheur historique de empreinte qui est à jamais ancrée dans l'histoire. En un sens, je vois un indice de prédominance possible de la "nation islamique" en ceci que c'est la majorité opprimée qui a le plus envie que vienne son tour d'être dominante. Je souhaite que ce passage de témoin se fasse sans violence. L'histoire, c'est toujours une minorité agissante qui l'emporte sur une majorité silencieuse. Contravention à mon principe démocratique ? Pas forcément, j'y reviendrai. Enfin, je suis assez d'avis que, si la nation islamique prenait conscience d'elle-même, cela aurait au moins l'avantage de lui permettre de se constituer partout où elle est en affluence et a de l'influence, ce qui éviterait la dispersion de ses forces en guérilla, soit le passage de relais violent que je crains. La prise de conscience par elle-même du caractère (éventuellement) national de la puissance islamique aurait l'avantage d'en faire une coalition poursuivant un but positif plutôt qu'une majoritée ombrageuse et diasporique. Pour moi, l'Occident a signé sa mort lorsqu'il s'est engagé dans la première guerre du golfe. Il ne s'est pas rendu compte qu'il a déchaîné contre lui, compte tenu de la puissance de l'immigration, des "ennemis intérieurs", qui en ont assez d'être réduits à l'impuissance et qui illustre ce second adage sur l'histoire que je crois avoir créé : en histoire, si une minorité agissante enflamme toujours l'énergie d'une majorité silencieuse, les plus nombreux l'emportent toujours sur les plus puissants. Où l'on me retrouve fidèle à mon principe démocratique.

Mais qu'est-ce que la démocratie ? que tu n'aimes pas le signifiant et que tu veuilles y substituer un autre de ton cru, je ne puis qu'en prendre acte. Pour moi, la démocratie n'a rien à voir avec l'universalisme. ceci est un contresens historique qui s'est insinué avec le temps. La démocratie était si peu un universalisme historiquement qu'elle a d'abord été perçue, jusqu'au "CONTRAT SOCIAL" inclus, comme un régime valable pour de petites cités, gouvernées sur le mode de ce que M. Raffarin appelait "la démocratie de proximité" ou de ce que Mme Royal appelle "la démocratie participative". L'extension universelle de l'aspiration démocratique a coïncidé d'après tocqueville avec une aspiration à "l'égalité des conditions", autre contresens sur la nature profonde de la démocratie, qui en a favorisé la dérive idéologique (la démocratie venant bientôt à se confondre avec l'aspiration marxiste et à s'assimiler à l'échec des "démocraties populaires"). cet universalité de conditions égales (qui auraient certes gagné à être plus équitables, si la démocratie, en même temps qu'elle était revendiquée par le socialisme en devenir, n'était la plupart du temps l'auxiliaire du capitalisme) a ancré l'idée que la démocratie, pour exister, supposait que fussent homogènes les idées, les modèles économiques et les modes de vie des ères géographiques où elle serait adoptée. Or l'idée que je me fais de la démocratie part tout simplement d'un certain retour à la République, par lequel chacun prendrait conscience que celle-ci est "la chose des peuples". S'il y a un universalisme là-dedans, il serait à tirer de ce côté où la communauté internationale devrait être la chose, sinon des peuples qui la composent, au moins des nations en lesquelles elle se divise ou décompose, si tu veux me faire dire que je suis partisan du mondialisme ou de l'utopie humanitaire : je ne suis pas de ceux qui veulent remonter la tour de Babel. Quant à la démocratie telle que je la conçois, ce n'est autre chose que la volonté de participer à la décision par sa pensée ou la force autoréalisatrice de son rêve. La démocratie ainsi conçue est un peu parente de mon adhésion à la Providence ou de ma réponse à la foi. quand on dit que l'homme est libre de croire ou non, on ne veut pas dire qu'il soit en lui de décider s'il y a un dieu, mais de savoir s'il adhère à cette existence qui s'impose peut-être à la négation qu'il en fait. Or la foi est associée à la liberté de croire. Cette liberté a pour corolaire que l'homme puisse à l'extrême limite savoir qu'il y a un Dieu et agir comme s'il n'y en avait pas. Autre exemple : quand nous disons que nous sommes dotés d'un "libre arbitre", nous ne disons pas que nous pouvons tourner les événements à notre convenance, mais nous disons que nous sommes simplement dotés de la capacité de dire de quelle façon nous souhaiterions les voir incliner. L'événement se développe selon sa propre logique, de même que la volonté par ailleurs : nous ne sommes par exemple pas obligés de vouloir notre bien. Mais, quand nous passons du désir au "libre arbitre", nous opérons le recul introspectif nécessaire à ce que nous passions de l'inclination naturelle de notre volonté à ce que nous jugerions le mieux pour nous qu'elle désire. L'exercice de la démocratie, c'est celui du libre arbitre.

a suivre... Pour l'instant, j'ai dit ma part.


Torrentiel


Croissant de lune

18 mai 2010, 10h12

-Salut Torrentiel.

Ah, les impasses ou difficultés conceptuelles, elles sont nombreuses! Mettons, je prends note de la différence entre Dieu et le père et qu'il soit permis d'employer ces vocables désignant un même être, en l'abordant différemment. Il y en a de ces difficultés que d'aucuns, utilisent, parfois, sans loyauté! En effet, la controverse, doit être loyale. Mais vois comme la doctrine Chrétienne est attaquable, et comme elle dut susciter dès les tout débuts, des débats à n'en plus finir!

L'amour, faut-il faire de l'être aimé, une personne plus accomplie que nous-mêmes? Probable, pour l'enfant. Faut-il que l'être aimé soit notre égal, ou supérieur à nous, ou inférieur? Peut-on vraiment en décider? Est-ce que ça dépend vraiment de notre bon vouloir? Il reste, qu'on aime un être différent, et même qu'on se plaît à cette différence, voire qu'on la souligne. Il me plaît que ma femme soit différente de moi, et moi d'elle. L'égalité, avec ce qu'elle suppose d'identité, serait d'après moi, peu conforme à l'amour. Il se peut que ce point de vue me soit personnel, j'ai toujours aimé et recherché la différence, parfois même les contrastes. Peut-être est-ce une tendance courante et naturelle de la part de ceux qui sont en situation de minorité? Je la crois même assez générale, pour eux, même s'il y a des obstacles divers et variés! Mais peut-être est-ce un point de vue particulier, puisqu'après tout, la situation naturelle et normale n'est pas d'être transplanté, mais de naître, de grandir et de mourir sur le sol de sa patrie native. Mais, y a-t-il encore beaucoup de gens qui ne soient pas un peu transplantés? Va savoir. L'amour est un sujet très vaste, on s'y noierait!

Merci, Julien, d'avoir saisi les possibilités auto-réalisatrices de la pensée! Peu de gens comprendraient ça! Aussi, la chose n'est pas aisément exprimable, oui, quelque-chose qui aurait à voir avec la télépathie générale, qui parcourt les corps sociaux, voire l'humanité entière, rarement littéralisée, mais probablement, l'élément qui a le plus de conséquences.

L'élément le plus important et le plus profond qui me porte à croire que ma nation a ses chances, c'est qu'elle est la seule, qui dispose vraiment d'une doctrine. Ce n'est pas le seul élément, il ne suffit pas d'avoir une doctrine pour que les carottes soient cuites! C'est l'élément principal. Je m'explique.

Il y a dans l'univers contemporain, trois doctrines agissantes. La doctrine Marxiste, plus agissante qu'on ne le croit, d'une manière ou d'une autre, même si de fait, elle semble n'avoir plus guère de tenants et de combattants.

La doctrine, ou plutôt l'absence de doctrine, improprement dénommé "libéralisme", dont les tenants semblent monopoliser la liberté ou bien y substituer "les libertés". C'est un phénomène idéologique agissant, donné comme indépassable. De fait, il est très agissant, et à force d'absence de doctrine, donc d'absence de sens, on arrive bientôt à une situation de dissociation des corps sociaux réduits à l'état d'agrégats d'individus! Nous n'en sommes pas tout à fait là, parce que la chose n'est pas possible, n'étant pas viable. Nous nous en approchons dangereusement, et ça semblerait inéluctable. Ce phénomène idéologique règne dans ce qu'on appelle l'Occident, mais l'Occident y disparaîtrait, cela deviendrait, cela devient l'univers du non-sens! La Chine, n'est pas une alternative, mais en quelque sorte un compagnon de route de cet ensemble insensé. A moins que n'émerge quelque chose en Chine, j'aurais bien de la peine à condamner à l'inexistence et au non-sens, cette Nation si grande, encore digne d'être nommée Nation!

Le seul pôle de l'humanité où on tente d'élaborer une alternative à cette tendance apparemment inévitable, c'est l'Islam. Là, se trouve une doctrine, ou bien mieux encore, une révélation-doctrine, donc pas une doctrine ou un système humain et faillible. On a beaucoup dit que l'Islam est un système, c'était abus de langage, les systèmes meurent, l'Islam ne meurt pas. C'est une doctrine-révélation, j'emploie ce terme faute de mieux. Ce n'est pas une force qu'on dit organisatrice, c'est une force harmonisatrice. C'est une doctrine agissante, j'entends par là, que des hommes y communient vraiment.

A partir de là, pour simplifier, je ne vois que deux alternatives. Soit le non-sens gagne l'humanité entière, ce qui est fort probable, mais mortel assurément, donc une sorte de lente et affreuse décadence universelle sans espoir de relève, pas même par une invasion régénératrice. Ou bien, si Dieu veut, les Musulmans, après avoir enregistrés quelques succès dans tous les domaines, parviendraient à susciter l'adhésion de tous ceux qui refusent l'inéluctabilité de l'invasion du non-sens!

Car, en effet, si l'Islam est ce qu'on nomme une religion, il n'est pas que cela, ou bien faudrait-il définir le mot "religion" pour être sûr de parler de la même chose. L'Islam est tout sauf dissociant. Qu'un Musulman puisse coexister à grand-peine avec un Marxiste, c'est encore qu'il partage avec lui le souci que l'humanité vive en harmonie. En revanche, il vivra mal carrément avec un être indifférent. Je ne parle pas même des athées, qui sont encore quelque chose. Les nihilistes, c'est aussi quelque chose. Les indifférents, sont plus que des négateurs. Le Musulman doit s'en tenir éloigné, parce qu'étant indifférents, ils ne manquent pas de toxicité et de malveillance envers tous ceux qu'ils perçoivent peut-être mieux armés et plus forts qu'eux-mêmes. Si l'Islam est quelque chose, ce serait l'affirmation qu'une loi, une doctrine est en soi supérieur à la situation d'indifférence. Et pour donner un exemple un peu concret, qui sont ces gens qui ne parlent pas à leurs enfants, les privant de langage? des indifférents! Bizarrement, tout le monde sait, hormis l'homme Occidental actuel, que l'absence de doctrine, de loi, de religion, l'absence de tout pain spirituel, conduit à manquer de pain de farine, très concrètement! Vois-tu un peu ça?

Voilà, un élément dont je suis sûr, sans pour ça avoir les moyens dialectiques de l'exprimer. Oui, l'indifférence, conduirait à manquer de pain. Si l'Irak n'était peuplé que de cette sorte de gens, nul doute que trois semaines d'offensive auraient suffi. Le promoteur de cette guerre a sans doute mesuré sur lui-même et méjugé de ses vis-à-vis, les croyant aussi faibles que lui! Mais si l'Irak eut été ainsi peuplé, il n'y eut pas de guerre et ma proposition se ramasse! Quand le Pape et les prêtres disent : "L'homme ne vit pas que de pain, mais aussi de la parole du Saint-Esprit", ils devraient ajouter que sans la parole de Dieu, l'homme n'aurait plus du tout de pain. Faudra bientôt que ce soit dit, car le temps presse! L'état d'absence de doctrine, associé peut-être à une situation de prospérité relative, laquelle l'a peut-être engendré, fait que vraiment les corps sociaux sont envoie de dissociation rapide, envoie d'approcher de l'état d'agrégats d'individus. Je penses que le Musulman a le devoir de porter cette parole, le devoir d'être l'alternative et le refuge.

Je ne fais aucune part à l'univers Chrétien, pourrais-tu dire, dans mes perspectives. C'est que le Christianisme ne m'apparaît pas actuellement agissant. Séparation des pouvoirs, ou quelque chose comme ça, des errances font que le Christianisme n'est pas actuellement un acteur historique. S'il l'est, c'est qu'il permet à certains corps de ne pas mourir tout à fait, les individus, y étant, à leur insu, des crypto-Chrétiens. Ce qui permet à ces corps de vivre encore, c'est qu'ils vivent sur les cendres, d'un phénomène idéologique, doctrinal et religieux en train d'expirer, mais non complètement disparu. Remarques que pour être juste, j'aurais pu parler de Crypto-Marxistes, tout aussi bien! Mais en général, les Marxistes, sont déjà, eux-mêmes des crypto-Chrétiens à la base.

Si tout ce que je viens d'écrire se tient, je ne vois pas d'autre issu, hormis une affreuse décadence, que le relèvement de la Nation Islamique,chose incertaine au demeurant, qui se relevant, se dresserait contre le non-sens! Alors bien sûr, on pourrait dire, mais après! Supposons que la chose se fasse, d'une manière ou d'une autre, sans violence, la guerre étant devenue impossible. Supposant que ça se produise. Le sauvetage de l'humanité ne serait que momentané. Le non-sens et la décadence de l'espèce humaine l'emporterait en définitive, et à ce moment-là, il n'y aurait plus d'alternative. Mais rien n'est immortel, l'espèce humaine y compris!

Peut-être ai-je erré dans ce message, peut-être des éléments seraient à reprendre. Je crains que l'essentiel ne soit que trop vrai! Ce sont des réflexions graves. Puisse le sort nous être favorables, et puissais-je tenir éloignée de moi, cette idée de non-sens, qui pourrait hanter ma nuit!


Croissant de lune.



Torrentiel

19 mai 2010, 8h17

-Cher croissant de lune,

L'amour ne connaît effectivement des relations de supériorité ou d'infériorité que rapporté à ce que l'on engendre, qu'on doit espérer supérieur à soi. Envers l'être rencontré et avec qui a lieu cet engendrement pour que l'engendré soit comme la résultante de cette union et de cette rencontre, il faut le plus possible que l'amour sorte du rapport de forces du supérieur à l'inférieur. Le rapport de forces est même une perversion du rapport amoureux, s'il peut être un jeu érotique. L'amour permet, par la rencontre, de prendre contact avec un être qui représente la différence. L'amour n'en est pas moins un courant préexistant à celle-ci. Il faut aussi que la rencontre de la différence réalise certains des fantasmes qu'on nourrissait à l'égard de qui l'on voulait rencontrer et aimer. Dans la rencontre amoureuse, il y a la part à laisser à l'amour, soit au sentiment qui aurait existé en soi, quand même n'aurait-on rencontré personne. Il y a encore la part à laisser au fantasme ou au souvenir, car le fantasme n'est jamais qu'une certaine reconstitution/recomposition du souvenir. Enfin, l'être aimé, dans ce qui le caractérise en propre, est constitué, une fois la somme faite de la part de l'amour et de la part du fantasme/souvenir, de la différence irréductible et sublimable qui émane de son identité. Si je devais donc mettre la rencontre amoureuse en équation, je la poserais comme suit :

courant amoureux (qui fait qu'on peut être amoureux de l'amour)+fantasme/souvenir/recomposition/idéalisation de tous nos rêves+différence irréductible identifiable à l'être aimé=rencontre amoureuse.

ton analyse des trois doctrines qui agissent ou inagissent le monde est remarquable : tout d'abord, il est vrai que le marxisme est encore à l'œuvre, encore vivant, à la fois quantitativement et qualitativement. D'un point de vue quantitatif, il concerne plus d'un quart de l'humanité puisque la Chine n'a jamais abdiqué son marxisme même si elle a momentanément fait allégeance au magma libéral à des fins économiques dialectiquement transitoires. La visée communiste n'est donc pas quantitativement éteinte. Qualitativement, elle ne l'est pas non plus. Est-ce que l'écologisme (à propos duquel je crois ne t'avoir jamais répondu) n'est pas la forme la plus active de cryptomarxisme ? et il l'est même escathologiquement puisqu'à travers l'écologie politique, voici que l'homme, qui était fait pour adorer la Puissance Qui est dans le ciel et pour lever ses yeux au ciel, abaisse ses regards vers la terre et idolâtre sa matrice, dans le plus complet abandon oedipien dont Freud pouvait rêver. Quant au libéralisme, nommé ainsi par antiphrase, puisque les "libéraux" sont tout sauf généreux, c'est l'expression du non-sens à l'œuvre dans l'histoire, dont l'agent est l'indifférence, comme tu le notes un peu plus loin dans ton message. Encore une fois, la chine, par opportunisme, fait profession de se coaliser à ce non-sens : mais c'est parce qu'elle ne parvient pas pour le moment à communiquer le sens qu'elle voit dans le monde. Si l'on suit la fresque de ta prédiction historique, l'espèce humaine ne mourra pas nécessairement après l'avènement de l'Islam. Après l'Islam, peut-être que la distribution divine de la Gloire des nations ira par équité à ce milliard et demie d'humains dont est peuplée la Chine. Pour l'instant, la Chine essaie de communiquer et de s'universaliser désespérément : il ne lui suffit pas d'être en expansion. L'économie n'anoblit pas les faiseurs d'argent. La chine a beau être la plus grande pourvoyeuse de devises à destination de cet empire assis sur une montagne de dettes qui prétend dominer le monde et que sont les états-Unis d'Amérique, elle n'en a pas moins commencé par proposer au monde que l'on raisonne monétairement sur une base qui mette toutes les économies à plat, une base neutre, manière peut-être de faire s'écrouler l'Empire américain dont la monnaie ne sera plus l'étalon de l'économie mondiale, d'où une cessation immédiate de la confiance en cette monnaie, et l'on sait que la confiance fait la monnaie : mais, si la Chine s'est placée sur le plan monétaire alors que sa domination économique est assurée quand elle voudra dès le moment où elle déclarera les États-Unis en faillite, c'est peut-être qu'elle veut parler au libéralisme dominant qu'elle a adopté, qu'elle veut parler pour s'en faire comprendre, le même langage que lui. Mais ne nous attardons pas à la manière dont le libéralisme prétend mesurer le moral du monde au taux de change, venons-en à ce que tu dis de l'Islam !

tu le présentes comme ayant un avenir devant lui parce que c'est une doctrine opposée au non-sens. Tu dis à juste titre qu'un musulman peut communiquer avec un marxiste : cela s'est vu au XXme siècle, dans la coalition qui a uni, à travers le FLN, des marxistes et des islamistes, mais ceci n'en est qu'un exemple. Jules Moneroe a pu même développer à travers trois tomes de sociologie politique que je n'ai pas lus, mais qui ne doivent pas manquer d'intérêt, l'idée selon laquelle "le communisme (serait) l'Islam du XXe siècle", antienne dont se saisissent des intellectuels du calibre d'Alain Finkielkraut pour forger ce slogan plein de non-sens que, puisqu'il faut bien continuer l'histoire en feignant de la comprendre, si c'est comme ça, "l'antiracisme sera le communisme du XXIe SIECLE". qu'est-ce que ça veut dire ? Je paye ma tournée à qui me l'expliquera. Le communisme, un "islam" pour un siècle ? de quoi concourir à l'idée que l'Islam serait "un système". Un peu court, je te l'accorde. Avant d'aller plus loin, sais-tu quelle distinction j'opère entre une doctrine et une idéologie ? Je dirais qu'une idéologie est une stalactite tandis qu'une doctrine est une stalagmite. Une idéologie descend dans la caverne tandis qu'une doctrine en monte, (avec tous les mythes y afférents éventuellement, même si la révélation/doctrine tient absolument à ne pas être confondue avec la mythologie). Or mieux vaut une bonne vieille mythologie qu'une idéologie cousue de fils blancs qui comme le dit Annah Arendt, est un système clos sur lui-même, qui n'agit qu'en vertu de sa propre cohérence, qui n'a nulle relation à l'objectivité car ne connaît pas de relation transversale, transitive, par laquelle un objet accède à ce statut : il n'y a pas le sujet d'une part et l'objet d'autre part, il y a le sujet, le regard et l'objet. C'est dans le regard du sujet que l'objet reçoit une valeur. Et, pour recevoir cette valeur, mieux vaut que les yeux du sujet restent ouverts. Or ouverts restent les yeux du sujet en attente de vision, et ouverts restent les yeux extatiques de ceux qui n'ont pas désespéré de voir venir un miracle, de recevoir une preuve merveilleuse de la véracité des données de leur Foi. Voici la première raison pour laquelle une doctrine est supérieure à une idéologie : elle est transversale, elle est réceptive, elle monte comme la Grâce des souterrains du ciel. La seconde raison de cette supériorité est que, bon gré, mal gré, en errant ou en étant dans la vérité, une doctrine est connectée à dieu tandis qu'une idéologie est une nébuleuse jaillie de l'esprit fumeux des hommes, dont les tempêtes sous un crâne couvent une ébulition.

Maintenant, l'islam est-il la dernière doctrine constituée à être douée d'une vision ? tel que je l'appréhende et le crains à la fois, l'Islam est une force. Tel que tu le définis, l'Islam est une doctrine opposée au non-sens, et il ne saurait y avoir de doctrine qui ne soit douée d'une force, et ce n'est pas parce qu'on est fort qu'on fait automatiquement la guerre : on fait même d'autant moins la guerre que l'on est plus fort. Est-ce que c'est la débilité de l'Occident assoupi dans son indifférence qui me fait craindre une doctrine forte ? Il y a de cela, d'autant plus que la doctrine à laquelle je suis plus qu'affectivement rattaché m'exhorte plutôt à m'assoupir dans la quiétude de la grâce qui viendra sans que je fasse le moindre effort, ce qui flatte à la fois ma paresse native et la fatigue que j'ai du combat. Tu dis que tu ne fais pas de part au paradigme chrétien dans l'avènement que tu vois possible pour ta nation : tu ne fais pas de part à ce christianisme abâtardi, sur les ruines duquel l'Occident s'éteint, mais qui n'en croit pas moins (et j'y souscris puisque c'est en lui qu'est ancré ma Foi) avoir pour lui les promesses de la vie éternelle. Oublions pour un instant l'abâtardissement du christianisme : lorsque tu opposes l'Islam au non-sens, au risque que mon interprétation fasse de toi un cryptochrétien, tu en appelles au Logos, à ce que nous appelons le Verbe, à la puissance autoréalisatrice de la pensée qui soit à la fois un ordre des choses. Brillé-je, dans mon penchant pacifiste, par un goût trop grand de la synthèse ? Je ne souhaite pas que l'heure de Gloire de l'Islam soit arrivée, car je crains trop qu'il ne se soit pas dépris des démons de sa tradition guerrière, d'autant qu'il a une revanche à prendre. Mais je crois en une alliance possible entre les hommes, pourvu qu'ils sachent s'apercevoir qu'ils emploient quelquefois, des mots différents pour désigner la même chose. Des mots qui les rendent irréconciliables. Le Logos, c'est le sens. Moi aussi, je crois en l'avenir du sens. Mais j'espère que les hommes seront assez sages pour s'asseoir autour d'une table ou sous l'arbre à palabre de la "démocratie des nations" afin de décider et de déterminer ce sens en commun. Je ne crois même en la démocratie que pour redonner ses chances au logos et au sens. La démocratie discursive et discutatoire est-elle décisionnelle ? Oui, dans l'amont d'une réalisation, et de la discussion démocratique, pourrait bien jaillir une certaine puissance autoréalisatrice de la décision prise. Y a-t-il un providentialisme démocratique ? c'est le providentialisme du logos. Nous avons quelquefois tâté du "droit divin", nous n'avons jamais essayé du providentialisme du Logos. Le Logos serait-il notre dernier mythe ? Ne parlons pas comme les adeptes du non-sens.

en union d'amour du sens


Torrentiel



Croissant de lune

20 mai 2010, 3h51

-Comme tu es intarissable sur l'amour! Comme d'amour, tu sais franchement deviser! N'est-ce pas la meilleure conversation?

Je te confie mon premier fantasme, ne le répète à personne! Enfin, tu pourrais, parce que je le crois très courant. C'est la France que j'aime, au sens charnel du mot s'entend! C'est répandu, même s'il arrive que certains en parlent mal, comme ce rapeur qui en a dis pis que pendre. Malgré tout, ça restait une déclaration d'amour. C'est même la France profonde que j'aime le plus! Voici un fantasme peu courant : j'eusse rêvé d'être le cavalier mauresque Rodomont, de la légende, pour m'en venir sauver Jeanne du bûcher à la barbe de l'évêque Cochon, lequel porte bien son nom! Qu'en eut-il advenu? Je ne sais, parce que Jeanne d'Arc n'était pas une femme ordinaire, d'après Jules Michelet, elle serait restée impubère, ce pourquoi, elle pouvait dormir avec les gens de guerre, sans que rien n'arrivât. Comme elle-même n'avait pas de désir, elle n'en suscitait pas! Mais qui sait, si la puissance de mon amour ne l'eût pas transformé en femme? Elle fut changée à force que je le veuille, qui sait, mon désir aurait suscité le sien! En plus c'est une sainte, alors, serait-on même son esclave, c'est suffisant pour vivre. Oh, je délire. Quand j'ai rencontré ma femme, sa catholicité m'a beaucoup plu! Même que je tenais à ce qu'elle garde sur elle sa croix, une fois déshabillée! Vois-tu un peu à quel point, ça pouvait aller? Perversité, pourrait-on dire. Enfin, nous y trouvions notre compte.

Ce n'est pas qu'un détail ou une petite chose. Quand on parle d'immigration, on l'explique trop simplement par des situations économiques. C'est sans doute vrai, mais ça fait pas tout. Mon intuition est que l'amour, y a joué un grand rôle. Voire combien le désir de métissage est répandu. Mon intuition, me porte à croire, sans moyen de le démontrer, que l'amour fut le premier moteur du phénomène d'immigration, les autres explications étant secondaires. L'homme est vraiment un être complexe!

D'autres remarques Julien!

Dans mon esprit, lorsque je parles des trois doctrines ou phénomènes agissant dans le monde contemporain, j'entends par là, les doctrines vraiment vécues par les hommes. J'ai cité le Marxisme parmi ces trois phénomènes, mais vraiment, je ne le voyais pas vivant en Chine! Je ne connais vraiment pas grand-chose de la Chine, mais je ne crois pas que le Marxisme y soit une doctrine vivante dans le peuple. Le fait que le gouvernement Chinois s'en réclame, ne démontre pas, à mon avis, que le Marxisme y soit très opérant! Sauf, peut-être, parce qu'il servirait de référence aux dirigeants. Non, ce qui est vivant en Chine, c'est les reliquats d'un Confucéisme, renouvelé par Mao, lequel est pourrait-on dire, une sorte de religion civile et nationale. Confécius échange une correspondance avec son fils et lui prodigue des conseils édifiants, qui peuvent être pris pour autant de recettes pour réussir dans la vie et les affaires. Il lui conseille de se lever tôt, de manger dans la vaisselle propre, un peu comme les leçons de morale de l'école laïque de la troisième république. Mao a repris la voix du sage, et en faisant revivre cette vieille tradition, a suscité l'adhésion et la confiance de son peuple. Pareillement, contrairement à d'autres, il a repris la vieille tactique militaire faite de progressant non linéaire, d'avances et de reculs. Le peuple reprit courage et les succès vinrent couronner le chef qui faisait revivre l'esprit Chinois. Sa Cinicité compte autant que son Marxisme. Il semble bien qu'une nation, ne peut espérer s'émanciper et renaître si elle ne met pas en œuvre son propre esprit, voire certains de ses procédés et démarches. Nos dirigeants Musulmans, devraient y penser davantage, nous ne valons presque rien, si l'esprit premier et pionnier de l'Islam ne revive et se déploie. L'esprit de l'effort sacré, ou volontariat, si on préfère, l'esprit du combat sacré, rien moins que l'héroïsme, tout cela n'étant autre chose que l'action et l'initiative individuelle, voilà ce qui nous transporte et porte vers des succès qu'aucun autre ne peut avoir. Je développerai ces points, dans mon autre missive, mais bref, c'était pour dire que je ne crois pas que le Marxisme soit populaire en Chine, c'est uniquement en Occident, là où il a pris naissance, qu'il a encore quelque influence. L'ère Chrétienne est son domaine. Pour preuve, au Moyen-Orient, il n'y a de partis et traditions communistes significatives que là où vivent des minorités Chrétienne d'importance.

Donc de la Chine, où à mon avis, le Marxisme n'est pas plus déterminant que le Confudéisme, le Taoïsme et le Boudhisme, tout cela, plus ou moins à l'état de reliquats, je dirai que s'il reste une valeur majeure et populaire, c'est le Nationalisme, mais à l'état nu, et à un haut degré d'intensité. Un nationalisme sans autre élément, mais c'est déjà pas mal, envers ceux qui ont perdu tout ce qu'ils appellent "valeurs", qu'elles soient haussières ou baissières sur les marchés! Mais la Chine a-t-elle un avenir? Le nationalisme nu, suffit-il, sans doctrine prégnante? J'en doute. J'aimerais bien me tromper, on ne peut condamner une si grande masse d'hommes, une si grande Nation, qui a beaucoup souffert et que je respecte malgré le fait que les Ranes, persécutent gravement les minorités, Musulmanes, notamment, et vont jusqu'à la déportation et à l'enlèvement des femmes! Savais-tu cela? Voilà bien un remède à leur usage odieux de l'infanticide et de l'avortement sélectif! La chose ne fait que commencer, et c'est à peine si la Turquie a formulé quelques timides protestations! Cette persécution grave des minorités, l'énorme problème démographique, tout comme la difficulté de faire un usage plein de leur outil linguistique, peu approprié, semble-t-il au temps présent, tout cela, est en soi suffisant pour estimer peu probable, du moins à court délai, de voir la Chine maîtriser les affaires du monde. Or, il y a bien une question de temps, de délai! Le rythme de l'histoire s'est accéléré, et les transformations que j'entrevois devraient se produire à l'échelle de quelques décennies!

Dans le combat Algérien, et les autres luttes d'indépendance, l'élément Marxiste, s'il existât fut mineur. C'est par aculturation et par suivisme que certains dirigeants Algériens ont engagé leur pays dans la voie ruineuse du Socialisme réel! Quand je parle de coexistance et de collaboration avec des Marxistes, je penses beaucoup plus à ces combattants crypto-Chrétiens, qui ont partagé les épreuves et les succès de la Résistance Islamique au Sud-Liban et en Irak.

De l'univers des écologistes, il est très divers! Mais en fait, qu'est-ce que c'est au juste? L'écologie a-t-elle une existence propre? Le rapport à la terre, le rapport à la nature, n'est-il pas un impératif pour tout un chacun? L'amour de la terre est inné à l'homme, il est naturel qu'il ressurgisse avec une certaine force, partout où l'homme a mis trop d'intermédiaires et d'artifice entre la nature et lui! En fait, on peut dire que c'est le cas partout, d'une manière ou d'une autre, en remarquant toutefois, que pour des raisons compréhensibles, cet élan affectif vers la nature émergea à la conscience verbalisée en Occident. C'est un phénomène universel, et même permanent. De tout temps, il en fut ainsi, la chose devenant plus cruciale au temps présent. L'Islamiste est naturellement écologiste. Pour lui, l'homme a reçu mission d'habiter et de peupler la terre qui lui est confiée, et dont il doit prendre soin. L'Islamiste actuel, voudrait que sa nation fortifiée remit de l'harmonie dans le monde. Il se trouve d'ailleurs, qu'on ressente confusément, d'instinct, une relative proximité et fraternité envers les écologistes Occidentaux, avec toutefois quelques réserves. Il y a certaines dérives, notamment ceux qui aiment plus la terre que l'homme, confère Copenhague, ceux qui sont hyper-critique envers la croissance et le développement du Sud, parce qu'elle a un caractère de plus en plus autochtone et innée. Ceux-là, se sont installés dans l'idée que le Sud ne devrait s'accroître qu'avec l'aide du Nord, alors même que l'expérience des dernières années tend à valider, ce qui fut toujours pressenti, c'est qu'on se développe plus dans une situation de collaboration moins envahissante et toxique. Parce qu'il y a croissance, et pas seulement de la Chine et l'Inde, même l'Afrique Sud-Saharienne, même le Bengladech connaissent la croissance malgré la baisse des matières premières et des investissements étrangers! L'écologiste du Nord, devrait en principe, tenir pour cette croissance souveraine. Dans les faits, on a plutôt l'impression qu'il s'en méfie! L'Occidental a-t-il plus de contradictions qu'un autre? On est forcé de le croire! L'ambiguïté semble intimement mêlée à son être. Si bien, qu'on s'est habitué à douter de la parole de l'Occident jusqu'à s'assurer de sa vérité! Les écologistes Occidentaux, et tout ce qui tourne autour de l'Humanitaire, sont devenus, qu'ils en soient conscient ou non, des sortes de missionnaires précoloniaux, et ne sont pas les derniers à cautionner les guerres injustes! Le pacifisme des écolos, est de même ambiguïté que le pacifisme Chrétien, lequel je taille en pièces et confétis!

Il y a aussi une autre objection. L'écologiste Occidental, ne semble vouloir codifier que les rapports matériels et concrets à la nature. Ainsi, on examinera si tel ou tel produit ou aliment est toxique ou sain! On est semble-t-il moins regardant sur le contenu des consommables de l'esprit. Au nom d'une liberté d'expression, inégale au demeurant, on ne s'interroge pas sur la toxicité possible des productions culturelles et médiatiques, les usages qu'on en fait! Serait-il liberticide de rationner cette abondance déréglée qui tue la parole des enfants! Ce nouvel handicap en train de naître, je prophétise sans erreur, qu'il en sera question d'ici peu!

En fait, l'écologie est partout présente et de tout temps. L'écologiste Occidental actuel est peut-être un crypto-Marxiste, c'est-à-dire un crypto-Chrétien! Pourquoi le Chrétien est-il si discret et inexistant en Europe? En Amérique, au contraire, il est spectaculaire et commercial, c'est-à-dire creux et vain, et en fin de compte inexistant, mais ça n'est pas mon objet, l'Amérique ne m'intéresse pas! Je constate qu'on n'a pas été fichu d'inscrire une référence aux racines Chrétiennes dans le préambule de la Constitution que tu sais! Bien dommage.

Pourquoi je n'envisage pas dans ma perspective, le phénomène Chrétien, c'est d'abord, qu'il me semble être plus ou moins récessif, en tout cas peu conquérant, tellement qu'on le perçoit bien plus à travers d'autres phénomènes que directement en tant que sujet agissant, et aussi que pour des raisons que je n'approuve pas, le Chrétien, n'agis pas politiquement en tant que Chrétien! Rendre à César et à Dieu, est toujours invoqué sauf quand il s'agit d'action conservatrice ou réactionnaire. Le Chrétien, semble-t-il, n'agit tel quel, que dans ce sens, et ne se fait révolutionnaire, qu'en se Marxisant, voire en s'Islamisant. Va savoir pourquoi. Et pourquoi ce pacifisme Chrétien est si ambiguë. Mais dans ma missive, je traite abondamment de cette question, et taille en pièce tout ce problème de rapport à la violence.

Parce que, ne t'en déplaise, tu trouves des traditions guerrières à l'Islam, raison pour laquelle tu crains l'émancipation de la Oumma, qui aurait, d'après toi-même, de bonnes raisons de prendre quelques revanches, ayant subi beaucoup de torts et dommages. Vraiment, le pacifisme t'égare! Si quelqu'un a souffert, il faudrait se méfier de lui, donc il faudrait qu'il se résigne à son état! Est-ce une parole d'homme libre? Et qu'appelles-tu traditions guerrières de l'Islam?

Comme ce sera développé prochainement, le principe du combat sacré n'a pas créé dans les faits plus de violences, bien au contraire, que ce pacifisme illimité et ce principe d'amour universel auquel prétendrait le Chrétien! Précisément, cette exigence, étant irréalisable, elle fut à l'origine de la féodalité, avec la doctrine de l'évêque Adalbéron, la fameuse théorie des trois ordres, qui artificieusement, permit, non, qui rendit légale ou canonique, l'existence d'une caste de nobles pourvus d'armes, ayant pour mission de protéger des peuples désarmés et donc les opprimèrent. Le principe du combat sacré, consiste en l'occurrence, à ne pas désarmer le faible contre le fort!

Aimez-vous les uns les autres, rendez le bien au mal, c'est ce qu'a enseigné notre prophète pendant sa période Mecquoise. Aux croyants il prêchait de souffrir patiemment les offenses, et fut lui-même giflé, frappé et on lui cracha au visage! Or, si d'aucun peut tendre l'autre joue pour son propre compte, peut-il souffrir patiemment les torts faits à d'autres? C'est là, une limite au-delà de laquelle, le pacifisme devient connivence. Il advint que le prophète racheta pour l'affranchir un esclave croyant, que son maître tourmentait pour le contraindre à abjurer. Souvent le battait-il, ou il l'attachait sur une pierre au soleil, pour qu'il cédât à la soif! Racheter un esclave, reste une action limitée.

Quand il s'en fut à Médine, réchappant de peu à ses poursuivants, les croyants le rejoignirent. C'est alors que vinrent les sourates où apparut l'effort sacré et le combat sacré. Cette notion fut improprement nommée "guerre sainte", il s'agit de bataille et non de guerre, la nuance est de taille! Le prophète définit très simplement cette notion. Il lui fut demandé un jour : "Qui est martyre et qui ne l'est pas?" Il répondit que le martyre est celui qui tombe en combattant pour autre chose que pour lui-même. Notes bien, qu'il s'agit de tout homme et non pas seulement des croyants! Les résistants maquisards de France, relèvent tout aussi bien de cette notion. Un Marxiste, s'il est tué en combattant pour la justice, peut être considéré comme martyre! En fait, on peut pousser le bouchon plus loin et considérer que celui qui prête main-forte pour protéger une victime d'agression de rue, relève du combat sacré! En ce sens, un Musulman authentique, si c'est en son pouvoir, ne saurait assister sans agir en pareil cas! L'Islam en tant que tel, n'a pas vraiment de traditions guerrières, c'est plutôt d'une tradition héroïque dont il est question, rien à voir!

Maintenant, toutes les guerres que firent les Musulmans ne relèvent pas du combat sacré, ce principe se prête comme tout autre à des usages abusifs. On peut même dire, qu'il fut très rarement à l'œuvre, même s'il fut une cause déterminante des meilleures et plus grandes victoires. Des traditions guerrières, il y en a relativement peu en définitive. Il en ait dans l'univers Turc, et il y en eut plus ou moins dans l'univers Arabo-Berbère, mais rien qui se compare aux véritables traditions militaires des Germains, de l'entité Américaine avec ces 250 guerres et 1250 batailles! De la guerre éradicatrice et totale sur fond Ancien Testamentaire d'une part mais aussi paradoxalement, la résultante de cette injonction de paix totale universelle qui engendra son corolaire, la guerre totale! Car enfin, les injonctions des doctrines religieuses ont des effets variables! Les effets paradoxaux ne sont pas les moindres! Oui, l'injonction d'amour et de paix fut paradoxalement, l'élément qui engendra la féodalité, livrant aux mains de privilégiés par la force et les armes, les pauvres et les faibles dépouillés et désarmés, réduits à l'état d'agneaux! Il y eut terreur au dedans, et au dehors, il fallut des guerres éradicatrices pour préserver le troupeau asservi!

Si on doit juger l'arbre à ses fruits, selon la parole de Jésus fils de Marie, vois ce que firent les Croisés après la prise de Jérusalem, et voit ce que firent les Musulmans, quand la ville fut libérée par Salah Ed Dine! Il en fut ainsi également, tout au long de la prétendue reconquista! Qu'une ville Maure soit enlevée, ou que ce soit une ville Chrétienne, les traitements différaient singulièrement! Je m'en expliquerai plus abondamment, dans ma missive.

Maintenant, ce que j'entrevois pour la nation Islamique, ce n'est pas une aventure guerrière! Ce que j'entrevois, c'est que la Nation parvienne à un degré d'unité ou au moins d'action commune lui permettant de rassembler, concentrer, compter et remplir ses moyens et potentiels, à créer la force nécessaire et suffisante pour rétablir sa souveraineté dans son précaret! Que cette tentative nous mette en péril de guerre, nous y sommes déjà, et nous n'avons guère le choix! C'est précisément cette situation de nécessité jointe à d'autres éléments qui nous porterait à ce stade de souveraineté. Notre ambition légitime, doit n'être que celle-là! Si nous y parvenons, il s'en suivrait probablement une situation qui nous donnerait dans le monde un rôle d'arbitrage. C'est cela que j'entrevois pour la Nation sur son précaret. En suite, ou dans le même temps, son action et influence, devrait être de susciter l'adhésion de tous ceux, de plus en plus nombreux, alors, qui voudraient échapper à la situation mortiffère de non-sens! Tous ceux qui veulent vivre dans le sens et l'harmonie, sont qu'ils le sachent ou non, les alliés de l'Islam! Ainsi en est-il, beaucoup plus qu'on croit, des écologistes et de beaucoup d'autres.

Je précise encore pour être bien compris, que si cette alternative ne se produit pas, alors ce serait l'agonie de l'humanité, le non-sens n'étant pas viable. Si cette alternative se produit, elle remettrait de la vie dans l'espèce humaine, mais j'ignore pour combien de temps. L'espèce humaine est elle-même périssable, ne l'oublions pas!

Voilà pour quelques éclaircissements, le reste viendra par surcroît. Nous sommes le dimanche de Pante-Côte, fête du Saint-Esprit ou de l'esprit Saint. Reçois donc mes vœux et que l'esprit nous accompagne.

Fraternités du croissant de lune.


Croissant de lune




Croissant de lune

26 mai 2010, 1h21

-Crois-tu vraiment que soit "limite", comme tu dis, ta déclaration d'amour pour la France ? elle est fantastique et, si elle est fantasmatique, elle ne l'est pas plus que ne peut l'être la hantise des châteaux de certain roman de Julien Gracq. Ta déclaration d'amour pour la France vaudra toujours beaucoup mieux que ne valait la mienne ou, si tu préfères, ma conscience de la France, lorsque j'étais enfant : sais-tu ce que représentait pour moi Jeanne d'arc quand j'étais petit ? Une coupe de cheveux au carré, manquant de quelques marches d'escalier et qui m'attiraient le ridicule que mes professeurs estimaient que j'étais mal coiffé. Et sais-tu ce que représentait la France pour l'estivan alsacien que j'étais ? Un simple voyage vers "l'intérieur", comme aurait dit ma tante, "sur l'autoroute du soleil", eh oui, du soleil, en direction de chez toi, là en-bas, vers le Midi, sous la tutelle toujours en alerte contre les bouchons des prévisions de "bison futé". Mais au fait, c'est où, chez toi ? tu ne me l'as jamais dit, jamais écrit.

faut-il que nous continuions dans la grivoiserie ? tu aimes la France profonde que tu as pénétrée profondément. La catholicité de ta femme t'attirait, surtout si elle était ornée des apprêts bijoutiers agrémentant l'allégeance à cette foi/certitude/incertitude/"assentiment mou de nos jours" (claude Tresmontant) : tu transposais, dans les apprêts de ta femme catholique, les attributs dont la sultane, reine du gynécée, est parée sur tout son corps. Crois-tu que je sois insensible à pareil mélange de sonorités, de parfums, de fragrances, mi-sophistiquées, mi-animales ? Non, je ne suis pas de bois. Je ne sais si la "puissance de ton amour" aurait suffi à faire de l'amazone Jeanne d'arc une femme. Mais tu aurais vécu aux côtés d'une sainte, ce qui t'aurait suffi à devenir un esclave, au risque de t'enfermer dans ta propre prison intérieure, dans les fers de laquelle elle ne t'aurait pas demandé à te laisser enrôler, enjôlé : elle ne se rêvait pas geôlière.

que te dirais-je encore pour achever de te convaincre que ta déclaration d'amour pour la france, même transposée en un fantasme effréné pour sa sainte patronne, ne saurait me choquer ? Je te détromperai d'abord sur l'orthographe de l'évêque cochon qui ne s'écrie pas comme un porc, mais avec "AU". ce qui est plus drôle si ça n'était pas si triste, c'est que cet évêque était, sous toute réserve, évêque de bayeux et de Lisieux, le même siège épiscopale qu'occupe aujourd'hui le prélat Pierre Picant, qui fut le premier incriminé pour avoir soutenu contre vents et marées un prêtre pédophile. et, pour avoir été moi-même la victime des papouilles d'un pédophile laïque, ami de Pierre Picant, occupant d'assez hautes fonctions dans l'Eglise bien que tout à fait marié et père de famille, je trouve cette ironie de l'histoire assez piquante : que Picant ait occupé la même cathèdre que cauchon, soudoyé par les Anglais, pour convaincre Jeanne de malversation religieuse. Je pourrais aussi te raconter mon 11 septembre, passé comme par hasard à Lisieux, la seule fois qu'il m'a pris de visiter cette ville : je logeais au "terrasse hôtel", hôtel à l'étouffe-chrétien dont les clients parlaient à voix basse. Je lisais à haute voix, sur le balcon de ma chambre, en me le mettant en bouche et en le commentant pour moi-même sur cassette, "LE PARTAGE DE MIDI" que j'ai vu plus tard à la comédie française, récité plutôt que joué par des comédiens ayant une diction irréprochable. Je revenais de ma visite aux "buissonnets". Mon taxi me ramenait à l'hôtel. Là, en rentrant, je m'aperçois que la stupeur est générale devant le fracas que l'on fait autour de ces deux tours jumelles qui viennent de s'écrouler : le Wall Trade Center, le "temple" imprenable " du capital", tombé à grand fracas. Je ne pouvais réprimer un sentiment de joie mauvaise contre cette Amérique qui se croyait invincible et à qui il arrivait d'être surprise par ce qu'on appelait un terrorisme de guérilla très bien entraîné, pouvant changer la nature du terrorisme, et traumatisant l'Amérique sur son sol même. Le lendemain, la cathédrale de Strasbourg manqua de peu de tomber sous un autre attentat. Dix jours plus tard, c'était l'usine AZF dont on tenait à toute force à nous faire croire qu'elle avait subi un accident industriel. La coïncidence était trop parlante. Combien me sentis-je déçu quand les premières théories du complot apparurent pour expliquer le 11 septembre : que veux-tu ? On ne se refait pas, j'aime l'histoire officielle... Le 11 septembre fomenté par les services secrets des États-Unis comme une preuve encore plus magistrale qu'ils étaient invincibles, cela me déboussolait. Évidemment, la riposte de Georges Bush voulant organiser une "guerre contre le terrorisme", c'est-à-dire une guerre contre un ennemi invisible, n'était pas sans me paraître folle au dernier degré. Mais voir l'Amérique tomber, c'était comme voir Martine Aubry pleurer : ça paraissait tellement impossible que ça ne pouvait pas ne pas occasionner de jouissance... dans tout ça, j'allais oublié de te dire qu'au moment où ces tours sont tombées, mon frère devait se trouver à New York pour y donner un concert. Je n'y ai repensé qu'après, tout à ma joie mauvaise de pieux pèlerin de Lisieux. Cette joie n'est-elle pas plus honteuse encore à avouer que ton fantasme pour Jeanne d'arc ?

fantasme qui est de l'amour, du véritable amour comme tu le définis toi-même : amour, non pas né d'une hypothétique égalité à atteindre intellectuellement, à peine né d'une sublimation, de laquelle est faite tout fantasme, mais née de la différence entre toi et cette France profonde : amour, dédoublement de toi-même, décuplement de ta puissance, quand la résistance de de Gaulle, son plus fin mot n'a jamais été que de dire à tante Yvonne, quand elle l'a enfin retrouvée après une longue chasse :

"a partir de maintenant, Yvonne, je ne suis plus Charles, je suis la France."

a peu de choses près, c'était lui dire :

"tu m'appelleras "la France", et pas Mendès, france tout court".

et, comme Mmle Vendroux était une jeune fille extrêmement bien élevée, elle n'osa soulever cette protestation :

"Mon dieu, Charles, vous êtes devenu fou ?"

a travers la France, Charles de Gaulle, monté en grade dans l'urgence de son accession au secrétariat d'état à la guerre avant que le maréchal Pétain, dont il était l'ancien collaborateur, ne prenne les rennes du pays ; à travers la France et à la différence de celui-ci, pour qui il avait travaillé, même si cela fait grincer quelques dents aujourd'hui, qui, lors de l'appel du 17 juin, "(faisait) don de (sa) personne à la France", rappelant lointainement des échos du testament de Louis XVI, Charles de gaulle ne trouvait qu'un redoublement de lui-même et ne faisait que réaliser un rêve de gosse, quand, à 15 ans, il se voyait un général étoilé qui sauvait la France à lui tout seul et en devenait le chef d'État. tandis que toi, ton amour pour la France, même déviant dans des rêves érotiques embrassant Jeanne d'arc, est plus fort que celui du général de gaulle se faufilant dans la gloire et entrant dans la légende à la faveur de la guerre, lui, l'ancien prisonnier capturé peu glorieusement à Riaumont, qui commençait sa carrière de fuyard en Angleterre qu'il devait achever en Allemagne, terrassé par "la chienlit" de mai 68, quand il alla se placer sous la protection de Massu et lui demander conseil. Ton amour de la France n'est pas futil, il est compliqué. Obéit-il seulement à un désir de métissage ? Est-il limité par les raisons économiques qu'on donne pour seules capables d'expliquer l'immigration ?

tu l'as très bien dit : en la France, tu aimes ta différence. Comment ce phénomène s'est-il triplement retourné après les indépendances ? d'une part, un grand nombre de ressortissant des pays qui venaient d'acquérir leur indépendance venait chercher asile dans le pays dont ils ne voulaient plus de la domination, tandis que, de l'autre côté, les plus farouches partisans de conserver ces pays à l'empire qui venait de les combattre dans une guerre sans merci déclaraient désormais qu'il était impossible de faire route commune entre français et Maghrébins. Recherche de protection, d'une vie meilleure ou de bien-être auprès de l'ancien occupant pour les uns, détestation de ces nouveaux arrivants du moment qu'ils n'avaient pas été harkis pour les autres, c'est-à-dire du moment qu'ils ne pouvaient pas les tutoyer, les rudoyer, etc. J'ai longtemps cru le Pen atteint de cette schizophrénie, jusqu'à l'avoir entendu, à plusieurs reprises, la dénoncer : il aurait été d'avis d'adapter la République, afin de la rendre à égalité de citoyenneté entre Français et musulmans, disait-il. Mais, à partir du moment où cela s'était avéré impossible, il n'avait pas renoncé à intégrer ceux des musulmans qui voulaient se faire des nationalistes français, au point d'être le premier homme politique à avoir fait élire député un ressortissant du Maghreb, mais il combattait l'immigration de masse. Pour la troisième part, celle que prennent les démagogues qui provoquent toujours les déchirures les plus profondes et qui ne voulaient pas soulever le problème de la contradiction qu'il y avait à voir des citoyens venant de conquérir leur indépendance trouver refuge auprès de l'ancien colonisateur, on trouvait dégueulasses les méthodes tortionnaires, dignes de la "question", dont avait usé l'armée française en algérie. Mais on se refusait à discuter des méthodes qui avaient été employées par le FLN, des harkis ou des pieds noirs disparus, de l'égorgement sauvage en pleine campagne, du chantage que faisait le FLN auprès des populations. Bref, on méprisait ceux qui venaient d'être les rivaux de guerre du pays, en trouvant, dans un raisonnement qui faisait du Jules Ferry sans le savoir, qu'il était du devoir des hommes "civilisés", comme l'étaient implicitement les Européens, de ne pas se comporter en barbares, tandis qu'on ne pouvait pas demander aux anciens combattants du FLN, que, pour rien au monde, on n'aurait appelé des barbares lorsque leur comportement l'aurait mérité, de se battre avec des méthodes un peu sauvages. Le dédoublement avait donc lieu dans tous les camps : amour de l'ancien occupant chez qui l'on savait pouvoir trouver asile et protection de la part des nouveaux réfugiés politiques, économiques, ou qui simplement ne se rendaient pas compte qu'ils venaient trouver du travail chez les anciens exploiteurs de leur peuple ; haine de l'ancien occupé qu'on avait absolument voulu garder sous le joug sous prétexte qu'on l'aimait et qu'il rendait gloire à la France de la part de ceux qui auraient donné leur vie pour que l'Algérie restât française ; mépris faite de haine de soi et de crainte de l'autre de la part des élites dominantes qui n'osaient présenter l'histoire selon un récit qui eût fait la part des choses.

Je pourrais continuer et dire que ce dédoublement persiste dans l'attribution automatique (encore que le droit soit un peu plus restrictif en la matière que ce qu'on nous en présente) de la nationalité de ceux qui sont nés sur le sol français, en dépit du fait que c'est les obliger à renier leurs origines que de les forcer comme on le fait jusqu'à l'infantilisme à se déclarer français en dépit du bon sens et de leur conscience. On ne devient citoyen d'un pays que lorsqu'on veut se faire naturalisé par ce pays, c'est-à-dire que lorsqu'on en adopte la culture au point d'avoir opté pour elle, de préférence y compris à la culture du pays d'où viennent ses propres parents, avec laquelle on ne se sent plus assez lié. Mais une chose est de ne pas distribuer la nationalité dans une pochette surprise, une autre est de ne pas accorder le droit de vote aux immigrés. car cela revient à leur dire :

"tu es le bienvenu chez moi, tu peux même y payer des impôts. Mais quand il s'agit de prendre part aux décisions qui te concernent puisque tu habites ici et que tu participes aux frais du repas, n'oublie pas que tu vis sous mon toit. Mais à part ça, tu ne t'imagines pas comme je t'aime et comme tu es le bienvenu, le bienvenu chez moi."

c'est un peu comme Florent Pagny qui a réduit sa "liberté de penser" à n'en penser pas moins en payant ses impôts et qui, lorsqu'on l'invita à commenter sa chanson "BIENVENU CHEZ MOI", insista pour qu'on l'entende de façon évidemment métaphorique, car on n'allait pas s'imaginer, tout de même, qu'il allait ouvrir sa porte à tous les éclopés qui se présenteraient et viendraient lui dire :

"Mais dis donc, Florent, n'as-tu pas dit dans ta chanson, qui t'a rapporté des millions, qu'on n'avait qu'à sonner à ta porte si l'on était sans abri et que là, on pourrait crier et dire tout ce qu'on avait sur le cœur ?"

"Oui, en théorie, mais laissez-moi dormir, laissez-moi profiter de mes richesses..."

La seule restriction que moi, qui ne suis pas Florent Pagny, j'apporterai au droit de vote à accorder à tous les immigrés, qu'ils soient de nationalité française ou non, se rapporte aux déclarations de guerre qui, de toute façon, pour le moment, ne sont pas soumises à référendum. Enfin, pour être complet, autre chose est d'avoir voix au chapitre sur tout sujet, autre chose est d'être éligible dans toutes les fonctions.

Me suis-je éloigné de ton propos ? Pas tant que ça. J'y reviens. M'y revoici. Dès lors que tu poses l'amour comme l'expression de ta différence, comme la conjugaison de tes deux moitiés, celle dont est constituée ta conscience et celle que tu ignorais, mais que tu découvres, dès que tu fais la connaissance de l'être aimé, si tu aimes ton autre, automatiquement, tu aimes ton double, et tu subis l'effet d'entraînement de l'amour. L'amour te fait bouger tes lignes : tu n'es plus toi, croissant de lune, tu es toi ayant changé de position. Tout homme n'est jamais tant défini qu'il n'évolue par positions successives, comme on le disait en géométrie. Si tu subis l'effet d'entraînement de l'amour, tu es déplacé, non seulement parce que tu es issu d'une population déplacée, mais tu es déplacé vectoriellement, identitairement. La question est la suivante : fais-tu le choix d'être gouverné par ton double ? ce qui revient à risquer d'être gouverné par la folie de ton double. fais-tu le choix d'être transformé par l'amour, ou préfères-tu rester toi-même en aimant peut-être moins, c'est-à-dire en n'étant pas emporter par l'amour, mais en laissant l'amour s'emporter entre toi et ce que tu aimes ? aimes-tu si tu fais ainsi ? Mais ne hais-tu pas si tu te laisses emporter ? quelque chose en toi ne se révolte-t-il pas à l'idée que tu sois comme dépossédé de toi ? Il faut choisir, selon que l'on préfère l'amour et l'unité, et chacun de nous aime les deux. Au tout début de nos échanges, tu me disais admirer la simplicité de l'Islam en ce qu'il était une monade. Voici que, dans le métissage, c'est toi, maintenant, qui fais l'apologie du double, et c'est moi qui freine des quatre fers. Je ne suis, par exemple, pas convaincu des vertus de la "double nationalité", ne serait-ce que, parce que, dans mon système de "démocratie des nations" (mais c'est ici que pointe mon esprit systématique), cela donnerait un homme qui aurait deux voix. Je ne suis pas partisan de la double nationalité, pour cette raison toute stupide et souvent invoquée que tout va bien quand règne l'harmonie entre les deux nations auxquelles on a fait allégeance. Mais que la guerre vienne et que surgisse l'absurde situation où l'on doive donner sa vie pour l'une d'entre elles. Que fait celui qui a la double nationalité ? bien sûr, on n'a pas le droit de tirailler un ressortissant des deux rives entre l'amour qu'il éprouve pour son père et celui qu'il éprouve pour sa mère, toutes deux patries. Il n'empêche que ce ressortissant, au moment de choisir une nationalité, devrait toujours se poser cette question. Je me souviendrai toujours de l'ex grand rabbin Sitruk qui, en présence de Jacques Chirac et de Lionel Jospin, prononça cet éloge dithyrambique :

"France, tu es mon père, tu me nourris, tu me donnes le gîte et le couvert, je te respecte. Mais Israël, tu es ma mère." et suivait une tirade où le grand rabbin déclarait son amour à un pays étranger en présence des autorités civiles d'un État que cet amour ne regardait pas et qui auraient dû quitter le meating pour la simple raison qu'ils ne devaient pas participer, par simple pudeur et respect d'eux-mêmes, à une telle effusion d'intimité pour un état qui n'était pas celui qu'ils représentaient. Je sais que tel n'est pas le discours que tu tiens. Mais en diffère-t-il tant que ça ? tu aimes la France profonde, que tu respectes peut-être dans son identité chrétienne et que tu protégeras lors de l'avènement que tu espères prochain de la nation islamique. Je ne dis pas que tu rêves d'une France soluble dans l'Islam après que d'autres se sont demandés si l'Islam était soluble dans la République. Je ne le dis pas, mais quels sont tes rêves ? quel choix fais-tu ? d'être emporté par ton amour ou de lui imposer ta puissance ? de rester toi-même ou d'être gouverné, éventuellement, par la folie, faite d'amour et de haine, dont peut être capable ton double ? et quel est le choix du bon gouvernement ? accepter qu'il y ait des niveaux différents, où l'homme du peuple/monde, de même qu'il évaluerait à travers un certain indice de concernement, à quel point il est rattaché à une nation, pourrait par un indice de concernement différent faire allégeance à une autre nation et au terme d'un tiers indice, dire quelle est la part de son humanité qu'il dévolue à assumer la citoyenneté du monde ? Manifesté-je, par cette solution de la dernière chance qui signale peut-être l'heure tardive, un goût trop prononcé pour le fractionnement et pour les Mathématiques ? que faire du clivage dont chacun de nous est fait ?

"L'amour est un tourbillon entre deux âmes", m'a dit mon neveu l'autre après-midi. "L'amour est un jeu, l'amour est cruel et l'amour est magique", m'a dit ma lectrice cet après-midi. Je lui ai répondu qu'à mon idée, elle répétait trois fois la même chose. La véritable alternative, aussi bien sentimentale que politique, me semble être, de deux choses l'une : soit l'amour est un courant qui me fige dans ce que je suis, polarisé par l'autre qui reste ce qu'il est et pour qui j'ai du sentiment ; soit l'amour est un effet d'entraînement que je subis, et je ne sais pas jusqu'où cette sujétion volontaire me mènera, peut-être jusqu'au reniement de moi-même : en tout cas, il fera bouger mes lignes. L'événement, à coup sûr, parle le langage de l'entraînement. Mais la politique ne doit-elle pas, autant que faire se peut, s'efforcer de figer la possibilité pour un événement de survenir et de briser les digues ? La politique ne contient-elle pas la défense et la protection de la cité ? Pas seulement, bien sûr, mais aussi. La politique peut-elle prendre le risque de l'amour ?

bien à toi


Le Torrentiel



Torrentiel

26 mai, 4h32


cher croissant de lune,

Je serai bref, ayant été trop long dans le message précédent. Je synthétiserai dans ma réponse tes deux messages ultérieurs.

en quelques mots, je ne suis pas convaincu qu'il y ait, en France plus qu'ailleurs, "désir de métissage". Il y a un phénomène, l'immigration, que la révolution des transports a rendu inéluctable. Il y a une transformation de la population qui produit un changement pour le moment immensurable. Il y a, dans le métissage, un enrichissement à se trouver mieux divers que seul et replié sur sa connerie, sur ses vins et ses fromages, à raconter des gauloiseries trop vulgaires. Car enfin, qu'était l'esprit de la France avant la dissociation dont tu parles ? Céline l'a bien chanté dans son pamphlet "LES BEAUX DRAPS", tellement bien écrit qu'il reproduisait l'ancien français sans rien en laisser paraître. "La France, c'est une petite musique, une envie de rigoler, de picoler" qui s'offre au plus offrant. Toute la question est de savoir depuis combien de temps ça dure.

Tu distingues, dans ton analyse du libéralisme, la liberté et les libertés. Mais sais-tu que les monarchistes aussi se vantaient que, sous l'incarnation de la souveraineté par un seul prince, les libertés étaient respectées ? Pourtant, on ne peut pas dire, en jetant un regard historique rétrospectif, nécessairement plus chargé d'imaginaire et de mythologie que de fidélité à ce qui fut vécu, que la monarchie était un régime vide comme celui de la consommation sous lequel nous vivons. Car, ce qui annihile, ce qui indifférentise, ce qui dissocie tout ensemble individus et corps social, c'est ce régime de consommation sous lequel nous vivons et cette dérive de la révolution des transports, par laquelle les biens circulent plus aisément et plus volontiers que les personnes, et à telle vitesse que cette circulation, dans ce monde dématérialisé, peut créer des cataclysmes numériques.

tu contestes l'imprégnation du marxisme dans la vie concrète du peuple chinois. tu en fais un élément cryptochrétien. Tu prétends que la chine est plus marquée de nationalisme confuséen qu'elle ne se ressent de vivre un certain stade dialectique du socialisme en marche. Cette thèse est à peu près la même que celle qui prétend que Staline n'était, en définitive, que le dernier tsar russe : tout aussi terrible, tout aussi secret, tout aussi religieux (puisqu'ancien séminariste et mort, un chapelet sous son oreiller, de même que Georges Marchais a demandé à voir un prêtre avant de mourir, un prêtre que je connaissais et pour cause : c'était l'aumônier de Lariboisière où j'accompagnais la messe tous les dimanches et où Georges Marchais est mort. Cela m'a valu d'attendre ce prêtre pendant une demie-heure sur le quai du métro gare du Nord où il avait l'habitude de venir me chercher et, quand je suis rentré chez moi, j'ai compris de quoi il pouvait retourner. Il me l'a confirmé et m'a autorisé à le divulguer, sans quoi je n'en ferais pas état).

Je ne connaissais pas le traitement qu'infligeaient les Ranes (dont j'ignorais jusqu'à l'existence) aux minorités musulmanes. Mais il est exact que la chine, comme tout pays totalitaire, perpètre un génocide de ses minorités sans que la communauté internationale humanitaire y trouve rien à redire, à la fois trop heureuse de commercer avec cet "empire du milieu" et un peu perplexe sur l'attitude à adopter, le chinois lui paraissant, sans qu'elle ose se l'avouer, procéder quasiment d'une autre humanité.

Sur la situation du christianisme, il est évident que la maison tombe. elle tombe en ruines, elle tombe de vieillesse, mais ce ne sont que les plâtres qui s'éboulent, les murs restent solides, les fondations restent intactes. On voit ce phénomène inouï que le pape prête le flan à des attaques qui sont de graves affaires de mœurs, mais n'entament nullement le contenu de la foi. Et, avec ces affaires de mœurs, il entache la réputation de toute l'Église. c'est inimaginable jusqu'où l'obsession sexuelle inversée qui a été véhiculée dans le christianisme aura pu mener. Cela étant, je persiste à penser que l'église, quelque forme qu'elle adopte dans l'avenir (et l'évangélisme est en concurrence directe avec l'Islam sur le front du prosélytisme), "a les promesses de la vie éternelle", non parce que l'institution tiendra (comme telle, elle ne peut pas et elle se condamne toute seule à mourir de vieillesse. si je ne craignais de blasphémer, je dirais même qu'elle se suicide), mais parce que l'architecture est solide : t'imagines-tu que le catholicisme a bâti la seule maison qui te raconte ton histoire depuis la création du monde à laquelle tu n'as pas assisté jusqu'à la parousie qui t'est décrite par le menu ?certes, l'Islam a repris tout ou partie de ce récit, mais ce n'est qu'une reprise, une copie, à laquelle on a le droit de préférer l'original, même si l'Islam tire autorité d'être la dernière venue d'entre les trois monothéismes, comme critère d'authenticité. Et ces fondations ne s'écrouleront pas, elles sont trop puissamment implantées : elles seront différemment vécues, mais elles tiendront bon. Reste aux chrétiens à penser leur foi, à la reformuler au besoin, à s'interroger en elle, non à la choisir, non à être hérétique, mais à la reformuler. Nous sommes parvenus à un moment où la foi doit être mûre pour penser et non pas se suffire à s'abîmer en prières. Les chrétiens sont condamnés à cet effort, c'est une question de survie, même si la jeunesse chrétienne est pour l'instant très largement dominée par le conservatisme le plus épargnant et patrimonial. Je ne sais pas d'homme qui ne porte au fond de lui un puissant instinct de conservation.

tu estimes que le principe d'amour universel a tourné en guerre totale. Cette idée se défendrait en vertu de l'union des contraires. Mais il me semble que le christianisme était apolitique depuis le commencement. La mutation qu'il est en train de vivre, c'est qu'il retourne à l'apolitisme de ses origines dont, s'il n'était pas sorti, il ne se serait certes pas étendu ni transmis, du moins à vues humaines. Est-ce un principe politique intrinsèque au christianisme qui a mené la politique chrétienne à être ce qu'elle est devenue historiquement ? Je ne le crois pas. Tu dis pis que pendre de la féodalité : il se peut que de preux chevaliers armés aient vassalisé un peuple hagard, mais la féodalité n'en reposait pas moins sur une idée très noble, qui était celle de la recommandation. Elle a eu ses déviances, comme tous les rapports sociaux qu'inventent les hommes. La guerre totale était-elle vraiment l'un des ressorts caché du christianisme, au fond du paradoxe universel ? Je crois que la technique produit ses propres fruits. Mettons que le christianisme ait couvé la technique et l'idée de progrès. A supposer que ce ne soit pas un raccourcis épistémologique, la technique a ensuite suivi sa propre marche, et rien n'a pu l'arrêter. Il n'a même pas été au pouvoir de l'assignation d'une finalité à la science d'empêcher que l'homme soit capable de créer un "homme artificiel", né d'un pur "vouloir d'homme", comme l'aurait dit Saint-Jean, le même qui définissait "dieu" comme "amour", mais qui avait envisagé qu'il fût dans les mains de l'homme de jouer les apprentis sorciers.

Les véritables écologistes sont à mes yeux les agriculteurs. Le débat me paraît tranché par cette phrase incisive. Je suis d'accord avec toi sur les écologistes de salon : ils ne peuvent pas être à la fois à la cour et côté jardin, ils sont "précoloniaux" dans l'oubli absolu qu'ils font des famines et du besoin naturel à tout peuple de croître, et ils sont aussi cryptomarxistes parce qu'ils se verraient bien établir un nouveau système de domination du monde. tu dis que le musulman se sent d'instinct lié à tout véritable écologiste, il en va de même du chrétien, pourvu que l'écologiste en question ne soit pas idolâtre et qu'il n'inverse pas l'ordre de la terre et du ciel. Tu reproches aux chrétiens de ne savoir être que pacifistes ou révolutionnaires. Mais quelle alternative y a-t-il ? L'héroïsme ? en définitive, même si l'héroïsme acquiesce plus volontiers à des batailles qu'à des guerres totales, la guerre restant toujours ce qu'elle est et augmentant en puissance en fonction des moyens techniques dont elle dispose, l'héroïsme, par les voies de la technique, ne mènera-t-il pas au même point de "guerre totale", sans ressort caché qui soit intrinsèque à sa vertu ? Je reconnais dans la mort de Saddam Hussein, condamné à la pendaison, comme au Moyen Age ou au procès de Nuremberg, une mort héroïque, notamment parce qu'il a dit :

"gardez toujours ouverte la porte du pardon".

Je trouve également honteux qu'au lendemain de la mort de Yasser Arafat, Serge Asjdenberg se soit permis de "maudire son nom à tout jamais" au micro de "radio J", violant la prescription de ne pas maudire un mort. Il aura certainement à en répondre devant Dieu à qui je confie son âme et dont j'espère qu'Il obtiendra le pardon. Mais n'avons-nous pas tous, à bien y réfléchi, maudit les morts que nous n'aimions pas ? Ne maudissons-nous pas plus souvent qu'à notre tour ?

quant au pacifisme chrétien que tu tailles en pièces, libre à toi de le tourner en ridicule. Mais rappelle-toi cette anecdote qui met en scène Jacques Prévert, homme libre s'il en fût : on le tansait d'avoir écrit :

"quelle connerie, la guerre !"

"vous vous rendez compte ? si tout le monde faisait comme vous ?"

"eh bien oui, justement, si tout le monde faisait comme moi..."

Le seul problème, c'est de connaître le meilleur chemin pour arriver à la paix, et je ne suis pas sûr que ce soit le désarmement. C'est pourquoi l'Iran a tout à fait raison de se révolter contre les deux poids, deux mesures que représente le traité contre la prolifération nucléaire qu'elle a peut-être signé, mais si son voisin, Israël, dispose de l'arme nucléaire, de quel droit priverait-on l'Iran de s'en doter à son tour ? d'autant que les sionistes nous font peur en nous rappelant qu'Hitler avait prévenu de ses intentions et que, si l'arme nucléaire était aux mains du Président iranien actuel, il n'hésiterait pas à rayer Israël de la carte. seulement, il ne pourrait pas : la revanche serait trop terrible. Le maximum de forces est certainement un meilleur stabilisateur du rapport de forces que le plus grand concentré de faiblesse.

comme le dit Mohamed, le prophète de l'Islam, "il ne faut pas désarmer le faible contre le fort". J'ignorais qu'il avait été "giflé" et qu'on lui avait "craché au visage". L'ironie de l'histoire, c'est qu'il l'ait "souffert patiemment", tandis que Jésus, lorsqu'une première gifle lui fut donnée chez le grand prêtre, plaida :

"si j'ai mal parlé, montre-moi en quoi. Mais si j'ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?"

Le prophète Mohamed définissait, m'écris-tu, le martyr comme "le fait de mourir pour une autre cause que soi-même". cela est tout à son honneur, mais le martyr chrétien a cette supériorité qu'il donne sa vie sans en prendre aucune autre, qu'il ne fait pas participer contre son gré quiconque à son sacrifice. au risque que cette volonté de ne pas donner la mort, soit se retourne contre elle-même, en vertu du principe selon lequel "qui veut faire l'ange fait la bête", soit fasse jouer la clause de conscience pacifiste jusqu'à la connivence. Je ne dis pas que qui a beaucoup souffert n'est pas légitime à vouloir se venger. Mais, si l'humanité ne cesse jamais de rendre coup pour coup, elle ne sortira jamais du cercle vicieux. comme tu l'écris "les injonctions des doctrines religieuses ont des effets variables. Les effets paradoxaux ne sont pas les moindres."

Je ne crois pas que la force inhérente à l'Islam soit compatible avec le rôle d'arbitre que tu dévolues à la oumma, sauf si, une fois forte, elle se montre tellement sage qu'elle attire par sa sagesse. C'est ce que je peux lui souhaiter dans ton hypothèse. Mais tu te situes tout de même dans une perspective pour le moins inédite : cette façon que tu as de soumettre l'Islam à la variable évolutionniste, dans laquelle la défaite de l'homme est programmée et certaine. Dieu ne viendra-t-Il pas au secours de son espèce de prédilection ? Je crois qu'il n'est pas exagérer de parler ainsi. Ou, si l'on refuse cet anthropocentrisme, disons que chaque être vivant doué de conscience (et parmi ceux-ci, j'inclus les animaux) se sent, de gré ou de force, l'objet de la prédilection divine.

Le petit matin se lève et je devrais faire comme lui, mais je vais prendre un peu de repos

Torrentiellement tien, en te remerciant de la fécondité de tes propos riches en savoir

Torrentiel


Croissant de lune

27 mai 2010, 9h19

-Oh, Torrentiel, comme tu as veillé tard, malheureux torrentiel! Ne sais-tu pas que selon le Saint Coran, la nuit est faite pour le sommeil et la journée pour le travail? Les poètes font sans doute exception à cette règle. Enfin, prends bien le temps, je ne suis pas impatient! Je te fais attendre depuis fort longtemps, une missive très longue, que je peine à parfaire et achever. Elle répondrait à pas mal de questions que nous nous posons en route.

Prends bien ton temps, car moi-même, je vais m'absenter quelques jours, pour cause de formation et autres, puis je poursuivrai ce volumineux message, mais qu'en début juin, ça commence à durer! J'ai par ailleurs, une recrudescence de mon travail nourricier, je ne m'en plaindrai pas! Je suis heureux que tu m'aies si bien compris, et tu as répondu à pas mal de mes questions. Sur l'une d'elle, j'aimerais tes réflexions! Penses-tu qu'il y ait un lien, une corellation entre l'état d'une population, d'un corps social envers les phénomènes idéologiques-religieux, qu'ils soient existants et forts, ou bien faibles ou absents, et le vécu économique de ce corps. C'est une hypothèse que je forme, que les hommes ont besoin du ferme appui d'une doctrine, une révélation pour soutenir certains efforts, endurer certaines contraintes. Une patiente Algérienne m'a un jour raconté l'histoire de deux villages, dans l'un, tout le monde prie sauf un homme qui travaille, tandis que dans l'autre, tout le monde travaille à l'exception d'un seul qui prie. Dans ce cas de figure, il n'y a pas photo! le premier village est miséreux et l'autre prospère. Mais qu'en serait-il d'un village où personne ne prie ou si peu, et si faiblement? Que se produirait-il? La carence de pain spirituel, augurerait-elle d'une disette? On voit dans nos pays, de ces gens plus ou moins dévots à l'excès, qui parlent de Dieu à longueur de journée, mais travaillent fort peu! C'est une espèce heureusement en voie de disparition. Les croyants actuels, sont plus agissants! L'exemple de l'expérience Iranienne, qui n'est nullement un échec, bien au contraire, est l'histoire d'un peuple qui baigne dans un merveilleux esprit pionnier et réalise des miracles. L'exemple Turc, est également éloquent à cet égard. L'essor de la Turquie, semble relever du renouveau du phénomène religieux qui a cours dans ce pays! Ces deux exemples, moins dissemblables et opposés que certains l'escompteraient, et certains autres exemples, semblent essaimer et opérer une contagion positive! Je suis tenté d'y voir un effet de l'esprit pionnier, qui me semble-t-il, est en train de renaître dans le corps de ma nation et de l'animer d'une vie nouvelle. La croissance a-t-elle à voir avec l'état et la qualité du sentiment religieux renaissant? Et est-ce extrapolable à l'échelle de l'humanité entière? Où est-ce plus ou moins un artéfact et une projection de mes espérances? La chose est importante à décider!

Mais revenons à des choses plus agréables. Puisque tu me permets d'aimer Jehanne et la France, c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd! Donc, on a le droit d'aimer la France tant qu'on veut, mais il y a un hic! Bon, la France est une personne universelle, une sorte d'abstraction, si on lui donne corps et chair et qu'on en soit follement épris, il arrive forcément, que quand on couche avec une femme réelle, au meilleur moment, on ferme les yeux, pour substituer la France à la femme qu'on a dans ses bras! Tu vois où je veux en venir? Même si elle accepte qu'on l'apelle France, ou ma Douce France, n'est-ce pas la tromper un peu avec un fantôme? Petit cas de conscience, ce serait amusant que ce soit soumis à l'examen d'un confesseur Jésuite.

Ce qui est curieux, c'est que ce genre de fantasme, n'est pas du tout si rare! Il y en a des fois qui disent bien des choses de la France, un peu comme s'ils parlent d'une dame à qui ils infligent des fantastiques outrages! Mais ça peut être un peu plus fin et pas toujours au sens premier du mot! Dans les débuts, quand j'ai connu ma femme, elle mettait souvent dans la voiture, une cacette du groupe Zebda dans laquelle il y a une chanson qui contient un refrain :

"J'y suis j'y reste."

Parfois, ma femme et moi, en ce temps-là, nous n'étions pas mariés, nous nous disions que ces gars, quand-même sont osés! Autrement dit, c'est comme s'ils disaient aux filles, qu'une fois qu'ils les auront pénétrés, ils ne se retireront pas comme ça! Moi-même, ça m'arrivait de prononcer cette formule au meilleur des moments! J'étais alors, inexpulsable!

Vraiment, ce qui me paraît singulier, c'est que c'est très partagé. Ma femme elle-même, avait ce genre de désir plus ou moins inconscient avant de me connaître! Au fait, d'origine, je suis Tunisien. Il se trouve que je n'ai jamais rêvé d'une femme Arabe, dès le début, je voulais connaître une Française. Il y aussi, que ma famille m'a tellement tanné pour que je me marie selon leur voeu, que ça m'a souvent lassé! Il arrivait même qu'à cause de ça, j'espace mes visites à mes pauvres parents! J'ai aussi une soeur qui s'est mariée à un Basque, il nous a fallu beaucoup d'insistance et de persuasion! Pour finir, ils ont cédé, et maintenant, c'est leur meilleur gendre.

J'ai remarqué une chose, il me semble que les filles qui épousent des Français, comme ça ne se fait pas tout seul, elles tombent pour ainsi dire sur des gars bien! Maintenant, cette tendance nouvelle à marier les filles, tend à se répandre mais reste plus limitée que le métissage des garçons! C'est un comportement injuste, de refuser le métissage aux autochtones qui le proposent, et encore plus injuste de prendre leurs femmes sans leur donner les nôtres! D'après moi, que ce soit des européens de l'un ou l'autre sexe, ceux qui se proposent, sont souvent ce qu'il y a presque de plus généreux, de plus attentionnés, et souvent leur attachement est fort! Dommage, qu'il y ait encore beaucoup de gens qui n'ont pas compris ça, ou qui n'en veulent pas, c'est comme de dilapider et de jeter toute une onde de générosité qui ne trouve pas à s'employer! Comme quelqu'un qui trouve une source et ne veut pas en boire.

Dans les romans ou les oeuvres, je ne trouve pas fréquemment illustré ce phénomène de métissage, voire d'érotisme du métissage. Je crois qu'André Gide en fournit une bonne espèce dans "Si le grain ne meurt", même si c'est d'homo-sexualité qu'il s'agit! Parce que les gays actuels, font aussi pas mal dans le genre, et leur insistance suscite parfois des réactions agressives! Ce que je veux dire, c'est par exemple, qu'on parle beaucoup d'érautisme gay ou de toute autre sorte, mais quelque chose de centré sur le métissage. Il me semble que si des oeuvres de qualité se concrétisaient maintenant, qu'elles soient hétéro ou tout ce qu'on voudra, mais transethnico-raciales etc, ça pourrait avoir beaucoup de succès! Voire même amplifier le phénomène de métissage par lui-même! Dans le grain ne meurt d'André Gide, c'était vraiment quelque chose de fort, un métissage intense qui mettait en présence des Européens et des Arabes, des riches bourgeois avec des jeunes gars sans fortune, donc métissage dans tous les sens! Autrement, dans la même veine, je ne connais que Jean Genet, que je trouve affreux et lassant, et auquel, je crains, que des mauvais auteurs comme Ben Jeloul et d'autre de cette trempe, ont emprunté quelque-chose! Croire presque, qu'il les a réuni et formés. Enfin, je n'aime pas Genet, ni Jeloul, ni Dib, tous trop cyniques. Je n'aime pas que l'amour, s'il s'agit de ça, soit chosifié à ce point, et rendu si vulgaire et si peu bandant!

En fait, pour tout dire, il me semble que la notion d'amour-métissage, devrait être considérée presque comme une identité ou un genre à part entière! Puisque les gays ont eu leur coming-out, pourquoi n'en serait-il pas de même pour ce genre-là! Peut-être ça viendra, et des artistes en feraient une sorte de promotion, comme il en fut pour les gays! Parce que tout pareil, il y a des gens qui ont à ce sujet, des désirs à peine conscients, voire refoulés, qu'ils pourraient concrétiser si ça devenait plus visible et donc plus conscient! Comme j'aimerais qu'un cinéaste fasse vivre et mette en scène cette histoire d'amour de la France! Me voilà reparti dans mes délires, peut-être que ce que je crois très partagé ne l'est pas tant que ça!

De la catholicité de ma femme, il faut dire que mes parents ne voulaient pas vraiment! Au début, ma mère me suggérais la conversion. En fait, Catherine elle-même, me l'avait vaguement proposé! Mais après, le temps passant, et comme ma mère s'attachait à elle, et se rendait compte de ses activités catho, elle finit par me dire un jour qu'il ne serait pas bon d'exiger de la convertir, puisqu'elle est bien comme ça! C'est que ma mère a bon coeur! Et au fond de moi, je ne voulais pas non plus, trouvant charmant en soi, cette différence. C'est qu'en plus, il y a une chose, quoique je puisse dire de l'injonction d'amour, il faut reconnaître qu'elle opère inévitablement une certaine séduction! Comment haïr vraiment quelqu'un qui parle à ce point d'amour? Qu'on le veuille ou non, on en est troublé! Aussi, je crois, que le Chrétien a toujours un minimum de sympathie. Moi-même me baptiser, c'est pas une chose impossible, mais alors la différence n'opèrerait plus! Parcontre, je vais parfois à l'église, dans certaines cérémonies, je reçois bien le curé et même tiens-toi bien, je côtise au denier du culte! Peu de gens le savent, mais c'est pourtant vrai! Avant que je n'arrive ici, ma femme avait cessé de le verser, son magasin étant peu bénéficiaire, et en raison, disait-elle, de ses activités. Mais comme avec moi, nos revenus ont augmenté, c'est à mon initiative à moi, que nous nous sommes mis à cotiser! Il y en a bien à qui ça en boucherait un coin! Ma famille ignore ce trait, qu'elle n'aprouverait pas! Si ça se trouve, on ne doit pas être beaucoup dans mon cas! Un Musulman, qui campe fermement dans son camp, et qui verse au denier! C'est qu'en fait, c'est moins contradictoire qu'on ne suppose, mon véritable ennemi, c'est le non-sens et l'indifférence, c'est l'ennemi de toute humanité vivante, celle qu'il faudrait réunir sous l'influence de la Oumma renaissante!

D'autres postes viendront, et je poursuivrai ma missive, à laquelle d'ailleurs, j'emprunte pas mal d'éléments. Va bien Torrentiel, moi, Rodomont, j'aime la France et veut la saisir!


Croissant de lune



Torrentiel

28 mai 2010, 4h29


-Savez-vous, croissant de lune ? Le torrentiel est un peu nyctalope. c'est ce qui fait qu'il lui arrive de "veiller tard" : il ne distingue pas le jour de la nuit, ce qui favorise sa cyclothymie insomniaque.

"Ora et labora" ? cette devise monastique n'a-t-elle pas répondu à votre question sur l'articulation nécessaire du travail soutenu par la prière ou de la prière qui se soutient sans travail ? Il faudrait y ajouter la vision calvinienne, dans laquelle on a vu les origines du libéralisme et qui veut qu'aux âmes si "bien nées" qu'elles sont sauvées de naissance, convient bien l'abondance, tandis qu'aux âmes damnées, convient la pauvreté. En fait, dans ce réformisme calvinien qui veut que les riches n'aient pas à s'excuser d'être riches, je discerne le besoin qu'a chacun d'être justifié à bon marché. Marché est vraiment le terme qui convient pour la classe favorisée du WASP calvinien, qui reproduit une logique d'élection dont, si les plus humanistes d'entre eux la recouvrent d'humanité, ils ne sont pas sans dire sous cap que certains sont plus égaux que d'autres. Quant à la dgemah d'Algérie, que décrit je ne sais plus quel auteur berbère aveugle au ton d'ailleurs assez agressif (Mouloud Mameri, me semble-t-il, dans un roman intitulé, je crois "CHEMINS DE KABYLIE", ce qui m'a toujours étonné sur cette place publique, c'est qu'on y palabre sans beaucoup songer à travailler, pas plus qu'à prier d'ailleurs. Une de mes amies francovietnamiennes, qui est allée "réaliser ses yeux" au Vietnam, selon la magnifique expression qu'elle employait, d'où elle est revenue, pays qu'elle regrette amèrement d'avoir quitté, était allée faire une petite incursion-escapade en Algérie, où elle avait essayé de concrétiser une histoire d'amour qui s'amorçait avec un algérien, avec qui elle avait correspondu sur Internet. elle a fait la fatyah (que sans doute, j'écris mal) pour pouvoir s'isoler de temps à autre avec ce fiancé putatif. Elle en est revenue enchantée de la manière dont y étaient traitées les femmes : elles sont de véritables reines qui peuvent demander à leurs maris qui vont en ville tous les cadeaux dont elles rêvent. elles jouissent de la protection de la famille, la seule contrepartie étant qu'elles sont surveillées par l'entité qui les protège, ce qui n'a pu à long terme satisfaire son goût de l'indépendance. Mais ma cousine me disait que ça ne lui déplaisait pas, parce qu'au moins, se sentait-elle protégée par un modèle familial qui ne renvoyait pas chacun à son problème, dès qu'il y avait maldonne et qu'on pouvait être en droit d'attendre un peu d'entraide de sa tribu.

tu n'as jamais rêvé de "connaître" (au sens biblique, et peut-être coranique aussi) une femme arabe ? Moi si. Un jour, je dormais chez un couple mixte de mes amis, qui ne se définissait pas comme tel : lui était une éponge bien française, qui faisait attendre sa femme sans la prévenir, qui lui avait mijoté un succulent lapin mariné à je ne sais pas quoi, pour boire une douzaine de demis ; et, quand il rentrait bien éméché, naturellement, il ne s'excusait pas. Elle était une jeune berbère de 25 ans, dans la fleur de sa beauté et de sa juvénilité un rien candide et tapageuse sans le savoir, comme c'est le propre du charme, qui ne comprenait pas pourquoi elle se retrouvait dans une telle situation, avec en prime un enfant, qui ne pourrait que souffrir de l'indifférence de son père à sa maman. Lui n'a pas cessé de ronfler de toute la nuit que je dormis chez eux, si bien que le torrentiel nyctalope n'a pu fermer l'oeil. elle, tout à coup, s'est mise à rêver dans ce que je croyais être la langue arabe. Au petit matin, comme Gérard se préparait et, tandis qu'elle et moi finissions notre café, je lui dis :

"tu sais que tu as rêvé en arabe ?"

elle me répondit que ce n'était pas de l'Arabe,mais du berbère. "Mais surtout, me supplia-t-elle, soudain craintive, ne le dis pas à Gérard : il ne veut pas que je rêve dans ma langue maternelle."

Ca ne m'a rendu cette fille que plus désirable. Moi, je l'aurais laissée rêver dans toutes les langues qu'elle voulait, tellement elle était une femme !

"J'y suis, j'y reste" ? c'est le contraire de :

"Love it or leave it."

risquer d'appeler "France" en pleine action une femme qui n'est pas un paquebot que "la France.. a laissé tomber", ça rappelle ce qui se passe dans certains romans de Didier Van Cauwelaert, où un couple passe des années à chacun honorer l'autre chaque nuit d'une apparence d'amour mutuel, mais où chacun, en fait, toutes les nuit, est rejoint par le fantôme de son premier amour, jusqu'à ce que la supercherie soit un jour découverte parce que, ce que jusque là les amants avaient réussi à retenir entre leurs lèvres, même aux instants les plus resserrés de l'étreinte, est lâché subrepticement par l'un d'entre eux, ouvrant les vannes du soupçon, ressort, avant d'être celui de la littérature, de l'amère jalousie fermentant comme la bile dans le coeur de ceux qui, chacun, avaient trouvé quelqu'un à aimer qui n'était pas "dans son genre", mais l'amour avait souffert ce compromis et cet accommodement de prendre ce partenaire pour un autre.

Gide, un modèle de l'"érotique du métissage" ? (titre magistral, au passage, croissant de lune, mes compliments !) Je ne suis pas de votre avis. Dans "SI LE GRAIN DE BLE NE MEURT", gide ne fait jamais 'avant tout que défendre la mémoire de son ami Oscar Wilde que Lord dooglass a honteusement calomniée, au point que cela vaille à ce "mari idéal" d'être enfermé dans une geôle d'où il tira l'une de ses plus belles et plus sincères ballades : "Ballad of Reading Gaol", après laquelle ce Shakespeare de la fin du 19ème siècle se verra condamné à une vie de clochard. J'ai entendu donner ce texte à "la maison de la poésie" par Stanislas Nordet qui ne fait pas que du militantisme politique, quand il est bien luné. D'ailleurs, il ne faut pas être injuste avec Nordet : il voulait vraiment faire du théâtre populaire à Saint-denis, ce n'est pas le cas de tous les cultureux qui sont sur la place, avec des idées plein la bouche. Nordet-Onfray, même combat ? Mais Gide ? ce n'était jamais qu'un "touriste sexuel" à l'époque où cette pratique, coloniale entre toutes, n'était pas couverte des avanies morales, à mon avis largement justifiées, dont une auréole d'opprobre salue de nos jours cette salissure. Gide était une sorte de Frédéric Mitterrand des temps jadis, qui n'aurait certes jamais aspiré à devenir ministre de la culture et qui n'avait nul besoin de siéger rue de vallois ni à la villa Médicis, puisqu'il trônait sur la NRF. On a beaucoup fait grief à gide de ne pas avoir reconnu Proust, et pour cause : celui-ci se fût montré un rival dangereux pour cet ami de Wilde et de Mallarmée. Mais, à la gloire de Gide, il écrivait du Proust en abrégé, et cela valait beaucoup mieux. "avez-vous lu Paludes ?" au lieu de se vautrer dans une espèce d'écriture postsadienne décrivant la manière dont les grands argentés pleins de branche aimaient à se voir fesser par de Petis Jupien (d'après un de mes amis prêtres, si Proustien qu'il a passé trente ans à faire avec sa mère un pèlerinage annuel dans le grand hôtel de Cabourg, la fameuse Albertine n'était que la transposition du chauffeur Albert du "pauvre Marcel"), décrit l'impuissance de l'homosexuel s'étant fait une "habitude de coeur" de passer ses soirées auprès d'une femme prénommée Angelle et ne se livrant avec elle qu'à à des "simulacres anodins". Gide parodie en outre dans Paludes, dans la montée de ses amis chez Angèle qui habite au quatrième étage, une parodie du "banquet" de Platon : ils s'asseyent essoufflés à chaque pallier sur des banquettes et y devisent d'étage en étage. On est comme dans un théâtre antique. L'enjeu de la discussion, qui se replonge dans le salon d'angelle, n'était pas si mineur ni "anodin" que la parodie ne l'a laissé d'abord paraître : il s'agissait de rien de moins que d'une controverse pour savoir s'il existait des "actes libres", sans parler des "actes gratuits". etait-il dans la liberté de gide de ne pas se faire un harem de jeunes éphèbes au Maroc ou bien au congo ? Probablement non. Etait-il suivi d'une cohorte de jeunes prétendants comme Frédéric Miterrand qui était la Providence d'Hammamet ? ce qui suit n'a-t-il rien à voir ? savez-vous que l'on reproche aujourd'hui à camus, dans un reportage qu'il a fait, je crois pour "l'alger républicain", de s'être insurgé contre la pauvreté des "arabes" ? Il n'aurait pas dû dire ce mot : ce mot était-il vulgaire ? camus était-il allé traîner en Kabylie ? Ne disait-on pas "les européens" pour désigner les populations blanches de l'algérie ? Le mot "arabe" était-il d'un guturalisme qui sonnait ttrop cru pour nos élites pas encore habituées à entendre désigner, dans des sonorités qui se rapprochent de cette langue, une population que, par ailleurs, elles disent aimer ? Mais nous sommes en plein dans le paradoxe des antiracistes hypocrites dont je parlais dans mon message pénultième. Même avec les yeux d'aujourd'hui, camus n'aurait jamais dû parler d'arabes. Pour le reste, je suis d'accord avec toi concernant tahar ben Jeloun (je ne connais Bib que de nom) : je n'aime pas cet écrivain marocain qui s'imagine avoir fait toutes les expériences possibles pour les avoir relatées. Quant à son "RACISME EXPLIQUE A MA FILLE", c'est un tissu de lieux communs approximatifs et bien-pensants.

vous êtes donc tunisien ? Lorsque j'habitais Paris, j'écoutais souvent "radio Méditerranée", dirigée par taufik Mathlouthi, ami des dirigeants d'algésira, et qui émettait depuis la France tout en voyageant beaucoup pour ses affaires, entre la France et le Qatar. J'aimais cette radio où l'on pouvait échanger des idées, même si j'étais heurté, comme tu l'imagines, par le fait qu'on appelait sur cette antenne Israël "l'entité sioniste" et qu'on mettait sur le même plan le Hamas et le Hezbolah, organisations de la "résistance palestinienne". Au risque de m'illustrer une fois de plus dans l'une de ces contradictions dans lesquelles tu accuses l'homme occidental de s'empêtrer avec délices au point qu'on ne puisse plus lui faire confiance, je comprenais pour le Hammas, mais je n'approuvais pas pour le Hezbolah. Toutefois, sous l'impulsion de cette radio, comme tu verses au denier du culte, il s'en est fallu de peu que je donne au "secours islamiste", et je ne sais pas ce qui me retient encore d'y verser mon obole, sinon que je n'ai plus l'adresse de cette organisation. J'aimais "radio Méditerranée" et la trouvais indispensable au Paysage audiovisuel Français, afin que certaines idées soient avancées et que certains éclairages sur l'Islam puissent être donnés, qu'on n'entendait nulle part ailleurs. Je m'empressais à l'occasion de manifester, sinon mon désaccord, du moins mes doutes et, non seulement on ne m'a jamais refusé l'antenne, mais on m'a répondu, toujours fort opportunément, mais courtoisement. Taufik Mathlouthi était un ami sans fanatisme du docteur Marzouki, célèbre dissident tunisien qui, lors de l'avant-dernière élection jouée d'avance de ben ali, avait eu le courage de retourner vivre dans son pays, où il fut immédiatement à peu près assigné à résidence, plutôt que d'être un opposant des antipodes. Il se trouve que mon frère travaille avec sa fille Myriam, native de sélestat, près de chez mo et ville d'alsace que j'aime entre toutes. Mon frère compose de la musique pour les spectacles de cette jeune femme, férue de poésie contemporaine, pour laquelle elle fait de la mise en scène. Je ne sais pas du tout le regard qu'elle porte sur la situation tunisienne. La relation francotunisienne a toujours été nettement moins conflictuelle que le conflit francoalgérien, au point que l'écrivain pied noir Georges Dilinger a pu intituler l'un de ses ouvrages polémiques :

"LA FRANCE ET L'ALGERIE MALADES L'UNE DE L'AUTRE". Georges Dilinger, ancien géologue pied noir devenu aveugle, n'échappe pas à la pathologie qu'il dénonce. Mais au moins, la fait-il toucher du doigt et c'est là son mérite.

"Nous vous envahirons par le ventre de vos femmes" ? vous devez connaître cette parole qu'on prête à boumme Dien. Le fait est que, comme tu le dis, il est beaucoup plus facile à une française, dont on n'exige pas nécessairement la conversion, d'épouser un musulman qu'à un français d'épouser une musulmane. J'avais un copain anarchiste qui avait été tenté par l'aventure du couple mixte. Mais c'était un anarchiste lâche jusqu'à la collaboration avec les maîtres du jour, comme il devait se le révéler plus tard avec moi. Les parents de la jeune fille à la main de laquelle il prétendait exigeaient de lui qu'il se convertisse. L'athée convaincu qu'il était n'y vit pas d'abord d'hostilité. Il était prêt à abjurer son athéisme comme une formalité au nom de l'amour, plutôt que de lutter pour son amour sans en passer par la formalité. Et puis, il réfléchit, et tout ce qui le retint fut que, peut-être, les parents de sa bien-aimée, après en avoir obtenu la conversion, surveilleraient sa pratique. Misère de l'homme sans idéal ! de l'homme indifférencié, comme tu dis. Quant à toi, si je puis te donner un conseil dont tu n'as pas besoin, surtout ne te convertis pas : entrer dans une église pour en respirer le parfum de prière, c'est une chose ; mais tu as un nationalisme islamique à pousser dans ses retranchements, au-delà d'abolir ou non la différence.

théologie de la substitution ? La mode en a eu la vie dure. Les chrétiens se sont d'abord substitués à l'ancien Israël avant que les musulmans n'imaginent que Issa n'ait été enlevé au sort terrible qui le menaçait, car dieu ne pouvait pas laisser mourir dans une pareille ignominie l'un de ses plus fidèles serviteurs. La foi, "scandale pour les Juifs" : le musulman est un peu juif en la matière. et puis, peu à peu, dans le catholicisme, on a voulu mettre fin à cette théologie de la substitution qu'on trouvait bien peu consensuelle. alors on a dit que les deux alliances, la vétérotestamentaire comme la Nouvelle alliance, ne s'annulaient pas l'une l'autre. Il n'y a que le musulman qui soit resté fidèle à sa théorie de la substitution, par égard pour la dignité de Jésus, qu'Il considère sans doute comme l'un des plus grands prophètes, car Mohamed a été un messager, mais c'est Issa qui doit revenir sur la terre pour y porter le dernier coup de dieu. Dans un café, un soir, au cours d'une conversation dont j'eus plaisir à me mêler, tant elle m'ouvrit d'horizons imprévus, un chauffeur de taxi musulman pérora devant deux islamistes (tendance 19ème arrondissement qui n'en croyaient pas leurs oreilles et en suffoquaient d'indignation) que, d'après le coran, il ne fallait pas oublier que seul, Moïse, Moussa, avait vu dieu face à face. Je m'entremis en lui disant que je n'y avais jamais pensé. Ses deux correligionnaires partirent, c'était un oncle et son neveu : le neveu partit le premier, la rage au coeur et l'écume aux lèvres. Quelques minutes plus tard, l'oncle nous assura qu'il ne faisait pas défection, mais que son devoir l'appelait. Or sa voix et ses traits portaient le masque de la résignation douloureuse.

Avant-hier nuit, j'ai voulu te faire une concession sincère en te disant qu'à Mohamed, on avait craché dessus tandis que Jésus avait cherché à se défendre, bien qu'Il ait donné à ses disciples le précepte de tendre l'autre joue. Mais, le lendemain matin, dans l'"évangile au quotidien", auquel j'ai été abonné, je ne sais trop par qui, je lis ce passage de Saint-Marc, chap. 12, verset 33 et suivant :

"Prenant de nouveau les Douze avec lui, il se mit à leur dire ce qui allait lui arriver : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort, ils le livreront aux païens, ils se moqueront de lui, ils cracheront sur lui, ils le flagelleront et le tueront, et trois jours après, il ressuscitera. » si nous mettons donc la substitution à part et que nous fassions le crédit de prendre chaque religion pour ce qu'elle se donne, il apparaît que certes, la manière dont on a giflé et craché sur Jésus n'a pas été relatée dans le détail, encore que le récit de la Passion ne soit que l'exposé de ces détails, mais non pas sous la forme d'un exposé minutieux. D'autre part (tu l'auras compris, je suis revenu à mon quart d'heure d'apologétique), tu le reconnais toi-même : racheter un esclave est un acte de bravoure et de générosité, mais un acte limité. Aux commandes pour la France de son association "christian International solidarity", gérard Patrimonio l'a fait au Soudan, bien avant que les consciences humanitaires ne parlent du darfour, région à laquelle le conflit n'était pas limité. Mais racheter tous les esclaves, comme l'ambitionne le christianisme, est un acte d'affranchissement universel. Encore faut-il que l'on voie dans les faits comment cet affranchissement se manifeste dans l'existence concrète des hommes et, sur ce point précis, il faut bien reconnaître que le compte n'y est pas : il nous manque un maillon de la chaîne pour comprendre l'opération et la manière dont elle est posée. Nous ne sommes pas là pour nous envoyer des pierres dans le jardin l'un de l'autre, mais c'est le principe de la joute, et notre correspondance relève un peu de cet art de la "disputatio". Plût à dieu que nous ayons eu le talent, la culture et les arguments de ceux qui s'y livraient par le passé médiéval, qui savaient se parler avant que le passage au bras séculier de la croisade ou de la conquête ne transforme cet effort de conviction mutuel par des entretiens en entretuerie.

ce qui me renforce dans l'idée que l'Islam n'a pas la maturité, bien que s'opposant au non-sens, bien que participant de ce fait au Logos, de jouer un rôle d'arbitre, c'est qu'il n'envisage pas le métissage sans que, peu ou pro, il n'en appelle à une conversion plus ou moins forcée, qui abolisse la différence de laquelle toi, tu te repais, mais peut-on être sûr que le goût que tu te ressens pour le métissage soit si universellement partagé et que le risque soit derrière nous, qu'une société multiculturelle ne soit pas multiconflictuelle ? L'idée n'est pas de moi : j'en rends volontiers la paternité à un personnage qui n'est pas "un modèle de cordialité" : l'actuel dirigeant de radio courtoisie, mais surtout le Président du club de l'Horloge, le sieur Henri de l'esquen.

si nous, occidentaux, n'étions pas obsédés par le spectacle et la passion de dévisager pour que chacun nous soit transparent, nous ne partirions pas dans ce concert d'imbécillité à la chasse aux voiles, mais nous essaierions de lutter contre le mariage forcé, celui-là même qui fait que l'on marie les filles, que l'on en fait, comme le disait Pierre Bourdieu, de la monnaie d'échange sur le marché de l'avoir. Quand l'Islam aura la maturité de ne plus marier ses filles contre leur gré, quoi qu'on pense des prétendus méfaits sur la dissolution sociale du mariage d'amour, quand il ne voudra plus convertir le prétendant, il aura la sagesse et la maturité de prétendre à l'arbitrage qui lui permettrait, après quelques ajustements de conflits régionaux, "de prendre son tour de quart sur le vaisseau de l'histoire". Le christianisme a beau être en récession, il n'y a pas que les nations oppressives, agrégats d'individus dissociés, qui empêchent l'Islam de jouer son rôle. Il y a aussi qu'il doit faire un effort sur soi pour entrer dans "l'érotique du métissage" dont tu parles, non que je retourne opportunément ma veste pour nier tout à coup que, chez nous, l'exhortation au métissage soit tout à fait exempte de propagande : mais il faut que l'Islam apprenne à apprivoiser la différence avec laquelle nous feignons de ne pas avoir de problèmes. Il n'y a que l'indifférence qui n'a aucun problème avec la différence. Mais tout problème se surmonte. L'espoir n'est perdu, ni pour toi, ni pour moi.

bon retour de ta patientèle et bon séjour de formation, qui fasse de toi un ostéopathe aux doigts de fée


Torrentiel



(Nous insérons en marge de ce dialogue un interlude sobrement intitulé « Ismaël et Israël : réponse du torrentiel au "GUIDE DE L'ISLAM" : ce que les musulmans pensent de Jésus". Vous pouvez le consulter en cliquant sur le lien ici présent.)



Croissant de lune

29 mai 2010, 9h17


Torrentiel, me voilà de retour! Reprenons nos joutes! Ce serait donc ton problème de vue qui te porte à veiller si tard? Prends garde à ta santé! Ton franc-tireur se fait désirer! Ça ne me presse pas d'un jour, je te charrie! La poste est lente, seulement, as-tu au moins reçu mon chèque? Il n'est pas rare que des courriers se trompent de boîte! Mais j'attendrai ce qu'il faudra.

Puisqu'il semble que ça te plairait d'avoir le Secours Islamique France comme organisme destiné à recevoir tes dons généreux, bravo et bienvenue! Tu trouveras ci-dessous un lien d'accès au site, et en page-jointe un document PDF sur la campagne d'Haïti, dans lequel, d'ailleurs, tu auras tous les renseignements, adresse de la dame qui s'en occupe. Les autres coordonnées, l'adresse permanente de l'organisme, tu l'auras dans le site, avec le lien. On peut comparer le S I F au Secour Catholique, il a d'ailleurs une activité de distribution alimentaire et autre dans les villes, envers les sans-abris et nécessiteux, mais je crois qu'il agirait un peu plus envers les étudiants en détresse. Il y a également une tradition de distributions saisonnières ou festives de repas comme à l'occasion du ramadan. Mais il me semble, qu'il est plus porté que son frère Catholique vers l'action étrangère, et dut être le premier, à dépêcher un envoi de secours d'urgence décidé la nuit même du séisme d'Haïti. A cette occasion, nous avons tenté, ma femme et moi, d'en faire la promotion. J'ai un bon argument en sa faveur, il est paradoxal. La situation de soupçon et de diabolisation qui semble prévaloir, envers tout ce qui touche à l'Islam, est une excellente raison de faire confiance à un organisme qui, en cas de doute, serait plus exposé que d'autres aux scandales fondés ou non! Si quelque chose cloche, nul doute que nos contempteurs de droite ou de gauche enferraient des gorges chaudes! La seconde raison, que tu me suggère toi-même, c'est le fait, précisément, que je contribue personnellement au denier du culte Catholique! En vrai, je n'avais pas songé à exposer cet élément à mes amis et connaissances. C'est que l'Islam réprouve le don ostentatoire et porte à préférer taire le plus possible certaines actions. Ainsi se comportent certains, souvent même à leur insu, comme l'ancien capitaine de l'équipe de France, qui met beaucoup de discrétion alors qu'il fait des dons considérables! J'ignore ce qu'il en est de sa vie religieuse personnelle quotidienne, peut-être n'en a-t-il guère, mais il a des réflexes de sobriété et de générosité discrets qui, bien qu'inconscients, témoigneraient de son Islamité. Rien à voir, avec un certain joueur actuel, qui, converti, s'est fait parangon de piété filiale et familiale jusqu'à ce qu'un lamentable scandale de moeurs ruine une réputation surfaite et spectaculaire. D'ailleurs, rien qu'à cause de ça, j'appréhende, qu'il ne donne plus, dorénavant le meilleur de lui-même, notamment dans la coupe à venir, même si pour l'instant, il semble bien jouer!

Or, précisément, le S I F ne se spectacularise pas, soit faute de moyens, ou bien par discrétion et sobriété Islamique, mais peut-être par ignorance ou discrimination des grands médias! Lors des soirées télévisuelles autour d'Haïti, le S I F a brillé par son absence. Ma femme aprouvait ce qu'elle pensait être de la réserve, qui tranche avec certains étalages et déballages, je crois pourtant, que sa visibilité eut augmenté le volume total des dons recueillis! Pourquoi nous veut-on invisibles et transparents? J'en souffre, moi, Rodomont, qui point n'aime raser les murs! Un jour, j'aurai la force d'exiger que la France me voit tel que je veux être, c'en sera fini de son haltier dédain, elle subira mon regard supérieur, moi Rodomont, fier cavalier! Si tu te trouves en ce moment pourvu de cliquailles, donnes pour Haïti malgré le spectacle lamentable de l'invasion Américaine, militaire et sectaire, évangélistes et scientologues de toutes plumes et de tous poils chiennerie et pouillerie qui ne manquera pas de susciter dans cette république d'esclaves révoltés, des situations de résistance, lesquelles ont peut-être déjà commencé! Sinon, les besoins en France même sont d'importance, puisqu'on entend dire que des organismes, ici et là, suspendent leur activité faute de moyens et de dons! Quoi qu'il en soit, voici le lien :

www.secours-islamique.org -

Passons à autre chose, Torrentiel. Tu m'en diras tant. Pendant mon séminaire, je découvre une consoeur Sésamienne, Roland Anne, une fille du Nord, qui me dit avoir apprécié l'échange autour de Freud et Onfray! Elle avait reconnu mon nom, et même avait transmis un de mes courriers à une copine qui veut faire des étude de psycho! Je lui appris que la modération a pris l'initiative de clore l'échange et de le censurer! Elle en fut déçue, et s'est dit prête à exprimer ses regrets. Bon point pour nous, donc! Autrement, Mme. L.F. m'a carrément oublié! Toi, vernis que tu es, tu as l'honneur de sa correspondance, pas moi! Ferait-elle de la discrimination, celle-là qui se récrie contre la haine? Voilà pour ça, mais j'ai d'autres fers au feu!

Elle m'a ému l'histoire de cette pauvre femme, qu'on persécute jusque dans son sommeil. Ce métissage-là, n'en est pas un! Comme c'est affreux, la compassion me gagne. Vraiment, pauvre femme. Comment sa famille a-t-elle agréé cet ivrogne? Dieu Juste rendra à chacun son dû. Quelle triste histoire! Elle ne témoigne pourtant pas de la réalité de la plupart des couples métissés que je croirais, d'après mon observation, plus unis que les autres, ce qui n'est pas bien difficile, vu la prévalence des séparations et divorces! Vous envahir par le ventre de vos femmes, je ne connaissais pas ce trait de goujaterie politique! Mais Boumédien, n'est pas une référence. Il était lui-même acculturé, nourri comme beaucoup d'autres au sein d'une certaine gauche Française peu responsable, il a presque tout raté! Justement, qu'il n'aime pas la France, on le conçoit, mais, malgré ses fréquentes réformes scolaires, souvent inspirées des tristes expériences Françaises, il a laissé son peuple presque sans langue! L'algérien est malheureux, et souffre envers d'autres de son insuffisante Arabité! Si l'Algérie est malade de la France, c'est que dans ses expériences coloniales, la France s'est comporté d'une façon fusionnelle et toxique. Les aix-colonies Françaises, sont, de ce fait, moins capables de développement, l'Algérie, nation sœur, selon les voeux de vos communistes, en est l'exemple le plus frappant! L'église, d'ailleurs, ne fut pas pour rien dans cet aspect filial étouffant! En fait, on pourrait dire que parfois, l'amour peut tuer! Ce crime n'est pas le moindre dont vous devrez un jour répondre. Vous avez exigé qu'on réponde à votre amour et qu'on vous aime, les Anglais n'en ont pas fait autant, et c'est dans leur ancienne sphère, qu'on trouve le plus d'émergeants! Saches bien, Torrentiel, que je considère, Ben-Jeloul, promoteur de la francophonie, comme un traître, rien de moins que ça! Parler la langue de l'étranger mieux que la sienne, est un signe absolu de sous-développement, se retrouver soi-même, parler sa langue, porter un voile, est un signe précurseur de croissance et de force! Et sse complaire au sous-développement, c'est de la trahison! Les gens du Maghreb, n'auront complètement réussi leur décollage et essor, que lorsque la langue Française leur sera une langue comme une autre, lorsque la France leur sera une puissance avec laquelle il faut ménager ses intérêts à soi!

En vrai, je ne suis pas sûr de toujours aimer la France, peut-être repousserais-je ses seins et son amour fusionnel et dévitalisant! Envahir par le ventre de vos femmes, revanche dérisoire, dirait-on, mais pas tout à fait sans fondement! Il y en a des gars, qui pensent vraiment comme ça, qui se plaisent à posséder des Européennes, avec l'intention préalable de ne pas les épouser! Ou bien, certains sont assez faibles, pour écouter leurs familles qui leur répète que ce n'est qu'un passage, qu'ils prennent du bon temps, et le moment viendra de les marier sérieusement! Comme l'exemple du couple mal assorti que tu connais, il y a des gars qui se plaisent à maltraiter, plus ou moins des Françaises, pour finir par s'en séparer! Le racisme, la haine est chose bien partagée! Qu'on ne veuille pas se marier à des Européens, ça se conçoit, pourvu alors qu'on ne les prenne pas pour maîtresses ou amants! Mais il y a encore autre chose. Cet engouement de l'autochtone pour le métissage, s'expliquerait à mon avis, par certaines transformations vraiment frappantes! Les esprits ne sont pas seuls à changer, les corps se transforment. On observe aisément une tendance vers une relative indistinction des âges et des sexes. L'âge mûr, l'âge adulte semble escamoté par un état prolongé de jeunesse qui ne prend fin qu'au début de la vieillesse, sans intermédiaire. Parallèlement, hommes et femmes tendent à se confondre. Cet état de chose, si mes observations sont justes, gagne également les éléments transplantés, mais avec un certain retard! Leurs caractères, sexuels, notamment, seraient plus marqués, ou du moins le croit-on! C'est ce qui peut valoir une certaine attraction et engouement. Mais ces réflexions sur ce que je crois être une transformation des corps, mériterait à elles seules, un autre développement. C'est d'ailleurs un fait plus marquant et significatif qu'on ne l'imagine et ses conséquences sont diverses! Qu'en penses-tu, toi-même? Je t'en ai vaguement parlé dans un précédent courrier, où je me suis permis de douter de la possibilité d'un grand retour à la terre et au travail manuel, suis-je dans le vrai? Enfin, passons quand-même à autre chose.

Des pierres dans mon jardin! Choisis-les bien et sois plus adroit au lancer! Voilà que j'ajuste une flèche et vise au centre de ta croix! Si le combat se fait plus rapproché, c'est de l'épée saladine que je me saisirais! Sabre de Damas, qui n'est pas de fer forgé mais nanno--technologique avant la lettre, plus léger et capable de couper en deux l'arme de fer était produit à base de graphise, donc une sorte de diamant! Le secret de métier en fut bien gardé, le mystère vient d'être percé à jour par une équipe Allemande. Les armuriers Damassains faisaient du nanno sans le savoir comme Jourdin fit de la prose. Le seul ennui, c'est que leur avarice, leur en fit vendre tout aussi bien aux Croisés! Un jour aussi, je t'enverrai un développement sur mon point de vue au sujet de la défense militaire de la Nation. Mais à présent voici une flèche dans ta croix!

Tu dis en substance, ou tu laisse entendre que l'Islam serait responsable de mariages forcés! Convoquerais-je Molière à la barre pour te rendre et retourner l'accusation? Qu'est-ce à dire que cela? Retranches cet argument qui n'est que vent et poussière, l'Islam prescrit le consentement des deux sexes, pas d'erreur! Ce qui se produit, hélas, c'est que dans les phases et situations de faiblesse, des traditions ou des routines décadentes, le vieux fond païen de tous les peuples, survient comme une longue maladie, mais que revienne l'esprit pionnier et avecd lui, la force et l'unité, et on se défera bien vite de tous ces oripeaux! En fait, il faut bien clairement entendre le renouveau de l'Islam, non pas comme le répètent les ignorants ou les malveillants comme un retour à quelque-chose. C'est le retour au génie de la Nation, mais pour qu'elle quitte ses langueurs et routines! L'Islamiste est à la fois révolutionnaire et conservateur, si l'enjeu est la grandeur et l'élévation de la Nation qui ne peut croître que par elle-même, comme toute autre. Aucun moyen de faire autrement, et j'en veux pour preuve, l'expérience d'Israël!

Tu dis aussi, Torrentiel, que ma nation refuse le métissage des femmes, qu'elle n'aime tout simplement pas le métissage! C'est pourtant, un élément essentiel sur son propre précaret! Là, aussi, ce genre de réticence n'est que langueur et routine! Tu admettras du moins sans discuter, que la question raciale est absente. Le prophète était lui-même métis, on le décrit comme plus grand de taille, on lui attribue des traits négroïdes et une peau plus foncée que la moyenne des Arabes du temps. Il dut être quarteron plus ou moins, si on en croit la chronique. Mais l'Islam permet aussi bien les unions inter-religieuses. Faut pourtant que je m'explique sur une occurrence Coranique citée à charge par ceux qui ne la comprennent pas! En effet, dans une Sourate Médinoise, on lit ceci, en substance :

"Ô vous les croyants, ne vous unissez pas à des associatrices jusqu'à ce qu'elles se soumettent".

"Ô vous les croyantes, ne vous unissez pas à des associateurs jusqu'à ce qu'ils se soient soumis".

De quoi s'agit-il? D'abord, on remarquera qu'il s'agit des associateurs, qui sont les païens Arabes du temps, non pas des gens du Livre. Ensuite, le Coran étant livre vivant, il faut considérer les circonstances de cette Sourate. C'est que les païens se sont coalisés contre la jeune communauté des Croyants pour l'exterminer, faisant fi des usages de guerre qui en Arabie, réglaient les batailles tribales en réduisant à un tout petit nombre les morts qu'il faudrait sans cela racheter. En effet, la tribu victorieuse, si on peut dire, celle qui a le moins de pertes devait racheter à un prix convenu le différentiel des pertes, ce qui réduisait les batailles à une situation codifiée un peu comme les joutes des chevaliers! Bref, il y avait guerre. Or, la communauté des Croyants, qui pouvait être considérée comme une tribu parmi d'autres, on comprend que des unions extérieures, dans ce contexte, eussent pu faire vaciller des fidélités et entamer la solidité du groupe menacé d'une guerre sans merci! L'occurrence que je cite, n'interdit pas malgré tout les unions extérieures, elle ne prescrit pas la conversion comme on pourrait le croire, elle prescrit de s'assurer que la pièce rapportée se soumette réellement et loyalement au groupe sans conserver aucune autre fidélité tant que dure l'état de guerre. Qu'y a-t-il là d'extraordinaire? Est-ce là tes pierres? Je te les renvoies! Donc, l'Islam permet tout métissage, sans aucune limite ni restriction! La doctrine le permet. Or, dans les faits pratiques, il fut défendu aux Croyants, pendant longtemps, par les gouvernants, et non par la doctrine de se marier avec les habitants du pays où ils se trouvent, étant au départ peu nombreux! Ils vécurent entr'eux dans une situation qu'on a qualifié d'apartheid négatif, puisque c'est eux qui se trouvaient discriminés! Ceci prévalut dans les premiers moments des conquêtes, puis on continua l'interdiction, malgré l'augmentation du nombre des convertis, pour qu'ainsi, pensait-on, obtenir plus de concertions! En égypte, par exemple, il fallut 500 ans pour que le nombre des Musulmans l'emporte sur celui des Chrétiens! J'ai bien dit, que c'était là, une défense et interdiction par les gouvernants et non pas du fait de la doctrine elle-même! Or, l'usage en est resté, persistant, comme toutes ces routines que les peuples, dans leurs phases décadentes, finissent par prendre pour des usages sacrés, seulement en raison de leur ancienneté! Les gouvernants actuels, sont encore dans cette configuration. Ainsi, en égypte, Coptes et Musulmans ne peuvent se marier! Curieusement, s'ils s'entêtent dans ce projet de mariage, il leur faut voyager à l'étranger, souvent à Chypre, en revenir le mariage dressé sur papier, alors seulement, l'administration ne peut faire autrement que le reconnaître! Ce sont là, des stigmates du passé, vivant dans le présent, présent amer de décadence et de faiblesse! Or, en égypte, précisément, ce désir est de plus en plus fréquent dans la jeunesse qui voit que partout ailleurs, on peut se marier à qui on veut! Il s'en est suivi, trop souvent, des heurts, voire des prétendus crimes d'honneur, dont j'appréhende l'augmentation, puisqu'il est naturel que les jeunes se fréquentent sans égard à la religion! Mon coeur saigne, quand j'apprends de ces mauvaises nouvelles! C'est là, que les savants, devraient montrer l'exemple en mariant ostensiblement certains de leurs enfants à des Chrétiens et revendiquer le changement et l'abrogation des lois et usages inappropriés au temps présent et à venir, suscitant une juste réprobation de l'humanité! La Nation y gagnerait en force, et les communautés en seraient moins séparées, donnant moins de prise à l'action de la force étrangère! Puisse le sort être favorable et Dieu inspirer et guider les égyptiens! La promotion de ces unions inter-religieuses, est chose parfaitement canonique, et suffirait à elle seule, à recoudre une partie de nos plaies et meurtrissures!

Mais en France et en Europe, qu'en est-il? On poursuit cet usage d'exiger plus ou moins les conversions. L'exigence n'est pas canonique, elle est même anti-canonique et doit être abandonnée. Seulement, a-t-on souvent affaire à des Chrétiens? Rarement! Des crypto-Chrétiens au mieux, des athées ou insensés au pire. D'après moi, s'il s'agit de Chrétiens authentiques, la conversion doit être exclue ou à peine proposée. S'il s'agit d'un crypto-Chrétien, soit la plupart des gens, le mieux est de proposer la conversion et d'ouvrir une réflexion sur ce thème, sans en faire un préalable, dans l'intérêt même du sujet! C'est que ces gens-là, glissent sans le savoir, sur la pente qui conduit au non-sens, chose qu'il vaut mieux leur éviter. Ce sont les Chrétiens et les crypto-Chrétiens qui s'offrent le plus volontiers au métissage, quant aux athées de profession et de conviction, heureusement peu nombreux, Torrentiel, je te les abandonne volontiers! Faut ce me semble, voir ce qu'ils ont dans le ventre, patienter, leur offrir la conversion, les inviter souvent pour qu'ils vivent un climat familial harmonieux. Mais s'ils s'entêtent, je crois qu'il serait hasardeux de persister! Ces gens-là, sérieusement, n'ont pas grand-chose à faire avec nous! Les plus malheureux, ce sont les "insensés"! Ceux qui ont glissé le plus loin dans cette direction, il serait pour eux salutaire de les en guérir, de leur rendre sens et harmonie. Mais ce n'est pas une tâche aisée et ça relèverait vraiment d'un grand amour! Mais à vrai dire, ceux que je nomme "insensés", la quatrième catégorie que j'envisage, comme ils sont dans un état relatif d'indifférence, ne connaissent guère la chance de vivre un véritable amour ni aucune réussite et accomplissement dans aucun domaine! De toute sorte, qu'on obtienne ou non, dans ces 4 cas de figure, une approche de convertion, ce qu'il faut requérir, vu l'état actuellement souffrant de la Nation, c'est la situation de "Musulman de Nation". Ma femme est Chrétienne de religion et Musulmane de Nation. Cette notion existe de tout temps, elle fut clairement formulée et verbalisée par un patriarche Copte du vingtième siècle, dont j'ai omis le nom. Cette demande d'adhésion politique est naturelle et légitime et suffirait à satisfaire à cette occurrence Coranique citée plus haut. Retiens bien cette notion, car l'Islam, c'est aussi cela!

Ne pas exiger la conversion, j'en connais un, qui a prétendu convertir la France entière d'un seul coup! La chose est rapportée dans le "Printemps Arabe" de Jacques Benoît-Méchin. En l'espèce, tu l'auras deviné, c'est le colonel Kaddafi! Cet homme a de grandes qualités et a fait de grandes choses, mais que de maladresses! C'était en 70 ou 71, je ne sais plus au juste. Les relations et les échanges Franco-Lybiens fonctionnaient à merveille. Moyennant ses matières premières, la jeune république Lybienne avait, de la France des 30 glorieuses, toutes les fournitures, approvisionnements, équipements et formations souhaitables. Il y eut même à cette époque, des échanges inter-religieux assez profonds. Comme tout allait bien, et même que la France avait pris la défense des Lybiens en butte à l'Amérique et à l'Albion, et dispensé une coopération de formation militaire à cette chétive armée, le colonel se prit à rêver d'une consécration, d'une apothéose à ces rapports d'amitié! Il formula une demande consternante, il sollicita la conversion du président Pompidou, pensant sans doute, de façon primaire, gagner le peuple à travers son chef. Comme François d'Assise eut à coeur d'évangéliser le sultan d'égypte, le colonel voulut coraniser Pompidou! On imagine la gêne que dut produire cette demande. Au fond, je ne condamnes pas cette démarche si elle fut formée d'un coeur sincère, seulement Kadaffi eut-il conscience du décalage envers un siècle où ces choses-là ne se font plus? Démarche noble, mais importune.

S'il fallut 500 ans pour qu'en Égypte le nombre des musulmans surpasse le nombre des chrétiens, où est donc l'Islamisation forcée? Remarques bien en passant, combien fallacieuses et toxiques étaient les considérations de ton pape lors de certaine conférence! Ce jour-là, il erra et fut très faillible! Je ne lui dois qu'un respect mesuré, rien de plus! Des savants de ma Nation ont formulé une demande de controverse dialectique au sujet de cette conférence. Que leur fut-il répondu? Le Vatican s'est excusé de ne pouvoir accorder cette controverse en raison du fait, que les Musulmans tiennent le Coran pour un livre révélé! Dérobade spécieuse, non? A présent, le Vatican a d'autres soucis, comme on sait! Mais passons là-dessus, je n'en dirai rien, sinon que tu te consoles à bon compte de certains déboires Catholiques. Que l'église ait des fondements solides qui résistent au temps, je veux bien, mais savoir comment elle va gérer la situation présente! Sais-tu que l'église Catholique Américaine est ruinée par les indemnités et réparations auxquels elle se voit condamnée par des procès peut-être déloyaux? Il en va de même dans d'autres pays, même foncièrement catho, comme le Brésil! En France, l'église n'est riche qu'en biens fonciers, lesquels elle doit vendre pour survivre! C'est préoccupant! Là-dessus, j'ai également mes réflexions que je te transmettrai. Saches bien, Torrentiel, que si je cotise au denier, c'est que vraiment j'ai peur de voir ton église s'effriter, ce qui ne me réjouirait pas du tout je t'assure. Non seulement nous cotisons, mais à certains de mes patients et connaissances, je fais la promotion du denier, pour que ça ne fasse pas faillite!

La doctrine prescrit donc le consentement mutuel des époux, elle permet le métissage sans contrainte, que reste-t-il à traiter? Il y a cette situation de grande misère sexuelle du fait, qu'en théorie, on ne peut connaître femme ou homme qu'après le mariage. Or, l'état actuel de langueur et de routine a fait grimper formidablement le montant des dépenses exigés par le mariage, ce qui en retarde beaucoup l'avènement. Hélas, les célibataires des deux sexes se font nombreux, non pas comme en Occident, par indécision ou par manque de désir et de vitalité, mais tout simplement par faute d'argent. Des millions de gens vivent dans leurs familles, des femmes, surtout. Les hommes, impécunieux, trouvent malgré tout quelques malheureuses consolations auprès des touristes qui bénéficient un peu trop, de ces jeunes gens à l'appétit intense parce que rarement assouvi. Que la doctrine revive, que revienne l'état d'esprit pionnier, et nous ferons baisser le prix du mariage, voire nous marierons gratuitement ou même nous y encouragerons par des aides sociales dans ce sens. Mais en plus, je ne vois pas ce qui s'oppose au fait de généraliser à la nation entière, cette pratique du mariage à l'essai qui a cours dans certains milieux chiites. On la qualifient souvent de "mariages de complaisance" mais je ne vois pas ce qu'elle aurait d'anti-canonique! Ou encore, on a fini par oublier au cours des âges, que l'Islam permet tout simplement le concubinage! Donc, il serait possible de le promouvoir à nouveau, pourvu qu'on lui donne un statut juridique solide et précis! Il y eut même dans notre histoire, une tradition de tolérance de situations de concubinage homo-sexuels, des sortes de mariage ou de PACS avant la lettre, sous l'injonction impérative, en revanche, que les intéressés n'en fassent aucune promotion! Car au fond, dans les écritures, Sodome n'est pas puni pour l'homosexualité naturelle, mais pour une sorte d'obligation, d'institution de ce qui ne devrait être qu'une exception minoritaire, car ces gens, avaient bien des femmes, sans quoi, pas besoin de les réduire en cendre, seulement, ils avaient un usage probablement religieux de délaisser les femmes, juste propres à la procréation, pour ne vivre qu'entre hommes, avec en sus, qu'ils étendaient cette obligation et contrainte aux voyageurs de passage. Il est d'après moi, possible de remédier à la situation présente de misère sexuelle, tout en restant dans la canonicité! Seule chose à quoi je m'oppose, c'est cette vie totalement débondée hors de tout mariage, qui, infailliblement, dans les pays en voie de récession, ruine la famille, puis le couple, puis prive l'enfant de parole! Mais la possibilité de se marier tôt, et par succession de mariages, de choisir le conjoint définitif, dans la mesure où la contraception nous est permise, n'est-ce pas un équivalent relativement acceptable de cette prétendue liberté sexuelle, sans ses formidables inconvénients? Alors, que resterait-il du tourisme sexuel? Mais il est vrai, que les touristes seraient alors moins nombreux, leurs pays s'appauvrissant, ou bien le flux touristique s'inverserait-il? Pourquoi pas?

Des conséquences du métissage dans le précaret de la nation, sont à prévoir. Notes bien une chose, dans l'univers Arabo-Berbère, la consanguinité fut fréquente avec ses tares. En effet, l'usage défend seulement d'épouser les enfants d'oncle ou de tante utérin, non ceux des paternels. Et c'est ce qui se fit, pendant des siècles. Or, si la nation souffrit de cet état, il est remarquable qu'elle n'en souffrit pas davantage! C'est que les ressources physiques et biologiques du peuple sont fondamentalement bonnes, pour que, malgré cela, il restât vivace et relativement peu maladif. Ne produit-il pas des sportifs en nombre? Qu'en sera-t-il à présent, que plus personne ne veut plus de sa cousine pour femme, qu'on se marie au loin, et même avec des étrangers? N'est-il pas permis d'entrevoir une augmentation considérable de la vitalité et de la santé d'une population déjà fort vaillante? Ajoutons à cela, une configuration démographique très favorable, le taux de natalité se réduisant partout, autour d'une moyenne de 2 enfants par femme, encore sur l'exemple Iranien qui fut pionnier en cette matière comme en tant d'autres. Certains pays ont une natalité plus basse que la natalité Française, laquelle s'est un peu accrue, en perdant par contre, en qualité! En France même, l'ignoble reproche qu'on nous a tant fait, de rechercher les bénéfices secondaires associés aux enfants par les allocations braguette, est invalidé par l'évolution des choses. Car en effet, la natalité Arabo-Musulmane s'est réduite, avec, en revanche, une augmentation lamentable de natalité allocataire de ces nombreux ou nombreuses autochtones ou assimilées, seules et dissociées! Curieusement, les choses se renversent, et ce qu'on donnait comme un handicap majeur des pays Musulmans a cessé tout simplement d'exister, tandis-que ceux qui nous voulaient moins nombreux, ceux-là ont de sérieux problèmes démographiques! Je m'en réjouirai presque, puisqu'il s'agit d'un renversement, si la chose n'était si grave, et semble-t-il, sans remède! En tout cas je constate les merveilleuses évolutions à tous égards que ma nation est en train de vivre. Sans exagérer, je dirais même, que c'est l'espace qui a la meilleure démographie, quantitative et qualitative. Dieu, rend et augmente la force et lavitalité à ma Nation! Voilà que je t'ai rendu tes pierres avec intérêt, voici maintenant des questions que je te poses, des éclaircissements que je demande.

, serait-il possible de savoir, en quoi tu te formalise, qu'Israël soit dénommé "entité Sioniste"? En fait, le titre à rallonge que nous lui donnons rarement est le suivant :

"Entité Sioniste, raciste, terroriste et expansionniste qui se dénomme Israël".

Il arrive aussi qu'on l'appelle "Entité Juive" ou même "entité Hébraïque". Ces dénominations, Torrentiel, viennent profondément, du fait que nous tenons cette entité pour illégitime ou même illégale! Oui, entends bien ça, illégale! Le mieux serait de le nommer "Espace Sioniste illégal et criminel". Est-ce l'illégalité d'Israël qui t'interpelle? Si c'est ça, tu peux à ton gré, leur céder ta maison, ton champ et tes amours. Mesures d'abord sur toi, Torrentiel, et souviens-toi bien, que ce n'est pas juste une affaire de terre que les Arabes auraient refusé aux Juifs! Car, en fait, les Arabes ne refusèrent jamais à personne d'acquérir loyalement de la terre, et plus encore, ils aidèrent et protégèrent ceux en qui, ils voyaient, de pauvres réfugiés arrivés d'un pays lointains, pendant que ceux-ci s'organisaient nuitamment, s'entraînaient et cachaient des armes! Si la terre est un problème, c'est par son acquisition frauduleuse et ou violente. Mais, plus que la terre, c'est la force et la souveraineté qui est l'enjeu le plus réel, le plus vrai, le plus profond. Au fond, Torrentiel, je tolèrerais n'importe quel étranger pourvu qu'il s'établisse sous ma loi, que ma force le protège et que soit gardé à chacun son droit. Si même on démontre, qu'il est avantageux d'installer tel ou tel colon qui mettrait mieux en valeur nos ressources que nous-mêmes, chose que je ne croirais pas, il faudrait du moins que ça procède de nous, et donc que nous ayons par conséquent, la force nécessaire et suffisante à la souveraineté qui est aux nations ce que la dignité est à l'individu, l'indépendance qui est aux corps collectifs ce que la liberté est à la personne. Des installations de colons bénéfiques, sous la souveraineté des accueillants, ça s'est vu parfois, comme dans la Russie Dzariste. La Force, c'est la grande question, presque la seule, si du moins on entend le mot, dans son sens le plus large. Montherlant n'a-t-il pas entendu les martyrs de Verdun, réclamer de la force, toujours plus de force, comme s'ils réclamaient de l'eau à boire. La faiblesse est à juste titre, le plus grand tort d'une nation, si elle s'y complaît! Si tu es fort, tu peux tout vivre et tout admettre, étant assuré de pouvoir choisir ton sort et te raviser! L'immigration en France, quoi que vous en dites, ne se fait pas contre le gré de l'autochtone qui, potentiellement, aurait le moyen d'y mettre fin, voire d'exiger des expulsions massives, pourvu qu'il porte au pouvoir certains partis! Nous sommes là, avec votre avoeu, vos lois sont les nôtres, on peut mesurer la longueur des voiles de nos jeunes filles, la hauteur des minarets, sonder le contenu, la qualité et la teneur de nos discours et échanges, nous surveiller, nous persécuter. Des Arabes peuvent, comme moi, s'approprier de la terre Française ça ne leur donne aucun élément privilégié de force et de souveraineté. La France est souveraine, si cette souveraineté est mise en échec, offensée, voire captée, ça n'est pas par moi! C'est par l'élément Sioniste précisément, avec maints prolongements maçonniques et autres, là est le vrai défi qu'on ne relève pas! Soutiendras-tu que la France et d'autres favorisent Israël à ce point, dans leur propre intérêt souverain? Je ne te croirais pas.

C'est d'ailleurs là, un élément précieux qui fonde en partie, les grands changements que j'entrevois, c'est que l'impéricie Sioniste, dans un Occident décadent et souffrant, sera de moins en moins supportable, notamment, et en premier lieu, en Amérique. Alors, nous verrons bien ce qui arrivera, c'est à nous que des Juifs auront recours, et ils le savent! C'est alors, que nous saurons exiger d'eux, ce que de droit! Envisages la chose comme ça, et tu commenceras à comprendre ma solution. Les Juifs sont Orientaux, ne l'oublie pas. N'oublie pas non plus que l'état d'Israël, s'il est la réalisation de Juifs identitaristes, n'est soutenu, de plus en plus peiniblement, par les diasporas elles-mêmes appauvries et décadentes, que pour sa fonction de protection d'un peuple qui à travers le monde, se trouvant sans force, souffrit l'offense et dut souvent raser les murs et céder le pas. Dans le cas où l'état deviendrait difficilement viable, et moins capable de les protéger dans un univers hostile, surtout, justement, en Occident, premier règne du non-sens, ils pourraient se mettre à voir un recours et un refuge dans une nation qu'ils savent généreuse et pardonnante. Ils exigeraient alors, la force et l'unité de la Nation, à laquelle ils apporteraient leur pierre. Il faudra savoir tenir d'eux et exiger, toutes les clefs de souveraineté, machine de guerre, trésor scientifique, il faudra exiger qu'ils déposent aux pieds de la Nation toutes ces choses, et qu'ils se débarrassent et oublient tout suprématisme ou mépris, et en signe et preuve de cela, qu'ils livrent jusqu'au dernier assassin! Rien de moins que ça!

Si ça semble ressortir du rêve, les changements et renversements qui se produisent actuellement à une vitesse exponentielle dépassent tout ce qu'on avait pu prévoir et prophétiser! L'Occident est déjà divisé au moins en deux, les raids sur la zone Euros en témoignent, mais ils ne sont que le prélude et le révélateur de l'état de faiblesse encore plus profonde et réelle de la zone Dolar, que les agences Anglo-Saxonnes ne dégraderont certes pas, lesquelles agences se dégraderont elles-mêmes! Et pendant ce temps, le Sud commence à vivre d'une vie propre et souveraine, et pourvu que les choses se déroulent graduellement, continuera de croître et se fortifier malgré le Nord dénaturé! sans que l'atterrissage de l'un ne ralentit gravement le décollage de l'autre.

Oh, Torrentiel, précises donc tes considérations envers le Hamas et le Hizb-Allah! Tu y vois une différence si grande! Les tensions ou guerres sunnito-chiites, c'est du pipo! On n'en parle plus guère, si c'est ça qui t'interroge. Cette marchandise Américaine frelatée, se vend de plus en plus mal, depuis qu'un certain journaliste Irakien, envoya ses savates à la face de l'ennemi arrogant! Mountaçar Ziyad fut interrogé comme bien tu penses. Es-tu Sunnite ou Chiite le somma-t-on de répondre. Mountaçar "traduction, le Victorieux" répondit : "Je suis Musulman, Arabe et Irakien".

Je te soupçonnes de te résigner, comme certains Chrétiens de gauche, à trouver le Hamas à ton goût, après lui avoir préféré les organisations "classiques", Fatah, FPLP etc, parce que ceux-ci ne s'inscrivaient, semble-t-il, que dans un précaret Palestinien bien cadré, aux frontières prévisibles, comme les tenures que cultivèrent vos aïeux sédentaires. Puis vous vous résignez au Hamas, parce que, croyez-vous, c'est encore un nationaliste sédentaire! Il n'en est rien, Torrentiel. J'ai lu la Charte ou plutôt le manifeste du Hamas daté de 1987. Le véritable nom de ce mouvement est : "Mouvement de Résistance Islamique". Son panislamisme est tellement clair, que le mot Palestine n'est même pas dans le titre qu'il se donne. En cela, il ne diffère en rien du Hizb-Allah, panislamiste, œcuménismes jusqu'à tolérer des Marxistes comme compagnons de route, chose discutable au demeurant. Si tu observes le Moyen-Orient, Torrentiel, tu ne peux faire l'impasse sur l'élément panislamiste. La Nation existe, tu dois en convenir, après les récents évènements! Ce qui n'existe pas encore suffisamment, c'est la gouvernance, l'instrument politique de la Nation. Que certains gouvernants déloyaux et certaines élites dégénérées psalmodient : "L'égypte d'abord, la Tunisie d'abord, etc" ne démontre rien! Ceux-là, bien qu'ils en aient, n'assurent au précaret des petits états qu'ils élèvent artificiellement au rang de nation, ni les intérêts, ni la sécurité, ni la liberté, ne parlons pas de puissance! L'égypte seule n'est presque rien, indéfendable et presque sans ressources propres. Il en va de même, curieusement, de tous nos pays! Aucun ne peut se passer de l'ensemble. Ces dirigeants, du moins certains d'entr'eux, se sont appris à vivre dans une situation de sous-traitants de l'étranger! C'est le binôme, actuellement en panne, la recette "matières premières-Amérique". Les deux éléments sont en crise, et avec eux, ces sortes de fonctionnaires, pourraient bien être précipités dans la poubelle de l'Histoire. On sent revenir le temps des héros, seuls dignes de conduire la Nation! L'état de nécessité, l'instinct de conservation, ne peut que dicter ses impératifs. Les matières premières voient leur demande très perturbée, s'épuiseraient ou susciteraient des convoitises, l'Amérique perturbée devient violente au point d'adresser des menaces militaires à ses propres vassaux, des forces nouvelles entrent en action, plus moyen de s'endormir dans la stabilité des autres, faut produire sa propre stabilité ou se laisser dévorer, voilà l'alternative!

Il fait, ici, une chaleur étouffante, pré-orageuse. Ah, que tombe la pluie bienfaisante au sol de France, qu'un peu de fraîcheur survienne! La lune est en phase descendante et ne se montrera guère cette nuit. Malgré les pierres et les flèches, je suis heureux en ta présence, Torrentiel. Ma missive est en chemin, faut que j'y travaille, mais le temps que ça prend, maintenant qu'elle est si longue. Dans quoi je m'embarque? Faut que j'en vienne à bout! Ah, que le temps est court! C'est aussi que je m'éparpille dans tous les sens, perdu en moi-même. L'expression de la pensée, nous oblige à l'ordonner, mais en plus, cet exercice, par lui-même, donne à la pensée, une forme et une cohérence qu'elle n'avait pas toujours! Que serait-ce, s'il était permis de communiquer, sans forme, ni langage, par simple télépathie? Donc, les idées, dépendent peut-être plus qu'on ne croit, de la langue de support et des formes et ordre qu'on leur attribue. La forme de la joute est belle et si proche de l'esprit du combat sacré, lequel rend la vie merveilleuse à ceux qui le vivent au-delà de toute imagination! Torrentiel, communie un peu avec moi en une émotion et prière envers les martyres de la caravane de la Liberté, vies généreuses que l'ennemi vient d'éteindre au large de Gaza! Sois, pour un instant, Musulman de Nation.

Pensées ferventes du Croissant de Lune.

P S :"Oh, ne dites pas que ceux qui tombent dans la voie de Dieu sont morts, car ils ne sont point morts. Ils vivent et sont debout à la droite du Seigneur, et reçoivent leur nourriture".


Croissant de lune